Alliance Connections Fall 2019 (French)

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automne 2019

Seigneur, apprends-nous à prier/  La réconciliation n’est pas toujours jolie/ Le visage de Jésus/ L’effet de vague/ Susciter une génération d’innovateurs missionnels


Équipe éditoriale: Eric Crow, Kristen Parker, Jared Taylor, and Tyler Lodge © 2019 • The Christian and Missionary Alliance in Canada Un maximum de 1 000 photocopies est accordé pour utilisation dans une église ou salle de classe locale. accord de Postes Canada No. 40064689

Seigneur, apprends-nous à prier

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ISSN 2369-9469 ISSN 2369-9477 (online)

Sur la couverture:: Dans le siège à côté de vous dans l'avion. La Christophanie de l'Ancien Testament. Dans des maisons de prière et des rendez-vous pour le café. Chez des frères toxicomanes et des pères alcooliques. En réconciliation, conversation théologique, même des moments de désespoir. C'est notre espoir et notre prière que vous voyiez et reconnaissiez le visage de Jésus.

La réconciliation n’est pas toujours jolie

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L’effet de vague

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À quoi bon?

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Susciter une génération d’innovateurs missionnels

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C É L É B R E R J É S U S « QUI EST DONC CET HOMME POUR QUE MÊME LE VENT ET LE LAC LUI OBÉISSENT? » Chaque année, j’ai hâte aux feux d’artifice que les pompiers de la caserne communautaire organisent pour la fête du Canada. Le ciel nocturne s’illumine d’une superbe explosion de fusées, de couleurs éclatantes et de bouquets époustouflants. J’aime entendre les enfants exprimer leur surprise et leur ravissement par des cris, rendant ainsi l’événement des plus festifs. Je me sens alors transporté dans un univers de joie et de fascination. Les disciples n’ont jamais vu de feux d’artifice, mais ils ont vu la puissance et l’intervention miraculeuse de Dieu, qui les ont éblouis. Ils étaient aux premières loges pour voir la puissance infinie de Dieu se manifester par l’intermédiaire de Jésus. Une de ces occasions est survenue alors qu’ils traversaient la mer de Galilée dans une barque de pêche. Marc dit qu’une tempête s’est soudain levée et a alarmé les pêcheurs chevronnés, qui avaient déjà navigué sur cette mer par mauvais temps. Dans la barque, Jésus dormait malgré tout à poings fermés. Il était si intimement lié au Père et imprégné du royaume de Dieu qu’il restait imperturbable. Les disciples affolés l’ont réveillé et des feux d’artifice divins se sont ensuivis! Jésus a parlé à la mer et au vent : « Silence! Tais-toi! » (Marc 4.39.) Le vent et les eaux se sont aussitôt calmés, attestant ainsi la suprématie miraculeuse de Dieu. Jésus est Dieu fait chair, le Créateur de toutes choses, et il leur 4 · automne 2019


Contents Le parcours d’Isaac 7 Seigneur, apprends-nous à prier

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Déchargez-vous l’âme 12 a coupé le souffle en déployant sa gloire et sa puissance. La réaction des disciples en dit long, car elle les a poussés à demander : « Qui est donc cet homme pour que même le vent et le lac lui obéissent? » (Marc 4.41.) Il les a ébahis, éblouis, par sa majesté.

Le chemin de la justice

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La réconciliation n’est pas toujours jolie

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Le visage de Jésus

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Apporter la délivrance aux opprimés

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Accroissez votre portée

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Ce que je désire pour l’Alliance, c’est que nous soyons captivés par la gloire de Jésus et admiratifs de ses feux d’artifice divins au point de célébrer sans retenue sa majesté, son mystère et sa gloire. Les histoires rapportées dans la présente édition de Connexion nous invitent à louer Jésus avec spontanéité et entrain. Puissiezvous connaître un émerveillement sans bornes, qui vous amènera à déclarer : « Qui est donc cet homme? » (Marc 4.41.)

Des rendez-vous divins non planifiés

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Repérer Jésus dans l’Ancien Testament

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Apprendre à laisser toute la place à Jésus

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L’effet de vague 31 À quoi bon? 35 Apprendre à percer un mystère

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Une collectivité dynamique

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Notre Évangile est-il étriqué?

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Prenez courage 48 Seul Jésus? dans un monde postchrétien?

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L’œuvre de Dieu dans les activités quotidiennes 53 Susciter une génération d’innovateurs missionnels 54 David Hearn, président de l’Alliance chrétienne et missionnaire au Canada

Jésus est l’Évangile 59 Le leader blessé 62

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FAITH and

in ACTION

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‫رحلة إسحاق‬ LE PARCOUR S D’ ISAAC

Dave

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armi les mystères les plus étonnants et les plus pérennes du christianisme, il y a la transformation radicale d’une personne par le pouvoir du Saint-Esprit au fil de sa lecture et de sa mise en pratique de la Parole de Dieu. Selon le nouveau livre de Jared Wilson, The Gospel Driven Church, la Bible nous transforme avec une telle effica‑cité que notre participation régulière à une étude biblique constitue le facteur clé de notre croissance spirituelle. En tant qu’ouvriers internationaux (OI) en Afrique du Nord, nous espérons voir la Bible transformer des familles et des collectivités, par le pouvoir du Saint-Esprit, en des disciples dynamiques de Jésus-Christ. Pour me préparer à rencontrer des amis durant le ramadan, j’étudiais les directives de Jésus sur le don, la prière et le jeûne avec Isaac, mon professeur d’arabe. L’arabe est très difficile à apprendre, et lire la Bible dans cette langue est encore plus difficile que de la parler. Par bonheur, Isaac est un professeur

compétent et très patient. Durant notre étude de Matthieu 6, Isaac ne cessait de s’interrompre pour déclarer : « Ces paroles sont tellement belles, tellement belles! On doit les transmettre à d’autres afin qu’ils connaissent aussi la Vérité. » La vie d’Isaac témoigne puissamment de la transformation par la Parole. Il y a environ vingt ans, il était l’imam d’un petit village soudanais. On lui avait enseigné à mémoriser et à réciter le Coran dans un arabe parfait, ce qui lui a permis de devenir un excellent professeur d’arabe. Les événements du 11 septembre l’ayant désillusionné par rapport à l’islam, il s’est mis à douter de tout ce qu’il avait tenu pour vrai. Dans sa quête de vérité, il a commencé à suivre Joseph Kony, le leader rebelle de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Kony était notoire pour recruter des enfants soldats afin de combattre le gouvernement ougandais.

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Dans la LRA, Isaac a rencontré un catholique qui lui a remis une bible. Il l’a dévorée, car il en a immédiatement reconnu la puissance et la véracité, puis il a abandonné Joseph Kony pour suivre Jésus. Il est alors retourné dans son village, où il est resté en secret un disciple de Jésus pendant plusieurs années, jusqu’à ce que sa belle-famille découvre sa nouvelle foi. Du coup, elle lui a enlevé sa femme et ses enfants et l’a forcé à fuir le pays. Malgré toutes ses épreuves et ses souffrances, Isaac aime Jésus plus que jamais. Connu comme un excellent enseignant de la Bible, il rencontre chaque semaine de 10 à 15 nouveaux croyants pour les former à la lire, à la comprendre et à la mettre en pratique. L’apôtre Paul demande : « Et comment croiront-ils en lui s’ils ne l’ont pas entendu? » (Romains 10.14.) En tant qu’OI, nous recherchons en priorité des occasions de communiquer la Parole à nos amis afin qu’ils puissent l’entendre et y croire. Pour cela, nous employons diverses méthodes. Par le récit d’histoires, nous vulgarisons des passages de la Bible. D’autres fois, nous remettons une bible à nos amis et leur demandons d’en lire des passages en arabe tandis que nous suivons dans notre bible en anglais. Nous leur posons souvent des questions simples comme : « Qu’avez-vous ressenti en lisant cette histoire? » Nous les exhortons ensuite à raconter l’histoire à un ami. Bien que notre travail progresse lentement et risque de nous décourager, nous gardons à l’esprit que d’innombrables personnes ont un témoignage comme celui d’Isaac. Le royaume de Dieu continue à avancer grâce à l’œuvre secrète de l’Esprit et de la Parole de Dieu, et cela, à la gloire de Jésus. ª Le nom complet de Dave n’est pas divulgué pour des raisons de sécurité. Dave et sa femme, Jen, œuvrent auprès d’un certain peuple peu évangélisé de Nord-Africains. Après avoir obtenu leur diplôme de l’Ambrose University, ils ont servi Dieu dans une Église de l’Alliance. En 2012, l’Équipe des Ministères mondiaux a approché Dave et Jen pour leur offrir une merveilleuse occasion de le servir dans la région Sable du désert en tant qu’ouvriers internationaux (OI). Il y a six ans que Dave et sa famille œuvrent là-bas. Apprenez-en plus à leur sujet sur cmacan.org/djd Photo : offerte par Dave

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SEIGNEUR, APPRENDSNOUS À PRIER Blake Penson

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vec teplusieurs autres pasteurs hispanophones, j’enseignais et j’animais le week-end de l’école de prière à Mexico, qui portait sur le cri du cœur : « Seigneur, apprends-nous à prier! » Ce thème m’a rappelé que, deux ans auparavant, ma femme et moi avions enseigné à l’Ambrose University en tant qu’ouvriers internationaux (OI). Comme on nous avait invités à y rester une année de plus, nous avions demandé au Seigneur de nous révéler sa volonté. Quelques nuits plus tard, j’avais fait un songe dans lequel le président de l’ACM au Mexique, Tomas Bencomo, me remettait un rouleau de parchemin en me regardant droit dans les yeux et en me disant : « Tu

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dois enseigner la prière comme le Seigneur l’a enseignée et tu as peu de temps pour le faire. » À mon réveil, ce matin-là, j’avais raconté mon rêve à Kathy, ma femme. Le Seigneur nous avait révélé sa volonté : aller au Mexique pour y enseigner sa prière à sa manière. Nous sommes arrivés à Mexico à la fin d’octobre 2016, et à peine quelques mois plus tard, le président Bencomo m’a invité à assister à un événement de prière devant se tenir dans son église à Juárez, au Mexique. J’ai ainsi fait l’expérience de l’école de prière et j’y ai vu des similitudes avec ce que le Seigneur m’avait déjà révélé au fil de l’écriture de mon livre 7 Rooms of The Lord’s Prayer. Jésus nous appelle à dépoussiérer et à respecter un modèle de prière que l’Église moderne a oublié depuis longtemps. Il a commencé par enseigner sa prière à ses disciples et il a déclaré plus tard : « On appellera ma maison une maison de prière pour tous les peuples » (Marc 11.17). Jésus a aussi précisé ceci : « Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures » (Jean 14.2), dont chacune représente étonnamment une partie de la prière qu’il a enseignée à ses disciples. Les demeures de la prière du Seigneur nous enseignent qu’il y a un ordre divin qui régit l’entrée en sa présence. Nous nous précipitons le plus souvent vers la quatrième demeure pour obtenir réponse à nos besoins : « Donne-nous, chaque jour, le pain dont nous avons besoin » (Luc 11.3). Aussitôt nos requêtes présentées, nous sortons de la pièce et amorçons notre journée. Et nous nous demandons ensuite pourquoi nous ne goûtons pas l’intimité en sa présence. Lors de ce week-end à Mexico, chaque personne a vécu une rencontre personnelle et puissante avec son Père céleste au moyen de la prière de Jésus. On a invité les participants à commencer par la première demeure, celle de la relation : « Notre Père, toi qui es dans les cieux » (Matthieu 6.9) Durant la prière, chacun en étreignait un 10 · automne 2019


autre en silence, en demandant au Seigneur de nous enlacer et de nous parler. Si nous sommes son corps, nous savons qu’il peut communiquer avec nous les uns par les autres. Le Seigneur est alors venu guérir avec douceur et puissance des cœurs meurtris et brisés. Des gens ont personnellement et intimement goûté sa bénédiction : « Aimé de l’Éternel, il demeure en sécurité auprès de lui, ce Dieu qui le protège continuellement, qui habite lui-même entre ses deux épaules » (Deutéronome 33.12). EL’étreinte durant la prière a éveillé l’espoir en tous, surtout chez les groupes ethniques représentés. Un couple issu d’un groupe de croyants huichol – que sa communauté avait rejeté en raison de sa foi, le privant ainsi de sa terre et de sa maison – a découvert une

Nous nous précipitons le plus souvent vers la quatrième demeure pour obtenir réponse à nos besoins : « Donne-nous, chaque jour, le pain dont nous avons besoin. »

demeure et une communauté que personne ne pourrait lui enlever. Beaucoup d’Autochtones du Mexique n’ont jamais connu l’étreinte et le véritable amour d’un père. Ils sont nombreux à s’être fait maltraiter d’une manière ou d’une autre. Les pères sont souvent esclaves de l’alcoolisme. Les mères travaillent constamment pour soutenir leur famille. Les enfants s’élèvent donc les uns les autres. De ce fait, le cycle familial dysfonctionnel se transmet de génération en génération. L’ordre de

la prière du Seigneur constitue cependant une carte divine qui en guide beaucoup vers leur véritable demeure et la plénitude en Christ. Nous avons vu cette réalité se manifester lors d’un événement de suivi tenu dans les montagnes de la Hidalgo, situées au nord-est de Mexico. Nous avons animé un autre week-end de prière dans un lieu appelé Ahuatitla. À mesure que les croyants nahuatl apprenaient et mettaient en pratique la prière du Seigneur, des proches se réconciliaient et des relations étaient restaurées. Les participants ont pleuré abondamment, car leur Père céleste bénissait les enfants et les adolescents par l’étreinte et la prière empreintes d’un amour sincère de leurs parents terrestres. Le plus étonnant, c’est que presque tout le monde au Mexique connaît la prière du Seigneur par cœur, mais sans le connaître, lui, personnellement et intimement. Cette prière n’est pas réservée à ceux qui appartiennent déjà à une communauté de foi. C’est l’expression même de la Bonne Nouvelle en prière, qui invite tous à goûter l’amour, le pardon et la délivrance du Seigneur au moyen de la prière qu’il nous a enseignée. Vous pouvez aider vos amis et vos proches à connaître Jésus en le rencontrant dans sa prière, de sorte qu’ils amorcent leur parcours jusqu’à leur véritable demeure. Tout cela commence par vous, par une simple requête : « Seigneur, apprends-nous à prier. » Il attend que vous lui exprimiez, maintenant, ces cinq mots qui révolutionneront votre vie et vos prières. ¬ Blake et sa femme, Kathy, ont travaillé dans une équipe d’implantation d’Églises à Mexico de 1997 à 1999. De 2001 à 2015, ils ont servi Dieu dans un pays d’accès restreint (PAR) de la région Soleil des Caraïbes, à former et à encadrer des pasteurs d’Églises maison de l’ACM ainsi qu’à créer un réseau de prière interconfessionnel. Ils travaillent actuellement comme chefs d’équipe à Mexico. Apprenez-en plus à leur sujet sur cmacan.org/bkp

