L'APPROCHE N°13 - Sensibiliser malgré l'invisibilité

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Le journal exclusif aux proches - Association Québécoise des Traumatisés Crâniens - n°13 Décembre 2015

’ L APPROCHE Souvenir d’un merveilleux colloque

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MALGRÉ L’INVISIBILITÉ

SENSIBILISER

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ACTUALITÉ

COUP DE PROJECTEUR

Le traumatisme crânien : l’invisibilité racontée

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dosSIER pages 8-9

ZOOM

Objectif France 2016

Oui, le port du casque en vélo peut sauver des vies

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ENTRETIEN AVEC...

Sophie Caron Comédienne


ÉDITORIAL Des séquelles bien réelles… Des personnes plus grandes qu’elles… Qu’elles soient visibles ou invisibles, les séquelles d’un traumatisme craniocérébral (TCC) modéré ou sévère sont bien réelles et entraînent leur lot de défis au quotidien, entre autres en ce qui a trait à la perception d’autrui… Les séquelles VISIBLES sont souvent associées à des préjugés entraînant l’infantilisation de la personne (ex. : prise en charge exagérée due à une impression qu’elle n’est pas capable de se débrouiller seule, tendance à lui parler comme si elle était un enfant, etc.), la confusion de « diagnostic » (ex. : impression que la personne a un handicap intellectuel, déduction que la personne est en état d’ébriété compte tenu de ses pertes d’équilibre et de son allocution, etc.), l’exclusion, etc. Les séquelles INVISIBLES engendrent pour leur part d’autres types de préjugés : par manque d’information, on pourrait penser que la personne abuse du système ou nous manipule, on pourrait lui en demander trop pour ses capacités, on pourrait interpréter ses oublis et ses erreurs comme de la paresse, un manque d’intérêt, de l’égoïsme. Les émotions et comportements perçus comme étant plus atypiques pourraient pour leur part être trop rapidement associés à des troubles de santé mentale ou un faible QI. Les personnes ayant subi un TCC pourraient ajouter de nombreux exemples de ce genre, leur occasionnant divers soucis. L’AQTC accorde une grande importance à la sensibilisation de la population tout en visant différents objectifs : sensibiliser pour éliminer le plus grand nombre de préjugés possibles, sensibiliser pour amasser des fonds afin d’élaborer divers projets pour les personnes ayant subi un TCC, sensibiliser pour faire de la prévention. Au sein de cette édition du journal, nous tenterons de faire l’historique de l’un de nos plus beaux outils de sensibilisation, c’est-à-dire notre expo photos ayant pour titre Le traumatisme crânien : l’invisibilité racontée. Nous mettrons aussi en lumière le défi qu’apporte l’invisibilité des séquelles à la sensibilisation, quel qu’en soit l’objectif… De plus, nous vous offrirons le résultat d’une entrevue pleine de vie et d’espoir avec la joueuse étoile de la LNI, Sophie Caron, qui tout au long du processus de coaching de nos membres improvisateurs a su leur ouvrir son cœur et son esprit, afin de découvrir leurs richesses et de les aider à les exploiter. Qu’elles soient visibles ou invisibles, les séquelles de nos membres n’ont en aucun cas freiné cette grande dame qui a contribué à leur actualisation de soi… Un exemple à suivre ! À l’aube du Temps des Fêtes, nous sommes d’avis que la sensibilisation prend tout son sens… Il y a un grand bonheur associé au fait d’être bien entourés, et pour se sentir bien entourés, il est primordial de se sentir reconnus et encouragés dans nos forces, crus et soutenus dans nos difficultés. Tout en nous rappelant que les séquelles du traumatisme crânien sont bien réelles, gardons en tête que toute personne les ayant subi sont bien plus grandes qu’elles… Joyeuses Fêtes à vous tous !!!

L’APPROCHE AQTC: 911 rue Jean-Talon Est, bureau 106, MONTRÉAL (QC), tél: 514-274-7447, www.aqtc.ca Responsable de la rédaction: Marie-Léda Fleury (514-274-7447 poste 228) - Responsable de la publication: Mathieu Denécheau (514-274-7447 poste 235) Secrétaire de rédaction: Dominique Saint-Charles - Responsable de la mise en page: Mathieu Denécheau. Ont aussi contribué à ce journal : Pascal Brodeur, Roxanne Tourangeau, Pierre Mitchell (AQTC), Guy Lemieux (RAPTCCQ) et Sophie Caron (LNI).

