Grands Textes_Le Bourgeois gentilhomme

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Molière

Bourgeois gentilhomme

sous la direction de Céline Thérien

Imprimé sur papier contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation. CODE DE PRODUIT : 214454 ISBN 978-2-7617-6194-9

Bourgeois gentilhomme

Molière

Le texte intégral annoté Un questionnaire bilan de première lecture Des questionnaires d’analyse de l’œuvre Cinq extraits accompagnés d’ateliers d’analyse dont un de lectures croisées Une présentation de Molière et de son époque Une description du courant baroque, du courant classique et un tableau des caractéristiques de la comédie-ballet Un aperçu de l’œuvre et de sa place dans l’histoire littéraire

Molière

Le Bourgeois gentilhomme met en scène Monsieur Jourdain, un personnage possédé par l’ambition de devenir un noble à la cour de Louis XIV. Cet extravagant héros souhaite ajouter une particule à son nom et marier sa fille à un gentilhomme. Il a déjà l’argent, il ne lui manque que les manières des gens de qualité… qu’il pense acquérir à grands frais sans pourtant y mettre l’effort nécessaire. En faisant la satire non seulement de la bourgeoisie, mais aussi de la noblesse, Molière montre la superficialité de ce désir de paraître, désir qui trouve écho dans notre société, bien que les lubies nobiliaires de Monsieur Jourdain ne restent que l’apanage des hommes dans cette divertissante comédie.

Bourgeois gentilhomme

Texte intégral

Édition établie par Catherine Eve Groleau


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Le Bourgeois gentilhomme Molière Notes, questionnaires et synthèses établis par Catherine Eve GROLEAU, professeure au Collège de Bois-de-Boulogne

9001, boul. Louis-H.-La Fontaine, Anjou (Québec) Canada H1J 2C5 Téléphone: 514-351-6010 • Télécopieur: 514-351-3534


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Direction de l’édition Katie Moquin

Révision linguistique Nicole Lapierre-Vincent

Direction de la production Danielle Latendresse

Correction d’épreuves Marie Théorêt

Direction de la coordination Rodolphe Courcy

Conception et réalisation graphique Girafe & associés

Charge de projet Alain Menier

Illustration de la couverture Bruce Roberts

La Loi sur le droit d’auteur interdit la reproduction d’œuvres sans l’autorisation des titulaires des droits. Or, la photocopie non autorisée – le photocopillage – a pris une ampleur telle que l’édition d’œuvres nouvelles est mise en péril. Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, du présent ouvrage est interdite sans l’autorisation écrite de l’Éditeur. Les Éditions CEC inc. remercient le gouvernement du Québec de l’aide financière accordée à l’édition de cet ouvrage par l’entremise du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres, administré par la SODEC.

Le Bourgeois gentilhomme, collection Grands Textes © 2013, Les Éditions CEC inc. 9001, boul. Louis-H.-La Fontaine Anjou (Québec) H1J 2C5 Tous droits réservés. Il est interdit de reproduire, d’adapter ou de traduire l’ensemble ou toute partie de cet ouvrage sans l’autorisation écrite du propriétaire du copyright. Dépôt légal : 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada ISBN 978-2-7617-6194-9 Imprimé au Canada 1 2 3 4 5 17 16 15 14 13

Imprimé sur papier contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation.


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Sommaire Présentation ......................................................................................

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Molière, toujours actuel Molière, sa vie, son œuvre ................................................................ L’apprentissage du métier .............................................................. La consécration ............................................................................. Les vicissitudes de la vie privée .............................................................. Description de l’époque : la France du XVIIe siècle .............................. Quelques renseignements préliminaires ............................................ Le contexte politique et social ......................................................... La montée de la bourgeoisie ........................................................... La religion, la culture, les courants de pensée ........................................ Tableau des courants artistiques au XVIIe siècle ...................................... Présentation de la pièce .................................................................... Liens avec les courants artistiques et littéraires de l’époque ................. Types de comiques utilisés dans Le bourgeois gentilhomme ................. Le comique de situation ................................................................. Le comique de gestes ...................................................................... Le comique de mots ........................................................................ Le comique de mœurs et de caractère ............................................ L’étude des personnages ....................................................................... Les personnages masculins .............................................................. Les personnages féminins ............................................................... Les Maîtres ...................................................................................... Une dynamique d’opposition typique des œuvres de Molière .......... Molière en son temps ....................................................................... Chronologie .................................................................................. Le Bourgeois gentilhomme (texte intégral)

8 9 11 13 17 17 18 19 20 23 24 24 26 26 27 27 28 28 28 32 34 35 39 40

Acte IV ..................................... 117 Personnages ............................ 46 Cérémonie turque .................. 129 Acte I ...................................... 47 Acte V ...................................... 133 Acte II ..................................... 59 Ballets des nations .................. 143 Acte III .................................... 79 Test de première lecture .................................................................... 155 L’étude de l’œuvre Quelques notions de base .................................................................. 158 Quelques renseignements sur le genre dramatique ............................ 158 Définition et origines de la comédie ........................................... 158 La comédie-ballet : un théâtre hybride ........................................ 159


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Sommaire Tableau des caractéristiques de la comédie-ballet .................................. 161 L’étude de la pièce par acte en s’appuyant sur des extraits ............... 163 L’étude de l’œuvre dans une démarche plus globale ......................... 177 Sujets d’analyse et de dissertation ..................................................... 182 Glossaire ................................................................................... 184 Bibliographie et filmographie ................................................ 188


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Présentation Quel intérêt présente aujourd’hui la pièce Le bourgeois gentilhomme de Molière ?

Le bourgeois gentilhomme, une des comédies-ballets les plus populaires de Molière, est une pièce encore jouée aujourd’hui en plusieurs langues. Elle a été présentée pour la première fois à Chambord, en France, le 14 octobre 1670. La pièce met en scène Monsieur Jourdain, un personnage* enferré dans une lubie : celle de devenir noble, au point d’en perdre tout sens commun. Il aspire au prestige de la noblesse, cette élite qui se distingue par ses titres, jouit de nombreux privilèges légués de père en fils et vit dans l’entourage du roi, à la cour. Il était dans l’air du temps de se moquer de la bourgeoisie* et Molière, qui en est pourtant lui-même issu, ne s’en prive pas. Cet extravagant héros est une caricature des bourgeois du XVIIe siècle, prêts à tout pour s’élever dans la hiérarchie sociale*. Refusant d’être associé à la grossièreté de mœurs qu’on attribue à ces arrivistes, Monsieur Jourdain, comme de nombreux marchands ambitieux de l’époque, souhaite ajouter une particule à son nom, tenir secrètes ses origines de boutiquier et marier sa fille à un gentilhomme. Il se voit déjà courtisan*, au service du roi ou en train de se promener en carrosse ayant, à ses côtés, une marquise qui lui servirait de faire-valoir. Pour atteindre son but, il lui faut apprendre à se comporter comme les gens de qualité : il prend donc des leçons de danse, de musique, de philosophie et de bonnes manières. Il se lance également dans l’apprentissage du métier des armes, alors réservé aux gens bien nés. Tous ces savoirs sont à ses yeux indispensables pour se hisser au rang de noble. Madame Jourdain, qui critique les prétentions de son mari et s’offusque de ses extravagances, fera tout en son pouvoir pour le ramener à des sentiments plus raisonnables. Hélas ! Monsieur Jourdain fait la sourde oreille et s’empêtre dans des fantaisies qui l’entraîneront dans une frénésie carnavalesque. Ses ambitions démesurées font en sorte qu’il ne sait plus 5

