Artour 2011 / Dérivations

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La neuvième édition de la biennale ARTour est à nouveau l’occasion de faire dialoguer art contemporain et patrimoine en région du Centre. Le concept reste toujours pertinent : une quinzaine de sites touristiques et culturels majeurs ouvrent leurs portes à des artistes qui s’imprègnent des lieux et les réinventent en créant in situ des œuvres éphémères. La biennale nous prouve, une fois encore, que l’art contemporain peut trouver des espaces d’expression en dehors des institutions spécialisées et des cercles d’initiés et qu’il peut s’épanouir au sein des plus beaux joyaux patrimoniaux de notre région. C’est pourquoi la Province de Hainaut, partenaire fidèle du Centre culturel régional du Centre, s’est associée tout naturellement au développement d’ARTour, en soutenant des projets et en favorisant les coproductions via sa Fédération du Tourisme. Excellentes Dérivations en région du Centre à toutes et tous.

Fabienne CAPOT Députée provinciale en charge du Tourisme et de la Culture

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On va faire un tour ? La promenade sera riche et curieuse ! Prétexte, une proposition faite à des artistes de la région du Centre, de Wallonie, de Bruxelles, de Flandre et d’ailleurs; à des maisons d’art contemporain porteuses de projets et détentrices d’une expertise largement reconnue. On penserait que cette biennale sera bien en-cadrée ! Dérivations, pourtant, nous pousse au-delà de nos retranchements. Dérivations navigue sur des canaux en dénivellation, se niche dans le quotidien de cafés, coule dans les rails fantomatiques d’un tram, hésite entre deux rives, trace sa voie sur des cartes déclassées, nargue un record du monde... Et invite le linguiste, le sigillographe, le sémioticien pour quelques errances dans le Monde des Symboles. La dérivation, c’est aussi la répartition d’un excédent d’électricité à travers des circuits plus nombreux, ou c’est la division artificielle d’une rivière en plusieurs affluents, c’est un mouvement de l’unique au multiple et, en bout de course, la possibilité de cheminements en terres inconnues. Sur la route, encore...

Georges HAINE Échevin, Président du Centre culturel régional du Centre


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Centre de la Gravure et de l’Image imprimée > Effeuillage 1 > Pierre Alechinsky / Kenneth Alfred / Pierre Buraglio / Constant / Jean Cotton / Pierre Courtois / Kikie Crêvecoeur / Jean-Michel Folon / Hubert Grooteclaes / Pentti Kaskipuro / François-Xavier Lalanne / Jacques Lennep / Philippe Maes / Gustave Marchoul / Muriel Moreau / Tadayoshi Nakabayashi / Hiroko Okamoto / Jean-Pierre Pincemin / Christine Ravaux / Françoise Roy / José Maria Sicilia / Dezider Toth / Luc Van Malderen / Bob Verschueren / Guy Wery / Thierry Wesel / Alain Winance / Maurice Wyckaert. Musée Ianchelevici > Vert ? Vous avez dit vert ? > Anne Delfieu (F) / Stéphane Erouane Dumas (F) / Caroline Léger / Andreas Pytlik (D) / Pierre Toby 3 / Cécile Vandresse / Hendrik Vermeulen. Vernissage Artour 2009. Vue de l’installation de Caroline Léger et1performance d’Alain Verschueren 2 .


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Brasserie St-Feuillien > Regard des couleurs > Noël Drieghe 4. Ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu > Néo-futurisme ou la machi-ne-rie-verte > Denis Mahin 9. Etangs de Strépy-Bracquegnies > Œuvres au vert… et à l’eau > Vincent Brodin (F) 6/ Grégory Carlier 7/ Bruno Guihéneuf (F) / Thomas Jodogne 5 / Michel Leclercq (F) 8 / Didier Leemans 10 / Aurore Vandember 11. 6

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Ferme Delsamme à Strépy-Bracquegnies > Germination > Mario Ferretti 12. Maison Saint-Vincent à Strépy-Bracquegnies. > Rituel de transfert > Stéphane Vee 14 / Renaissance mérovingienne ? > Alain Verschueren Chapelle Saint-Julien à Boussoit > La légende de saint Julien > Marc Bis 13. 8

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Domaine de Mariemont - Jardin d’hiver > « Free Us», installation du collectif Hell’O Monsters > Blastus (Jérôme Meynen) / Desro (François Dieltiens) / Ewing 33 (Grégory Van Cleemput) / Tatone (Antoine Detaille) 16. Château fort d’Ecaussinnes-Lalaing > [ver] Vert – ver – verre – vair – vers …green… > Isabel Almeida / Philippe Baran / Marc Bis / Georges Briquet / Camille De Taye / Francis Feidler / Bernard Gilbert / Edmond Jamar / Michel Jamsin 17 Alexandre-Louis Martin / Patrick Merckaert / Jef Lambeaux / Marianne Ponlot / Andreas Pytlik (D) 15 / Jean-Pierre Ransonnet / William Sweetlove / Thierry Tillier / Marc Vandemeulebroek.


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ARTour 2011 - dérivations En 1997, la première biennale ARTour – Art contemporain et Patrimoine se déroulait le temps de deux week-ends dans huit communes de la région du Centre. L’intérêt suscité par le projet incita le Centre culturel régional du Centre, à l’origine de l’initiative, à développer la manifestation en proposant un partenariat aux différents opérateurs en arts plastiques de la région et en sollicitant le soutien des institutions partenaires du Centre culturel. Dès 1999, l’objectif est de proposer un véritable temps fort axé sur la rencontre de l’art contemporain et du patrimoine remarquable ou à découvrir dans la région du Centre. Durant les deux mois de vacances estivales, culture et tourisme sont associés dans un large espace de diffusion et d’interventions in situ, un circuit qui permet d’apprécier la diversité du paysage régional en se confrontant à autant de visions d’artistes. A chaque édition, les différentes expositions et les créations s’articulent autour d’une thématique, un fil conducteur qui relie les propositions conçues en fonction de la spécificité des lieux d’exposition : musées, espaces publics, sites patrimoniaux. Plutôt que traiter de manière pointue le sujet choisi, on privilégie la diversité des approches, favorisée par la diversité des lieux, de leurs fonctions, de leurs caractéristiques et l’on tente de créer un dialogue entre l’œuvre, l’espace et la thématique. Le projet se construit au sein d’un groupe de travail constitué d’opérateurs en arts plastiques de la région et de personnes ressources invitées. Pour cette huitième édition, il nous a semblé intéressant de bénéficier de l’œil de « personnes extérieures » à la région sur le projet. L’iselp, Institut Supérieur pour l’Etude du Langage Plastique (Bruxelles) a répondu à notre sollicitation et a posé un regard neuf sur la biennale, tout en prenant part à la programmation et à l’orientation du sujet développé cette année. Les notions de territoire et de déplacement sont abordées sous le titre Dérivations, une manière d’indiquer les multiples orientations possibles dans le développement de cette thématique, retenue par le groupe de travail à la suite de la conjonction d’une réflexion de Laurent Courtens (historien de l’art et critique d’art, responsable de la médiation à L’iselp) et du parti pris par Dominique Durinckx (gestionnaire de la collection, documentaliste-bibliothécaire du Centre de la Gravure et de l’image imprimée) pour présenter les collections du Centre. Laurent Courtens se posait la question de l’identité de la région du Centre – il est vrai qu’à l’extérieur, la question est souvent posée : au centre d’où ? Entre là et là-bas, son passé et son devenir –, de ce qui en fait un territoire particulier. Quand Dominique Durinckx, plus « autochtone », choisissait de présenter son exposition sous l’intitulé Chemin faisant… à travers les collections du musée, un clin d’œil au livre écrit par Jacques Lacarrière, Chemin faisant. Mille kilomètres à pied à travers la France, qui fait des chemins de traverse l’espace d’un cheminement initiatique au pays de la connaissance des êtres et de soi. ARTour 2011 – Dérivations, s’attache au Centre, explore cette région, emprunte de nombreuses voies, d’eau ou de métal, « pèlerive » entre spiritualité et marginalité, part à la rencontre des habitants d’hier et d’aujourd’hui, de leurs souvenirs, anecdotes, raconte une histoire, s’enracine ou sans racine, explore une cartographie subjective, parcourt un monde intérieur inquiétant, s’élance à plus de neuf mètres dans l’immensité, rêve des moyens de déplacement à inventer, rappelle la terre – à haute température – où elle est née, vagabonde autour du chemin droit. Eric Claus

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Errer Humanum Est « (Grammaire) Action de faire sortir un mot d’un autre… » : c’est ce fragment de définition du mot « dérivation » - apocryphe puisque puisé au Wiktionnaire – qui a retenu notre attention. De même encore que ce premier synonyme proposé par le Nouveau Petit Robert : « détournement ». Le détournement : procédure fondatrice de l’art du XXe siècle et du XXIe siècle naissant, impulsion vitale qui irrigue l’histoire du collage et de l’assemblage, les déclinaisons multiples du ready-made, les mises en fiction du réel, les prélèvements documentaires, les plus arides spéculations conceptuelles (Joseph Kosuth, One and three chairs, 1965 : ce sont une ou trois chaises convoquées au royaume de la philosophie et de la théorie esthétique)… Cette voie de la déviation, cette appétence boulimique à se saisir des images du monde pour en démultiplier le sens et les horizons, activent quantité d’œuvres et de propositions composant ce nouveau round de la biennale ARTour. Au musée Ianchelevici, le potentiel technologique instille les glissements de l’imaginaire, outille le désir d’utopie (un autre lieu qui n’est pas mais devient, par dessein) : « La mécanique est ici séduction », nous apprend le site internet. À l’ancienne église des Dominicains, la cartographie s’offre comme support de lecture critique du tissu urbain et comme témoin des cheminements intimes. À Strépy-Thieu, la performance et l’imagerie sportives étalonnent une expérience visuelle et sonore dans l’hallucinante salle des contrepoids de l’ascenseur funiculaire. Au Centre Daily-Bul & Co, les Cinétisations et Ramollissements de Pol Bury appuient cette invariable nécessité qui fonde peut-être toute l’histoire des images : faire sortir une forme ou un objet d’un(e) autre. La dérivation, comme versant non exposé d’une histoire des signes…

Par les sillons « Action de faire sortir » anyway : la dérivation n’est pas la dérive, pas l’errance, même si les organisateurs ont tenu à assimiler cette connotation (le cheminement hasardeux, la perte, le délestage, la marche qui égare et, par là, révèle). Non, à se tenir au texte, on apprend que la dérivation est une action, une opération, une « industrie ». Un acte déterminé qui, en grammaire, en mathématique, en médecine, en aménagement du territoire, a pour effet d’ouvrir des voies inédites, de tracer des itinéraires, de soulager des impasses. Ou encore de faire affleurer une figure, une fonction, un usage à partir d’une racine qui demeure lisible. Ainsi de la biennale ARTour dans ses intentions fondatrices : lire un territoire, le circonscrire, l’éclairer et, par les vues qui y sont portées, les discours qui y sont produits, l’éveiller, « l’étinceler », le porter à un autre potentiel. Le radical d’ARTour, c’est cette indécise région du Centre, maillée par les voies de communication (canaux, voies ferrées, routes), structurée par les

besoins de l’industrie (charbonnages, sidérurgie, faïencerie, etc.), stigmatisée et caricaturée par les effets de la crise, portée en somme à la périphérie de la vision. Pourtant irriguée par une riche histoire sociale (donc culturelle), créatrice et littéraire (l’action du groupe Rupture dans les années 1930, la pensée Bul et son activité éditoriale depuis les années 1950, etc.).