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L’APPROCHE

n°13 Décembre 2015

Marie-Léda Fleury Coordonnatrice clinique et responsable du soutien aux proches


ACTUALITÉ

SOUVENIR D’UN MERVEILLEUX COLLOQUE ! Tel que nous vous l’avons déja mentionné, les 12 et 13 mars 2015 se tenait, à Vierzon, le colloque «Conscience de soi et anosognosie» organisé par Handicap Invisible. L’exposition photos de l’AQTC y a été en évidence dans le hall d’accueil pendant ces deux jours, où ont assisté environ 200 participants. L’un d’entre eux était Jean-Marc Aimonetti, maître de conférences en neurosciences à l’Université d’Aix-Marseille, et il avait le mandat de faire la synthèse à la fin du colloque. Voici les premières lignes de son allocution qui témoigne vraiment de l’impact que peuvent avoir ces photos : « En arrivant mercredi soir sur ce magnifique site, je suis tombé en premier sur l’exposition photos de nos collègues de l’Association québécoise des traumatisés crâniens. Pour le coup, cela a été un choc pour moi, mettre des visages sur des histoires. La force de cette exposition est d’imaginer la réalité, imaginer au sens étymologique du terme, mettre en image. Alors, nous mettons quoi en images ? Nous

mettons que sur les 32 vies présentées, 20 ont basculé à cause d’un accident de la route. Nous sommes tous conducteurs ou passagers tous les jours. Les autres ? Des blessures de guerre, de travail, de sport. Le Dr. Chermann nous l’a dit hier, 200 000 commotions cérébrales par an à cause du sport. Le foot est la première cause de commotion cérébrale. Pourtant, ce handicap est souvent invisible. Pendant la Première guerre mondiale, il fallait un talent certain aux médecins pour évaluer que les soldats qui s’étaient pris « juste » le souffle de l’obus et n’avaient rien au visage pouvaient avoir quelque chose au cerveau. Vous me direz que la situation est plus facile aujourd’hui avec l’imagerie cérébrale, un outil omniprésent depuis les urgences jusqu’à l’expertise. On pourrait croire alors que le handicap n’est plus invisible…Il n’en est rien… ». Pour lire la suite de son allocution : http:// handicap-invisible.org/souvenirs-dunmerveilleux-colloque/ Source : Handicap invisible

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n°13Décembre Décembre2015 2015L’APPROCHE L’APPROCHE n°13


COUP DE PROJECTEUR

Le traumatisme crânien :

l’invisibilité racontée

Il y a trois ans, l’AQTC fêtait ses 25 ans d’existence et pour les souligner elle organisait un colloque «Vivre avec un traumatisme crânien : de l’espoir plein la tête». Pour ajouter à cet événement, elle décidait, en collaboration avec Nath B. photographe, de mettre en images l’invisibilité du traumatisme crânien. Grâce au soutien financier de la Fondation André Gauthier, le

Bravo de mettre l’accent sur l’invisibilité qui est essentielle et de mettre en avant la beauté de la personne et non son handicap comme représentation d’elle-même aux yeux de la société. Emmanuelle Betty, conseillère départementale APF

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projet a vu le jour et a été inauguré lors d’un cocktail pendant le colloque. Trente-deux personnes ayant subi un traumatisme crânien ont participé aux séances photos, certaines en compagnie de membres de leur famille. En plus des magnifiques photos, on retrouve sur chaque cadre un résumé de l’histoire et du cheminement de chacun. Que de beaux résultats ! Depuis trois ans, cette exposition photos a fait du chemin, a sensibilisé des gens, a créé des émotions, a provoqué des échanges, etc. On peut dire que partout où elle passe elle se fait remarquer. Il reste énormément de travail à faire pour sensibiliser la population et les médias au traumatisme crânien et son invisibilité. Les gens qui ne sont pas touchés de près ont du mal à comprendre ces séquelles invisibles, c’est pourquoi l’AQTC travaille pour que cette exposition touche le plus grand nombre de personnes possibles.


