ARTCOTEDAZUR N°21

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SUPPLÉMENT CULTUREL DES PETITES AFFICHES DES ALPES MARITIMES

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MAMAC - NICE

MAMAC KLEIN 220x280 ART COTE 06 12_KLEIN 25/06/12 10:06 Page1

30 JUIN > 16 DÉCEMBRE 2012

MUSÉE D’ART MODERNE ET D’ART CONTEMPORAIN tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h - entrée libre Place Yves Klein - Nice - France +33 (0)4 97 13 42 01 www.mamac-nice.org


ours Art Côte d’Azur Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3633 du 29 nov. 2012. Bimestriel ISSN 1962- 3584 Place du Palais 17 rue Alexandre Mari 06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel : Rédacteurs Frédéric Altmann Rodolphe Cosimi Harry Kampianne Olivier Marro Céline Merrichelli Alain Amiel Directeur de la publication & Direction Artistique François- Xavier Ciais Conception graphique Maïa Beyrouti Graphiste Maïa Beyrouti Caroline Germain Henri Bouteiller

edito Ces derniers jours nous ont quitté deux grands artistes, Théo Tobiasse, et Jean-Claude Farhi. Toute l’équipe de Artcotedazur exprime ses plus profonds regrets et ses plus sincères condoléances à leur famille et à leurs proches ; Théo et Jean Claude nous laissent de magnifiques œuvres en témoignage de leurs brillantes carrières. Dans ce numéro, nous ferons un léger détour par Paris, en visiteur de la Fiac, vous découvrirez également l’actualité de notre territoire, notamment à Nice, Saint Paul de Vence, et Biot. Malgré une fin d’année assez morose sur le vieux continent dans le marché de l’art, notre magazine n’est pourtant pas en reste pour vous présenter de fabuleux artistes à découvrir ou à redécouvrir. Notamment le photographe Antony Mirial présentant un univers étonnant et particulièrement graphique. Frédéric Allard, avec son subtil mélange de mode, design, et matière pour finalité d’une égérie de la femme dans tous ses états, en la personne de Kate Moss. A quelques nébuleuses de là, Ai Bubble, artiste monégasque nous ravira dans un monde combinant amour, couleur et sérénité. Revenons à terre, il vous faudra mâcher un peu pour découvrir l’artiste

Guichou, dont le support principal de ses œuvres est fait de chewing gum. Jouons du regard afin d’apprécier les dessins de Gérald Panighi, attention le texte est fort. Nous connaissions notre Ami Jean-Antoine Hierro comme un architecte ou un galeriste important, nous découvrons l’Artiste de talent, avec en prime le scoop de l’ouverture de son nouvel atelier outre atlantique. Transition toute faite vers l’Artiste de notre dossier, avec une prochaine exposition à venir en 2013 dans les lieux de la Hierro Desvilles Art Gallery, vous l’avez compris nous parlons de Sosno, n’oblitérez pas vos émotions et levez la tête carrée, ce n’est pas une façade, un cadre de l’école de Nice est bien là. En ce mois de décembre tout proche, n’ayons pas peur de la fin de monde, mais privilégions la créativité, la beauté et le partage que nous transmettent en cadeau tous ces artistes, et profitons avec eux et dans la découverte de nouvelles émotions de ces fêtes de fin d’année. Toute l’équipe se joint à moi afin de vous souhaiter tous nos vœux de bonheur, et que vous profitiez au mieux de ces moments d’échanges. François-Xavier Ciais

PIPELINE D’HORIZON

Photographes Jean-Charles Dusanter Guillaume Laugier Bertrand Ornano Photo de Couverture “Oblitération jaune”, gouache sur papier photographique,1974, Sosno © Tous droits réservés Rédactrice en chef Elsa Comiot Tél : 04 93 80 72 72 Fax : 04 93 80 73 00 contact@artcotedazur.fr www.artcotedazur.fr Responsable Publicité Anne Agulles Tél : 04 93 80 72 72 commercial@artcotedazur.fr Abonnement Téléchargez le bulletin d'abonnement sur : www.artcotedazur.fr Renseignements par tél : 04 93 80 72 72 Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/Créateurs « ImprimeurVert », sur un papier 100% recyclé. La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, cellesci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.

© jch dusanter

Dénué dans les nuées Pétrole part en fumée Vers les nuées Sur les montagnes enneigées Sur mes Persols il y a de la buée Pétrole pétrole tu t’étioles Pétrole pétrole tu vas nous tuer Pétrole Pétrole tu nous voles Vol à l’arrachée Le ciel bleu se noircit sur les monts Même les saumons N’osent plus fumer A la station sert Vice du coin Les émirs se gondolent bien Devant la flambée des prix J’ai des envies De pyromane Je grimace devant la pompe C’est pas le prix ils se trompent Je vais être obligé De vendre des bananes Sur les marchés De faire des heures Sup Toute la semaine

A la brigade des Stups Stupéfait je paye avec peine Le plein de haine Par quel mystère Je vais faire avancer Entre deux stations Ma vieille Chrysler Vers le Pipeline d’horizon Qui part dans la fumée Qui part vers les nuées Sur les montagnes enneigées Sur mes Persols il y a de la buée Pétrole pétrole tu t’étioles Pétrole pétrole tu vas nous tuer Pétrole Pétrole tu nous voles Vol à l’arrachée Quand les prix décollent Pétrole pétrole Tu nous flingues les hémisphères Pétrole pétrole Tu ne passeras pas l’hiver Enfin j’espère… Arnaud Duterque


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PARIS

LA FIAC

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PRIX DE LA JEUNE CRÉATION

PROGRAMMATION DE L’ECLAT AU MUSÉE FERNAND LÉGER ano © B Orn

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SAINT PAUL DE VENCE EXPO FABRICE HYBER À LA FONDATION MAEGHT

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SAINT PAUL DE VENCE BOGÉNA GALERIE

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CÉDRIC MORIS KELLY PERFORMANCE À LA VILLA ARSON

© Fabrice Hyber. Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont. Adagp Paris 2012.


La vie des arts 20 FRED ALLARD 22 GUICHOU 24 ANTHONY MIRIAL 26 AI BUBBLE 28 GÉRALD PANIGHI 30 SOSNO 36 HIERRO ARTISTE

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Made In Company, Dream Specimen, 2011, collage sur toile © Galerie Nathalie Obadia

Contre Vents et Marées

En période de houle et de forte récession, il est évidemment utile de savoir garder le cap. Et quand la mer est démontée, on mise beaucoup sur l’expérience du commandant. A-t-il su, pour cette nouvelle aventure, maintenir à flot le vaisseau Fiac ? Nul n’est à même de savoir si l’art avec un grand A prend l’eau de toutes parts depuis que cette redoutable crise économique mondiale refroidit les ardeurs spéculatives ou passionnées, parfois les deux, des collectionneurs. Néanmoins l’art en tant que valeur refuge reste toujours d’actualité. A partir de là, considérons que le pouvoir d’achat de chacun est proportionnel à la relativité qu’ils se font est de vendre, même si le spectre de la crise du mot «crise». Selon les constatations de grandes fait encore figure de sorcière. Jennifer Flay, galeries et de revues spécialisées, il existerait bien en tant que commissaire général de ce grand dans la tête d’un collectionneur un seuil psycholoraout international de l’art contemporain n’est gique difficile à franchir (100 000 , paraît-il) pour pas dupe : « Il faut savoir tenir le cap et innol’achat d’une œuvre. La majorité des collectionneurs ver, être réactif et être à l’écoute des fluctuane franchit pas ce cap au vu de la fragilité actuelle tions du marché. Nous tenons également à ce du marché de l’art. La caste des Pinault/Arnaud parque l’art moderne soit aussi bien représenté. Daniel Templon ticipant à des enchères à six ou sept chiffres fait La proportion des collectionneurs à se diriger partie de cette minorité très prisée et fermée des vers des valeurs sûres est considérable en tant grandes foires internationales, et la Fiac joue depuis de crise. Mais la Fiac reste avant tout une foire quelques années dans la cour des grandes. française et parisienne puisque plus d’un tiers Au-delà des taux de réussite, de déceptions et des galeries sont issues de l’Hexagone. C’est d’éternels insatisfaits qu’elle a su engranger au fil aussi la seule foire au monde à bénéficier de ces dernières années, elle a souvent su soigner d’un écrin historique aussi prestigieux que le son image. On peut même dire qu’il y a du rififi sur Grand Palais ». le podium avec ses consœurs très différentes de Bâle Mais tout ce faste a un prix, me direz-vous ! Kammel Mennour et de Frieze (Londres). Une rivalité somme toute genLa gardienne du temple en convient puisque tillette et complice au regard de certaines œuvres « l’essentiel des revenus provient de la locacirculant parfois entre ces trois places fortes de l’art «business». tion des stands, c’est-à-dire 465e le mètre carré pour la nef et Qu’attendions-nous de cette 39ème édition de la Fiac, de ces 180 385 pour les galeries supérieures. Le reste des recettes est pargaleries venues de 24 pays et réunies sous le toit magistral du tagé entre nos accords de partenariat. » Grand Palais ? Du haut de gamme, de la folie, de l’incroyable- Son souhait de franchir la barre des 90 000 visiteurs (Grand Palais) ment exceptionnel ? A vrai dire un peu de tout ça, saupoudré de aurait pu être réalisable lors de la cuvée 2010, le chiffre exact quelques soirées mémorables. étant de 85 662 entrées. Un bel espoir brisé net lors de l’édition Autre question : sur quoi cette nouvelle cuvée a-t-elle pu renforcer 2011 avec une chute à 68 079 entrées. Nous attendons encore les ses marques sans trop se replier sur une prétendue «exception chiffres de 2012. Que faut-il en déduire ? La crise (l’excuse praculturelle» via Paris et son glorieux passé ? Outre la magnificence tique) aurait-elle eu raison du marché ? Le prix d’entrée : 35 ?!, du Grand Palais, la Fiac a toujours su faire œuvre d’élégance et ce n’est pas rien pour l’escarcelle du grand public plutôt prompt à d’originalité malgré des hauts et des bas parfois dignes des mon- faire économie de toute pièce en ces temps de disette annoncée. tagnes russes. Car qu’on le veuille ou non, le but ultime d’une foire Alors est-ce que le vaisseau Fiac tangue plus que d’ordinaire ? La

J’ai constaté une progression de qualité lors des dernières éditions.

La Fiac, c’est comme une course de sprint.


Hannah Höch, Aus der Sammlung, 1925, collage et aquarelle sur papier © Galerie

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Nathalie Serroussi

Aperçu Des Festivités Nous avons eu un choix de galeries prestigieuses telles que les new-yorkaises Cheim & Read, Paula Cooper, Greene Naftali, Metro Pictures, David Zwirner, et la cosmopolite Gagosian Gallery également installée à Paris ; les londoniennes Lisson, White Cube ou encore Victoria Miro ; les berlinoises Esther Schipper, Contemporary Fine Arts, Meyer Rigger, Johann König et les parisiennes dont certaines nous ont proposé, comme Jérôme de Noirmont, un coup de projecteur sur Fabrice Hyber, Jeff Koons, Georges Condo et A.R Penck. Karsten Greve a présenté des œuvres de Cy Tombly, John Chamberlain, Joël Shapiro, Jannis Kounellis et Lucio Daniel Firman, Margaux, 2012, résine vêtements © Galerie Emmanuel Perrotin Fontana. Thaddaeus Ropac a opté pour Georg Baselitz, Tony Gragg, Jules Balincourt, Anthony Gormley. Kammel Mennour a misé sur Claude Levêque, François Morellet et Mohammed Bourouissa. Emmanuel Perrotin a tablé sur Wim Delvoye, Sophie Calle, Jean-Michel Othoniel, Xavier Veilhan, Daniel Arsham et Bernard Frize. Polaris a exposé les œuvres d’Yto Barrada, Bouchra Khalili, Khaled Jarrar ainsi qu’Odile Decq affichée au

C’est très bien de pouvoir se repositionner au sommet après avoir été relégué derrière Cologne, Berlin, voire Arco (Madrid). Anne de Villepoix

Joan Miró Personnages, oiseau, 1975, Technique mixte, © Galerie Lelong

commandant(e) Jennifer, plutôt adepte de la Méthode Coué, aurait tendance à nous faire croire que – tout va très bien madame la marquise – et on finit par la croire tant l’énergie et la douceur de ses propos font mouche. « Je ne vous cacherais pas que le contexte économique n’est pas en notre faveur, et nos consœurs telles que ArtBasel, Frieze ou ArtBasel Miami n’échappent à cette récession. Chacune essaie de s’en sortir avec ses propres armes. » Bref ! Faire venir la crème des collectionneurs, consolider les points forts de son identité, proposer un mixage intelligent entre art moderne, art contemporain et création émergente, entretenir un programme varié Hors les Murs, voilà de quoi rendre ce rendez-vous annuel de la scène artistique internationale incontournable. Ce qui est déjà le cas.