Miroitements La « dérivée » ARTour, c’est une région exposée, révélée dans la profondeur et l’hétérogénéité de ses strates, sillonnée de cheminements multiples, éveillée par la diversité des regards qui l’explorent. Ouverte en somme, dépliée, déployée en vue d’énoncer des potentiels ignorés. Pour cette huitième édition, le thème de la dérivation cherche à confirmer ce programme, à redéfinir ses contours. Il aura, en tout cas, permis de coaguler plusieurs propositions mues par le commun désir d’investiguer une parcelle du pays en vue d’en extraire un matériau et de tenter de l’organiser (de le dériver…) : à Morlanwelz, les souvenirs de l’ancienne ligne de tram n°30 servent de catalyseur à la floraison de fragments de mémoire collectés par l’artiste d’origine italienne Vita Drappa. Récits individuels croisés offrent à Edurne Rubio le matériau nécessaire à l’élaboration d’un récit collectif. Au château fort d’Écaussinnes-Lalaing, Jérôme Considérant détourne les codes héraldiques pour recomposer une histoire du site ironisant sur les privilèges féodaux et les formes d’exploitation propres à l’Ancien Régime. Au musée gallo-romain de Waudrez, Audrey Finet associe les pièces de la collection à des toupies confectionnées à partir de matériaux collectés sur des chantiers de fouilles de l’ancienne voie romaine. Aux abords de l’ancien charbonnage du Bois-du-Luc, Thomas Laureyssens investit le relief des terrils en enduisant les arbres déracinés d’une seconde peau, symboliquement offerte à l’empreinte de fragments de mémoire collective. Paroles, affleurements, histoire(s) vivifiée(s), recomposée(s) : d’évidence, cette huitième édition d’ARTour a pris le pli d’affirmer les finalités premières de la biennale. À savoir décoder un territoire, y inscrire des pratiques aptes à en identifier les sources, à lui déployer des horizons. S’offrir comme un révélateur, un catalyseur, une cartographie objective et sensible qui provoque les traversées, suscite les itinéraires sans préjuger de leur dénouement. Il n’est en effet ici nulle péremption à dicter le devenir d’une région, mais bien l’impérieux désir d’autoriser de s’y perdre, de s’y confondre. C’est là que s’initient les potentiels insoupçonnés de la dérivation. Laurent Courtens Historien de l’art, L’iselp 13


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Machines improbables L’exposition questionne la notion de déplacement à travers l’utilisation de machines improbables ou visionnaires envisagées comme créations délibérément poétiques ou alternatives aux problèmes de mobilité. Au-delà de la marche, le déplacement mécanisé a attiré et grisé l’Homme depuis toujours. S’appuyant sur les avancées théoriques, techniques et technologiques contemporaines à leur époque, quelques visionnaires ont pensé vaincre l’apesanteur ou maîtriser la vitesse. Un désir de se déplacer, entre réalité et fiction, performance et destruction dont les conséquences sur l’environnement sont aujourd’hui préoccupantes. « Des machines improbables sont nécessaires pour franchir l’espace qui nous sépare de l’utopie. » En invitant à la fois des plasticiens et des scientifiques à exposer (ingénieur, architecte), le musée Ianchelevici souhaite multiplier les angles d’approche. Certaines «machines» exposées, dont la fonctionnalité n’est pas l’objet premier, relèvent davantage du voyage imaginaire, pour lequel le chemin parcouru a moins de sens que les images mentales suscitées par l’idée de déplacement. D’autres, au contraire, sont le fruit de la technologie et d’une réflexion pour une mobilité plausible en adéquation avec la nature. Pourtant, au premier regard, rien ne distingue l’engin fonctionnel de la machine onirique : engins à pédales, ailes télécommandées, roues motrices, mécanique amphibienne, ces machines offrent une identité hybride entre technique et poésie. Le plasticien joue à l’apprenti sorcier tandis que le scientifique nous donne à rêver à travers d’étranges vaisseaux. Dans les deux cas, la machine improbable rejoint l’utopie, permettant le passage vers un monde harmonieux. Valérie Formery, conservatrice

Frank Gryffroy

Musée Ianchelevici place communale 21 / 7100 La Louvière + 32 (0)64 282530 / www.ianchelevici.be

Né à Gand en 1966 Fortuné de Kokerlaan 22 9940 Evergem multi.maniac@skynet.be

Le musée Ianchelevici occupe depuis 1987 le bâtiment de l’ancien Palais de Justice de La Louvière. Construit au début du XXesiècle dans un style néo-classique, ce bâtiment est, avec l’Hôtel de Ville, l’édifice le plus important de la place communale. Sa façade présente une alternance de travées dont l’une s’ouvre sur un porche d’entrée. Son parement en briques rouges de Lobbes contraste avec le petit granit de Soignies réservé aux ornements qui délimitent les travées : pilastres aux extrémités, colonnes centrales supportant l’entablement et le fronton, soubassement à bossages et bandeau médian inspirés par l’architecture classique. La justice a été rendue dans le lieu jusqu’en 1977. Lorsqu’en 1983, l’artiste d’origine roumaine Idel Ianchelevici (19091994) a émis le souhait de créer à La Louvière une fondation pour promouvoir son œuvre, les autorités communales ont décidé de transformer le bâtiment en musée, de nombreux aménagements y ont été entrepris. Depuis, ce musée communal affiche une double vocation. Il produit régulièrement des expositions temporaires centrées sur l’art contemporain et présente en permanence une soixantaine de sculptures et une dizaine de dessins de Ianchelevici issus d’un fonds de 2200 pièces conservées dans le bâtiment.

Les dessins techniques de Frank Gryffroy illustrent les machines fantastiques qui hantent le monde de cet artiste gantois. Ses créations sont avant tout poétiques, proches de celles imaginées par Jules Verne pour ses Voyages extraordinaires. Frank Gryffroy dessine au feutre et à main levée sur de grandes toiles posées à même le sol. Plus proche du rêve que de la science pure, il n’emploie ni règle ni compas. Ses dirigeables, navires et autres soucoupes volantes oscillent entre archaïsme et symbolisme.

Les rapports mathématiques les plus harmonieux s’expriment dans le corps humain à l’image de ceux parfaitement illustrés par Léonard de Vinci. Dans un monde d’avancées technologiques de plus en plus complexes, on rêve d’un retour à l’imagination pure, au sentiment de “Ride and fly with me”, s’appuyant sur des réflexions réalistes et inventives. Il ne faut certes pas oublier que derrière les projets les plus fous se cachent parfois des trésors d’idées à exploiter, ou comme Einstein le disait, “l’imagination est plus importante que la connaissance”. Deltaballoon, dessin sur toile, 250cm x 200 cm. Dirigeable équipé de 3 ballons gigantesques sensés mener symboliquement le spectateur vers des sphères spirituelles. 15

Frank Gryffroy


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Panamarenko Né à Anvers en 1940 Figure majeure de l’art contemporain, Panamarenko est à la fois peintre, sculpteur, assembleur, inventeur. Il a mené des recherches insolites sur des notions telles que l’espace, le mouvement, le vol, l’énergie et la gravitation. Son œuvre associe expérimentation artistique et technologie. Ses avions, sous-marins, voitures, aéronefs, toujours originaux et spectaculaires, sont à la fois ludiques et oniriques. D’aspect parfois très pauvre dans les matériaux utilisés, ces engins d’une beauté étrange relèvent d’une pseudo démarche scientifique, ils sont réalisés pour le seul plaisir, sans souci de fonctionnalité. L’artiste se joue des lois formelles de la construction et de la physique, la mécanique est ici séduction. Panamarenko s’est intéressé à tous les fantasmes du vol et du déplacement, pour atteindre l’imaginaire et le rêve, faisant de son œuvre l’archétype du voyage. Les deux pièces exposées témoignent de sa passion pour l’aérotechnique. Ainsi, Brazil (2004), implanté devant le musée sur la place communale, matérialise le mythe du vol humain. Un Icare des temps modernes revêtu d’une redingote sudiste s’élance pour prendre son envol grâce à de grandes ailes de plus de 3 mètres fixées par de simples cordes aux bras de l’intrépide. Parachute, technique mixte, 115x48x35 cm, coll. galerie Guy Pieters, Knokke >

Didier Mahieu Né à Jemappes en 1961 Rue de la Meuse, 42 5541 Hastière-par-delà didiermahieu@hotmail.fr www.didiermahieuhq.com

RaphaEl August Opstaele

Anatomie de l’Extase, 1996, 120 x 350 cm.

alias ORAS

Scaphandre / Skaphé - Andros / l’Homme - Barque « Le monde est immense. Et l’homme, dans cette immensité, s’est fait voyageur. Toujours, il est sorti rencontrer des paysages. Toujours, il a pris la route du dehors. Aussi, au cours de ses traversées, il s’est arrêté pour regarder, goûter et toucher et sentir et entendre. C’est que le monde qui s’offrait à lui n’était pas uniforme. Et la vie dans ce vaste monde, pour celui qui la cherche, se montrait animée. Plus proche de la terre, des arbres et de la mer, l’homme entrait comme dans un nouveau corps, il était comme paré d’une autre peau. Et à travers le hublot de sa parure, il pouvait alors voir ce qui était à voir. Il errait alors librement sans se soucier du temps qui s’écoule. Il était l’Homme-barque. Celui qui est chez lui dans le monde parce qu’il lui ressemble. Il était l’Indien. Et partout sur les sentiers c’est lui-même qu’il voulait découvrir. Car, revêtu de son scaphandre, il pouvait explorer les abysses autant que les profondeurs de son âme. » Didier Mahieu

Né à Leffinge en 1934 50 rue Philippe de Champagne 1000 Bruxelles oras@skynet.be

Anatomie de l’Extase symbolise la conquête, la migration, le voyage. Initialement, ce projet comprenait sept mecano-sculptures de 7 mètres de long sur 2,50 mètres de large, destinées à être suspendues à l’aide de câbles dans de grands espaces comme des halls d’exposition, des halls d’aéroports, des églises, etc. Afin de mieux sentir l’expression de la sculpture et son comportement au vent, ORAS et Romica réalisent un premier modèle réduit de 3,50 mètres de long sur 2 mètres de large. Suite à cela, ils prennent conscience des restrictions pratiques liées au caractère suspendu de la sculpture [obligation de plafonds élevés, impossibilité d’exposer en plein air, etc.] et réalisent un second modèle réduit, cette fois, fixé sur pylône. L’avantage de cette solution est indéniable : les sept mecano-sculptures définitives pourront être exposées partout, sur les places publiques, en pleine nature, etc. Parallèlement, ORAS prévoit sur chacune des sculptures un crochet permettant la suspension par câble. L’installation électrique consiste en un moteur de 24 volts alimenté par deux batteries de 12 volts, lesquelles se rechargent de manière autonome grâce à un moulinet placé à l’avant de chaque sculpture et entraîné par le vent. A cela s’ajoute un astucieux jeu d’équilibre, de contrepoids et de porte-à-faux qui inspira à ORAS l’intitulé Anatomie de l’Extase. Et de préciser : «L’extase n’est pas immatérielle. C’est une réalité mécanique, tangible, structurée.» Conception et réalisation du projet : Raphaël August Opstaele alias ORAS, avec la participation de Romica Murareanu et Barbara Hahn.

< Barque, 2010, polyester, soie et métal, 100x600x150 cm. 17


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Lieven Standaert Nous savons que l’avenir ne pourra pas se construire dans la continuité de notre présent, car les ressources planétaires s’épuisent bien plus vite que nous ne leur laissons le temps de se régénérer. L’architecte visionnaire bruxellois Luc Schuiten estime que nous avons peut-être trop vite oublié que nous sommes avant tout des êtres biologiques installés sur une planète elle-même vivante. La surexploitation actuelle des carburants utilisés pour nos véhicules aura vidé d’ici quelques années nos réserves qui ont mis des millions d’années à se constituer. Luc Schuiten propose une autre vision des déplacements dans le souci d’utiliser des énergies renouvelables. Il a donc imaginé des petits engins plus souples et plus légers, fonctionnant avec un moteur électrique, captant leur énergie au contact d’un rail intégré à la voie de circulation. Chenillards, tractainers, cyclos et autres ornithoplanes à ailes battantes envahissent les rues et le ciel métamorphosés en un ballet de véhicules légers, créatifs et ludiques.

