Rumeur du loup janvier 2016

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Culture w Societe w Environnement w Opinion w Quoi faire Riviere du Loup w Kamouraska w Les Basques w Temiscouata i

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No  80 janvier 2016 ISSN 1920-4183

www.rumeurduloup.com

GRATUIT

Vues dans la tête de

Micheline Lanctôt



Sommaire

Dossiers équipe de rédaction

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10 La programmation

Le maux du rédacteur

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Dans les méninges de Micheline Lanctôt

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Concevoir et porduire des vidéo en lien avec son milieu

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Bilan 2015

Rédacteur en chef

Busque

Graphiste

Busque

Collaborateurs-Graphistes

et photo

Les amoureux du cinéma

Correctrice

Maude Gamache-Bastille Le bruit des plumes

isabelle Lesvesque Émile Olivier Nicolas Gagnon

Illustrateurs Busque

Quoi-faire ?!@#$%

Le reste 16 Madame B

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Capsule Ludique

18 Anima, une exposition signée Lizo 20 Entrevue avec Émile Tremblay:

L’univers de L’EDM

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Laboratoire de la photo

24 De la responsabilité du terrorisme... 26 Chronique de ceux qui restent

Collaborateurs

Marie-Amélie Dubé Fabien Nadeau Ève Simard Michel Lagacé Sylvie Michaud Pierre Lesage Guillaume Rousseau

Marie-Amélie Dubé

Vente

Jessica Lambert Frank Malanfant Richard Roy

Couverture Bertrand Carrière

Busque Marie-Amélie Dubé

27 Grande tournée des MRC du Bas-Saint-Laurent

28 Pascapab est mort

La Rumeur du Loup c’est...

30 La course pour tous: une chaussure

40 pages dynamiques 1800 exemplaires mensuellement 450 salles d’attente 50 points de distribution La meilleure visibilité du KRTB

pour tous?

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Entrevue avec Olivier Niquet

34 Architecture et territoire 3/3 36 Le Festin de la muse

Encouragez la propagation de la culture et faites monter vos publicités par une équipe de jeunes professionnels.

CONTACTEZ LOUIS-PHILIPPE GÉLINEAU-BUSQUE au 418 894-4625 journal@rumeurduloup.com

Quoi faire KSection amouraska 37 Quoi Faire?!@#$%

LA RUMEUR DU LOUP, C'EST COLLECTIF ! Le journal vous invite à écrire des textes informatifs, des histoires surprenantes, un poème hypoallergénique ou autres, car après tout, c’est votre journal ! Envoyez vos écrits à : journal@rumeurduloup.com. L’ÉDITEUR LAISSE AUX AUTEURS L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE LEURS TEXTES. La reproduction des textes publiés dans ce journal est fortement encouragée sous condition d'avoir la permission du journal La Rumeur du Loup. PRENDRE NOTE QUE LA DATE DE TOMBÉE DES ARTICLES EST LE 25 DE CHAQUE MOIS. Faites parvenir vos documents à journal@rumeurduloup.com


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La Rumeur du Loup, janvier 2016


Les MAUX du rédacteur

De quoi avons-nous besoin en 2016? par Busque

Pour cette chronique, j’aimerais premièrement te souhaiter une bonne année 2016, , lecteur assidu de La Rumeur du Loup. Que puis-je te souhaiter pour cette nouvelle année? Surement seulement des choses dont tu as besoin. Et de quoi as-tu besoin pour passer une bonne année 2016? Un peu de simplicité, un peu de calme et de temps pour toi. Je te souhaite de moins juger les gens autour parce que des fois, on tombe facilement dans les idées préconçues et on a la paresse d’esprit un peu trop facile. Je constate que moi-même, je fais beaucoup de généralisations. Ce n’est pas facile de ne pas en faire, mais c’est important de les remarquer pour ne plus les entretenir. Juste le fait d’écrire cette chronique sans généraliser un groupe de personnes, ce n’est pas évident. Dans certains textes d’opinion, le style s’y prête, il y a énormément de généralisations. Il faut rester attentif à ne pas peindre un groupe d’humains d’une même couleur. Par exemple, d’affirmer : « Les professeurs sont des lâches », ça ne veut absolument rien dire. J’aime bien comprendre ce que les gens de différents milieux et de différentes cultures vivent. C’est tellement riche de se mettre à la place de quelqu’un. J’ai beaucoup de respect pour les gens qui font un travail que j’ai déjà fait puisque je suis passé par là, je comprends leurs réalités. Sachant cela, et n’ayant pas fait tous les métiers du monde, je

fais l’effort de ne pas juger négativement leur travail. Je parle de travail, mais le raisonnement va au-delà du métier; il s’applique à tout! Et la question suivante est : Est-ce que tout doit être pardonné puisque tout le monde a des raisons d’agir comme il le fait selon sa réalité ? Non. Il y a une ligne floue entre la compassion pour une personne et les conséquences de ses actions (ou de ses réactions face à leurs réalités). Tout un chacun est responsable de ses actions, mais disons qu’il y en a qui l’ont plus facile que d’autres. Si un homme frappe son chien. C’est mal, on est d’accord. Mais sachant que cet homme a été élevé par son père qui le battait durant sa jeunesse, est-ce que cet homme est aussi une victime ? Pas facile de toujours trancher. Au final, je crois que cette personne a besoin d’amour plus que d’un coup de poing en retour. Ce n’est pas facile d’aimer les gens qui sont différents ou de ne pas avoir de préjugés. Je finis donc ce Maux du rédacteur avec cette phrase : Essayez de juger les autres avec plus de compassion et d’amour. C’est la société entière qui en sera gagnante.

LES SENS Voici de nouveaux logos qui permettront aux lecteurs de retrouver d’instinct leurs articles favoris sur notre nouveau site Web. Quel sens cet article affectera-t-il ?

Le gout Articles traitant de l’art culinaire,

des recettes et de l’alimentation.

L’ouïe Articles contenant des critiques musicales, etc.

La vue Articles mettant de l’avant les arts visuels, l’esthétique, etc.

L’émotion Articles qui font vibrer différents sentiments en vous.

La réflexion Articles traitant de problématiques ou d’informations rationnelles.

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Vues dans la tête de

Micheline Lanctôt

Qui ne connait pas Micheline Lanctôt? Elle est à la fois actrice, scénariste, productrice, monteuse et réalisatrice de plusieurs films dont son dernier, «Autrui», qui sera présenté lors du festival Vues dans la tête de... Voici une entrevue avec celle que vous aurez la chance de rencontrer du 4 au 7 février dans un cinéma près de chez vous.

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Busque : C’est vraiment un beau cadeau pour notre région de vous avoir comme réalisatrice invitée du festival Vues dans la tête de… Pourquoi avoir accepté cette invitation ?

« Le grand écran va rester, c’est sûr,

Micheline Lanctôt : Parce que je crois fermement que les régions doivent avoir leur part d’évènements culturels. J’ai un chalet à Saint-Simon, pas très loin de là, et j’adore le Bas-Saint-Laurent. Je trouve qu’on m’a offert une belle occasion de programmer des films qui n’ont peut-être pas été vus là-bas et qui sont peut-être moins offerts en région. B. : Quelle est votre relation avec Rivière-duLoup ? Est-ce une première fois pour vous ? M.L. : [rires] Non, ce n’est pas la première fois que je vais à Rivière-du-Loup ! Je connais assez bien la région. J’ai toute une partie de ma famille qui est originaire de Rivière-Ouelle, et ça fait assez longtemps que je vais au Bas-Saint-Laurent. C’est une région que j’aime beaucoup et des gens que j’aime beaucoup. Mon père avait un verger et on avait un fermier qui s’en occupait. Cet homme était originaire de Rivière-du-Loup, alors tout se recoupe ! B. : Autrui sera présenté le samedi soir durant le festival. Qu’est-ce que ce plus récent film représente pour vous ? M.L. : Un autre miracle. C’est-à-dire que c’est un sujet qui n’est pas facile. J’ai été obligée de faire beaucoup de compromis, mais on a finalement réussi à le monter puis à le faire. Dans les conditions actuelles, ça tient du miracle parce que c’est de plus en plus difficile d’aborder des sujets qui ne sont pas consensuels. C’est un film qui parle de l’altruisme. C’est l’histoire d’une jeune femme qui, par une froide nuit d’hiver, recueille un itinérant qui s’était réfugié sur son balcon, parce qu’elle veut

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les productions spectaculaires à plusieurs millions. »

l’empêcher de mourir de froid. Le film tourne autour de la relation qui s’ensuit. B. : Parmi les films que vous avez sélectionnés pour la programmation du festival, y en a-t-il un que vous jugez incontournable, sans discrimination pour la qualité artistique des autres films présentés ? Pourquoi ? M.L. : Ils sont tous incontournables ! Si je les ai sélectionnés, c’est parce que je crois que les gens devraient les voir ! En fait, les deux films de fiction Arwad et L’ange gardien sont des films qui ont eu très peu de résonnance, c’est-à-dire qu’ils sont sortis de façon extrêmement confidentielle, et je pensais qu’ils n’avaient pas eu l’attention publique qu’ils méritaient. C’est surtout dans ce sens que j’ai orienté mon choix. Il y a plein de bons films que je juge incontournables, mais j’ai un petit quelque chose pour L’ange gardien parce que Jean-Sébastien Lord est l’un de mes anciens étudiants et parce que c’est un film qui aurait dû, en principe, trouver son public et qui ne l’a pas fait. Pour Arwad, c’est une de mes anciennes étudiantes qui l’a coscénarisé. C’est

B. : Qui sont vos réalisateurs préférés ? Pourquoi ? M.L. : Je n’ai pas de réalisateur préféré dans les dernières années. Il y a quelques réalisateurs que je considère comme mes « maitres » parce que le cinéma qu’ils font est un cinéma dont je me sens très proche. Ce sont des réalisateurs italiens, notamment les frères Taviani que j’aime beaucoup, Ermanno Olmi qui est un des grands maitres du cinéma italien, mais qui ne fait à peu près plus de films (il a près de 90 ans). Leur œuvre m’a beaucoup parlé. Par le plus grand des hasards, quand j’ai reçu le Lion d’argent au festival de Venise, Antonioni, les frères Taviani et Ermanno Olmi faisaient partie du jury. Pour moi, il y a là une parenté. C’est le genre de film que j’aimerais faire. B. : Quel est le combat de la prochaine génération de cinéastes ? M.L. : À mon sens, ça va être de survivre au bouleversement technologique. Le cinéma tel qu’on le connait, je pense, est en mutation, forcément. Je ne sais pas trop ce qui attend les plus jeunes générations. Les standards ne sont pas fixés, les technologies bougent à une vitesse phénoménale. C’est difficile de prévoir ce qui va arriver au cinéma. Le grand écran va rester, c’est sûr, mais il sera pour les productions spectaculaires à plusieurs millions. Les billets vont être de plus en plus chers. On va tous se retrouver à faire des films pour un téléphone portable ! Ça se peut ! C’est possible ! En tout cas, je trouve que c’est difficile avec les caméras qui changent tous les deux ans, les supports qui

(418) 863-6424

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PHOTO : FRANÇOIS GAMACHE

w w w. p i x m e d i a . c a

mais il sera pour

un film qui a été tourné dans des conditions assez misérables et, en plus, le réalisateur est Syrien. Il y avait donc une forme d’actualité qui s’imposait. Bon, il n’a pas pu être tourné en Syrie à cause de ce qui se passe, mais c’est un film que je pense extrêmement d’actualité.


changent tous les deux ans. Maintenant, on est rendus au 8K. Ce n’est plus du 7K ni du 2K, c’est du 8K ! La technologie est en train de phagocyter le cinéma, alors je ne sais pas ce qui va se passer. C’est extrêmement difficile d’anticiper encore une fois ce qui va subsister du cinéma qu’on connait. On a déjà fait le deuil du 35 mm. De ce qu’on connait maintenant, j’ai de la difficulté à dire ce que sera le cinéma dans 20 ans. B. : Que pensez-vous de la récente annonce de fermeture de l’Excentris ? Un temple du cinéma d’auteur qui ferme, est-ce l’annonce prématurée de la fin du cinéma d’auteur québécois ? M.L. : Ce n’est pas sa disparition, mais ça va certainement le rendre moins accessible. À moins que le cinéma à vocation culturelle se retrouve sur les plateformes numériques. C’est ce qui est arrivé à Autrui, qui est sorti en salle pratiquement sans public et qui s’est retrouvé dans les vidéos sur demande. Paradoxalement, c’est là qu’il y a eu le plus de demandes pour les films, alors je ne pense pas que le cinéma dit d’auteur disparaisse, il va simplement migrer vers de nouvelles plateformes, à condition bien sûr qu’il conserve ses couts bas. C’est la condition pour faire ce genre de film. B. : Est-ce que le livre Lettres à une jeune cinéaste s’adresse à un autre lectorat qu’aux jeunes cinéastes ? Pourquoi l’avoir destiné aux jeunes femmes cinéastes ? M.L. : Oui ! Ça s’adresse en fait à tous ceux et celles qui aiment le cinéma, qui sont curieux peutêtre d’un processus, de l’expérience qui a été la mienne. C’est un livre « technique » ; ce n’est pas La Confession d’un enfant du siècle. J’ai surtout essayé de réfléchir sur un métier que je pratique depuis 40 ans dans des formes diverses et c’est ce qui en est sorti. Ceux et celles qui aiment le cinéma et qui

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« C’est un milieu qui est à domination masculine, mais ce n’est un métier ni d’homme ni de femme, c’est un métier de célibataire. » se posent des questions vont peut-être trouver matière à réflexion. B. : Le métier de réalisateur est-il plus masculin par définition ? Est-ce difficile pour une femme de prendre sa place dans un milieu d’homme ? M.L. : C’est un milieu qui est à domination m a s c u l i n e, m a i s ce n’e s t u n m é t i e r n i d’homme ni de femme, c’est un métier de célibataire. [rires] C’est un métier où c’est ex trêmement dif f icile de concilier travail et famille. C’est évidemment beaucoup plus dif f icile pour les femmes.

