Eaf ses londres 2015

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BAGCALAUREAT GENERAL Session 2015

FRANQAIS (S6ries ES / S)

Dur6e : 4 heures

Coefficient:2

Note aux candidats

:

Vous lirez soigneusement les quatre textes ci-joints. Vous r6pondrez ensuite i la question et enfin, vous choisirez I'un des travaux d'6criture propos6s. Toutes vos r6ponses devront 6tre r6dig6es et organis6es.

L'usage de la calculatrice et du dictionnaire n,est pas autoris6 Dds que ce sujet vous sera remis, assurez-vous qu'il est complet. Ce sujet comporte 7 pages num6rot6es de 1/7 dl17. 15FRESEG,11

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117


La question de t'Homme dans les genres de l'argumentation, du XVte'" sidcle nos jours.

CORPUS

.

i

:

Texte 1 : Frangois Rabelais, Pantagruel, Livre ll, chapitre 8 (1532). Texte 2 :Victor Hugo, (1 855).

< A propos d'Horace >>, Les Contemplations,

Texte 3 : Charles P6guy, < De Jean Coste

>>,

Livre 1er, podme 13

Les Cahiers de la Quinzaine (1902).

Texte 4 :Albert Camus, Le Premier homme (1994, publication posthume).

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page2lT


Texte 1 :Frangois Rabelais, Pantagruel, Livre ll, chapitre I (1532). Pantagruel est un g6ant. Au chapitre Vlll, son pdre Gargantua lui adresse une lettre.

(...) C'est pourquoi, mon fils, je t'admonestel d'employer ta jeunesse d

10

15

bien

profiter dans tes 6tudes. Tu es d Paris, tu as ton pr6cepteur Epist6mon2 : l'un peut te donner de Ia doctrine par ses instructions vivantes et vocales, l'autre' par des exemples louables. J'entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement : d'abord la grecque, comme le veut Quintiliena. Puis la latine. Puis l'h6bralque pour l'Ecriture sainte, ainsi que la chaldalque et l'arabe. Et que tu formes ton style, pour la grecque d l'imitation de Platon, et pour la latine, de Cic6ron. Qu'il n'y ait d'histoire que tu n'aies pr6sente d Ia m6moire, d quoi t'aidera la cosmographies. Les arts lib6raux, g6om6trie, arithm6tique, musique, je t'en ai donn6 quelque goOt quand tu 6tais encore petit, vers tes cinq six ans. Continue le reste ; et sache tous les canons6 d'astronomie ; laisse l'astrologie divinatrice et l'art de LulleT, abus et vanit6s. Du droit civil, je veux que tu saches par cceur les beaux textes, et que tu les rapproches de la philosophie. Quant d la connaissance des sciences naturelles, je veux que tu t'y adonnes avec zdle ; qu'il n'y ait mer, rividre, ni fontaine dont tu ne connaisses les poissons ; tous les oiseaux de I'air ; tous les arbres, arbustes, et fruitiers des for6ts, toutes les herbes de la terre ; tous les m6taux cach6s au ventre des abimes, les pierreries de l'Orient et de I'Afrique : que rien ne te soit inconnu. . Puis avec soin, relis les livres des m6decins : grecs, arabes, latins, sans m6priser les talmudistes et cabalistes8; et, par de fr6quentes dissections, acquiers la parfaite connaissance de ce second monde qu'est l'homme. Et, pendant quelques heures chaque jour, commence d apprendre les Saintes Ecritures : d'abord le Nouveau Testament en grec, et les Epitres des apOtres, puis en h6breu l'Ancien Testament. En somme, que je voie un abime de science. Car maintenant que tu te fais grand, et que tu deviens un homme, il te faudra sortir de cette tranquillit6 et de ce repos consacr6 aux 6tudes, et apprendre la chevalerie et les armes, pour d6fendre ma maison, et secourir nos amis dans leurs d6bats contre les assauts des malfaisants. Et je veux que rapidement tu essaies de tester combien tu as profit6 : ce que tu ne saurais mieux faire qu'en soutenant des thdses publiquement sur toutes choses, envers et contre tous, et en fr6quentant les gens lettr6s qui sont d Paris et ailleurs. Mais parce que, selon le sage Salomone, sagesse n'entre pas dans une dme mauvaise, et que science sans conscience n'est que ruine de l'6me, il te faut servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en lui toutes tes pens6es et tout ton espoir, et, par une foi orient6e par la charit6, lui 6tre uni au point que tu n'en sois jamais s6par6 par le pech6. Tiens pour suspects les abus du monde, et ne mets pas ton ceur aux choses vaines : car cette vie est transitoire, mais Ia Parole de Dieu demeure 6ternellement. Sois serviable d ton prochain, quel qu'il soit, et aime-le comme toi-m6me. R6vdre tes pr6cepteurs ; fuis les rencontres des gens auxquels tu ne veux pas ressembler. Et les grdces que Dieu t'a donn6es, ne les regois pas en vain. Et, quand tu verras que tu as acquis tout le savoir de par-deld, reviens-t'en vers moi, afin que je te voie et te donne ma b6n6diction avant de mourir. Mon fils, la paix et gr6ce du Seigneur soit avec toi. Amen. D'Utopie, 17 mars, ton pdre, GARGANTUA. Je t'engage i. '3 Le nom de ce personnage est forme sur Ie grec ( 1