Qui dit grosses foires, dit grosses galeries, et donc souvent œuvres d’artistes considérées comme de purs produits, tout cela au détriment de jeunes galeries et d’une prise de risque de moins en moins présente. Fabienne Leclerc/In Situ Cette foire est amenée à se renouveler dans le bons sens. Mais ce n’est pas la bonne période pour ne montrer qu’un seul artiste. Yvon Lambert


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programme Hors les Murs dans le cadre du Museum d’Histoire Naturelle au Jardin des Plantes. Question solo show, Laurent Godin a présenté le très allumé Alan Vega pas vraiment déconnecté à vrai dire des années new wave avec son ex groupe Suicide. Les sculptures totems et cinétiques du sculpteur grec Takis étaient à l’honneur du stand de la galerie Xippas alors que Fabienne Leclerc/ In Situ nous a concocté un «quasi» solo show sur Gary Hill, avec l’une de ses installations vidéo Cutting Corner Create More Sides, accompagnée de quelques autoportraits du photographe chinois Ni Haifeng utilisant son corps comme parchemin pour y graver des textes et des images relatifs à l’histoire d’exportation de porcelaine de Chine aux XVIIème et XVIIIème siècles. Du côté d’Anne de Villepoix, la galerie a été à même de nous proposer un ensemble de trois artistes (Joyce Pensato, Nahum Tevet et Otto Zitko) défilant comme un seul homme dans une dynamique gestuelle mêlant Action Painting, installations en 3D et structures géométriques de lignes et de courbes. Le groupe Galeries Lafayette, partenaire officiel de

La Fiac est devenue réellement internationale. Dans le contexte économique actuel, elle s’en sort plutôt pas mal. Jérôme de Noirmont La Fiac, il y a quelques années encore peu prise au sérieux, est redevenue une foire pertinente sur le marché international. Thaddaeus Ropac

L’emplacement du Grand Palais, ses verrières, sa nef contribuent à l’attraction que suscite la Fiac. Elle possède un glamour que l’on ne retrouve dans aucune autre foire.

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Hervé Loevenbruck

C’est bien que le Grand Palais soit le lieu unique de la foire (ndlr : la Fiac a été partagée entre le Grand Palais et la Cour Carrée du Louvre jusqu’en 2010). La dispersion n’est jamais bonne. Il vaut mieux une bonne sélection qu’un étalage à l’infini. Daniel Lelong

T la Fiac, a affiché au menu de cette nouvelle édition pas moins de dix galeries, issues de sept pays, dont quatre présentent des expositions personnelles et six autres des duos d’artistes. Outre son programme d’œuvres extérieures au Jardin des Tuileries, la Fiac a proposé son planning de performances artistiques Ouvertures/Openings avec quelques têtes d’affiches telles que Claude Closky, Tony Conrad, Dan Graham, William Kentridge, Gary Hill ou encore Rodney Graham. Pour la troisième année consécutive, la Fondation Ricard a projeté une quarantaine de films d’artistes au Cinéphémère, cabine surchauffée de 14 places. Claustrophobes s’abstenir. HK

Ci-dessus de gauche à droite : Olaf Breuning Smoke Bombs 2, 2011 © Galerie Metro Pictures

William Kentridge and Gerhard Marx Fire Walker, 2010

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© Galerie Marian Goodman

Odile Decq Abris Temporaires pour Oiseaux Migrateurs, 2012 © Galerie Polaris et Mica

Jeremy Deller Bless This Acid House, 2012, sérigraphie sur aluminium © Galerie Art Concept

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MUSIQUE


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NICE

Un prix pour la jeune création ville de Nice accompagne depuis 2004 les made in Nice Laélèves diplômés de la Villa Arson. Un dispositif qui s’est renforcé depuis 4 ans pour soutenir durablement la relève de demain !

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près l’école de Nice, un ventre mou s’était créé… en apparence, car la ville n’a jamais cessé de produire de nouveaux talents, via notamment l’école nationale des Beaux-Arts. « Depuis 2004, nous exposions les travaux des diplômés de la Villa Arson mais Christian Estrosi a souhaité dès 2008 créer le Prix de la Jeune création afin de faire reconnaître ces talents formés à Nice au sein de l’une des écoles les plus prodigues de France. Ce dispositif vise également à accompagner les artistes à la fin de leur cursus afin que ces derniers ne fassent pas le grand saut dans le vide mais puissent préparer à Nice leur intégration au monde de l’art », explique Martine Meunier, directrice de la galerie de la Marine, un espace d’exposition municipal intégré au projet qui a accueilli du 4 juillet au 7 octobre l’exposition PAN des diplômés 2012 de la Villa Arson. © DR

En haut: Quentin Derouet Encore un geste d’amour Ci-contre: Rémi Voche et Quentin Derouet, les deux lauréats du Prix de la Jeune création 2012 désignés par Le jury présidé par Bernard Marcellis, critique et historien de l’art, Bruxelles

Un partenariat entre la Villa Arson et la Ville de Nice « Dans un souci de professionnalisation nous faisons appel depuis cette année à un commissariat extérieur pour l’exposition et la publication qui en découle. Jean-Marc Avrilla fut ainsi en charge de sélectionner et de mettre en scène les œuvres des 22 diplômés 2012 ». Depuis 2009, après l’obtention de leur diplôme les élèves de la

Villa Arson sont conviés à une exposition collective estivale partagée entre la Galerie de la Marine et la Villa Arson, partenaire. « C’est une tradition de fin d’année qui permet aux diplômés de confronter en conditions réelles leurs œuvres au regard du public. D’autre part, le fait d’abriter un volet de l’événement nous permet de sensibiliser le public même si l’école d’art ferme en été et d’être visible jusqu’au cœur

de ville », souligne Jean-Pierre Simon, directeur de la Villa Arson, avant de rajouter « C’est aussi un moyen d’identifier chaque promotion, et d’accompagner le parcours de nos élèves car, à la suite de l’exposition, une édition de 64 pages publiée par la revue Semaine (édition Analogues) est réalisée, incluant un texte bilingue écrit par un critique sur chacun des artistes. Ce numéro hors-série, envoyé à tous les abonnés, galeristes, conservateurs, critiques d’art, collectionneurs, est un précieux outil pour ceux qui souhaitent candidater à des résidences. » Une année de résidence offerte ! Consciente des difficultés que rencontrent les jeunes créateurs à la sortie du cocon de l’école, la Ville de Nice a renforcé également son soutien. Martine Meunier développe : « Depuis 2009 deux prix sont décernés par un jury de professionnels, le Prix de la Jeune Création remis par la


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Ville de Nice et le Prix de la Fondation Bernar Venet. Les deux lauréats reçoivent une bourse à la création d’un montant de 1.500 euros assortie d’une résidence d’un an (comprenant pour la Ville, un logement et un atelier) et d’une exposition à la Galerie de la Marine l’année suivante ». A l’occasion de l’exposition Pan, le jury a attribué le Prix de la Ville de Nice à Quentin Derouet pour son travail et la pièce « Encore un geste d’Amour ». « C’est une pièce rapide, performative, dans le sens de l’attitude désinvolte que j’ai aimé chez Dada ou Alfred Jarry. Je l’ai réalisée avant le vernissage en tirant un trait sur le mur de la galerie avec un bouquet qui a laissé sur le mur la trace colorée des pigments des fleurs. C’est un travail à la fois lyrique et ironique, c’est aussi une réflexion sur la peinture qui est une pratique évidemment romantique qui n’a jamais cessé de nourrir l’histoire de l’art ». Rémi Voche, Prix Bernar Venet, est lui performer, photographe, vidéaste et sportif, car sa pratique, la plus instinctive qui soit, tient toute entière dans un rythme organique. Tout ce qui l’entoure, le traverse et l’électrise. Son corps est au centre d’une expérience non comme objet de culte mais comme moyen d’épuisement de soi. Les deux lauréats 2012 exposeront en 2013 à la galerie de la Marine. Du 27 octobre 2012 au 3 février 2013, ce sont les travaux des deux lauréats 2011, Thomas

Teurlai et Ugo Schiavi, dont les pratiques sont connexes, qui exposent à la galerie. Ils œuvrent ensemble depuis un an à Nice sur l’exposition « Looters will be Shot ». Un univers qui est installé dans une galerie changée en hangar clandestin et qui confronte le street art aux contingences du marché de l’art.

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En haut à gauche: Rémi Voche Trunk Dance Ci-dessus, les deux photos : Thomas Teurlai et Ugo Schiavi Looters will be shot

« Looters will be Shot » Thomas Teurlai et Ugo Schiavi « Les pillards seront abattus. Nouvelle Orléans, août 2005. Après le passage de l’ouragan Katrina, on pouvait lire cette phrase (ici traduite) inscrite un peu partout à l’aérosol sur les façades des habitations et autres commerces encore debout. La police, dépassée par les événements, autorisa de manière tacite les habitants encore présents à faire leur propre loi en tirant à vue sur quiconque tenterait de les cambrioler. Loin d’être un acte désespéré, notre démarche n’en est pas moins du pillage. Un pillage archéologique en un sens, puisque les objets de nos larcins sont exclusivement des graffitis superposés, accumulés année après année, dont les strates les plus anciennes, peuvent parfois dater de plus de vingt ans. L’historique de cette accumulation est visible sur la tranche multicolore des «peaux» prélevées, décollées de leurs murs. Une fois récolté, ce butin a dû être rassemblé et stocké.

L’espace de la galerie devient alors entrepôt clandestin et lieu de recel de peintures volées. Mais soyons clair, en ramenant des graffitis à l’intérieur d’une galerie, en les transposant de la rue au «white-cube», notre ambition n’est en aucun cas d’attribuer, une fois de plus, des lettres de noblesse à cette forme d’expression qui doit rester indépendante. Bien des gens ces dernières années ont tenté cette hérésie. C’est précisément parce que le graffiti et l’histoire qu’il transporte avec lui n’a pas vocation à faire partie d’un système institutionnel de l’art que les tagueurs dont les signatures pourraient être ici identifiées ne sont ni soutenus ni représentés. Bien au contraire, ils sont victimes. Victimes d’un pillage organisé. Ironie du geste, nous devenons les vandales des vandales… Alors la sentence annoncée tombera, intitulé prémonitoire, nous serons abattus ! En attendant de constater les faits, ne vendons pas la peau de l’ours... » OM


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L’Eclat Un grand écran au Musée Le Musée Fernand Léger accueille depuis sa réouverture, L’Eclat et ses cycles cinématographiques qui offrent une nouvelle manière d’aborder les expositions.

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Eclat est une association créée en 2009 par Marianne Roméo et Estelle Macé, qui relancèrent la Salle Jean Vigo à l’Espace Magnan. Sous l’impulsion de la DRAC et soutenu par la Région, L’Eclat (qui intervient aussi auprès de scolaires) propose à la Villa Arson et au Musée Fernand Léger à Biot, un nouveau regard sur le 7ème art en liaison avec leur actualité. Une offre pointue et plurielle dans ses choix qui a déjà drainé à Biot un large public via une soixantaine de films dont des séances plein air dans les jardins avec Abel Gance ou Raoul Ruiz. Tissant des liens avec les autres champs artistiques, l’Eclat se propose d’ouvrir une fenêtre sur les expositions en évitant l’écueil de l’illustration ou du commentaire. Un dialogue avec les expositions Depuis sa réouverture en 2008, L’ECLAT nourrit l’action culturelle du musée en concevant et animant des séances gratuites tous les 1er dimanches du mois. « Fernand

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De gauche à droite : Macha Bridant, Chargée de coordination Marianne K. Roméo, Directrice Estelle Racé, Adjointe chargée de la programmation du cinéma L'Eclat.

léger est un artiste qui s’est intéressé au cinéma et a réalisé « Le Ballet mécanique », le premier film sans scénario sur la civilisation machiniste. Il y a chez Léger une conception politique du monde où la question du 7ème art a sa place. Alors, quand on a su que l’auditorium rouvrait, nous avons candidaté » explique Marianne. « A Chagall il y avait une entité forte culturelle avec l’auditorium qui reçoit l’Ensemble Apostrophe. Au Musée Fernand Léger, Maurice Fréchuret voulait donner une orientation cinéma » poursuit Estelle. Ainsi, depuis 2008, L’Eclat compose sa programmation avec la direction des Musées Nationaux des Alpes-Maritimes et les conservateurs du Musée Léger (aujourd’hui, Diana Gay). L’exposition inaugurale « Partie de campagne » a permis de revoir le film éponyme de Jean Renoir mais aussi de découvrir « Les hommes, le dimanche » (sur le weekend de jeunes et modestes berlinois), un des derniers films muets allemands et le premier film de Robert Siodmak. Pour « Les constructeurs », Marianne et

Estelle sont parties d’une toile. « Travailler à partir d’un motif précis, c’est très excitant, cela décale le propos et ouvre des pistes. Les arts plastiques ont tout à gagner à jouer avec ces passerelles ». L’Eclat qui fonctionne sur ce principe pour « La Peinture autrement » avait choisi un cycle « le Cinéma Autrement ». C’est toujours l’occasion pour ces deux passionnées de montrer les territoires de recherche du 7ème art dans une perspective historique, des œuvres pionnières comme des métrages récents « Là où se trouve l’avant-garde actuelle ». Vivement Dimanche ! L’Eclat sera au cœur de la production actuelle avec l’exposition de l’artiste Sarah Morris, « Mechanical Ballet » (17 novembre 2012 - 4 mars 2013). Car l’autre bonne nouvelle c’est que le Musée Fernand Léger s’ouvre aux créateurs contemporains. « Sarah travaille sur l’architecture des villes, réalise des vidéos, des actions in situ,


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Maurice Fréchuret, L’Eclat au Musée Les musées ont tardé à reconnaître le cinéma comme un art plastique à part entière et ce n’est que récemment qu’il a trouvé place dans les expositions à côté de la peinture ou de la sculpture. Aujourd’hui, des écrans voisinent régulièrement avec les toiles lorsque le film est projeté dans sa totalité dans des salles attenantes aux salles d’exposition. De ce fait, est enfin rendue justice à un art dont on a trop souvent minimisé l’importance de ses apports plastiques. L’association L’Eclat, dont les missions définies et déclarées sont de soutenir la création dans le domaine des arts visuels et sonores, travaille à la poursuite de cette reconnaissance.

