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Culture w Societe w Environnement w Opinion w Quoi faire KRTB

ISSN 1920-4183

www.rumeurduloup.com

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Tete dure v

No  85 juillet 2016

- special inspiration  -



Sommaire

Dossiers 5

Les maux du rédacteur

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Dossier inspiration

équipe de rédaction

Vente

Rédacteur en chef

Busque Marie-Amélie Dubé

Busque

Graphiste

Le reste

Busque

Collaborateurs-Graphistes

et photo

24 La cueillette estivale et populaire

38 Art, musique et cie!

26 La naissance d’une région touristique 40 L’école de l’Anse au coeur de votre

« Kamouraska »

été

33 Concours littéraire Lire au loup 2016

42 Pas d’excuses pour passer à l’action

36 Oyez oyez communiqué !

44 La Pocatière ville nourricière

Alexis Boulianne Jonathan Gaudreau Anthony Francoeur-Vallière Patric Nadeau Valérie Simone Lavoie Josée Marquis Jean-François Lajoie Busque

Illustrateur Busque

Quoi-faire ?!@#$% Marie-Amélie Dubé

Correctrices

Maude Gamache-Bastille Le bruit des plumes

Collaborateurs

Sylvie Michaud Josée Marquis Karel Robert Robitaille Claudie Robert Robitaille Améli Beaulieu Frank Malenfant Joana Pln Karianne Bastille François Dorais Catherine Lamarre Émy Lamalice Michel Lagacé iSabelle Moffet Myriam St-Pierre Marie-Anne Rainville Pamella Bérubé Jean Émilie Lapierre

Couverture photo

Alexis Boulianne

ection Quoi faire KSamouraska 48 Agenda culturel

La Rumeur du Loup c’est... 49 Quoi faire

52 pages dynamiques 2200 exemplaires mensuellement 450 salles d’attente 50 points de distribution La meilleure visibilité du KRTB Encouragez la propagation de la culture et faites monter vos publicités par une équipe de jeunes professionnels.

CONTACTEZ LOUIS-PHILIPPE GÉLINEAU-BUSQUE au 418 894-4625 journal@rumeurduloup.com

LA RUMEUR DU LOUP, C'EST COLLECTIF ! Le journal vous invite à écrire des textes informatifs, des histoires surprenantes, un poème hypoallergénique ou autres, car après tout, c’est votre journal ! Envoyez vos écrits à : journal@rumeurduloup.com. L’ÉDITEUR LAISSE AUX AUTEURS L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE LEURS TEXTES. La reproduction des textes publiés dans ce journal est fortement encouragée sous condition d'avoir la permission du journal La Rumeur du Loup. PRENDRE NOTE QUE LA DATE DE TOMBÉE DES ARTICLES EST LE 25 DE CHAQUE MOIS. Faites parvenir vos documents à journal@rumeurduloup.com


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La Rumeur du Loup, juillet 2016


Les MAUX du rédacteur

Petit humain qui ira Loin par Busque

L’essence même de nos sociétés vient des humains qui y vivent. Chacun d’entre eux est paradoxalement identique dans sa façon d’être unique. Ils forment un tout organique malgré eux. Quand on s’y colle, on aperçoit des sourires, des rires, des moments difficiles et d’autres plus volatiles.

Par Facebook, j’ai demandé à mes amis de me fournir des citations inspirantes. Voici quelques réponses reçues : On va toujours trop loin pour ceux qui ne vont nulle part. — Pierre Falardeau

Lorsqu’un humain agit, quelle est sa motivation ?

• Il y a celles qui ont des passions et les vivent à 100 %.

Qui crée dans la vie meurt en souriant. — Auteur inconnu

Parfois, il agit pour sa survie, d’autres fois, pour ses envies personnelles. Pour ma part, je trouve que c’est inspirant lorsque ce petit humain agit pour les autres.

• Il y a celles qui sont parties de vraiment loin et qui s’améliorent jour après jour.

Ce que la bouche s’accoutume de dire, le cœur s’accoutume à le croire... alors restez positif.

• Il y a celles qui font des projets en dehors de la marge.

Je suis là où je veux être...

Je conçois que par nos mots et par nos actions, il y a plusieurs types de personnes inspirantes : • Il y a celles qui s’impliquent le soir dans des organismes et comités. • Il y a celles qui élèvent un enfant handicapé et qui sont tellement fortes et courageuses. • Il y a celles qui sont toujours de bonne humeur et qui te font sentir bienvenu. • Il y a celles qui donnent toujours de leur temps et de leur écoute aux autres. • Il y a celles qui réfléchissent et qui repensent le monde.

• Il y a celles qui créent. Pour cette édition donc, nous avons créé un comité d’humanoïdes qui a comme mission de vous parler de gens inspirants. Il y en a tellement autour de nous, ne trouvez-vous pas ? Je demandais plus tôt dans cette chronique ce qui motive les gens à agir : l’inspiration qui se dégage des autres. Les derniers mots du Bouddha furent : « L’impermanence est la loi universelle. Travaillez avec diligence à votre propre salut. » Tellement inspirant !

Le danger, c’est la générosité, ne rien attendre en retour, c’est être payé d’avance. — Philippe Aïni Si vous ne travaillez pas pour vos rêves, quelqu’un vous embauchera pour travailler pour les siens. « Chi va piano va sano, chi va sano va lontano », cela signifie : si tu vas doucement, tu seras en santé, et si tu es en santé, tu iras très loin. Un équivalent de : « lentement, mais surement ». Agissez comme s’il était impossible d’échouer. — Winston Churchill C’est dans la nuit la plus sombre que l’on voit les plus belles étoiles. Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. — Mark Twain

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Tete dure V

par Alexis Boulianne, photos de Jonathan Gaudreau

« Et ça, c’est mon crâne. C’est ce que j’ai dans ma viande. Je me suis fait scanner la tête, j’ai trouvé un type qui fait de l’impression 3D, et voilà, c’est ma tête. »

P

ierre-Henry Fontaine se tient dans son musée du squelette, sur l’ile Verte. Du plancher au plafond, des os de toutes les tailles et toutes les formes s’entassent dans un ordre qu’il semble parfaitement comprendre. Dans ses mains ridées mais fortes, un crâne, le sien, qu’il décrit avec la précision du scientifique. Véritable mise en abime, le musée du squelette est aussi tout en entier dans sa tête; on peut y rester des heures à l’écouter nous raconter l’histoire de chaque os qui s’y trouve.

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Outre le musée du squelette, sa terre et sa maison sur l’ile Verte, Pierre-Henry Fontaine, qui soufflera 80 bougies l’année prochaine, a consacré sa vie à l’enseignement, entre autres avec les futurs gardes-chasse. Ossements en main, il leur expliquait comment repérer les traces de traumatisme sur les animaux afin de déterminer la cause de leur mort. Dans la salle de classe de jadis, comme dans la grange qui abrite ses trésors aujourd’hui,

il besogne à alimenter la flamme de la connaissance. « Quand on comprend, le monde autour de nous arrête de nous faire peur. Et quand on n’a plus peur, on devient des personnes meilleures, parce qu’on a envie d’aimer », raconte-t-il, ses yeux bleus perçants s’adoucissant soudainement.


« Quand on comprend, le monde autour de nous arrête de nous faire peur. Et quand on n’a plus peur, on devient des personnes meilleures, parce qu’on a envie d’aimer. » Loin du politically correct Cet indocile ne se fait pas d’amis parmi les militants environnementalistes. En critiquant ouvertement les positions des groupes écologistes ou animalistes comme Greenpeace ou la Humane Society, PierreHenry se pose en défenseur de la rationalité et de la science. Pour lui, les émotions, aussi importantes soient-elles, n’ont pas leur place dans le débat public. Une peau de phoque en main, il cite en exemple la saga entourant la chasse aux phoques, et particulièrement celle des blanchons. Selon lui, il est absurde d’empêcher la chasse aux blanchons, les jeunes du phoque du Groenland, puisque leur fourrure est de bien meilleure qualité, et que la seule différence entre un blanchon et un phoque dit adulte est de 3 ou 4 semaines. D’après lui, l’interdiction de la chasse aux blanchons fait plus de mal qu’elle ne fait de bien. « Les gens critiquent la chasse aux phoques avec un manteau synthétique sur le dos, sans broncher. Moi, je leur dis qu’ils portent, c’est du pétrole! Nous avons une ressource renouvelable et écologique [dans le phoque] », explique-t-il.

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Même chose pour le castor, dont le nombre n’arrête pas d’augmenter depuis qu’on ne paie plus les trappeurs pour les peaux. Les dégâts causés par le rongeur se comptent, selon Pierre-Henry, en plusieurs centaines de milliers de dollars. S’il lance beaucoup de pots, il sait toutefois lancer des fleurs. « Il y a une chose dont je suis fier des écologistes, c’est d’avoir pris le bélouga comme emblème pour l’opposition au projet de port pétrolier à Cacouna », nuance-t-il. Lui-même avoue avoir un impac t environnemental très grand. Dans sa cour, un VUS, un quad et un tracteur sont stationnés côte à côte. « Je ne suis pas un exemple. C’est sûr que je pollue beaucoup, mais à mon âge, c’est le prix que je dois payer si je veux rester ici, sur l’ile Verte », admet-il.

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« Il y a une chose dont je suis fier des écologistes, c’est d’avoir pris le bélouga comme emblème pour l’opposition au projet de port pétrolier à Cacouna.»

Cette terre, il y a vécu pendant des décennies. Un des premiers étrangers à s’installer sur l’île Verte, il se rappelle bien les premières traversées, en chaland de pêcheur. Aujourd’hui, l’ile est une destination de plus en plus populaire, pour sa facilité d’accès et son décor dépaysant et enchanteur. Il exprime souvent le souhait que ses enfants héritent un jour de sa terre à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, mais on sent qu’il souhaite aussi léguer autre chose de plus vaste et de plus nébuleux à la fois. « Moi, j’ai un message à passer, c’est que la science, c’est amusant, et que la science fait partie de la culture. Il faut redorer l’image de la science, parce que c’est vu comme quelque chose de rebutant », martèle-t-il.


La mort Pierre-Henry a côtoyé la mort de près, l’année dernière. Il a perdu son fils, dans un bête accident d’hélicoptère. « C’était lui qui allait reprendre la maison, c’était lui qui était intéressé au musée. Ça m’a enlevé une grosse motivation. Faut que je me cramponne maintenant pour conserver mon plaisir à vivre,

« Il a perdu son fils, dans un bête accident d’hélicoptère. » faut vraiment que j’aille le chercher un peu plus loin », raconte-t-il, le ton grave. Pour PierreHenry, le plaisir est un leitmotiv qui domine sa vie bien remplie. Celui qui a tant appris à tellement de gens croit toutefois qu’il n’est pas remarquable. « S’il y a quelque chose de remarquable chez moi, c’est que j’aime faire les choses que je fais, et je les fais parce que j’aime les faire », admet-il finalement. Si le squelette – animal ou humain – évoque une chose, c’est bien la mort. Mais dans un vieux bâtiment de l’ile Verte rempli d’ossements, la vie émerge de son mutisme comme jamais. Au centre de cette frénésie silencieuse, PierreHenry Fontaine contemple son théâtre, là où il a mis en scène des drames et des comédies innombrables; si les acteurs sont les os, il sait les faire parler comme personne.

