Bass Music Magazine #14

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INTERVIEW | V.I.V.E.K | UK

Interview par Marie-Charlotte Dapoigny

V.I.V.E.K Un soir pluvieux de printemps, quartier Nord-Est de Londres. Nous arrivons devant l’entrée de ce qui semble un ancien music hall des années 30. Un endroit bien insolite pour ce qui s’annonce l’un des évènements les plus attendus de l’année : la soirée SYSTEM lancées par Vivek & Mala. Il est encore tôt et il serait bien difficile de se savoir arrivés à bon port si les premiers riddims Reggae ne faisaient déjà trembler les portes. Après quelques minutes d’attente, nous parvenons à retrouver Vivek. Il est assez tendu, ce serait sa toute première interview. A la recherche d’un endroit calme ou nous pourrions enregistrer dans de bonnes conditions, il semble que ni l’endroit, ni les pubs bondés environnant ne sauront nous accueillir. Nous nous placerons donc dans le camion même qui a transporté nos artistes et leur soundsystem. VIVEK EST-IL SEULEMENT TON NOM D’ARTISTE OU C’EST ÉGALEMENT TON PRÉNOM ? C’est en fait mon prénom, un prénom d’origine indienne. TA CARRIÈRE EST DÉSORMAIS BIEN LANCÉE, TU PARS EN TOURNÉE AUX QUATRE COINS DU MONDE. MAIS QUEL A ÉTÉ TON PARCOURS CES DERNIÈRES ANNÉES, AVANT D’EN ARRIVER AU DUBSTEP ? Aussi loin que je m’en rappelle, j’ai toujours été mordu de musique. Au début de mon adolescence, la Jungle est apparue, telle un alien. Rien ne pouvait alors vraiment y être comparé. Et je suis vraiment tombé amoureux de cette scène. A ce moment aussi, aux environs de 14-15 ans, j’ai commencé à mixer et la Jungle a explosé au même moment donc les choses se sont combinées comme ça. Avec mon meilleur ami, nous avions pris l’habitude de mixer dans des mariages indiens. Ces mariages peuvent durer plus d’une semaine ! Il y a de nombreuses soirées, tant à la maison qu’en extérieur. Nous allions mixer dans les maisons familiales, de la musique indienne essentiellement. En fait quand on y pense, mes bases principales sont les mariages indiens et la Jungle ! QUELS ARTISTES T’ONT LE PLUS INSPIRÉ DANS TA CARRIÈRE ? Je citerais en premier lieu Metalheadz, sans hésiter. Ce qu’ils sortaient à ce moment m’a énormément influencé par la suite. Metalheadz ne prenait pas sa consistance dans les différents artistes, c’était avant tout un son propre. Je n’étais pas vraiment concentré sur un artiste, mais plutôt sur une

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identité, un type de son. La première fois que je me suis penché sur la production, je n’y connaissais absolument rien, j’essayais juste de reproduire ce son complètement fou pour l’époque. Les soirées qu’ils faisaient m’ont fait accroché, et c’est ce qui m’a poussé à produire moi-même, par curiosité et enthousiasme. J’avais alors 21 ou 22 ans, c’était il y a neuf ans déjà ! QUE S’EST-IL PASSÉ ENSUITE ? J’étais ancré dans la Jungle, elle a évolué vers la Drum & Bass, je me suis mis à en produire pendant quelques années, et puis j’ai simplement perdu l’amour que j’éprouvais au départ pour cette scène. On allait à la Fabric les week-ends, puis un jour je me suis retrouvé là dans la foule, et je ne ressentais plus rien. J’ai commencé à regarder un peu autour de moi, ce qu’il se faisait au même moment, et ce nouveau mouvement commençait à peine à se former, le son Dubstep. J’ai commencé à en écouter de plus en plus, puis à en produire timidement au départ, expérimentant toute sorte de choses, à un nouveau tempo. A ce moment là la crew Antisocial commençait à se regrouper, à faire des choses ensemble, mon ami Razor Rekta s’est mis à me parler des nouvelles choses qu’ils essayaient de faire, et je me suis plongé de plus en plus dans l’expérimentation, tentant d’aller toujours plus loin dans la création. J’ai alors rencontré Toastie, et j’ai été vraiment impressionné et fasciné par le résultat de tout ce groupe d’artistes qui repoussaient sans cesse les limites du possible, en particulier Mala. Venant de la Drum & Bass, ou genre vraiment carré et formaté, pour en arriver à un tempo plus lent, une certaine lourdeur et une profondeur d’inspiration Dub. Un jour, je suis allé chez Silkie, je lui ai


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