De gauche à droite et haut en bas : Broadway by light de William Klein (1958) © DR Hasta el sol tiene manchas © DR Une partie de campagne (Jean Renoir, 1936) : scène de la balançoire © DR Playtime de Jacques Tati © DR Musée Fernand Léger © DR Entracte © DR

invente des systèmes de signes qui organisent la vie de la cité ». Trois programmes de vidéos signés par l’artiste entre 1998 et 2011 seront projetés le 2 décembre, le 3 février et le 3 mars. Un nouveau cycle qui débute avec le projet initié par le Musée : Vivement Dimanche ! « C’est une invitation à découvrir le musée en famille, qui correspond à l’ambition de Léger pour qui l’art était une fête et se devait d’être perméable à tous ». En 2013, La grande exposition « Metropolis, Fernand Léger et la ville » se déroulera en deux volets : « La peinture habitable » (23 mars/10 juin) et « Le spectacle de la vie moderne » (6 juillet /7 octobre). « La peinture habitable, c’est l’art dans la vie ! Nous avons choisi trois films qui inscrivent la couleur dans l’espace urbain et traitent des enjeux de l’architecture post-

moderne : le documentaire « Le Corbusier, l’architecte du bonheur », « Keith Haring, le petit prince de la rue » de Christina Clausen et une fiction de Julio Hernández Cordón « Même le soleil a des taches ». Pour le volet estival, l’Eclat s’attachera à pointer l’influence de la cité sur le 7ème art. La projection en plein air de « Playtime » de Tati s’est imposée autour de films plus rares qui explorent les puissances plastiques du cinéma. « Manhatta » (USA, 1921), documentaire impressionniste sur New York ; la première œuvre de William Klein « Broadway by light » (USA 1958), un hymne aux néons de Manhattan ; ou encore « Big Bang Big Boom » (Uruguay, 2010) de Blu, street artist, spécialisé dans le graff animé. OM

C’est la raison pour laquelle les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes et plus particulièrement le musée Fernand Léger à Biot ont, depuis plusieurs années, choisi de mettre en place une collaboration avec L’Eclat et de travailler à l’établissement d’une programmation de films à partir de leur propre programmation artistique. L’originalité de la démarche tient à la qualité du dialogue établi entre les deux partenaires. Les films retenus sont choisis pour leur relation historique, thématique ou esthétique avec les expositions. Ils en donnent à voir une sorte de prolongement et permettent d’établir des relations riches de significations. Ainsi, le dynamisme et le mouvement inscrits dans les œuvres de Léger trouventils leur résonance dans les films expérimentaux de Robert Breer ou d’Oskar Fischinger. Ainsi encore, les films de Jonas Mekas, Laura Wallington ou de Nora Martirosyan sont-ils venus remarquablement accompagner l’exposition Exils en mettant en évidence les points communs qui, dans la difficile expérience de l’expatriation, lient les protagonistes, artistes, réalisateurs et toute personne que l’histoire a contraint de partir.

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Fa br i c e H y ber

Essentiel

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Du 6 octobre 2012 au 6 janvier 2013, la Fondation Maeght à St Paul de Vence met à l’honneur l’artiste contemporain Fabrice Hyber avec une rétrospective inédite d’œuvres de grandes dimensions intitulée Essentiel – Peintures homéopathiques. Une mise en dialogue étonnante qui, grâce à la philosophie, la science et l’esprit ludique, questionne le cosmos humain.

xposé dans de très nombreux musées, galeries et centres d’art en France et à l’étranger, Fabrice Hyber est un artiste multiple dans sa façon d’aborder l’art et d’interroger le monde. Depuis une vingtaine d’années maintenant, l’artiste a su faire sa place sur la scène artistique internationale. Collaborant avec des architectes mais également avec des chorégraphes tel qu’Angelin Preljocaj, des scientifiques comme Olivier Schwartz de l’Institut Pasteur, Fabrice Hyber est en recherche constante de liens entre des domaines différents. Cette démarche souligne, à travers chaque œuvre aussi, une volonté de marquer des étapes évolutives qui amènent, dans une continuité de la pensée à d’autres mécanismes intérieurs et artistiques. Né en 1961 à Luçon, Fabrice Hyber vit et travaille à Paris. Peintre, dessinateur, sculpteur, considéré comme un des artistes les plus inventifs de sa génération, il crée un univers surprenant, original et polymorphe à travers une démarche faite de recherches plastique, poétique et philosophique, proches des disciplines scientifiques comme la médecine, la biologie ou encore la neurologie. Après un cursus scientifique et une formation de mathématicien, l’artiste rejoint les Beaux-arts de Nantes, ville dans laquelle il assurera sa première exposition en 1986 sous le titre Mutation. Ce parcours influe sur sa recherche de faire naître des idées en actes, croisant les pratiques et les disciplines, et s’ouvrant sur un large champ d’expérimentation puis une grande variété d’écritures et de supports. L’artiste n’hésitera pas à employer le dessin, la peinture, la sculpture, mais aussi la vidéo ou les ins-

tallations, créant ainsi le réseau structurant son vocabulaire formel. Comme il le dit lui-même « Je ne veux jamais arrêter les choses, les contacts, ni les formes, encore moins les figer dans des protocoles confortables ». Artiste passionné, Fabrice Hyber est avant tout un interprète des données de notre époque, interrogeant sans cesse leurs virtualités, leurs énergies, leurs flux. Les sujets centraux qui nourrissent l’œuvre sont ainsi la mutation, la transformation, les dynamiques positives ou négatives Haut en bas et gauche à droite : Fabrice Hyber

© Valérie Zeitoun. Institut Pasteur

Vue des Hommes de Bessines à la Fondation Maeght - p.o.f n°125 Homme de Bessines © Fabrice Hyber. Adagp Paris 2012 © Archives Fondation Maeght. Photo Roland Michaud

Fabrice Hyber, Peinture homéopathique n°25, 1986-2007

© Fabrice Hyber. Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont. Adagp Paris 2012.

Fabrice Hyber, Peinture homéopathique n°16 (Noël), 1999 © Fabrice Hyber. Adagp Paris 2012 © Marc Domage

qui changent l’espèce, les entreprises humaines, ce qui tend à modifier le monde et ses formes. Lion d’Or de la 47ème Biennale de Venise, Fabrice Hyber additionne des expositions remarquées. Répondant à une commande publique dans la commune de Bessines en Poitou-Charentes, il crée « L’Homme de Bessines », une sculpture représentant un personnage ordinaire de couleur verte de 86 cm de haut qui bascule dans l’étrangeté anthropomorphe, et qui, faisant office de fontaine, crache de l’eau par tous les orifices corporels qui informent le cerveau. Les hommes de Bessines se retrouveront peu à peu installés dans de nombreuses villes en France et à l’étranger. En 1995, il transforme le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris avec l’exposition organisée par Suzanne Pagé « Hybermarché » et installe l’année suivante un salon de coiffure professionnel au Centre Georges Pompi-


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Haut en bas et gauche à droite : Fabrice Hyber Peinture homéopathique n°29, 2010 © Fabrice Hyber. Adagp Paris 2012 © Marc Domage

Fabrice Hyber Peinture homéopathique n°28, 2008-2009 © Fabrice Hyber. Adagp Paris 2012 © Marc Domage

Fabrice Hyber Peinture homéopathique n°21, 2003-2004

© Fabrice Hyber. Adagp Paris 2012 © Marc Domage

Fabrice Hyber Peinture homéopathique n°27, 2008 © Fabrice Hyber. Adagp Paris 2012 © Marc Domage

dou à l’occasion de l’exposition « Féminin/Masculin ». En 2006, il choisit, pour le musée de Herzylia à Tel-Aviv, de mettre en avant l’acte fondateur de son travail, le dessin, en couvrant le mur d’entrée d’une aquarelle de 20 m de long sur 4 de large. Il présentera ensuite à la Galerie Jérôme de Noirmont à Paris, un ensemble de tableaux et de dessins sur le thème lié au pétrole, une matière pour laquelle l’artiste porte un intérêt particulier. Plus récemment, il a montré un ensemble de travaux dans l’exposition « Immortalité » à Moscou, Nizhny Novgorod, Krasnoyarsk et dans les expositions « Seed and grow » au Vangi Sculpture Garden Museum. Autant dire que l’artiste s’exprime à travers le cadre de grandes commandes pour l’espace public mais également au travers de réflexions plus intimistes, ce qui marque la richesse de son œuvre et de sa portée.

Essentiel En présentant une vingtaine d’œuvres de grandes dimensions (10 à 15 mètres), Peintures homéopathiques, la Fondation Maeght et son directeur Olivier Kaeppelin, invitent le public à découvrir l’œuvre de Fabrice Hyber, questionnant les formes vivantes de nos sociétés dont il pense les relations, les combinaisons et les développements. Les peintures homéopathiques sont, depuis 1986, comme des story-

boards où s’échafaude le récit de son travail, où naissent de nouvelles hypothèses, où se rassemblent toutes les idées et créations de l’artiste depuis plusieurs années. Il s’y accumule écritures, dessins, photographies, objets englobés et liés par la résine, dans une sédimentation de couches à la surface de la toile. Si la composition peut quelque peu dérouter ou sembler éparse, il n’en est rien. En effet, Fabrice Hyber explique «En 1986, je réalisais de œuvres qui se développaient selon de multiples formes. La critique principale portait sur le « dispersement ». J’ai alors voulu montrer que tout était lié. Plus complexes qu’un film sur mes œuvres, les story-boards sont devenus essentiels pour décrire toutes les ramifications de ma pensée. A absorber par bribes, le titre m’est apparu évident : peinture homéopathique ». A travers ses œuvres, sortes de synthèses libres, toiles foisonnantes aux compositions complexes et chargées en matière, l’artiste assemble les différents éléments de ses recherches et fait la mise au point de ses travaux sous une forme plus dense et resserrée. Renouant avec les grandes expositions consacrées aux œuvres innovantes d’artistes vivants, la Fondation Maeght et l’artiste Fabrice Hyber présentent également quinze Hommes de Bessines, installés dans les jardins de la Fondation, dialoguant avec les grands Maîtres de l’art Moderne et contemporain, Miró, Calder, Braque, Dietman ou encore Takis. S’intéressant aux états intermédiaires, Fabrice Hyber, à travers ces « corps fontaines », explore le corps et les relations qui relient notre nature à un espace extraterrestre comme il peut en être dans l’œuvre de Miró. En accueillant la richesse des Peintures homéopathiques et des Hommes de Bessines de Fabrice Hyber, la Fondation Maeght invite à entrer dans de nouveaux épisodes de l’histoire des Métamorphoses de la matière et du monde et à découvrir un art protéiforme qui prend racine dans tous les champs d’expression de la vie et prolifère sous des formes multiples. RC


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La Galerie Bogéna.... une oasis artistique à Saint-Paul

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4 En prenant la route de Saint-Paul de Vence, en compagnie du photographe Bertrand Ornano, nous longeons le cimetière de la Colle-surLoup, qui abrite quelques grands artistes : Marie Raymond (Prix Kandinsky en 1949) , qui repose 1 auprès de son fils Yves Klein (1928-1962) et de sa sœur Rose, mécène d’Yves pendant sa courte existence... A quelques mètres repose aussi pour l'éternité Yves Bayard, architecte du Musée d'Art Moderne et Contemporain de Nice... Des souvenirs nostalgiques d'un passé révolu ! Le village de Saint-Paul ressemble à une proue de bateau. Le poète André Verdet n'est plus, Théo Tobiasse poursuit sa route de l'exil.... Nous passons sur notre gauche la route de la Fondation Maeght, avec le souvenir de son premier directeur Jean-Louis Prat et ses merveilleuses expositions.... Nous passons devant la galerie Catherine Issert, avec sa belle aventure artistique contemporaine... Les regards de César, Léo Castelli, Arman, Ben, Viallat, Christo... sont encore inscrits dans la mémoire de mon appareil photographique (argentique). Et, miracle nous trouvons rapidement une place de parking. La Colombe d'Or, devrait être classée monument historique avec les

ombres de Matisse, Bonnard, Picasso, Léger, Calder, Miró, Cocteau, Braque, Chagall, sans omettre Jacques Prévert.... des hôtes prestigieux. Devant le café de la place résonne encore le bruit métallique des boules, des parties mémorables avec Yves Montand, Lino Ventura... Nous poursuivons notre chemin parmi la foule de curieux à la recherche d'un regard, d'une célébrité ? L'appareil (numérique) bien en main, nous franchissons le porche des remparts, afin de prendre la rue Grande. Elle est en fait longue, mais étroite... comme la rue principale du Mont Saint-Michel, avec la même foule avide de découvertes insolites. Au fait, le but de notre voyage est de partir à la découverte de la galerie Bogéna au 24, rue Grande. Après un long périple sous la chaleur écrasante, nous pénétrons dans le superbe espace de Madame Gidrol Bogéna. Cette galerie a vu le jour en 2000. Accueil chaleureux de Madame Bogéna, qui exerça avec passion le merveilleux métier d'architecte (études à l'Ecole de Luminy, Marseille). Après de longs voyages autour du globe, avec une passion évidente pour le Japon et la Chine, elle jeta l'ancre à Saint-Paul, afin d'assouvir sa passion pour la mise en évidence d'artistes internationaux, avec un faible pour les artistes espagnols. En exposition, une œuvre de Jaume Plensa, ainsi qu'un Manolo Valdès. Depuis Picasso et Miró, de nouveaux artistes espagnols

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Photos : 1

Gidrol Bogéna

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Carl Dahl au premier plan (scupture), Michel Carlin au second plan

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Œuvre de Nathalie Deshairs & 5 Intérieur de la galerie Bogéna

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Œuvre de Carl Dahl

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Franta et Jaume Plensa au premier plan, Monique Frydman au second plan

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Œuvre de Carl Dahl

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Œuvres de Franta

Photos © Bertrand Ornano

apparaissent avec vigueur sur la scène artistique internationale... avec bonheur. Il est réconfortant de voir que les femmes artistes sont en bonne place avec Monique Frydman, aperçue lors d'une exposition organisée au musée Matisse de Nice par le Conservateur de l'époque Xavier Girard. Depuis, Monique Frydman a fait le tour du monde, le Japon par exemple... Nathalie Deshairs, la mentonnaise, a pris son envol à la galerie Otero à Saint-Paul. Sophie Rocco, propose des toiles énigmatiques, d'une forte densité émotionnelle, que l'historienne de l'Ecole de Paris Lydia Harambourg a parfaitement captées. Quelques belles toiles de James Coignard (19252008) accrochent mon regard. J'ai eu la chance de faire un bout de chemin dans sa vie artistique. Graveur hors-pair, il a laissé une œuvre que protège avec efficacité "L'Association des amis de James Coignard".