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Toi qui m 'inspires par les soeurs Robert-Robitaille, illustration de Busque

Cher passant,

Cher sans-abri,

Lorsque nous nous sommes croisés dans la rue à l’intersection Hôtel-De-Ville/Joly, ton sourire a mis mes soucis de côté pour une fraction de seconde. Tu m’as inspirée à saluer davantage les gens dont je croise le chemin comprenant à quel point cela peut s’avérer réconfortant.

Assis sur des boites en carton, penché sur ton chien, le regard rieur, tu m’as rappelé que le bonheur ne se trouve pas dans les grandes choses matérielles, mais dans les moments passés et l’amour partagé.

Cher enfant,

Chère étudiante,

Je te regarde observer passionnément chaque fleur en bordure du chemin, insouciant des pressions du temps et de la liste de choses à faire. Tu profites du moment, appréciant la vie pour ce qu’elle t’offre à découvrir. Tu m’inspires. Tu m’inspires à me reconnecter à mon cœur d’enfant, grâce auquel, loin des tracas de la vie, je peux regarder passionnément les fleurs en bordure du chemin.

Te voir à la cafétéria chanter et danser au rythme de la musique dans tes oreilles malgré la foule qui t’entourait m’inspire à assumer mes folies passagères.

Chers poursuiveurs de rêves, Vous étiez malheureux dans un environnement capitaliste où les attentes trop élevées vous ont menés à l’épuisement. Vous avez tout laissé derrière vous pour poursuivre ce qui vous faisait réellement vibrer. Ce que certains pourraient considérer comme un échec, je le considère comme un acte de grande bravoure.

Cher voisin de table au restaurant, Je suis seule et je lis mon livre, mais, petit à petit, je ne peux m’empêcher de délaisser les lignes pour me concentrer sur tes mots. Ta voix fuse, ta passion se fait ressentir et t’écouter m’inspire. M’inspire à poursuivre la flamme qui m’allume, poursuivre mes rêves pour qu’un jour, je puisse moi aussi parler avec autant de cœur.

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Cher activiste,

« Vous avez tout laissé derrière vous pour poursuivre ce qui vous faisait réellement vibrer. »

Suivre ton parcours et tes actions pour les causes qui te tiennent à cœur m’émeut et me donne envie d’en faire autant. Ta volonté de faire bouger les choses et de donner une chance à l’humanité de devenir plus libre et plus juste est honorable. J’ai lu une citation dernièrement et elle m’a fait penser à toi: « On se grandit en s’oubliant au profit de la cause que l’on défend. » On ne pourrait mieux dire.


Chronique féministe # 48

Une

humaine

inspirante :

Janette Bertrand par Améli Beaulieu, Centre-Femmes du Grand-Portage

Pour cette édition où l’humain qui inspire est mis en valeur, nous avons choisi ici de faire le portrait d’une femme qui a su faire sa marque et qui inspire, entre autres, par son apport à l’amélioration de la condition féminine. Janette Bertrand, née en 1925, est une grande communicatrice et une auteure prolifique dont l’importance a été maintes fois soulignée par de prestigieux prix et distinctions. Elle a su faire sa marque comme animatrice, auteure, réalisatrice et comédienne. Ses nombreuses œuvres de fiction et ses émissions ont permis à la société québécoise d’évoluer et de s’ouvrir sur différentes réalités plus taboues. Elle a osé (et ose encore aujourd’hui) aborder des sujets qui savaient toucher tout le monde, mais dont personne ne parlait. Née à Montréal, elle a étudié en lettres à l’Université de Montréal avant d’amorcer une carrière journalistique en 1950. Elle se voit alors confier la chronique « Opinions de femmes » au Petit Journal. Déjà à l’avant-garde, elle utilise alors l’humour afin de traiter de sujets féministes à une époque où le mouvement n’est qu’embryonnaire. Par la suite, elle se tourne vers la radio et anime l’émission quotidienne Mon mari et nous (CKAC) pendant plusieurs années. Peu à peu, la télévision devient son véhicule médiatique privilégié. Elle écrit plusieurs émissions, téléromans, séries télévisées et même quelques pièces de théâtre. En abordant des sujets contemporains, elle contribue à

démystifier des thèmes délicats, faisant d’elle une éducatrice populaire exceptionnelle. Parmi ses réalisations, soulignons le téléroman Quelle famille ! (Radio-Canada), portrait type de la famille québécoise des années 1970, la série L’amour avec un grand A, qui présente des dramatiques abordant des thèmes comme le suicide, l’homosexualité, la violence conjugale et le sida, et l’émission Parler pour parler, où elle anime un groupe de discussion sur des sujets personnels tels que la famille, le couple, la sexualité, la condition des femmes, la maladie, etc. Par les thèmes abordés, sa qualité d’animatrice et son ouverture, elle contribue à nous remettre en question et à réfléchir humainement à des problématiques ou des situations qui font partie de notre société, mais dont on parle peu publiquement. Encore aujourd’hui, elle continue d’être présente et de produire différents ouvrages qui sont très populaires. Son autobiographie, Ma vie en trois actes, et ses romans sont tous des bestsellers au Québec.

« Elle a osé (et ose encore aujourd’hui) aborder des sujets qui savaient toucher tout le monde, mais dont personne ne parlait. »

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Chasseur d'extraordinaire par Frank Malenfant

Ma vie est un battement de cils, un claquement de doigts, un quark dans l’immensité. Je n’ai que quelques décennies à vivre sur un million d’années d’humanité, sur une fraction d’une planète vieille de plus de 4 milliards d’années parmi des milliards de galaxies d’un univers qu’il est même impossible d’observer jusqu’au bout.

Je suis fait de cette poussière d’étoiles animée par le miracle de la vie parmi les arcs-en-ciel, les animaux et toutes les beautés de la terre et du ciel. Mes possibilités sont infinies, mais mes jours, comptés. Ce savoir fait de moi un chasseur d’extraordinaire qui cherche à vivre passionnément et à se connecter à l’humanité et à la vie.

Je crains le vide. Je fuis ces heures où je laisse glisser ma vie sans la vivre : sans voir, sans ressentir, sans apprendre ou sans aimer. Je ne regrette pas les années, il y a déjà tellement à voir devant. Je me lance à pieds joints dans les nouvelles étapes de la vie sans vouloir me déconnecter de la société, de l’humanité, des gens que j’aime.

Je veux vivre le voyage, mais aussi l’enracinement, la famille, l’amour, l’amitié, la peine, l’effort, le succès, mes rêves...

J’aurai 30 ans cette semaine et ma vie semble se synchroniser avec ce chiffre. Je suis en paix. Je veux maintenant chasser l’extraordinaire plus profondément en moi, dans les gens plus près de moi. Je veux le trouver dans les sourires, dans les silences, dans le plaisir de construire ma place sur cette infinitésimale portion d’espace-temps qui m’est prêtée.

Peut-être que je fuis le vide. Tant mieux. Je dirais plutôt que je cours vers la vie. Je sais très bien m’y poser tranquille lorsqu’elle est là. Je sais très bien la remplir de nouveaux défis lorsqu’elle se vide. J’y cherche maintenant de nouvelles racines pour y croitre encore quelques décennies. Comme celui qui marche, j’ai le pied devant, et je me projette dans le déséquilibre qui m’apportera plus loin. Devant.

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« […] la plupart des épreuves auxquelles nous devons faire face nous offrent des occasions de découvrir quelle est notre véritable place, quels sont les dons que nous avons reçus et comment nous pouvons en faire profiter les autres. » - Nick Vujicic, qui n’a ni bras, ni jambe mais qui inspirent le monde entier par sa résilience et sa bonne humeur.

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Coline Serreau, actrice, réalisatrice, scénariste et compositrice française. Elle a notamment écrit et dirigé le film Trois hommes et un couffin et le film La Belle Verte.

Voir le beau dans ce monde m'inspire

par Joana Pln

Ça me pousse, comme une mauvaise herbe, le beau m’encourage à grandir, à passer les étapes que la vie met sur nos chemins. Le beau, je le vois en tout, en toi, en moi, dans les êtres qui m’entourent, dans l’art ou dans la nature, qu’elle soit sauvage ou humaine. Je le vois dans cette grandeur, cette splendeur, dans l’immensité de ces paysages tout verts qui nous entourent, ici dans le Bas-du-Fleuve. Le beau est partout, le beau est vaste et paisible. Il est perceptible dans tout, dans tout le monde et par tous.

L

e beau, je le trouve chez Coline Serreau… Cette femme, cette artiste complète, à la fois réalisatrice, joueuse d’orgue ou trapéziste. Elle est une constante source d’inspiration. Je me retrouve subjuguée par ses films. On peut les écouter mille et une fois, en découvrant sans arrêt de nouveaux sujets qu’elle a à cœur de traiter : l’écoute, le partage, la religion, le bonheur, les rapports humains, l’écologie.

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Ses films sont comme une bonne chanson de rap. On se les repasse en boucle pour toujours en découvrir plus, prêter attention au petit détail qui nous a échappé lors du 4e visionnement et, quand on prend le temps de l’écouter comme il faut, on y découvre des petites pépites d’or. Cette militante de l’agriculture biologique m’a ouvert les yeux sur la société dans laquelle on vit, ce système de l’agroalimentaire à but lucratif et la production de masse qui détruit

nos écosystèmes, nos patrimoines, nos semences, en somme, ce que nous sommes. Cette femme m’inspire et a fait naitre un combat en moi. Je trouve Pierre Rabhi beau. Philosophe et agriculteur, il dénonce les villes et l’urbanisation à titre de prison dorée où nous ne sommes que des bêtes en cage qui tournent en rond, loin de notre essence, de notre nature profonde. En constante recherche de l’ivresse d’une vie et d’une ville qui va trop vite.


Pierre Rabhi est un essayiste,

Cet homme m’inspire, m’a appris la puissance de la modération1.

agriculteur bio, romancier et poète français, fondateur du mouvement Colibris.

Je trouve la terre belle, mais je trouve surtout beaux les humains qui la travaillent. Je trouve belles ces agricultures qui respectent leur sol et le protège. Que je les trouve beaux, ces acteurs de notre quotidien, ces vraies stars qui se tapissent dans l’ombre. Ceux qui ont de l’amour pour leur métier et pour nous, les autres humains qui, sans même une pensée pour leurs efforts, se nourrissent — parfois se gavent — de la production obtenue à la sueur de leur front. Ces gens m’inspirent plus que tout. Je ne rêve que de les aider et de partager mon temps avec eux. Vous l’aurez compris, l’alimentation est mon combat et mes armes sont la modération, les mots, les images et mes petits plats. Dans tout ça, je trouve ma vie belle, ma communauté inspirante, mes amis magnifiques, le fleuve splendide et les couchers de soleil émerveillant. J’aime ouvrir les yeux et me demander qui va m’inspirer le matin, m’émouvoir le midi, me dynamiser l’après-midi et m’apaiser le soir. Je me laisse porter par le temps, oubliant son influence, me concentrant sur les rencontres, sur ce qui m’allume.