Catherine Roberge, infirmière clinicienne en traumatologie, Hôpital Ste-Justine

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De nombreuses personnes sont venues voir les photos, ont compris que le TCC et ses séquelles ne sont pas inscrits dans ses sourires et qu’il ne faut pas juger trop rapidement autrui. De plus, le témoignage de 2 membres de l’AQTC a permis de comprendre l’ampleur de leur réalité. L’une d’elles a même accordé, dans le cadre de cette activité, une entrevue à TVA qui a été diffusée à TVA Nouvelles 18h00. Finalement, en plus d’apprendre sur les composantes du TCC et ses difficultés au quotidien, la clientèle et les professionnels de la santé ont été sensibilisés à l’importance de la sécurité, sur la route, au travail et lors de la pratique d’activités récréatives. Encore aujourd’hui, mes collègues se rappellent et me parlent de cette exposition de photos.

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COUP DE PROJECTEUR

3 ans de tournée

Grand Montréal - Centre du Québec - Saguenay Lac St-Jean - Québec- Abitibi - France

octobre 2015 : Centre communautaire de Val d’Or pour la semaine québécoise des personnes TCC.

septembre 2015 : Soirée gala du 20ème anniversaire de l’Association Renaissance des personnes traumatisées crâniennes du Saguenay Lac StJean (murale); Centre de réadaptation Le Parcours de Jonquière.

octobre 2013 : Bureaux de la SAAQ à Québec. septembre 2013: Colloque de villes et villages en santé du Québec à Victoriaville.

FRANCE mars 2015 : Colloque «Conscience de soi et anosognosie» au centre des congrès de Vierzon; mars 2015 : Hall d’accueil des bureaux d’Harmonie Mutuelle de Nantes.

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novembre 2012 : Cocktail 25ème de l’AQTC, à la Casa d’Italia de Montréal; avril 2013 : Soirée bénéfice de la Fondation Martin Matte (murale); mai 2013 : Journée de sensibilisation au traumatisme crânien à l’Hôpital Ste-Justine; juin 2013 : Tournoi de tennis de la Fondation Martin Matte (murale); octobre 2013 : Cégep du Vieux-Montréal, département d’éducation spécialisée; novembre 2013 : Cocktail du 25ème à Laval, salle de la Maison des Arts; janvier 2014 : Bibliothèque multiculturelle de Laval; avril 2014 : Bibliothèque Laure-Conan de Laval; juin 2014 : Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal; octobre 2014 : Institut de Réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal; novembre 2014 : Soirée bénéfice Fondation Neuro trauma Marie-Robert (murale); Juin 2015 : Centre de réadaptation Constance-Lethbridge; novembre 2015 : Congrès du Brain Injury Association of Canada à l’Hôtel Omni de Montréal; octobre 2015: Congrès québécois de réadaptation, Hôtel Sheraton de Laval.


L’expo photos ainsi que la présence des gens pour offrir des témoignages ont favorisé une prise de conscience de nos étudiants envers la réalité du traumatisme craniocérébal. Trois groupes d’étudiants se sont déplacés afin de venir découvrir ces personnes et mieux saisir leurs enjeux au quotidien. Cela a donné l’occasion aux professeurs d’échanger avec les étudiants et de pousser plus loin leur compréhension. De plus, l’aspect artistique de l’expo photos est aussi à retenir. La présence de photos et les textes viennent dynamiser le message. Jean-François Martin, professeur d’éducation spécialisée, CEGEP du Vieux-Montréal

Quand l’accident survient et que toute une vie bascule, quel meilleur message d’espoir et d’encouragement que ces visages rayonnants et ces témoignages. Merci à chacun d’entre vous de montrer qu’une autre vie se profile et qu’il est toujours possible de trouver son bonheur. Stéphanie Schrevel, neuropsychologue

Merci de nous avoir montré cette exposition pleine d’espoir, de sensibilité. Bravo à toutes ces personnes qui ont dû surpasser leurs douleurs pour nous montrer qu’il reste une vie après un TCC. Merci. Odile Hamelin, présidente du territoire Harmonie Mutuelle

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L’AQTC espère continuer à faire voyager l’expo photos dans les prochains mois. En effet, quelques discussions sont présentement en cours pour qu’elle soit présente dans divers milieux et différents événements importants. Nous savons déjà qu’elle sera exposée à BaieComeau pendant la semaine des personnes handicapées qui aura lieu du 1er au 7 juin 2016. Nous vous tiendrons au courant des prochains départs de cette merveilleuse exposition.