* : Cf. Glossaire


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Présentation appréhender la réalité avec lucidité : il multiplie donc les malentendus, ce qui engendre des quiproquos* qui, à leur tour, génèrent des conflits avec ses proches. Non seulement Monsieur Jourdain fait dans l’inconscience, mais il semble même prendre plaisir à se faire duper par des filous, malgré les sages avis de son entourage. Cette grande pièce, remplie de rebondissements et dont la satire* garde tout son mordant, demeure intemporelle, notamment parce que le génie comique de Molière ne vieillit pas et que les thèmes qu’il aborde trouvent en tout temps un écho chez le spectateur. Même si la volonté de gravir les échelons sociaux s’exprime aujourd’hui par le recours à des stratégies différentes et que la notion de classe sociale est de plus en plus occultée, ce désir viscéral de s’élever se manifeste maintenant par le culte de l’argent et du vedettariat, nourri par les médias. En faisant la satire de la bourgeoisie, Molière montrait les fauxsemblants et la superficialité des bourgeois, un exercice qui conserve sa valeur de nos jours devant la facticité du star-system et de la peopolisation*. La grande force du texte de Molière est d’avoir présenté un personnage aimable, malgré ses lubies. En nous rendant Monsieur Jourdain sympathique, Molière montre qu’il sait que ses travers sont humains et qu’il préfère en rire plutôt qu’en pleurer. Toutefois, Monsieur Jourdain n’est pas le seul personnage dont Molière se moque : sa critique de la noblesse est tout aussi virulente que ses attaques envers la bourgeoisie. Molière fait flèche de tout bois, et ce, même s’il était proche du roi à l’époque où il a écrit sa pièce. Le bourgeois gentilhomme évite le piège du simplisme en s’attaquant à la notion même de classe sociale : il peint un tableau satirique de l’écart entre toutes les classes sociales et c’est en cela que la pièce vieillit si bien. Molière a su concevoir cette comédie* comme un ballet rassembleur, une grande pièce carnavalesque et baroque* s’attaquant à tous les spectres sociaux en riant de la mascarade des apparences.

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* : Cf. Glossaire


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Molière, toujours actuel


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Molière, sa vie, son œuvre Molière

Faut-il connaître la vie de l’auteur pour comprendre Le bourgeois gentilhomme ?

Bourgeoisie Classe sociale regroupant les commerçants, les notables et plusieurs hauts fonctionnaires; elle représente la classe montante.

Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, naît en 1622 dans une famille de la bourgeoisie* parisienne qui fait le commerce des étoffes depuis des générations. Le père a ses entrées à la cour à titre de tapissier1 du roi, charge qu’il souhaite vraisemblablement léguer à son fils aîné, comme c’est la coutume à l’époque. Molière perd sa mère à l’âge de 10 ans ; son père se remarie et la famille s’élargit progressivement jusqu’à compter six enfants. L’entreprise familiale est prospère et Molière pourra plus tard s’inspirer de la façon dont son père menait ses affaires pour gérer les finances de sa troupe. Ayant grandi dans l’atelier d’un tapissier, le jeune homme développe également un goût raffiné pour les couleurs et les tissus, qui lui servira pour concevoir des costumes et des décors fabuleux contribuant à la bonne réputation de son théâtre. Inscrit au collège des Jésuites où l’enseignement se prodigue en latin, le jeune bourgeois se frotte à la culture de l’élite auprès de camarades issus de la noblesse. Dans ces mêmes années, il prend contact avec les Béjart, une famille de comédiens, et devient l’amant de l’une des filles, Madeleine, de cinq ans son aînée et dont le talent est déjà reconnu. Cette inclination suffitelle à orienter sa carrière ? Le jeune homme d’à peine 20 ans souhaite-t-il échapper à l’emprise paternelle ou à un destin tout tracé à l’avance ? Quelles qu’en aient 1. Au Québec, on utilise couramment le terme de rembourreur au lieu de celui de tapissier.

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* : Cf. Glossaire


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Biographie

Patois

été les motivations, il aura fallu à Molière beaucoup de cran pour embrasser un métier alors réprouvé par l’Église. Effectivement, à cette époque, de célèbres prédicateurs dénonçaient les effets pervers du théâtre : la représentation des passions humaines sur scène ne risquait-elle pas de détourner les chrétiens du droit chemin et de nuire à leur salut ? Avec la fougue de la jeunesse, Molière se lance dans l’aventure : il fonde avec les Béjart l’Illustre-Théâtre qui doit affronter la concurrence de deux autres troupes déjà bien établies à Paris, soit celle de l’Hôtel de Bourgogne* et celle du Marais. Les frais de location des salles et les recettes insuffisantes acculent rapidement l’entreprise à la faillite. Molière est brièvement emprisonné pour dettes impayées.

L’apprentissage du métier Loin de le décourager, cet échec semble au contraire fouetter ses ardeurs et le confirmer dans le choix de sa vocation. Entraînant avec lui certains de ses camarades, il décide de se joindre à une troupe itinérante, celle de l’acteur Dufresne. Il parcourt les routes de France et observe les caractères de ses compatriotes, prend acte des valeurs auxquelles ils se rattachent et de leurs traits de mentalité. Il est aussi sensible aux variations dans les patois* et les dialectes* parlés à l’extérieur de la capitale. Il apprend à s’adapter aux attentes de publics diversifiés : les gens du peuple préfèrent la farce* avec ses intrigues* faciles et ses bastonnades ; la noblesse de province prétend à plus de raffinement. Molière – qui adopte ce pseudonyme sans qu’on en connaisse la raison exacte – apprend son métier à la dure. Doté d’une forte constitution sans être toutefois très beau, et, de surcroît, affligé d’un léger défaut de langage (du moins, certains le prétendent), il doit se composer un personnage à la mesure de ses capacités. 9

* : Cf. Glossaire

Langues minoritaires parlées dans certaines régions. En France, on utilise généralement ce terme en référence à l’occitan, au gascon et au franco-provençal, mais on peut aussi l’appliquer Titre au breton ou à l’alsacien. texte

À retenir

Dialecte Variété régionale d’une langue.

Farce Pièce généralement courte, qui, pour faire rire, mise surtout sur le comique de gestes, sur le burlesque.