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Carl Dahl, est un sculpteur-poète, il vit à Phoenix et expose depuis dix ans dans la galerie Bogéna. Des sculptures voltigent dans l'espace en interrogeant le spectateur. Ne passons pas sous silence les œuvres de Jeff Bertoncino. A voir aussi le beau travail du grassois JeanPatrice Oulmont. Une mention spéciale pour l'antibois Bernard Abril. Depuis quelques années, il parcourt le monde de sa sculpture très aérienne et délicate avec une grande virtuosité. Depuis des années, Franta, né à Trebic, d'origine tchèque, a construit lui aussi une œuvre qui mérite amplement une rétrospective dans un lieu muséal, peintre, sculpteur, c'est un artiste d'une modestie exemplaire (cela devient rare ?). De nombreux historiens et critiques ont pris feu pour son œuvre et pas des moindres : Evelyne Artaud a écrit "La peinture de Franta est terrible et singulière, elle se donne immédiatement à lire comme une peinture du corps, une écriture des corps, où le corps devient l'élément signifiant de l'élaboration d'un langage, visant à reconstruire une humanité détruite...". Pierre Gaudibert lui fit découvrir l'Afrique, son œuvre en fut bouleversée, son regard sur le monde des humains aussi, les déportés, les esclaves, l'exil, partir, revenir... Franta est un grand voyageur, nous ressentons avec force et conviction dans sa peinture son errance. Jean-Luc Chalumeau a écrit un beau texte dans son livre consacré à Franta "Du fond de la nuit, témoigner de la splendeur du jour", paru en 2007 Chez Samogy, Editions d'Art. A découvrir aussi quelques estampes de Picasso, Chagall... Le métier de galeriste est passionnant et Madame Gidrol Bogéna l'exerce avec passion et talent. Bertrand Ornano, notre photographe a mis en images cette visite avec tact et discrétion... Dehors la chaleur est intense, les touristes passent devant les vitrines des galeries qui immortalisent les couchers de soleil, les nus, les bouquets de fleurs... Comme à Paris sur la place du Tertre. Il est urgent d'apprendre l'histoire de l'art dans les écoles primaires.... Nous reprenons notre véhicule sans aucune difficulté, la route vers Nice, est toujours dans la même direction, le ciel est bleu… Yves Klein, un des pionniers de l'art contemporain nous adresse un Klein d'Oeil de complicité....Yves Montand, fredonne "Les Feuilles mortes". Bientôt ? L’automne n'est pas loin devant nous. L'histoire de l'art est en route... FA

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PERFORMANCE

n o s r A a l l Vila vie délibéarépeerformance l À r u o p e Un sit ce-art.fr orman perf

La a performance est un art difficile à cerner tant il se diversifie en une multitude de pratiques. Si on peut trouver quelques antécédents dans la commedia dell'arte, elle prend clairement ses sources dans les manifestations des Futuristes Russes (poèmesactions de Maïakovski), et surtout Italiens.

L

e désir de changer la société conjugué à la glorification de la vitesse va les inciter à un art-action original, annonciateur d'une pratique particulièrement hybride. Par la suite, Arthur Cravan (conférences boxées), Dada, Duchamp, les Surréalistes, etc., lui ouvrent de larges perspectives. L’art ne s'arrêtant pas à la fabrication d’objets que le marché ou les institutions peuvent assimiler, les artistes venus de tous univers s'approprient cette pratique qui leur permet de s'attaquer à la remise en cause des codes de représentation et à leur dépassement. Le but de tout art étant de déplacer le regard afin de modifier la perception du monde, la performance, par le peu de moyens qu'elle requiert, est un outil idéal capable d'intégrer toutes les disciplines (théâtre, musique, peinture, etc.) tout en affichant une volonté farouche d’abolir les codes. Réinventée sans cesse selon différents contextes et sous de nouvelles formes (les flashmobs, son dernier avatar), on pourrait définir la performance a minima comme un événement éphémère s’accomplissant à travers une forme (per forma) qui met en jeu le corps dans un espace et un temps donné. Si la performance se heurte à des limites quant à sa définition, elle se prête encore moins bien à un archivage, à une historisation. Constituer un patrimoine sur une pratique si peu exposable est de l'ordre de l'expérimentation. Le Centre National d'Art Contemporain de la Villa Arson, sous la direction du très dynamique Eric Mangion, organisateur d'expositions originales et innovantes, poursuit depuis quelques années une réflexion sur ce thème, d'autant que notre région a constitué depuis les années 60 un bastion important de cette pratique. C'est dans un contexte politique et culturel très dégradé, avec une presse hostile, que nos artistes ont dû utiliser de nouvelles stratégies d'intervention. Cette nouvelle pratique engagée politiquement et sociologiquement rompait radicalement avec l'image de la "Côte d'Azur", celle de peintres à la recherche de soleil ou de lumière. Les artistes d'ici se situaient clairement sur d'autres territoires et cette pratique peu coûteuse, légère, mobile, perturbatrice, se prêtait parfaitement à de nouvelles formes de subversion. Les très nombreux évènements impliquant les plus grands performers qui ont eu lieu autour de Nice ont laissé des traces disparates. Pour les organisateurs de l'exposition, il s'agissait de trouver une forme archivistique adaptée à une œuvre d'art éphémère et toujours en mouvement. Pour cela, il était nécessaire de trouver un niveau d'abstraction suffisant dans la classification de ces objets artistiques non identifiés. En charge de cet archivage, Cédric Moris Kelly, qui a effectué une formation d'arts plastiques à Lille et à Rome, puis aux métiers de l'exposition à l'université Rennes II. A sa pratique artistique s'est progressi-

vement substituée une réflexion sur le commissariat d'expositions, la création de sites Internet, le webdesign. Arrivé à Nice comme stagiaire en montage d'expositions, ses compétences en informatique seront repérées et on lui confiera la réalisation d'un site présentant les expositions et les publications de la Villa Arson depuis 1986 (http://archives.villa-arson.org). Mais très vite, elles seront mises au service du projet qui avait démarré trois années plus tôt, notamment avec Géraldine Bloch qui avait commencé à rassembler des informations, prenant les premiers contacts avec des artistes, les intéressant et les motivant pour ce projet. Comment avez-vous résolu ce difficile pari ? Cédric Moris Kelly : Rendre compte de la performance nécessite de mettre en forme une pluralité des types de traces : récits écrits, oraux, puis documents visuels, sonores, etc. Or ces traces sont très mouvantes : le récit de deux personnes d'une performance n'est pas le même - Idem pour les traces photo dont certaines sacralisent l'œuvre et d'autres plus ou moins lisibles, rendent compte d'une réalité différente. La vérité de l'œuvre est entre les deux. Les documents nous ont été fournis par les artistes qui ont souvent rédigé eux-mêmes la description de leurs performances, mais aussi en explorant différents fonds archivistiques et sources documentaires. Nous avons recueilli aussi des récits en audio ou vidéo, mais le choix initial pour l'exposition a été fait à partir de récits de performances (sans regarder les visuels). Au fur et à mesure, la réflexion a avancé, s'affinant petit à petit pour offrir aujourd'hui une documentation à la fois pointue et largement accessible. Il a donc été nécessaire de définir progressivement une structure de base et une banque de données suffisamment abstraite pour accueillir tous ces objets hétéroclites. Comment se présente la banque de données ? Quelles en sont les originalités ? Cédric Moris Kelly : C'est à la fois une base de données (informations sur des objets) et une banque de données (on a accès aux œuvres, aux visuels), les deux car il ne reste plus que des traces. Elle fait appel à plusieurs technologies informatiques (SQL, PHP, l'ensemble des technologies propres au HTML 5, etc.) qui la rendent dynamique et capable de développements importants. Un site a été créé spécialement pour l'accueillir (performance-art.fr). On l'a voulu facilement accessible, convivial et simple d'utilisation. Il y a pour l'instant trois entrées principales : par artiste, par lieu, par organisateur. On peut faire aussi une recherche par année (on distingue d'un coup d'œil les périodes importantes). Chaque page présentant un texte et plusieurs illustrations, une somme très importante de documents ont été numérisés par Nicolas Clair et


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 1. Jean Mas, photographie de la performance À vendre, 1998, Gare du Sud, Nice © Jean Mas - photographie : © DR - courtesy Alain Amiel

 2. Ben, photographie de la performance Jeter Dieu à la mer, 1962, La Réserve, Nice © Ben - ADAGP, Paris 2012 - photographie : © DR - courtesy de l'artiste

 3. Art Total, Ben, Groupe Fluxus, trace de la performance Personne, 1966, L'Artistique, Nice. Affiche annonçant l'événement © Ben - ADAGP, Paris 2012 - courtesy de l'artiste

 4. Virginie Le Touze, photographie de la performance Nel’Blu, 2008, Palais des Congrès et des Expositions, Nice © Virginie Le Touze - photographie : © Éric Duyckaerts - courtesy de l'artiste

 5. Pierre Pinoncelli, photographie de la performance Hold-up contre l' Apartheid, 1975, Société Générale, banque, Nice. Montage photographique © Pierre Pinoncelli - ADAGP, Paris 2012 - photographie : © Jean Ferrero - ADAGP, Paris 2012 - courtesy de l'artiste

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Floriane Spinetta ainsi que Christine Bavière, assistante au commissariat de l'exposition (plus quelques laboratoires pour les formats trop anciens). Il y a en ligne actuellement 736 performances (plus ou moins documentées), 210 artistes dont le travail est présenté en ligne et une sélection de 144 artistes dont les œuvres sont présentées dans l'exposition, une sélection basée uniquement sur les récits de performances. En cohérence avec son objet, nous avons voulu que les présentations des performances en ligne diffèrent en fonction des recherches. Par exemple, des petites photos peuvent se retrouver agrandies aléatoirement lors de la réouverture de la page. Comment va-t-elle évoluer ? Cédric Moris Kelly : Construite comme elle est, elle offre la possibilité pour une œuvre donnée de multiplier les traces à l'infini à la différence des bases utilisées généralement par les musées (collections en ligne, reproduction d'œuvres, etc.). Il est prévu dans un avenir proche la possibilité pour les artistes de mettre en ligne leurs nouvelles performances ou d'apporter de nouvelles informations. Il y aura bien entendu une modération fondée sur la ligne éditoriale décidée par Eric Mangion (toute œuvre vidéo n'est pas une performance, etc.). Nous travaillons avec des développeurs issus d'écoles d'art ou œuvrant dans le champ des arts (www.g-u-i.net). Ils sont créateurs de sites, designers interactifs, graphistes et scénographes d'exposition ou de dispositif muséaux (« L'Encyclopédie de la parole »), plus particulièrement intéressés par les médias, les arts dits variables (www.va-

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riablemedia.net). Pour cette exposition, ils ont mis en place l'interface tactile de la salle vidéo et de la salle sonore. Le développement du site va se poursuivre avec l'acquisition d'informations, le suivi de production, les nouveaux documents à mettre en ligne, les nouvelles performances. Dans les mois à venir, nous offrirons sur le site la possibilité de recherches croisées et une interface utilisateur qui permettra de verser de nouvelles données et de nouveaux documents, le tout en tenant compte des retours des visiteurs. Cette base se veut libre de toute interprétation de notre part, notre rôle est celui de passeur d'informations. Nous espérons à terme élargir l'outil à d'autres territoires, communiquer dessus dans les cadres universitaires et culturels afin que cette matière première fasse l'objet d'analyse. Nous réfléchissons actuellement à livrer ce fonds dans quelques années à une institution nationale dont les missions sont l'alimentation, la conservation et la valorisation du patrimoine. Un projet patrimonial à moyen terme, voire à long terme, donc qui vise à croître. AA

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Fred Allard

Chercher la f Venu de l’univers de la mode, Fred Allard est entré de plain-pied à 40 ans dans le monde de l’art. Des cintres aux cimaises, il n’y a qu’un pas qu’il a franchi en exposant au printemps dernier à Nice à la galerie Maud Barral.

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Héroïnes” fut le titre de sa première livraison placée sous le signe de la femme. Un travail réalisé pendant deux ans qui porte les traces d’influences empruntées à la fois à l’art et à la mode. Fred Allard ne s’en cache pas, il le revendique. Ces deux univers qui entretenaient déjà des rapports incestueux via Agnès B, mécènes et galeristes, Castelbajac apôtre de la punkitude qui initia la robe-tableau avec Combas ou Lagerfeld photographe du glamour nihiliste, ont vu leurs liens se resserrer. Les deux planètes sont rentrées en collision pour le meilleur et pour le pire. C’est de tout cela dont parle le travail de Fred Allard, transfuge de la mode, dont le père architecte fut à l’origine avec Michel Marot de l’édification de la Villa Arson.