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D É C H A R G E Z - V O U S L ’Â M E Shauna Archer

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e temps à autre, Dieu intervient avec puissance dans ma vie et accomplit une chose qui ébranle mon monde pour le mieux et me pousse à emprunter une voie que je n’aurais jamais envisagée. Dans mon cas, c’est le ressourcement qui a ainsi changé la donne. J’en ai entendu parler pour la première fois lorsque Rob Reimer est venu diriger un événement d’une journée dans mon Église, en février 2018, et prendre ensuite la parole lors de la retraite des pasteurs de notre district. J’ai vite

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compris que mon âme n’était pas aussi saine que je l’aurais espéré après quarante ans de vie chrétienne, dont trente dans le ministère. Puis j’ai assisté à deux autres conférences Ressourcement, une à Airdrie, Alberta, après l’Assemblée générale, et l’autre en novembre dernier à mon église. Celles-ci m’ont obligée à aller bien au-delà de ma zone de confort, au profit d’une intimité avec Christ et d’une liberté dans l’Esprit que je n’avais jamais goûtées ou imaginées possibles. Le livre de M. Reimer intitulé Soul Care (Ressourcement) décrit la

façon de faire, même si j’ai trouvé difficile d’en appliquer les idées par moi-même. Voilà d’ailleurs pourquoi il est crucial de procéder à trois, tel que conseillé. J’ai fait partie de deux trios jusqu’ici, et je suis reconnaissante pour leur reddition de comptes et leur soutien sans jugement. Il est bien plus facile d’exposer des secrets et des schémas répréhensibles – enterrés depuis longtemps et même recouverts d’un beau vernis chrétien – en progressant avec d’autres dans la grâce. Ces secrets ont le pouvoir de nous priver de la vie abondante que Christ nous promet.


J’ai aussi reçu la délivrance des ravages des abus subis durant mon enfance. J’ignorais avoir besoin de délivrance et je croyais que cet exercice était réservé aux « charismatiques ». Je suis toutefois maintenant convaincue que de nombreux chrétiens, qui aspirent à mener la vie victorieuse qui semble leur échapper, ont besoin de délivrance pour briser leurs chaînes et reprendre à l’ennemi le terrain qu’il a gagné. Tant ma famille que mon Église ont bénéficié du ressourcement. Mon mari, ma fille et d’autres ont fait des expériences et reçu des révélations qui ont changé leur vie du tout au tout. Plusieurs dimanches, beaucoup de gens se sont avancés pour supplier Dieu

et, un certain dimanche, douze personnes ont accepté l’appel à se faire baptiser et sont entrées dans l’eau! C’est devenu notre nouvelle

Jésus ne s’étonne pas de ce que nous trouvons dans notre âme. normalité du fait que nous nous repentons de nos péchés et que nous recherchons ensemble la plénitude de l’Esprit. Jésus ne s’étonne pas de ce que nous trouvons dans notre âme,

de nos liens ni de nos péchés cachés. Rien de cela ne l’inquiète, mais il ne veut certainement pas que nous vivions ainsi jusqu’à la fin. Ma vie prouve que Dieu nous offre beaucoup mieux, à condition que nous fassions le dur travail de nous ressourcer. Or, si nous savons que Jésus gagnera en définitive, pourquoi ne pas le laisser nous procurer la victoire et la liberté dès aujourd’hui?? « Shauna Archer est pasteure de la famille et des relations à la Living Hope Alliance Church, à Regina, et fait partie de l’Équipe de coordination nationale des cours Kairos. Mariée à Tim et mère de deux jeunes adultes, elle déteste voir la vaisselle traîner et est une grande partisane des Roughriders de la Saskatchewan. Photo de Rob Reimer en train de s’adresser à la Living Hope Alliance Church, offerte par Shauna Archer

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LE CHEMIN DE LA JUSTICE Katie Bowler ravie de notre arrivée. Trop gentille pour nous réprimander, elle nous indique quand même qu’il y a très longtemps que nous nous sommes vues..

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yants manqué l’entrée de chez notre amie Maria, Debs et moi descendons du taxi et rebroussons chemin à pied. J’évite les flaques parce que nous avons remarqué en passant tout droit qu’une conduite d’égout s’est rompue. Les yeux fixés sur mes pieds, je heurte presque Maria, descendue nous accueillir. « Maimouna! Khady! », nous lance-telle avec joie en utilisant nos noms sénégalais. Il y a belle lurette que nous nous sommes vues. Nous nous serrons dans nos bras et elle garde longtemps ma main dans la sienne en continuant de marcher. Nous entrons dans l’immeuble; l’endroit me semble étrange. Il y a une cour centrale à ciel ouvert, et les résidents louent des chambres individuelles. Dans les couloirs face à la cour, des femmes lavent des vêtements et préparent du tieb (riz au poisson). Nous montons quelques étages et nous suivons un corridor jusqu’à sa chambre. Sa fille de 15 ans lève les yeux de sur ses corvées,

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Debs et moi nous assoyons sur les deux chaises de la petite pièce et Maria s’assoit sur le lit. Nous abordons tous les sujets habituels – famille, nourriture, travail –, puis la conversation tourne aux questions spirituelles. Elle est très pieuse, veillant toujours à garder la tête couverte et à faire les prières nécessaires. Ses fils fréquentent une école religieuse en ville. Nous lui demandons ce pour quoi elle prie ces temps-ci. Elle nous répond : « La santé, le pardon de mes péchés… et que je connaisse le chemin de la justice. » À la fois ravie et surprise par sa requête, je m’exclame : « Je suis tellement contente qu’on te l’ait demandé. Comme ça, on peut aussi prier dans le même sens! » Peu avant de partir, nous lui demandons si nous pouvons prier ensemble. Maria, sa fille et deux femmes toubabs (blanches), assises là, lèvent alors les mains avec les paumes vers le haut et sont prêtes à recevoir. Debs prie, dans un mélange de fulfulde et de français. Elle sollicite de Dieu qu’il bénisse la famille de Maria et révèle à celle-ci le chemin de la justice. Jésus, quelle joie de voir que tu as donné soif à Maria et à d’autres Sénégalais d’apprendre à marcher selon les voies de Dieu! Nous te prions de leur révéler le chemin à suivre. © Katie Bowler est une ouvrière internationale (OI) qui œuvre au Sénégal auprès d’un peuple peu évangélisé connu comme les Peuls du Fouta-Toro. Elle a fait une maîtrise en ministère interculturel, après avoir terminé un stage de deux ans en Afrique de l’Ouest. Pour en savoir plus à son sujet, rendez-vous sur cmacan.org/kbo Photo : offerte par Katie Bowler


L A RÉC O NCILIATIO N N ’ EST PA S T O U J O U R S J O L I E Brenda Smit-James

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on père était un homme de peu de mots, mais de nombreux dictons. Quand il s’agissait de tendre la main aux gens, il disait souvent : « Charité bien ordonnée commence par soimême. » Il ne cherchait pas à changer – encore moins à changer le reste du monde –, et il n’avait certainement aucun temps à consacrer à Jésus. Pourtant, il a épousé une femme à la foi profonde – qui a conservé la foi tout au long de sa vie et de son mariage –, une foi de laquelle il n’avait rien à faire. Ma mère m’a inspiré un grand amour de Dieu. Elle l’a encouragé, Dieu l’a fait croître et, à l’âge de 13 ans, j’ai donné ma vie à Jésus. Sur le plan émotionnel, j’étais aussi loin de mon père que j’étais proche de ma mère. Non seulement nos malentendus se multipliaient, mais encore mon père se tenait hors d’atteinte, derrière de nombreuses bouteilles de bière. Toute ma vie, j’ai interagi avec mon père par l’intermédiaire de ma mère. Elle me protégeait contre ses comportements blessants et son alcoolisme. Il y a cinq ans, ma mère est morte soudainement d’une leucémie aiguë non diagnostiquée. En plus de me plonger dans un deuil profond, son décès m’a privée de sa protection contre mon père, ce qui m’a révélé à quel point notre relation m’était douloureuse. Du plus loin que je puisse me rappeler, mon père avait toujours été un grand buveur, mais après la mort de ma mère, sa dépendance a empiré. La seule façon qu’il connaissait de composer avec la souffrance émotionnelle, le deuil et les regrets, c’était de les noyer dans l’alcool. Comme mon père vivait dans mon pays natal, l’Afrique du Sud, je n’ai pas eu à le

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« Qu’est ce que tu vas faire de tout ça? » « Rien », lui ai-je répondu.

regarder boire jusqu’à en mourir. Par contre, on me rapportait ses beuveries et le mal qu’elles causaient au reste de la famille. Durant cette période de deuil de ma mère et d’inquiétude pour mon père, Jésus a touché mon cœur avec douceur. C’était comme s’il me demandait : « Qu’est ce que tu vas faire de tout ça? » « Rien », lui ai-je répondu. En fait, j’espérais que le problème disparaisse de lui-même, et vite. Jésus a toutefois préféré utiliser la blessure que mon père m’avait fait subir toute ma vie pour guérir notre relation.

J’avais toujours désiré que mon père finisse par abandonner l’alcool, accepter Jésus et mener une vie transformée. Or, cela ne s’est pas produit. Par contre, peu avant que mon père meure de manière inattendue, Jésus m’a chargée d’une mission de deux semaines visant à me faire aimer mon père de son amour divin même s’il buvait plus que jamais. Jésus a alors changé mon cœur et m’a permis de voir en mon père un homme de valeur que l’alcoolisme avait brisé et égaré. Cette fois-ci, ma recherche de la brebis perdue a commencé à la maison et, grâce à Jésus, mon père et moi avons fini ensemble en beauté. ª

Parmi les finalistes du Women’s Journey of Faith Contest de 2018, le mémoire de Brenda, When God Says No, My Journey through Grief to Acceptance, raconte le deuil qu’elle a dû faire après la mort subite de sa mère et la façon dont Jésus a transformé sa relation avec son père alcoolique. Ayant vécu le pouvoir de guérison des histoires, Brenda donne des cours d’écriture en ligne pour en aider d’autres à bien raconter leur histoire. Pour en savoir plus à son sujet, rendez-vous sur brendasmitjames.com

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LE VISAGE DE JÉSUS Betty

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e l’ai rencontrée en faisant la queue dans un aéroport. Farah, professeur d’art à l’université, était une jeune femme en deuil de son mari mort 5 mois plus tôt de façon inattendue alors qu’ils se rendaient en visite dans son Afrique du Nord natale. Elle retournait maintenant chez lui au MoyenOrient, où ils vivaient depuis 5 ans. Elle se sentait terriblement seule; sa douleur était insupportable, et elle ignorait comment elle ferait pour se retrouver seule dans leur appartement. 18 · automne 2019


À bord de l’avion, elle était assise à côté d’un pasteur parti du Canada avec un groupe de pasteurs, de leaders et d’ouvriers pour se joindre à nous en voyage visionnaire sur un champ missionnaire potentiel. Il a passé tout le vol à être simplement Jésus pour cette femme endeuillée, à l’écouter avec respect et à prier avec elle. Durant l’année et demie suivante, j’ai échangé périodiquement des courriels avec Farah, tandis que nous nous préparions à œuvrer sur notre nouveau champ missionnaire. Elle m’a invitée à lui téléphoner dès notre arrivée et m’a offert de nous aider à nous installer. Quelle joie de la revoir! Elle m’en a alors dit plus sur sa vie devant des cafés. J’ai appris que sa meilleure amie et collègue croyait aussi en Jésus, qu’elle pleurait et priait avec elle et la soutenait dans son deuil. Dieu semblait entourer Farah de disciples de Jésus, capables de lui transmettre son amour en cette période où elle en avait le plus besoin. Comme l’amie de Farah et moi nous intéressons toutes les deux à l’art, nous avons commencé à suivre un cours hebdomadaire de pastel à l’huile avec Farah pour professeur. Ainsi, deux autres disciples de Jésus sont entrées dans sa vie, et notre petit groupe d’apprenties a vite revêtu une plus grande importance à ses yeux que celui d’élèves. Ce fait s’est d’ailleurs confirmé lors du deuxième anniversaire du décès du mari de Farah, qui tombait un jour de classe. Étant donné qu’elle ne voulait pas rester seule, le cours s’est tenu à sa demande. Nous lui avons offert amour et fleurs, et nous avons pleuré et ri avec elle, ce qui l’a beaucoup touchée. « Nous sommes plus que des amies, nous sommes une famille », nous a-t-elle dit.