Intrigue Ensemble des événements qui transforment le héros dans sa relation avec les autres personnages ou, encore, ensemble des problèmes qui se posent aux personnages et des solutions que ces derniers leur apportent.


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Description de l’époque: la France du XVIIe siècle Qu’importe-t-il de connaître de la France du XVIIe siècle pour mieux apprécier Le bourgeois gentilhomme ?

Quelques renseignements préliminaires Avec ses vingt millions d’habitants, la France est, au XVIIe siècle, le deuxième pays le plus peuplé d’Europe après la Russie. Henri IV (1589-1610), Louis XIII (16101643) et Louis XIV (1643-1715) se succèdent de père en fils à la tête du royaume. Ils centralisent progressivement le pouvoir entre leurs mains et affirment la suprématie de la France sur l’Europe en adoptant une politique de conquête et de prestige. Rappelons que c’est en 1608, sous le règne d’Henri IV, le grand-père de Louis XIV, qu’a été fondée la ville de Québec, cette date marquant le début de la colonisation en Nouvelle-France. Gouverné comme une province française, ce grand territoire à peine exploré demeure faiblement peuplé. À l’époque du grand roi Louis XIV, ces terres lointaines suscitent peu d’intérêt en Europe, tant au point de vue politique que littéraire. Toutefois, de ce côté-ci de l’Atlantique, Molière provoque bientôt la controverse. Lorsque Frontenac, nommé gouverneur de la Nouvelle-France par Louis XIV en 1672, fait jouer Tartuffe, pièce qui ridiculise les dévots, la réaction de l’évêque de Québec, 17


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Contexte Mgr de Saint-Vallier, ne tarde pas à venir : il condamne vertement cette initiative. Cette représentation revêt en quelque sorte un caractère prémonitoire, car la popularité de Molière demeure indéniable au Québec, depuis ce temps jusqu’à aujourd’hui.

Le contexte politique et social

Monarchie absolue Régime autocratique et héréditaire dans lequel le roi hérite du trône sans avoir de comptes à rendre à ses sujets. Absolutisme royal en est un synonyme.

Molière, né en 1622, a 16 ans au moment de l’accession au trône de celui qui se surnommera lui-même le RoiSoleil dans l’intention manifeste de favoriser le culte de sa personnalité. Le grand roi compte éblouir l’Europe par la magnificence de sa cour, installée au majestueux château de Versailles. Tout au long de sa fructueuse carrière, Molière sert cette politique de grandeur par son talent à multiples facettes. Lorsque Louis XIV accède au pouvoir, il nourrit le projet de maintenir la paix à l’intérieur du royaume. Il consolide alors la monarchie absolue*, prétendant détenir son pouvoir de Dieu. Omniprésente à l’époque, l’Église cautionne un ordre social qui prend racine au Moyen Âge et qui semble immuable. La noblesse, qu’on peut définir comme la caste des seigneurs, se caractérise par ses titres (duc, comte, marquis, baron, etc.) et par ses nombreux privilèges hérités à la naissance, comme celui de ne pas payer d’impôt et de réserver l’accès à la prestigieuse carrière militaire à ses membres. La guerre se pratique plutôt comme un sport où il est possible de se distinguer par sa vaillance. Puisque le prestige d’un roi se mesure à la quantité de ses conquêtes militaires, les conflits avec les pays frontaliers se multiplient. Cependant, ces guerres comportent un revers important : celui de mettre en péril l’équilibre financier de l’État. En 1673, la victoire de Louis XIV contre Guillaume d’Orange, roi de la Hollande, est célébrée – comme il était coutume à l’époque – par des spectacles 18

* : Cf. Glossaire


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Contexte à grand déploiement, très coûteux, dont l’objectif est de refléter la grandeur du règne. Le théâtre s’inscrit dans cette volonté de rayonnement du roi, qui apparaît souvent sur scène déguisé en soleil. Louis XIV ne supporte toutefois pas que les Grands du royaume portent ombrage à sa gloire. Depuis l’épisode de la Fronde*, qui a marqué son enfance, il craint leur tendance à ourdir des complots, à fomenter des rébellions qui sèment le trouble dans le royaume. Aussi les invite-t-il à son somptueux château de Versailles où il les réduit à l’état inoffensif de courtisans*, occupés à rivaliser entre eux pour obtenir une faveur, par exemple celle d’assister au lever de Sa Majesté ou, encore, de figurer à l’un des nombreux divertissements organisés en son honneur. Cependant, c’est au sein de ce groupe de privilégiés que se recrutent les membres du haut clergé. Il n’est pas rare alors de voir un cardinal exercer des fonctions politiques et vivre dans le luxe tout en ayant à ses côtés une maîtresse plus ou moins officiellement reconnue. En fait, la religion est intimement liée à l’exercice du pouvoir puisque le roi prétend tirer sa légitimité de Dieu Lui-même et que c’est à Lui seul qu’il doit rendre compte de ses décisions.

La montée de la bourgeoisie Au bas de l’échelle sociale, les gens du peuple sont soumis à des conditions de vie précaires, car ils ne jouissent d’aucune protection sociale. Habitant majoritairement la campagne, ils vivent d’agriculture à moins de tenir une boutique d’artisan en ville ou de devenir domestiques au service des familles plus aisées. Victimes des famines et des grandes épidémies qui traversent le siècle, ils se réfugient dans la superstition pour justifier de telles catastrophes. À force de travail et d’ambition, certains individus arrivent toutefois à se construire des fortunes 19

* : Cf. Glossaire

Fronde Rébellion qui s’étend de 1643 à 1661, d’abord commencée par la noblesse, soutenue par les parlementaires et ensuite par le peuple, dont le but est d’affaiblir le pouvoir royal. Pour éviter ce genre de soulèvement, Louis XIV invite les nobles à Versailles et les réduit à l’état de courtisans.

Courtisan Personne qui fréquente la cour d’un souverain, dans ce cas-ci celle de Louis XIV, installée à Versailles. Comme les courtisans cherchent à plaire à leur monarque, le terme a pris le sens d’un individu flatteur et adulateur.


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Contexte Hiérarchie sociale (ou Structure sociale) de l’Ancien Régime 1 : la noblesse : caste de privilégiés qui domine le corps social ; 2 : le haut clergé est issu de cette caste et fournit plusieurs des grands hommes politiques du royaume, parmi lesquels le cardinal Richelieu sous Louis XIII et le cardinal Mazarin sous la régence d’Anne d’Autriche ; 3: la bourgeoisie regroupe les commerçants, les notables et plusieurs hauts fonctionnaires ; 4 : le peuple (95 % de la population) vit pauvrement d’agriculture ou occupe des fonctions subalternes en ville.

importantes grâce à leur activité de commerçants, de notables ou de fonctionnaires au service du roi. Louis XIV recrute d’ailleurs la plupart de ses ministres dans cette classe montante, la bourgeoisie, qui développe progressivement l’appétit du pouvoir. Molière connaît bien la mentalité de ces familles de marchands à l’aise puisqu’il est lui-même issu de ce milieu. Normalement, comme l’illustre Le bourgeois gentilhomme, c’est le père qui exerce l’autorité, qui contrôle le budget familial et qui décide de l’avenir de sa progéniture. Les jeunes filles n’ont d’autre choix que de jouer d’astuce pour échapper au mari que le père voudrait leur imposer ou, encore, pour ne pas finir au couvent, car rien n’est plus honteux pour une femme que de rester célibataire. Dans cette société fortement hiérarchisée*, la culture s’adresse à un petit groupe de personnes, éduquées par un tuteur dans leur famille, convaincues de leur supériorité, et qui vivent surtout dans l’entourage du roi. L’idée d’un réseau scolaire s’adressant à tous et rendant possible la progression sociale par l’exercice d’une profession lucrative, comme celle de médecin, n’est pas du tout dans l’air du temps.