« Alors, merci à eux, merci à ces personnes formidables qui font de mon monde une œuvre d’art, merci à ces artistes du quotidien. » Prendre le temps m’inspire. Je vous y invite, c’est un espace-temps où l’on découvre un tout autre monde.

Merci la vie, et merci à toi qui as pris le temps… Le temps de lire l’inspiration éphémère d’une passionnée du beau.

Dans ce monde, j’aime les gens qui m’entourent. Ils me donnent des envies irrésistibles de danser, de chanter, de voyager, de cuisiner, de travailler. Ils me donnent envie de vivre, de partir et à la fois de rester.

Je suis une écrivaine qui dessine

Les gens qui m’inspirent sont devenus ma famille, et ma famille m’inspire à réaliser mes rêves, à vivre de mes passions et à nourrir mon combat.

Et surtout, je suis pressée de te laisser le temps de m’inspirer.

Je suis une graphiste qui cuisine Je suis une jardinière qui voyage

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Pierre Rabhi, La puissance de la modération, essai paru le 15 octobre

2015.

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Discussion avec une libellule inspirante par Busque et Karianne Bastille, photos de Busque

Karianne et moi sommes allés interviewer une entrepreneure de Saint-Jean-Port-Joli qui fait beaucoup de bruit dans son milieu, peut-être par le battement hyper rapide de ses ailes. Eh oui, nous avons rencontré une libellule du nom de Diane Guillemette, propriétaire du restaurant La Libellule. Nous y avons découvert une femme qui fait son chemin et qui le fait avec passion et détermination. Bonne lecture.

Busque : Peux-tu me parler de toi, me dire ton nom, ton âge et ta profession ?

resto-bar qui allait mal. Je l’ai remis sur pied et j’ai vraiment appris « sur le tas ».

Diane Guillemette : Je m’appelle Diane Guillemette, j’ai 44 ans, je suis restauratrice et je commence ma 19e année dans ce domaine.

B. : Ensuite, tu as décidé de démarrer un restaurant à Saint-Jean-Port-Joli. C’est exact ?

B. : Félicitations ! Que faisais-tu avant le resto ?

D.G. : Je ne l’ai pas démarré. Depuis que je suis toute petite, je suis très critique quand je vais dans les restaurants. Je remarque tout : le service, la bouffe. Ça m’a toujours bien intriguée. Puis, en voyageant aussi, j’ai vu bien des choses qui m’ont plu et dont j’avais toujours le gout. Le gout d’avoir un resto m’est venu de bonne heure. J’ai été inspirée et j’en

D.G. : Jusqu’à 26 ans, j’ai été à l’école, j’ai voyagé et j’ai monté un restaurant. J’ai appris « sur le tas » à Québec. J’ai eu une occasion et puis j’ai monté un restaurant dans un

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voulais un. Quand je suis arrivée dans le coin, je voulais acheter un petit casse-croute, mais la caisse m’a refusée et j’en suis bien contente parce que, finalement, c’est ce qui m’a amenée ici à La Libellule. Quand je suis arrivée, La Libellule avait déjà 14 ans. Mon associée de l’époque l’avait démarré 14 ans auparavant. Elle avait fait 14 ans avec son associé, un an toute seule. Elle cherchait quelqu’un et c’est une amie commune qui nous a liées. On s’est essayées. Si ça marchait, on était des associées tout de suite et, si ça ne marchait pas, tant pis, mais je suis restée. Après, on a fait 10 ans ensemble et c’est déjà la 9e année qu’elle n’est plus là.


« On dit ‘‘ soupe faite avec amour ‘‘ et ce n’est pas des blagues. » B. : Pourquoi voulais-tu un restaurant ? D.G. : J’aime beaucoup le public, j’aime le service à la clientèle, j’aime la bouffe. B. : Tu aimes donner des sourires ! D.G. : Oui, j’aime aussi ça ! J’ai toujours été marquée par les filles qui n’avaient pas l’air heureuses à faire ce qu’elles faisaient, quand on allait au restaurant quand j’étais petite. C’est venu aussi un peu par hasard. B. : Savais-tu que tu voulais être entrepreneure ? D.G. : Oui, je sais que je veux être entrepreneure depuis longtemps. Quand j’étais au secondaire, on faisait des projets pour lesquels il fallait trouver des moyens de financement. J’ai toujours été leadeure et j’aimais ce genre de défi. Je me suis toujours impliquée dans différents secteurs d’activité à l’école et lors d’activités parascolaires. Le monde m’intéresse beaucoup. Ici, je suis bien servie, car j’ai une clientèle très diversifiée et ce métier me permet d’avoir un contact avec les gens. Puisque c’est ouvert 6 mois par année, ce n’est jamais trop, je ne suis pas blasée et, quand je reviens, j’ai le gout de voir mes clients. Quand on arrête, c’est bien aussi. B. : Qu’est-ce qui différencie ton resto des autres ?

D.G. : Beaucoup de choses ! L’amour, premièrement. Ma philosophie d’entreprise aussi, c’est-à-dire comment je vois mes employés, comment ils sont traités, comment je veux qu’ils soient heureux, comment je crois que des employés heureux rendent les clients heureux. Pour moi, l’esprit d’équipe est archi important. Ici, on partage tout le pourboire avec les cuisinières aussi, ce qui implique que je paie mes employés le salaire minimum sans pourboire. Ça me fait plaisir, mais ça implique quand même au minimum 20 000 $ de plus de salaire par année, mais je participe à l’esprit d’équipe. C’est très important parce que quand le client part d’ici, c’est grâce à l’équipe au complet s’il est content ou ne l’est pas. On dit beaucoup de mon restaurant que l’accueil y est chaleureux et convivial. J’ai des serveuses heureuses, des cuisinières heureuses qui font que les clients le ressentent. On fait tout maison. J’ai une boulangère qui fait mon pain, mes desserts. Je n’achète pas de desserts déjà faits, je n’achète pas de soupes déjà faites, j’achète des légumes ! Je fais de la soupe avec de vrais légumes. On dit « soupe faite avec amour » et ce n’est pas des blagues. Ici, il n’y a pas de friture. C’est de la restauration rapide sans friture. Beaucoup de fraicheur. J’utilise beaucoup de produits locaux, j’essaie d’encourager les entrepreneurs locaux. Mes tomates viennent toutes du Cap-Saint-Ignace, de Productions 4 saisons, et c’est une femme qui tient l’entreprise. Pour le fromage, je suis la plus grande cliente de la fromagerie

Port-Joli, qui fait des efforts, qui grossit. On fait des affaires ensemble depuis 17 ans, je crois. Ensuite, tous mes fruits viennent du coin et je fais mes confitures maison le matin. Le boucher fait ma saucisse maison. On a aussi beaucoup de mets végétariens, je pense que les végétariens l’apprécient beaucoup. On peut s’adapter aux végétaliens. De plus en plus, je veux mettre des efforts là-dessus parce qu’il y en a beaucoup et c’est heureux qu’ils aient plus de choix. J’ai aussi des options pour les personnes qui ne mangent pas de

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gluten. On a du pain sans gluten, des pitas et des pizzas sur pita sans gluten. B. : Tu as rénové récemment ton restaurant et tu as engagé beaucoup d’artistes et artisans locaux. Pourquoi ? D.G. : Parce que c’est une valeur personnelle. L’économie locale, il faut que ça tourne. J’ai une communauté qui vient ici, dont ces artistes. Tant qu’à réaménager mon intérieur, j’ai décidé de doubler mon budget pour engager des gens pour faire des œuvres au lieu d’acheter du tout fait, du prêt à utiliser. En fait, chaque année, je fais de gros projets. Avant, La Libellule, c’était tout petit, ce n’était qu’un local. En 2009, j’ai acheté la bâtisse et c’est à ce moment que j’ai agrandi. Je n’avais pas beaucoup de moyens, alors j’ai aménagé avec les moyens du bord, avec ce que j’avais, avec mon imagination. On a vraiment été imaginatives au début. Puis, chaque année, j’ai réinvesti plusieurs milliers de dollars dans mon équipement surtout. Cette année, j’ai retouché à mon ameublement, à l’aménagement de ma salle. Je suis quand même assez prospère, mais ça vient juste d’éclore, parce que j’ai eu besoin de beaucoup de temps avant que l’entreprise devienne plus rentable qu’à la base. L’année passée, j’avais déjà commencé à investir dans mon toit de terrasse, mais j’ai décidé de mettre plus que les petits chevrons et le petit toit de tôle, j’ai décidé d’investir dans la compagnie locale Art Massif qui fait des structures de bois et d’y aller avec la courbe. C’était original et je voulais être originale. En même temps, j’adore le bois, je suis une amoureuse du bois. On a commencé ainsi, ce qui nous a un peu donné l’élan pour continuer dans le bois cette année. Le projet a vraiment pris de l’ampleur, comme tous les projets que je fais ; ils prennent toujours 2 à 3 fois plus d’ampleur que ce que je prévois. Maintenant, je commence à le savoir !