Betty et son mari, Don, œuvrent au Moyen-Orient parmi

À Pâques dernier, Farah est venue assister à un événement pour femmes à notre Église locale arabophone, où deux membres de notre équipe ont commenté un passage biblique au sujet de Pâques et offert des témoignages personnels. Après la rencontre, Farah a remercié ma coéquipière d’avoir parlé de certains de ses défis en disant qu’elle devait elle-même les surmonter. À cela, ma coéquipière a répondu : « Pour te libérer de ça, tu vas avoir besoin de Jésus. Dieu t’invite et t’attend. » Farah lui a alors dit : « Oui! Vous avez une religion qui est intéressante et belle. Je veux en savoir plus sur elle. »

les Yézidis. Leurs noms complets sont tenus secrets pour des raisons de sécurité. Betty et Don ont servi en Pologne pendant vingt ans, avant de se lancer dans leur aventure exaltante en Mésopotamie, une région

Puisse Farah continuer de voir le visage de Jésus sur ceux de son entourage, et puisse-t-il continuer de la conduire jusqu’à lui. ¬

riche en Histoire. Apprenez-en plus à leur sujet sur cmacan.org/dbo

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APPORTER LA DÉLIVRANCE AUX OPPRIMÉS Michel Dube

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ésus a dit : « Il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la libération, aux aveugles le recouvrement de la vue, pour apporter la délivrance aux opprimés » (Luc 4.18). Au cours de la dernière année, ces vérités se sont concrétisées dans la vie de nombreux Guinéens Jésus accomplit des choses étonnantes dans le cœur de pasteurs et de leaders confessionnels, ainsi qu’au sein de différentes congrégations. Nous voyons de nos yeux des gens être délivrés de la honte et de la souffrance qui les accablaient depuis leur jeunesse. Dieu nous a fait, à Stephen Albright (ACM aux É.-U.) et moi, l’immense honneur de donner des conférences Ressourcement ici même en Guinée. Tout a commencé lorsque l’auteur de Soul Care, Rob Reimer, est venu en Guinée y donner une conférence à 400 pasteurs de l’Alliance. Par le passé, j’ai œuvré surtout à l’évangélisation, mais Dieu m’indique clairement cette année qu’il désire que son Église vive un réveil afin qu’elle soit mieux outillée pour évangéliser. Le Saint-Esprit est à l’œuvre, et l’on continue de nous demander d’enseigner sur ce sujet crucial, non seulement aux Églises de l’Alliance, mais aussi à celles qui partagent les mêmes idées. Nous avons déjà participé à trois conférences et nous prendrons part à six ou sept autres au cours des mois à venir. Nous avons récemment amorcé une conférence dans une Église de Conakry. Un de nos amis guinéens, Silas, a décidé de retourner dans cette Église après une absence de quelques mois. Il avait refusé de la fréquenter parce qu’une autre croyante, Anne, l’avait blessé. Toute l’Église était au courant de ce conflit du fait que Silas avait joué un rôle important dans l’Église. Silas s’est assis dans la

première rangée, sans remarquer qu’il s’assoyait à côté d’Anne. En écoutant le message, il a senti la douleur et la colère remonter en lui. À la fin du sermon, le pasteur en fonction dans l’Église nous a demandé de prendre par la main la personne à notre gauche et de prier l’un pour l’autre. Silas n’avait donc pas le choix de tenir les mains d’Anne. Tandis qu’ils commençaient à prier, Anne a reçu la conviction de devoir demander pardon à Silas, et Silas – par obéissance à Dieu – le lui a accordé. Silas a aussitôt été délivré de son amertume et rempli de la joie de Dieu. Or, seul Jésus peut orchestrer de tels instants. Beaucoup d’hommes et de femmes souffrent ici, en Guinée. Les femmes sont particulièrement opprimées et victimes de terribles actes. Elles gardent pour elles de nombreux secrets, qui blessent l’âme. Alors que nombre de femmes confient leur souffrance à notre Seigneur Jésus, le ressourcement leur apporte la guérison. Une d’elles, Marie, est rentrée chez elle un soir après avoir entendu un message sur le ressourcement et s’est ouverte à son mari. Celui-ci l’a écoutée et s’est aussi livré à elle. Le lendemain, Marie s’est levée dans l’église et a témoigné avec joie de ce que son mari et elle étaient redevenus comme de nouveaux mariés. Les Guinéens veulent en connaître plus sur Jésus. Il libère les captifs de leurs chaînes. Il apporte la délivrance aux opprimés. Il est extraordinaire, et nous aimons beaucoup le voir œuvrer. « Michel et sa femme, Denise, font partie de l’équipe de la Guinée à titre d’ouvriers internationaux (OI). Ils ont servi Dieu pendant 8 ans au Québec en tant qu’OI avant de déménager en Guinée en 2007. Michel s’emploie à l’évangélisation – il rencontre des hommes en tête à tête et anime des études bibliques de groupe. Apprenez-en plus à leur sujet sur cmacan.org/mdd Photo : offerte par Michel Dubé.

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Ac c r o i s s e z vot r e p o r t é e Kathy Klassen

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out le monde était allé se coucher, mais je suis restée à regarder un film. Soudain, mon frère de 18 ans est arrivé, l’air un peu hagard. Il s’est couché sur le divan et s’y est endormi. Puis sans crier gare, il s’est penché et a vomi sur le tapis du salon. Il était rentré saoul encore une fois. Nous étions une famille missionnaire respectée qui avait emménagé au Canada après avoir dû quitter notre poste à cause d’un gouvernement chaotique. J’avais alors 16 ans et mon frère en avait 12. Étant craintive, 22 · automne 2019


je respectais les limites, mais étant rêveur et un esprit libre, mon frère les transgressait. Il n’était pas méchant, mais Dieu et l’Église ne lui importaient plus. Il allait trouver son chemin par lui-même.. Mes parents en ont eu le cœur brisé. Leur monde s’écroulait. Ils avaient dû quitter l’Éthiopie – où ils s’étaient rencontrés, étaient tombés amoureux, s’étaient mariés et avaient servi Dieu pendant 20 ans. Ils agissaient au mieux, et voilà que la situation était devenue ingérable et que leur fils unique leur échappait. En tant que chrétiens, nous sommes souvent appelés à nager en plein paradoxe : la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus. Des imprévus bouleversent notre perception du christianisme soigneusement façonnée et nous nous mettons à faire du surplace. Au désespoir, nous marmonnons : « Tout ce qu’on peut faire, c’est prier. » Sans être irrespectueux, nos propos trahissent notre perte graduelle d’espoir. Les femmes venues au tombeau le premier matin de Pâques démontrent ce que signifie vivre au bénéfice de la mort et de la résurrection de Jésus. À leur arrivée, les anges leur demandent de jeter un œil à l’intérieur. Or, les gens hésitent à regarder dans le tombeau de leur vie. Ici, en Amérique du Nord, nous faisons tout pour embellir la mort afin d’en dissimuler le côté pénible. C’est pourtant en y regardant que nous recevons les paroles de vie : « Il n’est plus ici […] il est ressuscité d’entre les morts […] Elles quittèrent le tombeau en hâte, tout effrayées, mais en même temps remplies d’une grande joie » (Matthieu 28.6-8). Bien que la prière puisse passer pour une solution de dernier recours, elle constitue en réalité une invitation de Dieu à accroître notre portée. Nous sommes nombreux à acheter une « pince à longue portée » à nos parents vieillissants pour leur permettre

d’atteindre des choses juchées en hauteur. Savez-vous que la prière peut se comparer à une telle pince à longue portée? D’abord, nous admettons que des choses sont hors de notre portée. Il est primordial que nos prières soient authentiques. Dieu désire que nous lui disions ce que nous ressentons : la frustration, la colère ou le désespoir que suscite en nous l’impression qu’il nous a déçus. Après avoir regardé dans notre tombeau, nous attendons que vienne notre Seigneur ressuscité. Jésus se présente à Marie au tombeau. Dieu étend sa portée, comme il le fera aussi pour nous. Dans ces moments de pur désespoir, il vient à nous avec une parole, une promesse, sa présence réconfortante et souvent avec un nouvel aperçu de sa puissance et de sa gloire infinies, qui nous sert de pince à longue portée. Nous faisons ensuite un grand pas vers lui, pour lui attraper la main alors qu’il étend sa portée encore plus loin dans son royaume et ses desseins. Prier, c’est regarder dans le tombeau de nos regrets et de nos déceptions, puis recevoir des paroles de vie qui nous permettent de rallonger notre portée jusque dans le règne spirituel et de nous approprier la Résurrection et la Vie. Deux ans après que mon frère a eu dégueulé sur le tapis du salon, quelqu’un a frappé à ma porte de dortoir du campus. C’était mon frère, le visage paisible, qui était venu me faire une visite surprise. Il avait conduit une heure et demie pour m’annoncer sa nouvelle. Quelques jours auparavant, il était sorti festoyer tout le week-end avec ses amis. Dans un bar, deux d’entre eux lui avaient soudain déclaré : « Hé, man, y faut que tu saches qu’on t’accepte comme t’es, t’as rien à nous prouver. » Quand Ken avait entendu ça, il avait eu l’impression cmacan.org · 23


que ça venait du cœur de Dieu et ça l’avait brisé. L’Esprit s’était servi de cette parole pour toucher le cœur de mon frère et le convaincre de péché. Ken avait quitté le bar à pied et avait marché sur plusieurs kilomètres, et il avait donné son cœur à Jésus en cours de route. Qui aurait cru que ce qu’un non-croyant a dit dans un bar puisse servir à ramener une personne à Dieu? Le Seigneur l’avait atteint par les prières de mes parents, de ma fidèle grand-mère et de bien d’autres. Non seulement ils ont récupéré leur fils, mais encore il leur est revenu transformé. Il a recommencé à fréquenter l’Église et il s’est mis à entretenir une relation personnelle avec Jésus.

Y a-t-il quelqu’un dans votre vie qui est au-delà de votre portée? J’avais cessé de prier pour mon frère, mais l’amour de Dieu pour lui ne s’était jamais refroidi. Il n’est pas trop tard. Prenez le temps de regarder dans votre tombeau. Restez-y aussi longtemps que nécessaire, sachant que Jésus vous touchera, et en touchera d’autres, qui sont actuellement hors de votre portée, par votre intermédiaire. « Mais non : la main de l’Éternel n’est pas trop courte pour sauver, et son oreille n’est pas sourde au point de ne plus vous entendre! » (Ésaïe 59.1.)©

Kathy est née en Éthiopie de parents missionnaires. Elle y a vécu 16 ans avant de déménager au Canada. Diplômée du Collège Briercrest et de l’Université de Waterloo, elle a commencé à œuvrer avec les Navigators of Canada, en servant Dieu pendant 12 ans dans un contexte universitaire, communautaire et national. La First Alliance Church l’a alors invitée à le servir avec elle, où Kathy a œuvré pendant 16 ans. Elle est actuellement directrice de la vitalité relationnelle et spirituelle du District Est canadien.


DES RENDEZ-VOUS DIVINS NON PLANIFIÉS Rebecca Ross

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haque fois que nous allons en visite dans le village isolé de nos amis huichol, Dieu semble toujours nous réserver un rendez-vous divin – quelqu’un avec qui il veut que nous entrions en relation. Cette fois-là, nous avons fait la connaissance de Paola. Nous devions repartir pour Mexico un jour plus tôt que prévu, en raison d’un changement de plans. En route, nous avons vu au bord de la route une dame en

vêtements traditionnels avec son bébé, qui sollicitait un transport. Mon mari s’est rangé sur le bas-côté et nos deux collègues sont allés s’asseoir dans la boîte de la camionnette pour lui laisser la place dans la cabine. Au début, elle nous a écoutés en silence. Puis elle m’a demandé si nous étions chrétiens. Quand je le lui ai confirmé, elle s’est ouverte à nous et nous a raconté son histoire.

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Paola fuyait l’une des communautés huichol où nous venions de passer en visite parce que son mari, depuis deux ans, allait la battre. Malheureusement, c’est monnaie courante dans cette région huichol. Sa bellemère avait dit au mari de Paola que celle-ci avait volé quelque chose et, au lieu de croire sa femme, il avait cru sa mère et il entendait donner une correction à Paola. Se sachant innocente, elle avait décidé de partir avec sa fillette d’un an et de faire environ 20 heures de route pour retourner dans son État natal de Chihuahua.

Nous lui avons demandé si elle avait de quoi s’acheter un billet d’autobus, mais elle nous a dit que non. Le courage qu’avait cette femme de partir sans argent avec seulement son bébé au dos nous a alors interpellés. Dieu nous a convaincus de l’aider à rentrer chez elle. Nous nous sommes arrêtés dans la ville d’après afin de l’y déposer, elle a accepté que nous priions pour elle et elle a pleuré tout le long. Nous lui avons donné l’argent pour son billet de retour, les numéros de téléphone d’amis chrétiens que nous avions dans sa région et une bible. Bouche bée, elle en a pleuré de joie. Ces merveilleux instants me rappellent la souveraineté de Dieu, sa façon de nous utiliser afin d’en bénir d’autres et simplement manifester son amour et son intérêt pour ses enfants bien-aimés – qu’ils le connaissent ou non. Je suis heureuse que, voyant Paola en difficulté, Dieu ait répondu à ses besoins par notre intermédiaire. Cela m’a rappelé l’importance de vivre le moment présent et de s’ouvrir à des rendezvous divins non planifiés, mais dirigés par l’Esprit. Lorsque les choses ne se passent pas comme vous le voudriez, demandez-vous si Dieu n’aurait pas un rendez-vous divin pour vous à l’instant même. ª Rebecca Ross a grandi à Brooks, en Alberta, et a obtenu son baccalauréat en administration des affaires de l’Ambrose University. Elle est mariée à Jesus Florin, qu’elle a rencontré dans le cadre du Brave Heart Ministry et en fréquentant la même Église que lui. Leur désir de servir le Seigneur auprès des Autochtones du Mexique les a réunis. Rebecca et son mari travaillent avec les Huichol. Pour en savoir plus à leur sujet, allez sur cmacan.org/rr Photos : offertes par Rebecca Ross

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REPÉRER JÉSUS DANS L ’A N C I E N T E S T A M E N T Bonnie Burnett

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es, Pmots tabernacle, pâque, sacrifice, expiation et bouc émissaire sont intimidants, mais Dieu m’avait confié la tâche de les expliquer à mes élèves – en thaï. Sans parler du fait que je devais rendre les histoires et les lois vétérotestamentaires pertinentes pour un groupe de jeunes de 18 à 20 ans vivant aujourd’hui dans le nord-est de la Thaïlande. Qu’est-ce que cette époque lointaine et ces traditions anciennes ont à voir avec eux? Nous sommes d’abord revenus sur le buisson ardent, la mer Rouge et les lois expiatoires. Sous peu, Jésus a commencé à se révéler à nous. Nous l’avons reconnu dans l’agneau pascal, un agneau sans tache dont le sang a sauvé le peuple de Dieu de la mort.

