Artcotedazur N°15

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BIOT

© H Lagarde

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Jacques Parnel, Culbute

Jacques Parnel Un monde parfait

© H Lagarde

Jacques Parnel est un OGNI, (Objet Graphique Non Identifié), un illustrateur aussi vintage qu’intemporel qui, depuis 40 ans, poursuit la même quête. Rencontre du troisième type dans la campagne biotoise…

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Jacques Parnel, Raptor

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Jacques Parnel, Sci-Fi 13e Rue

© H Lagarde

acques Parnel est né à Chavillle en 1946. Comme beaucoup de « « baby boomer » créatifs il s’est tourné vers la publicité à une époque où Donald Knuth classait l’informatique « entre la plomberie et le dépannage automobile ». Autant dire que notre graphiste dut suer sang et eau sur les pages blanches. Après avoir fait une école d’art graphique à Paris, Jacques intègre en 1967 la SNIP, une grande agence publicitaire parisienne où il restera cinq ans avant de se mettre à son compte : « Bon nombre de directeurs artistiques sont passés par là, alors quand ils ont ouvert leur boite de pub, ils ont fait appel à moi ». Car la fin des seventies marque l’âge d’or du genre et voit des personnalités comme Étienne Chatiliez ou Jacques Ségala inventer la culture Pub. Jacques ne chôme pas, réalisant en free lance de nombreuses campagnes pour les grandes marques de l’alimentaire (Rungis), du cosmétique (ROC), et de l’automobile (Renault). Des campagnes où le dessin se partage la vedette avec la photo. En 1978 il décide pourtant de se délocaliser à Biot. Travailler en province quand tout se passe encore à Paname, un pur moment de rock ‘n roll ? « Je fus un pionnier mais cela s’est bien passé grâce à mon carnet d’adresses et à un agent dans la capitale ». Ainsi l’illustrateur continue au soleil d’honorer les commandes de grandes agences, tout en démarchant les entreprises locales. « La seule difficulté était technique : Sans internet, ni fax, ni courrier express tout passait par la poste et la gare ». L’homme qui venait d’ailleurs Et 30 ans plus tard les choses n’ont guère changé ! Certes l’illustrateur a recours à Internet pour com-

muniquer et possède un PC dans son atelier, mais il ne s’en sert qu’avec parcimonie. Car Jacques est devenu un artiste illustrateur qui revendique toujours le travail pictural à l’ancienne. Et même si ses publicités comme le visage craquelé pour ROC ont fait le tour du monde dans les années 90, face à la déferlante du numérique le dessin publicitaire a dû battre en retraite. Les commandes se faisant plus rares, Jacques développe à la fin des années 90 ce qu’il a toujours fait depuis sa plus tendre enfance : l’illustration d’art. Un art qui emprunte à la Bande dessinée, à la peinture mais également à la publicité, chassez le naturel…: « Mes sources d’inspiration vont de Magritte à Hergé via les réclames et le graphisme de revues comme Life. J’adore ce style aujourd’hui désuet mais qui permettait d’exprimer une seule idée avec une conviction redoutable. Je suis un fan absolu de National Geographic. Je suis tombé sur une pile chez un brocanteur, qui me sert encore de base de travail ». Car en bon artisan Jacques n’a pas renoncé à ce qu’il apprit à la Rue Corvisart. « Sur le plan de l’expression, l’outil ordinateur ne m’a rien apporté. Je fais de la résistance en continuant en 2011 à produire à la main. La préparation de photos, le montage, se font sur photocopies. Quand à la retouche photo à la gouache elle me sert encore beaucoup car je peins souvent à partir de tirages sur toiles. C’est fastidieux mais le plaisir est toujours là ! ». Retour vers le futur Jacques Parnel vient-il du passé ? Toujours est-il que le style graphique qui fit les beaux jours de la propagande et du consumérisme triomphant se retrouve


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