B. : Qu’est-ce que vous voudriez dire aux gens de Rivière-du-Loup pour les inciter à remplir les salles de cinéma et à être présents au festival ? M.L. : Je leur dirais : « Soyez audacieux, ayez un esprit ouvert, profitez du fait que ces films seront projetés sur grand écran parce que ça va être de plus en plus rare. Ruez-vous, ce sont de très beaux films. » Toute la programmation, j’en suis très fière. Je pense que les gens vont y trouver leur compte. Ce sont des films qu’ils n’auront peut-être jamais la chance de revoir sur grand écran. Pour moi, le grand écran, c’est indissociable du cinéma. B. : Merci beaucoup pour le message.


LES AMOUREUX DU CINÉMA par Michel Lagacé, illustration bizarre de Busque

Vues dans la tête de..., ce n’est pas seulement du cinéma, c’est aussi des rencontres avec des artisans du cinéma… ces créateurs de contenu et d’images de la vie : la vraie vie et la fictive, l’une côtoyant l’autre au cinéma, « en amour » autant que dans les documentaires. Ce festival, c’est aussi une rencontre entre nous, les cinéphiles, entre nous, « Les amoureux du cinéma... ». C’est d’ailleurs pour ces émotions, cette convivialité durant trois jours, que j’ai très hâte d’aller voir ces productions du 7e art, de les découvrir avec les cinéphiles et les invités de ce quatrième festival, du 4 au 7 février 2016 à Rivière-du-Loup. Je n’ai que de bons souvenirs des autres éditions : Hugo Latulippe, Sébastien Pilote, Stéphane Lafleur et leurs invités… « Nous nous réchaufferons » avec ce festival, comme le dit la chanson, contre les probables froids du début du mois de février. Pour cette fin de semaine, oublions le téléviseur, sortons de nos salons ou de nos lits surchauffés, profitons du cinéma, de ces discussions qui suivent les projections au Cinéma Princesse, de la table ronde à la Maison de la Culture, des vidéos, des documentaires de jour ou de nuit, des formations sur le cinéma, de la ou des classes de maitre à l’École des métiers du cinéma et de la vidéo du cégep, des repas conviviaux et du spectacle au Café et à la Brasserie en bonne compagnie, etc. Tout sera donc cinéma... que de belles rencontres et découvertes en perspective surtout si vous prenez, comme moi, le temps de vous laisser emporter, à bras-le-corps, par ce fleuve d’images et d’idées, car l’édition 2016, c’est le festival Vues dans la tête de... Micheline Lanctôt. Eh oui ! cette comédienneactrice émouvante et bien connue, cette productrice et réalisatrice de plusieurs très bons films sera avec nous pour ce festival avec d’autres

« Sur le plateau de ce festival, une femme intelligente, une féministe engagée et une grande critique des absurdités et des inégalités de notre petit monde... »

invités exceptionnels de cette programmation que La Rumeur du Loup nous dévoile dans ce numéro. Sur le plateau de ce festival, une femme intelligente, une féministe engagée et une grande critique des absurdités et des inégalités de notre petit monde... Plusieurs de ses textes mémorables et bien sentis — écrits pour BazzoTV — ont circulé, probablement malgré elle, jusqu’à devenir viraux dans les réseaux sociaux. Ça risque d’être une fin de semaine passionnante autour de ces choix cinématographiques concoctés avec l’équipe du festival. C’est toujours intéressant de se faire raconter comment émerge l’idée d’un scénario, de se faire raconter les anecdotes d’un tournage, la technique ou les difficultés en amont et aussi les motivations d’une actrice ou d’un acteur pour un rôle. Je suis ravi de constater que la coordination de ce festival a réussi à retenir cette grande dame du cinéma pour son édition 2016. À Rivière-duLoup, sur le littoral en hiver, au centre du BasSaint-Laurent, c’est donc un rendez-vous à ne pas manquer pour tous les publics de la région et de l’extérieur, et ce, dès le 4 février 2016, avec votre passeport festival en main pour se souhaiter « Bon festival ! » « Ça va-tu » être assez flippant...

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Cinéma

Quelques étudiants du programme et ses principaux artisans dont Martine Picard et Julie Vincent du CDFM, Pierre Lesage de l’ÉMCV et Manon Barbeau du CDFM.

Concevoir et produire des vidéos en lien avec son milieu par Busque

Un nouveau programme qui répond bien aux défis des communautés autochtones. Une entrevue avec Pierre Lesage, responsable des programmes de l’École des métiers du cinéma et de la vidéo.

Busque : Au printemps 2014, si ma mémoire est bonne, l’École des métiers du cinéma et de la vidéo, alors qu’elle fêtait ses 4 ans d’existence, nous annonçait, avec une certaine fierté, qu’elle travaillait sur l’élaboration d’un nouveau programme, son quatrième : Concevoir et produire des vidéos en lien avec son milieu. Depuis, on nous dit que ce programme a été soumis au ministère de l’Éducation, qu’il a été accepté et même déjà offert. Pouvezvous nous présenter ce nouveau programme ? Pierre Lesage : Voici rapidement comment ce nouveau programme a vu le jour. Nous avons tout simplement répondu à une invitation qui nous a été lancée par deux organismes qui travaillent avec les communautés autochtones du Québec et qui y jouent un rôle majeur. Le Centre de la formation et de la main-d’oeuvre huron-wendat (CDFM) et le Wapikoni mobile. Le CDFM, fondé par Julie Vincent, est une institution wendat qui offre depuis 22 ans à Wendake des programmes de formation diversifiés à une clientèle adulte provenant de plusieurs communautés autochtones du Québec. Le Wapikoni mobile, créé par Manon Barbeau il y a maintenant un peu plus de 10 ans, se définit comme un studio ambulant de création vidéo qui parcourt le Québec et qui invite les jeunes autochtones à réaliser de courts films personnels, en leur offrant un soutien logistique, technique et professionnel. Parmi ces

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« Parce que ce programme vise également, mais indirectement, à combler la sous-représentation des autochtones dans l’espace médiatique et à donner la parole aux petites communautés. »


jeunes, plusieurs ont pu réaliser au fil des ans des films qui manifestent un réel talent en cinéma.

collaboration et de confiance qui s’est instauré, au point de départ, entre le CDFM, le Wapikoni mobile et l’École.

Le programme que nous allions lancer grâce à l’appui du CDFM visait à professionnaliser les connaissances en cinéma de ces jeunes et à officialiser leurs compétences par un diplôme du ministère de l’Éducation. Pour l’École des métiers du cinéma et de la vidéo, ce projet était inspirant et s’inscrivait naturellement dans sa mission : doter les régions d’artisans et de professionnels en cinéma. Ainsi, rapidement, nous nous sommes attelés à bâtir un nouveau programme qui répondrait à la fois aux attentes du Wapikoni mobile et aux demandes de formation en vidéo adressées au CDFM par des communautés autochtones. Une fois nos objectifs clairement établis, nous avons défini les cours et précisé le cadre qui allait assurer le bon déroulement du programme, la réussite des élèves et faciliter leur insertion dans un milieu professionnel ou semi-professionnel, idéalement en milieu autochtone. B. : Pourquoi idéalement en milieu autochtone ? P.L. : Parce qu’il existe une réelle demande en production vidéo en milieu autochtone et qu’il y a un manque de main-d’œuvre qualifiée comme dans toutes les régions éloignées. Parce que ce programme vise également, mais indirectement, à combler la sous-représentation des autochtones

Pour vous donner un aperçu plus « terrain » de ce que fut cette formation, je me permets de vous livrer les commentaires de Françoise Pilote, une professeure du programme qui agit aussi comme formatrice au sein du Wapikoni mobile. « Le groupe était hétéroclite, dynamique, émouvant. Tous les étudiants, sans exception, m’ont surpris par leur persévérance, leur implication et leur talent. Ce fut un réel plaisir d’entrer en contact avec eux, d’apprendre à les connaitre. dans l’espace médiatique et à donner la parole aux petites communautés. B. : Et comment s’est déroulée cette formation ? P.L. : Elle s’est déroulée en trois volets. Dans un premier temps, les cours de base (caméra, scénarisation, etc.) ont été donnés au CDFM même. Par la suite, les étudiants sont allés dans leur communauté réaliser de courtes vidéos pour des clients réels qu’ils avaient identifiés. De retour au CDFM, les étudiants ont pu profiter de l’appui d’un monteur pour finaliser leurs vidéos et les remettre à leur client.

Qu’est-ce qui me reste de tout ça ? Mon expérience d’enseignement à Wendake fut avant tout une expérience humaine où nous sommes allés à la rencontre des uns et des autres. Grâce à l’art et au cinéma, les participants sont allés à la rencontre d’eux-mêmes et de leur communauté. Quelle magnifique expérience ! Ai-je le gout de recommencer ? Déjà impliquée avec le Wapikoni depuis 8 ans, je recommencerais à tout moment mon expérience à Wendake. »

Le succès du projet repose en grande partie sur la qualité de la participation des étudiants, le professionnalisme des formateurs et l’esprit de

4 PROGRAMMES DE CINÉMA

DOCUM ENTAIR E - WE B - MO N TA GE - P U B L'École des métiers du cinéma et de la vidéo et ses étudiants sont fiers de participer au festival Vues dans la tête de... Micheline Lanctôt.

LONGUE VIE AU FESTIVAL!

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Les couvertures 2015

Les entrevues 2015

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Stéphane Lafleur, réalisateur, invité à la 3e édition du festival Vues dans la tête de…

Nicolas Paquet, réalisateur

Sébastien Raboin, photographe

Les actrice de la pièce de théâtre Sauce Brune, du Loup de Cambronne

PKP, chef tu Parti Québécois

Laura-Lou Fortin, bédéiste ayant participé au Salon du livre de Québec

Marc Larouche, journaliste

Alain Vézina, réalisateur

Ève Landry, actrice

Vox-pop sur l’austérité

Catherine Roy, photobébégraphe

Thomas Mulcair, chef du NPD

Alexis Boulianne, étudiant en journalisme

Ian Jaquier, réalisateur

Martin Couturier-Gagné, S’adapter au quotidien

Sylvie Vignet, conseillière à la ville de Rivière-du-Loup

Emmanuelle Dudon

Benoit Paillé, photographe

Les trois filles de L’Art dehors du Témiscouata

Mathieu Rivest pour les Eurochestries

Didier Descamps, chef d’orchestre

Martin Poirier, Non à une marée noire dans le St-Laurent

La Meute

Becky Mueller, étudiante à l’école de Français de Rivière-du-Loup

Véronique Riopel, porte-parole pour l’organisme Pour une technologie sécuritaire

Michel Faubert, conteur

Les candidats à l’élection fédérale

Sébastien Pelletier, propriétaire de Spécialités Électriques inc.

Soraïda Caron, chorégraphe en danse contemporaine

L’homme-canon et le Clown de Circus Minimus

Maire de Lantier Richard Forget Mairesse de l’Isle-Verte, Ursule Thériault

Des jeunes participants venus du primaire, secondaire et cégep

Karine Levesque, tatoueuse

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La Rumeur du Loup 2015 en chiffres Nombre de magazines imprimés : 28 000 copies Nombre de collaborateurs autour de 130 personnes

Nombre de pages total : 576 pages Nombre d’entrevue réalisée : 33


MERCI aux collaborateurs de la Rumeur du Loup 2015 Martin Couture Camille Biron Marie-Amélie Dubé Guillaume Leblanc Karine Malenfant Frank Malenfant Élisabeth Doula Michel Lagacé Alex-Ann Villeneuve Simard Olivier Blot Maude Gamache-Bastille Fabien Nadeau Ève Simard Sylvie Michaud Léo Moffet Manue Moffet Christian Tremblay Lydia Barnabé-Roy Nicolas Gagnon Camille Morin Alice-Anne Simard Maxime Desbiens Marilie Bilodeau Karianne Bastille Émilie Bédard Fred Dubé Karine Lévesque Améli Beaulieu Carole Desjardins Catherine Roy Isabelle Gallard Émile-Olivier Desgens

Andréanne Martin Rebecca Hamilton André –Philippe Drapeau Picard Jennifer Beaudoin Mathieu Bonin Mathieu Dumulon-Lauzière Claudia Beaulieu, Jojo, Roméo Bouchard Catherine Bouchard Emy Lamalice Julien Garon Alexia St-Pierre Jean-Pascal de la France Véronique Drouin Yvan l’Heureux Armand Pouliot Annabelle Dumais Amélie Beaulieu Marc-Olivier Dugas Pelletier Andréanne Lebel Vincent Couture Yvandré Chagot Wendy Lebon Sébastien Raboin Renée Giard Lisianne Ouellet Ève Gentille Nathalie Pelletier Nadine Pelland Alexis Boulianne Marie-Claude Poirier

Thierry Chen Catherine Soucy Marc Saindon Marc Dunlay Mélie Caillaux Stéphane Poirier Martin Poirier Yvan l’Heureux Anthony Francoeur-Vallière GMB Akash Victoria Truchi Isabelle Moffet Christian Pilon Geneviève Caron-Huot Catherine Bourgie Marc-P. Christophe Valérie Lavoie Mordan Sylvie Arneault Sylvie Vignet Brigitte Sirois Élise Vaillancourt Xavier Archambault-Gauthier Clara-Trembaly Boulianne Patrick Nadeau Michel de Courcy Claudie Dumont Optik 360 Pascale Rivard Benjamin Labelle Philip Després Vickie Vincent

Élisabeth Leblanc Final Focus Photography François Drouin Isabel DM Annabelle Aubin-Thuot David Falardeau La Meute Claude Desjardins Marc Fraser Éric Drapeau Jean-Guy Chouinard Emmy Thompkins Marie-Josée Huot Annie Mailloux Maurice Vaney Michel Faubert Camille Lévesque-Soucy Valérie Simone Maxence Matteau Yvan Roy François Gamache Marjolaine Gle Glelly Émie-Gail Gagné Claire Michaud Marc Larouche Christian Bégin RVHQ Fabien Nadeau Benoit Ouellet Catherine Duval Chantal Parenteau Et plus encore...

