Si j'étais... - Karl Zéro

Page 1

PAYS :France

RUBRIQUE :L'entretien

SURFACE :53 %

DIFFUSION :89810

PERIODICITE :Quotidien

16 avril 2017

Karl Zéro Avec Fillon et Hamon, on a un peu les seconds couteaux Des documentaires pour Arte « Dans la peau de... », la chronique sur France Info et ce livre « Si j'étais... »... Se mettre à la place d'une personnalité est un exercice que vous appréciez visiblement beaucoup? C'est toujours très drôle! Il y a quelques bons clients qui reviennent plusieurs fois. C'est d'ailleurs pour cela qu'il faut absolument lire le livre dans le sens chronologique, sinon on ne comprend rien. Le Trump qui faisait marrer en septembre fait beaucoup moins rire maintenant! Aujourd'hui, les politiques évoluent à une vitesse folle. Ils ne sont pas les mêmes quinze jours plus tard. Autrefois, les mecs c'était des paquebots. Pour les bouger, il fallait trois ans. Ils ne changeaient pas d'avis aussi vite. Cela fait longtemps que vous n'aviez pas abordé ainsi la politique au quotidien. Elle vous manquait? Non, elle ne me manquait pas, mais c'est un plaisir de le faire. Pendant dix ans, j'ai interviewé les politiques sur Canal. Après sur BFM TV, j'ai vu passer la nouvelle génération. J'avais l'impression d'avoir fait le tour. Là, il ne s'agit pas de les interviewer, mais de se mettre à leur place. Donc je peux leur faire dire ce que je veux. Avec le recul, je trouve que parfois lors de nos rencontres, ils manquaient de repartie, de franchise, de drôleries... Je me suis souvent dit en faisant leur interview que c'était dommage que je n'écrive pas leurs réponses. Au départ, vous expliquez avoir eu peur d'être bridé par France Info. Pourquoi? Parce que je ne les

connaissais pas. Si comme bien souvent, on vous propose une chronique et que derrière on vous dit : « T'es bien gentil mais là on va arrêter; tu ne peux pas dire ça. Vas-y, recommence »... Si ça s'était produit, j'aurais arrêté ça de moi-même au bout de trois jours. Ça n'a pas été le cas et ce n'est toujours pas le cas. Dans cette vaste maison ronde qu'est Radio France, il y a quand même une liberté de ton. Parfois, c'est une liberté de ton à gauche si on prend France Inter, mais moi, je ne suis ni de gauche, ni de droite, je peux taper sur tout le monde. Parfois, je sens qu'ils font un tout petit peu une grimace, mais jamais un mot plus haut que l'autre. Vous avez débuté votre chronique il y a sept mois, que pensez-vous de cette campagne présidentielle qui est assez hors-norme? J'ai le sentiment que le moteur de cette campagne c'est : « Ça commence à bien faire, tu commences à nous faire chier. » Et résultat, on a eu un peu les seconds couteaux avec Fillon et Hamon. Parce que les gens ne voulaient plus voir les autres. Le vote Marine Le Pen; c'est la même chose, le vote Jean-Luc Mélenchon, c'est la même chose. Donc finalement, c'est une vaste élection de rejet de la politique. C'est très drôle : on va aller aux urnes pour bien montrer qu'on rejette la politique. Dans vos chroniques, il y a aussi quelques moments plus légers où vous vous mettez à la place de Kim Kardashian, Angelina Jolie, ou encore Jean-Luc

