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Éducation nationale

ÉDUCATION NATIONALE Tensions, dénis... colère

RaRement déni des Réalités, injonctions contRadictoiRes Répétitives et RéfoRmes à maRche foRcée auRont maRqué une communauté pRofessionnelle comme l’éducation nationale en cette péRiode.

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les personnels de l’Éducation nationale sont épuisés et en colère. Ils le font savoir par une succession de journées d’action, mais toujours avec le sentiment de se heurter à un mur : le ministre, qui ne cesse de répéter que tout est fait pour que la « continuité pédagogique » soit assurée au mieux et que la situation, comme les échéances, sont sous contrôle. Dans les établissements, c’est au contraire la débrouille et l’improvisation, avec les moyens du bord et au prix de grandes tensions. Comme ils l’ont rappelé lors des mobilisations des 26 janvier, 4 et 11 février – à l’appel notamment de la Fsu, de la Cgt-Éduc’Action et de Fo –, les personnels ont le sentiment de ne pas être soutenus, et même que leurs besoins sont ignorés. Le ministère publie des circulaires et gère au jour le jour sans se soucier de la faisabilité de ses décisions, et continue de mettre en œuvre ses réformes à marche forcée, sans considération pour le dialogue social ni prise en compte des difficultés liées au contexte de crise sanitaire. À titre d’exemple, pour les campagnes de dépistages organisées dans les établissements, il est demandé aux infirmières – au nombre de 7 500 sur tout le territoire national, en manque d’effectif criant depuis des années – de participer à la mise en œuvre de ces tests et au tracing des élèves dépistés positifs et des cas contact, alors qu’elles sont déjà débordées par le soutien et par l’écoute au quotidien des élèves, particulièrement affectés par les incertitudes et le mal-être résultant de leurs conditions d’études actuelles, en particulier dans le secondaire. Quant aux enseignants, il leur est toujours demandé d’être en première ligne en toutes circonstances. C’est le cas dans l’enseignement élémentaire et les collèges, où à part les consignes de distanciation sociale et de port du masque, aucun protocole « renforcé » n’est réellement appliqué pour faire barrage au coronavirus, mais où les conditions d’enseignement et d’étude s’en trouvent compliquées et éprouvantes.

xppp a Jean-Marc LOOS/ M

Échéances incertaines et climat anxiogène

C’est le cas dans le secondaire, tandis que les enseignants s’échinent à accueillir leurs élèves le plus souvent possible en présentiel, à organiser des cours en visioconférence quand ils le peuvent, à trouver des solutions pour éviter les décrochages et la démotivation des plus fragiles. Le ministère, lui, poursuit ses réformes comme si de rien n’était. Sans la moindre consultation, il aménage ainsi sa réforme du bac en déprogrammant les épreuves de spécialité des terminales, qui auraient pu être reportées, et laisse peser beaucoup d’incertitudes sur d’autres échéances, pour les classes de première et les filières professionnelles. Le nouveau bac sera ainsi quasiment accordé à 100% sur des notes de contrôle continu, alors que la réforme Blanquer le dépossédait déjà d’une partie de sa valeur d’examen national. S’y ajoute le sentiment que, tous les établissements ne s’étant pas soumis aux protocoles renforcés avec la même rigueur, et ne notant pas leurs élèves de la même façon, cette année sera marquée par une accentuation des inégalités de traitement qui risque de peser lourd dans l’accès à l’enseignement supérieur, déjà de plus en plus sélectif. Les enseignants n’attendent pas mieux du «Grenelle de l’éducation». Ils viennent d’apprendre que le ministère a économisé 200 millions d’euros sur son budget 2020, malgré les besoins exprimés en embauches de renfort face la crise sanitaire, et en revalorisation pour certains personnels non enseignants, comme les 110000 accompagnants d’élèves en situation de handicap (Aesh) par exemple. Ils étaient mobilisés le 11 février pour de meilleures conditions de travail, pour des