MERCI aux entreprises et aux organismes 2015 Pro-Restau équipements L’école de boxe MSI Informatique Bis la boulange Levant Foo Honda Rivière-du-Loup Maxi Festival Vues dans la tête de Livre-Tout déménage Centre culturel Berger de Carrossier Pro Color Centre Mode Beaulieu Centre visuel du KRT Le petit Chaperon vert Café-Resto MRC de Rivière-du-Loup Hydromellerie CEGEP de Rivière-du-Loup Hôpital vétérinaire Vinyles au Centre-ville École Montessori Théâtre du Loup de Cambronne Complexe le Triangle Musée du Bas St-Laurent Malette La Vape de l’Est Terroirs d’ici et d’ailleurs Chaussures Rioux Boutique du jouet Fleuriste Moisan Richard Roy, physiothérapeute Douce maman Communications Sylvain Dionne Le vrac Pub O’Farfadet Café l’Innocent Services linguistiques MO Au petit menu R SAVARD Décoration G.L. Cinéma Princesse Caroline Jacques, artiste-peintre Bloc Québécois Clinique Dentaire Dany Mcneil St-Hubert Toyota RDL La Buanderie Rivière-du-Loup Impact Ford SADC Rivière-du-Loup Hyunday SADC La Pocatière Kamouraska Chrysler BièreFest Centre routier 1994 Batteries Expert Pain Gamin McDonald Top Zone GazBar St-Patrice Le Cinq 90 OKPneus- François Lefebvre Le centre Hi-Fi Les petits bonheurs de Marguerite La Ville de Rivière-du-Loup IGA extra Boucherie Bégin Librairie J.A. Boucher Spécialités électriques Rivière-du-Loup Marquis imprimeur L’école de pilotage Rivière-du-Loup L’école des métiers du cinéma et de la vidéo Salon des artistes et artisans du Témiscouata Association des personnes handicapées du KRTB Consultation en sexologique, Nadia Desbiens St-Pierre La Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup

La Maison du tissu Club Voyage FP Ortho-Service Snack bar d’Amours Garage Windsor Auberge La Sabline Hôtel Lévesque Best Western Plus Les Tourbières Berger Défi Éverest Physiothérapie-Ergothérapie du Littoral Festival Les Cartonfolies Parti Québécois Centre d’art de Kamouraska Nouveau parti démocratique Dubé Kia Hypotheca Denis Côté Centre dentaire Deschênes Caisse Desjardins Enseigne RDL Tapis Saucier Centre-Femme du Grand-Portage Recouvrement BSL Studio Maya Semo KRTB Le 46a, studio d’enregistrement Château Grandville Servlinks Communication Hobby Cycle Fromagerie des Basques Luc Chouinard, Homme à tout faire Auto Steeve Duguay Promotuel GeniProduction DuBreton Super Bar Catherine Roy, photographe Jeun’Avis Café Azimut Les Pétroliques Anonymes FestiJazz de Rimouski Salon du livre d’Edmunston À la maille suivante L’Ôdacieux Les Glaces Alibaba Benjamin Moore Paints Centre santé physique L’Horizon Centre d’entraide Martine aux fourneaux L’Association Multi-Défi Aspirateur 116 RMG Prévention Électronique Mercier Festival de la petite laine Festival Jazz et Blues d’Edmunston Collège-Notre Dame Le Racoin Prelco Les Jardins de la Caldwell Rivière-du-Loup en 3 actes Le Boucaneux Café du Clocher Sonothèque Promotuel Assurance Club Emploi-carrière L’art Académie Entreprises électriques Alain Pelletier Rendez-vous des Grandes gueules Groupe Yolema Les Fous Brassant Les Entreprises JMC. L’entente culturelle de la Ville de Rivière-du-Loup Le bruit des plumes - Services linguistiques Andrée-Anne St-Pierre, Physiothérapeute et kinésiologue Massothérapeute/Kinésithérapeute – Lynda Cloutier 15 Carrosserie Rivière-du-Loup- Pascal ÉmondLa Rumeur du Loup, janvier 2016


Biblio Madame B : chronique de bibliothèque

Le palmarès 2015 de la bibliothèque Françoise-Bé dar d par Sylvie Michaud

Ce qui caractérise et représente l’âme de la Bibliothèque Françoise-Bédard, ce sont d’abord ses lecteurs. Qu’est-ce qui leur a le plus plu en 2015 ? Quels ont été les livres les plus empruntés ? Le livre québécois figure-t-il en bonne place dans le cœur de nos abonnés ? Et les jeunes, qu’est-ce qui les branche ? Voici un aperçu de la couleur de l’année qui vient de s’écouler.

Le champion toute catégorie : le roman historique québécois Parmi les livres les plus empruntés en 2015, figurent aux premières loges les romans historiques québécois et d’abord les tomes 3 et 4 de la série Les héritiers du fleuve de la Québécoise Louise Tremblay- D’Essiambre. Cette prolifique auteure de romans historiques a déjà plusieurs séries à son actif. D’autres romans historiques garnissent le haut de cette liste : La veuve du boulanger de Denis Monette et les Mensonges sur le Plateau Mont-Royal du désormais décédé Michel David (1944-2010) connaissent un grand succès, même si celui-ci vient parfois d’outre-tombe.

Puis, en tête de liste des livres qu’on appelle « documentaires » (tout ce qui n’est pas de la fiction en somme), apparait le récit La couveuse de l’ex-résidente de la région, Marie-Claude Barrette. La notoriété locale de l’auteure n’est certainement pas étrangère à ce succès. Du reste, on remarque le même engouement pour la version numérique de ce bestseller. Toujours dans le documentaire, on observe que les Louperivois ont à cœur leur santé. Preuve à l’appui, le livre La santé repensée, cessez de chercher la pilule miracle, agissez différemment du Dr Gaétan Brouillard figure en onzième place dans les livres les plus empruntés.

Les auteurs français chouchous L’agent qui se démarque En très bonne position figurent les auteurs français : Marc Levy, Guillaume Musso et Alexandre Jardin. Elle et lui est le dernier opus de Marc Lévy, auteur qui fait mouche à tout coup avec ses romans sentimentaux qui provoquent autant de bonnes (« un remarquable conteur ») que de mauvaises critiques (« une sublime fabrique industrielle de clichés »).

Un autre auteur très prisé est Guillaume Musso. En 2015, L’instant présent, Central Park et Sept ans après comptent parmi les plus empruntés de notre collection. Chez Musso, on a un mélange de roman sentimental assaisonné d’une touche de polar et de surnaturel.

Du côté de la littérature jeunesse maintenant, on remarque un e n g o u e m e n t toujours vif pour les classiques de la bande dessinée jeunesse : Garfield, Astérix, Les Schtroumpfs, Lucky Luke et Les aventures de Tintin. Mais la série québécoise L’agent Jean, s’inspirant des aventures d’un James Bond plutôt gaffeur, est très demandée de nos jeunes lecteurs de 8 à 14 ans.

Star locale et médecin jetset

La recette du succès

Revenons aux romans, étrangers cette fois. Parmi les titres publiés en 2015, les deux plus populaires sont le roman policier : 12 coups pour rien de James Patterson et le thriller psychologique La fille du train de Paula Hawkins. Si le premier est l’œuvre d’un auteur américain prolifique, bien connu et très fortuné, le second est la première œuvre, publiée sous son vrai nom, d’une auteure britannique qui « a écrit le livre en six mois, alors qu’elle était dans une situation financière difficile » (Source : Wikipédia). Pour terminer, nous portons à votre attention une caractéristique de notre catalogue qui vous amusera peut-être. La prochaine fois que vous le consulterez (http://ibistro3.cpu.qc.ca/), observez la section « Ce que les autres lisent ». Remise à jour tous les trois mois, cette liste vous informe des gouts du jour de la communauté louperivoise. En passant, Roger H a r g r e ave s est l’auteur des Histoires de bonhomme et les dames qui, avec ses 108 titres, est une série jeunesse très populaire. Si vous désirez recevoir la liste des nouveautés mensuelles acquises par la Bibliothèque, écrivez-nous à : bibliotheque@ville.riviere-du-loup.qc.ca. Bonnes lectures !

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Jeu x

Capsule ludique par Samuel Saint-Denis Lisée

Les jeux de société gagnent de plus en plus en popularité au Québec. Ce phénomène s’explique notamment par la multiplication des jeux de société et leur grande diversité. Cette capsule ludique vise à présenter quelques jeux qui pourraient vous plaire et égayer vos soirées. Pour cette capsule ludique, j’ai opté pour deux jeux de société québécois. Ces jeux peuvent se trouver facilement dans une boutique de jeux de société près de chez vous. L’osti d’jeu (Éditeur : Randolph, 3 joueurs et +, 18 ans et +)

de deviner quel est le type d’humour des personnes avec lesquelles on joue. Il ne faut pas aborder ce jeu de façon sérieuse et compétitive. C’est un jeu pour se divertir et avoir des fous rires ! Avec ses 467 cartes, il est possible de jouer longtemps à L’osti d’jeu sans qu’il soit redondant. En allant sur le site lostidjeu.com, il est également possible de découvrir plusieurs variantes au jeu.

L’osti d’jeu est une adaptation québécoise du jeu Cards against humanity. C’est un jeu passepartout dans un party ou une soirée entre amis. Ce n’est pas un jeu pour les enfants, car, à l’image de son pendant anglophone, certaines cartes ont des propos très explicites. Il faut donc y réfléchir à deux fois avant d’y jouer avec ses beaux-parents ! Le principe de L’osti d’jeu est assez simple et malléable. Chaque joueur a 8 cartes-réponses rouges en main. Un joueur prend une carte noire qui contient une phrase à compléter et la lit aux autres joueurs (par exemple : «J’appelle affectueusement ma belle-mère [...]»). Les autres joueurs doivent choisir parmi leurs cartes la carteréponse qu’ils jugent la meilleure en fonction de la phrase à compléter et la déposent sur la table (par exemple : Matricule 728). Le joueur ayant lu la carte noire opte ensuite pour la carte-réponse qu’il trouve la plus appropriée. Le joueur qui voit sa carte être choisie fait alors un point et devient celui qui lira la prochaine carte noire. Les critères pour juger de la carte la plus appropriée sont au choix de chaque joueur. Il faut donc essayer

Ma critique personnelle : un jeu simple et rapidement contagieux qui s’insère bien à n’importe quel moment d’un party ou d’une soirée de jeux de société. Les références québécoises rendent ce jeu particulièrement délicieux quand on sait placer ses cartes judicieusement. Il faut toutefois savoir doser la consommation de ce jeu, car si on y joue trop souvent, le jeu perd de sa magie. Aussi, il y manque la possibilité de rajouter des cartes d’inspiration maison, lacune comblée partiellement dans l’extension L’osti d’jeu — extension Rural. Gaïa (Éditeur : Tiki Éditions, 2-5 joueurs, 8 ans et +)

Gaïa est un jeu québécois créé par Olivier Rolko, un jeune homme originaire de la Montérégie. C’est un jeu simple qui se joue autant en famille qu’entre amis. Bien qu’il faille une petite dose de stratégie

pour sortir gagnant, les joueurs doivent également miser sur leur chance. Le principe de Gaïa se veut facile et rapide à apprendre. À tour de rôle, les joueurs doivent piger et jouer des cartes afin de développer la terre (Gaïa) avec des cartes Nature (désert, plaine, marais, mer, montagne, forêt) puis d’y ajouter de la vie en construisant des cités, en les colonisant et en rajoutant des animaux sur la terre. Le but du jeu est d’être le premier à placer tous ses colons sur le plateau de jeu, en plaçant ses cartes au bon moment. Alors que les règles de base visent principalement à se familiariser avec le jeu, les règles avancées permettent réellement au jeu de prendre son envol en autorisant le vol de cités et en rajoutant les cartes Pouvoirs qui modifient l’allure de Gaïa presque chaque tour. La durée générale d’une partie est d’entre 20 et 40 minutes en fonction du temps que prendront les joueurs pour jouer leur tour. Au départ, les joueurs débutants auront de la difficulté à tirer leur épingle du jeu, mais, au bout de quelques parties, la guerre sera sans merci pour s’approprier la terre. Ma critique personnelle : Gaïa est un jeu bien balancé entre le côté chance et le côté tactique. Les mécanismes du jeu sont quand même simples et peu nombreux, si bien que le champion d’échecs qui gagne à tous les jeux de stratégie pourra rapidement être battu par ses adversaires après quelques parties de pratique. Il est suggéré de passer aux règles avancées le plus tôt possible, car les règles de base provoquent des parties sans éclat et lourdement répétitives. Il ne faut pas se laisser freiner par l’allure des premières parties qui servent principalement à s’approprier le jeu pour l’utiliser à sa pleine capacité. Bref, plus on y joue et plus on aime ce jeu.