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Croyez-vous que Kate Moss ait sa place dans une galerie d’art ? Elle s’est imposée à plus d’un titre. D’abord parce que, parallèlement à mon travail d’artiste, j’œuvre depuis une dizaine d’années dans une entreprise liée à la mode. Ensuite parce que dans cette série, qui est la première où je me suis investi totalement, j’ai souhaité évoquer la figure féminine. Kate Moss fut le plus parfait des alibis. Qui mieux que ce top model pour cristalliser la femme dans tous ses états ! Justement elle semble prendre mille visages et se prêter à bien des traitements dans vos créations… C’est la raison pour laquelle je l’ai choisie. Elle est insaisissable, son visage change à chaque photo : femme fatale, femme enfant, androgyne, puritaine, glamour, trash. C’est toutes les femmes en une ! Toutes ces facettes m’ont inspiré un traitement pictural différent. Un grand triptyque présente trois interprétations qui jouent sur les variations d’altérations du plus clean au plus trash ! « Trash is beautiful », j’ai toujours été très à l’aise avec cette ambiguïté.

“Trash is beautiful” On sent dans votre approche des influences empruntées à l’histoire de l’art, des affichistes aux graffeurs… Je suis autodidacte, mais certains courants m’ont plus intéressé. Je suis d’une génération qui a vu le début du Tag, puis l’entrée au musée d’une nouvelle génération de graffeurs sous l’impulsion de Keith Haring. Mais l’œuvre de Basquiat, quelque part pionnier de cette mouvance m’a toujours fasciné. Le premier q Tableau "A fleur de peau" 110x165 cm, collages, bombes, acrylique, résine, pièce unique. 2012

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peintre que j’ai aimé, fut Léger qui, de retour des USA, a pointé l’univers de la consommation. Dans un autre genre, Rotella a une influence prépondérante sur mon traitement de la matière. J’ai commencé par photographier les murs salis, désagrégés du vieux Nice allant jusqu’à intégrer des morceaux de murs dans mes compositions. Votre appropriation des icônes renvoie directement au travail sériel d’Andy Warhol ? Oui, évidemment Warhol au sein du Pop Art fut un des premiers à s’intéresser de près à l’imagerie publicitaire, au phénomène de starification. Seule l’époque change, ses idoles. Les modes de fonctionnement aussi. Tout va plus vite et les courants artistiques se sont superposés, accumulés en couches sédimentaires. Je suis le fruit de ce mélange. J’essaye juste de donner ma version de cette histoire en mouvement avec ce que j’aime. « Héroïnes » repose sur un travail de l’icône réincarnée que vous déclinez aussi en sculptures et objets. Comment est venue cette envie de rajouter une dimension en volume ? J’ai ressenti le besoin d’intégrer à mon travail les outils que j’utilisais dans mon atelier. A commencer par les bombes que j’ai customisées. J’ai voulu aussi inviter ma matière première. J’ai réalisé alors une accumulation de


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a femme ! revues de mode entre deux plaques de verre. Mais je n’étais pas complètement satisfait. J’avais découvert comment rendre transparent mon intervention picturale sur les photos en procédant par coulées successives de résines. J’ai décidé de m’en inspirer pour les bombes. Ainsi sont nées les inclusions : une bonne galère car il a fallu beaucoup d’essais pour atteindre cette qualité de transparence en 3D et l’impression de suspension dans l’air. J’ai dû vider les bombes, les remplir de plâtre, les habiller à nouveau pour les passer dans le four sans qu’elles explosent ou se détériorent car ce procédé à chaud exerce sur les matériaux une pression de 100 kg/cm3. Les sculptures sont venues ensuite ? Ce travail m’a conduit à fabriquer mes propres bombes avec de la tôle d’aluminium découpée puis traitée à la résine.

lection de tissus. Les tisseurs, c’est l’âme des couturiers. Mais aujourd’hui tout le monde se copie et cela va si vite que l’on ne sait plus d’où ça vient. J’ai très envie d’aborder cet univers dans mes prochaines créations. Votre travail sera-t-il visible dans d’autres galeries ? Maud Barral est une fille extraordinaire qui m’a fait confiance et a gardé une marge de manœuvre par rapport au monde de l’art. Grâce à cette exposition, j’ai pu intéresser la galerie Bartoux, quinze adresses dont Saint Paul, Megève, Paris, New York. Depuis cette série, je revis dans une autre perspective. Tout est à faire, c’est une pression mais aussi une véritable jubilation qui m’inspire, me pousse à aller de l’avant. J’ai envie de faire des rencontres, des collaborations avec d’autres créateurs. OM

“J’essaye juste de donner ma version de cette histoire en mouvement avec ce que j’aime.” La série des baby bombes est née avec ses variantes dont une monumentale qui était à l’entrée de la Galerie Maud Barral. Kate Moss devenant une bombe au sens propre comme au sens figuré ? Oui, dans le sens où je me suis approprié son image comme je me suis approprié la bombe. J’ai travaillé cet outil d’expression, de révolte comme les « stockman » sur lesquels les couturiers font leurs patrons. L’étape suivante est de les habiller avec du tissu. J’ai déjà fait des tests en denim, fourrure, avec des chapelets, des clous. De véritables « looks book » où la bombe remplace le mannequin. Pourquoi ne pas faire une série avec du Courrèges, travailler le jacquard, la résille, mais toujours en pièces uniques ! Le tissu vous préoccupe beaucoup aujourd’hui, on dirait… J’adore ! Je suis souvent allé à Castres et dans les salons de fabricants de tissus. Toutes les grandes griffes doivent leur succès à leur sé-

 Inclusion "Glorious Excentrique"

q Inclusion "I want you" © Toutes photos Bertrand Ornano

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Guichou

Chewing-gum Art Dans les années 50, Honoré Bès, épicier de la rue des remparts à Antibes, peint de jolies petites scènes naïves sur des meubles (le lavoir, la fête de la Saint Jean, etc.). Il a l’habitude de peindre accroupi sur ses talons*. Une petite fille est souvent à ses côtés (il est à sa hauteur). Elle aime le regarder manier ses couleurs et prend avec lui ses premières leçons.  Portrait de Guichou

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© Jean Ferrero

l réalise un jour une peinture sur son bras "pour lui mettre ça dans Dès que son dernier enfant est scolarisé, elle décide de faire des démarches auprès des galeries. Elle rencontre des artistes, des critiques le sang", avait-il dit à sa mère. Il a sans doute eu raison puisque Jo Guichou n'a cessé de dessiner et Hélène Jourdan Gassin qui l'exposera pour la première fois. Par la suite, Alpi lui proposera d'exposer ses nus dans sa "Galerie du Lundi" et de peindre depuis l'âge de six ans. L’enfance dissipée de garçon manqué, de petite fille dyslexique de Gui- du Cours Saleya. Ses dessins ont du succès. Après Alpi, Simone Dibo chou sera compensée par son statut renouvelé d'artiste de la classe. Elle Cohen de la galerie Art 7 lui offre un espace pour montrer ses travaux dessine à la plume, utilise des crayons de couleur puis des pigments. et en 1997, Jean Ferrero lui propose un contrat. L'expressionnisme allemand l’intéresse. Elle voudrait traÀ l'adolescence, elle est attirée par Magritte et Dalí. Elle apvailler avec cette force, être dans cette énergie. Ses nus se précie leur façon de dessiner très précise, mais aussi colorent, puis se rayent. Elle connaît alors une période leurs mondes inventés, leurs espaces irréels. Curieuse, où elle a besoin de changer, une colère à exprimer. elle s'intéresse à leur vie et découvre les autres surréalistes. Elle lit beaucoup, visite les musées, se Elle peint des personnages maladifs, peut-être forme. fous. Pour sa première tentative d'exposition en Un vieux meuble déclenche alors un nouveau 1972, elle présente une peinture surréalisante : travail. Dans les taches qui se sont formées au une femme nue assise sur un cheval d'arçon fond du tiroir, elle entrevoit des personnages. (elle pratiquait la gymnastique à un bon niElle a envie de les compléter : "des histoires veau), tenant dans la main droite un bilbom'arrivaient : scènes en classe avec un bonquet. La femme n’a pas de bras gauche et net d'âne, scènes de mariage ; en fait, surtout son visage est effacé, un thème mystérieux des souvenirs d'enfance". qu'elle ne s'est toujours pas expliqué. Très rapidement, elle n’a plus besoin de tiCette peinture ne sera retenue pour l'exposiroirs. Un jus jeté et quelques taches sur un tion, mais on lui conseillera de se perfectionner. bout de carton font apparaître des formes, En 1980, elle s'inscrit aux cours du soir de la des personnages, des histoires. Elle réalise Villa Arson puis de la Villa Thiole. des grandes toiles étonnantes remplies de "Dans le nu, j'essayais d'attraper ce que les mocentaines de visages qui racontent chacun dèles me donnaient à voir : la pliure d'un coude, une histoire. Elle prend conscience qu’en fait, une courbe, une ombre. Je voulais parler de ces elle parle d’elle.  Choucroute Chewing-gum 21x16 cm, 2006 femmes, de leur sensibilité, de leur générosité. S'ofParallèlement, elle commence à triturer le plâtre, la frir nue à notre regard n'est pas évident. C'est quand terre, s'essaie à la sculpture, et réalise ses premières elles sont fatiguées et qu'elles s’oublient, qu'elles se monsculptures, ses premiers bronzes. trent dans leur vérité. On arrive alors à mieux les saisir. Les En 2005, ses difficultés d'organisation, la tension quotidienne dernières minutes étaient souvent les plus intéressantes". vont faire émerger un travail inattendu. Un jour d'énervement, mâPendant plus de dix ans, Guichou réalise des nus au fusain ou au chant un chewing gum, l'étirant, elle en découvre la matière, la teste. crayon, rehaussés de quelques lavis. Le matériau répond bien, elle joue avec et commence à le sculpter. De Son mariage et ses enfants (cinq), l'organisation d'une vie de famille sa bouche et de ses doigts vont naître des petites têtes, des bustes. lui laissent peu de temps pour créer, mais elle n'arrête pas, sa vraie Elle a besoin d'un support pour les appuyer. La boîte d'allumettes est passion pour le dessin demeure. au bon format.


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De gauche à droite :  La Bourse, chewing-gum, 71x42 cm, 2010  L'espiègle II, chewing-gum, 5x3 cm, 2005  Mariage, chewing-gum, 34x42 cm, 2007  Trois couleurs, chewing-gum, 34x42 cm, 2007

Elle s’attaque ensuite à des personnages en pied, réalise des portraits, des scénettes enfantines, des mises en scène... Elle s’intéresse à la matière, fait des recherches. L'habitude de mâcher existe depuis la préhistoire. Chaque peuplade avait sa propre gomme à mâcher (ou latex) généralement utilisée comme un trompe-faim : sève des conifères, du pistachier lentisque chez les Egyptiens puis les Grecs, le bétel chez les Asiatiques, la noix de kolatier et les boules de tabac chez les Andins, etc. Tiré de l'arbre sapotillier d’origine amérindienne, le latex sera introduit aux Etats-Unis au XIXe siècle et popularisé pendant la première guerre par les soldats à qui on le distribuait pour favoriser la concentration et lutter contre le stress et la mauvaise haleine. On lui prêtait aussi des vertus médicales, anxiolytiques avant que les Américains n'en fassent une friandise. Depuis les années 60, on le retrouve dans tous les pays, au détriment d’ailleurs des trottoirs des villes, tous couverts de ces taches noires vaguement arrondies et indélébiles. Le latex ne se décomposant pas, il est quasiment indestructible et s’incruste définitivement. Les fabricants sont sommés depuis plusieurs années de trouver un chewing gum facile à détacher. Des machines de plus en plus performantes n’y arrivent toujours pas. Pour son nouveau travail, Guichou expérimente toutes les marques de chewing-gums : Hollywood ou le Malabar rose sont trop sucrés, il faut mâcher trop longtemps pour enlever le sucre, et la couleur finale n'est pas géniale - un marron pas franc. Heureusement, Mentos, son préféré, le moins sucré, le plus blanc s'avère être un matériau idéal (produit par Perfetti, une importante entreprise italienne qui compte 14.000 salariés). Pour Guichou, le chewing-gum est une matière parfaite car elle ne durcit pas vite et reste malléable longtemps. Il lui est ainsi possible de faire évoluer indéfiniment la sculpture d'un visage, de le faire vieillir, par exemple. Ce travail avec sa bouche, sa salive et ses mains attire de plus en plus Guichou. Un body art original. La salive est une sécrétion du corps, une part de nous-même (qui s'échange dans l'amour). C'est un liquide essentiel du corps comme le latex est le sang de l'arbre.

Le litre de salive que notre corps produit chaque jour joue à la fois un rôle d'humidification des muqueuses et de préparation des aliments pour leur digestion. C’est aussi un antiseptique, riche d'un millier de protéines différentes, d'hormones, de plus de 3.000 types d'ARN, de glucose, d'acide citrique, de créatinine, etc. La salive est composée de 99 % d'eau qui, en s'évaporant assure une plasticité étonnante au latex. C'est le mélange intime des composants de la salive et du chewing-gum qui constitue le matériau idéal. Plusieurs Mentos sont nécessaires pour une figurine de boîte d'allumettes, plusieurs centaines pour les grandes pièces. Elle en a mastiqué des milliers. Elle sait au goût quand la matière est prête. Les portraits ou les scènes s'imposent selon son humeur. C'est toujours une narration car Guichou aime nous raconter des histoires. Dans son dernier travail, « Les Guerrières”, Guichou explore un autre univers, celui des femmes révoltées de tous les continents. Sa technique à l’encre à base de petits ronds tracés inlassablement, répétitivement, obsessionnellement, donne une force particulière à ces femmes sans visage juchées sur leurs chevaux de terre, conquérantes d’un monde à venir. AA * Bès était un personnage original. Picasso, qui travaillait à Antibes, avait voulu lui acheter le buffet de sa cuisine, mais il avait refusé. Par la suite, il a fait don de deux de ses toiles au Musée Picasso.

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artiste

Anthony Mirial Post caravagisme !