Morandini. Hormis pour Morandini, ce n'est pas vraiment votre domaine de prédilection? Quand l'actu est très forte autour de ces personnages-là, de ces people, cela vaut le coup. En revanche, c'est vrai que je n'y connais rien. Je n'ai pas le background. Mais je me documente, je comprends assez vite. Pour Morandini, il a quand même fait l'actu deux-trois fois à ses dépens et c'était très amusant de se mettre dans sa peau aussi. Vous allez me dire que ce n'est pas très confraternel mais en même temps, je n'ai pas l'impression de faire le même métier que lui. Donc je m'en fous! Quel regard portez-vous justement sur la télévision d'aujourd'hui? Elle a évolué et pas en bien. Quand on a commencé la télé à la fin des années 80, il y avait une grande liberté de ton qui a disparu. On était des amuseurs. On prenait la suite de Jacques Martin, du Petit rapporteur, de Coluche... Ils avaient ouvert une voie et nous, on la reprenait. Mais cette voie, elle ne nous a que très moyennement survécus. La multiplication des chaînes n'a finalement pas ouvert plus de voies. Au contraire, tout le monde s'est raidi, en tout cas les patrons de chaînes, en ayant un peu peur, en se demandant si on pouvait dire ça. Petit à petit, le politiquement correct a, à peu près, tout envahi. C'est beaucoup plus difficile maintenant de dire certaines choses qu'on disait avant librement. Pas très confraternel avec Morandini? Je n'ai pas l'impression de faire le même

03gsb_OmDyKtcPbY78UYotzCedDEqwGrQiwqI8_NDf9goxkjrEbERnitPLswaMAHJMzM5

Page 55

Tous droits de reproduction réservés


PAYS :France

RUBRIQUE :L'entretien

SURFACE :53 %

DIFFUSION :89810

PERIODICITE :Quotidien

16 avril 2017

métier que lui, donc je m'en fous Il y a des chaînes pour lesquelles vous aimeriez particulièrement retravailler? Je travaille déjà pour Arte avec « Dans la peau de... ». Le dernier en date, c'est Hillary Clinton. J'y ai également une série, « L'ombre au tableau », qui est consacrée à la part d'ombre de grandes stars du passé. J'ai fait Charles Trénet, Yves Montand. Je suis en train de faire Claude François. J'ai aussi des projets avec d'autres chaînes sur de la fiction et du documentaire. Et refaire une émission comme à la grande époque de Canal+? Je ne pense pas qu'il y ait urgence. Je l'ai déjà fait et je n'ai pas envie de refaire. En réalité, je ne suis pas animateur dans l'âme. L'animation m'est tombée dessus par hasard. Au départ, j'avais été embauché par Canal pour écrire des sketchs. Et puis Alain de Greef m'a dit : « Il faut que tu joues dans les sketchs parce que tu as une bonne gueule, avec tes lunettes t'es marrant. » J'ai dit OK, je le fais mais je ne pensais pas que cela durerait aussi longtemps. Pour reprendre le principe de votre chronique : si vous étiez réellement quelqu'un d'autre que Karl Zéro. qui aimeriez-vous être? Je crois que j'aimerais être un chanteur italien dans les années50. Un chanteur napolitain genre Renato Carosone ou Marino Marini avec tout ce qui va avec : la dolce vita, la Vespa, la côte amalfitaine, le Campari soda et une douceur de vivre. Propos recueillis par Grégoire Amir-Tahmasseb « Si j'étais... », du lundi au vendredi à 7h55 sur France Info. Livre publié aux éditions du Rocher, 322 pages, 14, 50 euros. ■

Page 56

Tous droits de reproduction réservés


PAYS :France

DIFFUSION :89810

SURFACE :7 % PERIODICITE :Quotidien

16 avril 2017

Bio express Bio express Marc Tellenne, dit Karl Zéro, est né le 6 août 1961 à Aix-les-Bains. Journaliste, animateur, écrivain réalisateur, il fait partie de la grande époque de Canal+ de 1988 à 2006 avec les émissions « Nulle part ailleurs » et « Le vrai journal ». En mai 2006, il sort « Dans la peau de Jacques Chirac » qui obtient le César du meilleur film documentaire en 2007. Le début d'un concept qu'il développe encore aujourd'hui, notamment dans sa nouvelle chronique « Si j'étais » sur France

Info. De 2008 à 2010, il anime l'émission « Karl Zéro live » sur BFM, où il interviewe des personnalités dans une sorte de talk-show à l'américaine. De septembre 2007 à juin 2016, Karl Zéro présente sur 13e rue l'émission d'investigation « Les Faits Karl Zéro », consacrés à des faits divers non résolus. ■

0ovjn97-Juv4zUqZEymBW9HuybCAP4VWNxZyJrFI-5JAWwTsC45IL79GSygZcWbwON2Fh

Page 57

Tous droits de reproduction réservés


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.