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« Anima », une exposition signée Lizo par Guillaume Rousseau

L’an dernier, Lisianne Ouellet nous a séduits avec son exposition « Boqueteaux », hymne à la beauté des arbres, traduite en technique mixte sur toile. Ce 21 janvier, à la Maison de la culture, en formule 5 à 7, elle nous présentera « Anima », vitrine engagée sur les différents enjeux environnementaux reliés aux impacts des êtres humains sur la vie animale.

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Guillaume Rousseau : Bonjour, Lisianne. En quelques mots, comment décrirais-tu ton exposition « Anima » ?

G.R. : La protection des animaux est donc un thème qui te préoccupe. Comment ce sujet est-il traduit dans tes toiles ?

Lisianne Ouellet : D’abord, je pense qu’il est primordial de comprendre ce que signifie le terme anima. En fait, il s’agit d’une expression empruntée par la psychologie analytique pour représenter la part du féminin dans l’homme. Tout homme aurait son petit côté féminin, son anima. C’est le volet plus émotif, bienveillant, maternel de la personne. De plus, ce mot a presque la même sonorité qu’animal. Étant donné que la protection des animaux est la préoccupation qui m’a inspirée tout au long de mon processus de création, j’ai choisi ce nom pour mon exposition.

L.O. : En peignant des plans rapprochés des animaux, il m’importe de créer un lien psychologique entre l’animal et le spectateur. Je veux qu’on ressente l’appel à l’aide, la détresse, parfois même la sympathie du sujet de chaque toile. Je souhaite que cela amène l’observateur à s’informer sur les enjeux environnementaux qui affectent les animaux illustrés. Pour ce faire, des textes informatifs accompagneront chacune des œuvres, plusieurs se trouvant dans la toile même. Bref, j’ai comme principal objectif de sensibiliser les gens sur les effets néfastes des activités humaines

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sur l’environnement, mais surtout sur la biodiversité animale. G.R. : Est-ce que tu crois que les gens se sont lassés d’entendre des recommandations à propos de l’environnement ? L.O. : Surement pas autant que les animaux qui se sont lassés de la destruction de leur habitat ! Non, personnellement, je crois que la protection de l’environnement sera le leitmotiv du siècle, et ce, jusqu’à ce que l’on trouve de réelles solutions et qu’on les mette en application. Jusque-là, je crois fermement que des personnalités engagées se doivent de sensibiliser les gens et de répéter et répéter encore. En plus d’être artiste-peintre, je suis


Ar t visuel

enseignante au primaire et, vous pouvez me croire, enseigner les bons comportements à adopter en matière d’environnement et répéter aussi souvent ce même discours, ça porte ses fruits. Alors, devant des gens qui en ont assez ou pas d’entendre parler d’environnement, je ferai de même. C’est important pour moi et principalement en matière d’animaux et de biodiversité. Gandhi disait : « On peut juger de la grandeur d’une nation par la façon dont les animaux y sont traités ». Je souhaite rendre ma nation meilleure, c’est tout.

« Je veux qu’on ressente l’appel à l’aide, la détresse, parfois même la sympathie du sujet de chaque toile. » G.R. : Finalement, parle-nous un peu de ta technique. Comment reconnait-on ta touche personnelle, la manière Lizo ? L.O. : J’utilise toujours mon médium de prédilection, l’acrylique, en technique mixte avec de l’empâtement et de l’époxy pour ajouter du relief. Ma mixture se forme en abondance, par la vibrance des tonalités et une gamme de couleurs vives et acidulées. J’affectionne beaucoup le grand format, qui crée une certaine intimité entre le spectateur et le sujet pictural. Voilà ! Pour comprendre et admirer ce que je viens d’expliquer, je vous invite à venir me visiter le jeudi 21 janvier, à la Maison de la culture de Rivière-duLoup. Je me ferai un plaisir de vous recevoir avec mes œuvres, mes amis, quelques bouchées et, surtout, un bon verre de vin !

VERNISSAGE Formule 5 à 7 Jeudi 21 janvier 2016 à la Maison de la culture de Rivière-du-Loup (exposition du 21 janvier au 27 mars 2016)

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Venez voir Émile Tremblay au café l’innocent

11 février 2016 20 h

Musique

Entrevue avec Émile Tremblay

L’univers de l’EDM par Busque

J’étais juge anonyme de Cégeps en spectacle et je devais noter les jeunes sur un numéro original, avec une belle présence sur scène et du gros talent brut. C’est ce que le numéro d’Émile, jeune étudiant de 17 ans, nous a livré cette soirée-là. Émile a aussi, par le fait même, gagné le coup de cœur du public. J’ai contacté Émile pour découvrir les revers et secrets de l’univers de la musique électronique, qui reste trop souvent peu connue de la population.

É.T. : Premièrement, on a tendance à appeler des compositeurs de la musique électronique des DJ. C’est faux. Ce sont des compositeurs, comme n’importe quel autre artiste qui composerait n’importe quel autre style de musique.

Busque : Décris-nous un peu ton parcours de jeune musicien de 17 ans. Émile Tremblay : J’ai commencé à jouer du piano à cinq ans. Depuis, je fais quelques concerts, spectacles et concours chaque année. Nous avons toujours fait beaucoup de musique dans ma famille, alors il est certain que cet environnement a grandement contribué à mon épanouissement musical. Je fais aussi un peu de guitare et de batterie pour le plaisir, mais le piano reste mon instrument de prédilection. Je me suis tourné vers la musique électronique pour la première fois lorsque j’ai écouté « Strobe » de Deadmau5 en 2011. Depuis, j’en compose beaucoup. B. : Tu as remporté la Finale locale de Cégeps en spectacle. Comment t’es-tu préparé pour ta prestation ? É.T. : Je m’étais fait un texte d’introduction pour expliquer au public ce qu’est l’EDM [Electronic dance music], mais, lors de la générale, je me suis aperçu que c’était beaucoup trop long, alors j’ai gardé l’essentiel pour le spectacle. Sinon, pour créer mon numéro, j’ai d’abord composé ma « toune » et ensuite j’ai travaillé dessus pour être capable

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Deuxièmement, beaucoup de gens pensent encore que ça ne prend pas de talent pour faire de la musique électronique. C’est également faux, car non seulement un bon compositeur de musique électronique doit être créatif et talentueux, mais il doit également maitriser les concepts de la science du son au bout de ses doigts. de la jouer live (j’ai fait des boucles, etc.). Il y a de l’improvisation musicale dans mon numéro. B. : Es-tu DJ ou musicien ? Quelle est la différence ? É.T. : Musicien, c’est certain. Je joue de la musique et je compose de la musique. Un DJ, c’est quelqu’un qui s’assure de faire de belles transitions entre des chansons ; il n’y a pas grand-chose de musical là-dedans. Je pense que n’importe qui peut devenir DJ en peu de temps, contrairement à jouer de la musique, qui demande beaucoup plus de temps. B. : Peux-tu nous dire quelque chose que le commun des mortels ne sait pas sur la musique électronique ?

Troisièmement, le monde de la musique électronique n’a jamais été aussi accessible que maintenant. Avec seulement un ordinateur, on peut maintenant faire plus que ce qu’un studio professionnel pouvait faire il y a 20 ans. Ça ne parait peut-être pas à première vue, mais des millions de personnes composent de la musique électronique maintenant. B. : Sur ton tableau lumineux, que se passe-t-il ? Que fais-tu ? É.T. : Il s’agit d’un contrôleur MIDI. Il me permet de réaliser des actions simultanément sur mon ordinateur, ce qui est très pratique. Il me sert entre autres à lancer des boucles, comme la boucle d’un kick drum qui se répètera jusqu’à ce que je l’arrête. Il a plusieurs autres fonctions, mais c’est


Le top 10 d’Émile des artistes de l’EDM à découvrir : 1 KSHMR

6 Kygo

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7

Nigel Good

3 Madeon

8

Don Diablo

4 Curbi

9 Fractal

5 Vicetone

10

Mike Williams

Oliver Heldens

principalement celle-là que j’utilise. Ça s’appelle un Launchpad S, et le logiciel que j’utilise se nomme Ableton Live. B. : L’EDM est en émergence depuis quelques années. Peux-tu nous expliquer un peu les grandes branches ? É.T. : C’est extrêmement vaste comme monde. Il y en a pour tous les gouts. En résumé, je peux dire qu’il y a la branche de l’house et celle du dubstep/trap qui sont les plus célèbres. À un rythme aux alentours de 128 battements par minutes, l’house est sans aucun doute la référence de la musique pour danser. Le dubstep et le trap sont des styles plus intenses et réservés (autour de 140 battements par minutes) qui ont gagné une grande popularité grâce à des artistes comme Skrillex. Il y a d’autres branches importantes comme le trance ou le drum and bass, mais je crois que l’house et le dubstep/trap sont les genres les plus connus en ce moment. B. : Que penses-tu de la musique populaire électronique ? É.T. : J’aime bien. Il y a parfois de vrais bijoux dans l’EDM populaire, comme « Where Are Ü Now », de Jack Ü et Justin Bieber. Toutefois, il ne s’agit que de 0,1 % de ce monde de la musique électronique. Il m’arrive presque tout le temps d’écouter une chanson et de me dire : « Argh ! Pourquoi ce chef-d’œuvre n’est-il pas connu ? Il mérite bien plus d’attention ! » B. : Qu’aimerais-tu faire plus tard ? Est-ce relié à la musique ? É.T. : Ce que je voudrais vraiment faire, c’est être un artiste qui vivrait de sa musique, que ce soit dans un band ou en solo. J’aime vraiment composer et jouer sur scène. B. : Tu vas faire une soirée de musique électronique au Café L’Innocent. À quoi peut-on s’attendre ? É.T. : À une soirée dynamique avec exclusivement les meilleures tounes de la musique électronique selon moi. Je veux faire découvrir aux gens que l’EDM est beaucoup plus grand que populaire en leur faisant découvrir une panoplie de chansons parfaites pour danser. J’invite d’ailleurs tout le monde à y aller, c’est à ne pas manquer !

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Photo

Le collectif le récif ouvre les portes de son laboratoire aux passionnées de la photo ! par Jessica Lambert, photos de Busque

Qu’est-ce que le Collectif le Récif ? Nous avons plusieurs définitions pour cet endroit telles qu’une école libre, un centre d’éducation populaire, des résidences pour militantes et artistes ainsi qu’un espace d’exploration de la vie militante et collective. C’est un lieu qui comprend divers espaces de travail tels qu’un atelier de couture, un atelier de menuiserie, un atelier de théâtre, une grande cuisine collective, une salle de jam ainsi qu’un laboratoire argentique et numérique pour les passionnées d’art visuel et de vidéo. Laboratoire argentique écoresponsable Les chimies utilisées pour développer les images dans les laboratoires argentiques traditionnels riment rarement avec le respect de la terre mère. Encore aujourd’hui, les techniciennes des laboratoires argentiques commerciaux travaillent avec divers produits assez nocifs pour la santé et l’environnement. Ces produits sont couteux, réputés hautement cancérigènes et ne peuvent pas être déversés dans la nature à cause de leurs propriétés toxiques. Ce sont des aspects moins intéressants quand on est soucieuse de notre impact environnemental. Il existe cependant des solutions beaucoup plus naturelles et assez efficaces pouvant remplacer la plupart des chimies utilisées pour le

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« Il existe cependant des solutions beaucoup plus naturelles et assez efficaces pouvant remplacer la plupart des chimies utilisées pour le développement des négatifs en noir et blanc et du papier photosensible. »

développement des négatifs en noir et blanc et du papier photosensible. Le caffenol (une solution à base de café, de cristaux de soude et de vitamine C) est, entre autres, la solution la plus simple que j’ai trouvée pour remplacer le développeur. La version analogue de la photographie nous permet aussi de nous procurer des appareils et du matériel photo de haute qualité pour des prix vraiment bas dans les friperies, marchés aux puces, ventes de garage, ou même au fond d’un tiroir chez nos parents ou grands-parents. C’est aussi, pour moi, une façon de boycotter les multinationales qui fabriquent leurs matériels électroniques avec divers métaux assez couteux et nocifs pour l’environnement. Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’obsolescence programmée ? Dans le cas des appareils photo, la durée de vie est calculée


avec un nombre précis de clics après lesquels l’appareil arrête de fonctionner. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) estime qu’entre 20 et 50 millions de tonnes de déchets électroniques sont produits chaque année dans le monde. Ces produits sont envoyés dans les sites d’enfouissement et contaminent graduellement les sols et les nappes phréatiques. Je préfère inévitablement utiliser les anciens « appareils invincibles », comme j’aime bien les appeler, qui sont robustes et peuvent durer toute une vie. Ateliers et accès au laboratoire Le laboratoire argentique noir et blanc est maintenant fonctionnel et ne demande qu’à être utilisé par des passionnées de la lumière. La chambre noire sera accessible à la communauté et sera financée par la contribution volontaire des utilisatrices. Des ateliers adaptés au niveau de connaissances de chacune seront offerts pour celles qui souhaiteront se servir de l’espace. Des ateliers d’initiation à la photo, de techniques d’éclairage et des moments de partage entre passionnées pourraient aussi être organisés. Les jeunes et les moins jeunes sont invitées à venir créer et partager leur art chez nous. Il est intéressant pour celles qui ont toujours utilisé le numérique d’apprendre à réaliser le processus photographique à partir du moment où l’on capture l’image jusqu’au moment où l’on a dans les mains l’œuvre réalisée sur papier. Pour moi, c’est une façon plus tangible de m’exprimer en travaillant la lumière, car mes œuvres ne seront pas que des fichiers dans un ordinateur. Si vous souhaitez utiliser le laboratoire ou faire partie d’un atelier, contactez-moi et je coordonnerai les ateliers selon la participation. Au plaisir de partager avec vous mon amour de la lumière ! Collectif le Récif, Notre-Dame-des-Neiges j.l.mphotographe@hotmail.ca Tél. : 581 645-8666 N.B. Ce texte est féminisé de façon volontaire afin de mettre l’accent sur les règles absurdes de grammaire de la langue française qui ne donnent de l’importance qu’au peuple masculin.