C’était presque difficile de conclure le dernier jour de classe; et Mui, l’une des étudiantes du Laos, a confessé en secouant la tête : « J’ai toujours trouvé que l’Ancien Testament n’avait pas grand-chose à voir avec ma vie, mais je vois maintenant que c’est tout le contraire. » À cela, sa compagne Baiteuy a ajouté avec le sourire : « Je n’ai jamais compris comment voir Jésus dans l’Ancien Testament, mais maintenant je le vois partout. » Notre tabernacle, notre agneau pascal, notre sacrifice, notre expiation, notre bouc émissaire… J’ai très hâte d’enseigner de nouveau ces merveilleux concepts de l’Ancien Testament.¬ Bonnie et son mari, Derek, travaillent auprès des Thaïlandais avec l’équipe de la Thaïlande, pays où ils servent Dieu depuis 1999. Bonnie et Derek se sont rencontrés

Nous l’avons vu dans le bouc chargé des péchés du peuple, que l’on conduisait hors du camp jusqu’au désert pour emporter ces péchés bien loin.

au Canadian Bible College (CBC) et sont mariés depuis 1993. Ils ont trois enfants : Carlin, Jesse et Jemma. Pour en savoir plus à leur sujet, allez sur cmacan.org/dbb

Nous l’avons contemplé, le souverain sacrificateur vêtu de blanc, tandis qu’il entrait en présence de Dieu pour offrir un sacrifice destiné à expier les péchés du peuple. Et nous l’avons aperçu encore et encore dans le pain de vie et la manne (Jean 6), le rocher spirituel auquel nous buvons (1 Corinthiens 10.4) et le pain sans levain offert en sacrifice (Marc 14.8). Ces merveilleux mots de l’Ancien Testament sont riches en symboles de Jésus; et c’est avec la gorge serrée que nous avons constaté que nous étions représentés par les Israélites : rebelles et démunis, mais ô combien aimés.

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Apprendre à laisser toute la place à Jésus Jeremy Peters

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ans un étonnant revirement de situation, il y a quelques années, j’ai fini par ne pas prêcher le dimanche de Pâques. Jésus avait prévu autre chose. Malgré tous mes efforts pour bien me préparer à cette grande célébration dans la vie de l’Église, j’avais du mal à voir quelle direction donner au sermon pascal. J’en ai parlé à un collègue, qui, au cours de notre conversation, a voulu m’offrir de prêcher à ma place. Je l’en ai remercié, mais sans considérer cette option. Quand j’ai eu raccroché, ma femme, Lisa, m’a demandé de quoi lui et moi avions discuté.

« OK, mais est-ce qu’il va pas juste nous dire que c’est Pâques? »

« Tu te rends compte? Nathan a offert de prêcher à ma place dimanche prochain. Je lui ai dit qu’il n’en était pas question. »

Durant mon silence, deux histoires me sont venues à l’esprit. L’une avait rapport avec une carte de commentaire qu’on avait reçue le matin même dans laquelle la personne avait écrit :

Sans la moindre hésitation, Lisa m’a demandé : « Pourquoi pas? »

Alors on a prié et j’ai dit à peu près ceci : « Jésus, je n’en reviens pas de devoir discuter de ça avec toi. Je suis surpris que Lisa croie que tu pourrais vouloir que Nathan prêche à Pâques. Est-ce qu’elle ne devrait pas être plus avisée? Mais c’est pas mon Église. C’est la tienne. Et tu peux faire tout ce que tu veux. Alors, qu’as-tu à me dire, Jésus? Qui doit prêcher dimanche prochain?

« Qu’est-ce que tu veux dire : Pourquoi pas”? C’est le dimanche de Pâques! »

« Pour la première fois, on a vraiment le sentiment que ce n’est pas "l’Église du pasteur” ni la vision du pasteur qui trace la voie. C’est plutôt l’Église de Jésus, et c’est lui qui trace la voie. »

« Et qu’est-ce que ça change? »

Hum.

« C’est une question-piège? Parce que c’est le dimanche de Pâques… et je suis le pasteur principal, et c’est le dimanche le plus important de l’année! »

L’autre histoire m’a rappelé une fois où l’on avait confié à Lisa une unité hospitalière en particulier, même si sa collègue qui la supervisait normalement était présente et disponible. Cette collègue avait prétexté que c’était son étage et que Lisa devait être assignée à un autre étage, mais l’infirmière en chef lui avait fermement répliqué : « C’est moi qui suis responsable de répartir le travail dans cet établissement, et c’est moi qui ai assigné Lisa à l’unité. Point final. »

« Je vois pas ce que ça change. Jeremy, tu répètes tout le temps à notre famille ecclésiale que c’est Jésus qui est le Chef de l’Église, et non toi … alors peu importe le messager; l’important, c’est que les gens entendent parler Jésus. » « Je sais, et ton raisonnement est excellent, mais peut-être que ce serait mieux si je te le répétais plus lentement. C’est P-â-q-ue-s. » Sans se laisser démonter, Lisa m’a répondu : « On devrait aller faire de la prière d’écoute et questionner Jésus là-dessus. »

Lisa et moi savions donc ce que Jésus nous disait : que c’était son Église et que c’était lui qui choisissait comment en répartir les tâches. Jésus est le Chef, et il peut faire tout ce qu’il veut. Il y a huit ans que nous découvrons ce que signifie le fait que Jésus est le Chef en exercice de l’Église St. Albert, dans laquelle nous le servons, en l’invitant à la diriger en temps réel. Nous continuons de cultiver certaines habitudes dans nos réunions d’équipe, afin de nous cmacan.org · 29


garder attentifs à la sagesse et aux conseils de Jésus pour qu’il répartisse nos tâches selon sa volonté. Habitude no 1. Chercher des occasions d’inviter Jésus à nous diriger. Nous ne sollicitons pas toujours son avis sur les décisions à prendre. Nous ouvrons et terminons souvent nos réunions par la prière, sans forcément suivre sa direction dans l’intervalle. Nous avons appris à nous attendre à ce que Jésus intervienne à divers moments de la discussion. Nous anticipons de devoir interrompre la conversation pour lui donner la parole – en exerçant ensemble la prière d’écoute. Habitude no 2. Inviter Jésus à donner son opinion en même temps que nous donnons la nôtre. En tant que chef d’équipe, j’essaie de veiller à ce que chacun autour de la table ait voix au chapitre. Durant notre apprentissage, nous avons cultivé une habitude toute simple : lorsque nous donnons notre avis sur un sujet, nous veillons à permettre à Jésus de nous donner

le sien. Si nous discutons du même sujet depuis plus de 30 ou 45 minutes, le temps est sans doute venu de nous interrompre pour voir si Jésus aurait des idées, des conseils ou une direction à nous communiquer. Habitude no 3. Demander pour quoi. Après avoir d’abord écouté Jésus sur un sujet, quand nous avons besoin d’une aide supplémentaire pour discerner si c’est bien sa voix que nous avons entendue, nous lui demandons pourquoi. Nous avons pu constater que cela nous permet souvent de confirmer la voie à suivre. Maintes fois, nous sortons de la réunion avec la certitude qu’elle portait le sceau du Saint-Esprit. Certaines choses merveilleuses – et étonnantes – se produisent lorsque nous laissons Jésus être le Chef en exercice de l’Église. Il arrive parfois même que Jésus change la répartition des tâches inhérentes à un culte pascal. « Jeremy aime l’aventure de son stage de vie sous la direction de Jésus, qui lui permet d’apprendre à suivre la direction qu’il donne en temps réel à la St. Albert Alliance Church. Jeremy et Lisa se plaisent énormément à servir Dieu ensemble à la St. Albert Alliance Church depuis 2004, dont Jeremy est actuellement le pasteur principal.


Kristen Parker

Avez-vous déjà jeté un galet dans la mare? Il fait un léger plouf, puis crée un petit cercle ondulatoire qui disparaît. Avez-vous déjà jeté une pierre dans la mare? Elle fait un SPLASH sonore, forme des vagues et crée un grand cercle ondulatoire qui s’étend à la grandeur de la mare – bien au-delà de celui du galet. L’effet de vague se produit lorsqu’un événement initial déclenche une réaction en chaîne. Il a lieu quand on jette un galet ou une pierre dans la mare, mais aussi quand on annonce l’Évangile. Kristi Hopf est une ouvrière internationale (OI) au Niger qui œuvre auprès des Peuls, un peuple dans la mire du Projet Jaffray. Elle prend part à un programme d’enseignement de stratégies agricoles aux Peuls de la région, comme le zaï et le compostage. Christophe,

le formateur agricole, a demandé au représentant d’un village d’ensemencer un champ d’essai pour illustrer ses enseignements. Comme les pluies ont été rares cette année, les agriculteurs peuls ont ensemencé plusieurs fois leurs champs sans que le millet y pousse. Les gens disaient qu’on « avait mis un parapluie invisible audessus de Niamey, la capitale, pour retenir la pluie ». D’autres disaient que leurs chefs religieux avaient prédit : « Il y aura une sécheresse cette année et on ne récoltera pas de millet. » Or, pendant que tout cela se déroulait, Kristi a prié, et voyant qu’il ne pleuvait toujours pas, elle en a exhorté d’autres à prier avec elle.

1 Le zaï est une technique agricole consistant à creuser des poquets dans un champ avant de l’ensemencer et à les remplir de compost pour que la pluie s’y accumule. L’agriculteur dépose ensuite une graine dans ces cuvettes.

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Robert Jaffray a donné sa vie à Christ à l’âge de 16 ans. Peu après, A. B. Simpson, fondateur de l’Alliance chrétienne et missionnaire (ACM), s’est chargé de son mentorat. Jaffray se passionnait pour la mission, ce qui a entraîné des conflits dans sa vie familiale. Son père était propriétaire du précurseur de l’actuel journal canadien The Globe and Mail. Celui-ci avait prévu de léguer sa fortune, son prestige et son pouvoir à son fils, mais à condition que ce dernier renonce à devenir missionnaire. Devant cet ultimatum, Jaffray a choisi de suivre Christ. Son énorme sacrifice l’a mené en Chine, où il a puisé force et persévérance en Dieu. Jaffray et ses collègues ont conduit beaucoup de gens à la foi en Jésus dans la province du Guangxi et ont implanté des Églises dans la région de Wuzhou. En 1911, Jaffray a lancé une mission au Vietnam. Aujourd’hui, l’ACM dans ce pays compte plus d’un million de membres, plus de 550 pasteurs ordonnés et plus de 2 500 Églises . Jaffray a œuvré avec foi en Dieu. Il en a résulté un effet de vague qui se poursuit de nos jours. Cette année, au Niger, Kristi a contribué à ensemencer un champ en comptant sur Dieu pour qu’il pleuve. Un jour avant que le millet meure par manque de pluie, Dieu l’a exaucée. Bien que les pluies restent moins abondantes que 2 http://awf.world/familythatunites/ (en anglais seulement)

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Beaucoup de Rohingyas fuient vers des camps de réfugiés où ils peuvent entendre le message de Jésus pour la première fois


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la normale et que certains champs périssent, alors que d’autres continuent de croître, les villageois remarquent que le millet du champ d’essai surpasse en taille celui d’ailleurs. Grâce au programme agricole, Kristi s’est fait des amis parmi les Peuls. Chaque semaine, certains d’entre eux se réunissent pour écouter Kristi leur raconter une histoire biblique. Comme elle enseigne des techniques agricoles, elle leur raconte les histoires de Noé et de Joseph. Elle leur apprend la patience et que, comme Dieu a montré à Noé à se préparer en vue d’un déluge éprouvant et à Joseph en vue d’années de vaches maigres, les Peuls peuvent se préparer en vue de ce qui risque de leur arriver. Elle s’émerveille de voir combien de proches du chef du village ont commencé à assister aux récits d’histoires! Les Peuls ont soif d’entendre plus parler de Dieu. Des gens du monde entier partagent cette soif. Le Projet Jaffray permet d’envoyer des ouvriers internationaux vers des peuples peu évangélisés comme les Peuls, les Wolofs, les Yézidis et les Balinais hindous . La présente campagne annuelle vise à envoyer de nouveaux ouvriers et à soutenir le Fonds pour l’œuvre mondiale . Aujourd’hui, les dons faits au Projet Jaffray servent à former de nouveaux ouvriers, comme Bryan et Jessyka, qui ont passé la dernière année à étudier la langue et la culture de leur région.

Les Peuls ont soif d’entendre plus parler de Dieu.

