Grands Textes_L'Influence d'un livre

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Couvert_InfluenceLivre_2_Layout 1 2013-03-18 13:05 Page1

Philippe Aubert de Gaspé fils

sous la direction de Céline Thérien

’Influence d’un livre

Imprimé sur papier contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation.

CODE DE PRODUIT : 214453 ISBN 978-2-7617-6193-2

9 782761 761932

’Influence d’un livre

Le texte intégral annoté Un questionnaire bilan de première lecture Des questionnaires d’analyse de l’œuvre Quatre extraits accompagnés d’ateliers d’analyse dont un de lectures croisées Une présentation de Philippe Aubert de Gaspé fils et de son époque Des tableaux descriptifs du roman, de la nouvelle, du conte, de la tonalité fantastique dans la littérature et du merveilleux dans la culture orale Un aperçu de l’œuvre et de sa place dans l’histoire littéraire

Philippe Aubert de Gaspé fils

Cette œuvre, composée par un romancier novice, donne ses fondements à l’imaginaire québécois puisque L’Influence d’un livre, paru en 1837 à Québec, porte bien son titre en étant le premier roman de notre littérature. Ce récit, empreint d’un charme naïf, entremêle les influences du roman gothique anglo-saxon, du romantisme noir français et du merveilleux associé à la culture orale traditionnelle du Québec.

Philippe Aubert de Gaspé fils

Qu’est-ce qui pousse Charles Amand, cultivateur canadien-français malicieux et cupide, à compromettre le salut de son âme ? Pourquoi semble-t-il si avide de découvrir la pierre philosophale ? Qu’est-ce qui alimente sa quête ? Est-ce l’appât du gain ou plutôt le besoin de croire en la magie qui le ferait se hisser, selon lui, à la hauteur de Dieu ? Et que dire du narrateur du curieux parcours de Charles Amand qui s’amuse à intégrer à la trame principale du récit – qu’on a tout lieu de supposer vraisemblable – quelques légendes fantastiques ?

’Influence d’un livre

Texte intégral

Édition établie par Marie-Josée Charest


Direction de l’édition Katie Moquin

Révision linguistique Nicole Lapierre-Vincent

Direction de la production Danielle Latendresse

Correction d’épreuves Marie Théorêt

Direction de la coordination Rodolphe Courcy

Conception et réalisation graphique Girafe & associés

Charge de projet Alain Menier

Illustration de la couverture Catherine Gauthier

La Loi sur le droit d’auteur interdit la reproduction d’œuvres sans l’autorisation des titulaires des droits. Or, la photocopie non autorisée – le photocopillage – a pris une ampleur telle que l’édition d’œuvres nouvelles est mise en péril. Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, du présent ouvrage est interdite sans l’autorisation écrite de l’Éditeur. Les Éditions CEC inc. remercient le gouvernement du Québec de l’aide financière accordée à l'édition de cet ouvrage par l’entremise du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres, administré par la SODEC.

L’Influence d’un livre, collection Grands Textes © 2013, Les Éditions CEC inc. 9001, boul. Louis-H.-La Fontaine Anjou (Québec) H1J 2C5 Tous droits réservés. Il est interdit de reproduire, d’adapter ou de traduire l’ensemble ou toute partie de cet ouvrage sans l’autorisation écrite du propriétaire du copyright. Dépôt légal : 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada ISBN 978-2-7617-6193-2 Imprimé au Canada 1 2 3 4 5 17 16 15 14 13

Imprimé sur papier contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation.


Sommaire Présentation .................................................................................................... Philippe Aubert de Gaspé, une vie tumultueuse Philippe Aubert de Gaspé, sa vie, son œuvre ............................................ La perte du patrimoine familial ................................................................. Une éducation privilégiée .......................................................................... La fureur de vivre ....................................................................................... Un début de carrière difficile ..................................................................... Les sources d’inspiration .......................................................................... Un Canadien errant .................................................................................. Description de l’époque : le Bas-Canada entre régime français et régime britannique ................................................................................... Le contexte politique ................................................................................ La rébellion de 1837, ses causes et ses conséquences ............................. Le rapport Durham .................................................................................... Le contexte artistique ................................................................................ La peinture .......................................................................................... La sculpture ......................................................................................... L’artisanat ........................................................................................... Le contexte littéraire .................................................................................. Un romantisme noir plutôt que national ............................................ Des romans d’action et d’intrigue : les romans-feuilletons ................. Présentation du roman ................................................................................. Une trame rappelant les romans-feuilletons ............................................. La critique d’une époque superstitieuse .................................................... Liens avec la description de l’époque ..................................................... Une galerie de personnages typiques .................................................... L’influence d’un livre : un roman... fantastique ? ................................... L’influence d’un livre : un roman... romantique et nationaliste ? ............ Des récits enchâssés .............................................................................. Philippe Aubert de Gaspé en son temps .................................................... Chronologie ................................................................................................

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L’Influence d’un livre (texte intégral) ...................................... 45 Mot de l’éditeur ........................................................................................ Préface ....................................................................................................... Chapitre premier : L’alchimiste ............................................................... Chapitre second : La conjuration ............................................................ Chapitre troisième : Le meurtre .............................................................. Chapitre quatrième : Le cadavre .............................................................