Cette photo a été développée en utilisant le caffenol.

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S o cié té

DE LA RESPONSABILITÉ DU TERRORISME… par Michel Lagacé

La question de savoir qui de l’Occident ou des pays musulmans est responsable du développement du terrorisme du groupe État islamique reste une question minée, même si cette responsabilité est depuis longtemps associée aux activités mercantiles de l’Occident avec ces pays déstabilisés : la Syrie, l’Irak et la Libye, entre autres. Dans les différents médias, plusieurs articles ou commentaires d’analystes ont traité de ces sujets après les attentats à Paris, me permettant ainsi de mieux les comprendre et d’en partager l’esprit avec les lecteurs de La Rumeur du Loup. Comme on s’en doute un peu, cette responsabilité est depuis longtemps associée à l’approvisionnement en pétrole de l’Occident sans trop se soucier d’où il vient, à ses exportations d’armes, en plus de son laxisme et de sa pratique d’un capitalisme d’inégalité. Un capitalisme d’inégalité que pratiquent autant les monarchies et les responsables de plusieurs pays arabes (l’Arabie saoudite, entre autres), en plus de maintenir leur population dans un carcan religieux aux lois sévères, aux cruautés et aux inégalités étouffantes envers les femmes, comme s’ils vivaient au Moyen Âge. Il n’y a donc plus de surprise à cette violence, en partie engendrée par nos actions guerrières improvisées d’un passé pas si lointain, et à notre incompréhension du monde musulman. Dans la foulée de ces champs de bataille, de ces régimes totalitaires que le commerce du pétrole a maintenus et maintient encore, et à la suite des espoirs et déceptions des jeunes qui ont participé au « Printemps arabe », le groupe EI a répondu — dans cette dégradation des sociétés syrienne et irakienne — par une plus grande violence sur ces mêmes sociétés et les nôtres. Ce banditisme, sous le couvert d’une idéologie religieuse radicale, engendre des disciples prêts à tuer et à mourir pour une « absurde » croyance. Ce groupe contrôle maintenant de vastes territoires en Syrie, en Irak, et des ressources pétrolières qu’ils écoulent dans les autres pays de cette zone. Ce « califat », censé être un refuge pour « les frères et sœurs musulmans », est devenu un lieu de violence où règnent la peur et les règles pas très humaines ni très égalitaires de la charia. L’État islamique est devenu terriblement riche… c’est « une économie

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« La crise migratoire est née de cette candeur idéaliste des djihadistes, malgré leur propagande trompeuse, à croire que la population de ces pays les suivrait dans cet enfer. »

de prédation sanguinaire », comme le qualifie un chercheur irakien. Ce groupe impose une taxe usuraire aux 10 millions d’habitants sous son contrôle. Daech (autre nom de ce groupe) a aussi mis la main sur une dizaine de champs de pétrole. Sociétés-écrans, comptes extraterritoriaux et paradis fiscaux à l’image du capitalisme des grandes firmes du monde occidental, voilà le portrait économique, et non exagéré, de cette nébuleuse. Les hauts dirigeants de ce groupe ont repris la filière et les réseaux liés au parti Baas de l’entourage de Saddam Hussein (début des années 2000). Ils font sortir leur pétrole, la contrebande de céréales, le trafic d’antiquités, par la frontière turque, entre autres, où plusieurs des fonctionnaires sont corrompus. L’argent de ce trafic, des taxes et des kidnappings, même des donations (« des donateurs de l’Arabie saoudite et du Qatar ? ») leur ouvrent toutes grandes les barrières, peu importe le sang qu’ils ont sur les mains. Ils savent aussi qu’ils ne resteront pas très longtemps dans ce califat : les frappes s’intensifient... Mais ils auront l’argent qu’il faut pour mettre à l’abri leurs têtes pensantes et leurs proches, ce qui leur permettra de se projeter dans d’autres opérations terroristes. Grâce à la porosité des réseaux banquiers de la Turquie, du Liban, de Chypre et de la Malaisie,

ils arrivent à blanchir cet argent. Ils réactivent des sociétés existantes, depuis longtemps inactives, qu’ils alimentent d’argent comptant, qui, elles, font sortir cet argent dans d’autres investissements dans la zone d’influence de Daech, syrienne ou kurde. Dans ce processus : « des avocats peu scrupuleux entrent alors en scène » et le tour est joué, comme le confirment plusieurs analystes. Ce n’est pas pour rien que les citoyens de ces pays en guerre soient si nombreux à fuir ces territoires, ces prédateurs sanguinaires, autant que cette conception radicale de l’islam. La crise migratoire est née de cette candeur idéaliste des djihadistes, malgré leur propagande trompeuse, à croire que la population de ces pays les suivrait dans cet enfer. Plusieurs de ces citoyens — « marchandises humaines », victime des passeurs des réseaux criminels qui exploitent leur détresse — et des familles entières ont préféré risquer de se noyer en Méditerranée pour rejoindre l’Europe : « ces pays des infidèles », comme les nomme le groupe EI. Ceux qui restent ne peuvent pas faire autrement ou encore, l’EI a fini par gagner leur soutien « par des arrangements liés à de possibles affaires commerciales… » « La crise migratoire est un rude coup pour le groupe EI », mais aussi pour tous les pays qui doivent gérer ce flux migratoire exceptionnel. Ces victimes de la guerre aux villes détruites frappent aux portes de l’Occident. Les pays de l’Europe et d’autres parties de l’Occident, dont le Canada, veulent bien les accueillir, mais, pour plusieurs, pas au détriment de leur intégration aux valeurs de la civilisation occidentale. Selon le rapport du Soufan Group et les propos de Patrick Skinner, ancien spécialiste du contreterrorisme à la CIA (Jean-Frédéric LégaréTremblay « Les migrants. L’échec du groupe État islamique », Le Devoir, 21 novembre 2015) : le groupe État islamique tentera d’empêcher les pays étrangers


d’accueillir les réfugiés. « Ils veulent associer aussi étroitement que possible les réfugiés avec les terroristes », souligne Skinner. Pour les pays qui accueillent les réfugiés, « il y a des inquiétudes tout à fait légitimes en matière de sécurité », concède cet analyste dans l’article du Devoir, tout en rajoutant que « ce que fait le groupe EI, c’est prendre cette graine d’inquiétude fondée pour faire pousser un arbre d’hystérie ».

ont fini par alimenter des rapports de force. Les relations fraternelles sont devenues assassines… Est-ce la faute aux Frères musulmans, au totalitarisme du président de la Syrie Bachar el-Assad, au renversement par les Américains de Saddam Hussein en Irak, aux cinq ou six ans de sècheresse en Syrie qui ont fait se déplacer les populations ? Est-ce la faute au mouvement populaire contre Mouammar Kadhafi en Libye, à ce Printemps arabe né en Tunisie, passant de l’espoir au désespoir total, aux revendications d’Israël ou de la Palestine, à la haine des Américains, aux valeurs sclérosées et archaïques de l’Islam, à Oussama ben Laden ou au banditisme international et à la corruption des hommes pour de l’argent ou encore à l’ensemble des interventions militaires ou commerciales (vente d’arme, pétrole) inappropriées de l’Occident ? C’est probablement toutes ces réponses qui ont fini par aboutir à ce terrorisme global de Daech et à ce « démon » : Abou Bakr al-Baghdadi, l’autorité suprême du groupe terroriste État islamique, d’idéologie salafiste djihadiste qui s’est luimême proclamé calife.

Si on refuse maintenant de les accueillir, « c’est exactement ce que veulent les djihadistes ». Au Canada, ces réfugiés qu’on accueille et qu’on continuera d’accueillir dans les prochains mois ne représentent « que 12 % des immigrants reçus annuellement, et la moitié d’entre eux sont pris en charge par les communautés. Et les contrôles de sécurité, une responsabilité fédérale, n’ont jamais été aussi poussés sur le plan technique », comme le relève Robert Dutrisac dans l’article « Le problème de cette majorité francophone » (Le Devoir, 21 novembre 2015). À l’apogée de l’expansion du groupe EI, son « territoire était comparable à celui du RoyaumeUni ». Aujourd’hui, après les frappes massives, les pertes subies et l’exode des populations, son influence est en perte de vitesse malgré les diverses cellules terroristes que l’on suppose toujours actives à travers le monde, et ses messages sur le Web qui prolongent la terreur et alimentent la peur. En dépit des apparences, comme l’a déjà souligné le journal Globe and Mail, le groupe État islamique est une organisation détestée autant par la majorité des musulmans que les non-musulmans. On n’a donc plus qu’à souhaiter l’éradication de cette violence et l’arrestation des têtes dirigeantes de l’obscurantisme. Mais pour les Français et toutes les autres nationalités touchées par ce terrorisme, il n’est plus simplement question d’affaiblir cette

organisation, mais de l’anéantir… L’intégrisme a gagné du terrain. « Qu’on ne se trompe pas, ce qui a lieu présentement n’est pas une guerre de civilisations, précise le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud, mais une guerre contre la civilisation. » L’intégriste interdit toute liberté et, surtout, l’apport de la modernité dans plusieurs pays musulmans. À une époque pas si lointaine, les citoyens de ces pays vivaient en harmonie dans une ruche de religions et d’ethnies. Et voilà que quelques années plus tard, les obédiences, les dogmes revendiqués

Grâce à notre laxisme, à diverses rencontres dans les filières des prisons de l’Occident, et sous son étendard noir (« Tous les fascismes se ressemblent »), ce minuscule groupe terroriste qui a pris de l’expansion — maintenant riche et technologiquement actif sur le Web et armé jusqu’aux dents — a réussi à propager la terreur et la peur partout dans le monde… Mais, serions-nous tous responsables de ce désordre du monde ? « Comprendre que le monstre est en nous », l’Occident, ceci expliquant peut-être cela.

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Au printemps dernier, ma jeune sœur est décédée d’un tragique accident. Si la Terre me semble avoir cessé sa course depuis, je sais pourtant que la vie continue. Qu’elle doit continuer. Écrire le deuil, le mien comme celui des autres, m’aide à garder la tête hors de l’eau et éviter la noyade dans mon propre chagrin. Parce qu’écrire permet d’apaiser les hurlements intérieurs.

CHRONIQUES DE CEUX QUI RESTENT

FRANCHIR LE SEUIL

Témoignage

par Ève Simard

Un jeudi comme les autres, autour de 17 h. Je mets les saucisses au four. J’appelle les enfants pour qu’ils rangent les jouets qui trainent, épars, dans le salon. Je vérifie le riz. J’attrape une tranche de tomate et la croque. J’établis mentalement la liste des courses à faire le lendemain. Je câline mon plus jeune pendant que mon ainée me montre ses talents de gymnaste.