Lorsque nous acceptons l’appel de Dieu à contribuer à son œuvre, nous pouvons compter sur lui pour qu’il

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Apprenez-en plus au sujet de l’incidence de vos dons sur cmacan.org/Jaffray

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Le Fonds pour l’œuvre mondiale (FOM) soutient tous les ouvriers internationaux de

l’ACM au Canada.

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donne un effet de vague à nos actions. De la même manière qu’une pierre a une plus grande incidence qu’un galet, nous pouvons avoir une plus grande incidence avec un soutien accru. Grâce au soutien de notre famille d’Églises, nous avons pu toucher des gens de partout dans le monde. Comme l’ont fait Jaffray, Kristi Hopf, ainsi que Bryan et Jessyka, nous vous exhortons à envisager d’offrir un sacrifice qui amplifierait notre effet de vague. Priez avec nous pour les initiatives que nous mettons de l’avant afin d’apporter l’Évangile à ces peuples. Devenez notre partenaire financier en faisant un ou des dons au Projet Jaffray.©

Kristen Parker est l’écrivaine/réviseure au Bureau National de l'Alliance Chrétienne et Missionnaire au Canada. Elle est passionnée de mots et de créativité. Kristen et son mari, Chris, aiment les jeux de société et s’occupent de leurs plantes d'intérieur.


À QUOI BON? Vera Kuranji

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ous étions assis dans le petit bureau que nous utilisons pour nos réunions. Chacune des chaises nous rappelle des souvenirs. C’est là où nous parlons généralement avec des jeunes hommes et femmes qui ont désespérément besoin d’aide. En détresse, ils n’arrivent même pas à nous regarder dans les yeux. Ils sont au bout du rouleau. Leur accoutumance leur semble être une peine à perpétuité. Incapable de rester tranquille, Jana ne cessait de bouger les pieds et de mettre les mains dans ses poches et de les en sortir. C’était comme s’il attendait un train en retard devant le conduire quelque part, n’importe où, hors de sa situation infernale. Près de la quarantaine, toxicomane et alcoolique presque toute sa vie, il nous a raconté un conte de fées au sujet de la personne sympathique qu’il avait déjà été. Nous sommes sortis du bureau pour nous consulter dans le corridor. Ma première pensée a été : À quoi bon? Il va nous, me, décevoir. Ça n’a pas l’air d’un bon investissement… c’est trop compliqué. Mon mari m’a dit : « Je peux le voir changer. » Au bout de quelques secondes, nous sommes retournés dans le bureau et lui avons tendu la main; Jana n’arrivait toujours pas à nous regarder dans les yeux. Nous avons alors fait un pas de foi, le même que nous avions fait, et faisons, pour des centaines d’autres comme Jana. Dieu a saisi Jana et a commencé à le transformer jour après jour. Jésus lui a relevé la tête, l’a fait sourire, lui a permis de goûter la beauté du printemps et lui a redonné envie de composer et d’interpréter des chansons. Il loue maintenant Dieu dans l’Église, il parle ouvertement à la radio et à la télé, et il profite de chaque occasion qu’il a de témoigner de Christ. Jana a dit : « J’avais mon propre lit dans un hôpital psychiatrique, où j’ai fait presque 20 séjours. Chaque fois, j’en ressortais en pire état. Ma famille et mes cmacan.org · 35


amis ne voulaient plus rien savoir de moi. En Dieu, j’ai une nouvelle vie, un foyer, une femme et un enfant. J’ai de l’espoir, une famille et une raison de vivre! » Quand je le vois diriger la louange et parler de l’amour de Christ qui transforme des vies, je loue Dieu aussi. Chaque fois, je me rappelle que j’ai failli refuser de m’engager envers lui, car le diable ne veut pas que nous accomplissions des tâches nous paraissant trop difficiles. Quand j’ai un autre instant « À quoi bon? », je vais m’assoir dans ce bureau vide pendant quelques minutes, je réfléchis aux personnes qui se sont assises sur ces chaises et je me remémore leur vie transformée. Où en serait rendu Jana aujourd’hui si nous ne lui avions pas tendu la main, si nous n’avions pas permis à Christ de faire ce qu’il est seul à pouvoir faire? ª Vera et son mari, Danny, sont des ouvriers internationaux (OI). Ils sont nés, ont grandi et se sont mariés en Serbie. Durant leur première année de mariage, ils ont immigré au Canada, où ils ont eu leurs quatre enfants. En 1986, Dieu les a appelés à retourner dans leur pays natal pour le servir auprès des Serbes. Ils ont conduit à Jésus des réfugiés, des pauvres et des gens désespérés. Pour en savoir plus à leur sujet, allez sur cmacan.org/dvk Photo : offerte par Danny et Vera

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Domenic Ruso

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A P P R E N D R E À P E R C E R U N MY S T È R E


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ous avez probablement déjà vu un stéréogramme, cette image impossible à discerner à première vue. Ce qui passe pour un assemblage hétéroclite de couleurs se précise quand on cesse de le fixer avec une idée préconçue. Christopher Tyler, pionnier de cette perspective, a découvert que, lorsque l’on présente une image 2D sous une forme et un éclairage particuliers, l’œil humain peut en venir à la voir en 3D.

Bien entendu, on ne parle pas ici de remplacer Jésus, mais de remplacer nos idées – ou nos catégories 2D restrictives – par un concept enrichi et approfondi qui dirigera les gens vers le mystère empreint d’amour du Père, dans le Fils, par la puissance de l’Esprit. Quel que soit votre contexte, Dieu utilisera de nouveaux moyens pour vous aider à voir son amour à l’œuvre dans votre vie, de sorte que vous puissiez en aider d’autres à discerner le mystère que le Seigneur les invite à découvrir.

De telles inventions nous rappellent que la vie abonde en occasions de voir plus profondément et plus clairement ce qui n’est pas toujours visible de prime abord. Le chrétien qui désire sincèrement évangéliser ceux qui ne voient pas bien l’amour du Père pour le monde doit se prêter à cet exercice de toute urgence. Cet amour constituera toujours un mystère et ne sera donc jamais facile à discerner. Il exige concentration et ouverture, et que l’on sache que Dieu se plaît à se manifester et à délivrer les gens. En tant qu’implanteur d’Églises au Québec, je remarque souvent que les gens ont besoin de temps et d’aide pour voir ce que Dieu cherche à leur montrer. Des années de souffrance et d’incertitude engendrées par des Églises, des croyances religieuses et un message du christianisme brouillent et complexifient les choses. Après avoir passé un certain temps à réfléchir à la version élargie de l’histoire du christianisme, j’ai compris que chaque époque offre des occasions d’apprendre et d’articuler la foi de nouvelles façons. Le théologien Richard Bauckham a fait observer ceci : « Impossible d’en arriver à une interprétation définitive de l’histoire biblique que nous soyons incapables de réviser ou de remplacer . » 1

L’invitation de Jésus à en voir plus    Paul, que Dieu a dû aveugler avant de lui permettre de voir, nous rappelle que Jésus est l’image du Dieu invisible. C’est le Fils, Jésus, qui dépeint l’amour du Père pour nous. Il reste que certains étaient incapables de le voir. Ceux qui lisaient les Écritures, qui connaissaient les prophètes, y étaient aveugles. Il semble exister un genre de cécité spirituelle dont sont atteints les initiés depuis trop longtemps. Pour cette raison, les disciples de Jésus sont appelés à aller. C’est alors que notre vision se réajuste en fonction de la lumière rédemptrice de Dieu qui éclaire le monde. Même si le peuple hébreu occupera toujours une place unique dans le plan de la révélation divine, il

Richard Bauckham. Bible and Mission: Christian Witness in a Postmodern World, Grand Rapids: MI. 2003, 93.

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en constituait le début, et non la fin. Où Dieu vous appelle-t-il à aller? C’est là où vous le verrez. Il s’agit d’une leçon que certains d’entre nous doivent continuellement réapprendre. Comment Dieu réajuste-t-il votre perception de votre contexte, de votre ville, de vos enfants, de votre Église? Cela vous procure-t-il une plus grande humilité et donc une plus grande soif d’en apprendre sur son amour profond? Nous nous attendons souvent à ce que les gens en viennent à voir la vérité de Jésus de la même façon que nous. Bien qu’elle soit normale, cette attente est limitative à de multiples égards. Pour cette raison, il nous faut modifier notre conversation au sein de nos Églises, de nos écoles et de nos foyers, de sorte à aborder non seulement ce que les gens voient, mais aussi leur façon de le voir.

avec la philosophie de l’époque. La Parole s’exprime, et les choses se produisent. Bien que cette réalité soit toujours essentielle, nous serions sages d’envisager un changement propre à notre époque. Étant donné que notre culture est ultra visuelle, nous devons faire une mise au point au sujet de Jésus et constater qu’il n’est pas seulement la Parole, mais aussi l’image – le portrait – du Père invisible dont l’amour imprègne la création. L’épître aux Colossiens les appelait à rendre visible le mystérieux amour du Père en la personne du Fils. À une époque où beaucoup de gens continuent de penser qu’ils peuvent croire en Jésus sans fréquenter l’Église, nous serions sages de nous rappeler que Jésus n’est pas que le Chef de notre vie, mais aussi celui de l’Église. Ce n’est qu’alors qu’un monde désireux de savoir pourquoi il est lié par l’injustice et la souffrance pourra comprendre que Jésus s’emploie à le restaurer par l’intermédiaire de gens brisés et aveugles.

Étant donné que notre culture est ultra visuelle, nous devons faire une mise au point au sujet de Jésus non seulement comme Parole, mais aussi image du Père invisible.

Apprendre à voir de nouveau Nous vivons à une époque où l’Église doit plus que jamais prendre au sérieux la perception des gens. Nos concepts cognitifs postmodernes ont renversé depuis longtemps les anciennes façons de suivre les règles et d’obéir à une figure d’autorité. Par ailleurs, la révolution numérique et les médias sociaux ont changé les règles quant à notre écoute et à notre concept de l’histoire des autres. Si nous voulons aider les gens à percer le mystère de la présentation par Jésus de l’image du Dieu invisible, l’amour même, voilà la nouvelle toile sur laquelle nous devons peindre.

Tout au long de l’histoire du christianisme, surtout depuis la Réforme, on a accordé la priorité au rôle unique de Jésus en tant que Parole de Dieu. Par la suite, la prédication de la Parole de manière à glorifier Jésus, la Parole faite chair, est devenue le cri de ralliement. L’Évangile selon Jean présente Jésus comme le « logos », c’est-à-dire « Parole ». Cela visait à rajuster notre perception de l’amour de Dieu et de sa relation

Afin d’accomplir la mission de Jésus, nous devons adopter une compréhension biblique renouvelée du moyen d’aider de futurs disciples de Jésus à mieux le percevoir et imaginer une façon d’aborder avec humilité le mystère de Jésus à l’œuvre par ses serviteurs. Par nature, les mystères sont impossibles à saisir en entier, mais on peut les vivre lorsque la Lumière du monde éclaire les représentations 2D pour en faire des images 3D qui nous amènent à désirer voir le royaume de Dieu s’établir sur la terre comme au ciel.  ¬ Domenic Ruso est professeur associé à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval. Il détient un doctorat en théologie historique, avec spécialité en études de la Réforme, du St. Michael’s College, Université de Toronto. Il est pasteur principal de l’Église 180, à Laval, Québec.

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UNE COLLECTIVITÉ DYNAMIQUE Dave Sattler

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es banlieues cossues de la rive nord du havre de Vancouver n’échappaient pas à la crise financière mondiale. Cela m’est apparu évident dans les derniers mois de 2008, quand j’ai commencé à voir le nombre croissant de sans-abri dans l’avenue Lonsdale à North Vancouver. La North Shore Alliance Church (NSAC), où je travaillais depuis plus de dix ans, voyait aussi plus de gens se présenter à sa porte pour solliciter un rendezvous en privé avec un pasteur, dans l’espoir d’obtenir de l’argent ou un bon alimentaire. En priant pour une direction, j’ai demandé au personnel de l’Église d’inviter tous ceux qui ne s’étaient pas annoncés à revenir mercredi à 14 h. Au début, je me suis dit que je distribuerais des bons alimentaires et peutêtre que j’offrirais du café. J’étais loin de me douter que notre solution temporaire se transformerait en Coffee Time, une rencontre hebdomadaire animée de plus de 100 personnes dans le sous-sol de la NSAC, située à l’angle des rues East 23rd Street et St. Georges Avenue, à North Vancouver. Dix ans plus tard, une équipe de 25 bénévoles – dont la cofondatrice, Maree Scott – sert gratuitement des boissons chaudes, des muffins, de la musique, une fraternisation, un court message biblique et des cartes d’épicerie de 10 $. Il arrive souvent que les bénévoles bénéficient encore plus du Coffee Time que les participants qu’ils servent. Lawrence Thompson, un habitué, dit du Coffee Time que c’est « un endroit unique pour chrétiens et non-chrétiens ». Les sermons et les chansons le font revenir. Il ne s’agit, bien entendu, que de l’un des nombreux groupes de soutien et d’évangélisation inspirants de North Vancouver qui viennent en aide aux nouveaux immigrants, aux démunis et aux gens aux prises

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avec la maladie mentale et la dépendance. Il suffit toutefois de passer quelques minutes au Coffee Time pour voir que l’on y offre beaucoup plus que du café et des muffins gratuits : un nouvel espoir dans le pouvoir de Jésus-Christ de transformer des vies. Ce processus de transformation commence à l’entrée. Lors de chaque rencontre, on souhaite la bienvenue à chacun, avant qu’il aille à l’un des babillards de porte-noms. Chaque babillard couvre une partie de l’alphabet. Parmi les étreintes et les topslà, les clients signent pour obtenir leur carte d’épicerie à la fin de la rencontre d’une heure. L’un de nos bénévoles, Dave Greer, a conçu le système des babillards pour tisser des relations avec les clients en les jumelant chaque semaine à une personne connue. Chaque personne à l’accueil en vient à bien connaître les participants attribués à son babillard. Même si nous n’offrons pas de repas, comme le font des Églises du quartier, le Coffee Time favorise le resserrement des liens entre nos bénévoles et les participants. Dans certains cas, le Coffee Time sert d’exemple de gens brisés qui en aident d’autres.    Il n’est pas rare que certains clients du Coffee Time arrivent en nage dans la salle de rencontre. Cela tient au fait qu’ils sortent d’un cours de mise en forme réservé


aux clients du Coffee Time et donné au Harry Jerome Community Recreation Centre, situé en face de la NSAC. Connue officiellement sous le nom d’Active Living Program, cette séance gratuite de 45 minutes a été créée en 2011 en partenariat avec la North Vancouver Recreation Commission, la Vancouver Coastal Health et la monitrice de conditionnement physique Karen Harmon. En septembre 2018, la BC Recreation and Parks Association a nommé Karen leader de l’année dans le secteur du conditionnement physique pour son travail auprès des clients du Coffee Time et d’autres participants à la mise en forme vivant sous le seuil de la pauvreté. Parmi eux se trouvait Doug Schlamp, un habitué du Coffee Time qui souffrait de toxicomanie et de maladie mentale.