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B. : Allons-y maintenant avec quelques questions plus personnelles. Quelle est ta philosophie de vie ? D.G. : L’esprit d’équipe et la complicité, c’est ce que je recherche, soit dans un futur associé, soit dans mes relations. Je recherche beaucoup la complicité. B. : Quels sont les trois mots qui te représentent ? D.G. : Simplicité, authenticité, convivialité. On me dit aussi souvent que je suis très

généreuse. Le nom de mon resto, « resto convivial », me représente bien parce que j’aime vraiment beaucoup les gens de toutes les sortes. Je dirais que j’essaie de ne pas avoir trop de préjugés ! B. : Qui t’inspire dans la vie ? D.G. : Les entrepreneurs, parce que ce n’est vraiment pas facile, en région surtout. Le fleuve m’inspire beaucoup. Ma communauté m’inspire. Je viens de Québec et je suis à SaintJean-Port-Joli depuis 20 ans. Ma communauté m’inspire depuis que je suis arrivée. Il y a

« Il y a beaucoup de gens qui ont plein de richesses et mon but secret, c’est de réunir tout ce beau monde-là. »


beaucoup de gens qui ont plein de richesses et mon but secret, c’est de réunir tout ce beau monde-là. Je viens de démarrer une autre compagnie aussi avec tout plein de beaux idéaux. Ce sera le sujet d’une autre entrevue ! B. : Est-ce que ça t’arrive d’aller au Dollarama ou au Wal-Mart ? D.G. : Ça peut m’arriver, oui. Je ne suis pas une puriste. J’ai bien voulu quand j’étais jeune. Ma vie personnelle et ma vie professionnelle, c’est deux choses. Dans ma vie personnelle, je n’irais pas dans ces endroits. Je ne vais jamais au Wal-Mart d’ailleurs. Je suis allée quelques fois au Dollarama pour aller chercher des petits outils qui seraient venus de Chine aussi si je les avais pris ailleurs, mais qui m’auraient couté plus cher. Mais c’est à peu près tout. Il ne faut pas oublier que je dépense beaucoup chez les producteurs locaux. C’est surtout ce qui compte. La majorité de mes dépenses sont ici, localement. C’est sûr que je prends

mes produits aussi de Colabor, qui vient du Québec, parce je suis dans l’alimentation et que ce n’est pas évident. Je ne peux pas prendre ma laitue du jardin du coin, ça ne marche pas, on ne réussirait pas à me fournir, car je prends énormément de laitue en six mois. B. : Avec tes nouveaux projets, crois-tu te détacher un peu de La Libellule ? D.G. : La Libellule a beaucoup de projets. Cette année, j’ai un nouveau volet, c’est-àdire La Libellule prêt-à-manger. J’ai décidé de mettre l’accent là-dessus parce que j’avais déjà des mets cuisinés, mais j’en avais quelquesuns seulement. Cette année, j’en ai rajouté d’autres. En réaménageant, j’ai mis l’accent beaucoup là-dessus. Maintenant, on les voit. C’est un autre marché aussi. Il y a le marché du restaurant et le marché du prêt-à-manger. On reste dans la bouffe et les gens aiment quand c’est fait avec amour. C’est un autre volet et j’ai

plusieurs autres projets : La Libellule traiteur, La Libellule organisation d’évènements, La Libellule service de garde. J’ai plein de projets par rapport à La Libellule qui sont comme des branches de La Libellule. Mes choses ne sont pas prévues tant d’avance que ça. Maintenant, l’ameublement intérieur a un lien avec l’ameublement extérieur, mais, quand j’ai fait l’extérieur, je ne savais pas que l’intérieur ressemblerait à cela. Je ne prévois pas trop d’avance. C’est un peu comme quand je fais mes menus du jour, je ne le sais pas deux semaines d’avance. Je le sais le matin quand je rentre dans la chambre froide. C’est ce qui m’inspire, les producteurs locaux qui m’amènent des produits par surprise et qui me donnent le gout de faire quelque chose. Je ne prévois pas beaucoup d’avance, je m’organise avec ce qui se passe. B. : Merci beaucoup pour l’entrevue !

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I

Hommage a Gilles Gaudreau,

par François Dorais, photo de Patric Nadeau

maitre apiculteur

Avez-vous déjà eu la chance d’être employé par une personne qui :

• Vous a accordé sa confiance avant même de vous connaitre ;

• Vous a impressionné par sa générosité, et ce, à plus d’une reprise ;

• Ne s’est jamais énervé en votre présence, malgré des situations frustrantes ?

S

i oui, avez-vous déjà remercié cette personne d’être aussi exceptionnelle ? C’est ce que je suis en train de faire pour l’homme avec qui je travaille depuis deux étés. Je ne dis pas « pour » qui je travaille parce que j’ai vraiment l’impression d’être davantage un partenaire qu’un employé. Il m’a d’ailleurs un jour dit qu’il est, lui aussi, un simple serviteur des abeilles : « La tâche la plus importante d’un apiculteur est de tout faire pour qu’elles soient heureuses : offrir du nectar et du pollen de la meilleure qualité possible, garder le matériel impeccable, toujours demeurer calme en leur présence, conserver une planète en santé… leur parler même ! » Oui ! Oui ! Vous devriez l’entendre les saluer lorsque nous arrivons à un rucher ou les remercier lorsque nous récoltons le miel ! Une véritable histoire d’amour qui dure depuis plus de 25 ans.

« Il m’a d’ailleurs un jour dit qu’il est, lui aussi, un simple serviteur des abeilles »

Un dévouement chevaleresque Lorsque nous procédons à l’extraction du miel des rayons à l’aide de la centrifugeuse, des dizaines d’abeilles se retrouvent coincées dans la miellerie. Au lieu de choisir la méthode rapide pour maximiser la rentabilité en s’en débarrassant à l’aide d’un aspirateur industriel, Gilles prend le temps de les mettre dans une boite pour ensuite les déposer près d’une ruche saine à l’extérieur. La première fois que je l’ai imité et que j’ai vu ces petites fées sucrées se remettre à bourdonner joyeusement au soleil en allant retrouver leurs amies, des larmes d’émerveillement se sont mises à couler sur mes joues… Une grandiose générosité Gilles ne fait pas que s’occuper des abeilles ; il sait également être à l’écoute de ses collaborateurs. Par exemple, il sait que de minimiser mes déplacements en voiture me

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tient beaucoup à cœur. Ainsi, il a mis un espace à ma disposition afin que je puisse faire du camping tout l’été près de la miellerie. Quelle chance de s’éveiller au lever du soleil avec le chant des oiseaux, de n’avoir que quelques bosquets d’arbres à travers lesquels gambader le matin pour me rendre au travail, de recevoir la visite des petites souris, des écureuils et des lièvres, d’écouter l’extraordinaire musique que fait le bruissement du vent dans les feuilles des arbres, de s’endormir à la belle étoile avec le doux clignotement des lucioles… Le puissant taux vibratoire qui se trouve en ce lieu sacré m’a permis d’atteindre une paix intérieure jusqu’ici encore inégalée, non seulement dans le cadre d’un travail, mais aussi de ma vie personnelle. Les blagues au lieu du stress Bref, l’apiculture avec un homme aussi extraordinaire, c’est des dizaines de produits

délicieusement bénéfiques, des centaines d’heures de tâches diversifiées, des milliers de kilomètres de route de campagne, mais aussi des millions de guerrières redoutables prêtes à donner leur vie pour protéger leur butin ! À propos, Gilles m’en a sorti une bonne l’autre soir : « Quoi ? Tu n’as pas encore repéré la reine de cette ruche ? Hum… la noirceur tombe et nous devons partir. Apporte la ruche et tu continueras de la chercher dans ta tente ! » Ou encore, cet énoncé tout à fait loufoque et inattendu qu’il m’a lancé en fin de journée au tournant d’un chemin de terre : « Il me semble que ce serait beau de voir une licorne tout illuminée descendre du ciel, n’est-ce pas… ? » Gilles, toi qui ne comptes pas ton temps pour cette entreprise qui te tient tant à cœur, merci mille fois de me permettre d’évoluer dans un milieu aussi magique et fantastique !


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L' air pur. L' expiration.

L' inspiration.

par Catherine Lamarre

J’ai été charmée par la nature presque sauvage, presque laissée à elle-même, où l’on croise l’immensité de la forêt à la limite des frontières dans ce JAL témiscouatain.

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Endroits inspirants pour Catherine

Les paysages Dans le tournant d’un rang, on rencontre cet océan de forêt sans bâtiments, sans traces d’homme. Je me sens bien avec cette plénitude sauvage. Ces paysages, qu’on croise sur le bord de la route. Ces endroits denses où les cervidés sont seuls habitants avec les castors, les coyotes, les lièvres, les gélinottes et tous les autres. C’est inspirant de croire qu’on n’a pas encore tout détruit, qu’il reste des terres, achetées ou héritées par quelqu’un, semi-oubliées, épargnées pour le grand plaisir des gens qui font de la route... Dans ce pays où on doit faire plus de 30 minutes de voiture pour aller à l’épicerie; une chance que le paysage est agréable! Que le lac est majestueux, magique, inspirant, sinon la route serait bien triste comme dans mon Montréal natal...

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La Halte Lacustre du Grand lac Squatec Un petit sentier aménagé sur le bord d’un lac magnifique, avec des espaces de feu, des tables de piquenique et, quand la chance nous sourit, on entend les fées et les faunes jouer de la musique. Ce qui est bien à la Halte Lacustre, c’est que tu as vraiment l’impression d’être seul au monde... même s’il y a un autre groupe à 200 m. On a aussi construit La Pyrole Enchantée, un centre Nature et Culture rond, tout en bois. Dans le cadre de L’Art Dehors, l’été passé, nous sommes allés y faire quelques spectacles, et l’acoustique ainsi que l’ambiance éclairée à la lampe à l’huile étaient vraiment appréciées. Je vous invite, d’ailleurs, à suivre la programmation estivale 2016 qui saura surement vous inspirer.

Les friperies J’aime le chaos du hasard de ces petites boutiques, à l’odeur variable, qui nous amènent dans toutes sortes d’époques, toutes sortes de textures. Les friperies sont un puits infini de ressources et de plaisirs. Les gens y viennent en famille, rient des vêtements loufoques qu’ils y trouvent et font des trouvailles incroyables pour 1 $. Idées de friperies à visiter cet été : •

Comptoir de Lejeune ouvert les mardis depuis 30 ans, entrée par le bureau municipal.

Comptoir à La Boutonnière, sous-sol de l’église de St-Juste-du-Lac, du mercredi au samedi 10 h à 17 h

Maison de la Famille, 2, rue Principale E, Biencourt, 418 499-2633

Acti-Familles, 474, rue des Étudiants, Pohénégamook, 418 893-5389

Re-Source Familles, 95, rue Principale, Saint-Honoré-deTémiscouata, 418 497-1515

Inspiration. Expiration.

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La cueillette estivale et populaire par Émy Lamalice

Dès notre jeune âge, des gens nous interrogent sur le métier que nous aimerions faire plus tard. Cette question s’imprègne tout au long de notre parcours scolaire. L’école nous prépare à notre arrivée prochaine sur le marché du travail. Elle nous forme d’ailleurs davantage à devenir de bons travailleurs et de bonnes travailleuses plutôt que de bons citoyens et de bonnes citoyennes. Nous nous faisons rarement questionner sur nos rêves, nos aspirations, nos projets, nos utopies ou notre vision de la société. Des questions qui, à mon avis, sont essentielles au développement de l’individu. C’est dans cette visée que le Collectif le Récif1 organise La Cueillette des Savoirs. Ce festival prendra la forme d’une école populaire qui aura lieu tout au long du mois de juillet à TroisPistoles. Le mois sera divisé en quatre semaines thématiques : autonomie alimentaire, éducation alternative, enjeux environnementaux et bienfaits de l’art. Il y aura des gens de la région et d’ailleurs qui viendront donner des ateliers sur ces sujets. Il y aura d’un à deux ateliers par jour. Il y aura aussi des soirées cabaret où la scène sera ouverte aux talents multiples qui voudront bien se manifester.

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Ce festival est une occasion de créer des liens à travers l’échange d’idées et de connaissances. C’est aussi s’offrir le temps de se pencher sur les enjeux auxquels la société fait face, de réfléchir ensemble à des façons de s’émanciper en tant qu’individu et en tant que collectivité. C’est un moment pour se doter d’outils pour se réaliser, tout en aidant à la création de réseaux d’autonomie. C’est surtout un espace pour nous permettre de nous rencontrer.