Un jeudi comme les autres. Jusqu’à ce que sonne le téléphone. Des mots horribles sortent du combiné, se faufilent à mon oreille. Accident, amie décédée, ambulance, hôpital. Dans ma tête, un court-circuit. Dans ma bouche, un gout âcre et ferreux. Comme celui du sang qui fuit ton corps au même moment. Le reste est flou. Je sais seulement que mes mains se mettent à trembler violemment. Que les larmes coulent sans doute, puisque je vois le visage paniqué de mes enfants qui ne comprennent pas pourquoi leur mère est si bouleversée. Puis, un autre appel. Au bout du fil, notre maman. Étrangement calme. Les seuls mots dont je me rappelle avec précision : « C’est grave, Ève, je ne suis pas certaine qu’elle survive. »

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« Et même si nos cœurs se fracassent en mille morceaux, que nous en entendons les éclats tinter dans nos dernières paroles, nous sommes prêts. »

Je réprime le haut-le-cœur qui m’aveugle. Je saute derrière le volant de ma voiture. Je n’y crois pas, je ne comprends pas. Je ne veux pas que la vie bascule ainsi. Je ne veux pas que ta vie s’échappe par tes blessures. Mes mains ne tremblent plus, c’est mon corps tout entier qui est secoué de spasmes. Dans le couloir aseptisé, je pousse la porte qu’on m’indique. Je ne sais pas où tu es, mais je comprends. Ça court, ça fronce les sourcils, ça a dans les yeux un air grave et triste. Les heures passent, mes doigts ne désengourdissent plus. Dans la salle où nous attendons, les mots que nous n’échangeons pas sont lourds d’angoisse, nos lèvres se refusent à les laisser sortir. Parler rendrait le tout réel et nous refusons que ce le soit.


Coeur

On m’accorde enfin le droit de te voir. Pour faire taire la panique qui me gruge le ventre, je te parle doucement. Et tu hoches la tête quand je te souffle à l’oreille : « Je te promets que je ne laisserai aucune infirmière te servir du Jell-O ». Cinq minutes, c’est tout ce qu’on m’octroie. Juste assez pour que tu saches que je suis là, que nous sommes là. Nous restons là, avec toi, pendant 20 jours et 20 nuits. À dormir juste assez pour ne pas nous évanouir de fatigue. À pleurer juste assez pour ne pas t’inquiéter. À espérer tellement fort qu’un miracle se produise. À rire tout aussi fort pour que tu goutes encore au bonheur d’être ensemble. Un mardi que j’aurais préféré ne jamais vivre, vers 16 h. Un mardi qui aurait pu être comme les trois précédents, meublé d’espoir, d’inquiétude, de mains posées sur ton front et de paroles douces chuchotées près de ton oreille pour couvrir les « bip bip » des machines. Un mardi triste, essoufflé, épuisé. Vaincu. Comme les mots des médecins : « le diagnostic est fatal, elle ne survivra pas ». Dans mon corps, ça craquèle, ça déchire, ça s’effrite. Dans les yeux autour de moi, l’anéantissement. J’y lis la même fissure qu’au fond de mon âme. Les épaules et les têtes que l’on tentait de garder hautes s’affaissent sous l’air qui s’est changé en plomb. À cette minute précise, nous savons que les rôles ont changé : il nous faudra maintenant t’accompagner jusqu’à la mort. Dans ma bouche, un gout sulfureux, acide. Un mardi qui tire à sa fin, minuit environ. Les dents enfoncées dans nos lèvres pour ne pas crier, nous attendons de l’autre côté de la porte. Nous devinons les mains soigneuses qui s’activent derrière les rideaux tirés près de toi. Débrancher, retirer, replacer, injecter. Libérer. Enfin. Le cœur battant, nous franchissons le seuil de ces portes que nous connaissons désormais trop bien. Sachant que lorsque nous le traverserons en sens inverse, ton absence habitera le reste de nos vies. Nous emplissons l’espace laissé vacant par les machines devenues inutiles. Elles n’auront pas suffi. Chacun trouve sa place autour de toi. Les heures s’écoulent, bercées par nos paroles douces, par nos chansons tendres, par nos silences plein d’amour. À l’aurore de ce mercredi funèbrement unique, ton souffle se fragilise, ton cœur s’affaiblit. Avides de proximité, il faut toucher ta peau pendant qu’elle est chaude et vivante. Nous entends-tu encore ? Te répéter combien nous t’aimons, sans cesse. Qu’elles soient les dernières paroles qui t’accompagnent. Et même si nos cœurs se fracassent en mille morceaux, que nous en entendons les éclats tinter dans nos dernières paroles, nous sommes prêts. Prêts pour cette ultime mission que tu nous as confiée : prendre tes mains et t’accompagner jusqu’au seuil, pour te laisser franchir la mort. Va vers la lumière, ma sœur. Te voilà libérée.

Pour d’autres textes sur le blogue Ma soeur. | Les jours d’après: https://lesjoursapres.wordpress.com Pour me permettre de partager votre propre expérience du deuil à travers mes mots, contactez-moi : zeve13@hotmail.com.

Grande tournée des MRC du Bas-Saint-Laurent par Julie Gauthier, directrice du Conseil de la culture du Bas-Saint-Laurent

Le 25 novembre dernier, nous avons terminé une grande tournée des 8 MRC du Bas-Saint-Laurent qui nous a mené à rencontrer tous les maires, mairesses, préfets et préfètes. Cette tournée avait pour but de nous assurer de maintenir ensemble la culture à l’avant-plan de nos priorités régionales. Pourquoi la culture devrait-elle être priorisée ? Parce qu’elle est transversale et qu’elle se doit de continuer à exister de manière régionale. Parce qu’elle participe au sentiment d’appartenance et à l’engagement d’une collectivité envers son territoire, qu’elle est un facteur important d’attraction et de rétention de la population dans la région, qu’elle est un levier pour le tourisme. La culture est également un important stimulateur économique et une source d’investissement rentable. Elle est génératrice d’emplois et permet aussi aux entreprises privées sur le territoire d’être plus attractives puisqu’elles sont implantées dans des lieux vivants et stimulants. Depuis 2002, le Bas-Saint-Laurent bénéficie d’ententes régionales, c’est-à-dire de financement investi en culture dans notre région. Dans les 14 dernières années, la somme de 5 507 290 $ a été injectée dans les organismes culturels et versée à des artistes bas-laurentiens. De toutes les ententes régionales avec le Conseil des arts et des lettres du Québec, celle du Bas-Saint-Laurent est la plus importante en termes financiers au prorata de la population. Cette entente, qu’il faut absolument préserver, était portée par 13 partenaires dont certains n’y sont plus (la Conférence régionale des éluEs du Bas-Saint-Laurent, la Commission jeunesse du Bas-SaintLaurent, la Commission régionale sur les ressources naturelles et le territoire Bas-Saint-Laurent). La bonne nouvelle est que le CALQ est toujours là et qu’il croit toujours à l’émulation culturelle bas-laurentienne. Il nous faut donc réaffirmer notre désir de poursuivre ces ententes de manière régionale en réinvestissant pour le bien commun des artistes, des organismes, mais aussi du développement régional global. Une autre bonne nouvelle : nous habitons au cœur du berceau de la concertation au Québec. Nous habitons là où est né le premier conseil de la culture au Québec, le Réseau BIBLIO du Bas-Saint-Laurent, la corporation Métiers d’art Bas-SaintLaurent, le Réseau muséal du Bas-Saint-Laurent, le Réseau des Organisateurs de Spectacles de l’Est du Québec (ROSEQ), la Coopérative de solidarité Paradis. Le Bas-Saint-Laurent se positionne comme champion incontesté de la concertation, et c’est sur des bases d’entraide et de rassemblement des forces que nous pourrons continuer de faire croitre notre culture régionale. Grâce à cette grande tournée, nous avons eu la chance de rencontrer des élus fiers, ouverts et mobilisés qui souhaitent poursuivre le développement de notre identité régionale et contribuer à son rayonnement au Bas-Saint-Laurent. Nous aimerions remercier chaleureusement deux bénévoles qui nous ont accompagnées lors de cette tournée bas-laurentienne : madame Julie Boivin, présidente du Conseil de la culture, et madame Ginette Lepage, précédente directrice générale.

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S o cié té

Pascapab est mort par Frank Malanfant

Il existe un verbe en anglais que j’aime beaucoup et qui n’a pas de traduction exacte : to empower. Littéralement, on pourrait le traduire par « donner du pouvoir » ou « rendre puissant », le dictionnaire suggère « valoriser », « habiliter », « donner à quelqu’un les moyens de... » et c’est à cette dernière définition que le terme anglais se colle le plus au sens où il me rejoint. J’ai eu un modèle familial très fort. C’est ma mère qui m’a interdit l’usage de l’expression « pas capable ». Aussitôt que ces trois syllabes et demie passaient le seuil de ma bouche, j’étais confronté systématiquement à cette question : « Pascapab est mort. Qui c’est qui reste ? » Soit frustré de devoir essayer quand même ou honteux de ma lâcheté, je devais alors répondre « Essaie ». Enfant, je ne comprenais pas pourquoi ma mère entretenait une telle intolérance envers feu Pascapab. Et puis, je suis devenu un adulte très intéressé à la politique. Je me suis nourri d’articles de journaux, de vidéos et de livres de toute sorte qui m’ont convaincu de deux choses. La première est que l’histoire et la créativité humaine nous offrent des outils puissants pour bâtir un monde bien meilleur que le nôtre. La seconde est que ces outils prennent la poussière parce que la grande majorité se sent impuissante face au monde actuel et au plafond de verre de la politique partisane. Tout à coup, je ressens ce sentiment exacerbé de frustration que devait ressentir ma mère de voir son fils aborder la vie avec si peu de confiance. Désormais, c’est moi qui la ressens quand je vois que les outils qu’il nous faut sont là, juste sous nos yeux, mais que la foule semble ignorer leur présence. Est-ce qu’ils ignorent vraiment leur présence ? Est-ce plutôt qu’ils ignorent simplement comment utiliser ces leviers politiques pour en arriver à leurs fins ? Est-ce par peur d’échouer ? Est-ce parce qu’ils sont réellement convaincus qu’ils ne seront jamais capables de faire une différence en ce monde ? Quoi qu’il en soit, de nous voir, par millions, marcher résignés et accepter tout ce qu’on ne devrait jamais accepter me remplit d’un mélange de compassion et d’effroi. Ce sentiment, je l’ai ressenti aussi lorsque j’ai entendu parler de l’expérience de Milgram où l’on contraignait un individu ordinaire à électrocuter

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« Aujourd’hui, nous faisons face en tant qu’individus et en tant que peuple à des dizaines de tâches qu’il incombe à l’humanité de réaliser pour qu’elle soit digne de sa grandeur autoproclamée. » à mort un de ses pairs. Je l’ai aussi ressenti à la fin de la lecture de l’expérience de Seligman et Maier, lorsque ces chiens à qui l’on avait appris leur impuissance restaient passivement immobiles malgré les décharges électriques et l’obstacle dérisoire qui se dressait entre eux et la liberté. Il suffit de rechercher « impuissance apprise » sur Wikipédia pour lire un résumé de cette dernière expérimentation qui m’a tant fait réfléchir sur le pouvoir aliénant et abrutissant de notre système électoral. Alors, aujourd’hui, nous faisons face en tant qu’individus et en tant que peuple à des dizaines de tâches qu’il incombe à l’humanité de réaliser pour qu’elle soit digne de sa grandeur autoproclamée. Il y a d’abord la planète qui se réchauffe et qui cause la mort de dizaines d’espèces. Il y a aussi des millions d’êtres humains qui meurent de ne pas avoir accès à de l’eau et de la nourriture alors qu’il y en a bien assez pour tout le monde. Il y a la guerre, la violence, l’ignorance… et il y a l’impuissance. Nous, électeurs et consommateurs, sommes impuissants, mais pas mal moins que d’autres !

Déjà, si vous lisez ces lignes, vous avez bénéficié d’un accès au savoir que beaucoup n’ont pas. Nous vivons aussi dans un pays où les gens sont relativement choyés et où les inégalités sociales sont les moins importantes. Et cela n’est pas une raison de plus pour nous conforter dans ce que nos ancêtres nous ont donné ; ce n’est pas une raison non plus pour abandonner le reste du monde à son sort. Le fait que nous soyons nés à travers des lacs d’eau douce, dans un pays où l’éducation est accessible et gratuite et où nous pouvons bâtir pour l’avenir sans avoir peur que des guerres ne viennent détruire nos maisons n’est pas le fruit de nos efforts ; ce sont nos privilèges. Puisque nous sommes conscients de nos privilèges et de notre force, il est de notre devoir de ne pas négliger les gestes positifs qui sont à notre portée, que ce soit ramasser des déchets dans nos rues, économiser l’énergie, militer ou prendre du temps pour faire en sorte que les gens autour de nous se sentent bien. Il n’y a pas une personne qui ne soit pas capable de faire au moins un geste supplémentaire chaque jour pour rendre le monde meilleur, parce plusieurs de ces gestes ne coutent carrément rien. Pas besoin d’aller construire des écoles en Afrique, d’héberger une famille syrienne ou de donner 10 000 $ à la Croix-Rouge pour faire partie de la solution. Déjà, si tout le monde faisait un petit effort de plus pour rendre le monde meilleur, la somme des petits gestes de 8 millions de Québécois ferait assurément une grosse différence. Le monde nous appartient dès que nous cessons de réfléchir en vaincus. Se donner les moyens d’agir concrètement plutôt que de se résigner est un acte conscient et volontaire. Ça ne nous tombera pas dessus. Pascapab est mort. Qui c’est qui reste ?