La religion, la culture, les courants de pensée Depuis la Renaissance, les guerres de religion et les crimes perpétrés au nom de la foi sont si nombreux que Louis XIV lui-même, aussi puissant soit-il, se méfie perpétuellement des intrigues qui se trament entre les différentes factions religieuses de son entourage. En révoquant l’édit de Nantes*, il force tous ses sujets à adopter la foi catholique, croyant ainsi venir à bout de ces graves conflits qui menacent de fragmenter son royaume. Il garde à vue tous les extrémistes. Il fait 20

* : Cf. Glossaire


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Contexte surveiller les adeptes du jansénisme, parmi lesquels se trouvent de grands intellectuels comme le mathématicien Pascal* qui prône un puritanisme rigoureux et pessimiste en même temps qu’une certaine liberté de conscience. Il a aussi à l’œil le courant libertin, qui professe l’esprit critique et rejette généralement la morale établie. En contrepartie, le souverain propose en quelque sorte un idéal, celui de l’honnête homme, qui cherche l’équilibre en tout, qui est d’agréable compagnie en adoptant les normes du bon goût et du bon parler en usage à la cour. L’honnête homme ne cherche pas à briller ni à se distinguer personnellement puisque son premier souci est de servir la gloire de son souverain. Les artistes trouvent avantage à se plier à ce conformisme social, d’autant plus qu’il est impossible de percer ou de se faire un nom sans la protection d’un Grand du royaume. Or, le plus auguste mécène est encore le roi lui-même, dont l’allocation de pensions – le cas échéant – assure la survie des créateurs. Ainsi, loin de vouloir choquer ou provoquer, l’écrivain du XVIIe siècle préfère se plier aux attentes du petit groupe de courtisans qui gravitent autour du roi et forment son auditoire de prédilection. Toutefois, au fil du siècle, les goûts évoluent, les tendances changent ou se superposent et Molière lui-même témoigne dans son théâtre de la coexistence des influences baroque* et classique, tandis que Corneille, son aîné, compose d’abord des tragi-comédies* et des comédies proches des valeurs baroques, avant de se tourner vers la tragédie. C’est le courant baroque qui traduit le mieux le malaise de l’être humain plongé dans le doute à la suite de la Réforme*. Plusieurs traits traduisent l’influence qu’exerce l’esthétique baroque sur le théâtre de l’époque. Ainsi, les personnages sont appelés à se métamorphoser en cours d’action, comme si leur identité était instable : ils portent souvent des 21

* : Cf. Glossaire

Baroque Courant du début du XVIIe siècle en France, présentant un monde mobile, souvent fondé sur l’illusion, et dont les caractéristiques principales sont l’irrégularité, le mélange des genres et des formes, la fusion des tons comique et tragique, et usant d’un style emphatique pour faire montre d’une virtuosité stylistique.

Tragicomédie Pièce où se combinent les tons grave et comique, et qui illustre l’influence du courant baroque.


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La pièce

Aparté Court énoncé que s’adresse le personnage à lui-même, mais qui est aussi dirigé vers le public.

Conventions théâtrales Procédés de composition propres au théâtre. Ce sont des procédés factices, qui n’ont pas cours dans la vraie vie et qui tiennent à la nature du genre dramatique, qui est un texte conçu pour la représentation. Les monologues, les apartés, le fait que les comédiens dialoguent entre eux tout en s’adressant aux spectateurs, tout cela fait partie des conventions théâtrales.

plus longues, tout en combinant les différents types de phrases, affirmatives, interrogatives et exclamatives. En fait, Molière surpasse tous ses contemporains en ce qui regarde l’écriture des comédies : nul ne sait mieux que lui donner cohésion à une intrigue tout en la faisant progresser d’une répartie à l’autre. Il sait enchaîner les scènes naturellement tout en tirant avantage de tous les types de comiques. En plus des différents types de comiques utilisés par Molière, résumés dans la section ci-après, on remarque notamment la recherche d’effets rythmiques dans les dialogues, soit en alternant des répliques courtes (stichomythie) avec des répliques plus longues, soit en jouant avec les procédés de répétition et d’énumération. Les apartés*, qui révèlent des conventions théâtrales* ou des artifices dont on use pour s’adresser au spectateur, servent à établir une forme de connivence avec lui. Toutes les figures de style et l’ensemble des procédés littéraires peuvent être sollicités et contribuer au style* de l’auteur, qui est un peu sa façon d’imprimer sa marque personnelle au langage.

Types de comiques utilisés dans Le bourgeois gentilhomme Le comique de situation Le comique de situation est associé à un malentendu, sur lequel le spectateur en sait plus que les protagonistes. À titre d’exemples : • Le quiproquo* lors duquel Monsieur Jourdain veut montrer son attirance amoureuse à Dorimène au moyen d’un souper organisé chez lui : il ne soupçonne pas que Dorante a usurpé le rôle de donateur des présents grâce auxquels il croyait charmer Dorimène (acte III, scène 16). 26

* : Cf. Glossaire


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La pièce • Le ridicule de Monsieur Jourdain, dont l’ignorance se manifeste lorsqu’il s’entretient avec deux de ses Maîtres (acte I, scène 2). • L’élévation au rang de Mamamouchi : Monsieur Jourdain se laisse duper par la mise en scène de Cléonte et de Covielle (acte IV, scènes 3 et 4). • La dernière scène où Cléonte se fait passer pour un prince turc (acte V, scène 6). • En ce qui concerne Monsieur Jourdain, l’action bascule : de bourgeois qu’il était au début, il accède prétendument, au dénouement*, à un titre de la noblesse turque. • Il y a également la supercherie de Dorante, qui feint d’être l’ami et non le débiteur de Monsieur Jourdain, démasqué par Madame Jourdain.

Le comique de gestes On parle de comique de gestes lorsque le corps des comédiens est sollicité pour créer un effet de burlesque. À titre d’exemples : • La bagarre entre les Maîtres de musique, de danse, d’armes et de philosophie (acte II, scène 3). • Quand Monsieur Jourdain s’exerce à prononcer les lettres, comme le lui propose le Maître de philosophie, en exagérant la prononciation (acte II, scène 4). • Les scènes entre Monsieur Jourdain et Nicole : le maître menace sa servante qui se sauve et se moque de son maître (acte III, scènes 2 et 3).