Pour plus d’information sur la programmation, il est possible de visiter le site Web cueillettedessavoirs. com ou la page Facebook Cueillette des savoirs. Le Collectif le Récif est un organisme à but non lucratif qui offre des résidences artistiques et militantes à contribution volontaire. C’est un espace de vie collective comprenant plusieurs ateliers tels qu’un atelier de couture, de bois, de montage vidéo et photo, une chambre noire, un atelier de théâtre et de projection, une salle de jam et un atelier vélo. 1


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La naissance d’une région touristique

« Kamouraska »

par Michel Lagacé, photos par Anthony Francoeur-Vallière

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Bains de paysages avec baigneurs habillés de la tête aux pieds ou nus selon la saison. Odeurs de mer dans le soleil de l’été. Chapeau de paille, ma belle, on est proche… ripaille avec tes amis. Saveurs paysannes et patrimoine estival. Jardins et fleurs sauvages dans les champs. Brocante, randonnées, piqueniques, escalades. Le son des oiseaux, des glissements des vélos sur la 132 ou des kayaks de mer sur le littoral. Cannes à pêche et autres prises : que du plaisir pour les voyageurs aux bourses légères. Bon été… et même en hiver avec une tuque jusqu’aux oreilles, et des raquettes dans le vide hivernal, au son de l’accordéon devant ce fleuve blanc, c’est encore le mythe « Kamouraska » qui t’ensorcèle.

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Après l’article : « Mon K’amour à vélo : de tout pour réjouir les sens… » de Marie-Amélie Dubé dans l’édition de juin de La Rumeur du Loup — un parcours gourmand où ça sentait bon le foin de mer, et le retour dans « ses » terres — j’ai eu le gout de rappeler, d’un point de vue « plus historique », l’origine de cette idylle entre les voyageurs et Kamouraska, c’est-à-dire de raconter, d’après mes souvenirs, comment s’est créé cet engouement touristique. En laissant, inévitablement, de côté bien des facettes de cette histoire et en

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ne retenant de ma dernière escapade dans cette région que la poésie du début notée dans mon carnet. Certains villages du Québec devenus des lieux touristiques le sont généralement par leur situation géographique exceptionnelle et par les habitudes estivales liées à un groupe de personnes, telle la bourgeoisie du début du XXe siècle qui y prenait ses vacances. Ce qui n’est pas le cas de Saint-Élie-de-Caxton qui

l’est devenu par un seul conteur : Fred Pellerin, qui en a fait la renommée. On trouve de tels villages sur le littoral des deux côtés du fleuve… Et pendant que la région de Charlevoix se développait touristiquement, la plaine du Bas-Saint-Laurent avec ses collines est restée durant plusieurs années un secret bien gardé par les premiers cyclistes, par les amateurs de paysages longilignes ou de vieilles maisons dans les rangs parallèles au littoral, et aussi par les amoureux des couchers


« Après, on s’étonnera de la force de la littérature à influencer le vivant… » de soleil, car ils sont les plus beaux et vraiment plus difficiles à contempler dans les montagnes de Charlevoix. Mais aussi pour la qualité de vie que l’on y découvre depuis quelques années… Dans le Bas-Saint-Laurent, les villages de Notre-Dame-du-Portage, de Cacouna et du Bic avaient déjà une belle réputation, mais une effervescence touristique en déclin au début des années 1980. Et la région de Kamouraska n’avait pas vraiment la vocation de devenir un lieu touristique, ou enfin si peu. Alors, pourquoi est-elle devenue aujourd’hui l’une des régions les plus touristiques du Bas-Saint-Laurent ? Et pourquoi le nom Kamouraska est-il devenu « mythique » dans l’imaginaire des Québécois et même pour les visiteurs étrangers ? Un mythe dont l’origine se perd pour les plus jeunes... Pourtant, ce n’est pas si lointain pour d’autres... « Je travaille comme une possédée. J’en suis éreintée ! En ce moment je suis au plus creux de mon histoire de meurtre. J’en ai moi-même le frisson ! Je vis absolument à contrecourant. Autour de moi le soleil la mer très colorée, des arbres semi-tropicaux et moi je m’enferme dans une histoire de neige et d’horreur à Kamouraska. J’espère [je le crois] que cela va être à la mesure de toute la violence intérieure et poétique que j’y apporte. » Des propos de l’écrivaine Anne Hébert en 1968, elle se trouve alors dans le sud de la France où elle note ces phrases « à propos du roman Kamouraska, qui lui vaudra le Prix des libraires français et lui apportera la reconnaissance internationale » (Marie-Andrée Lamontagne « Le temps d’Anne Hébert », Le Devoir, 28-05-2016). Voilà où le mythe commence : par ce roman d’Anne Hébert. Une auteure aimée par une foule de lecteurs à la suite de son premier recueil de nouvelles, Torrent, édité en 1950. Une auteure adulée par l’ensemble des Québécois — surtout à cette époque —, « ce qui, encore aujourd’hui, force l’admiration ». Grâce à ce roman, qui a eu un énorme rayonnement (traduit en sept langues), s’amorçait ce mythe autour du lieu et du nom « Kamouraska » que l’on ne connaissait alors que très peu. Après, on s’étonnera de la force de la littérature à influencer le vivant… La suite est connue : le film (1973) de Claude Jutra tiré du roman... Après un long vide, le mythe est toujours là, mais il n’a pas d’emprise sur la matérialité du village ni sur les voyageurs. Sauf dans les années 1990 où, dans ce village sans presque aucune infrastructures, la télésérie Cormoran du peintre et réalisateur Pierre Gauvreau débarque et intensifie le mythe populaire autour de ce lieu. L’action et les scènes de cette télésérie sont tournées dans une maison seigneuriale proche du centre de ce village et d’autres dans le village voisin. Mais la matérialisation et l’idylle amoureuse

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« Et en plus le vent venu du fleuve qui fait virevolter mes souvenirs. » avec les voyageurs plus nombreux et les gens des environs ne commencent réellement qu’avec l’ouverture en 1995 de la Boulangerie Niemand née de la rencontre de Denise, une artiste-peintre originaire de la région, et Jochen, un Allemand dont le père est boulanger dans son pays d’origine.

tard de propriétaire. Sa terrasse extérieure est probablement la plus bucolique du village. La poissonnerie Lauzier, car on est bien servi côté poisson dans ce village, prendra de l’expansion jusqu’à offrir de la restauration. D’ancestrales auberges aux volets colorés complètent ce décor du tout début.

La superbe maison victorienne face au stationnement de l’église deviendra une boulangerie dont le pain sera vite l’un des meilleurs du Québec grâce à la complicité des artisans, au raffinement de la propriétaire, aux produits de la région et à la manière particulière de boulanger de ce jeune artisan allemand.

Il y a maintenant dans ce village un magasin général dans une immense maison orange, d’autres boutiques d’artisans et d’artisanes de la région et plusieurs restaurants, un tout en bleu près du fleuve, L’amuse-bouche, un autre dans le presbytère, Côté Est, entre autres. Mais aussi des auberges : La Belle Blanche, Foin de mer et autres noms évocateurs. Et même un centre de santé tout en en jaune, La Grand Voile. Et sur le rang de l’Embarras, La Société des Plantes en plus de tout ce que j’oublie : un centre d’art dans le palais de justice, des expositions impressionnantes, une petite plage, un quai, des kayaks, de belles tomates, du fromage, du chocolat et une microbrasserie, La Tête d’Allumette pas très loin, plus à l’est, etc. Et en plus le vent venu du fleuve qui fait virevolter mes souvenirs.

La comédienne Nicole Leblanc, vraiment talentueuse dans la série Cormoran, devra donc « se rhabiller… », car c’est davantage la boulangerie qui aura, quelques années plus tard, fait se déplacer les gens vers ce village. Laissons-lui tout de même les grandes cotes d’écoute de Cormoran au petit écran, elle qui passe ses étés dans le Bas-Saint-Laurent. Le Café du clocher, dans une ancienne écurie (au départ l’initiative de deux amies), se glissera ensuite dans le décor et changera plus

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Anne Hébert n’aurait jamais pensé lors du lancement de son roman en 1970 — malgré

son imagination débordante — que le récit de ce livre inspiré d’une histoire d’amour et du meurtre du petit-fils du seigneur de Kamouraska dans le village en 1839 — auquel on rajoute un film, une télésérie d’une autre époque, une boulangerie, une infrastructure touristique qui se développe sans trop nuire aux paysages campagnards et maritimes jusqu’à maintenant, des produits du terroir et bien plus tard d’autres films (Route 132, entre autres) et les déclarations d’amour pour la région d’un nouveau résident bien connu — déclencherait l’effervescence touristique que connait ce village et cette région… Et tout est invitant pour les amoureux de la nature, tant et aussi longtemps que le tourisme de masse ne débarque pas avec ses gros sabots, provoquant comme à plusieurs endroits un embourgeoisement meurtrier qui fait fuir l’inspiration et augmente les prix, ne laissant, à marée basse, dans ces enclaves touristiques, que les banlieusards que l’on retrouve partout. Est-ce le récit d’un roman de gare ? Non, c’est Kamouraska et c’est une chance pour les voyageurs et voyageuses aux chapeaux de fleurs sauvages de continuer de le rêver différemment.


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Concours littéraire Lire au Loup 2016 par iSabelle Moffet, coordonnatrice à l’animation de la Bibliothèque Françoise-Bédard

En 2012, l’évènement littéraire Lire au loup prenait forme à Rivière-du-Loup.

Regrouper et promouvoir les activités littéraires réalisées par la communauté louperivoise lors de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur et initier la pratique du Passe-livre furent les premiers objectifs de ce programme. Puis, en 2013, on y ajouta la mise en place de quatre petites bibliothèques gratuites dans les parcs de la ville de Rivière-du-Loup, ainsi que la première édition d’un concours d’écriture s’inspirant des endroits où les petites bibliothèques furent installées. Le thème 2014 fut « Histoires de bibliothèques » et en 2015, « Un long fleuve tranquille ». En 2016, le thème du concours était « 2050 » et ce dernier en a inspiré plus d’un ! Un record de participation a été atteint !

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Neuf textes dans la catégorie « Adolescent » et quinze textes dans la catégorie « Adulte » ont été reçus. Comme chaque année, un jury composé de cinq personnes a évalué les textes et une moyenne a été faite pour déterminer les gagnants.

2014 et 2015) à la Bibliothèque Françoise-Bédard au prix de 5 $.

« En 2016, le thème du concours était ‘‘2050’’ et ce dernier en a inspiré plus d’un ! » Pour 2016, les trois gagnants « Adolescents » sont : Myriam St-Pierre, Corrine Viau et Léo Moffet. Chez les « Adultes » : Marie-Anne Rainville, Léane Soucy et Michel Lagacé ont été les heureux gagnants ! Vous pouvez acheter les recueils des textes du concours littéraire Lire au Loup (éditions 2013,

Les textes 2016 seront publiés en 2017. Voici, pour vous mettre en haleine, les textes ayant obtenu la première position dans chacune des catégories. Au plaisir de vous voir participer en 2017 !