En une journée chaude de juillet 1999, Doug s’est jeté du Granville Street Bridge (une chute de 27 m) pour faire taire les voix dans sa tête. Après s’être physiquement remis de ce qu’il appelle « un acte de folie », Doug s’est installé dans des foyers de groupe de North Vancouver, où il a vécu jusqu’au milieu de 2018. Au fil des ans, de nombreux chrétiens lui ont offert de l’aider à renoncer à une vie dissolue pour suivre Jésus. Se sentant incompris d’eux, il les repoussait. Il a fini par aboutir à la NSAC, l’Église qui donne des cartes d’épicerie. Un jour, je lui ai demandé s’il voulait que je prie pour quelque chose. Compte tenu de sa consommation de drogues illégales dans le passé, sa réponse m’a surpris : « Mes poumons, il faut que j’arrête de fumer », m’a-t-il indiqué avec le souffle court. Même s’il parvenait à gérer sa toxicomanie, il n’arrivait pas à se débarrasser de la cigarette tout seul. Doug a continué à fumer même si son médecin lui avait annoncé que ses poumons étaient en train de le lâcher.

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Coffee Time leaders Dave Greer, Maree Scott, and Dave Sattler

Pendant deux ans, Doug et moi avons prié pour qu’il ait la capacité d’arrêter de fumer. Puis une chose s’est produite. Un matin, Doug s’est levé sans avoir envie de fumer jusqu’en début d’après-midi; le lendemain, il a tenu le coup jusqu’en début de soirée. Il s’est engagé par la suite à arrêter de fumer pour de bon la prochaine fois qu’il se sentirait aussi calme. Aujourd’hui, il y a presque trois ans que Doug n’a pas touché à la cigarette. Depuis dix ans, un grand nombre des conversions et des baptêmes à la NSAC résultent des rencontres Coffee Time. Dieu utilise manifestement ce ministère urbain pour transformer des vies. « Dave Sattler est pasteur de l’évangélisation à la North Shore Alliance Church à North Vancouver, C.-B. Membre de l’équipe pastorale de la NSAC depuis plus de 20 ans, Dave contribue avec passion à soutenir la nouvelle génération de leaders chrétiens. Il aime Jésus, la randonnée et le camping en famille, ainsi qu’encourager les Canucks de Vancouver. Photos : offertes par David Sattler

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N O T R E

É V A N G I L E

E S T - I L

É T R I Q U É ?

Joanne Beach Lors d’une conférence tenue dans un pays d’Afrique de l’Est, des leaders d’Églises ont discuté du fait que, même si environ 80 % de la population se disaient chrétiens, les problèmes pullulaient : corruption à plusieurs paliers, conflits tribaux, violence conjugale, pauvreté extrême, inégalité des sexes, ordures partout, dégradation environnementale, sida et plus encore. Après y avoir réfléchi, ils ont conclu ceci : « Les missionnaires nous ont annoncé un Évangile étriqué! » Un message incomplet centré surtout sur les choses spirituelles et l’espoir d’aller au ciel après avoir quitté le monde d’ici-bas. La plupart du temps, on a transmis l’Évangile en parlant d’abord du problème selon lequel tous les pécheurs sont séparés de Dieu. La mort et la résurrection de Jésus nous procurent le salut, et si nous avons foi en lui, nous irons au ciel. Pour vivre dans la sainteté, nous avons axé notre formation de disciples sur la lecture de la Bible et la prière.

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Bien que ces éléments soient importants pour comprendre le salut personnel, ils ne forment pas le message intégral de l’œuvre rédemptrice de Christ. Pour être complet, ce message doit inclure tout le narratif scripturaire. La Bonne Nouvelle doit s’ancrer dans le livre de la Genèse – avec le récit de la Création, qui explique comment Dieu voulait que tout fonctionne avant l’entrée du péché dans le monde. Le récit de l’Éden décrit le jardin comme un lieu où régnait une harmonie parfaite, un respect réciproque et l’intimité relationnelle entre Dieu et les êtres humains, l’homme et la femme, ainsi que l’humanité et le reste de la création. C’était un endroit paisible où tous les besoins physiques et relationnels étaient comblés. Un endroit où les êtres humains, créés à l’image de Dieu, avaient pour mandat de travailler avec le Seigneur au bien de toute la création. Oserions-nous y voir le premier mandat? Genèse 3 décrit la désunion que le péché originel a semée dans toutes les relations au sein du jardin. Le reste de la Bible relate les actes par lesquels Dieu a racheté ce que le péché originel a brisé. Or, ces actes mènent à la vie, au ministère, à la mort et à la résurrection de Jésus et aboutissent au retour de Christ sur la terre, lorsqu’il renouvellera toutes choses (Apocalypse 21.5). L’apôtre Paul développe clairement cet enseignement, en présentant 44 · automne 2019


ainsi le Christ cosmique : « Car c’est en lui que Dieu a désiré que toute plénitude ait sa demeure. Et c’est par lui qu’il a voulu réconcilier avec lui-même l’univers tout entier : ce qui est sur la terre et ce qui est au ciel, en instaurant la paix par le sang que son Fils a versé sur la croix » (Colossiens 1.19,20; italiques pour souligner). Les équivalents grecs de « réconcilier » sont apokatallassō, ce qui signifie ramener à son état d’harmonie initial, et eirēnopoieō, ce qui signifie établir l’harmonie . Quel message d’espoir : Christ réconcilie toutes choses avec Dieu, toutes les relations désunies! Il désire les ramener à l’état de shalom démontré dans le jardin d’Éden. Jésus a envoyé les douze, puis les soixante-douze, poursuivre son ministère (Luc 9 – 10), en leur demandant de trouver d’emblée l’artisan de paix de la collectivité : une personne aspirant à l’harmonie relationnelle, à la santé et à la plénitude pour celle-ci. Ils devaient ensuite annoncer que « le royaume de Dieu est proche ». Leurs œuvres incluaient la guérison physique et spirituelle. Tout ce que Jésus avait enseigné à ses disciples s’opposait aux voies du monde; ceux-ci devaient d’abord chercher son royaume, à savoir le règne de Christ ici-bas. Dans son Évangile, Luc fait suivre ces récits de la parabole du bon Samaritain. L’enseignant cmacan.org · 45


de la loi demande comment hériter la vie éternelle. Jésus le pousse à répondre qu’il doit aimer Dieu et son prochain comme l’indique le principe du bon Samaritain : défendre les gens – même les étrangers – et combler leurs besoins physiques… malgré le prix personnel à payer, les dangers et les inconvénients. Alors que l’Église cherche à poursuivre le ministère de Christ, elle doit délaisser un esprit structurel d’injustice et d’oppression. Il lui faut mettre en lumière les fausses perceptions de systèmes culturels et religieux étant aux antipodes des voies de Dieu.

Lorsque l’Église veille à ce que les collectivités aient des sources alimentaires durables, elle communique le fait que, dans l’économie de Dieu, il y a de la nourriture pour tous et que personne ne connaîtra donc la faim. Lorsque ses ouvriers internationaux – qui œuvrent au sein de cultures oppressives envers les femmes – donnent du pouvoir aux femmes et aux filles au moyen de l’éducation, elle prône la vérité selon laquelle les femmes ont elles aussi de la dignité et de la valeur. Voilà l’Évangile dans sa plénitude dont le monde a désespérément besoin d’entendre parler; une foi transformatrice qui influence chaque dimension de notre vie et de nos relations. Tout acte du chrétien visant à apporter justice, guérison, dignité, pérennité et plénitude donne un avantgoût du royaume de Dieu, que Jésus établira en totalité à son retour. Tandis que nous vivons un Évangile centré sur Christ, dynamisé par l’Esprit et axé sur la mission, mon Dieu, aide-nous à épouser un Évangile plus complet qui nous fait aspirer à la réconciliation de toutes choses. ©

C’est l’Évangile dans sa plénitude dont le monde a désespérément besoin d’entendre.

L’Évangile qui reflète véritablement la bonne nouvelle de l’œuvre rédemptrice de Christ produira beaucoup plus de fruit que le simple espoir d’une vie céleste après la mort. L’incarnation de l’Évangile exige que l’on fasse se rapprocher le royaume de Dieu; que l’on reflète le règne de Christ au sein de collectivités et que l’on cultive la plénitude et le bien-être dans toutes les sphères de la vie. Lorsque les relations sont telles que Dieu les a voulues, les gens ne sont pas captifs de l’injustice, de la pauvreté et de l’oppression.

1

James Strong. Concordance de Strong. 1890.

2

Osée 4:1-3

Lorsque l’humanité exécute avec sérieux le mandat de prendre soin de la création, les collectivités prospèrent, car lorsque la terre souffre, le reste de la création souffre aussi; lorsque la terre prospère, les gens prospèrent aussi. Joanne Beach est directrice d’Alliance Justice et Compassion à l’ACM au Canada. Elle s’est rendue dans plus de 50 pays, ce qui lui a permis de constater ce que Dieu accomplit dans nombre de cultures et de contextes différents. Joanne a obtenu son baccalauréat en éducation religieuse de l’Ambrose University, anciennement le Canadian Bible College, et sa maîtrise en études théologiques du Wycliffe College dans le domaine du développement international et urbain. 46 · automne 2019


Identify • Equip • Launch We exist to empower a generation of emerging leaders who innovate, establish, and strengthen communities of faith in Canada and around the world.

envisioncanada.org / envisioncma


PRENEZ COURAGE Rachel M

I

l était 16 h, on était au cœur du ramadan, le jeûne d’un mois de nos amis musulmans, et la petite ville était calme, car la plupart des familles étaient à la maison. Mon amie infirmière, Faith*, m’avait invitée chez elle pour l’iftar, la rupture du jeûne. Faith et moi nous y étions préparées toutes les deux – avec espoir – en jeûnant ce jour-là. Faith a fait la connaissance de Jésus il y a trois ans. Elle continue de participer aux fêtes religieuses islamiques, mais en sachant qu’elle ne tente pas de gagner son ciel par son jeûne. Elle jeûne plutôt pour intercéder en faveur de ses amis et de ses proches, de sorte qu’ils en viennent aussi à connaître Jésus. Comme il faisait 45o C, nous avons pris un taxi pour nous rendre chez elle, car nous étions déjà en nage d’avoir fait le court trajet jusqu’au chemin principal. Nous avons prié pour que Jésus nous donne les bonnes paroles et qu’il ouvre les cœurs et les esprits. Nous savions entrer dans un combat. Le père de Faith la bat

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presque tous les jours. Il va chaque jour de pièce en pièce afin de lire le Coran partout dans la maison. Lors de ma dernière visite, l’Esprit m’a fermé les oreilles pour que je ne comprenne rien de ce qui sortait de la bouche de cet homme. Jésus m’a dit : « Tu n’entendras que la vérité. » Je n’ai rien entendu. J’en ai parlé à mes groupes de prière au Canada et j’ai demandé à mon armée de se mettre à prier pour cet homme, cette maison et cette famille. Cette fois-ci a été différente. Nous nous sommes assis ensemble et, comme d’habitude, le père de Faith s’est mis à parler de son livre saint. « Prenez courage, nous a dit Jésus. Je suis avec vous. » Nous lui avons demandé s’il avait déjà lu la Bible. « Non », a-t-il répondu. Nous l’avons remercié pour toutes les histoires qu’il nous avait racontées et avons sollicité la permission de lui en raconter aussi la prochaine fois. À notre grand bonheur – et surprise –, il nous


l’a accordée. Puis Jésus est allé un pas plus loin. Le père de Faith nous a demandé une bible! Comment est-ce possible? Cet homme a le cœur dur. Il est brutal, méchant et obstiné. Depuis que je suis ici, j’ai appris à ne pas douter des façons dont Jésus œuvre. Il ne cesse de m’étonner! Quelques jours plus tard, après l’école, nous avons donné à Faith une bible pour son père. Elle est revenue me dire : « Mlle Rachel, j’ignore si mon père l’a ouverte, mais il la garde sur sa table de chevet à côté de son coran. » Quelle victoire, mes amis! La vérité est entrée sous ce toit. L’une des plus grandes leçons que j’ai apprises au cours des dernières années, c’est de dire oui à Jésus même quand je suis craintive, perplexe ou incertaine de ses façons de faire. Il me demande souvent de dire ou de faire quelque chose qui me semble insignifiant, comme donner une bible, un verset que j’ai à cœur ou

un encouragement à une personne, ou bien prier pour elle. Voici la question que je me pose souvent : Est-ce que j’ai assez de foi pour croire que, même par ces petits gestes, Jésus accomplira une grande œuvre? Nombre de ceux dont on fait l’éloge de la foi dans Hébreux 11 n’ont jamais vu les fruits de leur labeur. N’empêche que la moisson a eu lieu. Jésus nous invite à ensemencer, même avec de petites graines. J’ignore ce qui adviendra du père de Faith, mais je sais que Jésus écrit son histoire et qu’il n’a pas dit son dernier mot! ª *nom changé