Hertsdeinstraat 20 2018 Antwerpen lieven@aeromodeller2.be www.aeromodeller2.be « Lorsque l’on étudie le design industriel, on pénètre dans un environnement étonnant : on rencontre des étudiants qui imaginent des voitures fonctionnant à l’énergie verte, des outils ergonomiques, des meubles recyclables... Lorsqu’ils sont diplômés, ils entrent dans une entreprise, dessinent des luminaires, des interrupteurs suivant les dernières tendances pour générer la collection 2012. Je pense que les designers d’aujourd’hui devraient être plus ambitieux dans leurs recherches. Puisque nous avons déjà tant d’objets inutiles, ne serait-il pas plus respectueux de développer un seul projet ambitieux, même si nous y passons dix ans, plutôt que de produire cent nouvelles chaises en quelques minutes. Une seule invention, la plus ambitieuse, reste de loin le meilleur projet auquel vous pouvez réfléchir. Un projet dans lequel il y a de grandes chances que vous échouiez, mais si vous gagnez votre pari, il fera véritablement la différence. »

Luc Schuiten Avenue Huard Hamoir, 81 1030 Bruxelles luc.schuiten@chello.be

Mais où se situe-t-on lorsque l’on a pour objectif de construire une machine qui n’est pas la plus rapide, la plus pratique ou la moins chère mais la plus merveilleuse ? Non pas l’engin le plus efficient mais le plus élégant. Où vous situez-vous si vous construisez une machine fonctionnelle simplement pour raconter une histoire ? Aeromodeller2 est un projet pour un dirigeable nomade, autonome, alimenté par de l’hydrogène sans rejet d’émission. C’est un dirigeable conçu comme un navire. Il est lent mais peut faire le tour du monde avec une source d’énergie propre sans nécessiter de se réapprovisionner en cours de voyage. Il a été pensé pour interagir avec les énergies comme un être vivant. Pour restaurer son énergie à la fin du jour, il a juste besoin de se reposer. Le dirigeable de 9 mètres exposé est un modèle expérimental construit à une échelle de 1/10. Il est télécommandé et fonctionne à l’hélium. Il est destiné à tester la structure et l’aérodynamisme du projet. Il ne possède pas de gouvernail arrière mais se déplace en déformant sa structure dorsale et en changeant ainsi de forme. Le nom que Lieven Standaert donne à son projet, Aeromodeller2, rend hommage au zeppelin imaginé par Panamarenko en 1969. Ce premier Aeromodeller, plus poétique que réellement fonctionnel, était constitué d’un ballon en bandes de film P.V.C., d’hélices en acajou contre-plaqué et d’une nacelle en rotin, dans laquelle Panamarenko avait l’intention d’habiter. Le tout était propulsé par quatre moteurs Flymo reposant sur un berceau maniable. Lieven Standaert

< Aeromodeller2 , modèle réduit, éch. 1/10ème, long. 9,6 m, poids 0,0 kg. Modèle expérimental télécommandé muni d’une structure dorsale. Courtesy Verbeke Foundation.

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1. Le Sauteraile. Concept de déplacement combinant mutations et prothèses. Le système repose sur l’amélioration du rapport poids-puissance de l’homme et sur l’énergie emmagasinée dans les prothèses-ressorts lors de la réception du saut. Les mouvements sont améliorés par des ailes dont certaines sont gonflées à l’hélium. A la faveur de ces évolutions, les déplacements deviennent une sorte de danse et un nouveau mode d’expression. Chacun se pare de couleurs, voiles et plumes, s’exprime et s’épanouit dans le mouvement qui est à la fois une manière de plaire, d’exprimer ses envies, d’afficher son comportement d’artiste et d’entrer en contact avec autrui. 2. Le Chenillard. Petite voiture urbaine pour deux ou trois personnes. Elle se rend à l’adresse d’un appel et conduit les passagers à leur destination sans être pilotée. Guidée par un cerveau, elle interagit avec les autres véhicules et est programmée pour se rassembler en convois, ce qui prend peu de place dans la ville et consomme moins d’énergie. Mu par un moteur électrique dans chaque roue arrière, le Chenillard puise le courant dans un rail intégré dans la plupart des rues de la cité.

< Aeromodeller2 concept illustration / dessin, 30x45cm, édition limitée. 19


DEtours et autour de Pol Bury Dérivations autour des mélangeurs, cinétisations et ramollissements de Pol Bury. Avec l’installation de cinq bronzes (Volumes figés) de Pol Bury dans le jardin du Centre Daily-Bul & Co (avec l’aimable autorisation de Velma Bury et la collaboration de la Fondation Folon).

Centre Daily-Bul & Co rue de la Loi 14 / 7100 La Louvière + 32 (0)64 224699 / www.dailybulandco.be Le Centre Daily-Bul & Co est logé dans une maison de maître datée de 1894, laquelle compte trois étages et possède un jardin dominé par un ginkgo biloba centenaire (arbre remarquable recensé par la Région wallonne). Le bâtiment a été acquis par la Ville de La Louvière en 1979 (selon l’acte conservé aux Archives de la Ville). Alors qu’il avait été question de sa mise en vente, le bâtiment s’est vu affecté en 2009 à ce nouveau centre d’archives, une fois la décision prise par la ministre de la Culture de conserver la mémoire du Daily-Bul là où a pris corps la pensée Bul, à savoir La Louvière, avec pour mission initiale de conserver et de valoriser les archives du Daily-Bul.

Pol Bury (1922-2005), selon Ernest Pirotte Manœuvre qualifié qui fut hautement apprécié en son temps pour sa grande connaissance de la brouette dont il n’ignorait pas les moindres secrets. C’est à ce titre qu’il fut convié à la cour d’Albert Ier afin de donner aux enfants royaux les rudiments de son savoir. Un jour le poète Maeterlinck qui traversait à bicyclette et comme un fou la cour du château de Laeken le renversa sur le pavé gras. Il se releva contusionné. A l’heure actuelle, il ne conserve plus aucune séquelle de ce malheureux accident mais il publie des poésies d’avant-garde (Ernest Pirotte, Petit Panthéon national et illustré des auteurs, Daily-Bul 10, 1957).

Le virtuel ? Une façon d’aller voir ailleurs si on n’y est pas. Et on y est parfois, sans comprendre que nos ombres y soient et s’accommodent de leur inexistence matérielle.

Les images virtuelles de Pol Bury, par André Balthazar Il y eut, il y a les ramollissements un peu bouillies-de-chat, un peu gueules-cassées, les ramollissements ironiques, moqueurs, sévères, et ceux plus alanguis, éthérés, attendris, ou froids comme des regards à reflets métalliques, ou tièdes comme des crêpes rongées par le sucre et les fièvres, mais toujours proches d’émois visuels et joueurs. Ce qui n’empêche pas au laboureur d’omelettes d’aimer les œufs durs. Sans oublier les miroirs mous qui offraient en pâture leurs images et qui s’y miraient.

Si Pol Bury est vertueux, il n’a rien de virtuel, son virtuel est dans ses yeux et les outils qu’il butine. C’est un homme d’apparence solide, un écrivain qui écrit ses images multiples, un imagier qui pense souvent mots, qui porte sur lui et sur ce qui l’entoure des regards sans naïveté, bousculateurs, d’un scepticisme narquois, parfois féroce, parfois caustique, saupoudrés d’un fin sel qui lui appartient. Ainsi, par exemple, hors des circuits de la vie mais dans les sentiers de l’art, MichelAnge, Cranach, Dürer lui sont de bons prétextes pour, sans malice, se jouer de la beauté.

Un ramollissement ? Une façon de donner de l’air et de l’espace à la surface, d’étirer des horizons de faux-semblants, de rectifier les certitudes si souvent proches de la pesanteur et de la vanité. Aux esthètes d’apporter leurs palettes et d’en dire plus.

Dans ses ramollissements virtuels (belle rencontre aux sonorités automnales), et les déformations qui s’y multiplient, hautes en couleurs, Pol Bury s’amuse aussi, avec un délicat plaisir, de la caresse veloutée des encres (ironiquement fixées, cependant).

La vertu dans le vocabulaire d’aujourd’hui - la technique l’emportant sur l’éthique - n’est plus qu’un mot suranné, désuet comme une fleur fanée, encore un peu vivant dans le vocabulaire de moralistes botanistes. Elle a, semble-t-il, perdu ses parfums et ses pâleurs d’hier.

Extrait de Pol Bury. Les Nus des autres, Galerie Pascal Retelet, 2002.

Les Volumes figés Si, habituées par un moteur, les sculptures de Pol Bury simulent volontiers l’immobilité, ses Volumes figés (dépossédés de toute énergie électrique et de facéties mécaniques) semblent se jouer du mouvement et de ses apparences. Un geste se désarticule dans le déploiement impassible de ses phases. Sculptures réduites, aux dimensions des deux mains qui les approchent et des objets qui s’en rapprochent, elles allient des transparences métalliques à des légèretés d’envol, et décomposent en tablettes (sur leurs tranches la lumière éparpille ses effets) des élans retenus. (A.B.)

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Pol Bury © Le Daily-Bul - Sabam Belgium 2011.


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Pol Bury, Ramollissements, Minuit 25 centimes, Daily-Bul 11, 1957.


Chemin faisant... L’exposition propose six cheminements pluriels à travers les collections constituées au Centre de la Gravure durant près de trois décennies. Quittant la route de l’histoire de l’art, elle tente de remédier à l’impossibilité d’une présentation exhaustive par une approche axée sur diverses orientations complémentaires aussi représentatives que possible des sensibilités graphiques de notre temps. Elle se veut dès lors subjective, parfois ludique, engagée ou réductrice mais certainement jubilatoire.

© Photo Gilles De Angelis

Centre de la Gravure et de l’Image imprimée 10, rue des Amours / 7100 La Louvière. +32 (0)64 278727 / www.centredelagravure.be À 40 minutes de Bruxelles, le Centre de la Gravure est un lieu multiple de rencontre, de création et de recherche dédié à l’estampe contemporaine. Son étonnante collection de 11.000 œuvres de 1340 artistes belges et étrangers témoigne de la richesse de l’art moderne et contemporain depuis la seconde moitié du XXe siècle. Un centre de documentation, un atelier de gravure, une salle de conférence et de projection permettent à tous les publics d’accéder aux différentes facettes de l’art imprimé. Le service éducatif développe différentes activités adaptées : visites guidées, ateliers de gravure, mallettes pédagogiques, stages pour adultes et enfants, animations extérieures et actions éducatives de longue durée. Ce musée vivant et mouvant fut créé en 1984. Installé rue des Amours en 1988, il a été totalement rénové et agrandi en 2010. En effet, si ses espaces d’exposition présentent une ampleur exceptionnelle, le Centre ne disposait pas de lieux de conservation adéquats. Le premier objectif des travaux fut donc d’aménager des salles conçues pour abriter les collections selon les conditions optimales de température et d’hygrométrie, ainsi que de résoudre d’épineux problèmes d’exiguïté liés à l’accroissement des fonds. Cet agrandissement permettra également au service éducatif de bénéficier d’espaces autonomes adaptés à ses multiples activités. Les salles d’expositions sont désormais dotées de nouveaux systèmes d’éclairage et de climatisation conformes aux normes mondialement recommandées. Le Centre dispose en outre d’un atelier technique idéalement équipé pour réaliser ses propres scénographies et encadrements sur mesure.

Qu’ils soient de ronde ou de croix, la sagesse populaire voudrait que tous les chemins mènent à Rome. Il conviendrait donc de sortir des sentiers battus, d’en emprunter des droits, des creux, des tortueux, des détournés, d’aller, peut-être, à la dérive mais de ne pas y aller par quatre chemins… Ce parcours gravé, qui déambule à travers diverses thématiques, n’en reste pas moins un réquisitoire destiné à mettre en valeur les spécificités de l’estampe. Le monde de l’art imprimé est plus que jamais marqué par un caractère expérimental et combinatoire. Bon nombre d’artistes viennent à ce medium pour en explorer les multiples possibilités et élargir ainsi leur champ d’expression. La grande variété des procédés utilisés, allant des moyens les plus traditionnels aux plus novateurs, va de paire avec la mise au point de formules inédites, bien souvent finalisées au sein d’ateliers dans lesquels les imprimeurs jouent un rôle primordial. Si matrice, support et impression font l’objet de multiples investigations, les questionnements

sur le rôle de l’image font également partie des nouveaux champs exploratoires de l’estampe contemporaine. Dominique Durinckx Gestionnaire de la collection, documentaliste-bibliothécaire au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée

« On choisit un chemin et non les choses à voir puisque c’est lui qui vous mène (ou ne vous mène pas) vers l’insipide ou le merveilleux. Ce faisant, on éprouve malgré tout le sentiment non d’un désir perpétuellement inassouvi (celui de toutes les choses qu’on pourrait voir sur les autres chemins) mais au contraire d’une sorte de plénitude, d’une nécessité à la fois inéluctable et nourricière puisqu’elle seule constitue pendant des jours, des semaines ou des mois, au fil de votre route, le fil même de votre vie. » Jacques Lacarrière, in Chemin faisant. Mille kilomètres à pied à travers la France, 1977

« La gravure est pour moi un moyen d’expression majeur… Elle a été un moyen de libération, d’élargissement, de découverte. Même si, au début, j’ai été prisonnier de ses contraintes, de sa cuisine, des outils et des recettes trop dépendants de la tradition. Il fallait y résister, les déborder, et alors un immense champ de possibilités s’offrait au regard et à la main. » Joan Miró, in Miró graveur par Jacques Dupin, 1984