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E xerc ice

La course pour tous : Une chaussure pour tous ? par Richard Roy. Pht, spécialiste en course à pied

Au cours de la dernière décennie, le retour de la chaussure minimaliste a fait couler beaucoup d’encre dans les blogues, les magazines et les livres de course. Toutefois, au cours des derniers mois, on dirait que le thème de la chaussure est devenu un peu tabou. Plus personne n’ose se mouiller sur la question de la « bonne » chaussure de course. En magasin, la chaussure minimaliste disparait sous le prétexte d’un trop grand nombre de blessures, et l’offre de chaussures ultra-maximalistes prend de l’ampleur. Est-ce le fruit de nouvelles découvertes scientifiques, ou le résultat du markéting? Une chaussure pour tous? Bien entendu, il n’existe aucune chaussure qui puisse plaire à tous les coureurs. C’est pour ça que sur la même ligne de départ, on pourra voir des Hoka One One ( épaisseur de semelle de plus de 35 mm ) côtoyer des Vibram Five Fingers ( 4 à 8 mm ). Chaque coureur jurera que sa chaussure est la meilleure et la plus confortable. Ici, chacun a droit à son opinion et à ses préférences, qui varieront selon les habitudes. Que protège la chaussure? Revenons à la base. La chaussure se porte sur le pied, mais dans quel but? Le protéger. Et c’est ce qu’elle fait, si et seulement si elle offre suffisamment d’espace pour tout le pied. Par exemple, une chaussure trop serrée à l’avant risquera de comprimer les orteils et de mener à leur déformation, ou encore aux ongles noirs. Chez une chaussure bien anatomiquement adaptée, le coussinage protègera sans doute les os du pied des impacts au sol. La semelle, peu importe son épaisseur, protègera la peau du pied contre l’abrasion, les cailloux et le verre brisé. L’élévation du talon contribuera à décharger un tendon d’Achille en tendinite aigüe, tandis que les supports pourraient potentiellement soutenir une

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« Autrement dit, plus la chaussure est absorbante, plus l’impact articulaire sera grand. »

Comment expliquer ce phénomène? Tout passe par le pied. Celui-ci est rempli de propriocepteurs, des petits organes qui envoient des signaux au reste du corps à propos de ce qui se passe entre le pied et le sol. Ainsi, moins il y aura d’interférence entre le pied et le sol, plus les propriocepteurs seront stimulés rapidement à transmettre les données en provenance du sol (dureté de la surface, cailloux, etc.) à l’ensemble du corps afin de lui permettre de développer ce qu’on appelle le comportement

arche plantaire affaissée suite à un changement aigu (blessure, fracture ou traumatisme), ou encore décharger un fascia plantaire enflammé. Ainsi, en cas de blessure aiguë au pied, la chaussure pourra jouer un rôle protecteur bénéfique. Mais qu’en est-il de la protection du reste du quadrant inférieur?

de modération d’impact (CMI). Le CMI permet aux membres inférieurs de modifier leur façon de travailler afin de diminuer le stress mécanique articulaire qui leur est imposé.

La protection totale Il serait utopique de croire qu’une simple chaussure puisse protéger l’ensemble du membre inférieur. Comment cela pourrait-il être possible? Depuis quelques années, de nombreuses études s’accumulent à l’appui d’un effet directement proportionnel entre l’épaisseur du coussinage d’une chaussure et l’intensité de l’impact articulaire au genou, à la hanche et à la région lombaire. Autrement dit, plus la chaussure est absorbante, plus l’impact articulaire sera grand.

En résumé, lorsqu’on pose le pied au sol en courant, le corps augmente la flexion du genou pour activer le « ressort » de la jambe, soit la chaine musculaire, le tout afin de protéger les articulations des membres inférieurs. Le mollet, le quadriceps et les fessiers se contractent pour leur part davantage pour absorber l’impact. À l’inverse, en présence d’un CMI déficient, souvent causé par une grande interférence entre le pied et le sol, on observe une diminution du travail musculaire dans l’absorption et, ainsi, un accroissement du stress mécanique au genou, à la hanche et à la région lombaire. Mais comment cela affecte-t-il le patron de course? À suivre le mois prochain…


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« Mais celui qui m’impressionne le plus, c’est Fred. Il fait un excellent risotto. »

Humour Entrevue avec Olivier Niquet

Discret, il dévoile la vérité par Busque

Dans la foulée de la campagne «Il y a Olivier aussi!», La Rumeur du Loup a voulu rencontrer Olivier Niquet afin de lui donner une chance d’être un peu plus connu. Il se fait trop souvent discret, un peu comme une moule pas cuite, mais nous avons réussi à le faire parler. Busque : Que fais-tu comme travail ? Olivier Niquet : Je suis coanimateur et chroniqueur à l’émission La soirée est (encore) jeune de RadioCanada. Je m’occupe aussi des réseaux sociaux de l’émission et je suis chroniqueur au journal Métro. B. : Avant le Sportnographe, que faisais-tu ? O.N. : Le Sportnographe a été créé en 2004 par Alexandre Provencher, Jean-Philippe Wauthier et moi sur le Web. Avant que ça ne devienne une émission de radio, j’ai étudié au baccalauréat et à la maitrise en urbanisme. J’ai eu le temps de travailler environ six mois dans le domaine avant que RadioCanada ne nous repêche. B. : Quelles caractéristiques ou quels atouts de tes études en urbanisme t’aident dans ton travail d’aujourd’hui ?

O.N. : J’avais choisi l’urbanisme parce que je ne me voyais pas faire toujours la même chose. L’urbanisme fait appel à tous les domaines. Le droit, l’histoire, le désign, la politique, etc. C’est très utile quand on fait une émission d’humour sur l’actualité d’en connaitre un peu sur plein de choses. Je ne suis expert en rien, mais je me débrouille en tout. Sauf pour chanter. B. : Jean-Philippe Wauthier et toi êtes des amis de longue date. À qui cela a-t-il servi le plus ? O.N. : Nous avons été des amis par défaut, parce que nos parents étaient amis, jusqu’à environ 12 ans. Ensuite, ma famille a quitté le Saguenay et nous nous sommes retrouvés à 20 ans, par choix. Disons qu’on se complète bien. Nous avons lancé plusieurs projets ensemble. Ça a adonné que celui qui a fonctionné met beaucoup plus en valeur les talents de Jean-Philippe. Je ne ferais surement pas ce métier s’il n’avait pas ce talent. Mais sa carrière aurait surement suivi un autre chemin si je ne l’avais

pas poussé pour qu’on commence un podcast avec le Sportnographe… Peut-être qu’à la place d’une émission d’humour « irrévérencieuse », il animerait une émission de danse… B. : Ton segment sur les médias dans l’émission La soirée est (encore) jeune est un incontournable. Comment prépares-tu ce segment ? O.N. : J’ai plusieurs sources d’information pour alimenter cette chronique. Je fréquente beaucoup les sites des radios d’opinion. Je cherche les sujets les plus prometteurs, les plus propices aux dérapages. Par exemple, si l’animateur Éric Duhaime aborde le sujet du climat, j’ai de bonnes chances d’y trouver des perles. Remarquez que j’ai toujours de bonnes chances avec Éric Duhaime. Je regarde aussi la période de questions de l’Assemblée nationale et certains points de presse de députés qui ont tendance à dire des niaiseries. Je m’alimente aussi beaucoup par les réseaux sociaux où l’on trouve

« Non, on ne se chicane pas. On se parle mutuellement dans le dos. Comme ça, ça donne l’impression que c’est l’harmonie dans l’équipe. » 32

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souvent des citations saugrenues entendues dans les médias. Enfin, de plus en plus, les gens m’envoient directement des extraits. C’est un grand bénéfice de notre nouvelle popularité. Ça me laisse presque du temps pour m’occuper de mes enfants. B. : Est-ce que vous vous chicanez des fois ?

O.N. : Je prendrais la ponctualité de Jean-Philippe, le côté jovial de Fred et l’écoute de Jean-Sébastien et je deviendrais un être exécrable, en retard, grognon et pas très attentif. B. : Si tu étais absent, est-ce que les gens s’en rendraient quand même compte ? Pourquoi ?

O.N. : Non, on ne se chicane pas. On se parle mutuellement dans le dos. Comme ça, ça donne l’impression que c’est l’harmonie dans l’équipe. On se chicane surtout en onde. C’est toujours plus facile de rire des autres quand on peut rire de nous-mêmes.

O.N. : Les gens s’en rendraient compte parce que les gars n’auraient plus personne à intimider.

B. : Est-ce que quelqu’un a déjà dit à Wauthier que ses questions sont trop longues ?

O.N. : Notre rôle est de servir d’épouvantail pour certaines radios qui peuvent maintenant nous pointer du doigt en disant : « Regardez ! La gaugauche communiste de la clique du Plateau payée avec nos taxes qui rit de nous ». Ça nous fait plaisir de jouer ce rôle.

O.N. : Tout le temps. B. : Jean-Sébastien est très drôle. N’avez-vous pas peur qu’il vous laisse pour une nouvelle émission ? O.N. : Si Jean-Philippe est capable d’animer trois émissions de télé en même temps, Jean-Sébastien en est surement capable aussi. Surtout qu’il n’a rien d’autre à faire de sa vie que de s’occuper de sa mère.

« “Regardez ! La gaugauche communiste de la clique du Plateau payée avec nos taxes qui rit de nous ‘‘. Ça nous fait plaisir de jouer ce rôle. »

B. : Plus sérieusement, que penses-tu du rôle de l’émission dans la sphère médiatique du Québec ?

Accessoirement, notre rôle est de pointer la bêtise, de souligner l’absurde, tout en faisant rire et en informant. Mettons. B. : Je n’ai jamais vu la une du Journal de Québec ou du Journal de Montréal sur les changements climatiques. Pourquoi ?

B. : Lequel des trois est ton préféré ? Pourquoi ? O.N. : Je n’ai pas de préféré. Je les aime tous pour différentes raisons, mais celui qui m’impressionne le plus, c’est Fred. Il fait un excellent risotto. B. : Si tu avais une qualité à prendre de chacun des membres de ton équipe pour te former une personnalité quelles seraient ces qualités ?

O.N. : C’est peut-être déjà arrivé. Honnêtement, on rit beaucoup du Journal de Montréal, mais ce n’est pas si pire. Ils ont certains chroniqueurs plutôt… hum… intenses ou démagos, mais les autres sont beaucoup plus éclairés et ils font aussi de la bonne information parfois. En plus, j’adore la page de Rodger Brulotte.

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Le Bas-Saint-Laurent a lancé l’an dernier sa Charte des paysages du Bas-Saint-Laurent (www.crebsl.org/paysages). Un regroupement de professionnels québécois vient de publier sa déclaration Pour une Politique nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme (www.ariane.quebec). C’est dans le but de contribuer à cette réflexion sur la notion de paysage que Fabien Nadeau donne ici son point de vue d’architecte et tente d’illustrer certains mécanismes qui font évoluer l’environnement dans lequel nous vivons. Il veut nous faire prendre conscience de notre responsabilité collective dans la transformation rapide de notre patrimoine naturel et culturel.

ARCHITECTURE ET TERRITOIRE 3/3

Quelques idées libres sur l’aménagement par Fabien Nadeau, photos de Nicolas Gagnon

Nous construisons énormément pour répondre à nos nouveaux besoins. Il faut en plus constamment améliorer, entretenir, remplacer notre parc immobilier. Il faudrait non seulement penser à la durabilité de ces interventions construites, mais aussi au long terme du milieu où elles s’inscrivent. Il faut penser en fonction d’une bonification élargie du tissu urbain, construire aux endroits les plus appropriés en respect des villes et de leurs habitants. Lorsqu’on parle de développement, ne faut-il pas tenter de voir au-delà des emplois immédiatement créés et penser à la vitalité future de ces villes et villages ? Par exemple, ne faut-il pas encourager les commerçants à se rapprocher des centres, plutôt que de s’installer aux carrefours autoroutiers, comme ils le font systématiquement maintenant, en fonction de critères comptables ? Nos municipalités se sont vidées de leurs services à cause du développement de grandes surfaces au bord des routes périphériques. Les pétrolières, à l’avant poste de cet état de fait, ont développé un concept de commerce équivalent aux dépanneurs, lié aux stations-service et ont ainsi monopolisé ce secteur, ce qui donne la vie dure à nos derniers vrais dépanneurs. Les résidents se rapprochent ensuite de ces services et s’éloignent des centres, ce qui a pour conséquence que nos municipalités doivent maintenant essayer de redonner vie à leur centre, par tous les moyens.