Les fenêtres par Myriam St-Pierre

J’ai grandi dans un endroit où il y avait une immense maison. Une maison avec 2050 fenêtres. Je le sais : je les ai toutes comptées. Chaque été, je comptais les fenêtres. À chaque fenêtre, il y avait quelqu’un. Quelqu’un qui me souriait, qui m’envoyait la main.

Tout le monde me connaissait. Cer tains m’invitaient même à l’intérieur, pour m’offrir un jus de fruit par les jours les plus chauds. Comme je n’avais pas vraiment d’amis, je n’avais rien de mieux à faire. Donc je comptais. Cette maison me fascinait, c’était comme une grande famille qui n’a rien en commun avec les autres que le fait d’habiter le même endroit. Je me souviens que c’était, et c’est toujours, à mes yeux, l’un des plus beaux endroits où j’ai vécu. Il y avait une rivière au soussol et une forêt au grenier, il y avait aussi des fermes au troisième étage. Il y avait une école au deuxième étage et un terrain de jeu et aussi un dépanneur où j’allais m’acheter des bonbons parfois, toujours les mêmes : des sucettes en poudre deux couleurs.

Au fil des jours, des mois, des années, je grandissais. J’ai éventuellement arrêté de compter les fenêtres. Les gens commençaient à partir, la maison se vidait peu à peu. Ils allaient s’installer en ville. C’est plus simple pour l’épicerie, qu’ils disaient. C’est plus proche du travail, qu’ils disaient. Un jour, je me suis rendu compte qu’il ne restait plus personne dans la maison. On a dû la condamner.

« C’est fou comme on s’accroche à des petits détails; un bonbon, une maison, une vue… »

C’était mes préférés. C’est, pour dire, le gout de mon enfance. Je n’ai jamais réussi à retrouver les mêmes sucettes ailleurs depuis, ce qui me chagrine encore à ce jour. C’est fou comme on s’accroche à des petits détails; un bonbon, une maison, une vue… Tous ces détails, parfois jugés insignifiants, sont malgré tous les éléments qui nous ont forgés en tant que personne. En tant qu’adulte responsable, en contrôle, rationnel. En y réfléchissant bien, je crois que je suis toujours restée un enfant.

Je m’égare. Bref, la rivière au sous-sol, la forêt au grenier, les commerces, les fermes, l’école… C’était au rez-de-chaussée qu’habitaient les gens. Ce que j’aimais le plus de cette communauté vivant sous un même toit, c’était le fait qu’elle était petite. Tout le monde se connaissait. On se parlait, on nouait des liens, on créait des amitiés, on organisait des évènements, on se prêtait la pelle à neige pendant l’hiver, le sécateur pendant l’été, le sucre quand on cuisinait… L’entraide y était facile. C’est simple quand on est une communauté de 400 personnes pour 2050 fenêtres.

Je suis allée une dernière fois sur ce lieu où j’ai grandi. J’ai recompté toutes les fenêtres, comme je le faisais des années auparavant. Elles étaient toutes là, propres, sans une seule fissure. On l’a démolie le lendemain de ma visite.

Tout un pan de vie effacé de la carte, comme si jamais il n’y avait eu l’immense maison possédant 2050 fenêtres, où on se prêtait pelles, sécateurs et sucre. Je me suis moi aussi installée en ville un jour. Je crois, par contre, que je ne m’y habituerai jamais. C’est trop grand, trop impersonnel pour moi. Il y a trop de fenêtres pour que je puisse les compter. Mais je n’ai jamais oublié d’où je viens. Cette maison était mon village. Le village était ma maison.

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Tache de bonheur par Marie-Anne Rainville

2050, Saint-Denis, Montréal. Malgré que je ne fasse jamais de détour, je préfère passer devant la façade de ce vieil immeuble à pied. En avance ou en retard, je ralentis le pas. Nuit ou jour, janvier ou juin, jadis ou maintenant, je lève les yeux. Ma mémoire se débobine.

Je cherche la fenêtre de la chambre. L’unique chambre de cet appartement prêté pour que je ressuscite. Une grotte pleine de lumière, de notes de jazz, de gazouillis des terrasses, de slogans de manifestations, de sons des roues libres, d’odeurs de croissants et d’effluves de café. Des murs blancs, un grand lit aux draps jaunes, une penderie pour mes nouvelles robes. J’y suis entrée en séparation de fait, les ovaires gelés, l’esprit grignoté, les ailes cassées, la peau déjà froide. Je n’avais pas trente ans. Au moment de lâcher les amarres, de rendre mon bungalow, j’ai eu peur d’accrocher le fond, de rester prise dans le quotidien. Alors, je t’ai appelé pour t’inviter, pour te mettre la table, pour t’amener à ma couche. Tu avais presque 40 ans, deux fils, une banlieue, une carrière, une femme et très envie de moi. Jamais je n’avais pleuré après l’amour. Jamais ton pénis n’avait trouvé sa bouche. Tu nous allumais des cigarettes pour dissiper l’immensité. Je versais du vin comme on monte la voile. On rendait grâce en proférant des vœux. Tu m’as sacrifiée. J’ai hurlé. J’ai eu trente ans. J’aimais passionnément ma fille, un homme, un job, mon condo. J’avais des idées, des opinions, de l’aplomb, de l’audace, des jarretelles. Moitié de rien et encore moins bobonne, j’étais l’amante, la muse, la complice. Tu disparaissais dans le brouillard de ma vingtaine.

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Pourtant, j’ai voulu prendre le souvenir de ta peau avec moi. Tu m’as pénétrée jusqu’au cœur. Nous n’avons rien dit, ni même au revoir. Juste avant d’avoir cinquante ans, je t’ai écrit avoir patiemment enfanté un amour éternel. J’avais l’exubérance des rescapés et un peu de la folie des aventuriers. Tu t’es dérobé. Tu encaissais mal le coup. Surtout quand tu te soulais des poèmes d’amour calligraphiés, sur les murs de ta ville. Immanquablement, tu finissais par vomir ta vie dans une ruelle. Tu m’offrais ces confidences et des mots doux à chacun de mes anniversaires. Du fait de l’improbable hasard de la maladie, ton cœur s’étant serré, tu te fis corne de brume. Ton naufrage m’éprouva. Effleurer ta joue fut rédempteur. Chacun à nos vies, nos ébats étaient des gourmandises, des récréations, des grandes marées, des taches de bonheur. J’avais déjà plus de quarante ans. Malmenée, épuisée, défaite, perdue dans ma vie, tu m’annonçais chercher une crèche pour quelques mois et seulement les jours de semaine. Je t’ai donné mon adresse en disant : viens rafraichir l’air pour ne pas que je meure. Je pleurais. Tu me faisais l’amour. Je te racontais mon désespoir. Tu te taisais. On faisait chambre à part. On ne se croisait jamais sous la douche. On partageait le vin, les brises de bec, et les journaux du matin. J’allais partir en exil le long de mon grand fleuve, vivre au large de ma vie d’alors, tout jeter par-dessus bord pour éviter de couler.

Tout le temps tu regrettais. Puis, il y a quelques mois, tu as eu peur de la mort. Peur de mourir avant d’avoir été heureux. Tu as tiré sur ta laisse, tu t’es inventé une niche, tu m’as ramenée à toi. Champagne et feux d’artifice ! Tu t’es dégonflé. Obstinée, je me suis gardée de te détester. Car, la soixantaine m’attendant au détour des mois prochains, pouvoir t’allumer me protège du confort, te séduire éconduit l’ennui, te désirer éloigne la camarde, te caresser confond la solitude, te renifler chasse l’acrimonie, t’entendre jouir me ravive. Je ne fume plus après l’amour. Toi non plus d’ailleurs. Encore, je pleure. Je pleure parce que haletants, alanguis, gavés, impossibles et déchus, nous recyclons les promesses violées et les fiançailles avortées en taches de bonheur.


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Oyez, oyez communiqué ! L’équipe du Camp musical St-Alexandre invite la population à venir participer à la série des JEUDIS CONCERTS qui débutera le jeudi 30 juin prochain. Ces concerts gratuits (contribution volontaire) sont réalisés grâce à participation financière de PROMUTUEL ASSURANCE.

Tous les concerts sont à 19 h 30 dans la salle du Haut-Pays au Camp musical St-Alexandre situé au 267, rang St-Gérard Est à Saint-Alexandre-de-Kamouraska. Pour plus d’information, communiquez avec Mathieu Rivest au 418 495-2898. Vous trouverez toute la programmation au www.campmusical.com. Jeudi 7 juillet 19 h 30

Jeudi 14 juillet 19 h 30

Jeudi 21 juillet 19 h 30

Concert en partenariat avec Trois-Pistoles en chansons

Fred Labrie auteur-compositeur

Ana Alcaide, trio espagnol

Folk alternatif francophone

Musique du monde à découvrir !

Émanuelle Robitaille, Corneliu Montano et l’équipe du Camp présenteront du répertoire pop en formule sympa !

Jeudi 4 aout 19 h 30

Jeudi 28 juillet 19 h 30 Les jeunes du camp HOP - Pop et jazz pour vous ! Les professeurs du département de musique du cégep de Sainte-Foy

Il y a toujours une ambiance exceptionnelle lors des Jeudis Concerts ! Une heure de spectacle-découverte qui change notre quotidien. Soyez-y !

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Art, musique et cie ! par Josée Marquis, www.joliejojo.wordpress.com, photos de À la Petite Place Musi-Baz’Art /Josée Marquis.

Animer. Rassembler. Inspirer. Voilà ce qui résume bien la mission de la boutique ayant pignon sur rue à Témiscouata-sur-le-Lac depuis mai 2016 : À la Petite Place Musi-Baz’Art ! Cette entreprise familiale est née de l’initiative de deux Témisoucataines d’origine, Jocelyne et Gabrielle Lavoie, désireuses de créer un lieu de diffusion où les esprits artistiques pourront s’allier pour former un réseau générateur de nouvelles possibilités !

C’est d’ailleurs le créneau dans lequel Jocelyne Lavoie a évolué pendant de nombreuses années, notamment en collaborant à l’organisation et en participant à différents évènements artistiques dont Josce Arts et Musique à Saint-Eustache. Elle fait également partie de la troupe de musique Awamapapi grâce à laquelle elle a participé, il y a quelques années, aux Journées de la culture d’Oka et au Rendez-vous des coureurs des bois. Et cette expérience émane de la riche programmation estivale d’À la Petite Place Musi-Baz’Art. En effet, au menu en juillet et en aout : tous les samedis, peinture en direct à l’extérieur, secteur Cabano, et, question d’animer la place, des prestations musicales accompagnent les pinceaux créatifs des artistes à l’œuvre. Hommage au violon, musique folklorique, accordéonistes, chansonniers et musique du monde seront à l’honneur cet été ! Les artistes-peintres, amateurs ou professionnels, sont invités à se joindre à la fête ! À la Petite Place Musi-Baz’Art, c’est aussi une boutique ! D’abord, une friperie où vous trouverez des vêtements pour toute la famille, de jolis morceaux d’été ou de splendides robes de bal, à prix très abordable. Un présentoir fait également étalage des bijoux de NoraD Créations et Créations Entre de Lune : bagues, porteclés, colliers, bracelets, etc. Et, pour les artistes, en plus de trouver des fournitures artistiques (peinture acrylique, peinture à l’huile, pinceaux, toiles), vous pouvez louer un espace d’exposition pour y vendre vos œuvres.