Liste des artistes Pierre Alechinsky [Belgique, 1927], Georg Baselitz [Allemagne, 1938], Christiane Baumgartner [Allemagne, 1967], Gabriel Belgeonne [Belgique, 1935], Carole Benzaken [France, 1964], Jean-Charles Blais [France, 1956], Annick Blavier [Belgique, 1951], Louise Bourgeois [Etats-Unis, 1911-2010], Marcel Broodthaers [Belgique, 1924-1976], James Brown [Etats-Unis, 1951], Pierre Buraglio [France, 1939], Balthasar Burkhard [Suisse, 1944-2010], Pol BURY [Belgique, 1922-2005], Eduardo Chillida [Espagne, 1924-2002], Claude Closky [France, 1963], Kikie Crevecoeur [Belgique, 1960], Peter CUNLIFFE [Grande-Bretagne, 1948-2008], Michel DEGAND [France, 1934], Jim Dine [Etats-Unis, 1935], Jean Dubuffet [France, 1901-1985], Lise DUCLAUX [France, 1970], Michel Francois [Belgique, 1956], Donald Judd [Etats-Unis, 1928-1994], Paco Knoller [Allemagne, 1950], Barbara KRUGER [Etats-Unis, 1945], Thierry Lenoir [Belgique, 1960], Sol LeWitt [Etats-Unis, 1928-2007], Takesada Matsutani [Japon, 1937], Roberto MATTA [Chili, 1911-2002], Joan MirO [Espagne, 1893-1983], Muriel Moreau [France, 1975], FranCois Morellet [France, 1926], Robert Motherwell [Etats-Unis, 1915-1991], Zoran Music [Italie, 1909-2005], Mimmo Paladino [Italie, 1948], Pablo Picasso [Espagne, 1881-1973], Francoise Roy [France, 1956], Jean-Pierre Scouflaire [Belgique, 1954], Sean Scully [Etats-Unis, 1945], Richard Serra [Etats-Unis, 1939], JosE Maria Sicilia [Espagne, 1954], Kiki Smith [Etats-Unis, 1954], Nancy Spero [Etats-Unis, 1926-2009], Antoni TApies [Espagne, 1923], Jean-Michel VAILLANT [France, 1961], Bram VAN Velde [Pays-Bas, 1895-1980], Philippe VANDENBERG [Belgique, 1952-2009], Dirk VANDER EECKEN [Belgique, 1954], Catherine VIOLLET [France, 1953], Els VOS [Belgique, 1963], Marthe WEry [Belgique, 1930-2005], Thierry WESEL [Belgique, 1959], Sarah WIAME [France, 1949]. 22


Tel un coureur de fond L’artiste se plaît parfois à dompter rythmes et espaces. Par nature, l’estampe se prête au nombre, à la série, à la séquence. Résultat d’une pulsion émotionnelle ou d’une démarche plus intériorisée et rigoriste, l’impression se décline sur un mode lyrique ou en termes de mouvance construite à l’aide des moyens qui lui sont propres. Dans cet univers de déclinaisons, chaque œuvre existe à la fois pour elle-même et comme fragment d’un processus infiniment recommencé. Cette approche sérielle entraine certains artistes à produire un art environnemental par un déploiement dans l’espace des différentes pièces d’une série. Parfois même, l’image répétée s’échappe des contraintes du cadre pour conquérir le mur dans une dynamique libératrice.

Sur la piste du sémiologue Depuis la nuit des temps, au fil de toutes les civilisations du monde, l’humanité a instinctivement désiré s’exprimer par l’empreinte et le signe. Traces de mains, hiéroglyphes, sceaux chinois et autres icônes ne sont jamais une fin en soi, mais toujours un moyen de communication. Traduire une émotion reste une des aspirations essentielles de certains artistes contemporains à travers un art parfois plus poétique et évocateur que déclaratif. Les signes qu’ils nous livrent oscillent entre écriture et forme, se rapprochant du geste plutôt que du mot pour entrer en dialogue avec le spectateur. Pour ces plasticiens, l’art quitte le monde du réel pour revêtir une fonction symbolique voire initiatique. Icônes et glyphes s’y côtoient dans une volonté de rejoindre un langage universel.

Peter CUNLIFFE, Cannon # 3, 2004, gravure sur bois, A/P III/IV, (164,5 x 95 cm). Collection du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée.

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Gabriel BELGEONNE, Tau, 1991, lithographie, 7/10 (122,5 x 79,8 cm). Collection du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée.


Sur les traces du géographe A la manière du géographe, l’artiste traduit son rapport au monde en collectant et en répertoriant sur le papier les traces minérales, végétales ou organiques de notre planète Terre. Entre révélation et effacement, le registre des inventaires est innombrable. Pour les uns, l’enjeu de la collecte vise à détailler minutieusement certaines des multiples beautés du paysage. Pour d’autres, il s’agit de fixer des impressions éphémères vécues au rythme des jours et des saisons. Par le biais de témoignages photographiques ou graphiques, l’artiste se concentre parfois sur les seules vibrations du monde et tente de traduire les sensations ou émotions ressenties. Poursuivant le vieux rêve de composer avec patience « atlas, herbiers et rituels » dans l’esprit de Mallarmé, il s’approprie un territoire d’autant plus saisissant qu’il est le sien propre et restitue les images mentales venues du tréfonds de sa mémoire.

Thierry LENOIR , Les navetteurs - Les dormeuses, 2006, gravure sur bois, 1/20 (50 x 66 cm). Collection du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée.

Histoires très personnelles Lorsque l’artiste fait appel à sa mémoire individuelle, les images qu’il propose deviennent autant de morceaux choisis au fil de son parcours personnel à la façon d’un journal intime. Cette aspiration à être reconnu dans son identité, cette volonté de réunir vie privée et regard d’autrui, passent, pour bon nombre de créateurs, par les voies du livre et de son caractère confidentiel autant que par l’estampe, dont certaines techniques expriment à merveille les mystères psychiques.

James BROWN, Sponge, Seaweed & Coral, 2002-2003, suite de 13 bois et lithos, 19/25, 13 x (57 x 38 cm). Collection du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée.

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Dans les pas de l’historien Dans les pas de l’historien, l’artiste charge l’image de témoigner de ses sentiments voire de son indignation face à des événements collectifs qui ont investi ou dépassé son propre vécu. Son regard se veut conscience ; son rôle est de révéler pour mieux dénoncer. Grâce à l’imprimé et à son pouvoir de diffusion, il donne à son engagement politique et social une valeur de manifeste poursuivant ainsi une tradition qui remonte aux origines mêmes de la gravure, à l’époque où Hieronymus Bosch, Pierre Breughel et Lucas Cranach utilisaient ce médium pour dénoncer les injustices religieuses ou les abus de pouvoir. Narratives ou suggestives, ces estampes visent à fixer un temps suspendu et à préserver une mémoire en regard des chaos de l’histoire.

Sarah WIAME, Documents de douane / Zollpapiere, 1999, avec des textes d’Alain Lance, livre imprimé en sérigraphie, 93/100 (28,5 x 19,8 cm). Collection Centre de la Gravure et de l’Image imprimée

Thierry WESEL , Palladium I, 1994, sérigraphie, 3/7 (110 x 73 cm). Collection Centre de la Gravure et de l’Image imprimée.

Sur la route du drugstore Dès le début des années 60, le Pop’art fait entrer l’objet de consommation courante au musée. Les célèbres boîtes de conserve Campbell’s Soup immortalisées sur la toile par Andy Warhol ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres. Le processus opposé, grâce au multiple, a permis l’investissement du champ commercial par une diffusion massive de l’art. Œuvres sur papier destinées à être emportées par les visiteurs, images monumentales placardées en milieu urbain, réappropriation par l’imprimé des produits de consommation, autant de nouvelles méthodes destinées à injecter la création dans la vie quotidienne. A l’inverse, pour d’autres créateurs, la société de consommation devient la cible d’une critique du système en dénonçant les pratiques occidentales inféodées à l’argent . 25


Derivations ceramique autour de l’atelier céramique de La Cambre Exposition proposée par Keramis - Centre de la Céramique

Château Gilson rue de Bouvy 11 / 7100 La Louvière Construit en 1912, le château Gilson est une belle construction classique, simple et régulière, sans surcharge décorative, qui repose sur le fond de verdure d’un parc accessible depuis les rues de Belle-Vue et de Bouvy en plein centre de La Louvière. Sur sa terrasse avant, une fontaine de Pol Bury nargue le visiteur. L’édifice porte le nom d’Augustin Gilson (1848-1921), qui a été bourgmestre de La Louvière de 1891 à 1895. Grand industriel (Usines Gilson et Ateliers du Thiriau), il était également un des promoteurs de la société La Prévoyance qui a favorisé la construction d’habitations ouvrières. En 1957, la Ville de La Louvière transforme la propriété en musée communal, qui accueillera une importante collection de peintures et de sculptures acquises par la Ville. Ensuite, le rezde-chaussée du bâtiment abritera successivement la Médiathèque de la Communauté française, la Maison du Tourisme, les bureaux du PACO et finalement, les Ateliers la tête en l’air (centre d’expression et de créativité du Centre culturel régional du Centre) et un espace voué à l’art contemporain.

L’Ecole nationale supérieur des arts décoratifs fut fondée à Bruxelles en 1927. C’est l’architecte Henry Van de Velde, théoricien majeur du Mouvement moderne, qui fut à l’initiative de ce qui révolutionna l’enseignement artistique en Belgique. A l’ouverture de La Cambre, ce dernier confia le cours de céramique à Eugène Paulus (de 1928 à 1930)1, le frère du peintre hennuyer Pierre Paulus. Plusieurs professeurs s’y sont succédés depuis : Hubert Helman (de 1931 à 1939), Robert Hasmeier (de 1941à 1944), John Salt (de 1939 à 1949), Pierre Caille (de 1949 à 1976), Maurice Joly (de 1976 à 2006). Dès son ouverture, cet atelier de céramique est apparu comme un lieu à la pointe des tendances contemporaines. Avec la céramiste suisse Caroline Andrin, qui, au sein de l’actuelle La Cambre - ENSAV (Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels), dirige cet atelier depuis 2006, c’est une céramique prospective qui est promotionnée. Autour d’elle, quatre céramistes à « l’écart des normes » ont été réunis à La Louvière : Manon Clouzeau, Laurence Moyens, Hugo Meert et Coline Rosoux. Caroline Andrin (née en 1972) a été formée par Philippe Barde dans l’atelier de céramique de l’Ecole Supérieure d’Arts Appliqués de Genève (aujourd’hui HEAD pour Haute Ecole d’Art et de Design). Spécialiste de la porcelaine coulée comme son maître, Caroline Andrin explore l’univers textural des objets du quotidien pour les traduire dans la porcelaine. Ses œuvres vont plus loin que le simple emprunt ou la transposition, elles instaurent un lien entre l’universel et l’intime. Un couvrechef en laine et un bonnet de bain en silicone se métamorphosent en bols. La moitié d’un tube en carton devient vase. Grâce au retrait de la porcelaine durant la cuisson, l’autre moitié conservée sert d’étui protecteur au précieux matériau. Caroline Andrin possède des œuvres dans quelques musées importants comme l’Ariana de Genève, la MUDAC de Lausanne ou le Musée Magnelli de Vallauris. Conférencier à La Cambre, Hugo Meert (né en 1964) est un créateur loufoque. Il explore les frontières entre art et design, entre le beau et le laid, entre l’utile et l’inutile avec un humour grinçant. Il questionne avec rudesse les principes fondamentaux et les stéréotypes liés aux matériaux qu’il utilise ainsi que la condition humaine. L’idée de fragilité est contenue dans Terrarist, un vase mutilé par une figurine assaillante. Le plat Afrikashox, dont la forme reprend la géographie du continent africain, rappelle l’indifférence occidentale face à la famine. Fuite, mégaphone en porcelaine inspire le silence. Enfin, Fuck T est une théière qui clame, par sa forme provocatrice, non seulement sa totale indifférence à l’histoire du thé mais aussi l’hypocrisie humaine.