Le comique de mots Le comique de mots implique les répétitions, les inventions verbales, les jeux ou les substitutions de mots. À titre d’exemples : • La scène sur l’apprentissage de l’alphabet et des voyelles par Monsieur Jourdain (acte II, scène 4). 27

* : Cf. Glossaire

Dénouement Moment de l’action où les conflits se résolvent, de façon heureuse dans une comédie et malheureuse dans une tragédie.


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Le Bourgeois gentilhomme

Personnages MONSIEUR JOURDAIN, bourgeois. MADAME JOURDAIN, sa femme. LUCILE, fille de M. Jourdain. NICOLE, servante. CLÉONTE, amoureux de Lucile. COVIELLE, valet de Cléonte. DORANTE, comte, amant de Dorimène. DORIMÈNE, marquise. MAÎTRE DE MUSIQUE. ÉLÈVE DU MAÎTRE DE MUSIQUE. MAÎTRE À DANSER. MAÎTRE D’ARMES. MAÎTRE DE PHILOSOPHIE. MAÎTRE TAILLEUR. GARÇON TAILLEUR. DEUX LAQUAIS. Plusieurs musiciens, musiciennes, joueurs d’instruments, danseurs, cuisiniers, garçons tailleurs, et autres personnages des intermèdes et du ballet. La scène est à Paris. L’ouverture se fait par un grand assemblage d’instruments ; et dans le milieu du théâtre on voit un élève du Maître de musique, qui compose sur une table un air que le Bourgeois a demandé pour une sérénade.

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Acte I

Scène 1

MAÎTRE DE MUSIQUE, MAÎTRE À DANSER, TROIS MUSICIENS, DEUX VIOLONS, QUATRE DANSEURS

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MAÎTRE DE MUSIQUE, parlant à ses Musiciens. – Venez, entrez dans cette salle, et vous reposez là en attendant qu’il vienne. MAÎTRE À DANSER, parlant aux Danseurs. – Et vous aussi, de ce côté. MAÎTRE DE MUSIQUE, à l’élève. – Est-ce fait ? L’ÉLÈVE – Oui. MAÎTRE DE MUSIQUE – Voyons… Voilà qui est bien. MAÎTRE À DANSER – Est-ce quelque chose de nouveau ? MAÎTRE DE MUSIQUE – Oui, c’est un air pour une sérénade1, que je lui ai fait composer ici, en attendant que notre homme fût éveillé.

note 1. sérénade : pièce de musique vocale ou instrumentale de forme libre.

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Le Bourgeois gentilhomme MAÎTRE À DANSER – Peut-on voir ce que c’est ? MAÎTRE DE MUSIQUE – Vous l’allez entendre avec le dialogue quand il viendra. Il ne tardera guère. MAÎTRE À DANSER – Nos occupations, à vous et à moi, ne sont pas petites maintenant. MAÎTRE DE MUSIQUE – Il est vrai. Nous avons trouvé ici un homme comme il nous le faut à tous deux ; ce nous est une douce rente1 que ce Monsieur Jourdain, avec les visions de noblesse et de galanterie qu’il est allé se mettre en tête ; et votre danse et ma musique auraient à souhaiter que tout le monde lui ressemblât. MAÎTRE À DANSER – Non pas entièrement ; et je voudrais pour lui qu’il se connût mieux qu’il ne fait aux choses que nous lui donnons2. MAÎTRE DE MUSIQUE – Il est vrai qu’il les connaît mal, mais il les paye bien ; et c’est de quoi maintenant nos arts ont plus besoin que de toute autre chose. MAÎTRE À DANSER – Pour moi, je vous l’avoue, je me repais un peu de gloire, les applaudissements me touchent ; et je tiens que dans tous les beaux-arts, c’est un supplice assez fâcheux que de se produire à des sots, que d’essuyer sur des compositions la barbarie d’un stupide. Il y a plaisir, ne m’en parlez point, à travailler pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses d’un art, qui sachent faire un doux accueil aux beautés d’un ouvrage, et par de chatouillantes3 approbations vous régaler de votre travail. Oui, la récompense la plus agréable qu’on puisse recevoir des choses que l’on fait, c’est de les voir connues, de les voir

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notes 1. rente : revenu facile à obtenir et régulier. 2. qu’il se connût […] que nous lui donnons : qu’il connaisse mieux la musique et la danse.

3. chatouillantes : qui plaisent.

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Acte I, scène 1 caressées d’un applaudissement qui vous honore. Il n’y a rien, à mon avis, qui nous paye mieux que cela de toutes nos fatigues1 ; et ce sont des douceurs exquises que des louanges éclairées. MAÎTRE DE MUSIQUE – J’en demeure d’accord, et je les goûte comme vous. Il n’y a rien assurément qui chatouille davantage que les applaudissements que vous dites. Mais cet encens ne fait pas vivre ; des louanges toutes pures ne mettent point un homme à son aise ; il y faut mêler du solide ; et la meilleure façon de louer, c’est de louer avec les mains. C’est un homme, à la vérité, dont les lumières sont petites, qui parle à tort et à travers de toutes choses, et n’applaudit qu’à contresens ; mais son argent redresse les jugements de son esprit ; il a du discernement dans sa bourse ; ses louanges sont monnayées, et ce bourgeois ignorant nous vaut mieux, comme vous voyez, que le grand seigneur éclairé qui nous a introduits ici. MAÎTRE À DANSER – Il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites ; mais je trouve que vous appuyez un peu trop sur l’argent ; et l’intérêt est quelque chose de si bas, qu’il ne faut jamais qu’un honnête homme montre pour lui de l’attachement. MAÎTRE DE MUSIQUE – Vous recevez fort bien pourtant l’argent que notre homme vous donne. MAÎTRE À DANSER – Assurément ; mais je n’en fais pas tout mon bonheur, et je voudrais qu’avec son bien il eût encore quelque bon goût des choses. MAÎTRE DE MUSIQUE – Je le voudrais aussi, et c’est à quoi nous travaillons tous deux autant que nous pouvons. Mais, en tout cas, il nous donne moyen de nous faire connaître dans le monde ; et il payera pour les autres ce que les autres loueront pour lui. MAÎTRE À DANSER – Le voilà qui vient.

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note 1. toutes nos fatigues : tous nos efforts.