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Sommaire Chapitre cinquième : L’étranger (Légende canadienne) .......................... 79 Chapitre sixième : Saint-Céran ............................................................... 89 Chapitre septième : L’autopsie ............................................................... 97 Chapitre huitième : Le retour ................................................................. 105 Chapitre neuvième : L’homme du Labrador ............................................ 115 Chapitre dixième : La caverne du cap au Corbeau .................................. 125 Chapitre onzième : La tempête .............................................................. 133 Chapitre douzième : Un jeune médecin .................................................. 139 Chapitre treizième : Le mariage .............................................................. 147 Chapitre quatorzième : Charles Amand .................................................. 153 Test de première lecture ................................................................................ 156

L’étude de l’œuvre Quelques notions de base ............................................................................. 158 En préliminaire : description du genre narratif .......................................... 158 Roman et nouvelle : tableau descriptif .............................................. 158 Conte : tableau descriptif .................................................................... 160 La tonalité fantastique en littérature : tableau descriptif ..................... 160 Le merveilleux dans la culture orale : tableau descriptif ..................... 162 L’étude du roman en s’appuyant sur des extraits ..................................... 165 L’étude de l’œuvre dans une démarche plus globale .............................. 176 Sujets d’analyse et de dissertation ............................................................... 179 Glossaire.................................................................................................. 183 Bibliographie ........................................................................................ 187

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Présentation Pourquoi l’œuvre de Philippe Aubert de Gaspé fils paraît-elle significative encore aujourd’hui ?

L’influence d’un livre (1837) de Philippe Aubert de Gaspé fils est le premier roman canadien-français. Il paraît deux ans avant le rapport de Lord Durham* (1839), gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique. Venu faire état de la situation coloniale à l’intention de la couronne britannique, Lord Durham écrit au sujet des francophones du Bas-Canada* : « C’est un peuple sans histoire et sans littérature. » À son corps défendant, il aura conscientisé les francophones sur la pauvreté culturelle engendrée par la rupture avec la mère patrie depuis la Conquête de 1760*. Lord Durham s’attendait-il à ce que son rapport suscite chez les Canadiens français une affirmation passionnée de leur langue et de leur culture et sonne le glas du grand sommeil culturel qu’il dénonçait ? En effet, ce rapport parle d’un peuple figé dans une parenthèse historique de près de 80 ans, qui, pourtant, résistera à l’assimilation à la culture du conquérant. Philippe Aubert de Gaspé fils descend d’une famille fortunée et cultivée. Il aura sans doute ressenti la fragilité de la culture francophone du Québec. Consciemment ou non, son travail d’écrivain pallie le sentiment d’inquiétude entourant la survie de la nation canadienne-française : représenter ses mœurs dans une fiction, c’est confirmer son existence et sa valeur. Même si le texte d’Aubert de Gaspé fils précède le rapport de Durham, c’est dans la problématique d’une culture menacée qu’il faut saisir toute l’importance de ce roman. Par son titre, L’influence d’un livre affirme une volonté de résistance : la publication d’une œuvre en est le premier geste. Dans ce Nouveau Monde où tout est à construire, la parution de L’influence d’un livre devient un événement hors du commun. En effet, dans le contexte du XIXe siècle, où le fait français était fragilisé par l’hégémonie anglo-saxonne et par la faible fréquentation des institutions scolaires par la jeunesse francophone d’alors, comment était-il possible de devenir écrivain et d’arriver 5

* : Cf. Glossaire


Philippe Aubert de Gaspé, sa vie, son œuvre Philippe Aubert de Gaspé fils

Usufruitier Personne qui a le droit de bénéficier d’un bien dont il n’a pas la propriété.

Faut-il connaître la vie de Philippe Aubert de Gaspé fils pour comprendre son roman ? Philippe-Ignace-François Aubert de Gaspé naît le 8 avril 1814 à Québec. Il est le fils de Philippe Aubert de Gaspé* (1786-1871), avocat et dernier seigneur usufruitier* de Saint-Jean-Port-Joli*. Son titre fait de lui un héritier de la culture française, les seigneuries étant des institutions de l’Ancien Régime. Issu de cette culture, le père lègue au fils son éducation raffinée et son savoir ; il rendra d’ailleurs un témoignage de cette culture des francophones canadiens d’autrefois dans un roman écrit alors qu’il était âgé et qui s’intitule Les anciens Canadiens (1863). Ce récit renvoie également à tout l’héritage de la culture orale qui est présente dans L’influence d’un livre, tout en étant tributaire d’une vision romantique de la réalité. Le roman du père, écrit 25 ans après la mort du fils, paraît plus achevé, plus ambitieux que celui du fils : il est fortement plausible que le père ait joué un rôle dans l’écriture de cet unique roman du fils, puisque nous y discernons de nombreux points de convergence.