Diplômée de La Cambre en 2007, Laurence Moyens (1983) réalise des sculptures et des installations autour de la perception stéréotypée que nous avons de l’art de la table au XVIIIe siècle. Elle pose des formes sexuées sur de fausses consoles, renvoyant à un imaginaire reconnaissable sans le représenter frontalement. Matières et empruntes textiles ne laissent aucun doute quant au sens de son œuvre. Laurence Moyens enseigne la céramique dans un atelier de réadaptation psychosociale (L’Equipe). Toujours étudiante en sculpture à la Cambre (Professeur Johan Muyle) Manon Clouzeau (1988) a été diplômée en céramique en 2010 après une année d’Erasmus à Genève (HEAD). Dans le cadre d’un réseau interuniversitaire (ECART), elle a créé trois modèles de tasses « organiques » en porcelaine dont les formes dérivent directement d’intervention sur le moule en plâtre. A La Louvière, elle travaille sur la présence physique d’éléments disparus, le dialogue entre des matériaux (lait, pierre artificielle, plâtre, etc.) dont la blancheur est évocatrice de multiples réalités. Après avoir fréquenté l’Ecole d’Arts appliqués Pivauts à Nantes (2002-2003) et l’Ecole supérieure des Beaux-Arts d’Angers (2003-2008), Coline Rosoux (1984) a prolongé ses études à La Cambre en 2010. Elle n’a pas attendu d’être diplômée pour se faire remarquer. En 2008, elle exposait avec humour La pipe à la Biennale internationale de Vallauris. Récemment, Sèvres Cité de la Céramique a accueilli durant six mois l’installation qu’elle montre cette fois à La Louvière. Sa figuration complexe nous invite dans un monde fantastique, onirique et débridé, peuplé de monstres joyeux tout droit sortis de légendes universelles qu’elle reprend et détourne librement. Religion et folklore, doublés d’un regard touchant sur le monde, sont les principales composantes de son œuvre d’une écriture si singulière. Ces cinq artistes nous montrent combien la céramique est aujourd’hui éloignée de l’idée que l’on pouvait encore s’en faire à l’aube des années 1990. C’est un medium en dérivation ou en glissement vers l’horizon commun des arts dits contemporains. Ludovic Recchia 1 R-L. Delevoy, M. Culot, A. van Loo, La Cambre 1928-1978, Bruxelles, Éditions des Archives d’Architecture Moderne, 1979.

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Laurence Moyens Née en 1983 à Bruxelles laurencemoyens@hotmail.com

Hugo Meert Né à Alost en 1964 hugo.meert@gmail.com www.hugomeert.be

Throwing Sculptures, 2011. Photo Dominique Demaseure.

Les chars nichons, 24 x 16 x 18 cm.

Coline Rosoux

Caroline ANDRIN Vit et travaille à Bruxelles candrin@bluemail.ch http://carolineandrin.com

Née à Fontenay le Comte (F) en 1984 colinerosoux@voila.fr

Manon CLOUZEAU Née à Angoulème (F) en 1988 manon.clouzeau@hotmail

Au fond de la piscine, porcelaine coulée dans un bonnet de bain, 16 x 19 cm, 2009. Photo Ivan Citelli.

Mince éclat de nuage, II Rituel, 2011, porcelaine, béton cellulaire, cire, sel, lait, pigment bleu, 60x18x30cm, détail. Photo Paul Smith. 27

L’Assaut, installation, 120 x 120 cm, grès émaillé, assemblage bois, roues de mobillette, kart, 2010.


Thomas Laureyssens Né à Anvers en 1976 varkensmarkt 18 C10 1000 Bruxelles t@toyfoo.com http://www.thomaslaureyssens.be

A la surface Les racines de Bois-du-Luc

Ecomusée du Bois-du-Luc / Ancien site minier rue Saint-Patrice 2b / 7110 La Louvière (Houdeng-Aimeries) + 32 (0)64 282000 / www.boisduluc.com Situé à 60 km de Bruxelles et à 6 km de La Louvière, l’Ecomusée du Bois-du-Luc est implanté sur l’ancien site minier du Boisdu-Luc. Bois-du-Luc est l’un des témoignages industriels les mieux préservés en Europe. Vous pourrez découvrir, pas à pas, un charbonnage et le quotidien de ses travailleurs, du mineur au directeur. En face de la fosse Saint-Emmanuel, là où descandaient les mineurs à 558 mètres sous terre, se déploie un village, construit par et pour le travail. A l’origine du site minier : des mineurs et des bourgeois qui se rassemblent en 1685 pour résoudre les problèmes d’inondation des galeries de mines. De cette union, naît la Société des Charbonnages du Bois-du-Luc dont l’aventure s’arrêtera en 1973. Bois-du-Luc, c’est deux hectares de patrimoine. Derrière le mot « patrimoine » se cachent deux terrils, 166 maisons, un réseau de voies ferroviaires, des ateliers, un charbonnage complet, un hospice, une église, un hôpital, des écoles, une salle des fêtes, un ruisseau qui sillonne un parc au cœur duquel siège un kiosque, des granges, des écuries, des bureaux et surtout, une ambiance qui vous plonge directement dans l’univers d’un charbonnage. Il ne manque que le bruit.

Projet réalisé avec la participation de :

Bois-du-Luc, c’est une mémoire qui voyage du tangible à l’intangible. Dans sa dimension tangible, il suffit de parcourir le site avec sa cité ouvrière, ses nombreux équipements collectifs, sa fosse, ses ateliers, ses bureaux et son paysage façonné par l’activité minière, pour palper la longue histoire d’un charbonnage et les multiples destins de milliers d’Hommes qui y ont travaillé et vécu. Dans sa dimension intangible, la mémoire de Bois-du-Luc c’est celle, précisément, de tous ces travailleurs, extraits d’horizons proches ou lointains. C’est aussi celles de ceux qui y habitent et qui n’ont plus ou pas de liens avec le passé minier. Pour retrouver cette mémoire, Thomas Laureyssens s’est arrêté aux périphéries du site là où s’élèvent les terrils. Sur les pentes de ces collines artificielles, poussent, bon an mal an, des arbres aux racines chancelantes, s’agrippant difficilement au seuil terrestre. Des arbres déracinés, métaphore de la fragilité d’une mémoire qui flotte autour de Bois-du-Luc sans vraiment s’arrimer. En surface est une expérience participative, réunissant plusieurs générations d’habitants de Bois-du-Luc, qui met en relief les liens entre l’écosystème du territoire postindustriel et la situation sociale des habitants qui vivent au sein d’un lieu façonné par une mémoire qui leur échappe, inévitablement. Creuser la terre pour retrouver les racines ; appréhender l’ampleur des parties invisibles car enfouies sous terre ; extraire les fragments de racines ; retrouver, sous la poussière et la terre, l’épiderme de la racine sont les étapes d’une expérience collective ou opération d’archéologie, ici, mémorielle.

Angélique Lacassaigne : La racine qui nous unit (Papas et Mamans Solidaires), racine bleue. Jason Desmarez, Madison Desmarez : La joie de vivre, racine rose. Jeremie Desantoine, Ludivine Bascour : Les épices de l’Algérie, racine orange. Brigitte Clinckart, Antony Addis, Mattéo Addis, Charlyne Bernier, Victoria Ruelle : Les Maisons où on habite (La couleur de Bois-du-Luc), racine jaune douce. Raphael Bontemps, Jason Fernandez, Ricardo Fernandez, Enrique Fernandez, Perrine Bernier : Les cornes du Toro, racine rouge « cornes ». Stephanie Scapîni, Nathalie, Ophelie Addis : Un Italien contre du charbon, un ensemble de deux racines noir et rouge. Photographe pour Papas et Mamans Solidaires : Sandra Pot Coordination et support : Dominique Cobut

De dépôts de stériles, les terrils se muent ainsi en dépôts des archives mémorielles de Bois-du-Luc et de ses habitants. Les arbres déracinés sont recouverts d’un enduit, d’une peau, apte à être tatouée, apte à recueillir les fragments de la mémoire collective. Des arbres comme l’appui d’une mémoire réappropriée. Une vidéo documentaire gardera la mémoire de cette expérience participative à découvrir aussi via une carte où géographie physique et géographie mentale se confrontent, déterminant ainsi les contours d’une terra incognita.

Bois-du-Luc, c’est l’histoire (qui s’étire sur trois cents ans) des travailleurs venus de tous les horizons géographiques (wallons, flamands, italiens, turcs, polonais, marocains).

Karima Haoudy, Conservatrice

Au carrefour de ces patrimoines : l’Ecomusée du Bois-du-Luc. Installé depuis 1983 dans l’ancien charbonnage, l’Ecomusée se penche sur la sauvegarde et la transmission de la mémoire industrielle en explorant notamment d’autres formes d’expressions comme l’art contemporain, la littérature, etc. Le site minier du Bois-du-Luc est aujourd’hui classé au Patrimoine Exceptionnel de Wallonie. Il est candidat avec Le Grand-Hornu, Le Bois du Cazier et Blegny-Mine au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

En collaboration avec L’iselp. 28


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Pierre Larauza Né à Dax (F) en 1976 Rue d’Edimbourg, 16 / 1050 Bruxelles pierre@transitscape.net www.pierrelarauza.net www.transitscape.net

8,95 M Création plastique et sonore 8,95m est une création in situ conçue spécialement par Pierre Larauza pour l’immense salle des contrepoids de l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu. Pierre est architecte et plasticien, connu également pour ses créations en arts vivants avec le collectif pluridisciplinaire t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e. Une reproduction architecturale à l’échelle 1 du record du monde de saut en longueur donne son titre à cette oeuvre multiple et crée une sorte d’allégorie de la démesure. L’installation à la fois humorisitique et documentaire met en relation l’immensité du lieu avec la distance -invraisemblable- du saut (record toujours détenu depuis 1991 par Mike Powell avec un saut à 8,95 mètres). Ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu rue Raymond Cordier 50 / 7070 Le Roeulx www.strepy-thieu.be

La reproduction architecturale joue sur la matière mais respecte à l’identique les différentes étapes du saut et la trace laissée dans la zone de chute par Mike Powell à Tokyo en 1991. Un dialogue poétique s’opère ainsi entre différents dispositifs plastiques et l’architecture hors normes de l’ascenseur à travers un traitement spatialisé des sons émanant de la machinerie des contrepoids et un jeu subtil de lumières. Le spectateur, par sa déambulation dans ce lieu impressionnant, se confronte ainsi à une expérience à la fois visuelle et sonore.

Coproduction : Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut ASBL, Centre culturel régional du Centre Biennale Artour, Transcutures/City Sonic. En collaboration avec Les Voies d’Eau du Hainaut ASBL et le SPW.

Situé à la limite territoriale entre La Louvière (StrépyBracquegnies) et Le Roeulx (Thieu), l’ascenseur doit sa dénomination à la contraction du nom des entités concernées : Strépy et Thieu. L’ouvrage appartient au canal du Centre qui s’étend entre Mons et Seneffe, sur une longueur de 27 km. Les travaux de modernisation du canal du Centre font suite à une loi dite des 1.350 tonnes programmant la mise à grand gabarit des principales voies navigables du pays. Le nouvel ouvrage remplace deux écluses et quatre ascenseurs hydrauliques à 300 tonnes, il permet de franchir une dénivellation de 73 mètres. Au sein du réseau belge, le canal du Centre et son ascenseur permettent de franchir la crête de partage entre les bassins de l’Escaut et de la Meuse. Il est un maillon important de la dorsale wallonne. Le canal du Centre s’intègre dans les voies navigables d’intérêt européen en figurant sur l’axe transnational nord-sud, dans le delta industriel Escaut-Meuse-Rhin. Dans l’avenir, le transport par voie d’eau est appelé à jouer un rôle croissant, car il offre, en matière de mobilité, de nombreux avantages : amélioration de la sécurité, respect de l’environnement, allègement du trafic routier. In L’ascenseur à bateaux de Strépy-Thieu, Coll. Ouvrages d’Art, Ministère wallon de l’Equipement et des Transports. Plaquette n°8.

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Ephameron Née en 1979 Vit et travaille à Anvers www.ephameron.com

Hall d’accueil de l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu et péniches Ville de La Louvière et Scaldis.

Le travail d’Ephameron est imprégné d’une grande sensibilité : avec des images et des textes simples, l’artiste tente de recréer les sentiments que l’on éprouve au quotidien, de capter, avec son art, les moments simples de la vie. Les mains, les oiseaux et les jeunes filles qui constituent ses thèmes récurrents vivent dans un monde imaginaire, constitué d’émotions, de fonds diaphanes, et de dessins ponctués de ruban adhésif, qui conservent toujours l’aspect inachevé d’un croquis. Ses dessins, collages, peintures digitales, photographies, reflètent les aspects éphémères et triviaux de la vie quotidienne. Ephameron travaille en free lance comme illustratrice, graphiste, web designer, photographe et artiste peintre. Elle a déjà collaboré avec entre autres Weekend Knack, Focus Le Vif, De Standaard, Modart, The Bulletin, Flanders Today, Averbode, Bries,...