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Quelques notions de base Quelques renseignements sur le genre dramatique Le texte dramatique se présente généralement sous la forme d’une succession de répliques qu’accompagnent des didascalies*. Le dialogue* fournit l’essentiel des informations qui permettent de suivre l’intrigue* et de comprendre la dynamique des relations entre les personnages*. Comme il n’y a pas de narrateur au théâtre, tout ce qui définit le personnage est transmis par ses paroles et ses gestes. Les didascalies, qui apparaissent en italique, ne sont pas dites sur scène. L’auteur prend ce moyen pour s’adresser au metteur en scène, celui qui élabore une mise en espace du texte, et aux comédiens, ces professionnels qui incarnent les personnages. L’écrivain prend soin de les informer ainsi sur le décor, la façon de jouer ou de se déplacer sur scène. Au moment de la lecture, elles permettent d’imaginer le spectacle mentalement. Le texte dramatique diffère donc des autres types de textes, puisqu’il est conçu pour être représenté sur scène.

Définition et origines de la comédie* Le terme « théâtre » vient du grec theatron et signifie « le lieu où l’on regarde ». Née dans l’Antiquité grecque, la comédie remonte aux VIe et Ve siècles avant J.-C. Cette forme théâtrale était vouée au culte de Dionysos*, dieu du vin, de la nature, des arts et de la fête, pour lequel on faisait des processions, des danses et des chants. Les quatre formes du genre dramatique dans la Grèce antique étaient alors les suivantes : la tragédie*, le drame satyrique (sorte de tragicomédie* à saveur burlesque mettant en scène des satyres*), le dithyrambe (chant en l’honneur de Dionysos et, par extension, poème élogieux) et la comédie (le jeu avec des masques). Les rôles étaient tous tenus par des hommes aux visages dissimulés, les 158

* : Cf. Glossaire


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Quelques notions de base nuances de l’émotion se traduisant plutôt par le ton et les gestes, car les expressions faciales étaient déjà figées sur les masques selon le type joué. Au XIIIe siècle, le théâtre se transformera et se jouera sur la place centrale des bourgs. On y présentera des genres théâtraux appelés « mystères », qui reprennent la vie biblique, ou des farces*, genre comique aux caractéristiques grossières. Au cours des XIVe et XVe siècles, ces spectacles deviendront payants. Au XVIe siècle, présenter des mystères au théâtre sera interdit par l’Église, qui juge les acteurs trop impurs pour incarner des personnages de scènes religieuses. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que s’amorcera le retour en grâce de la comédie, car Louis XIV, qui apprécie ce genre théâtral, le soutiendra de son mécénat. Des éléments triviaux de la comédie seront incorporés à sa version moderne, dont le type de masques que l’on trouve dans les comédies-ballets de Molière. Ces masques rappelleront, en plus du théâtre grec, la commedia dell’arte*, une forme de théâtre venue d’Italie, qui implique l’improvisation par des personnages masqués et très typés dans leurs costumes (Arlequin, Polichinelle, Pierrot). Molière a ainsi produit des pièces qui s’inscrivent dans la tradition farcesque et d’autres qui visent une élévation du genre, comme ses grandes comédies en vers, qui reflètent l’influence du courant classique. Les comédies-ballets illustrent, par leur nature hybride, l’influence persistante du courant baroque* sur le théâtre du XVIIe siècle.

La comédie-ballet: un théâtre hybride Pour répondre aux vœux du roi, son protecteur, qui aime souligner les grands événements du royaume par des spectacles grandioses, Molière va créer la comédie-ballet. Sur les trente pièces qu’il a écrites, une dizaine appartient à ce genre, qui combine plusieurs modes d’expression, soit la parole, le chant et la danse. Dans ses premières comédies-ballets, Molière se préoccupe peu de joindre organiquement les intermèdes chantés et les parties dialoguées. 159

* : Cf. Glossaire


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Le Bourgeois gentilhomme Le spectateur actuel conservera une impression d’éparpillement, car cette esthétique contrevient probablement aux goûts modernes, alors que les contemporains de Molière apprécient ce foisonnement, cette joyeuse diversité. Il importe toutefois de souligner que c’est dans Le bourgeois gentilhomme que Molière arrive le mieux à arrimer les différentes parties de sa pièce.

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Tableau des caractéristiques de la comédie-ballet Description

Comédie qui combine le texte dialogué avec un prologue et des intermèdes chantés et dansés, sans nécessairement que des liens organiques soient établis entre ces différentes parties.

Intrigue et personnages

Le cadre est celui de la famille bourgeoise au XVIIe siècle. Dans le texte dialogué, double conflit • entre le clan des raisonnables et celui des ridicules, • entre les générations, les vieux étant ceux qui exercent l’autorité et les jeunes, ceux qui cherchent la liberté (Molière prend le parti des seconds). Les personnages répondent à des emplois souvent d’origine farcesque, comme • le Bourgeois, • les jeunes premiers, • la servante coquine, • le clan des ridicules.

Structure

Division de la pièce en cinq actes, le premier servant à exposer les principaux éléments de l’intrigue et le dernier servant au dénouement. Intégration d’interludes dansés et chantés. Molière ne respecte pas l’unité de lieu ni de temps.

Thématique

Arrivisme social ; vérité et illusion ; superficialité ; noblesse ; amour ; famille ; pouvoir ; savoir.

Style

Texte en prose. Importance de l’influence farcesque ; combinaison de tous les registres comiques ; légèreté de ton dans les intermèdes chantés.

Mise en scène Les décors (tout comme les costumes) sont nombreux et contribuent au faste du spectacle. Jeu naturel et corporel. Esthétique du festif pour tout ce qui concerne le prologue et les intermèdes, les comédies-ballets étant des spectacles très coûteux à monter puisqu’ils nécessitent plusieurs figurants.

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Molière, Le Bourgeois gentilhomme, acte III, scène 4 Extrait, pages 89 à 93, lignes 1 à 121

a Dès le départ, la flatterie est omniprésente dans le discours de Dorante. Relevez trois passages l’illustrant. z À bâtons rompus, Madame Jourdain se mêle à la conversation en émettant son opinion. Faites l’étude de ses réparties. a) Trouvez deux archaïsmes, selon l’usage actuel du français, employés par ce personnage. b) Trouvez deux proverbes énoncés par Madame Jourdain, et expliquez-en la justesse en lien avec la situation. c) En quoi s’oppose-t-elle à son mari ? d) En quoi cette scène contribue-t-elle à mieux nous faire connaître Madame Jourdain ? e Quelle(s) stratégie(s) Dorante emploie-t-il pour manipuler Monsieur Jourdain ? Qu’est-ce que cela traduit du caractère du débiteur comme de celui de son créancier ? Peut-on dire que le comportement de Dorante est à la hauteur de ce qu’on attend d’un noble ? r Vers la fin de l’extrait, relevez des propos flatteurs dans les répliques de Dorante, en indiquant s’ils contiennent des figures de style. t Expliquez le comique des réparties suivantes dans la bouche de Monsieur Jourdain quand il s’adresse à Dorante. a) « Monsieur, je sais le respect que je vous dois » (l. 27 et 28). b) « Monsieur, je suis votre serviteur… » (l. 34). c) « Monsieur, vous vous moquez » (l. 43). d) « C’est trop d’honneur, monsieur, que vous me faites » (l. 113 et 114).

