Arcotedazur N°12

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En Ville

cannes

Paola Cantalupo Sur les traces d’une étoile Danseuse étoile des Ballets de Monte-Carlo, médaillée d’or du Prix de Lausanne, Paola Cantalupo partage aujourd’hui sa passion avec les danseurs de la fameuse École Rosella Hightower qu’elle dirige à Cannes. Un parcours sans faute pour cette figure remarquable de la danse à travers le monde. La danse. Un mode de vie, une philosophie, une passion ? C’est tout d’abord une passion bien sûr. Puis l’on se rend compte au fil des années que c’est aussi un besoin. Besoin de s’exprimer différemment car l’artiste est quelqu’un d’un peu différent. Le danseur s’exprime à travers un mouvement. Ce besoin que l’on ressent de bouger est devenu pour moi un langage à part entière, une autre expression. À quand remonte cette passion pour la danse ? Très tôt, à vrai dire. Il paraît que je dansais devant le miroir et je me rappelle vaguement ce que l’on pourrait qualifier de premier spectacle. Il s’était déroulé devant la mer, toute seule. C’était une sensation très belle. J’habitais à Gênes puis ma famille a déménagé à Milan. J’ai commencé vers huit/neuf ans dans une école privée

Interview réalisée par Rodolphe Cosimi le 26 avril 2010 - Mougins

et j’ai eu la chance d’intégrer l’école de danse de la Scala de Milan où j’ai débuté dans le corps de ballet. Comment s’est déroulé votre parcours depuis cette prestigieuse «grande maison» de la danse qu’est la Scala ? J’ai passé du temps à la Scala. En parallèle, j’allais au lycée et c’était un emploi du temps assez lourd à l’époque, assez… intense (rires). J’ai terminé cette première formation et je me suis présentée au Prix de Lausanne en 1977, grande compétition internationale où j’ai gagné la Médaille d’or. J’avais été vraiment surprise car je ne m’attendais absolument pas à remporter ce prix. J’y étais allée avec mon père pour voir ce qu’il se passait en-dehors de ce château doré qu’était la Scala. Cette médaille a été une ouverture vers l’extérieur et m’a permis de prendre conscience de ma valeur, de m’ouvrir au monde. Cela a été rassurant pour le début de ma carrière. La Scala était très hiérarchisée et je désirais faire d’autres expériences comme celles que j’ai pu vivre ensuite auprès de Maurice Béjart ou John Neumeier. À ce prix de Lausanne, j’ai aussi rejoint une grande famille dans laquelle je côtoyais déjà Jean-Christophe Maillot et Rosella Hightower.

Le parcours d’un danseur est souvent considéré comme celui du combattant. Cela a-t-il été votre cas ? Je ne crois pas que ce soit une question de combat, dans le sens ou il faut être fort, quoi qu’il arrive. On ne peut qu’être exigeant avec soi-même lorsque c’est son chemin que l’on suit, sa passion que l’on assouvit. Je suis contre cette idée que les danseurs souffrent, que c’est extrêmement dur. Je crois que celui qui veut arriver à quelque chose doit vivre des moments difficiles. Que l’on se fatigue ou que l’on transpire un peu plus peu importe, il ne faut pas oublier que c’est un besoin. Les sacrifices, les pieds qui souffrent, ça fait partie de la danse. On fait ce que l’on a rêvé de faire tout jeune et on accomplit le travail qu’il faut pour réaliser son rêve, et cela même si la danse est plus fatigante que d’autres activités dans d’autres domaines. On sait que ça va être difficile. Quelles expériences, quelles rencontres ont été les plus marquantes ? En ce qui concerne les expériences, il y en a tellement, toutes forgent le caractère.... Par contre, il y a eu de belles rencontres. C’est vrai que celle avec Béjart au Ballet du XXème siècle, même si j’étais encore jeune fille, a été une rencontre impressionnante. Celle qui m’a énormément marquée a été la rencontre avec Noureïev. C’était quelqu’un de direct, un homme généreux, qui aimait entrer en contact avec les jeunes danseurs. Il avait cette démarche d'essayer de comprendre les autres. John Neumeier, au Ballet de Hambourg en 1980, m’a donné également une ouverture. La Princesse Caroline a été une rencontre privilégiée car elle était brillante. Bien que cachée derrière une certaine timidité, elle a eu le courage de commencer les Ballets de Monte-Carlo. Les personnes que j’ai rencontrées ont toujours été déterminantes pour moi, comme pour l’art de la danse. Je connais bien Jean-Christophe Maillot depuis plus de trente ans. Après avoir dansé ensemble, nous avons aujourd’hui développé une autre relation, au-delà de l’amitié, notamment pour le Printemps des Arts.


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