La perte du patrimoine familial Portant le nom de son père, Philippe Aubert de Gaspé fils est le deuxième enfant d’une famille de treize ; plusieurs membres de la famille Aubert de Gaspé (ses oncles, notamment) occupent de hauts postes en politique ou dans le monde juridique. Jusqu’à ce que Philippe atteigne ses neuf ans, la famille Aubert de Gaspé habite une maison de Québec, sise sur 8

* : Cf. Glossaire


Biographie la rue Saint-Louis au coin de la rue Desjardins, tout près du couvent des Ursulines. La famille Aubert de Gaspé appartient à une élite francophone déclassée par la Conquête de 1760*, puisque la gouvernance du pays est désormais sous contrôle britannique. Le père, qui s’ajuste mal à cette nouvelle réalité, s’enlise dans les problèmes d’argent. Une série de transactions immobilières effectuées dans une « insouciante euphorie1 », selon les termes de Luc Lacoursière, mène à la faillite du père et à la perte du patrimoine. Pour nourrir sa nombreuse famille, le père investit alors son capital et son énergie dans des entreprises commerciales périlleuses et qui le tiennent éloigné de sa famille. Très vite, il est poursuivi pour dettes impayées. La famille déménage alors au manoir seigneurial des grandsparents paternels, situé à Saint-Jean-Port-Joli, où le jeune Philippe vivra entouré de ses parents, de sa tante Marie-Louise, de ses grands-mères maternelle et paternelle et de ses frères et sœurs. La famille, augmentée d’une année à l’autre d’un nouvel enfant, y restera seize ans.

Conquête de 1760 Conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques.

Une éducation privilégiée À Saint-Jean-Port-Joli, le père, dorénavant plus disponible, éduque lui-même ses enfants qui bénéficient d’une bibliothèque bien garnie. La mère d’Aubert de Gaspé est aussi une femme instruite. La culture parentale et les connaissances acquises au contact des livres de la famille transparaissent dans la finesse de la langue et le grand nombre de citations et de références littéraires qui émaillent L’influence d’un livre. L’éducation familiale le prépare aux exigences du séminaire* de Nicolet, institution récemment fondée, qu’il fréquente de 1827 à 1829. À l’époque, il n’existait que trois séminaires dans tout le Québec et la situation 1. Cité par Jacques Castonguay dans Seigneurs et seigneuresses, Montréal, Fides, 2007, p. 106.

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* : Cf. Glossaire

Séminaire Établissement d’enseignement supérieur destiné à former des prêtres.


Biographie rurale de celui de Nicolet a pu influencer le choix des parents, qui désiraient voir leurs garçons éloignés des distractions qu’offrent des grandes villes comme Montréal et Québec. Ces maisons d’enseignement qu’étaient les séminaires offraient entre autres des cours de théologie, de philosophie, de mathématiques, de sciences, de grammaire, de lettres, de latin et de grec, et leur objectif premier demeurait de former les futurs membres du clergé. L’histoire n’aura pas retenu ce qu’il advint de Philippe Aubert de Gaspé fils dans les premières années qui suivirent sa sortie du séminaire.

Sténographe Au XIXe siècle et jusqu’à nos jours, il s’agit de la personne chargée de retranscrire un discours au moment même où il se produit, grâce à une écriture abrégée, notamment pendant les assemblées politiques. Cette pratique scripturale est régulièrement remplacée aujourd’hui par des enregistrements audiovisuels, qui conservent la trace des propos tenus lors des assemblées.

La fureur de vivre Après un séjour probable en Louisiane, Philippe Aubert de Gaspé fils est de retour à Québec en 1835. À peine âgé de 21 ans, il devient correspondant parlementaire à Québec pour le Canadien et le Quebec Mercury, tout en exerçant le métier de sténographe*. Ce jeune homme à l’avenir prometteur se retrouve tout à coup dans de beaux draps : il sera condamné à un mois de prison à la suite d’une dispute avec le député d’Yamaska, Edmund Bailey O’Callaghan. Propriétaire d’un journal concurrent, le Vindicator, O’Callaghan l’avait accusé de transcrire de façon malhonnête les débats de l’Assemblée nationale. En pleine Chambre, Aubert de Gaspé fils s’emporte et invite son adversaire à sortir dehors pour régler le litige. O’Callaghan nie alors être l’auteur de l’article accusateur, ce qui exaspère Aubert de Gaspé, qui le menace de s’attaquer physiquement à lui. La Chambre, qui s’entend pour conclure qu’il s’agit bien d’une infraction, vote à la majorité pour l’arrestation d’Aubert de Gaspé fils, qui prend le chemin de la prison. Selon La Minerve du 12 novembre 1835 : « […] des lettres de Québec nous apprennent […] que le jeune brave fit jouer une espèce de fouet au-dessus de la tête d’O’Callaghan, le menaçant de coups s’il le 10

* : Cf. Glossaire


Le roman plutôt curieuse pour une population largement analphabète ! D’autant plus que si le livre étudié n’est pas la Bible, ne court-on pas un danger ? Voilà tout le sens du titre étant donné qu’un livre, quel qu’il soit, exerce toujours une influence. Attaché à des personnages bien typés, Aubert de Gaspé fils espère faire pencher le lecteur du côté de la culture et de la raison.