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DOSSIER | Oui, le port du casque en vélo peut sauver des vies

Oui,

le port du casque en vélo peut sauver des vies !

PHOTO: IVANOH DEMERS, LA PRESSE

« Son casque lui a sauvé la vie », ont confié dans les médias les proches d’Isabelle Richer. La journaliste de Radio-Canada a été victime d’un grave accident en vélo récemment alors qu’elle circulait sur une route paisible de la Montérégie. Cette tragédie a remis à l’avant-scène le débat sur l’obligation du port du casque en vélo. Dans ce contexte, on ne saurait trop les remercier d’avoir livré ce témoignage.

Selon les informations diffusées jusqu’à présent, il semble que son casque lui ait non seulement permis de rester en vie mais aussi d’éviter un traumatisme craniocérébral (TCC) sévère, ce qui l’aurait laissée avec d’importantes séquelles permanentes tant sur le plan neurologique que psychologique. C’est une réalité quotidienne à laquelle est confronté le personnel des associations de TCC avec ses membres  : possibilités de pertes de mémoire, troubles cognitifs, physiques, affectifs,

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comportementaux, incapacité à demeurer seul et/ou à travailler pour plusieurs, sans oublier les impacts auprès de la famille et des proches. Si les conséquences sont vécues à différents niveaux par les personnes vivant avec un traumatisme craniocérébral, une chose est sûre : la vie ne sera plus jamais la même pour ces personnes et leur entourage. Comme c’est trop souvent le cas, il a fallu malheureusement qu’une personnalité connue et aimée du

public soit une victime pour que le débat public refasse surface sur la pertinence d’avoir une loi sur le port du casque en vélo. Pourtant, chaque année, une centaine de cyclistes soit décèdent des suites d’un traumatisme craniocérébral, soit se blessent à la tête à la suite d’un accident  ; dans plusieurs cas, grièvement. Qui plus est, le port du casque protecteur ajusté correctement peut réduire jusqu’à 85 % le risque d’être victime d’un traumatisme craniocérébral grave. Une statistique qui ne peut nous


laisser indifférents !

Combat inégal

Nous savons aussi que la confrontation vélo – auto est un match inégal au départ. Le meilleur casque de vélo ne peut protéger le cycliste si les infrastructures ne lui sont pas sécuritaires et si on ne respecte pas les règles de base de la circulation, tant de la part des cyclistes que des automobilistes. D’autre part, le principal argument de ceux qui s’y opposent est que l’obligation de porter un casque de vélo fasse chuter le nombre de cyclistes. Les faits tendent à démontrer le contraire. Nombre d’exemples dans plusieurs autres provinces canadiennes et ailleurs où on a légiféré pour les moins de 18 ans (souvent réfractaires au port du casque) n’a pas eu cet effet dissuasif en plus de diminuer le nombre de TCC. Plus près de nous, la Ville de Sherbrooke a adopté un règlement en 2011 pour obliger les jeunes cyclistes sur son territoire à porter le casque protecteur. Constat  : en plus d’améliorer la sécurité des jeunes cyclistes, il n’y a pas eu de diminution de la pratique du vélo, mentionne le pédiatre Claude Cyr, du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, qui a milité en faveur du règlement.

En faveur d’une loi pour le port du casque protecteur Alors, qu’attend-on pour légiférer ? Combien faudra-t-il de drames qui chamboulent de nombreuses vies pour que le gouvernement québé-cois agisse  ? Le Regroupement des Associations de Personnes Traumatisées Craniocérébral du Québec (RAPTCCQ) est d’avis que le gouvernement doit adopter