Elle participe très régulièrement à des expositions de groupe en Belgique et ailleurs (France, Italie, Pays-Bas, Allemagne, USA, Australie, Chine, Afrique du Sud, etc.), et présente aussi plusieurs expositions personnelles par an. Elle utilise ce qui lui reste de temps libre pour organiser elle-même des expositions, des salons de livres small press et des publications fanzine. Son premier livre, Love/Pain, publié en avril 2006 par les éditions Bries (Anvers), rassemble tous ses travaux d’illustration, de peinture et de photographie, réalisés entre 2000 et 2006, suivi par un second livre, Found+Lost, toujours chez Bries en 2009. Pour la biennale ARTour 2011, Ephameron, en se référant au transport fluvial, a choisi de traiter le thème de la fluidité. Elle imagine les vitres sur lesquelles elle intervient, dans le hall d’accueil de l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu et sur les bateaux touristiques de la Province de Hainaut, comme les parois d’un immense aquarium et son monde se peuple d’innombrables bancs de poissons… Comme si le ciel se trouvait de l’autre côté du miroir d’eau.

En collaboration avec L’iselp et la Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut ASBL.

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PElerivage D'une rive, l'autre Tribunes de la Collégiale de Soignies

D'une rive

Collégiale Saint-Vincent Grand’Place / 7060 Soignies www.collegiale-soignies.be Commencé au début du XIe siècle, ce monument est l’expression la plus ancienne du courant roman qui s’est développé dans la partie occidentale de l’actuelle Belgique (aire tournaisienne), sous l’influence de l’architecture du Nord de la France et de la Normandie. Son envergure s’explique par le fait qu’il s’agissait d’un lieu de pèlerinage à saint Vincent, un noble mérovingien du VIIe siècle converti à la vie religieuse, et de l’église d’une importante communauté de chanoines, qui a exercé des droits seigneuriaux sur la cité sonégienne jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. L’édifice en moellons bruts n’a pas été remis en question ni dans sa disposition ni dans ses volumes depuis mille ans. L’essentiel de sa charpente remonte d’ailleurs toujours à l’époque romane. Seules quelques chapelles ou la sacristie se sont ajoutées à la croix latine initiale au cours des siècles. La décoration a, quant à elle, été largement refaite au XVIIe siècle dans les styles Renaissance (jubé, tourelle eucharistique) et baroque (stalles, lambris sculptés avec bancs, chaire de vérité, autels), offrant une riche parure à une architecture qui tient toute sa force de sa sobriété. Parmi les œuvres d’art les plus précieuses figurent une émouvante Mise au Tombeau du milieu du XVe siècle et une très belle Vierge allaitant l’Enfant du XIVe siècle.

Se déplacer, voyager, pérégriner, péleriner, aller voir ailleurs... Serait surtout un moyen de savoir d’où on vient. Par vœu, par obligation, pour fuir une réalité ou par curiosité ; par la médiation d’un objet, d’une image ou d’un geste ; seul ou en communauté ; l’homme se met en route. De Délos à Jérusalem, de la Mecque à Lourdes en passant par les rives du Gange, il s’engage sur ce qui sera un rituel itinérant de purification. Une carte, un GPS, un bâton à la main, il part pour les grands chemins mais aussi autour de l’église paroissiale ou sur un jeu de l’oie ; par le plus simple ou le plus tortueux des chemins, sur un tracé ou s’engage l’insatiable recherche de soi.

Umberto Bergamaschi Sylvain Cosijns Agnes Dewaele Jill GaliEni Jean-Paul Godart Jean-Marie Heyligen Simone Huby Genevieve Lafont Marc Bis Emilio-Lopez Menchero

Barque de Saint Julien Chêne sculpté, 40 x 42 x 20 cm, XV ème siècle.

L'autre Comment les « êtres différents » vivent-ils cette idée de voyage ? Hors ou dans le paysage, quelles sont les images de leur découverte intime ? Est-elle seulement concevable ? En nos régions, le fou, le simple d’esprit, l’hystérique, mais aussi le malade victime de migraines était confié le 8 juin à saint Médard qui protégeait par ailleurs des accidents lors des travaux de la ferme et des chutes de cheval. L’innocent incarne l’illusion de la pureté et mieux que l’homme savant peut déjouer la comédie humaine des pouvoirs. Sa « monstruosité » liée à une capacité supposée à filtrer le sacré n’est pas le fait du « mal ». Le simple serait habité par le vol de l’esprit favorable au voyage intérieur. Et son identité, réduite en miettes, nous renvoie à notre pesanteur tragique, toile de fond à l’existence humaine. J-P Denefve.

En collaboration avec la galerie Koma asbl, le musée du Chapitre de la Collégiale Saint-Vincent et arts)&(marges musée. 33


Emilo-Lopez Menchero, Pas perdus, 2 x 600 cm, 1996. Collections de la Communauté française.

Agnes De Waele, sans titre, pastel et feutre sur papier, 55x37 cm, coll. art&marges musée. 34


Geneviève Lafont, sans titre, pastel, crayons, gouache cirés sur papier, 73x55 cm, coll. art&marges musée.

Saint jacques intercède auprès de la Vierge, image pieuse anonyme, gravure 9 x14 cm, 18è siècle. 35


Cartographies subjectives Revenir au centre L’installation de Brigitte Desnault est conçue comme une métaphore du chemin que chacun doit parcourir avant de « revenir au centre », c’est-à-dire de trouver ce lieu serein et confortable, à l’intérieur de soi, parfois aussi à l’extérieur, qui permet de se ressourcer.

Brigitte Desnault Salle des Dominicains rue des Dominicains / 7090 Braine-le-Comte

Chaussée dAlsemberg, 143 1190 Forest desnaultbrigitte@yahoo.fr

Les trajets pour y arriver peuvent être très compliqués, très emmêlés; on peut parfois avoir l’impression d’être pris dans une toile d’araignée qui nous piège ou de se perdre dans des chemins de traverse qui nous éloignent de l’essentiel en nous faisant dévier de notre trajectoire. Mais l’effort consenti pour créer notre propre chemin à travers une géographie toute personnelle est récompensé par la découverte d’un espace réconfortant et apaisant. On peut alors s’y poser un temps, avant de repartir sur de nouveaux chemins, assuré d’avoir trouvé notre centre, et de pouvoir y revenir aussi souvent que nécessaire. En collaboration avec le Centre culturel de Braine-Le-Comte.

Le monastère des Dominicains de Braine-le-comte à été fondé en 1612 et l’église qui en fait partie en 1627. Des religieux Dominicains du couvent de Saint-Paul à Valenciennes vinrent s’établir à Braine-le-Comte en 1612. Le châtelain et les magistrats leurs donnèrent pour habitation une maison située prés de la porte de Mons et la générosité des fidèles les mit à même de faire les travaux d’appropriation et d’édifier une chapelle. Cette maison religieuse, qui forma d’abord un vicariat, fut érigée en couvent en 1627. Dés lors la nécessité d’agrandir les bâtiments claustraux et de construire une église se fit vivement sentir. Ce projet se réalisa en 1627. On bâtit un cloître spacieux et les bâtiments du couvent s’étendirent jusqu’aux remparts de la ville. On vit s’élever une grande et belle église que Mon Seigneur Van der Burch, archevêque de Cambrai, consacra. Les vicarlats de Tilly et de Brunehaut dépendaient de ce couvent (le vicarlat de Brunehaut était à Liberchies). Dés 1613, la liberté des pieux Brainois les avait mis à même d’aménager une petite chapelle. Leurs ressources s’étant accrues, ils songèrent à construire une église assez vaste pour recevoir les nombreux fidèles qui fréquentaient leurs offices. L’œuvre projetée fut entreprise en 1622 par le P. Nicolas de Petra, prieur de la maison récemment érigée en couvent. Les travaux furent achevés en 1627. Selon toute apparence, c’est d’après les plans du frère Dominicain Paul Colez (+1645) et sous sa direction que fut construit ce bel édifice. Le plan en est simple : il se compose d’un carré long terminé par une abside semi-circulaire, la longueur dans l’œuvre est de 48 mètres, la largeur de 9,50 mètres et la hauteur de la voûte sous clef de 13,50 mètres. La voûte est lambrissée et à plein cintre. Les claveaux qui la composent ainsi que les tringles sculptées qui dissimulent leurs lignes de jonction ont dû être autrefois enrichis de peintures et de sujets décoratifs. La façade qui subsiste intacte est admirable d’élégance et d’harmonie. Elle est à deux étages de fenêtres encadrées de gracieux piliers. Posées sur socles de pierre, quatre colonnes toscanes cannelées supportent un entablement situé à niveau du premier étage, entablement sur lequel prennent appui quatre pilastres corinthiens. Revenir au centre, dessin, projet pour la salle des Dominicains.


Jeroen Hollander

Sans titres, dessins, 30 x 20 cm.

Né à Anvers en 1976 Rue Artan, 4 / 1030 Schaerbeek www.jeroenhollander.eu Depuis plus de vingt ans, Jeroen Hollander nous emmène dans ses villes imaginaires. Regarder ses plans urbains, “c’est déjà un goût de voyage” comme le dit le slogan de la Société Nationale des Chemins de Fer Belges. Dans son univers, les villes ne sont pas un conglomérat de rues et de maisons, mais une structure organique complexe de dizaines, de centaines de lignes de tram, bus, train et métro. Ses œuvres expriment une fascination profonde pour les transports en commun et l’environnement où ils sont le plus présents, à savoir la ville. Pour réaliser ses plans, Jeroen trouve l’inspiration dans la réalité urbaine contemporaine. Pour lui, rien n’est plus amusant que voyager en Belgique ou à l’étranger en train, tram, métro et bus. Arrivé dans une ville, il se lance dans une étude approfondie des transports en commun locaux et collectionne les plans de réseau et les carnets horaires. Inutile de vous dire qu’au fil de toutes ces années de pérégrination, il en a réuni un nombre impressionnant. Ces dessins trahissent une approche systématique et un système de notations mûrement réfléchis qui sublime le vécu de ce qui, de prime à bord, paraît être un pur jeu de lignes de différentes couleurs. Aussi envahissante soit-elle, cette structure obéit en fait à une hiérarchie établie en fonction du type de transport. Les lignes de chemin de fer, souvent représentées par des lignes noires, sont les premières à sauter aux yeux par leur nombre restreint. Viennent ensuite les lignes de métro, qui sont plus appuyées que celles de trams et de bus. Si sur la plupart de ses dessins figurent aussi des rivières, des lacs et des mers, c’est parce que, d’après lui, ils forment un sérieux obstacle à l’organisation du trafic et des transports en commun. Certains sont en outre émaillés d’éléments que l’on trouve également sur de “vrais” plans urbains, comme des ferry-boats, des routes et des parcs. 37

Jeroen Hollander travaille avec des moyens simples, ses outils se résumant à des feutres, des crayons et du papier, généralement de format A4. Au début de sa carrière, il dessinait même principalement au dos de feuilles de papier pour imprimante déjà utilisées mais depuis quelques années il expérimente des formats plus grands. Sa griffe réside dans l’alchimie de sa palette gaie et chatoyante. Un autre signe distinctif est que dans ses œuvres graphiques, rien n’est droit ! On n’y trouve que lignes courbes et formes arrondies qui concourent à leur esthétisme. En spectateur, on se demande parfois à la vue des œuvres d’un artiste expressif comme lui, si elles sont vraiment aussi spontanées qu’elles le paraissent et s’il y a lieu d’y chercher un sens plus profond. Tout dessin peut receler une symbolique plus ou moins complexe ou un double fond. La carte de nouvel an sur laquelle il a tracé des lignes et noté des lignes qui renvoyaient à l’année écoulée et à celle à venir, en est un bel exemple. Une autre question s’impose : Que signifient ces lignes ou trajets ? Elles ont tout à voir avec sa quête du transport en commun idéal. Jusqu’où une ligne peut-elle vous conduire ? Où doit-elle s’arrêter ? Comment voyager confortablement ? Cette problématique qui occupe son esprit au quotidien, il la consigne dans ses dessins et la montre au grand public. Jeroen Hollander n’est donc pas uniquement à la recherche d’une reconnaissance artistique. Il veut aussi contribuer au débat sur la qualité des transports en commun et leur accessibilité à tout un chacun. Arbo Dench