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Extrait, pages 89 à 93 y Monsieur Jourdain ordonne à sa femme, de façon répétitive, de se taire. a) Combien y a-t-il d’occurrences du verbe se taire dans la scène ? b) Qu’est-ce que cela révèle du caractère de Monsieur Jourdain ? c) Madame Jourdain semble-t-elle impressionnée par ce commandement ? u Molière joue ici avec l’aparté*, un artifice du théâtre qui permet aux spectateurs d’avoir accès à des informations inconnues des personnages. En ce sens, que savons-nous des opinions de Madame Jourdain sur son mari et sur Dorante que seuls les spectateurs entendent ? i À l’aide d’un tableau divisé en trois colonnes, dressez un bilan des informations accumulées jusqu’à maintenant sur Monsieur Jourdain, Madame Jourdain et Dorante. Vers la rédaction

o Analysez en Dorante la représentation du gentilhomme. q Montrez que la scène repose sur un jeu d’opposition entre les personnages.

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* : Cf. Glossaire


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Molière, Le Bourgeois gentilhomme, acte III, scène 12 Extrait, pages 108 à 111, lignes 1 à 80

a Six personnages sont présents dans cette scène. Lesquels d’entre eux prennent la parole ? Lesquels se taisent ? Quelle est la raison de leur présence et de leur silence (pensez notamment à la suite de l’intrigue, aux informations qu’ils doivent posséder, etc.) ? z Analysez le personnage de Cléonte en répondant aux questions suivantes. a) Quelles qualités révèlent ses paroles et son comportement ? b) Qu’apprend-on de sa situation sociale ?

Lectures croisées

c) En quoi peut-on dire qu’il est l’exact opposé de Monsieur Jourdain ? d) En quoi est-il proche de Madame Jourdain ? e) Qu’est-ce qui nous amène à présumer qu’il serait un gendre idéal pour Madame Jourdain ? e Relevez tous les termes appartenant au champ lexical* de la noblesse et à celui du mensonge. r Analysez les interventions de Madame Jourdain. a) Repérez les métonymies*, antithèses et autres figures de style que Madame Jourdain utilise, et expliquez l’effet visé. b) Montrez que sa conception du gendre idéal diffère de l’idée que s’en fait son mari. c) Comment peut-on, à la lumière de cette scène, qualifier les rapports qu’elle entretient avec son mari ? t Pourquoi peut-on dire que cette scène représente le nœud* de l’intrigue ?

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* : Cf. Glossaire


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Extrait, pages 108 à 111 Vers la rédaction

y Analysez le thème de la noblesse dans l’extrait, en vous reportant aux différentes significations de ce terme. u À l’aide d’un plan dialectique, expliquez en quoi ces visions sont antithétiques : celles de Monsieur Jourdain d’un côté, et celles de Cléonte et de Madame Jourdain de l’autre.

Shakespeare, La tempête La tempête est une pièce en cinq actes de William Shakespeare (1564-1616), grand dramaturge anglais considéré comme le génie insurpassé de son époque. Cette romance en cinq actes rapporte les aventures du duc de Milan, Prospero, trahi par son frère Antonio et exilé par celui-ci sur une île. Des années plus tard, Prospero, toujours sur l’île, se vengera grâce à ses nouveaux pouvoirs magiques et poussera au naufrage le bateau du roi de Naples sur lequel naviguent le fils du roi, Ferdinand, ainsi que le parjure Antonio. À travers les thèmes de la vengeance, de l’illusion et de l’amour qui naîtra entre la fille de Prospero, Miranda, et le fils du roi de Naples, Ferdinand, les personnages affrontent leurs démons. L’extrait qui suit constitue la demande en mariage de Ferdinand, le fils du roi de Naples, au père de Miranda, Prospero. Celui-ci donne sa bénédiction à Ferdinand en échange de quelques promesses. L’extrait se clôt par l’arrivée de trois déesses romaines, venues célébrer le mariage de Miranda et de Ferdinand : Iris, messagère des Dieux, Cérès, déesse de l’agriculture, des moissons et de la fécondité, et Junon, reine des dieux et du ciel symbolisant le mariage. (Le devant de la grotte de Prospero.) PROSPERO, FERDINAND ET MIRANDA PROSPERO, à Ferdinand. — Si je vous ai puni trop sévèrement, tout est réparé par la compensation que je vous offre, car je vous ai donné ici un fil de ma propre vie, ou plutôt celle pour qui je vis. Je la remets encore une fois dans tes mains. Tous tes ennuis n’ont été que les épreuves que je

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Le Bourgeois gentilhomme 5

voulais faire subir à ton amour, et tu les as merveilleusement soutenus. Ici, à la face du ciel, je ratifie ce don précieux que je t’ai fait. Ô Ferdinand, ne souris point de moi si je la vante ; car tu reconnaîtras qu’elle surpasse toute louange, et la laisse bien loin derrière elle. FERDINAND — Je le croirais, un oracle m’eût-il dit le contraire.

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PROSPERO — Reçois donc ma fille comme un don de ma main, et aussi comme un bien qui t’appartient pour l’avoir dignement acquis. Mais si tu romps le nœud virginal avant que toutes les saintes cérémonies aient été accomplies dans la plénitude de leurs rites pieux, jamais le ciel ne répandra sur cette union les douces influences capables de la faire prospérer ; la haine stérile, le dédain au regard amer, et la discorde sèmeront votre lit nuptial de tant de ronces rebutantes, que vous le prendrez tous deux en haine.

Lectures croisées

Ainsi, au nom de la lampe d’hymen qui doit vous éclairer, prenez garde à vous. 20

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FERDINAND — Comme il est vrai que j’espère des jours paisibles, une belle lignée, une longue vie accompagnée d’un amour pareil à celui d’aujourd’hui, l’antre le plus sombre, le lieu le plus propice, les plus fortes suggestions de notre plus mauvais génie, rien ne pourra amollir mon honneur jusqu’à des désirs impurs ; rien ne me fera consentir à dépouiller de son vif aiguillon ce jour de la célébration, que je passerai à imaginer que les coursiers de Phœbus se sont fourbus, ou que la nuit demeure là-bas enchaînée. PROSPERO — Noblement parlé. Assieds-toi donc, et cause avec elle ; elle est à toi. — Allons, Ariel, mon ingénieux serviteur, mon Ariel ! (Entre Ariel.)

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ARIEL — Que désire mon puissant maître ? me voici. PROSPERO — Toi et les esprits que tu commandes, vous avez tous dignement rempli votre dernier emploi. J’ai besoin de vous encore pour un autre artifice du même genre. Pars, et amène ici, dans ce lieu, tout ce menu peuple des esprits sur lesquels je t’ai donné pouvoir. Anime-les à de rapides mouvements, car il faut que je fasse voir à ce jeune couple quelques-uns des prestiges de mon art. C’est ma promesse, et ils l’attendent de moi. ARIEL — Immédiatement ? PROSPERO — Oui, dans un clin d’œil.