Rachel est infirmière-éducatrice à l’hôpital d’une petite ville agricole en Afrique du Nord. Sa coéquipière et elle ont mis sur pied une école en 2017 dont la mission consiste à former des infirmières compétentes qui feront briller l’amour et la compassion de Christ. Rachel aime faire des disciples de ses élèves et raconter des histoires tirées de notre bon Livre à ses amis au sein de la collectivité. Pour en savoir plus à son sujet, allez sur cmacan.org/rm

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dans un monde postchrétien? Lee Beach

Notre message ne porte que sur Jésus, Tout sera au sujet de Jésus, Nous élèverons toujours Jésus, Nous ne verrons que Jésus1

V

ous n’avez probablement pas chanté ces paroles depuis longtemps dans un culte de votre Église locale. C’est un cantique qu’A. B. Simpson, fondateur de l’ACM, a écrit et que l’on a souvent chanté pendant de nombreuses années dans la plupart des Églises de l’Alliance du monde entier. Il se peut qu’à son époque – début 20e siècle –, il se soit agi d’une expression percutante du caractère unique de Jésus-Christ dans un monde moderne en voie de sécularisation et de pluralisation religieuse. Or, si elle était percutante 50 · automne 2019

il y a cent ans, à combien plus forte raison l’est-elle aujourd’hui? De nos jours, on conteste avec véhémence toute revendication d’une vérité exclusive et l’on juge comme dangereux l’exclusivisme religieux. Le plus souvent, on perçoit comme étroite – au mieux – ou intolérante – au pire – Seul Jésus en tant que perspective religieuse appropriée. Le véritable christianisme prône néanmoins que Jésus est l’incarnation unique de Dieu et la révélation la plus nette que Dieu a faite de luimême. Jésus est le pivot du salut de l’Homme, et il y a en Jésus ce qui ne peut se trouver qu’en lui. On considère souvent que la culture occidentale est entrée dans une « ère postchrétienne ». Cela signifie que, si les idéaux de l’Église ont déjà beaucoup influencé


la culture, ce n’est plus le cas. Comment donc un mouvement pourrait-il proclamer Seul Jésus et avoir de la crédibilité auprès de la société? Pour répondre à cette importante question, il faut peut-être comprendre ce que nous entendons par Seul Jésus en tant que doctrine fondamentale de l’Alliance. Découvrirons-nous qu’il s’agit plus d’un message d’inclusivité et d’amour que d’un message d’exclusion? Bien que de nombreuses questions théologiques importantes soient reliées à ce sujet, permettez-moi d’insister sur trois idées pour relier la déclaration Seul Jésus au défi de proclamer cette croyance dans un contexte postchrétien. 1. Seul Jésus ne signifie pas qu’il n’y a ni vérité ni beauté dans d’autres religions ou dans la vie des athées L’idée que Jésus est l’ultime révélation de Dieu ne nie pas que Dieu œuvre dans le monde de multiples façons; pas plus qu’elle ne juge d’autres religions sans valeur ou que les athées n’ont ni idées pertinentes à offrir ni capacité de mener une vie empreinte de vérité et de beauté. Bien que nous prônions la centralité de Jésus dans le salut, nous devrions affirmer aussi que Dieu s’y prend de toutes sortes de façons pour susciter cette prise de conscience. Même ceux d’entre nous qui ont découvert Dieu en la personne de Jésus peuvent apprendre des choses des gens d’une autre religion et des athées. Non seulement le chrétien a beaucoup en commun avec ceux d’autres religions, mais il peut aussi tirer des leçons de leurs pratiques. Peut-il apprendre quelque chose sur le jeûne en étudiant l’observation du ramadan? Le médecin agnostique qui fait du bénévolat en zone de guerre peut-il lui en apprendre sur la compassion? La vérité et la beauté se trouvent partout dans notre monde, et notre foi en Seul Jésus ne le nie pas. 2. Seul Jésus affirme le caractère unique de Jésus Dans les premiers versets de son Évangile, Jean décrit clairement sa perspective – Jésus est unique

en ce sens qu’il est le Dieu incarné venu habiter parmi nous : « Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui-même Dieu. Au commencement, il était avec Dieu. Tout a été créé par lui; rien de ce qui a été créé n’a été créé sans lui » (Jean 1.1-3). Puis Jean indique précisément qui il désigne ainsi : « Celui qui est la Parole est devenu homme et il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père : plénitude de grâce et de vérité! » (Jean 1.14.) Dans ces versets, Jean fait l’équation entre Jésus et Dieu. Dans l’Antiquité, il n’était pas rare que l’on prenne certaines personnes pour des dieux. Cela faisait partie des traditions et des croyances de l’époque. Ce qui étonne Jean, ce n’est pas qu’un homme puisse être un dieu, mais que Dieu puisse être un homme. L’Incarnation offre une idée diamétralement opposée à la perspective selon laquelle il est possible à un être humain de posséder une nature divine. Ce n’est pas qu’un homme adopte un élément de la nature divine, mais que Dieu prend la forme humaine. Par ce geste d’humilité, Dieu indique que quelque chose est en train de se passer, qui changera tout. Voici ce que nous entendons par Seul Jésus : en tant que Dieu fait homme, Jésus-Christ est celui en qui l’œuvre divine trouve son expression la plus émouvante. En définitive, elle invite les gens à envisager que le Dieu du christianisme est le Dieu qui est venu et s’est révélé à nous comme jamais auparavant et que seul Jésus correspond à cette description. 3. La foi en Seul Jésus reconnaît la centralité de Jésus dans la spiritualité humaine Simpson a donné à « Jesus Only » ce refrain : « Seul Jésus, toujours Jésus, ce Jésus tout en tous que nous chantons, Sauveur, Sanctificateur, Guérisseur, glorieux Seigneur et Roi qui revient. » Ce n’est pas une affirmation doctrinale, mais une invitation à entrer

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dans la vie divine et à goûter la plénitude de Dieu. C’est une spiritualité centrée sur Jésus qui indique qu’en lui toutes les possibilités de connaître la présence et la puissance de Dieu s’offrent à nous. En affirmant Seul Jésus, nous acceptons que l’ultime manifestation de Dieu en Christ constitue un élément essentiel de notre entrée dans la vie profonde à laquelle Dieu nous donne accès par le moyen de notre relation avec son Fils. De plus, Seul Jésus affirme que, même si Dieu œuvre de multiples façons, c’est Jésus qui nous conduira à la fin dans la présence éternelle de Dieu. Nous aurons beau discuter en long et en large de la manière dont les choses se passeront et des personnes incluses, il reste que c’est l’œuvre de Seul Jésus qui nous unira ultimement à Dieu. Il s’agit d’un message d’espoir : en la personne de Jésus, Dieu est venu à nous, est intervenu pour nous tous et nous a ouvert la voie afin que nous puissions le connaître intimement et éternellement. Même si le message Seul Jésus a toujours été perçu comme scandaleux, il n’en est pas pour autant un message d’étroitesse d’esprit et d’exclusion. Ce message reconnaît encore la réalité de l’œuvre diversifiée de Dieu, qui affirme son amour pour toute l’humanité par sa participation à la vie humaine et son désir de voir chacun communier avec lui. En déclarant Seul Jésus, nous affirmons qu’en définitive l’œuvre de Dieu dans notre vie passe par Jésus et que c’est en Jésus que résident la plénitude et la vérité de Dieu. Voilà le message qui anime notre mouvement d’Églises de l’Alliance et qui nous offre la possibilité de mener une vie spirituelle dynamique, à offrir aussi au monde. ¬ A.B. Simpson. “Jesus Only” published in Hymns of the Christian Life c.1908 Lee Beach est professeur agrégé du ministère chrétien, directeur de la formation et titulaire de la chaire Garbutt F. Smith au McMaster Divinity College, à Hamilton, en Ontario. Il est l’auteur de The Church in Exile: Living in Hope After Christendom et le coauteur (avec Franklin Pyles) de The Whole Gospel for the Whole World: Experiencing the Four-Fold Gospel Today. 1

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L’ŒUVRE DE DIEU DANS LES ACTIVITÉS QUOTIDIENNES Josie Mcallum

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a routine hebdomadaire du ministère des enfants peut s’avérer très exigeante. Elle implique nombre de tâches préparatoires à accomplir dans les coulisses afin que tout se passe bien le dimanche matin, tant pour les enfants que pour les moniteurs et monitrices. Il se peut que ces tâches semblent insignifiantes et sans « valeur pour le royaume », et je vous avoue que je l’ai moi-même parfois cru. Chaque lundi matin, j’allais à l’église pour faire le ménage dans les salles de classe ayant servi la veille aux rencontres et à la création, simplement pour remettre en place des fournitures souvent inutilisées. Je passais ensuite 15 à 20 heures à tout installer en vue du dimanche suivant et à préparer les fournitures en vue de sept classes de l’école du dimanche. Toute cette routine me semblait souvent n’avoir que peu de valeur. En quoi tout le temps passé à découper, à préparer le matériel de bricolage et à réunir les accessoires relatifs aux leçons permettait-il d’enseigner aux enfants à goûter l’amour de Jésus? Cette question me contrariait, mais quand on en soumet une à Dieu, il nous en révèle la réponse. Œuvrant en moi, Dieu a utilisé une conversation avec une monitrice de l’école du dimanche pour me faire mieux comprendre le soutien et la valorisation des bénévoles. Lorsque les moniteurs et les monitrices peuvent se concentrer sur le message de la leçon qu’ils enseignent, sans avoir à se soucier de la préparation des fournitures, ils sont plus à même de bien communiquer aux enfants le message et les vérités de l’Évangile. Or, il s’agit là d’une valeur du royaume très tangible.

Ce processus m’ayant amenée à aimer le côté routinier et banal du ministère des enfants a vraiment contribué à me faire grandir dans mon ministère. Le fait de passer au moins 5 heures par semaine à découper du matériel de bricolage me procure beaucoup de temps pour réfléchir, durant lequel je sens que Dieu œuvre en moi. De découvrir que Dieu agit même par ce simple travail et que je peux bénir des gens grâce à elles a vraiment contribué à changer mon attitude envers ces tâches « ingrates ». J’emploie maintenant ce temps à écouter attentivement Dieu et à converser avec lui. J’ai ainsi appris à voir ces opportunités au cours de la semaine sous un jour plus favorable, en me centrant sur Dieu. Par mon expérience du terrain acquise grâce à Pathways, Dieu me montre la valeur que l’on peut trouver dans les tâches les plus routinières. Il est souvent facile de se laisser emporter par l’image d’ensemble du ministère. On a parfois tendance à se faire une idée romantique du travail de première ligne qui peut amener les gens à se tourner vers Jésus, qui vient en aide aux gens vulnérables et à ceux qui souffrent, et à en venir à croire qu’il constitue le seul travail ayant de la valeur. Dieu a œuvré en moi pour m’enseigner à aimer même les tâches routinières et banales associées au ministère, car chacune me procure du temps à passer avec lui. « Josie McCallum est stagiaire à l’Owen Sound Alliance Church, en Ontario, et étudiante de premier cycle à la Pathways School of Ministry. Josie désire ardemment servir les enfants et leurs familles, en leur enseignant à quel point ils sont chers au cœur de Jésus. Elle aime la création littéraire, ainsi que jouer et composer de la musique avec son mari, Joel.

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S U S C I T E R U N E G É N É R AT I O N

D ’ I N N O VAT E U R S M I SS I O N N E L S Frances Kim

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maginez 80 jeunes adultes de divers groupes ethniques du Canada, réunis à Montréal pour une rencontre d’une semaine ayant comme thème le leadership, en train de se poser ces questions : « Comment Dieu peut-il m’utiliser dans son royaume? Comment être en mission pour lui? » Le sommet annuel d’Envision sert de cadre unique pour favoriser chez de jeunes influenceurs le développement du leadership axé sur les compétences et l’âme.