Samuel Coisne Né à Douai (F) en 1980 Avenue de la Jonction, 27 1060 Bruxelles samcoisne@hotmail.com www.samuelcoisne.com Le travail de Samuel Coisne évoque la ville sur fond de violence/fragilité. En passant d’un matériau à l’autre, il tente de livrer une vision tantôt décalée, tantôt poétique sur les structures urbaines qui nous entourent. Ainsi on pourra par exemple découvrir des vitres percutées telles des broderies étoilées, des toiles d’araignées retraçant la cartographie de nos villes, ou encore des cartes en dentelle, réseau de fils qui se croisent et s’entrecroisent, qui ne sont pas sans rappeler ce fil sur lequel nous dansons sans cesse. L’équilibre est précaire. Tout se tient encore mais pour combien de temps ? Dans les travaux qu’il présente à l’ancienne église des Dominicains, c’est justement de ça qu’il est question. En ne gardant que les routes, il met en évidence toute la fragilité de notre réseau et, pour ainsi dire, de notre manière de vivre. Dans ses mains, la ville semble se transformer en dentelle fine. Dans un contexte politique plus que fragile, aussi bien en Belgique que dans le reste de l’Europe (et bien plus encore, au vu des événements actuels…), ces œuvres trouveront facilement écho. Dans le même registre, l’artiste présente une série de vitraux schématisant des plans de ville, ainsi qu’une installation composée de 100 briques. Matériau lourd et rigide auquel Samuel Coisne donne une finesse en présentant un mur, ou plutôt un tas de briques posées de manière à faire apparaître les trous présents sur chacune d’elles. Dans chaque trou, un carré de couleur qui laisse transparaître la lumière tel un vitrail. Le mur perd alors sa fonction de séparation pour devenir un élément à part entière, une espèce de dentelle urbaine.

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Sans titre ( Belgique), tissu découpé, détail.

Sans titre ( Belgique), tissu découpé, 70 x 60 cm.


Musée Gallo-Romain 14, chaussée Romaine 7131 Waudrez (Binche) Situé à une journée de marche de Bavay, Vodgoriacum (Waudrez) était autrefois la première étape obligée sur la Chaussée romaine qui allait de Bavay à Cologne. Relais postal pour les courriers impériaux, gîtes pour les légionnaires qui rejoignaient leur cantonnement et les commerçants qui pouvaient y écouler les marchandises ramenées de Rome et de la péninsule ou y acheter les produits de l’industrie locale, cet ancien bourg nervien devint assez vite un vicus (une agglomération d’une certaine importance). Les fouilles entreprises ont permis de mettre à jour plusieurs vestiges de constructions (puits, cave) et toute une collection d’objets intéressants (outils en fer et en bronze, pièces de monnaies, fibules, céramique sigillée, etc.). Toutes ces découvertes sont exposées au Musée Gallo-Romain, situé au cœur du vicus, et géré par l’asbl STATIO ROMANA.

Audrey Finet Née en 1977 à Arras (F) Rue de Marvis, 52 / 7500 Tournai audrey.finet@laposte.net

Le Centre d’Interprétation de la Chaussée Romaine, installé provisoirement dans une salle du musée, présente son exposition permanente consacrée aux chaussées romaines; un aperçu des grands thèmes qui seront développés ultérieurement. www.statioromana.org

Audrey Finet travaille sur un objet qui évoque l’enfance et qui est associé au déplacement. Elle crée des toupies à partir de matériaux récupérés sur un lieu, en rapport au territoire, et elle analyse leurs déplacements par différents moyens. Son œuvre traite de la mélancolie et du mouvement aléatoire en rapport à un territoire et les traces matérielles liées à son histoire. Une œuvre qui, à l’occasion de la biennale ARTour, est mise en rapport avec les objets trouvés sur le site lors des fouilles archéologiques et avec le tracé rectiligne de la voie romaine Bavay-Tongres sur laquelle Waudrez était une étape importante.

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En collaboration avec L’iselp.


JErOme ConsidErant Né en 1977 Rue du centenaire, 22 6030 Mont-sur-Marchienne mcmilleun@hotmail.com

Infographie, projets pour impression sur bâche.

Château fort rue de Seneffe 1 / 7191 Ecaussinnes-Lalaing + 32 (0)67 442490 / www.chateaufort-ecaussines.be L’éperon rocheux sur lequel le château fort est construit revêt une importance stratégique depuis l’Antiquité. Les premiers véritables seigneurs du lieu en portaient le nom : tels Wicart, Eustache ou Oste d’Ecaussinnes. En 1357, c’est le seigneur Simon de Lalaing qui, en épousant Jeanne d’Ecaussinnes, devint seigneur des lieux. Jean de Croÿ, chevalier de l’Ordre de la Toison d’or, devenu seigneur d’Ecaussinnes par son mariage (1428), entreprit des transformations, poursuivies par son fils Michel, qui donnèrent au château son aspect actuel. De 1624 à 1854, ce sont les Van der Burch qui se succèderont au château fort d’Ecaussinnes. Il sera ensuite vendu au Duc d’Arenberg, qui n’y habitera pas. En 1920, le chanoine Puissant, de Mons, le rachètera, le sauvant des ruines. En 1928, c’est le comte Adrien Van der Burch qui rachète le château de ses aïeux et achève de le restaurer. En 1948, il crée la fondation Van der Burch qui en est l’actuelle propriétaire. C’est lui également qui a rassemblé les riches collections de verres, de porcelaines et de grès d’art qui en font un musée, autour du thème « Industrie d’art du Hainaut ». Au nombre des multiples centres d’intérêts qui agrémentent la visite du château, mentionnons : salles meublées, grand salon, chambre à coucher, oratoire. Deux magnifiques cheminées du XVIe siècle, aux manteaux sculptés, dont l’une décore le grand salon, l’autre la salle d’armes. Collections de tableaux, sculptures, céramiques, verreries, porcelaines, meubles, armes.

Au départ d’une recherche graphique inspirée par l’étymologie du nom Ecaussinnes, qui viendrait du latin calcinae (four à chaux) ou de skalkinas, dérivé de skalka, serf en ancien germain, Jérôme Considérant propose de synthétiser l’histoire du château transcrite au moyen d’une signalétique actuelle et décalée. Avec une note d’humour, les néo-tapisseries créées pour l’occasion illustrent l’apparition du cerf/serf travaillant pour le château planant au dessus du cerf/ serf comme dans un songe, inaccessible et rêvé.

Le château en mouvement tenant dans ses bras une clef (évocation des accès sécurisés du château), un four à chaux (évocation des activités locales), la balance de la justice (le seigneur avait droit de basse, moyenne et haute justice sur ses terres) et une hache (présente dans les armoiries des Croÿ). Les enluminures reprennent aux quatre bords les fours à chaux, la justice, les chevaliers et les losanges et animaux ailés qui ornaient les blasons des Lalaing.



Trauma 1 Frederik Heyman utilise la photographie, le dessin, la vidéo pour créer des scènes irréelles et des histoires mises en scène à l’aide de matériaux simples. Pour ARTour, l’artiste propose une nouvelle scénographie qui s’intègre à l’architecture originale du Centre de l’Eau, une présentation en trois dimensions de photographies, œuvres vidéo, dessins et accessoires issus des nombreux projets qu’il a menés jusqu’à présent. Une installation dans laquelle se chevauchent des œuvres choisies dans les séries comme The Weather Project et The Rooftop Project sont associées pour créer quelques histoires complexes à démêler, reliées entre elles par la vision artistique générale et le langage propre à l’auteur. Centre de l’Eau rue du Canal 8 / 7180 Seneffe +32 (0)64 521789 (Office du Tourisme) Au centre de la zone habitée de Seneffe, dans les années nonante, le Ministère de l’Equipement et des Transports de la Région wallonne (M.E.T.) a restauré et agrandi la maison du pontier située le long de l’ancien canal Charleroi-Bruxelles à 300 tonnes. Il y a créé le Centre de l’Eau.

Frederik Heyman nous montre un monde où la fantaisie et la réalité dépendent l’une de l’autre. Il utilise des moyens simples pour emmener le spectateur dans une histoire à laquelle il peut adhérer, comme lorsqu’Alice tombe dans le terrier du lapin... Beauté, poésie et horreur sont les traces qu’il faut suivre à l’intérieur d’un esprit complexe, le travail de Frederik Heyman est souvent une réflexion sur la vie - personnelle et affective, parfois traumatisante.

Le processus de création peut être très long pour aboutir à l’œuvre. Dans un premier temps, une série de dessins préparatoires sont combinés pour composer la mise en place d’un décor théâtral minutieusement composé. La scène qui en résulte est le modèle de la photographie dont l’image identique, lorsqu’elle s’anime mystérieusement à l’aide de quelques artifices, devient le sujet d’une vidéo. Ce dialogue de genres engendre des connections et des interprétations nouvelles, une dérivation du sujet.

en collaboration avec Outlandish - platform for photography

Frederik Heyman Né en 1984, vit et travaille à Anvers www.frederikheyman.com frederikheyman@hotmail.com

En effet, Seneffe occupe une position centrale dans un ensemble d’ouvrages d’art d’intérêt régional, national et international grâce à leur conception technique d’avant-garde à l’époque de leur mise en service (le Plan Incliné de Ronquières, les quatre ascenseurs hydrauliques, aujourd’hui centenaires et classés patrimoine mondial et l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu). La Commune de Seneffe a récemment repris la gestion des lieux. Elle y présente, sur demande (Office du Tourisme : 064/52.17.89), une exposition relatant sous leurs aspects techniques, artistiques, culturels et historiques, les exploits des générations antérieures et les prouesses contemporaines en matière de franchissement des voies d’eau. Un spot particulier est orienté vers le « Baquet », « Sabot de Charleroi », « Tchabot », petite péniche ayant longtemps bénéficié du monopole de navigation car seule adaptée au gabarit des tunnels à bateaux, raretés mondiales par deux fois présentes sur le territoire de Seneffe. Le Centre de l’Eau, harmonieux croisement entre patrimoine architectural et architecture contemporaine, constitue un écrin peu commun pour toute exposition.

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Your Deconstructive Vision was Making me Nervous.

Suicidal Rooftop.


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Rapid Creek Dialogue.


Red Curves Bean Finneran vit près de San Francisco sur les berges d’un marais salant, en pleine nature. Cette précision est importante pour la compréhension de son œuvre. Celle-ci est pensée et conçue en permanence devant le spectacle immuable et pourtant à chaque instant si changeant de la nature. Bean Finneran, par son travail, nous révèle cette nature qu’elle aime. Mais il faut être clair, elle ne cherche pas à l’imiter. Ses œuvres sont volontairement abstraites. Ce que Bean Finneran nous donne à voir est une recomposition à partir d’éléments observés qui relèvent des principes fondamentaux de la vie et non de son aspect extérieur. La représentation de la nature au travers de paysages telle qu’elle est pratiquée par l’homme – depuis des siècles d’activité artistique – n’intéresse pas Bean Finneran.

Domaine du Musée Royal de Mariemont chaussée de Mariemont 100 / 7140 Morlanwelz + 32 (0) 64 21 21 93 www.musee-mariemont.be Qui pourrait deviner que passées les grilles monumentales de l’entrée du Domaine, vous pénétrez dans l’univers d’un collectionneur ?

L’observation privilégiée de la nature lui a permis, derrière l’apparent désordre du spectacle qu’offre la vie, de percevoir des forces et principes immuables. La matière vivante, organique, est une construction constituée d’éléments – toujours les mêmes – assemblés pour une durée plus ou moins limitée. Transposés symboliquement, ces derniers deviennent autant de signes réunis et organisés. Des signes formés d’une même entité de base : un colombin de terre auquel la cuisson donne une forme aléatoire, curviligne. Ces forces et principes inhérents à la nature, Bean Finneran les intègre dans son processus de création et les rend volontairement perceptibles dans l’œuvre finie par un apparent désordre dont se dégage malgré tout une impression d’équilibre.