Il a 22 ans, son studio est un parking public où il accouche depuis trois ans d’une étrange faune post apocalyptique dans un clair-obscur à la manière de Le Caravage.

“L

e Caravage réalisait ses commandes éclairées à la bougie. Ces conditions extrêmes je les ai choisies par hasard ! ». Anthony Mirial commence par dessiner puis au lycée troque le crayon contre un appareil numérique. Certains artistes ont le déclic grâce à une muse de chair et de sang, la sienne est en béton. Un parking l’a mis sur la voie. Pas une voie de garage, une voie royale ! Car pour ce photographe autodidacte niçois qui vient de valider sa licence en Art, Communication et Langage, les événements se sont précipités. Après une exposition au CEDAC de Cimiez en janvier 2011 sous l’impulsion du frère Benoît Pekle, historien en art, Anthony est invité à exposer chez Lola Gassin. Après Paris, c’est pour New York que ses œuvres s’envoleront avec à la clé une exposition chez Maud Barral. Le Bunker de la dernière rafale ? « Tout a commencé quand j’ai découvert ce garage de cité universitaire où j’habitais à la Madeleine. Après quelques essais, je n’en suis plus parti. Cela fait trois ans que j’y travaille avec l’accord du CROUS. C’est un studio sauvage dont je n’ai ni les clés, ni le contrôle, c’est très stimulant ! » Tout ce travail de photo souterraine tient en un paradoxe : Partir d’un fond noir comme le Caravage pour arriver à une image très lumineuse « Il y a juste des néons, aucune lumière ajoutée. Mais lorsque l’on place des corps nus sous ces halos, les visages sont très éclairés et le bas reste dans l’ombre » Cette note christique qu’il n’avait pas préméditée fit la réputation des peintres ténébristes qui, de Vélasquez à Goya ne crurent qu’au paradis et à l’enfer. « Mon but n’a jamais été de plagier les anciens, mais de créer du nouveau. Et si certains ont une impression de déjà vu face à mon travail c’est peut être parce qu’il y a chez moi un académisme inconscient. » Un classicisme qu’il a développé au contact de parents antiquaires, en allant avec sa mère dans les musées et galeries, et qu’il a ingéré à la sauce nouveau millénaire. « Nous vivons dans un nouveau monde de références. Aujourd’hui la culture vient vers nous via internet. Les informations circulent vite et nous impactent plus inconsciemment ! La séquence a commencé avec le cinéma et la TV ».

A ngelus I © Anthony Mirial


ARTISTE  Autoportrait © Anthony Mirial

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 Barock © Anthony Mirial

En étrange compagnie Sa pratique elle aussi n’a rien d’académique. Anthony Mirial, est une sorte de Robinson échoué dans un parking /bunker avec les rescapés d’un cataclysme. Sa troupe, une dizaine de fidèles qui incarne ses fantasmagories, ne sont pas des Ménines de la cour d’Espagne. Ce blond ténébreux qui vit avec son temps, recrute via les réseaux sociaux ou dans la rue. Il a formé avec ses amis une troupe à géométrie variable aussi bigarrée qu’une horde sauvage : « la photo implique une part d’instinctif. La relation avec le modèle doit passer. Je ne travaille pas sans connaître un peu ceux qui posent pour moi ! Il y a des jeunes qui travaillent au fast food, des étudiants, des danseurs, mais aucun modèle. Ce qui est très bien car je peux obtenir autre chose que quelque chose de très posé ». Et pour ceux qui y verraient un lien avec la photo de mode, Anthony rétorque « j’ai une pratique plus proche de certains peintres, la mise en scène est rudimentaire, je pose mes modèles sous la lumière et leur donne carte blanche. Alors la photo contemporaine tendance superproduction, ce n’est pas son credo. « David Lachapelle a 40 assistants, moi je travaille seul avec peu de moyens et beaucoup de hasard ». Si ses images paraissent léchées, elles sont le fruit d’une réalisation brut, avec un minimum de retouches. « Je shoote sans flash sans contrôler la lumière. Mes réglages sont volontairement faussés. Aucune école ne m’aurait appris à travailler de cette façon » Survivalisme Sa pratique procède aussi d’un rituel personnel. Ces shootings sont espacés parfois d’un mois afin de garder intact son désir, un flux créatif imperméable à la routine. Et s’il ne se ballade pas avec son appareil, il dessine, prend des notes entre deux séances. Hormis un ou deux photographes, Antony s’intéresse davantage à la peinture ou à la sculpture. Son univers est une décoction où a infusé une « culture de grenier » contractée dans la brocante parentale : « La Chine, les marchés m’inspirent, j’y trouve mes accessoires ». Ainsi des masques à gaz lui ont récemment inspiré ‘Icône’, une série autour d’une égérie Post Nuke dont le corps est tatoué de vitraux d’église. Sa seule influence avouée : Alexandro Jodorowsky rencontré un jour à Paris. « L’esthétique de La Montagne Sacrée m’a marqué comme son univers latin, fait de sang, de mort et de religion. Bien sûr, il est plus dans la provocation. 50 ans nous séparent ! ». Le côté néobaroque d’Antony vient de tous ces mélanges, « une sorte de bordel organisé » teinté de survivalisme dans l’air du temps. Mais à la différence d’Arrabal ou du père de « El Topo », le photographe n’exploite pas le côté morbide allant même jusqu’à

effacer les stigmates du lieu dans un noir d’encre. « C’est une sorte de bunker intemporel où je me retrouve avec des corps nus, sans marqueurs sociaux. On part ex nihilo ! » Une remise à zéro qui lui a permis de marquer des points cet été lors d’un festival où il était invité. Le cofondateur de « Art Price », Hubert Conrad, l’a convié pour une exposition personnelle à Paris en octobre dans sa galerie de Matignon. « J’ai également une exposition fin 2012 à New York à deux pas de Central Park à la galerie Mourlot qui depuis les années 20 est le grand spécialiste en édition d’art grâce aux liens que lia son fondateur avec Picasso, Chagall ». Maud Barral, qui vient d’accrocher deux de ses œuvres, lui a donné carte blanche pour installer des grands formats (1 x 1,50 m) et métamorphoser son espace en septembre 2013. Alors Anthony joue au plasticien, reprend des photos à l’acrylique et prépare des encadrements. « Je fais des cadres en bois brûlés au chalumeau. On enlève le cadre aujourd’hui, moi, je le détruis et l’intègre l’œuvre » Si son parking ressemble à un purgatoire, Anthony Mirial semble lui, avoir déjà mis un pied au paradis ! OM

 One of us © Anthony Mirial

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ATELIER

Spread the love

Bienvenue dans la nébuleuse Ai Bubble

© G Laugier

Fiona Tan Life is not worth living the richness of the mind

© G Laugier

© G Laugier

Portrait Fiona Tan

Fiona Tan Life bubble wish

Dans l’univers artistique de Fiona Tan, la réalité, l’organique et le technologique se rencontrent pour délivrer des messages universels d’Amour et de sérénité. Plus qu’un art, c’est un mode de vie positif qu’elle souhaite répandre autour d’elle. Bon voyage dans la nébuleuse Ai Bubble.

D

ans son atelier monégasque de l’avenue St Michel, cette brune longiligne de 27 ans évolue dans un univers épuré, au milieu de ses « tableaux de lumière », comme elle aime à caractériser la plupart de ses œuvres. « J’essaye d’exprimer la base de la vie en travaillant sur l’eau et la lumière. J’utilise la lumière en la capturant avec la photographie et j’utilise les nouvelles technologies pour retravailler cette lumière et créer ma vision. J’y insère des dessins et de la peinture, je les réimprime sur des toiles et repeins à l’acrylique. J’ajoute ensuite des vernis et des paillettes par-dessus. J’essaye vraiment de rehausser tous les blancs et la lumière dans tout le processus », nous explique cette artiste d’origine brésilienne. Ai Bubble, c’est son univers. Un mélange d’Amour (Ai en japonais) et de bulles (Bubble en anglais). Ses œuvres sont des représentations de moments éphémères qu’elle cristallise. Son inspiration, elle la puise dans la Nature, en convoquant les éléments sur ses toiles. En mélangeant la réalité, l’organique et le technologique, l’art de Fiona Tan apporte un lien entre le réel et le fantastique : « j’utilise l’art pour essayer de transcrire visuellement mes idées, mes pensées et ma façon de voir le monde », explique-t-elle.

Après avoir étudié l’art et la photographie à Parson’s the New School for Design entre Paris et New York, elle a reçu son Diplôme d’Arts Plastiques il y a maintenant six ans. Depuis, elle a mûri son projet artistique, ses techniques et a créé son propre mouvement artistique, appelé « l’Art de l’Ame », sur les liens entre le micro et la macro. Depuis 2011, elle a ouvert son atelier à Monaco et a dévoilé au grand public ses œuvres ou ses installations organisées par grandes thématiques. « La vie se fait par l’union de l’eau et la lumière », tel était l’an dernier le fil conducteur de son travail artistique. Elle y a rattaché deux séries d’œuvres – The Beauty Within et Feel the rainbow – avec un travail prononcé sur l’eau et les couleurs. Cette année 2012 est marquée pour elle par « Un nouveau commencement », thématique qu’elle a développée au travers de ses séries d’œuvres et installations Sakura 5 (travail sur l’âme), Life Bubble Wish (sur l’importance des vœux) et Life is not worth living without the richness of the mind (ou comment tourner l’esprit en un jardin d’Eden de pensées fructifiantes).


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Fiona Tan Sakura 5 n°90 © G Laugier

© G Laugier

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Fiona Tan Sakura 5, n°68

Cristalliser ses moments de bonheur où l’on aimerait que le temps s’arrête « La positivité, la sérénité, on en est en quête perpétuelle pour balayer le tourment intérieur. J’essaye de montrer ces moments emplis de bonheur, de calme, de bien-être, qui sont tellement éphémères que j’ai voulu les cristalliser. Pour moi, ce qui permet d’aller au-delà du tourment, ce sont des moments où l’on est dans la maîtrise de soi-même, plus en compréhension et en harmonie avec l’énergie qui nous entoure », analyse-t-elle. Cette atmosphère apaisante et fantastique qui se dégage de son travail artistique rencontre un écho positif à Monaco, en Allemagne, au Japon, en Espagne et aux Etats-Unis où elle a exposé. Ce qui rend serein en observant son travail, c’est ce côté idéaliste et mutin. Elle renchérit : « c’est aussi la façon dont je vis. C’est pour ça que j’ai appelé cet univers Ai Bubble. J’aimerais beaucoup par la suite, de par mes œuvres, faire des choses dérivées, essayer de lancer une sorte de mode de vie. […] Dans la société où l’on vit actuellement, ce n’est pas tout le monde qui a accès à l’art. J’aimerais créer des choses qui puissent convenir à un marché un peu plus grand, dériver vers des objets plus liés au quotidien ». Des papiers peints, des imprimés pour des robes, des bijoux, Fiona Tan ambitionne de créer et décliner un « lifestyle » telle une nébuleuse, étendre sa vision du mode de vie idéal et « répandre l’Amour », comme le laisse entendre sa phrase d’accroche Spread the Love que l’on retrouve

Fiona Tan Sakura 5 n°6

© G Laugier

Fiona Tan dans son atelier monégasque

un peu partout dans son atelier et sur son site internet. « C’est un symbole d’Amour, de Justice et de transformation de liberté, ce qui résume bien mon monde. Pour moi, l’Art au XXIe siècle, c’est essayer de prendre ce que l’homme a fait de mieux, les nouvelles technologies, le web et c’est aussi prendre en compte ce besoin de retour vers la Nature, un respect de l’environnement auquel on assiste. Il en ressort pour moi des questions sur la philosophie, la psychologie et le spirituel. Il s’agit d’infuser tout cela et vraiment essayer d’avoir une philosophie visuelle. » Un travail tout en sensibilité et en profondeur, qui mélange l’acquis et ce à quoi l’humain aspire, telle est l’ambition artistique de Fiona Tan. CM Ai Bubble /// L’actualité artistique de Fiona Tan Du 6 novembre à la fin de l’année : Exposition au sein de la banque privée Merck Finck & Co en Allemagne. Mi-décembre : concours annuel de l’UNESCO autour du thème « Mythes, Muses et Mystères ». Depuis ce printemps, Fiona Tan fait partie des artistes pour l’Association Internationale des Arts Plastiques auprès de l’UNESCO. En préparation d’ici à la fin de l’année 2012 : Projet d’installation vidéo à Monaco. www.aibubble.com et www.aibubbleworld.com L’atelier est ouvert au public lors de vernissages et sur rendez-vous.


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GÉRALD PANIGHI

SANS MOBILE APPARENT ! « Et l’autre qui se prend pour un génie alors que c’est moi ». Cette phrase en exergue d’un recueil de ses dessins semble appropriée pour parler de Gérald Panighi. D’abord parce qu’il faudra évoquer la discrétion de l’artiste, sa pudeur, invoquer l’effacement, le trait et le retrait, voire l’absentéisme et s’il reste de la place conclure sur le romantisme !