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D’ailleurs, vous pouvez vous procurer sur place les superbes toiles de Gabrielle Lavoie ainsi que le recueil de poésie Des aquarelles de mots de l’auteur témiscouatain Albert Roy. Des ateliers d’initiation à l’art pour les tout-petits (3-4 ans) et des ateliers de peinture libre (pour adultes) sont aussi offerts. Ces sessions seront couronnées d’un vernissage où les artistes pourront présenter leurs réalisations aux visiteurs. Le dicton « Dans les petits pots, les meilleurs onguents ! » s’applique merveilleusement à cette petite place ! Petite place en pieds carrés, mais grandiose par l’univers qu’elle désire transmettre à son public. Faire résonner la rue commerciale tous les weekends de l’été, faire émerger une culture artistique bien existante au Témiscouata et la nourrir en créant des alliances entre ces artistes, voilà qui résume bien l’immense potentiel de l’endroit. À la Petite Place Musi-Baz’Art, c’est aussi Jocelyne et Gabrielle, mère et fille, qui se dévouent à dynamiser le centre-ville de Cabano avec leur bazar d’idées géniales qui sauront assurément rejoindre le cœur de la population !

« Petite place en pieds carrés, mais grandiose par l’univers qu’elle désire transmettre à son public. »

À la Petite Place Musi-Baz’Art est situé au 761-C, rue Commerciale Nord à Témiscouata-sur-le-Lac. Visitez sa page Facebook afin d’accéder à la programmation complète. Informez-vous également sur les cartes de membre qui vous donnent un rabais avantageux sur le matériel d’artiste.


mais quesssé ki sE passe à

l’Innocent Vernissage le 7 juillet à 17h

Artiste

Eveline Des Rosiers

Une exposition toute nouvelle inspirée des éléments. Chaque toile est un voyage exposant des personnages imaginaires et réels rencontrés sur le chemin de la vie. Ses oeuvres sont des fétiches, portant des pouvoirs magiques et bénéfiques. Fille d’artisans nomades, Eveline Des Rosiers a une relation privilégiée avec la peinture. Autodidacte depuis l’enfance, elle apprend ainsi les règles de l’art. www.evelinedesrosiers.com

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Pas d’excuses pour passer à l’action par Paméla Bérubé Jean, T.T.S, Intervenante en promotion/prévention à Santé mentale Québec – Bas-Saint-Laurent

« Il abandonne à la moindre difficulté », « Il ne s’implique pas dans son travail », « Il n’a aucun sens de l’effort »… Je ne sais pas pour toi, mais je ne suis pas convaincue que cela t’aidera à te construire une bonne estime de toi à force d’entendre ces phrases. Pas certaine non plus que cela te donnera le gout de te prendre en mains, de passer à l’action et de réaliser tes buts. C’est pourquoi je te donnerais quelques trucs pour cultiver ta motivation. C’est terminé le temps où tu te dis que ce n’est pas le bon moment, que cela ne fonctionnera pas ou encore que tu n’as pas le temps. Si tu es de ceux qui se trouvent toujours des excuses pour ne pas croire en soi et avancer dans ses projets, eh bien, cet article est fait pour toi. Pas d’excuses pour passer à l’action quand tu le veux, tu le peux ! En ce qui concerne ta vie, ta part de responsabilité est assez grande. Tu ne peux pas toujours mettre la faute sur les gens autour de toi. C’est maintenant à toi de décider. Si quelque chose peut te motiver dans l’atteinte de tes buts, c’est de commencer par croire en ton potentiel. « Oublie ta peur, aie confiance en tes ressources intérieures. Tu peux plus que tu ne le penses. » – Ralph Waldo Emerson L’utilisation de phrases motivationnelle Toi, un de tes objectifs cette année c’est de participer à une pièce de théâtre, mais tu as la trouille. Tu reportes chaque jour ton inscription, dans l’espoir que quelqu’un le fasse à ta place. Tu te dis que cela t’aiderait à foncer, pourtant la responsabilité de tes actions t’appartient. Dans le fond de ton cœur, tu le sais très bien que toutes

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« Souvent, la visualisation nous donne la motivation pour agir, mais surtout la certitude que quand on veut, on peut »

les excuses que tu te répètes ne tiennent pas la route. Je te propose de modifier tes phrases d’excuses pour des phrases motivantes. Voici quelques exemples : « Qui ne risque rien n’a rien. » « Si d’autres ont réussi, je peux y parvenir, moi aussi. » « Ce n’est qu’en essayant qu’on peut arriver à quelque chose. » « La répétition est la clé de la réussite. » « Le bonheur m’est accessible. » « J’y ai droit, moi aussi ! » « J’ai tous les atouts pour y arriver. »

L’utilisation de ton imagination Imaginer consiste à créer, à inventer, à visualiser et à trouver, une ressource que tu possèdes déjà en toi et qui est utile dans l’atteinte de tes buts. Je me permets de partager avec toi l’histoire de l’acteur Jim Carrey. Il avait un rêve, un rêve si fort qu’il le matérialisait. Celui de devenir acteur. Il ressentait les choses qu’il n’avait pas encore, comme s’il les possédait déjà. Cela lui permettait de se sentir bien, de rester digne et de continuer à croire en son rêve. Encore pauvre, n’ayant aucune notoriété, il visualise que des réalisateurs qu’il respecte lui disent : « J’aime ton travail ». Quelques années plus tard, Jim Carrey est la tête d’affiche du film Le Masque qui lui vaut sa première nomination au Golden Globe du meilleur acteur. Comprenez par là qu’il vous faudra aussi beaucoup de travail pour réaliser vos rêves et que la visualisation vous aidera à y parvenir seulement en travaillant. Souvent, la visualisation nous donne la motivation pour agir, mais surtout la certitude que quand on veut, on peut. Après cette lecture, n’oublie pas que la motivation vient avec l’action et que l’action vient avec la motivation. C’est une roue qui tourne ! Travaille tes muscles du changement et mets de l’avant tes propres astuces. Garde à l’esprit que tu es responsable de ton bonheur. Ne te donne plus d’excuses et passe à l’action. Tu en ressortiras grandi.


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« La Pocatière ville nourricière… » Une initiative féconde ! par Émilie Lapierre

La Pocatière, 20 juin 2016 Imaginez votre village, votre quartier peuplé de végétaux, certes fort esthétiques, mais dont leur principale fonction est de fournir de la nourriture aux gens qui y vivent. Le concept est simple : cultiver des espèces comestibles dans les lieux publics afin de nourrir la population en aliments sains, locaux et gratuits. Utopie, diront certains ; mouvement planétaire, diront d’autres. Qu’est-ce que « La Pocatière ville nourricière » ? Le projet est né à la suite d’un stage réalisé à l’École d’été en Agriculture urbaine de l’UQAM, en aout 2015. Au total, c’est plus de 200 participants de plusieurs pays qui ont pu réfléchir à l’agriculture de demain, dans une optique de production et de souveraineté alimentaire en milieux habités. À mon retour dans le Kamouraska, j’ai posé un regard nouveau sur mon milieu de vie. Alors que je prenais conscience du nombre d’espaces propices à l’implantation de cultures comestibles, je constatais l’étendue des espaces publics, malheureusement peu fréquentés, mais entretenus avec soins. Mais

pourquoi ne pas utiliser ces espaces sous-exploités pour créer une abondance partagée ? « La Pocatière ville nourricière » est née de ce constat : produire de la nourriture à partager au lieu de cultiver de la pelouse, certes fortement esthétique, mais quelque peu indigeste pour les humains ! Le projet vise à mettre en place une véritable communauté nourricière au sein de La Pocatière. La ville pourra transformer son environnement en un lieu d’abondance en développant des espaces de production alimentaire en libre-service afin

d’assurer une alimentation saine et de proximité à ses résidents. La Ville de La Pocatière possède déjà une identité agroalimentaire forte et le projet cadre bien avec celle-ci. Offrir à notre localité une identité nourricière significative permettra de mettre en valeur sa vocation agricole historique, tout en faisant de la Ville de La Pocatière une leadeure dans la mise en place de solutions environnementales innovantes et durables. C’est cette vision qui fut présentée à l’automne 2015 au conseil municipal de la Ville et qui a suscité une

Comment démarrer un projet chez soi en 5 étapes faciles :

11. On se prend en photo devant la pancarte de la localité. 22. On partage les photos sur Internet et on communique aux autres. 33. Chacun fait sa part devant chez soi. 44

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44. On réalise des actions collectives pour devenir une force citoyenne. 55. On sensibilise les élus pour soutenir le mouvement citoyen solidaire.


vive approbation de la part des élus. Le projet a rapidement bénéficié du soutien municipal pour la suite des actions à entreprendre. C’est dans cette lignée qu’a été organisé, le 18 mai dernier, un évènement-conférence sur le thème des villes nourricières et des systèmes alimentaires de proximité. Cet « évènement baromètre » voulait prendre le pouls de la population sur l’intérêt qu’elle porte à cette question. Au total, plus de 70 personnes ont assisté à cet évènement, un message fort de la part de la communauté qui s’est sentie séduite par l’idée. À la suite de cette rencontre, un comité-citoyen fort a été formé afin de poursuivre les étapes de la mise en œuvre du projet. Il fut donc décidé de s’inspirer du mouvement initié en Angleterre sous le nom « Incredible Edible », mieux connu au Québec en version française sous l’appellation des « Incroyables Comestibles ». Ce mouvement, très bien organisé, permet de suivre en 5 étapes la mise en place d’initiatives citoyennes de production alimentaire partagée. Le mouvement des « Incroyables Comestibles » Le mouvement des « Incroyables Comestibles » a germé en 2008 dans une localité d’Angleterre, nommée Todmorden. Affectées par la crise économique européenne, deux jardinières ont décidé d’utiliser les espaces publics vacants de la ville pour y faire pousser des fruits et des légumes à la disposition de tous. Rapidement, ce geste s’est propagé à l’échelle de la ville et on y retrouve maintenant des potagers devant le commissariat de police, à la gare ferroviaire et partout le long des rues résidentielles. Bien plus qu’un fait isolé, ce mouvement s’est par la suite répandu dans plus de 25 pays et ce chiffre continue de croitre rapidement. Plus près de chez nous, au Québec, plusieurs initiatives ont

vu le jour en ce sens : Outremont, Drummondville, Sherbrooke, Saint-Élie-de-Caxton, la MRC de La Matanie, Trois-Rivières, Victoriaville, Salaberry-deValleyfield. Le principe est simple : plantez, arrosez et partagez ! Au menu à La Pocatière cet été : Déjà, au début du mois de juin, deux bacs potagers sur la rue principale et trois autres en bordure du parc intergénérationnel ont été aménagés par une vingtaine de volontaires. De plus, le restaurant Opéra a offert au comité de cultiver sa platebande en devanture pour l’aménagement de cultures comestibles gratuites. Un beau partenariat qui, espérons-le, donnera le gout aux autres commerçants de participer au mouvement ! En plus des cultures annuelles, la phase 1 du projet « La Pocatière ville nourricière » comprend l’aménagement de deux ilots fruitiers en suivant les principes de la permaculture. On y retrouvera des arbres et arbustes fruitiers communautaires. En favorisant l’implication citoyenne dans la mise en place et l’entretien de ces cultures, on vise à ce que la population s’approprie ces espaces de cultures collectives et qu’elle les fréquente comme on fréquente son propre potager privé. Le projet donnera l’occasion aux citoyens de se mobiliser dans une action collective rassembleuse et qui vise le bien commun. L’expérience est bien amorcée et les résultats ne peuvent qu’être positifs.