une loi en la matière pour obliger les cyclistes à porter le casque protecteur. De nombreuses études le confirment : diminution significative du taux de décès et de traumatismes craniocérébraux là où une loi sévit. Ces faits devraient suffire à convaincre de la pertinence d’une loi. Jusqu’à ce jour, le gouvernement a décidé de faire fi des revendications de nombreux acteurs dont les médecins spécialistes, notamment, en misant uniquement sur la sensibilisation pour convaincre les récalcitrants. Nous sommes d’accord sur un point : les programmes de prévention et de sensibilisation autant pour les cyclistes que les conducteurs de véhicules sont essentiels et doivent faire partie du plan d’action ministériel en santé publique visant à faire diminuer le risque de blessures graves à la tête. Le RAPTCCQ et les associations qu’il représente font de la sensibilisation à la sécurité routière depuis de nombreuses années. Nous y croyons totalement. Mais nous savons aussi que la sensibilisation à elle seule ne peut suffire. Beaucoup trop de cyclistes québécois boudent le casque ; en fait un cycliste sur deux, selon une enquête réalisée par la SAAQ en 2012 ! En revanche, l’instauration d’une loi lancerait un message clair aux cyclistes québécois, comme ce fut le cas antérieurement avec la création de la loi sur le port de la ceinture de sécurité et dont les effets positifs ne sont plus à démontrer. Bref, ce que nous voulons, c’est une loi du gros bon sens !

SENSIBILISER MALGRÉ L’INVISIBILITÉ

Convaincre les gens de se protéger malgré l’invisibilité… Nous sommes d’avis que l’invisibilité de plusieurs des séquelles du TCC rend la sensibilisation au port du casque plus difficile… De plus, les médias invitent rarement nos membres ayant des séquelles invisibles à témoigner… Ce serait par contre sûrement en écoutant ces personnes raconter leurs défis quotidiens que la population serait conscientisée au fait que ce n’est pas parce que ça ne paraît pas que c’est bénin… Et si ce n’est pas bénin, c’est une bonne idée de faire ce qu’il faut pour éviter que ça arrive, entre autres en portant un casque à vélo, en skis, en planche à roulettes, etc. L’AQTC continuera donc d’insister pour que les témoignages quant aux séquelles invisibles soient aussi courus que ceux concernant les séquelles visibles, d’égale importance… Marie-Léda Fleury

Guy Lemieux RAPTCCQ n°13 Décembre 2015

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ZOOM

OBJECTIF  France Septembre 2016!

SENSIBILISER MALGRÉ L’INVISIBILITÉ

En juin 2014, un groupe de 16 personnes traumatisées crâniennes provenant de l’Association pour la réinsertion des personnes traumatisées crâniennes Atlantique (ARTA) de Nantes, en France, est venu nous visiter. Ce fut un échange fort intéressant et une expérience enrichissante pour les membres de l’AQTC qui ont participé aux différentes activités, de Montréal à Tadoussac, en passant par la belle ville de Québec… Suite à cette visite, des liens intéressants se sont tissés avec les participants outre-mer et le désir d’aller les visiter à notre tour s’est manifesté. L’ARTA et ses membres sont vraiment intéressé à nous recevoir et à faire découvrir à leur tour leur coin de pays.

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L’APPROCHE

L’objectif est de partir en septembre 2016 avec 14 participants de l’AQTC. Depuis février 2015, les personnes inscrites au voyage se réunissent une fois par mois, principalement pour planifier des activités de levées de fonds. Toutes sont impliquées en donnant leurs idées et leur temps à l’organisation de ces événements. Jusqu’à maintenant, un quilleo-thon, la vente de crayons et de fromages ainsi qu’une soirée d’improvisation avec des joueuses de la LNI ont eu lieu, pour financer ce projet, en plus de nombreux dons reçus de diverses provenances. D’autres événements se tiendront dans les prochains mois : activité de curling le 20 février, un autre quilleo-thon le 10 avril et d’autres activités qui restent à confirmer seront organisées. Ce projet de groupe est tout un défi à relever pour ces 14 personnes. Ce n’est pas un voyage clé en main, beaucoup de travail de sollicitation et d’organisation seront nécessaires encore pour arriver à atteindre notre objectif ; c’est en même temps la beauté d’un tel projet ! Ce sera plus qu’un voyage interculturel, ce sera la conclusion d’un projet collectif de grande ampleur, permettant à nos membres participants de s’actualiser tout en réalisant un rêve ! Pascal Brodeur Adjoint à la direction de l’AQTC