L’influence d’un livre : un roman… fantastique ? Dans la littérature québécoise, le fantastique et le merveilleux font bon ménage. En cela, les récits inspirés du merveilleux oral diffèrent du récit fantastique européen, qui n’emprunte presque plus à la tradition chrétienne. Il semble qu’au Québec le merveilleux du conte pour enfants (loup-garou, fée, etc.) s’allie au fantastique où s’entremêlent croyances religieuses et inventions de toutes sortes. Pour chaque récit de diable et de magie, il y a toujours un esprit scientifique et rationnel qui vient suggérer une seconde interprétation. Et si ce n’était pas le diable, mais un rêve d’ivrogne ? Et si la magie ne fonctionnait tout simplement pas, même en suivant la recette du grimoire ? Et si le livre mentait ? Par divers détours, l’auteur dépeint l’attrait phénoménal de la superstition sur une population qui vit en vase clos et n’a que peu d’accès aux progrès du monde moderne. Ainsi, un meurtre dans l’imagination populaire devient l’expression du malin et sert, en somme, de contre-modèle à la violence, qui doit demeurer tabou. L’Église n’est jamais bien loin non plus, le fantastique n’est pas uniquement celui des morts qui semblent encore hanter certains lieux, mais également celui qui naît de la mythologie religieuse. Croire, c’est aussi appartenir et survivre comme peuple canadien-français dans ce contexte de tourmente politique… C’est du moins le discours du clergé. 33


Le roman La présence du fantastique d’inspiration européenne demeure toutefois notable dans l’intrigue principale. Voici son découpage : pages 51 à 78, de retour aux pages 89 à 113, puis à la page 125 jusqu’à à la fin, là où se greffe une histoire sentimentale d’inspiration romantique. Qu’est-ce qui nous prouve que nous sommes bien en présence du fantastique ? D’abord, le doute : le personnage se demande bel et bien s’il est un visionnaire ou un fou (p. 53). De plus, les éléments de la nature participent à la tonalité fantastique : la nuit noire, les formules cabalistiques, la chandelle magique, le crime du début, puis la nature orageuse, etc. Il ne faut pas oublier de mentionner les nombreuses références à des romanciers d’allégeance romantique, qui ponctuent ces pages, à des écrivains français mais aussi britanniques : Hugo, Balzac (qui fut romantique à ses débuts), Walter Scott, Byron, sans parler de Shakespeare (dramaturge baroque dont se réclamait notamment Hugo).

L’influence d’un livre : un roman… romantique et nationaliste ? Par la variété des scènes en pleine nature, notamment au bord des cours d’eau, le roman d’Aubert de Gaspé fils offre une vision idyllique du pays. La rivière qui coule est associée au temps qui fuit et aux illusions qui se dissolvent ; mais l’eau est aussi un miroir où le personnage cherche en vain son reflet les soirs de solitude. L’attachement au pays est constamment marqué par de longues descriptions quasi amoureuses. L’abondance de noms de lieux sert d’ailleurs à situer le lecteur. De même, la description des chaumières avec leur ambiance chaleureuse viendra contraster 34


Préface

eux qui liront cet ouvrage, le Cours de littérature de La Harpe d’une main, et qui y chercheront toutes les règles d’unités requises par la critique du dix-huitième siècle seront bien trompés. Le siècle des unités est passé. La France a proclamé Shakespeare le premier tragique de l’univers et commence à voir qu’il est ridicule de faire parler un valet dans le même style qu’un prince. Les romanciers du dix-neuvième siècle ne font plus consister le mérite d’un roman en belles phrases fleuries ou en incidents multipliés. C’est la nature humaine qu’il faut exploiter pour ce siècle positif, qui ne veut plus se contenter de bucoliques1, de tête-à-tête sous l’ormeau, ou de promenades solitaires dans les bosquets. Ces galanteries pouvaient amuser les cours oisives de Louis XIV et de Louis XV. Maintenant, c’est le cœur humain qu’il faut développer à notre âge industriel. La pensée ! voilà son livre.

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note 1. bucoliques : poèmes qui évoquent les mœurs champêtres, la vie des bergers.

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L’Influence d’un livre

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Il y a quelques années, j’avais jeté sur le papier le plan d’un ouvrage où, après avoir fait passer mon héros par toutes les tribulations d’un amour contrarié, je terminais en le rendant heureux le reste de ses jours. Je croyais bien faire, mais je me suis aperçu que je ne faisais que reproduire de vieilles idées et des sensations qui nous sont toutes connues. J’ai détruit mon manuscrit et j’ai cru voir un champ plus utile s’ouvrir devant moi. J’offre à mon pays le premier roman de mœurs canadien et, en le présentant à mes compatriotes, je réclame leur indulgence à ce titre. Les mœurs pures de nos campagnes sont une vaste mine à exploiter ; peut-être serais-je assez heureux pour faire naître à quelques-uns de mes concitoyens, plus habiles que moi, le désir d’en enrichir ce pays. L’influence d’un livre est historique comme son titre l’annonce. J’ai décrit les événements tels qu’ils sont arrivés, m’en tenant presque toujours à la réalité, persuadé qu’elle doit toujours remporter l’avantage sur la fiction la mieux ourdie. Le Canada, pays vierge encore dans son enfance, n’offre aucun de ces grands caractères marqués qui ont fourni un champ si vaste au génie des romanciers de la vieille Europe. Il a donc fallu me contenter de peindre des hommes tels qu’ils se rencontrent dans la vie usuelle. Lepage et Amand font seuls des exceptions : le premier, par sa soif du sang humain, le second, par sa folie innocente. L’opinion publique décidera si je dois m’en tenir à ce premier essai. En attendant, j’espère qu’en terminant cet ouvrage mon lecteur aura une pensée plus consolante pour l’auteur que celle de Voltaire : « Tout ce fatras fut du chanvre en son temps. »