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Venez nous voir avant qu’on décolle, parce que, oui, on vole. Jusqu’au 15 juillet

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Q u o i Fa i r e ? ! @ #$% L I S T E S É L E C T I V E D ' É V È N E M E N T S d a ns le K R T B

Rivière-du-loup

Jeudi 14 juillet

Tous les jeudis

Le chemin des racines (Roots Crossing) — Concert de Francis Leclerc, guitariste, et Marise D emers, percussionniste.

Les jeudis On danse dans la rue

Rue du Rocher

Tous les lundis

19 h

Ligue d’improvisation estivale

ÉMAC 20 h Cout : 3 $ Clientèle : pour tous

Gratuit

19 h 30

Clientèle : pour tous, ainés

La trame stylistique de flamenco qui tisse cette musique se noue avec tendresse et adresse aux influences brésilienne, pop et folk en évoquant les espaces chers au compositeur : la ruralité, la solitude, l’appartenance, la rencontre, la joie et la résilience.

Tous les samedis Marché public Lafontaine

Contribution volontaire suggérée : 10 $

Carré Dubé

Tous les mardis

9 h à 14 h

Les mardis famille

Théâtre La Goélette

Clientèle : Pour tous, familles 19 h Gratuit Clientèle : familles et enfants

Entrée libre (contribution volontaire)

Manoir Fraser 19 h 30 Clientèle : pour tous, littéraires

20 h Clientèle : pour tous, adultes, étudiants Tous les mercredis

Deux violoncelles : Daniel Finzi et Caroline Goulet

14 h

Cafés littéraires

Tous les mercredis

Théâtre La Goélette

Dimanche 24 juillet

Église anglicane Saint-James the Apostle

5 et 19 juillet

Les mercredis Shows de La Goélette

Cour de circuit, 199, rue SaintJean-Baptiste, L’Isle-Verte

Samedi 9 et dimanche 10 juillet

K amouraska

Expositions et créations en direct des artistes de Voir à l’Est

Tous les dimanches

Manoir Fraser

La CLIK : Ligue d’improvisation kamouraskoise

Clientèle : pour tous

Journées familiales Hydro -Québec

Église de Saint-Germain 19 h

Musée du Bas-Saint-Laurent 14 h 30 Tous les jeudis

8 au 16 juillet

Cout : 3 $

Vente trottoir de la rue Lafontaine : avec la présence du PIANO PUBLIC !

Rue Lafontaine

Les jeudis midi du parc Blais

Clientèle : pour tous

Parc Blais 12 h à 13 h Gratuit

Pour info : rdlen3actes.com ou la page Facebook de Monsieur Thomas.

Du 3 juillet au 4 septembre Exposition du groupe Reg’art

Sacristie de l’église de Kamouraska 10 h à 17 h C’est à la sacristie de l’église de Kamouraska que les artistes du Groupe Reg’art exposeront leurs œuvres cet été. Tous les jours, un peintre sera sur place pour vous accueillir.

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Pour info : 418 856-2589, www.grouperegart. com ou page Facebook Groupe Reg’Art

Les Jardins de la mer, 90, route 132, Saint-Germain-de-Kamouraska

Une aventure sonore en trois dimensions.

13 h à 15 h

Mercredi 6 juillet

Initiation aux phénomènes de la batture... Rencontre plantes et algues

Les mercredis du parc – Rock on

Cout : 30 $

Parc municipal de Mont-Carmel 20 h Gratuit

18 h Cout : 25 $

13 h à 15 h
 Cout : 30 $/personne Pour info et réservation : www. lesjardinsdelamer.org ou à la boutique

Pour info : 418 492-9191. Billet en vente au Café l’Innocent à Rivière-du-Loup, au Café Grains de Folie à Trois-Pistoles, au Pub Azimut à La Pocatière et au Café-camping Le Racoin à St-Germain.

Les mercredis du parc — Somme Duo

18 h Cout : 15 $ Pour info : 418 492-9191. Billets en vente chez Mamie Pataterie à Kamouraska, au Café l’Innocent à Rivière-duLoup, au Café Grains de Folie à Trois-Pistoles, au Pub Azimut à La Pocatière et au Café-camping Le Racoin à St-Germain.

20 h

Cout : 8 $/atelier ou 20 $/4 ateliers

Gratuit

Pour info et inscription : 418 899-0203

Vendredi 5 aout

Vendredi 8 juillet

Les Flos — Spectacle festif en plein air

Premier 5 à 7 de la saison estivale Dégustation de saucisses et inauguration de notre bar Musiciens et saltimbanques invités

Le Racoin, 100, route 132, St-Germain-de-Kamouraska 18 h Cout : 10 $ Pour info : 418 492-9191. Billets en vente chez Mamie Pataterie à Kamouraska, au Café l’Innocent à Rivière-duLoup, au Café Grains de Folie à Trois-Pistoles, au Pub Azimut à La Pocatière et Café-camping Le Racoin à St-Germain.

Mercredi 13 juillet Les mercredis du parc — Fred Labrie

Parc municipal de Mont-Carmel 20 h Gratuit Samedi 16 juillet Mara Tremblay — Spectacle en plein air

Le Racoin, 100, route 132, St-Germain-de-Kamouraska 18 h Cout : 30 $ Pour info : 418 492-9191. Billet en vente au Café l’Innocent à Rivière-du-Loup, au Café Grains de Folie à Trois-Pistoles, au Pub Azimut à La Pocatière et au Café-camping Le Racoin à St-Germain.

Le centre Nature et Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du Lac, Lejeune Pour info et inscription : 418 899-0203 Samedi 9 juillet Journée d’herboristerie en nature

Les Basques

Le Centre – Nature Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du lac, Lejeune Dès 10 h

Tous les dimanches du 29 juin au 7 septembre

Cout : 20 $ Pour info et inscription : 418 899-0203

Marché public des Basques

Coin Jean-Rioux et route 132 10 h à 15 h

Samedi 9 juillet Spectacle d’accordéon avec l’artiste Robin Servant

Le Centre – Nature Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du lac, Lejeune

Tous les mercredis et jeudis Le marché du bon voisinage

Saint-Simon

Mercredi 20 juillet

20 h

10 h 30 à 16 h 30

Les mercredis du parc — Jeff Rivard

Parc municipal de Mont-Carmel 20 h Gratuit

50

Atelier de peinture sur roches avec l’artiste M ireille Perrier

10 h 30 à 14 h 30

Le Racoin, 100, route 132, St-Germain-de-Kamouraska

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Tous les jeudis de juillet

Le centre Nature et Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du Lac, Lejeune

Mercredi 27 juillet

Marilie Bilodeau — Spectacle champêtre en plein air.

Marche méditative à marée basse

Témiscouata

Parc municipal de Mont-Carmel

Samedi 9 juillet

Dimanche 24 juillet

Samedi de conter

Pour info : 418 857-3248

Le Rêve du diable — Spectacle festif extérieur

Plantes médicinales pour les enfants — Fabrication d’un onguent

Les Jardins de la mer, 90, route 132, Saint-Germain-de-Kamouraska

Samedi 23 juillet

Forge à Bérubé, Trois-Pistoles

Lundi 25 juillet

Le Racoin, 100, route 132, St-Germain-de-Kamouraska

Samedi 9 juillet

Pour info : 418 851-4031. Les audioguides sont disponibles à l’accueil de l’église de Trois-Pistoles.

Tous les jours du 24 juin au 5 septembre

Cout : 10 $ Pour info et inscription : 418 899-0203

De retour à aujourd’hui : chroniques immersives des légendes de Trois-Pistoles

Vendredi 15 juillet

Parc de l’église Notre-Dame-desNeiges de Trois-Pistoles

Lancement du livre La Flore de la Halte Lacustre

Du lundi au samedi de 9 h à 16 h 30 et le dimanche de 11 h à 16 h 30

Le centre Nature et Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du lac, Lejeune 5 à 7 festif, repas végétarien


Pour info et inscription : 418 899-0203 Samedi 16 juillet Docteur Couleur acoustique avec Martin Barrette

Le centre Nature et Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du lac, Lejeune Musique rock, atmosphère rythmée et colorée

21 h Cout : 10 $ Pour info et inscription : 418 899-0203 Samedi 16 juillet Croisière découverte

Éco-site de la tête du lac Témiscouata, 140, route 232, Saint-Cyprien Montez à bord d’un luxueux ponton pour une croisière et découvrez une foule d’incontournables sur le lac Témiscouata.

13 h Vendredi 22 juillet Spectacle de musique — Dead Blues Carnival

Éco-site de la tête du lac Témiscouata, 140, route 232, Saint-Cyprien Soirée spectacle avec le groupe Dead blues Carnival. Ce groupe à saveur crade et hors du commun ramène des sons d’autrefois et rustiques avec une énergie foraine.

Cout : 15 $ 21 h 22 juillet Atelier de création, contes et poèmes avec Lina Savoie et Nikole Dubois

Le centre Nature et Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du lac, Lejeune 13 h à 16 h 30 23 Juillet 5 à 7 Poésie

Le centre Nature et Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du lac, Lejeune Plusieurs poètes locaux invités suivis d’un récital nocturne accompagné de musiciens

24 Juillet Musique expérimentale

Le centre Nature et Culture, La Pyrole Enchantée de la Halte Lacustre du Grand lac Squatec, 131, rang du lac, Lejeune 20 h Cout : 10 $ Pour info et inscription : 418 899-0203 Mardi 26 juillet Randonnée de kayak

Éco-site de la tête du lac Témiscouata, 140, route 232, Saint-Cyprien Randonnée de kayak en duo avec guide qui vous permettra de découvrir l’environnement de l’Éco-site d’un nouvel angle. La Rumeur du Loup, juillet 2016

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