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érald dessine ou plutôt non - « Je reproduis, j’ai envie que le résultat reste impersonnel » - il retravaille des images-rébus, Pulp des sixties, héros de comics bon marché, gravures d’encyclopédies, de dictionnaires, étiquettes de vins. Des images, qui sans son travail, sans les textes qui les accompagnent n’auraient que peu d’intérêt : une tête de cheval, deux hommes qui luttent, une bergerie, un vignoble, une mouche ?? En cela, définir Gérald comme un dessinateur, serait restrictif. Son travail va bien au delà. La première fois que j’ai vu ses œuvres, j’ai pensé au jeu des cadavres exquis puis à Glen Baxter. Je n’avais pas bien regardé ! C’est vrai qu’il partage avec le dessinateur britannique l’art du non sens, du non dit, que le hiatus entre l’image et les textes participe à cette même petite entreprise de sabotage du quotidien. Mais les œuvres de Panighi sous leurs apparences bâclées, négligées, procèdent de bottes secrètes et d’un rite de plasticien qui lui est propre. Un journal intime qui a mal tourné. Né à Menton, Gérald suit deux ans de préparation au Pavillon Bosio puis les Beaux-arts à Toulon et intègre la Villa Arson pour en sortir avec son DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique). Il s’essaye à la peinture abstraite, influencé par l’œuvre de Cy Twombly quand tombant sur le livre d’une poétesse, fasciné par ces phrases courtes comme des haïkus, il décide de s’en inspirer : « Je me suis dit pourquoi pas raconter le journal intime que je tiens sous une forme raccourcie, une image, un texte ! ». Et ça marche, Bernard Massini intègre deux grand formats à sa collection, le MAMAC acquiert une de ses installations. « 79 dessins réalisés entre 1999, quand j’étais encore étudiant, et 2011. Des petits formats je suis passé aux grands, mais en dix ans mon travail n’a pas tellement évolué. On a pu me le reprocher, mais je raconte des histoires, ce n’est pas ma priorité, ça viendra peut être ? » En revanche en dix ans, l’intérêt pour le dessin, lui, a progressé. Sa cote a grimpé et les cimaises ont fait place aux punaises. Les dessins de Gérald ont été vus un peu partout s’invitant sur les murs de la Station - il revient d’ailleurs de Belfast avec le collectif - à L’Entrepôt à Monaco, chez Lola Gassin, chez Ben (L’Espace à débattre), souvent dans des galeries dont il ne fait pas partie comme l’Espace à Vendre. C’est que Gérald Panighi possède un style unique, il est un des rares de sa génération à s’être consacré exclusivement et durablement à explorer le dysfonctionnement dessin/texte, si ce n’est bien sûr Thierry Lagalla, autre chantre inspiré de l’exercice. Bien sûr, l’illustration et la BD sont un terreau commun, fertile qui avait déjà fait émerger de nobles déviances : Raymond Pettibon, spécialiste de la pochette de disque punk hardcore et de dessins accompagnés de commentaires aussi grinçants que sans liens solubles avec l'image. Pierre la Police s’achar-

 Gérald Panighi © Bertrand Ornano

nant à corrompre les rêves « pulp adolescent ». Mais Panighi semble prendre encore plus le large avec ces références. L’artiste a brûlé ses vaisseaux, se condamnant à l’isolement. Les influences qu’il reconnaît volontiers sont déjà hors d’atteinte : Magritte, Bukowski ? « Dans mon atelier à la Spada j’ai parfois l’impression d’être dans la cale d’un cargo ». Telegram Sam Tout commence par une feuille blanche, format raisin, l’île déserte, où s’immisce comme en s’excusant une figure dessinée à la mine de plomb qui n’occupe que le huitième de la page. Puis vient le verbe. « Le texte c’est un premier jet que je ne change pas, des phrases que j’entends, empruntées à la réalité. Je n’ai pas de mémoire, je ne retiens rien sauf les choses qui n’ont aucun intérêt. Mais je ne travaille pas sur les faits divers comme a pu le dire Ben, je parle du quotidien, de la banalité ». Pour preuve cette série exposée à L’Espace à débattre en 2011. « J’avais remarqué que les étiquettes de vins en noir et blanc représentaient des lieux inquiétants, où tu n’as pas vraiment envie d’être ! » Pour cette série l’artiste s’est intéressé à la rhétorique journalistique, judiciaire. « Je suis allé une fois dans un tribunal et j’ai été fasciné par ce qu’on pouvait y entendre. J’ai rajouté des phrases extraites des comptes rendus de procès de Nice-Matin : « Un juré se sent mal », « découvert par des promeneurs », « J’avais plus l’impression de rendre service que de devenir proxénète ». Comme les images, les phrases sont-elles aussi orphelines de leur contexte, dépossédées de leurs destinataires ; la revanche de celui qui fut porteur de télégrammes ? Après l’extraction, Gérald procède à la fusion. « Pour juxtaposer texte et image j’évite de trop réfléchir, je fais ça d’instinct. Le choix d’images n’est pas un problème. J’ai un stock de dessins préparés à l’avance. Mais je pars toujours du texte ». Un texte lui aussi redessiné à partir d’une police existante. « Elle rappelle les caractères gravés sur les pierres tombales. On me l’a fait remarquer un jour ! » Après ce rite fastidieux où l’artiste transmute les sources industrielles en œuvre d’art unique, Gérald rajoute une touche toute personnelle. « Ce travail de taches, avec de l’huile de lin, est le moment que je préfère. Avec ces salissures, j’invite la matière, c’est mon côté peintre qui s’exprime » Les expositions ne sont pas pour l’artiste une finalité. Est-ce pour cela qu’après sept années dans une galerie parisienne, il ne ressent pas l’urgence d’en intégrer une ? « Il y a quelque chose qui me perturbe à ce niveau, j’ai fait plus de 800 dessins, si on en voit que deux ou trois, on n’a pas le temps de rentrer dans le film ! » Alors, après avoir présenté ses dessins en installations, Gérald Panighi envisage de nouvelles pistes « Je pense à l’édition qui permettrait de créer de l’intimité, du dialogue, un suivi, une attention impossible à avoir dans une exposition ! » OM



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sosno

DE L’OBLITÉRATION

Les premières oblitérations de Sosno ont été réalisées à partir de photos prises lors d’un reportage de guerre au Biafra et au Bengladesh en 1967-68.

 "Chant Africain" - Acrylique sur toile photographique" - H 54 cm/L 81 cm - 1972

© DR

C

omment montrer le réel insoutenable si ce n'est par l'ob (sur) - litération (lettre) ? En recouvrant la lettre, et par extension toute représentation, l’oblitération trouble le réel. L'atrophiant par des traits noirs, des barres, elle le rend partiellement illisible, ce qui, paradoxalement, attire l’œil. Ce "piège à regard" appelle l'imagination à reconstituer l'ensemble en construisant mentalement non seulement la partie manquante, mais sa totalité. Une totalité que chaque individu appréhende avec son imaginaire particulier. Libre à lui d'imaginer quelque chose de non convenu ou d'inattendu à la place de la partie cachée. Si l'oblitération va dans le sens d'un désir de reconnaissance, Sosno offre la possibilité à chacun de créer son propre "représentant de la représentation", un jeu pour l'esprit qui aime bien ça. Moins on en montre, plus on donne à voir. L'objet oblitéré est ainsi rendu plus désirable que s'il était complet car il en représente symboliquement un autre. Le spectateur est ainsi invité à participer à la création. Une preuve de plus s'il en fallait, que l'art est bien dans l'œil du regardeur (Duchamp) et pas seulement dans celui de l'artiste.

 "Oblitération jaune" - Gouache sur papier photographique - H 78 cm/L 67 cm - 1974 © DR

L’objet ou l'image représentés et la forme utilisée pour cacher (les deux termes de l'oblitération) se retrouvent d'abord dans ses peintures (Sosno peignait avant de rencontrer Yves Klein et Arman qui l'ont ouvert à un art différent, prenant en compte l'objet). Sur des toiles représentant des paysages, des feuillages, ou sur des reproductions d'œuvres, il pose ses objets oblitérants : cadres, cibles, chiffres, etc., un vocabulaire graphique toujours renouvelé. Très rapidement, son approche s’ouvre à d'autres champs et particulièrement à la sculpture. Travaillant sur des bustes ou des statues antiques devenues références de notre mémoire collective (Vénus, Apollon, têtes d'empereurs, athlètes, etc.), il revisite la mythologie gréco-romaine et ses formes devenues archétypes de notre civilisation. Parallèlement, il s’ouvre à des signes plus contemporains : flèches, points d'exclamation, cadrages et, récemment, à des animaux <: un cheval chinois à Pékin, une vache… Cet art mettant en œuvre des matériaux complexes à manipuler nécessite une maîtrise technique. Celle-ci intéresse le sculpteur qui aime se rendre dans les carrières de Carrare ou à Pietrasanta, choisir son


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“L'oblitération interrompt le silence de l'image” E. Lévinas

 BIAFRA : "Grande Oblitération rouge" - Acrylique sur toile photographique - H 71 cm/L 103 cm - 1973

marbre, assister à la découpe des lames ou des blocs. Dans cette même région, il fait fondre ses bronzes, travaille avec le fer, l'aluminium, des matériaux composites. De la sculpture monumentale à l'architecture, le pas est franchi depuis les années 80 où Sosno propose la réalisation de sculptures habitées. En 1997, associé aux architectes Francis Chapus et Yves Bayard, il travaille à la "Tête au Carré", une sculpture monumentale de 30 mètres de haut qui accueille l’administration de la Bibliothèque Louis Nucéra, la BMVR niçoise (Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale). Depuis son inauguration en 1998, le bâtiment qui fait signe dans la ville, donnant à voir de l’art contemporain à tous, est devenu un des symboles forts de la cité.

On peut s'étonner que ce concept si évident n'ait pas fait florès à Nice ou dans le monde. Comment expliquer que les architectes ou les maires qui sont de fait, depuis les lois de décentralisation, les prescripteurs (pas toujours qualifiés) de notre environnement, n'aient pas suivi cette proposition ?

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 "Intervention à image constante" - Point objectif noir (Rue des Thermopyles) - Adhésif sur toile photographique H 120 cm/L 120 cm - 1974 © DR

Par l'augmentation des coûts ? L'argument économique ne joue pas, l'art ne coûte pas plus cher et apporte une plus value réelle. Le musée Guggenheim de Frank O. Gehry à Bilbao a fait la démonstration que l'art peut non seulement changer une ville, mais devenir un important vecteur économique de développement. L'adéquation de la forme au contenu n’est pas plus pertinente. Rien n'indique que l'homme est fait pour vivre dans des maisons carrées, d'autant que les technologies actuelles (informatiques et matériaux) apportent des solutions ingénieuses et moins coûteuses en énergie. Le peu de projets novateurs ou d’initiatives originales pour donner un autre visage à nos villes indiquerait-il le manque d’imagination ou de courage de nos décideurs ? En tous cas, reste ouverte la proposition de Sosno de créer un nouvel art-chitecture qui associerait (comme dans le projet du Bauhaus) des artistes de toutes disciplines, des architectes, des art-tisans et des techniciens tous motivés par des créations innovantes. AA

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La Façade c’est la grande cimaise ! Vous avez été aussi photographe reporter. Vous avez beaucoup voyagé. Cette découverte du monde a-t-elle eu des influences directes sur votre travail d’artiste ? La plupart des artistes ont été des globe-trotters depuis l’Antiquité. Ma pratique de l’oblitération est née lors d’un reportage au Biafra alors que je voulais supprimer certains détails insoutenables. Ces photos ont d’ailleurs été montrées au Sept Off 2012. Mes voyages ont eu une influence déterminante sur mon rapport au monde de l’art. Les oblitérations sont depuis au cœur de mon œuvre, parce que je crois que moins on en montre, plus la conscience imageante peut faire son travail. J’ai vraiment l’impression à la fin de ma vie qu’il n’y a rien dans les peintures ou les sculptures. Il n’y a que des gens qui regardent ces œuvres, qui les font. Personne ne voit le même tableau, ne lit le même livre ! Finalement l’art est une méprise, qu’il faut écrire « mes prises ». Et c’est beaucoup mieux ainsi !

Pensez vous que l’art puisse changer le monde ? Je crois que ni le journalisme, ni l’art ne changent quoi que ce soit. J’étais invité en septembre à une conférence à Mouans-Sartoux. Je suis intervenu sur un texte baptisé : « Harmonie ? Le chaos plutôt ! ». L’expérience du Biafra m’a conforté dans mon penchant à être anarchiste. Il est difficile de croire en quelque chose quand, dans la même journée vous vous faites mitrailler par des mercenaires anglais, par des Mig égyptiens, bombarder la nuit par des Iliouchine. Et que les biafrais avec qui vous êtes, sont défendus par la Chine de Mao, l’Afrique du sud de l’afrikander, le Portugal révolutionnaire et la France du Général de Gaulle. Quand on a vécu les imbroglios de la politique internationale, on ne croit plus aux étiquettes ! J’ai exercé deux ans le métier de reporter. On risque sa peau, au bout d’un moment le nihilisme vous reprend. On se dit à quoi ça sert ? Au moins quand vous faites des sculptures vous vous dites que vous pouvez donner du plaisir à vos contemporains, que vous leur offrez un espace pour rêver.

Vous avez été un de ses premiers théoriciens, participé à son aventure en tant qu’artiste, quel regard avez-vous aujourd’hui sur l’école de Nice ? J’ai fait mon premier article sur l’école de Nice en 1961 pour la revue Sud Communication. Le seul mouvement européen d’après guerre opposable au Pop art c’est le nouveau réalisme avec Klein, Arman et Raysse comme moteur, et Pierre Restany en mentor. Nice a été à l’origine d’un élan créatif incroyable toujours difficile à cerner. Pourquoi ça s’est passé ici, ce n’est pas la lumière, elle est aussi belle à Marseille ou Barcelone. Une des explications c’est le melting pot niçois, ce formidable brassage, qui fut un terreau propice. Une des caractéristiques de l’école de Nice est qu’elle a essaimé sans chef suprême, dans toutes les directions.