episteme > qui veut dire

(

science

>.

Paris.

' tcflvatn lattn.

t Histoire universelle. 6

Ensemble de rdgles.

'Alchimiste espagnol.

8

'

Theologiens et savants juifs. C6lebre roi biblique r6put6 pour sa sagesse et sa justice.

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Texte 2 : Victor Hugo, _ (1855).

(...)

'10

15

< A propos

d'Horace

>>,

Les Contemplations, Livre

1ut,

podme 13

Un jour, quand l'homme sera sage,

Lorsqu'on n'instruira plus les oiseaux par la cage, Quand les soci6t6s difformes sentiront Dans I'enfant mieux compris se redresser leur front, Que, des libres essors ayant sond6 les rdgles, On connaitra la loi de croissance des aigles, Et que le plein midi rayonnera pour tous, Savoir 6tant sublime, apprendre sera doux. Alors, tout en laissant au sommet des 6tudes Les grands livres latins et grecs, ces solitudes Oir l'6clair gronde, ou luit la mer, oi l'astre rit, Et qu'emplissent les vents immenses de l'esprit, C'est en les p6n6trant d'explication tendre, En les faisant aimer, qu'on les fera comprendre. Homdre empoftera dans son vaste reflux L'6colier 6bloui ; l'enfant ne sera plus Une b6te de somme attel6e d Virgilel ; Et l'on ne verra plus ce vif esprit agile Devenir, sous le fouet d'un cuistre' ou d'un abb6, Le lourd cheval poussif du pensum3 embourb6. Chaque village aura, dans un temple rustique, Dans la lumidre, au lieu du magistera antique, Trop noir pour que jamais le jour y p6n6trdt, L'instituteur lucide et grave, magistrat Du progrds, m6decin de l'ignorance, et pr6tre De l'id6e ; et dans I'ombre on verra disparaitre L'6ternel 6colier et l'6ternel p6dant. L'aube vient en chantant, et non pas en grondant. Nos fils riront de nous dans cette blanche sphdre ; lls se demanderont ce que nous pouvions faire Enseigner au moineau par le hibou hagard. Alors, le jeune esprit et le jeune regard Se ldveront avec une clart6 sereine Vers Ia science auguste, aimable et souveraine ; Alors, plus de grimoires obscur, fade, 6touffant ; Le maitre, doux ap6tre inclin6 sur l'enfant, Fera, lui versant Dieu, l'azur et I'harmonie, Boire la petite 6me d la coupe infinie. Alors, tout sera vrai, lois, dogmes, droits, devoirs. Tu laisseras passer dans tes jambages noirs Une pure lueur, de jour en jour moins sombre, O nature, alphabet des grandes lettres d'ombre !

' Podte latin, comme Horace '3 piirrt ;'qri t"i'eilt.s; d;.on o 5

Travail suppl6mentaire impos6

..roir.. dr

un 6ldve par punition. D'un mot latin signifiant < poids de laine

En latin, < maitre >. Ouvrage ou discours inintelligible ;

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2r

2r

filer

>.

l'origine, livre des sorciers pour 6voquer les d6mons.

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-*:

Charles P6guy, < De Jean Coste >, Les Cahiers de la Quinzaine (1902).

Jean Coste ou L'lnstituteur de village est un roman d'Antonin Lavergne, centr6 sur

les

conditions de vie d'un instituteur sous la Troisidme R6publique. A propos de ce roman, P6guy, dans la revue Les Cahiers de la Quinzaine, parle de l'enseignement.

ll ne faut pas que l'instituteur soit dans Ia commune le repr6sentant du gouvernement; il convient qu'il y soit le repr6sentant de l'humanit6 ; ce n'est pas un pr6sident du Conseil, si consid6rable que soit un pr6sident du Conseil, ce n'est pas une majorit6 qu'il faut que l'instituteur dans la commune repr6sente : il est Ie repr6sentant n6

de personnages moins transitoiresl, il est le seul et l'inestimable repr6sentant des podtes et des artistes, des philosophes et des savants, des hommes qui ont fait et qui maintiennent l'humanite. ll doit assurer la repr6sentation de la culture. C'est pour cela

qu'il ne peut pas assumer la repr6sentation de Ia politique, parce qu'il ne peut pas cumuler les deux repr6sentations. 10