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Nos villes et villages, qui étaient, à une époque, développés à l’intérieur d’un périmètre où tout était accessible à pied, ont perdu cette structure qui rendait les échanges si faciles et la vie agréable. Même dans les plus petites communautés, il n’est plus possible de subvenir à ses besoins de base sans avoir à démarrer son automobile. Il faut recommencer à penser nos villes en fonction des distances, développer en commençant par les centres, envoyer nos enfants à l’école à pied, faire l’épicerie à pieds. Il faut densifier le tissu urbain à partir des centres. Il faut essayer de construire le moins possible (curieuse affirmation de la part d’un architecte), en recyclant, en entretenant, en améliorant l’efficacité des équipements existants, en déménageant dans un de ces bâtiments existants, restauré et reconverti. Mais si l’on doit démolir un bâtiment


S o cié té

désuet et sans potentiel de restauration, il faut s’assurer de le remplacer par un nouveau bâtiment qui serait le plus durable possible, le plus approprié à sa fonction et imprégné du tissu urbain environnant. Il doit s’inscrire positivement dans l’histoire et dans l’avenir du site. Et il faut construire en respectant le milieu environnant, en cherchant la durabilité, par la répétition des bons coups. Il faut privilégier certaines méthodes de construction, certains métiers qui sont bien maitrisés régionalement, certaines caractéristiques qui ont un potentiel de servir de repère durable. Utiliser aussi souvent que possible des matériaux exploités régionalement de façon durable. Définir des critères de couleur, de texture, de détail et de matériaux, et encourager leur respect, s’ils ont un potentiel assez fort de définition du territoire. Si un site nouveau, choisi en fonction de critères bien fondés, qui s’inscrit dans un environnement cohérent doit être développé, il faut le faire avec une sensibilité respectueuse du site. Il faut essayer de le faire en en perturbant le moins possible les caractéristiques naturelles, en faisant des aménagements bien intégrés et bien construits. L’accès véhiculaire ne devrait pas autoriser le nivèlement des sites et le remplissage. La résistance à la bonne planification et la disponibilité d’énergie à peu de frais nous a fait trop souvent opter pour l’aplanissement des terrains plutôt que pour l’exploitation avantageuse de leurs caractéristiques, de leur géographie, de leur écosystème. Par exemple, le sous-sol fini de nos maisons, qui n’est pas tout à fait un idéal d’architecture, représente souvent plus de la moitié de la superficie de nos bungalows. Le garage utilise souvent une partie du rez-de-chaussée. Une bonne mise en valeur de la topographie peut permettre d’éviter cette généralité, de donner des plains pieds confortables et des sous-sols qui n’en ont plus les inconvénients. Les quartiers les plus pittoresques sont souvent issus de sites apparemment difficiles à aménager. Mais pour un quartier neuf, la tâche la

« La résistance à la bonne planification et la disponibilité d’énergie à peu de frais nous a fait trop souvent opter pour l’aplanissement des terrains plutôt que pour l’exploitation avantageuse de leurs caractéristiques, de leur géographie, de leur écosystème. » plus délicate sera certainement de développer l’esprit du quartier, du lieu, d’identifier les caractéristiques communes qui créeront une certaine harmonie, et qu’il faudra favoriser. Ces qualités doivent venir du site et exprimer la personnalité de la ville, de la région et du territoire. Au Bas-Saint-Laurent, particulièrement, il faut certainement apprendre à préserver et à mettre en valeur les vues, à aménager les secteurs favorisés par la perspective des paysages, en fonction du bénéfice général. Nos ancêtres sont arrivés ici par voie d’eau. Avec l’arrivée des Français, nos structures ont été orientées en lien direct avec le fleuve et les autres cours d’eau principaux. Nos établissements se sont d’abord installés à l’embouchure des rivières. Nos villes et villages sont traversés de cours d’eau ou font face au fleuve. La vue et l’accès aux plans d’eau devraient être privilégiés. Notre code civil

nous garantit heureusement le droit d’utiliser ces cours d’eau, mais l’accès aux rivages se privatise de plus en plus, les points de contact sont de plus en plus rares et difficiles. Des accès publics aux rivages devraient y être aménagés aussi souvent que possible. Des voies piétonnes devraient y être aménagées. On aime percevoir ces cours d’eau à partir des routes aussi. Il faut remarquer qu’il est maintenant devenu difficile d’apercevoir les rivières à partir des ponts récemment construits. Les garde-fous en béton opaque ont remplacé les gardes en acier ajouré, probablement pour de bonnes raisons techniques, mais certainement parce que la perspective sur ces rivières n’était simplement pas considérée comme un critère. Il serait souhaitable et souvent facile de donner l’accès aux points de vues sur les paysages lors de la conception des infrastructures. De même, les nouveaux brise-vents plantés le long de nos routes pourraient être sélectionnés en fonction de ce critère, ce qui ne semble pas être le cas. Il s’agirait d’y penser. Grâce aux documents d’archives et au fait que notre environnement ici soit encore relativement épargné par l’urbanisation hors de contrôle généralisé ailleurs dans le monde, on peut encore imaginer un monde idéal où les travailleurs n’auraient pas à affronter nécessairement la circulation automobile, où ils pourraient marcher tranquillement à leur maison en faisant leurs emplettes tout en appréciant un décor harmonieux, qui exprime le savoir-faire régional et sent l’air marin. Mais, depuis quelques décennies seulement, tout ce développement au profit du mieux-être immédiat a contribué au contraire à nous enliser dans une dégradation sensible du bienêtre fondamental, par le moyen d’une « déterritorialisation » sournoise et générale. Les changements environnementaux maintenant annoncés forceront d’importants changements sociaux. On doit s’attendre à ce que notre région subisse les contrecoups de ces changements. C’est certainement le temps d’y réfléchir. Nous pouvons décider d’orienter ces changements dans la direction la plus souhaitable pour notre avenir.

NOUVELLE PUBLICATION AUX ÉDITIONS DU RENARD

LE CAPTEUR

DE

BERTRAND CARRIÈRE

144 photographies en couleur Textes de Mona Hakim et Emmanuel d’Autreppe 35 La Rumeur du Loup, janvier 2016 EN VENTE AU WWW.EDITIONSDURENARD.COM


Le festin de la muse ou

« Chacun n’est capable de composer avec succès que dans le genre où il est poussé par la Muse. » (Ion, 534c) par Marie-Amélie Dubé

Carrousel d’images en noir et blanc. Yeux ouverts ou fermés. Seule ou accompagnée. La machine à sensations roule à fond. Un espace de fantasmes vaste et multiforme. Les sens s’y agitent, brassent un miel gorgé, frappe une peau de tambour tendue, casse une crigne rêche, empoigne une chair radiante. Ça fait mal et bien, ça surprend, ça stresse, ça calme, on en veut plus, maintenant, chaque fois, autre chose, néo, curieux… Une bouche qui entend, des oreilles qui goutent, des yeux qui touchent, des mains qui boivent. Dialogues platoniques et fresques à l’odeur de Klimt s’étreignent dans le sein d’une infinie beauté de désir, de tentation, de charme, de regards fuyants. Courbe sinusoïdale voyageant entre l’Éros fidèle, qui fait le plus de bien, qui inspire l’audace, capable de rendre l’homme vertueux et heureux, et l’Éros populaire, qui n’aspire qu’à la jouissance ; pourvu qu’il y parvienne, peu importe le ou les moyens.

(Soupirs) (Tremblements) (Sueur)

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La Rumeur du Loup, janvier 2016

Souhaiter interpréter la muse qui hisse l’homme au monde de l’esprit et de la beauté. Créer l’anamnèse, échapper à la fuite du temps dans un ici monolithique, inébranlable. Un roc de sucs où se dépose une muse (hic) permettant d’accéder à l’harmonie. Festin gargantuesque. Orgie de pensées. Musique, mais est-ce trop ? On vous attend au Cabaret érotique du Loup de Cambronne !


Q u o i Fa i r e ? ! @ #$% L I S T E S É L E C T I V E D ' É V È N E M E N T S d a ns le K R T B

Du 10 janvier au 1 mars 6 février

28 janvier

Rivière-du-loup

Centre culturel Berger

Musée du Bas-St-Laurent

14 h à 15 h

À partir du 17 janvier

20 h

L’Art c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art Collectif d’artistes — Voir à l’Est

Musée du Bas-Saint-Laurent 19 janvier Kino RDL

Salle Prelco de l’ÉMAC

Journées de création — Réalisation d’un folioscope

Tu te souviendras de moi

20 h Entrée gratuite

Édouard, professeur d’histoire à la retraite bouillant et caractériel, commence à perdre la mémoire. Continuellement sollicité pour procéder à des analyses politiques et sociales, l’homme, qui est habitué à s’exprimer dans les médias, doit soudainement se faire plus discret. Mais Édouard refuse de disparaître et juge qu’il a encore beaucoup de choses à dire. Puisque personne de son entourage ne semble en mesure de veiller sur lui, il est placé sous la garde de Bérénice, jeune fille du nouveau conjoint de sa fille. La rencontre amènera Édouard à revisiter un passage de son histoire personnelle qu’il avait choisi d’oublier.

Pour les 5 à 12 ans

Pour information : 418 867-6666 poste 1 13 février Lectures improvisées !

Bibliothèque Françoise-Bédard 10 h à 12 h Le comité organisateur de l’Épopée vous offre pour la Saint-Valentin un spectacle de lectures improvisées pour toute la famille !

Tu te souviendras de moi parle de la mémoire, de la transmission, du temps qui passe, du refus de disparaître, de la nécessité de se souvenir et de parfois oublier, de la mémoire défaillante d’un homme et de celle d’une société de plus en plus obsédée par le moment présent. Serons-nous un jour condamnés au silence ou choisirons-nous de continuer à raconter qui nous sommes ?

Gratuit pour tous. Contribution volontaire pour aider au financement du tournoi d’improvisation de l’Épopée 2016 !

23 janvier

Pour information : 418 867-6666 poste 1

Salle Prelco de l’ÉMAC

Journées de création — Atelier

30 janvier

Régulièrement, des amateurs de vidéo se rassemblent pour partager leurs créations. Les consignes : Moins de 10 minutes de durée. Inclure le logo/la mention Kino. Pas d’obscénité.

Ouvert à tous, Kino RDL vous invite à participer et à venir prendre une bière.

de fabrication de totems

Pour les 5 à 12 ans

14 h à 15 h

24 janvier Monsieur Bossbottes

Centre culturel Berger 14 h

Voici le spectacle idéal pour initier vos enfants à la notion de rythme ! Ils seront entraînés dans un monde inspiré des profondeurs des mines. Ils y découvriront le gumboot, une danse percussive, développée par les mineurs au fil de leur vie souterraine, et qui s’exécute en tapant sur leurs grandes bottes noires en caoutchouc. Par de petits sketchs, ils suivront les péripéties de quatre travailleurs qui s’activent et dansent au rythme de leurs outils. Ils y découvriront également le patron, monsieur Bossbottes, un casse-pieds incroyable, mais qui devient parfois un compagnon de jeu drôle et maladroit. En plus du gumboot, le spectacle initie à la percussion corporelle, le slapstick (suite de blagues physiques), le gromolo (langage sonore inventé) ainsi que le jeu clownesque.

12-13 février Cabaret érotique du Loup de Cambronne

20 h 30

Galaxie — Show du garage

Musée du Bas-Saint-Laurent

Pour information : 418 867-6666 poste 1

Centre culturel Berger

Aux limites de l’électro keys et appuyé par sa souche stoner-rock fondamentale, Olivier Langevin et sa gang de Galaxie vous sortiront de la torpeur hivernale en vous faisant danser. Sur une note littéraire moins introspective qu’on lui connaît et une prose toujours aussi près des soirées enivrantes dont on peine à se rappeler, Galaxie transformera le plancher de danse en espace de défoulement !

20 h

Pour information : 418 867-6666 poste 1 31 janvier Matinée- concert présentée par Imprimerie l’Impression. Donald Charles et sa guitare, chanson, rock et

Le Théâtre du loup de Cambronne travaille depuis plusieurs semaines sur la 2e édition du fameux Cabaret érotique. Plusieurs surprises au programme : en plus de pouvoir vivre l’expérience sur deux soirs, l’animation des soirées sera assurée par deux personnalités bien connues du milieu culturel québécois : Ève Landry et Christian Bégin !

Réservez vos billets en ligne au www.loupdecambronne.com 14 février Matinée- concert présentée par Cain Lamarre Avocats Trio jazz avec Olivier Martin, Daniel Lacombe et Guillaume Pigeon

Salle Prelco de l’ÉMAC 10 h 30 Adulte : 12 $, enfant : 6 $, 6 ans et moins : gratuit

blues

Salle Prelco de l’ÉMAC 10 h 30 Adulte : 12 $, enfant : 6 $, 6 ans et moins : gratuit

Pour les 5 à 11 ans

4 au 7 février

Pour information : 418 867-6666 poste 1

Festival Vues dans la tête de Micheline Lanctôt

Au cinéma Princesse et à la Maison de la Culture

Entrez dans la tête de Micheline Lanctôt en découvrant la signature cinématographique de Philippe Falardeau, Robin Aubert, Samer Najari, Dominique Chila, JeanSébastien Lord et Félix Dufour-Laperrière.

Consultez la programmation complète au www.vuesrdl.com

18 février Par ici les jeudis !

Conférence à la Bibliothèque Françoise-Bédard 19 h a 21 h 20 février Journées de création — Atelier de fusain et de pastel sous le thème des G rottes de L ascaux

Au Musée du Bas-Saint-Laurent

Pour les 5 à 12 ans 14 h à 15 h

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27 février Cabaret Kerouac

Salle Prelco de l’ÉMAC Entrée gratuite 20 h 30 Lectures de chambre et musiques aléatoires seront présentées, entourées de numéros originaux et de toutes formes : humour, danse, prestation artistique ou philosophique. Un service de bar offrira les produits de la Microbrasserie Aux Fous Brassant, ajoutant à l’ambiance toujours festive et bon enfant.

28 février Matinée- concert présentée par BML Musique country avec Jasmin Bélanger et ses invités

Salle Prelco de l’ÉMAC Adulte : 12 $, enfant : 6 $, 6 ans et moins : gratuit 10 h 30

Pour la suite du quoi faire, aller voir notre site web www.rumeurduloup.com

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