Comment est apparue votre attirance pour l’architecture ? L’artiste doit faire le trottoir, descendre dans la rue. Tout le monde ne va pas au Musée, être dans la rue c’est très important, et la façade, c’est la plus grande cimaise ! Je trouve que les artistes ne s’impliquent pas assez dans ce sens. J’ai toujours rêvé qu’Arman fasse un immeuble ou de voir un bâtiment recouvert avec la calligraphie


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 "Oblitérateur universel" - Sacha Sosno

© Guillaume Laugier

de Ben. Cela vient probablement de mon hérédité, le souvenir de Riga où les façades Art nouveau contiennent une allégorie ou une sculpture de l’occupant. J’ai peutêtre une carrière d’architecte raté. Je trouve que c’est la plus belle activité que de construire des outils à travailler, dormir ou rêver pour ses contemporains. Je crois aussi qu’on est très en retard sur ce plan. Je l’ai même dit aux chinois à Pékin pour l’inauguration d’une de mes sculptures, il y a cinq ans : « vos tours en verre façon Chicago années 20 sont belles mais déplacées, vous pourriez trouver dans vos idéogrammes d’immenses sources d’inspiration ».

Quel sont vos meilleurs souvenirs de partenariat dans ce domaine ? L’Élysée Palace est la première réalisation où je suis passé de la sculpture à l’architecture, On m’avait demandé de créer pour l’hôtel un signal visible depuis la promenade. Sur la table de l’architecte, il y avait cette Vénus. Je lui ai dit : si tu as le courage on fait ça ! Mon rêve est devenu réalité. La Tête carrée, c’est un concours national lancé par Catherine Trautmann, alors ministre de la culture que nous avions remporté avec les architectes Yves Bayard et Henri Vidal.  Plein air. Hommage à Yves Klein. Sacha Sosno © Guillaume Laugier

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 Point d’exclamation. Sacha Sosno © Guillaume Laugier

Quelle est l’œuvre dont vous êtes le plus fier ? La Tête carrée parce qu’elle est utile, elle n’est pas qu’une délectation visuelle. J’ai un projet à Séoul pour faire sur le fleuve une autre sculpture habitée « La poutre dans l’œil du voisin ». C’est vraiment dommage que les architectes n’aient pas suivi cette piste. Je le déplore ! Vos projets ? J’ai deux expositions programmées en 2013 chez Ferrero et chez Hierro sur le thème des pièces impossibles, invendables. Le plus souvent c’est celles qui partent les premières (rires). J’ai mis entre parenthèses le projet de ma fondation. Nous croyions avoir résolu tous les problèmes administratifs, mais non ! C’est trop lourd financièrement même si c’est un moyen de pérenniser le travail d’un artiste, de le préserver des blocages qui surviennent avec les successions comme ce fut le cas pour Arman ou César. Je cultive depuis longtemps le projet de créer un cimetière des artistes sur la colline du Château. Une étude conclut que l’on peut y accueillir une quarantaine de monuments. C’est une manière de garder la mémoire des artistes de l’école de Nice. Beaucoup sont ou étaient intéressés : Ben, Farhi qui vient de nous quitter. Pour Arman, j’arriverais, s’il le fallait, à le rapatrier du Père Lachaise. Quand aux cendres de Matisse elles seraient mieux là, face à la mer, qu’au Cimetière de l’est. Pour ma part, j’aimerais y reposer dans une sculpture que j’ai réalisée.

 Représentation Tête au carrée. Sacha Sosno © Guillaume Laugier

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? Je prépare une sculpture pour le nouveau port de Nice, la queue d’une baleine qui plonge. Le Conseil Général veut créer un parcours artistique autour du port, chaque sculpture étant sponsorisée par des entreprises. La mienne sera au niveau du Club Nautique. OM

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DÉCUPLÉE

CRÉATIVITÉ DÉCUPLÉE

Jean-Antoine Hierro, la polyvalence créative Jean-Antoine Hierro a ouvert la Hierro Desvilles Art Gallery depuis bientôt deux ans à Nice. Située au 4 rue Antoine Gauthier dans le quartier du port, cette galerie a proposé dernièrement une exposition autour de l’artiste Jean-Claude Farhi (voir notre encart). Nous allons nous intéresser à l’homme derrière tout cela, un homme à la polyvalence créative.

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ean-Antoine Hierro est artiste, collectionneur, galeriste, scénographe, designer, décorateur, à la tête d’un cabinet d’architecture, mais aussi musicien. Autant vous dire que ce passionné, qui nous a reçus dans sa galerie et son atelier, a des souvenirs à partager et des ambitions créatives. La Hierro Desvilles Art Gallery, « c’est un peu la finalité d’un rêve de gamin », nous explique-t-il. « Une galerie, pour moi, ça a toujours été une forme de passion, d’addiction, je pense que c’est aussi une manière de créer des systèmes : j’ai toujours pensé qu’il fallait créer son propre système pour y trouver la place qu’on y recherchait vraiment. » Collectionneur dans l’âme, Jean-Antoine Hierro y expose ses nombreuses pièces d’art premier, d’artistes issus de l’Ecole de Nice et contemporains. Pour lui, « aimer l’art, ce n’est pas simplement en faire et en vendre, c’est aussi en acheter ». Cette grande passion, il l’assume. « Toutes mes activités sont reliées entre elles pour que, selon les moments, l’une puisse financer l’autre. […] C’est une manière de gérer son budget face à ses priorités artistiques. »

Avec un tel mode de fonctionnement, il s’est constitué une équipe dont il est fier de parler. Ses sociétés regroupent 19 personnes : « c’est très important et cela tient énormément de place dans ma vie. L’équipe compte beaucoup de jeunes, de toutes nationalités. Certains d’entre eux n’ont pas été castés sur les diplômes. On a inventé des postes pour des gens qui ne rentraient dans aucune case et qui avaient un potentiel exceptionnel », nous livre Jean-Antoine Hierro.

Des rencontres, de l’ambition et de la créativité combinées Retour sur les fondements artistiques de Jean-Antoine Hierro Autodidacte, Jean-Antoine Hierro s’est adonné à la peinture très jeune et a rencontré le succès dès l’âge de 17 ans. De Bâle à San Francisco en passant par Paris, il a cumulé les expositions dans le monde entier. Pour lui, la robe-objet est une sorte de laboratoire expérimental pour toutes sortes de techniques. C’est le thème de ses dernières expositions : PRET A PORTER, HAUTE COUTURE, PUMP up the Volume ou encore DRESS CODE.

DU TAC AU TAC La robe-objet, passion ou obsession ? « Obsession ! Je pense qu’elle obsède tout le monde depuis 2 000 ans. Le fait qu’elle nous passionne, c’est parce que certains ont créé un marché avec ça. Mais je ne crois pas que l’on soit passionné par la robe du Pape, ou la robe des magistrats, je crois qu’on en est obsédé. » Les artistes qui vous inspirent ? « Pour la démarche, les artistes de la Renaissance, pour la transversalité des disciplines pratiquées, pour leur statut et mentalité. Les grands peintres espagnols, Vélasquez, Goya, Zurbarán. » Ceux qui vous inspirent dans l’Ecole de Nice ? « Arman, César. Je tiens César comme un artiste extraordinaire. Ils ne m’ont pas inspiré directement. Je me suis très souvent amusé à utiliser des pratiques qu’eux-mêmes avaient reprises ailleurs. On voit par exemple dans des études de Dalí des accumulations qu’Arman n’avait encore même pas imaginé faire. Dans l’Ecole de Nice, pour les avoir connus tous plus ou moins, je trouve qu’ils ont tous une légitimité incroyable. Ben, Farhi, Sosno […] on a été là devant un groupe d’artistes vraiment majeur. »  I could kill to fuck you. Jean-Antoine Hierro © Guillaume Laugier


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 Jean-Antoine Hierro dans son atelier à Nice © Guillaume Laugier

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 L'œil du tigre. Jean-Antoine Hierro © Guillaume Laugier

Dès la mi-octobre, un retour aux sources outre-Atlantique l’attend. « J’ai pris un atelier à New York. Je vais y faire des allers-retours pour repartir travailler plus tranquillement et différemment. A New York, je voudrais retenter quelque chose. Je conçois toutes les étapes de vie comme des aventures. Je crois qu’artistiquement, le plus gros piège pour les artistes, c’est de ne pas confronter leurs pièces à un public universel. […] Je pense que travailler toujours au même endroit, entouré des mêmes galeries, entouré des mêmes clients, c’est pratiquer une forme d’humour interne », nous dévoile-t-il. A New York, Jean-Antoine Hierro souhaite revenir à la source : des toiles blanches, des pinceaux et de la peinture. C’est tout. Même si ce grand brun aime le challenge, il va cette fois-ci se laisser le temps de créer. « Quand j’aurai assez de tableaux dans mon atelier, je ferai un vernissage privé là-bas. J’inviterai les galeries et collectionneurs que je connais à New York. Ils aimeront ou ils n’aimeront pas. C’est une nouvelle manière de vivre ma vie d’artiste et/ou carrière d’artiste à ma façon. Qu’elle soit une réussite ou pas, cela m’est absolument égal. Par contre, j’ai besoin de savoir que les pas que je fais les uns après les autres sont des pas choisis avec énormément de conviction ».

ont été mis à la disposition de Jean-Antoine Hierro. « Je n’avais pas de limite de budget. Je mélangeais les bronzes, la pierre, les marbres, les placages, les bois semi-précieux. […] J’ai créé le style « éclectique baroque » qui a été repris par tous. Les nouveaux riches qui ne voulaient pas de moderne ou de classique, ont eu cette nouvelle alternative. Toutes les maisons italiennes ont commencé à s’engouffrer là-dedans […] Lorsque j’ai conçu ces meubles, je pensais qu’ils n’étaient pour personne. J’étais dans mon imaginaire, je me disais que personne n’allait les acheter. Et à l’époque, je n’imaginais pas du tout que le marché russe allait s’ouvrir […] les russes sont rentrés là-dedans, ça a été un énorme succès. J’ai tapé pile poil dans leurs goûts et Colombo Stile est devenu n°1 là-bas sur ce marché », nous raconte-t-il. Plus tard, les clients fortunés se sont adressés à Jean-Antoine Hierro pour lui confier leurs maisons. Le cabinet d’architecture Hierro Desvilles dessine aujourd’hui des maisons de luxe dans le monde entier. L’activité est assurée, avec « une dizaine de chantiers en permanence ».

Des fondements artistiques à la décoration d’intérieur, au design, à l’architecture

C’est en livrant un jour une maison « pharaonique », que Jean-Antoine Hierro a fait la connaissance du Directeur de l’Opéra de Poznan en Pologne. Une rencontre qui lui a fait découvrir le monde de la scénographie, de la réalisation de décors et de costumes. « Entre 2002 et 2005, j’ai monté deux opéras, Aida et Otello, qui jouent toujours après plusieurs années, c’était des énormes productions. […] On a eu un énorme succès mais ça a été la plus grosse terreur de ma vie. Je l’ai créé sans regarder comment se créait un projet d’opéra. J’ai suivi mon instinct […] La première d’Aida a été pour moi l’expérience artistique la plus fulgurante de ma vie ».

De rencontres en rencontres, Jean-Antoine Hierro travaille aujourd’hui « pour les billionaires de la planète ». Alors âgé de 33 ans en attendant la venue de son fils, il avait su mettre de côté la peinture et avait commencé à dessiner des meubles « fous » tirés des décors de ses tableaux. « J’ai commencé à faire une petite ligne personnelle de meubles. Une grosse maison italienne d’édition de meubles de luxe – Colombo Stile – est tombée par hasard sur ce catalogue et ils m’ont demandé de travailler pour eux ». Des moyens à la portée de la démesure

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 I could kill to fuck you. Jean-Antoine Hierro © Guillaume Laugier

L’opéra un jour, la musique toujours « Depuis toujours », Jean-Antoine Hierro écrit sa musique. En 2003, il a sorti son album Jardin secret et a connu avec les concerts qu’il a fait en France « le plaisir incroyable d’être sur scène ». Un deuxième album en anglais au concept original devrait sortir en 2013. Il nous livre : « je l’ai enregistré avec mon ordinateur et ma guitare, dans tous les hôtels où je suis allé, à Tokyo, à Paris, Miami, etc. A chaque fois de manière totalement différente. C’est un album qui reprend toutes les origines des musiques que j’aime. J’ai écrit un album assez triste qui est entre le blues et le folk, mais surtout le folk, presque vintage et très nostalgique. Je ne suis pas du tout nostalgique sauf d’une chose, celle d’avoir connu une époque où l’on avait le droit de penser que certaines choses pouvaient être réalisables, où l’on n’avait pas en face la preuve qu’elles ne l’étaient pas. Aujourd’hui, on n’a plus cette possibilité-là. » Et si l’insouciance était la clé pour libérer la créativité ? CM

Jean-Claude Farhi nous a quittés. Jean-Antoine Hierro se joint à cet hommage à l’artiste et l’ami qu’il était pour lui L’artiste s’en est allé dans la nuit du 6 au 7 septembre 2012. La Hierro Desvilles Art Gallery lui consacrait au même moment l’exposition « Welcome Home », signant le retour d’une exposition personnelle de l’artiste à Nice. Cette exposition a mis en valeur les différentes pratiques de FARHI, subtile jeu entre les couleurs et la lumière dans son travail plastique, et force et équilibre parfait dans ses aciers. « Il est une valeur indiscutable qui se dégage de la pratique de FARHI : plutôt qu’être un artiste contemporain d’un instant, il a d’ores et déjà gagné le pari d’avoir été, d’être et de rester au futur l’artiste universellement moderne de sa génération » a souligné Jean-Antoine HIERRO.

A venir à la Hierro Desvilles Art Gallery Ce lieu accueillera prochainement les expositions de Patrice Brange (décembre 2012), Aurore Danloux (avril 2013) et une expositionévènement sur l’œuvre radicale de Sosno (mai-juin 2013).  Jean-Antoine Hierro dans la Hierro Desvilles Art Gallery © Guillaume Laugier


Je pense donc j’écris. www.impressiondelivre.com


Ville de Cannes - Département communication - Octobre 2012 - ©André Villers

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