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Chapitre premier

L’alchimiste

C’était dans une nuit sombre ; un ciel sans astres pesait sur la terre, comme un couvercle de marbre noir sur un tombeau. LAMENNAIS1

Sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, dans une plaine qui s’étend jusqu’à une chaîne de montagnes dont nous ignorons le nom, se trouve une petite chaumière qui n’a rien de remarquable par elle-même ; située au bas d’une colline, sa vue est dérobée aux voyageurs par un bosquet de pins qui la défend contre le vent du nord, si fréquent dans cette partie de la contrée. Autrefois, cette misérable cabane était habitée par trois personnes : un homme, son épouse, jeune femme vieillie par le chagrin, et un enfant, fruit de leur union. Cet homme, que nous appellerons Charles Amand, la possédait au temps dont nous parlons, en ayant éloigné ses

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note 1. Félicité Robert de LaMennais (1782-1854), écrivain, philosophe et homme d’Église français.

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Quelques notions de base En préliminaire : description du genre narratif Le roman L’influence d’un livre est une œuvre de néophyte, écrite dans un contexte culturel qui ne favorisait pas nécessairement l’expression du talent littéraire. C’est un texte qui se trouve en quelque sorte à la croisée des chemins. L’auteur semble en effet vouloir construire dans un premier temps une intrigue ambitieuse en invoquant l’influence d’écrivains européens renommés, notamment Victor Hugo* et Honoré de Balzac*. Le texte se conforme dans un premier temps aux caractéristiques du roman (encore qu’on puisse dire que c’est plutôt d’une longue nouvelle). Il s’agit donc bien d’un texte qui comporte une fiction (l’histoire racontée) et une narration (l’ensemble des moyens employés pour régir l’histoire). Sur le plan thématique, le romancier semble privilégier une orientation et une tonalité fantastiques, mises à la mode en Europe par le romantisme* noir (et sa version britannique, le roman gothique*). Le tableau suivant présente les caractéristiques du roman comme forme narrative.

Roman et nouvelle: tableau descriptif Histoire

Personnage Être imaginaire, qui fait progresser le récit tout en contribuant à sa signification. Action Ensemble d’événements fictifs qui transforment le comportement du héros et ses relations avec les autres personnages. L’action peut être organisée de plusieurs façons, dont voici les principales : • Enchaînement : disposition chronologique et logique des événements en une seule intrigue. • Alternance : entrelacement de deux intrigues. • Enchâssement : insertion d’une seconde intrigue, généralement de moindre importance, dans l’histoire principale.

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* : Cf. Glossaire


Quelques notions de base Roman et nouvelle: tableau descriptif (suite) Narration

Choix d’un mode particulier pour raconter l’histoire, soit par un narrateur représenté dans le texte sous forme de personnage, soit par un narrateur extérieur au récit. Rythme narratif : moyens variés pour accélérer ou réduire le rythme du récit : analepse (retour en arrière), description, ellipse (omission dans la logique narrative), prolepse (projection dans le futur), scène, sommaire (récapitulation d’événements).

Thématique

Réseau d’idées, illustrées par l’intermédiaire des personnages et de l’action. Les orientations thématiques sont les suivantes : • Orientation vers l’action : thématique de l’héroïsme (roman d’aventures ou picaresque et roman de tonalité fantastique). • Orientation vers le héros : thématique psychologique de l’intériorité (roman d’initiation ou d’apprentissage). • Orientation sociale ou historique : thématique de l’argent, du pouvoir, du savoir, de la guerre (roman de mœurs). • Orientation philosophique : thématique des fondements sociaux, de la relation à Dieu, de la condition humaine.

Style et procédés d’écriture

Ensemble des éléments qui permettent au romancier de se singulariser par une utilisation particulière de son matériau de travail, la langue. Plusieurs éléments contribuent à former cette marque personnelle : • Concentration plus ou moins grande de procédés stylistiques. • Choix d’un ou de plusieurs niveaux de langue. • Choix phraséologiques (longueur et variété des phrases) et lexicaux. • Tonalité générale, qui peut être humoristique, tragique, merveilleuse ou fantastique, etc.

Adaptation d’un tableau tiré de : Céline Thérien, L’Abrégé, notions littéraires, lecture, écriture, Anjou, Les Éditions CEC, 2010, p. 22-23.