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Extrait, pages 108 à 111

Questionnaire sur le texte de Shakespeare, La tempête a Analysez la tonalité de cet extrait. z Analysez la représentation de l’amour dans l’extrait. e Quel est le caractère des personnages, de quelle classe sociale sont-ils issus et de quelle façon l’emploi d’un langage soutenu l’affirme-t-il ? Vers la rédaction – Analyse croisée

a À partir de ces deux extraits aux mondes complètement opposés, faites une comparaison de la vision de l’amour dégagé dans chaque passage. z Analysez la question de l’honneur dans chacune des pièces. Comment les pères, Monsieur Jourdain et Prospero, s’opposent-ils dans leur interprétation de l’honneur et de l’amour ?

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L’étude de l’œuvre dans une démarche plus globale La démarche proposée ici peut précéder ou suivre l’analyse par extrait. Elle apporte une connaissance plus synthétique de l’œuvre, et met l’accent sur la compréhension de la pièce dans son entier. Les deux démarches peuvent être exclusives ou complémentaires. Pour chacun des cinq actes de la pièce, adoptez une démarche d’analyse qui tienne compte des composantes du texte dramatique, soit : a) l’intrigue ; b) les personnages ; c) la thématique ; d) l’organisation, le style et le jeu des tonalités ou registres de la pièce.

Intrigue a Faites le résumé de chacun des actes de la pièce à l’aide des questions qui suivent. a) Qui ? Quels sont les personnages en présence ? b) Quoi ? Qu’apprend-on sur eux ? Que font-ils ? Quel est l’état de leurs relations ? c) Quand ? Et où ? Quelle est la situation exposée et dans quel contexte ? Quels sont le temps et le lieu ? d) Comment ? Quelles relations s’établissent entre les personnages ? Quels événements vivent-ils ? e) Pourquoi ? Quel est l’objet de leur quête ? Quels moyens prennent-ils pour y arriver ? 177


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Sujets d’analyse et de dissertation Plusieurs pistes d’analyse portant sur l’œuvre complète sont maintenant accessibles, et certaines plus faciles à emprunter que d’autres. Pour favoriser la progression vers le plan, les premiers sujets ont été particulièrement planifiés (comme suggestion d’exercices : compléter ou détailler ces plans) ; en revanche, les derniers sujets laissent toute la place à l’initiative personnelle. a Analysez la représentation de la noblesse dans Le bourgeois gentilhomme. Esquisse de plan pour le développement. Introduction

Sujet amené : puisez une idée dans la biographie de Molière ou dans le contexte historique de l’époque. Sujet posé : reformulez le sujet en vous assurant de ne pas le trahir. Sujet divisé : annoncez les idées directrices des paragraphes de développement. Développement

Dans le premier paragraphe, analysez en Dorante la représentation du noble. Dans le deuxième paragraphe, analysez la noblesse de caractère de Cléonte (qui apparaît comme la véritable figure du gentilhomme). Pour développer chaque idée principale et étayer vos affirmations, utilisez au moins deux idées secondaires ainsi que deux citations, expliquées et commentées.

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Glossaire Pour étudier le théâtre : lexique de base et autres termes Acte : division d’une pièce, qui correspond aux étapes du déroulement de l’action dans le théâtre classique.

et l’application de règles et de critères pour encadrer la création artistique. Comédie : dans sa forme classique, pièce visant à faire rire, qui met en scène des personnages de la bourgeoisie dans des situations de la vie quotidienne (par opposition à la tragédie).

Aparté : court énoncé que s’adresse le personnage à luimême, mais qui est aussi dirigé vers le public. Baroque : courant du début du XVIIe siècle en France, présentant un monde mobile, souvent fondé sur l’illusion, et dont les caractéristiques principales sont l’irrégularité, le mélange des genres et des formes, la fusion des tons comique et tragique, et usant d’un style emphatique pour faire montre d’une virtuosité stylistique.

Commedia dell’arte : tradition théâtrale d’origine italienne, fondée sur l’improvisation à partir de canevas, mettant l’accent sur le comique gestuel. Les comédiens jouent masqués des personnages stéréotypés, qui reviennent d’une pièce à l’autre. Conventions théâtrales : procédés de composition propres au théâtre. Ce sont des procédés factices, qui n’ont pas cours dans la vraie vie et qui tiennent à la nature du genre dramatique, qui est un texte conçu pour la représentation. Les monologues, les apartés, le fait que les comédiens dialoguent entre eux tout en s’adressant aux spectateurs, tout cela fait partie des conventions théâtrales.

Bourgeoisie : classe sociale regroupant les commerçants, les notables et plusieurs hauts fonctionnaires ; elle représente la classe montante. Champ lexical : ensemble de mots se rapportant à une même idée ou à un même thème. Charlatanisme : faux savoir qui porte notamment les médecins à soigner sans souci de guérison. On trouve aussi à l’époque des médecins consciencieux dont la pratique est toutefois tributaire de connaissances scientifiques limitées.

Corneille, Pierre (1606-1684) : Dramaturge et poète français, auteur de 32 pièces, des tragédies autant que des comédies.

Classicisme : courant en vogue sous le règne de Louis XIV en France, qui favorise l’idéal de l’honnête homme, la pureté des genres (comique ou tragique)

Courtisan : personne qui fréquente la cour d’un souverain, dans ce cas-ci celle de Louis XIV, installée à Versailles. Comme les courtisans

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Molière

Bourgeois gentilhomme

sous la direction de Céline Thérien

Imprimé sur papier contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation. CODE DE PRODUIT : 214454 ISBN 978-2-7617-6194-9

Bourgeois gentilhomme

Molière

Le texte intégral annoté Un questionnaire bilan de première lecture Des questionnaires d’analyse de l’œuvre Cinq extraits accompagnés d’ateliers d’analyse dont un de lectures croisées Une présentation de Molière et de son époque Une description du courant baroque, du courant classique et un tableau des caractéristiques de la comédie-ballet Un aperçu de l’œuvre et de sa place dans l’histoire littéraire

Molière

Le Bourgeois gentilhomme met en scène Monsieur Jourdain, un personnage possédé par l’ambition de devenir un noble à la cour de Louis XIV. Cet extravagant héros souhaite ajouter une particule à son nom et marier sa fille à un gentilhomme. Il a déjà l’argent, il ne lui manque que les manières des gens de qualité… qu’il pense acquérir à grands frais sans pourtant y mettre l’effort nécessaire. En faisant la satire non seulement de la bourgeoisie, mais aussi de la noblesse, Molière montre la superficialité de ce désir de paraître, désir qui trouve écho dans notre société, bien que les lubies nobiliaires de Monsieur Jourdain ne restent que l’apanage des hommes dans cette divertissante comédie.

Bourgeois gentilhomme

Texte intégral

Édition établie par Catherine Eve Groleau


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