Les essences rares et les statues vous conduisent tout naturellement à l’écrin conçu par Roger Bastin pour les richesses rassemblées par Raoul Warocqué. Amateur éclairé et éclectique, il promènera sa passion des livres rares à des œuvres représentatives des grandes civilisations d’Europe et d’Asie, ou du passé de sa région. Les collections rassemblées par Raoul Waroqué sont actuellement présentées dans un musée inauguré en 1975 et construit par l’architecte belge Roger Bastin. Son architecture, sobre, crée un climat propice à la contemplation. La qualité et l’éclectisme des œuvres présentées en font l’un des premiers musées de Wallonie. Ce sont, en effet, de véritables trésors que Raoul Waroqué a rassemblés au cours de sa vie, réunissant grâce à sa fortune colossale des oeuvres convoitées par les plus grands musées du monde. Aujourd’hui, le Musée royal de Mariemont, établissement scientifique de la Communauté française de Belgique, poursuit l’œuvre de son fondateur par l’étude et la mise en valeur, mais aussi l’enrichissement, des collections qui lui sont confiées.

Son expérience sensible de la nature, Bean Finneran souhaite la partager au travers des lieux que sont les galeries et les musées qui l’exposent. Des sites qui se trouvent en milieu urbain dans des espaces limités qui sont donc, par essence, à l’opposé des espaces ouverts et illimités de la nature où la présence humaine est forcément sporadique. Ce choix est calculé, stratégique même. Les éléments prélevés – mentalement – dans la nature y sont finalement simplement transposés. La céramique, les pigments utilisés et le temps de l’installation sont le véhicule des impressions sensorielles vécues par Bean Finneran (…). Son œuvre a quelque chose à voir avec le Land art dont elle se détache pourtant. Elle en retient les principes de base mais les détourne à sa convenance. Le recours à des matériaux bruts, à des gestes simples voire primitifs – l’accumulation –, enracine ses interventions dans une vision romantique de la vie proche de la nature.

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Red Ring in Chapelle de la Miséricorde, Biennale de Céramique de Vallauris, 2008.

Yves Peltier Curateur, spécialiste de la céramique d’art contemporain


Bean Finneran (USA) Née en 1947 à Cleveland www.beanfinneran.com Lorsqu’il s’est agi de présenter une œuvre qui questionne et détourne le lieu où elle se trouve, j’ai immédiatement songé à l’installation Red Curves de Bean Finneran. La démarche de cette artiste américaine, céramiste en l’occurrence, allait permettre une nouvelle transformation d’un espace intime dévolu à la céramique contemporaine au cœur du Musée royal de Mariemont. Bien que rattachée au Land Art, par son usage de couleurs non naturelles et irradiantes, Bean Finneran n’appartient pas réellement à ce courant artistique. On la sent plus proche des Color Fields d’un Mark Rothko ou des sculptures abstraites d’Ellsworth Kelly ou d’Anish Kapoor. Il y a quelque chose d’universel dans sa manière d’allier formes, matières et couleurs pour questionner le lieu. Le passage du naturel vers l’artificiel, de l’infini vers le limité, questionne notre faculté à ressentir l’espace. L’architecture de Mariemont est faite de béton, de bois et de pierre bleue. Elle est posée sur un site naturel exceptionnel qui le traverse et qu’elle interroge. L’œuvre de Bean Finneran se fonde sur la mise en espace de milliers de tiges courbes en céramiques (curve) pour retrouver ce même type de contrepoint. L’attitude minimaliste vis-à-vis du matériau est singulière et authentique, preuve d’une connaissance intime de celui-ci comme medium. A chaque installation, l’œuvre s’adapte au lieu en le transformant. Cette expérience est en quelque sorte une dérivation. Ludovic Recchia Musée royal de Mariemont / Keramis Centre de la Céramique de la Communauté française

Yellow Ring, Yellow Cone, Red Dome. Gail Severn Gallery, 2003. Photo Max Finneran. > Red Ring and Red Dome in Paris. >


Vita Drappa Rue des Carrières, 5a 7011 Ghlin vitadrappa@gmail.com

Maison du Peuple Chaussée de Jolimont 90 / 7100 Haine-Saint-Paul Jolimont, le 11 octobre 1871, Théophile Massart et une poignée d’artisans créèrent l’Union des Métiers, un embryon de syndicat regroupant les différents métiers du fer. En quête d’un local, cette association s’installe dans un immeuble de 13 ares, à Jolimont, le 5 août 1872. La première Maison du Peuple de Belgique était née. Marquée par les grandes années de la lutte sociale et socialiste, la Maison du Peuple fut également le siège de la coopérative Le Progrès, où seront exploités successivement une boulangerie, des pharmacies, des boucheries, des magasins de chaussures et de confection, des brasseries. Fabrizio Schiavetto

Au niveau international, dans l’histoire du socialisme, les coopératives belges occupent une place particulière. Le Vooruit de Gand, la Maison du Peuple de Bruxelles, le Progrès de Jolimont, les Unions Coopératives wallonnes étaient des exemples à imiter. Les coopératives ont rendu d’immenses services à la classe ouvrière, en freinant la hausse du coût de la vie par leur politique du juste prix et de la ristourne. Leur rôle dans la vie associative, culturelle et sociale a été immense. Avec les Maisons du Peuple, les coopératives ont hébergé et administré des bibliothèques, des cercles sportifs, théâtraux, musicaux, choraux, etc. Elles ont longtemps été au cœur de la vie ouvrière. Aujourd’hui, les bâtiments du Progrès abritent une maison de repos et l’ancienne Maison du Peuple de Jolimont, un café.

Errances No30 Le N°30, c’était le tram qui reliait La Louvière à Morlanwelz. Il n’existe plus, mais lorsqu’on en parle aux gens de la région, beaucoup s’en souviennent, l’ont emprunté. Il fait partie de leurs souvenirs et de la mémoire collective. Moi, je l’ai pris pour rentrer de l’école, je descendais au Progrès, aujourd’hui l’arrêt « Coopérative ». C’est là que se trouve la première Maison du Peuple de Belgique. Les anciennes photographies, les traces, la mémoire, le passage du temps me fascinent. Je suis originaire de Jolimont, issue de l’immigration italienne, mon histoire individuelle rejoint l’histoire collective de cette région où beaucoup d’Italiens sont venus pour travailler, et retourner au pays. Ma famille, comme beaucoup d’autres familles, est restée dans la région. Je suis née à Jolimont.

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J’ai choisi pour mes interventions trois lieux populaires situés le long de l’ancienne ligne de tram N°30. J’y invite le visiteur à une errance, à pied, en bus, en pensées. De la Maison du Peuple de Jolimont, où apparaissent celles et ceux qui contribuèrent au progrès social, à la Grand-Place de Morlanwelz, où se trouvait le terminus du tram N°30. Celui-ci a disparu, mais pas tout à fait, nous verrons pourquoi si nous prenons le temps d’y arriver et de chercher des traces. Tout à côté, il y a aussi le bistrot Au Combattant, local d’une société de gilles du carnaval de Morlanwelz. Là, sur les tables, surgissent des portraits, des cartes, des mots, des fragments du passé. Des phrases issues du livre Rue des Italiens de Toni Santocono, qui ont un effet miroir et un rapport direct avec Morlanwelz. Des photos de famille, privées, se mélangent aux textes. Du Combattant, nous pouvons repartir et errer en pensées, en bus, ou à pied. Vita Drappa.


Café Au Combattant Grand-Place / 7140 Morlanwelz 1921 : Constitution du café « Au combattant » par Mr Auguste Quinet. Cession du commerce en 1970 à une de ses filles, Marie-Josée. L’établissement est repris le 1er juillet 1984 par Monsieur et Madame Ferrari-Coustry, toujours en place à ce jour. En ce qui concerne son folklore, l’on trouve une société des Paysans en 1926, la société de gilles « Les Incas » de la fin des années septante à la fin des années quatre-vingts. Depuis 1997, cet établissement est le local de la société de gilles « Les Réguènères », devenue Royale en 2010.

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Edurne Rubio Avenue du Parc, 124 - 2 / 1190 Bruxelles edurtxo@hotmail.com

Au Carrefour Croisements des chemins et du temps La recherche d’Edurne Rubio a toujours été menée en rapport avec la perception individuelle ou collective du temps et de l’espace. Intéressée par les contextes qui font de la perception une donnée variable et mutante, oubliée ou archivée... elle cherche à mettre en association ou en opposition des façons de percevoir la réalité avec l’objectif de créer une deuxième réalité composée. Depuis quelques années, son travail se rapproche du documentaire et de l’anthropologie, avec des interviews (vidéo ou audio), des images d’archives, des recherches sur la communication orale. Elle présente des projets à travers différents formats, médias et situations : des trajets, des rencontres, des conférences, des installations, Internet, etc. Attirée par la périphérie des situations purement artistiques, elle est intéressée par la création de lieux d’échange à la limite d’un espace spécifique à l’art contemporain et d’un espace plus large et indéfini où la culture se construit et se transforme. Pour ARTour 2011, Edurne Rubio réalise un projet spécifique en lien avec l’histoire et la géographie de la région, en amenant les outils qu’elle a développés ces dernières années. À partir de la réalisation d’interviews avec un large éventail de personnes différentes, elle construit un récit collectif à partir de la mise en commun des récits individuels. Une bande sonore à écouter sur place, entre l’audio-guide et le documentaire, un voyage dans le temps et l’espace dans un carrefour, un point radial à partir duquel plusieurs chemins sont possibles pour la dérive.

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Catalogue édité à l’occasion de la huitième biennale

ARTour

art contemporain et patrimoine Du 26 juin au 28 août 2011

DErivations www.artour.be

Groupe de travail

Dominique Durinckx

Gestionnaire de la collection, documentalistebibliothécaire au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée

Catherine de Braekeleer

Directrice du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Communauté française de Belgique

Valérie FORMERY

Catherine BERGER

Conservatrice du Musée Ianchelevici

Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut ASBL

Philippe FRANCK

Anne-Laure CHAMBOISSIER

Assistante à la programmation artistique arts sonores, aux relations publiques et à la diffusion de Transcultures, Centre interdisciplinaire des cultures électroniques et sonores

Eric CLAUS

Jacques Deveseleer

Conservateur du musée du Chapitre de la collégiale saint Vincent à Soignies

Karima HAOUDY

Conservatrice à l’Écomusée du Bois-du-Luc

Vincent Dierickx Nicolas Delys

Catherine HENKINET

Graphisme

Conservateur au Musée Royal de Mariemont / Administrateur délégué de Kéramis, Centre de la Céramique de la Communauté française ASBL

Historien de l’art et critique d’art, responsable de la médiation à L’iselp

Président de l’asbl Statio Romana et conservateur du Musée Gallo-Romain de Waudrez

Communication

Ludovic RECCHIA

Laurent COURTENS

Philippe DEKEGEL

Directeur de Transcultures, Centre interdisciplinaire des cultures électroniques et sonores

Historienne de l’art, commissaire d’exposition à L’iselp

Responsable des expositions au Centre culturel régional du Centre, coordinateur de la biennale ARTour

remerciements A

Catherine Chalon Sandrine Zanatta

CrEdits photographiques photos page 5, 6, 7, 8, 9, 30 et 32 Alain Breyer. Page 7, photo 11 A. Vandember

Adèle SANTOCONO

Yves DE BRUYN

Coordinateur du Centre Daily-Bul & Co

Historienne de l’art, commissaire d’exposition à L’iselp

Jean-Pierre DENEFVE

Daisy VANSTEENE

Responsable de la Galerie Koma ASBL

Directrice de l’Écomusée du Bois-du-Luc

Fabien DE REYMAEKER

Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut ASBL

Organisation : Centre culturel régional du Centre, Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Communauté française, Centre Daily-Bul & Co (avec l’accord de la Succession Pol Bury et la collaboration de la Fondation Folon), Ecomusée du Bois-du-Luc, Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut, Galerie Koma asbl, L’iselp - Institut Supérieur pour l’Etude du Langage Plastique, Keramis-Centre de la Céramique de la Communauté française, Musée Ianchelevici, Transcultures - Centre interdisciplinaire des cultures électroniques et sonores. Avec l’aide de la Maison du Tourisme du Parc des Canaux et Châteaux, de l’Association pour la Gestion et l’Exploitation touristiques et sportives des Voies d’Eau du Hainaut, de Outlandish-platform for photography, de la Fondation Verbeke et de arts)&(marges musée. Avec le soutien du Service des Arts plastiques du Ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, la Direction Générale des Affaires Culturelles du Hainaut, la Ville de La Louvière et Centritudes-Agence Conseil en Développement Culturel de la région du Centre. Une initiative du Centre culturel régional du Centre : Place Jules Mansart, 17 - 7100 La Louvière +32 (0) 64 21 51 21

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