Mais il faut aussi tenir compte du fait qu’en cours de route, le jeune romancier semble perdre de vue son projet initial pour bifurquer vers le conte de tradition orale. Il enchâsse donc deux récits qui illustrent plus particulièrement la tonalité du merveilleux, très marquée au Canada français par la mythologie chrétienne. Le tableau de la page suivante présente donc les caractéristiques du conte, autre forme narrative. 159


Quelques notions de base Conte: tableau descriptif Histoire

Personnages Gens du peuple − présentés de façon unidimensionnelle − et représentants du clergé (surtout le curé du village) ; présence du diable, de loups-garous, de nains ou de géants, issus de la tradition religieuse ou populaire ; présence de fées, de lutins et d’autres personnages de tradition médiévale, qui indiquent ou traduisent les origines populaires du conte. Action Péripéties souvent invraisemblables de l’ordre du surnaturel ou du merveilleux, ou associées au monde de l’enfance.

Narration

Choix de voix narrative : qui raconte ? Dans le conte, on entend en quelque sorte la voix du conteur qui s’adresse à un destinataire, souvent perçu comme étant à la jonction du lecteur et de l’auditeur (ce qui témoigne de la transition dont ce genre a été l’objet, passant de l’oralité à l’écriture). Narration à la troisième personne.

Thématique

Thèmes du bien et du mal, la finalité du conte étant généralement morale. Illustration des valeurs propres à une communauté.

La tonalité fantastique en littérature: tableau descriptif Caractéristiques de la tonalité fantastique1 Intrigue Suggérer un univers « vrai » où se déroulent des phénomènes incompréhensibles.

• Personnages singuliers exprimant avec émotion le récit personnel d’une expérience hors du commun. • Intégration d’événements et de personnages « anormaux » dans un univers fictif où règne une « normalité ». • Description de phénomènes étranges, réactions de doute lucide. • Temps : un passé récent dans la vie du narrateur.

1. Adaptation du tableau de la page 23 (« Tableau synthèse : caractéristiques du réalisme et du fantastique ») des Récits réalistes et fantastiques de Maupassant, Anjou, Les Éditions CEC, 2011.

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Quelques notions de base Caractéristiques de la tonalité fantastique (suite) Structure narrative Prêter voix à un personnage qui doute de sa propre raison, mais qui se montre rationnel dans sa façon d’analyser les événements et les êtres mystérieux qui se présentent à lui.

Thématique Expliquer de façon subjective les peurs archaïques associées au paranormal et aux sciences occultes. Exprimer les fantasmes associés au fait d’être dans une société morale qui refoule l’expression de la sexualité ou de pulsions éprouvées comme malsaines.

• Narrateur représenté (participant à l’histoire) ; point de vue subjectif (focalisations interne et externe). • Dans certains cas, intervention de l’auteur afin d’accentuer l’impression de véracité du récit. • Description d’événements inquiétants qui s’accordent pour accentuer le sentiment de peur chez le personnage. • Enchaînement des événements en fonction d’une gradation de la peur ou de l’impossibilité de résoudre le problème. • Conflits entre le rationnel et l’irrationnel. • Thèmes de la peur, de la folie, de l’angoisse face à la mort et à l’inconnu. • Occultisme et phénomènes paranormaux que l’on tente en vain de comprendre malgré le recours au bon sens populaire.

Style • Recours à la subjectivité et à l’émotion : interjections, champ Toucher la sensibilité du lecteur par un lexical associé aux cinq sens, style fortement lyrique et le convaincre hyperboles, métaphores et de la lucidité du narrateur par comparaisons associées au sentiment un langage cohérent et raisonnable, de peur, etc. parfois soutenu, recourant • Ton de la confidence. fréquemment au vocabulaire • Utilisation d’un vocabulaire scientifique et au sens commun. spécialisé ou d’indications sensorielles bien précises quant à la description du paranormal. • Coexistence de plusieurs tonalités et types de discours : lyrisme, expression du doute rationnel avec un recours fréquent aux expressions scientifiques, familiarité, etc.

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Philippe Aubert de Gaspé fils, L'Influence d'un livre, chapitre 3, « Le meurtre » Premier extrait, pages 65 à 71, lignes 308 à 479

Étape préparatoire à l’analyse ou à la dissertation : compréhension du passage en tenant compte du contexte a Selon vous, quel but vise Aubert de Gaspé en commençant tous ses chapitres par des citations et en multipliant les références à la culture européenne dans son premier paragraphe ? Faites un choix parmi les affirmations suivantes et justifiez-le par une ou deux explications. a) Il veut montrer que le crime est universel. b) Comme il est un romancier néophyte, il tente de se donner une légitimité en faisant étalage de sa culture. c) Il veut démontrer que tuer pour de l’or est le pire des crimes. d) Il veut montrer qu’il est aussi possible d’écrire une histoire policière dans un contexte comme le Canada français. z Il est dit dans le texte que Lepage a deux passions. Trouvez la citation exacte qui exprime cette idée et dites en quoi l’une de ces passions est caractérisée par un euphémisme. Pourquoi, selon vous ? e Dressez un tableau des personnages et résumez leurs actions dans cette scène. r Montrez que le portrait qui est fait de Lepage fait ressortir : a) son côté gigantesque et effrayant ; b) et que le but poursuivi est d’inquiéter le lecteur. t Décrivez les étapes du dernier repas de Guillemette. y Dégagez le champ lexical de l’horreur. 166