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Cette année, nous y avons ajouté le Défi créatif, un événement intensif et collaboratif de 24 heures durant lequel les jeunes adultes travaillent en équipe à résoudre de vrais problèmes. On a confié à 11 équipes la tâche de présenter à un panel d’experts des solutions à certaines des questions les plus pressantes qu’affrontent actuellement les missions de l’Alliance. Certaines propositions serviraient : aux réfugiés rohingyas déplacés en Malaisie ou au peuple-T de Parkdale, à Toronto; d’autres à évangéliser de nouveau un pays à accès restreint, selon que notre Assemblée générale l’a déterminé. Le plus intéressant : on a pu constater que certains de nos leaders ont vu – pour la première fois – que leur éducation, leurs dons et leurs compétences pouvaient beaucoup contribuer à notre influence missionnelle. « Le Défi créatif m’a beaucoup aidé à mettre ma foi en pratique dans la résolution d’une crise réelle. […] C’était formidable de voir l’Église travailler ensemble, pour chercher Dieu dans l’intimité et la sincérité. » (Ran Xiao – jeune leader d’une de nos Églises chinoises à Montréal)

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« Durant le Défi créatif, Dieu m’a ouvert les yeux pour que je voie à quel point ma perception de la mission et de ce que je considérais comme possible avait été étroite par le passé. Le sommet d’Envision m’a aidée à recommencer à rêver. » (Adelle Ngo – jeune leader du DMC) C’était l’occasion pour ces jeunes d’avoir voix au chapitre et de découvrir la profondeur et la complexité des questions que les leaders de l’Alliance ont souvent à discerner et à résoudre. Après le Défi créatif, Kathryn Klassen a passé du temps à enseigner avec puissance sur le cœur du Père, le pardon et les emprises. Dans de petits groupes, les participants se sont ouverts les uns aux autres avec vulnérabilité quant à leurs combats personnels. Ils se sont offert entre eux encouragements et prières. Un des participants a parfaitement bien décrit les choses en citant 2 Corinthiens 3.17 : « [Là] où est l’Esprit du Seigneur, là règne la liberté », en ajoutant que les cœurs avaient été préparés à ce qui devait suivre. Notre culte du soir a été dirigé par David Hearn, président de l’Alliance chrétienne et missionnaire


En tant qu’équipe, nous avons l’honneur et la joie d’organiser et d’animer des séances, et d’encadrer de jeunes leaders pour qu’ils voient à quoi pourrait ressembler la mission mondiale. Nous nous voyons comme une équipe aidant les jeunes leaders à discerner l’appel de Dieu pour eux. Nous prions afin de continuer de leur laisser le champ libre et de leur permettre d’exercer leur foi radicale, leurs compétences et leur passion dans un cadre créatif en vue de donner de nouvelles expressions à la mission mondiale. Veuillez vous joindre à nous dans la prière pour ces leaders, qui cherchent à découvrir à quoi Dieu veut les utiliser dans son royaume et pour sa gloire. Le meilleur reste à venir! © Frances est directrice adjointe d’Envision. Elle supervise l’équipe du bureau d’Envision, à Toronto, ainsi que le développement continu de nos sites nationaux et internationaux.

au Canada, qui a mis au défi nos leaders de renoncer à vivre comme des « poules mouillées » ou des « pleurnichards » et de reconnaître leur identité de « guerriers » pour Jésus. Il les a exhortés à sortir dans le monde avec toute l’autorité que Jésus leur a donnée. Tandis que des leaders s’avançaient pour céder leur vie et leur appel à Jésus, des chaînes sont tombées et des murs se sont effondrés. Notre slogan cette année : « Créer de l’espace et de l’anticipation ». Comme c’était notre tout premier sommet d’Envision pancanadien, nous voulions faire de la place à Dieu, ainsi que les uns pour les autres, et nous attendre à ce que Dieu œuvre parmi nous en dépassant nos rêves les plus fous. Chaque jour, Dieu a profondément ému les participants, les a exhortés à courir des risques pour son royaume et leur a appris à sans cesse se soumettre à Jésus. Le sommet d’Envision 2019 a marqué un tournant pour l’équipe d’Envision Canada. Non seulement nous avons personnellement goûté la puissance de Jésus, mais Dieu nous a aussi ouvert les yeux et le cœur sur l’énorme potentiel que recèle la génération montante au sein de l’ACM au Canada. cmacan.org · 57


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JÉSUS EST L’ÉVANGILE Bernie Van De Walle

O

n a tous déjà entendu la critique : « L’arbre lui cache la forêt! » Ce n’est pas que les arbres soient répréhensibles; en fait, ils peuvent être magnifiques. C’est juste que, si la vision de quelqu’un est trop étroite, il ne peut pas voir ce qu’il devrait voir ou, du moins, il passe à côté de beaucoup d’autres choses. On sait tous, bien entendu, que chacun a cette tendance.

A. B. Simpson, fondateur de l’Alliance chrétienne et missionnaire, a écrit L’Évangile dans sa plénitude pour aborder une tendance similaire. Il a beaucoup participé à la vie et à la pensée des grands courants évangéliques de la fin du 19e siècle. Il a contribué aux grandes initiatives du mouvement évangélique, qu’il a soutenues et louées. Dans le revivalisme, il a insisté sur la nécessité de « la

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nouvelle naissance » et a compté parmi les meilleurs évangélistes. Dans le mouvement de sainteté, il a insisté sur une vie sainte et un service dynamisé par l’Esprit. La grande majorité de ses sermons et de ses enseignements portaient sur cette question. Dans le mouvement de guérison divine, il a insisté sur les bienfaits d’une bonne santé, ayant lui-même vécu des guérisons et exploité des centres de retraite où les gens pouvaient venir solliciter la guérison divine. Quant à l’intérêt grandissant pour l’eschatologie prémillénariste – l’idée que, par son retour imminent, Jésus établira le royaume céleste –, il a encouragé ses auditeurs et ses lecteurs à travailler sans relâche à la mission de sorte à hâter cette réalité. Bien qu’il ait adhéré à chacun de ces quatre courants – revivalisme, mouvement de sainteté, mouvement de guérison divine et prémillénarisme –, Simpson n’a pas tout accepté dans leurs théologies et leurs pratiques sous-jacentes sans faire preuve d’esprit critique. Par exemple, pour le mouvement de sainteté, il a indiqué ce qu’il percevait comme les faiblesses des deux principales options d’alors : la perspective de Wesley et celle de Keswick. En ce qui a trait au mouvement de guérison divine, il a souligné les erreurs théologiques et pratiques des nombreux présumés « guérisseurs de la foi ». Même si Simpson a critiqué divers aspects de ces courants théologiques, son plus grand reproche relativement à la théologie et à la pratique de l’évangélisme de la fin du 19e siècle relève d’un domaine particulier.

de sainteté : on aspirait à la dynamisation par l’Esprit. Le mouvement de guérison divine : on avait soif de guérison, de santé et de vitalité. Le prémillénarisme : on vivait dans l’espoir de l’enlèvement, du ciel et ainsi de suite. Simpson a toutefois cherché à rappeler à ses auditoires qu’aucune de ces choses n’existait en réalité, n’avait d’existence indépendante. Il disait plutôt que ces « choses » ne sont rien d’autre que des noms que l’on donne aux conséquences ou aux manifestations de la bénédiction principale de l’œuvre rédemptrice de Dieu : la présence en chacun de Jésus-Christ, qui suffit! Cela signifie que Christ est non seulement notre Sauveur, mais aussi notre salut. « Naître de nouveau » revient pour le croyant à avoir en abondance la vie et la vitalité mêmes du Christ ressuscité. Ce n’est pas que Christ nous accorde un tout que nous appelons « vitalité », mais qu’il est lui-même cette vitalité. Il en est ainsi pour les autres dimensions de l’Évangile dans sa plénitude. Aucune de ces « bénédictions » n’existe pour une raison autre que de nommer les conséquences ou les manifestations de la présence active de Christ dans le croyant. Simpson a alors fait remarquer que d’aspirer à quelque chose – qu’il s’agisse de régénération, de sanctification, de guérison ou de millénium – relève de l’idolâtrie et est donc contraire aux valeurs chrétiennes.

Aucune de ces "bénédictions" n'existe autrement que sous le nom de ... manifestations de la présence du Christ

Parmi les adeptes des interprétations et des pratiques populaires des quatre mouvements susmentionnés, on observait une tendance : marchander ou objectiver la grâce de Dieu. C’est-à-dire qu’il y avait dans chacun de ces mouvements la tendance chez ses adhérents à chercher à obtenir – par un moyen ou un autre – quelque chose de Dieu. Le revivalisme : on avait soif de ce que l’on appelle la régénération. Le mouvement 60 · automne 2019

Sur un ton quelque peu prophétique – pour l’évangélisme auquel il appartenait –, Simpson a déclaré que, selon l’Évangile dans sa plénitude, seul Christ habitant en nous nous régénère, nous sanctifie, nous procure la vie et est digne de nos aspirations. Par conséquent, la plus grande contribution que Simpson a faite à l’évangélisme de son époque réside dans le rappel qu’il a adressé aux adhérents de ces divers mouvements qu’ils ne devaient jamais mettre leur espoir dans des choses qu’ils imaginaient pouvoir obtenir de


Christ notre Sauveur

Christ notre Sanctificateur

Christ notre Guérisseur

Christ notre Roi qui vient

John 3:16

1 Thes. 5:23-24

Isaiah 53:4-5

Acts 1:11

Dieu. Au lieu de cela, il a rappelé aux évangéliques de la fin du 19e siècle qu’ils devaient voir en Jésus-Christ seul le sujet approprié de leurs aspirations et celui qui répond aux besoins de leur vie chrétienne. Christ seul, et non Christ avec la régénération. Christ seul, et non Christ avec la puissance ou la sainteté. Christ seul, et non Christ avec la guérison. Christ seul, et non Christ avec le royaume. Non seulement Jésus procure les bénédictions de l’expiation, mais Jésus-Christ est en lui-même la bénédiction de cette expiation! Christ n’est pas que « l’instrument » de notre salut – ce n’est pas qu’il nous procure autre chose que lui pour nous sauver –, mais il est lui-même le « contenu » de notre salut. Christ, et lui seul, est à la fois celui qui donne le salut et celui qui est le don du salut. Bien que les évangéliques du 19e siècle aient veillé à se rappeler le premier, ils étaient enclins à oublier le second. Selon Simpson, le seul don – le seul salut – qui existe est celui de la Personne même qui le fait.s que p

changé. Après 132 ans, les gens – même les croyants sincères de notre Église, même ceux de l’Alliance – sont encore enclins à l’idolâtrie, à désirer des objets, des produits ou des biens. Même les gens les plus sincères ont tendance à entretenir des aspirations et des désirs mal placés, ce qui altère leur adoration. Par conséquent, à la question : « Après 132 ans, le message de l’Évangile dans sa plénitude est-il encore pertinent? », je répondrais : « Dans la mesure où l’Évangile dans sa plénitude est bien compris et centré sur la personne même de Jésus-Christ, qui nous habite, "Oh oui, qu’il en soit ainsi : Viens Seigneur Jésus!” » (Apocalypse 22.20.) ª Bernie est professeur de théologie historique et systématique à l’Ambrose University. Il est président du Conseil d’administration de l’Alliance chrétienne et missionnaire au Canada, de même que président de la Commission Internationale sur l’Éducation Théologique de l’Union mondiale de l’Alliance. Bernie est marié à Colleen, et ils ont deux merveilleux fils : Dave, marié à Hannah, et Ken

Le monde a beaucoup changé au cours des 132 ans depuis la fondation de l’Alliance chrétienne et missionnaire. Le monde que vous et moi habitons serait étranger à nos grands-parents et à nos arrièregrands-parents. Tant de choses se sont produites; tant de choses ont changé! On dit néanmoins que plus ça change, plus c’est pareil. Après 132 ans, malgré tous les changements, les gens restent des gens. Cela n’a pas

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LE LEADER BLESSÉ Curtis Peters

L

e message de notre pasteur et conseiller du Fil Invisible au Canada a fait écho chez Ivan. Avec l’un des membres de son CA, le pasteur était venu apporter une formation en leadership et en ressourcement aux leaders nationaux des Caraïbes appartenant à un mouvement d’Églises maison de l’Alliance. Ivan est le pasteur d’une Église locale, et il supervise également la formation de leaders pour les Églises du district est de l’île. Il exerce un leadership passionné et sacrificiel. Afin de recevoir cette formation, il a traversé tout le pays, passant environ 30 heures dans des autobus et des camionnettes inconfortables. Comme tant de nos pasteurs d’Églises maison, Ivan donne tout ce qu’il a pour suivre Christ; mais aussi comme beaucoup d’entre eux, c’était un leader blessé. Il nous a abordés après avoir entendu le message portant sur le besoin de guérir de ses blessures et de pardonner aux coupables. Il nous a demandé si nous pouvions prier pour la guérison de sa relation avec son père, qui était malade et qui vivait dans une autre province. Il nous a expliqué qu’il aimait son père et qu’il désirait vraiment être avec lui lorsqu’ils étaient séparés, mais qu’il sentait une distance émotionnelle entre eux lorsqu’il allait lui rendre visite. Comme le pasteur canadien priait déjà avec quelqu’un, le membre de son CA et moi nous sommes assis avec Ivan et avons invité

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Jésus à nous révéler toute blessure qu’il désirait guérir. Dieu a vite rappelé à Ivan une occasion où il s’était assis à la machine à coudre de son père pour que celui-ci, un cordonnier, lui enseigne les ficelles du métier, mais il s’était mis en colère et avait frappé son fils à la place. Nous avons demandé à Jésus où il se trouvait en cet instant. Jésus a alors donné une vision à Ivan : tandis qu’Ivan était assis là à pleurer, Jésus se tenait à ses côtés, les bras tendus vers lui pour l’enlacer. Profondément ému par cette vision, Ivan s’est jeté dans les bras de Jésus. Après que nous avons eu terminé ce temps de prière puissant en espagnol, le Canadien (qui n’avait pas tout saisi de ce qui avait été dit) s’est levé et a serré Ivan bien fort dans ses bras – exactement comme dans la vision de notre prière en espagnol! Ces instants d’une profonde guérison ayant transcendé toutes les barrières culturelles et linguistiques, Jésus a guéri un leader blessé au moyen de l’étreinte de l’un de ses fils. ¬ Curtis Peters a récemment été élu directeur du District Est canadien, après avoir servi pendant 11 ans comme ouvrier international dans la région Soleil des Caraïbes. Il est marié à Tricia, et ils ont trois garçons : Lucas, Micah et Liam.


JUNE 16–19, 2020

Bramalea Baptist Church YYZ / Brampton, ON

Sherwood Park Alliance YEG / Sherwood Park, AB For more information visit

allianceassembly.com/2020


C E N T R É S S U R C H R I S T • D Y N A M I S É S PA R L ' E S P I R I T • A X É S S U R L A M I S S I O N '

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