Mais pour cela, et nous devons avoir le courage de le r6p6ter aux instituteurs,

il

est indispensable qu'ils se cultivent eux-m6mes ; il ne s'agit pas d'enseigner d tort et it travers ; il faut savoir ce que l'on enseigne, c'est-A-dire qu'il faut avoir commenc6 par s'enseigner soi-m6me ; les hommes les plus 6minents2 ne cessent pas de se cultiver, ou plut6t les hommes les plus 6minents sont ceux qui n'ont pas cess6, qui ne cessent 15

pas de se cultiver, de travailler ; on n'a rien sans peine, et la vie est un perp6tueltravail.

Afin de s'assurer la clientdle des instituteurs, on leur a trop laiss6 croire

que

I'enseignement se conf6rait3. L'enseignement ne se confdre pas : il se travaille, et se communique. On les a inond6s de cat6chismes r6publicains, de br6viairesa lalques, de formulaires. C'6tait avantageux pour les auteurs de ces volumes, et pour les maisons d'6dition. Mais ce n'est pas en r6citant des br6viaires qu'un homme se forme, c'est en lisant, en regardant, en 6coutant. Qu'on lise Rabelais ou Calvin, Molidre ou Montaigne, Racine ou Descartes, Pascal ou Corneille, Rousseau ou Voltaire, Vigny ou Lamartine,

c'est en lisant qu'un homme se forme, et non pas en r6citant des manuels. Et c'est, aussi, en travaillant, modestement.

] Oui ne dure pas longtemps.

't Qui est au-dessus

du niveau commun.

Donner, attribuer. a Livre de pridres.

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Texte 4 : Albert Camus, Le Premier homme (1994, publication posthume).

Voici un extrait de ce roman autobiographique inachev6, publie aprds la mort de l'auteur

qui a eu lieu en 1960. Le narrateur y parle de la famille, de l'6cole. ll consacre des pages d un instituteur, qu'il appelle d'abord M. Bernard, avant de lui donner son vrai nom, M. Germain.

Non, l'6cole ne leur fournissait pas seulement une 6vasion d la vie de famille. Dans la classe de M. Bernard, du moins, elle nourrissait en eux une faim plus essentielle encore

d I'enfant qu'd l'homme et qui est la faim de la d6couverte. Dans les autres classes

on

leur apprenait sans doute beaucoup de choses, mais un peu comme on gave les oies. On leur pr6sentait une nourriture toute faite en les priant de vouloir bien l'avaler. Dans la classe de M. Germain, pour la premidre fois ils sentaient qu'ils existaient et qu'ils 6taient

l'objet de la plus haute consid6ration : on les jugeait dignes de d6couvrir le monde. Et m6me leur maitre ne se vouait pas seulement d leur apprendre ce qu'il 6tait paye pour leur enseigner, il les accueillait avec simplicit6 dans sa vie personnelle, il la vivait avec '10

eux, leur racontant son enfance, et l'histoire d'enfants qu'il avait connus, leur exposait

ses points de vue, non point ses id6es, car il 6tait par exemple anticl6ricall comme beaucoup de ses confrdres et n'avait jamais en classe un seul mot contre la religion, ni

contre rien de ce qui pouvait 6tre l'objet d'un choix ou d'une conviction, mais il n'en condamnait qu'avec plus de force ce qui ne souffrait pas la discussion, le vol, la 15

d6lation, l'ind6licatesse, la malpropret6.

1

Oppos6 au clerg6

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QUESTION : (4 Points)

vous r6pondrez d la question pos6e en vous appuyant avec pr6cision sur les quatre textes du corPus

:

Quelles r6flexions sur l'6ducation ces textes proposent-ils ?

TRAVAUX D',ECRITURE : (16 points) Vous choisirez un sujet parmi les trois propos6s'

SUJET 1 : Commentaire

vous ferezle commentaire du texte de Victor Hugo (texte

2).

SUJET 2 : Dissertation Dans quelle mesure la litt6rature contribuet-elle d l'6ducation du lecteur ?

Vous r6pondrez d cette question en un d6veloppement argument6 et en vous appuyant sur des r6f6rences aux textes du corpus, aux Guvres etudi6es pendant l'ann6e et d vos lectures personnelles. SUJET 3 : Ecriture d'invention

Vous t6moignerez du bonheur d'apprendre en relatant et en analysant un moment de votre vie oU vous l'avez ressenti'

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