Premier extrait, pages 65 à 71 u Quelles images du sang ou de la mort vous paraissent le plus frappantes ? Justifiez votre choix. i Quelle est la réaction de Lepage quand il se voit l’emporter sur sa victime ? o Montrez que la description du paysage s’inscrit dans une tonalité fantastique. q Montrez que le cauchemar de Lepage : a) baigne dans l’horrible ; b) témoigne de sa culpabilité. s Dressez un parallèle entre le loisir commun que partagent Guillemette et Lepage (la chasse, et la nature) : que peut-on conclure du réseau d’images élaborées par l’auteur ? Vers la rédaction

d Montrez que tout ce chapitre baigne dans une tonalité fantastique. f Analysez la représentation de la mort dans ce chapitre.

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L’Influence d’un livre q Montrez que la solitude se conjugue parfois au silence, d’autres fois au bruit, et que tout cela contribue à la tonalité fantastique ou merveilleuse de l’extrait. s Relevez les éléments « fantastiques » de cette scène. d La chambre est sans confort. Trouvez les descriptions qui rendent ce lieu propice à un récit destiné à faire peur. f Maintes adresses à Dieu sont faites sur un mode exclamatif. Trouvez cinq extraits dans lesquels cela se produit et notez-en l’effet. g Pourquoi Rodrigue est-il devenu un mendiant ?

Lectures croisées

h Rodrigue doute que ce soit le diable qui est devant lui. Que lui dit le diable pour bien lui faire comprendre qui il est ? j Que mangent les chiens pendant que Rodrigue est inconscient ? Expliquez toute la force de cette image.

P.-G. P. Boucher de Boucherville, La tour de Trafalgar La tour de Trafalgar est une nouvelle littéraire de tendance gothique et fantastique, publiée en 1835 par Pierre-Georges Prévost Boucher de Boucherville (1814-1894). De Boucherville fait paraître ce récit dans le journal L’Ami du Peuple et connaît un vif succès. Avocat s’intéressant de près à la politique, il devient secrétaire des Fils de la Liberté, association qui a été dissoute au moment de la Rébellion des Patriotes. Cette association regroupait près de 800 jeunes et, inspirée par la Révolution américaine, souhaitait l’indépendance de la colonie. De Boucherville connaîtra l’emprisonnement, puis l’exil aux États-Unis, où il écrira son premier roman, Une de perdue, deux de trouvées. Il meurt en 1894 dans la paroisse Saint-Laurent de l’île d’Orléans. I – L’orage

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C’était il y a quelques dizaines d’années, par un beau jour du mois du juin, le soleil s’était levé brillant. Je pris mon fusil, et suivi de mon chien, je me dirigeai vers le Fort des Prêtres, dans l’intention de ne revenir que le soir à la maison. Il était midi quand j’arrivai à la Croix Rouge, à laquelle se rattache le souvenir de l’exécrable Bélisle. La terre était couverte de mille fleurs

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Sujets d’analyse et de dissertation Plusieurs pistes d’analyse portant sur l’œuvre complète sont maintenant accessibles, et certaines plus faciles à emprunter que d’autres. Pour favoriser la progression vers le plan, les premiers sujets ont été partiellement planifiés (comme suggestion d’exercices : compléter ou détailler ces plans) ; en revanche, les derniers sujets laissent toute la place à l’initiative personnelle. a L’influence d’un livre permet de dresser un portrait de la société canadienne-française de l’époque. Démontrez cette assertion. Esquisse de plan pour le développement. Introduction

Sujet amené : puisez une idée associée au fonctionnement de la société canadienne-française de la première moitié du XIXe siècle. Sujet posé : reformulez le sujet d’analyse en mettant en lumière les éléments clés de la question et en insistant sur une spécificité de la société canadienne-française de l’époque. Sujet divisé : prévoyez un court résumé et annoncez les idées directrices des paragraphes du développement. Développement

• Dans le premier paragraphe, exposez un trait dominant de la société canadienne-française de l’époque en insistant sur l’importance de la religion catholique – voire son influence quant à certaines superstitions. Vous insisterez sur la notion de croyance en vous intéressant à la figure du bien et du mal ou à l’incarnation de Dieu et du diable.

