TOP 500 Edition 2011

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miques émergentes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les cabinets de conseil en stratégie, les consultants internationaux et autres thinktanks commencent à regarder le continent de près. Plusieurs études publiées récemment viennent confirmer ce regain d’intérêt pour une zone géographique souvent négligée au profit des Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine), qui forment le carré magique des pays « émergents » les plus L’AFRIQUE DANS SON ENSEMBLE A UNE ENVERGURE en vue. Si l’on en croit l’étude réalisée par le cabinet amériCOMPARABLE À CELLE DU BRÉSIL OU DE LA RUSSIE. cain McKinsey, l’Afrique serait sur le point d’intégrer ce club. Ce rapport publié en septembre 2010 et intitations et des prix des matières premières, tulé « L’heure des lions »(1) annonce, chiffres à mais aussi d’une demande intérieure dynal’appui, le décollage économique du continent. mique dans de nombreux pays du continent. Amine Tazi-Riffi, directeur associé Afrique du L’Afrique du Sud, qui a connu un recul de son Nord chez McKinsey, est catégorique : « L’Afrique PIB de 1,8 % en 2009, devrait ainsi atteindre est un impératif stratégique. C’est un gisement une croissance de 3,5 % l’an prochain. Les pays de croissance à trois heures de Paris, une réalité pétroliers devraient, pour leur part, tirer profit incontournable pour les entreprises européende l’embellie constatée sur le marché des matiènes. Tout se jouera dans les cinq ans à venir. » res premières : le Nigeria et l’Angola tablent sur Avec un PIB global de 1 600 milliards de une croissance supérieure à 7 % en 2011. En dollars en 2008 (1 135 milliards d’euros à Afrique du Nord, les estimations sont, là aussi, l’époque), le continent dans son ensemble a assez optimistes, puisque les taux attendus une envergure économique comparable à celle pour l’an prochain s’échelonnent entre 4 % du Brésil ou de la Russie. Son PIB réel s’est pour l’Algérie et 5,2 % pour l’Égypte, avec une accru de près de 5 % par an entre 2000 et 2009, pointe à 6,2 % pour la Libye. deux fois plus vite que durant la décennie précédente. Et contrairement aux idées reçues, Incontestablement, l’Afrique fait preuve cette accélération de la croissance ne peut être d’une capacité de résilience et d’une vigueur attribuée au seul boom des ressources natucomparables à celles des puissances éconorelles. Selon McKinsey, les matières premières n’ont en effet contribué à cette dynamique que pour 24 %. Les politiques macroéconomiques mises en œuvre par les États ont en effet favorisé l’activité dans d’autres secteurs comme le BTP, l’agriculture, la finance ou les télécoms, et ême taille (1 milliard d’habitants), même PIB et même l’émergence d’un véritable marché de consomcroissance depuis dix ans : l’Afrique dans sa globalité mateurs africains a permis d’asseoir cette croispèse économiquement autant que la Russie ou le Brésil, sance, qui semble durable. ▲ ▲ ▲

rythme comparable à celui de 2008, avant les turbulences dues à la crise. Le ralentissement constaté en 2009 (2,6 %) aura donc été limité, tant par sa durée que par sa portée, compte tenu de la mise en œuvre rapide de réponses économiques adaptées. La reprise dont bénéficie déjà l’Afrique résulte non seulement du rebond des expor-

Qui sont les locomotives du continent ?

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et un peu plus que l'Inde. Depuis dix ans, elle connaît une croissance supérieure à la moyenne mondiale et ses exportations ont augmenté de 18 % par an. Une tendance qui devrait se poursuivre dans les années à venir. Ce décollage économique révèle néanmoins des réalités disparates. Certains pays ont continué de connaître des difficultés ces dernières années, alors que d’autres sont devenus de véritables locomotives pour le continent. Il s’agit des « lions »: l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Botswana, l’Égypte, Maurice, la Libye, le Maroc et la Tunisie. En moyenne, ces pays croissent aussi vite que les Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine), avec un PIB par habitant comparable (10000 dollars en parité de pouvoir d’achat, contre 8800 dollars pour les Bric). Si certains d’entre eux ont bénéficié de la hausse des prix des matières premières, la majorité a su tirer parti d’une plus grande stabilité politique et d’une hausse de la consommation en Afrique, tout en mettant en œuvre des politiques publiques favorables à l’investissement privé. À eux seuls, ces « lions africains » représentent 70 % du PIB du continent. ■ Z.S.

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Pour pérenniser cette tendance, le continent doit impérativement attirer les investisseurs. Les flux de capitaux étrangers en Afrique sont passés de 15 milliards de dollars en 2000 à 87 milliards en 2007, et devraient se maintenir dans les prochaines années, grâce à la création de partenariats entre pays producteurs et opérateurs internationaux. D’autant que les occasions ne manqueront pas : d’après McKinsey, quatre secteurs d’activité (biens et services de consommation, ressources naturelles, agriculture, infrastructures) généreront un chiffre d’affaires annuel de 2 600 milliards de dollars d’ici à 2020. Le potentiel de l’agriculture, à lui seul, est énorme : McKinsey estime que son chiffre d’affaires pourrait bondir de 280 milliards de dollars actuellement à 880 milliards en 2030. Il est vrai que l’Afrique recèle 60 % des terres arables non cultivées dans le monde.

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JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 26 ■ LES 500 - ÉDITION 2011


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