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L’Influence d’un livre • Dans le deuxième paragraphe, analysez une autre caractéristique de la société canadienne-française de la première moitié du XIXe siècle en étudiant le mode de sociabilité des gens de cette époque. Vous mettrez en lumière leurs loisirs de groupe et leur façon de discuter. Vous vous intéresserez aux rapports amicaux, familiaux et amoureux, pour mettre en évidence cette façon qu’avaient les gens de vivre ensemble ; ce mode de relations témoigne d’une façon de communiquer tout à fait différente de celle du XXIe siècle. • Dans le troisième paragraphe, discutez d’une troisième caractéristique de la société canadienne-française telle qu’elle se présente dans le roman, en mettant l’accent sur le mode de vie rural et fortement traditionnel de l’époque. Conclusion

Synthèse : dégagez les grandes articulations du développement et tirez quelques conclusions de vos observations. Ouverture : allez chercher une idée dans le contraste entre cette société et la société québécoise d’aujourd’hui, afin de montrer l’importance historique de ce texte à titre de témoin de la société canadienne-française d’autrefois. z L’influence d’un livre est un roman qui fait appel au fantastique et au merveilleux, mais il peut aussi être qualifié de gothique et d’historique. Expliquez ces différents aspects avec exemples à l’appui. Voici quelques sous-questions susceptibles de vous aider à dégager les idées directrices. • Comment l’auteur fait-il appel au principe de la littérature fantastique, qui plonge le héros dans un univers où tout semble vraisemblable pour ensuite le déstabiliser par l’intervention de phénomènes incompréhensibles ? • Par quels moyens narratifs ou stylistiques s’exprime le doute sur la santé mentale de Charles Amand, notamment quand il 180


Glossaire Pour étudier le roman : lexique de base et autres termes Acte constitutionnel : loi adoptée le 10 juin 1791 par le Parlement britannique, ayant pour objectif de répondre aux demandes des Loyalistes venus des États-Unis à la suite de la guerre de l’Indépendance américaine (1775-1783). Elle divise le pays en deux provinces distinctes, le Bas et le Haut-Canada.

d’instruments comme le violon, l’harmonica, le piano ou divers types de percussions comme la podorythmie ou les cuillers. Chevalier de Lorimier (1803-1839) : intellectuel et notaire ; il devient chef du Parti patriote au moment de la révolte de 1837-1838 au Bas-Canada. Il est pendu à Montréal, à la prison du Pied-du-Courant, le 15 février 1839.

Alfred de Vigny (1797-1863) : poète, dramaturge et romancier, représentant du courant romantique en France.

Colbert (1619-1683) : ministre important sous Louis XIV ; il a inspiré la « doctrine colbertiste », faisant la promotion de l’intervention de l’État dans l’économie.

Alphonse de Lamartine (17901869) : écrivain romantique et homme politique français.

Conquête de 1760 : conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques.

Bas-Canada : province de l’Empire britannique créée en 1791 par l’Acte constitutionnel, qui prévaut jusqu’en 1841, année de l’Acte d’union. Le Bas-Canada correspond à une partie de l’ancienne colonie française et comprend le sud et l’est du Québec, de même que le Labrador.

Félonie : concept de base de la justice anglaise et aujourd’hui de la justice des États-Unis d’Amérique (déloyauté, trahison). Pouvait être accusée de félonie toute personne qui troublait l’ordre public. Les sanctions applicables à un félon pouvaient aller jusqu’à la peine de mort.

Chanson folklorique canadiennefrançaise : chanson qui puise dans le fonds folklorique français qui peut remonter aussi loin qu’au Moyen Âge. Facilement mémorisable, elle est transmise oralement et se chante dans les veillées, accompagnée

Honoré de Balzac (1799-1850) : écrivain français majeur du XIXe siècle, Balzac laisse une imposante somme romanesque à laquelle il donne le nom de Comédie humaine.

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Philippe Aubert de Gaspé fils

sous la direction de Céline Thérien

’Influence d’un livre

Imprimé sur papier contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation.

CODE DE PRODUIT : 214453 ISBN 978-2-7617-6193-2

9 782761 761932

’Influence d’un livre

Le texte intégral annoté Un questionnaire bilan de première lecture Des questionnaires d’analyse de l’œuvre Quatre extraits accompagnés d’ateliers d’analyse dont un de lectures croisées Une présentation de Philippe Aubert de Gaspé fils et de son époque Des tableaux descriptifs du roman, de la nouvelle, du conte, de la tonalité fantastique dans la littérature et du merveilleux dans la culture orale Un aperçu de l’œuvre et de sa place dans l’histoire littéraire

Philippe Aubert de Gaspé fils

Cette œuvre, composée par un romancier novice, donne ses fondements à l’imaginaire québécois puisque L’Influence d’un livre, paru en 1837 à Québec, porte bien son titre en étant le premier roman de notre littérature. Ce récit, empreint d’un charme naïf, entremêle les influences du roman gothique anglo-saxon, du romantisme noir français et du merveilleux associé à la culture orale traditionnelle du Québec.

Philippe Aubert de Gaspé fils

Qu’est-ce qui pousse Charles Amand, cultivateur canadien-français malicieux et cupide, à compromettre le salut de son âme ? Pourquoi semble-t-il si avide de découvrir la pierre philosophale ? Qu’est-ce qui alimente sa quête ? Est-ce l’appât du gain ou plutôt le besoin de croire en la magie qui le ferait se hisser, selon lui, à la hauteur de Dieu ? Et que dire du narrateur du curieux parcours de Charles Amand qui s’amuse à intégrer à la trame principale du récit – qu’on a tout lieu de supposer vraisemblable – quelques légendes fantastiques ?

’Influence d’un livre

Texte intégral

Édition établie par Marie-Josée Charest


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