Collecter des dons et des commandites malgré l’invisibilité… Il ne faut pas se le cacher, non seulement il n’est pas chose facile de lever des fonds de façon générale, c’est encore plus difficile lorsque les séquelles sont mal connues, souvent de par leur invisibilité… Que ce soit pour le projet de voyage en France ou pour tout autre projet exigeant de la sollicitation, que ce soit pour atténuer les préjugés et améliorer la compréhension d’autrui, nos membres accidentés et vous, en tant que proches, devez expliquer les séquelles du traumatisme crânien, raconter à quel point ça change la vie, donner des exemples d’obstacles devant être surmontés au quotidien… Nous avons récemment rédigé une lettre pouvant nous aider dans notre collecte de fonds pour le voyage en France, et nous avons décidé de vous soumettre une version légèrement modifiée, sans lien avec le voyage, afin de vous donner un outil supplémentaire lorsque vous ne savez plus comment décrire ou résumer les principales conséquences d’un traumatisme craniocérébral modéré ou sévère… Peut-être avez-vous déjà les mots pour le faire… Sinon, ces quelques lignes pourront être utilisées en totalité ou en partie pour éveiller les consciences… Marie-Léda n°13 Décembre 2015Fleury


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ENTRETIEN AVEC... .

3 QUESTIONS À

Sophie Caron

Comédienne, improvisatrice et chroniqueuse Coach de la ligue d’improvisation de l’AQTC

Question 1 | Est-ce que tu connaissais la problématique du TCC avant d’enseigner l’impro à nos membres ? Qu’est-ce que tu as découvert sur le TCC à leur contact ?

Je ne connaissais pas vraiment la problématique du TCC avant de me faire proposer de donner des ateliers aux membres de l’AQTC. Je savais qu’il s’agissait d’une clientèle variée, avec ses contraintes et ses opportunités. Lors du premier atelier, je me suis dit qu’il était nécessaire de savoir à qui je m’adressais. J’ai donc invité chaque personne à se présenter et à expliquer son TCC et ses caractéristiques (ex : tu es qui, ça ressemble à quoi pour toi). La particularité du TCC c’est son invisibilité et sa diversité. Il n’y en a pas un pareil. Au début, cela m’a demandé de l’adaptation; c’est un défi extraordinaire pour moi! Les membres de l’AQTC m’épatent constamment; on grandit énormément à leur côté. Les bienfaits de l’improvisation sur l’être humain sont hallucinants. Par exemple, pour une personne qui a de la difficulté à s’exprimer, l’improvisation peut être une activité dans laquelle on la comprend mieux. Chez les personnes TCC, cela permet de travailler des aspects tels que l’anxiété, la mémoire, etc. Question 2 | Qu’est-ce qui a été le plus surprenant pour toi au fil de cette découverte ?

Ce qui m’étonne toujours, c’est que les membres se lancent dans les exercices d’improvisation sans trop y penser. Ils vivent dans le moment présent, c’est extraordinaire ! Ils créent des histoires, jouent, improvisent, partent de l’idée de l’autre pour faire quelque chose, collaborent ensemble dans leur rythme et leurs différences. Au début, en raison de certains préjugés, je me contraignais à réduire plein d’exercices à cause de l’image que j’avais de la condition du TCC. Je me disais souvent, oh non, je ne donnerai pas cet exercice parce que c’est trop compliqué pour leur concentration, leur mémoire, ou telle personne ne pourra pas... En les voyant faire de l’impro, sans

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contrainte, sans préjugé, sans limite, je me suis vite aperçu que je me trompais. Au fil des ateliers, j’ai découvert que les personnes ayant subi un TCC ont une force de vivre incroyable. La majorité ont carrément défié la mort. En même temps, leur vulnérabilité est aussi forte que cette force de vivre. Ils assument ces deux aspects de leur personnalité, ce qui fait d’eux des êtres exceptionnels. J’utilise un concept que j’ai inventé, le biorythme. Chaque personne fonctionne à un rythme différent, certains sont plus lents, d’autres plus vites. C’est encore plus apparent chez les membres de l’AQTC. Par exemple, les gens qui ont problème d’élocution face à ceux qui sont impulsifs. Je leur donne un style musical : on a des membres dont le biorythme est «reggae», et d’autres «speed métal». Il faut qu’ils s’accordent ensemble dans le respect pour arriver à faire du reggae/rock ! J’ai découvert une ouverture incroyable chez les membres ayant subi un TCC, ils sont capables de parler de plusieurs sujets tabous. Les membres sont beaucoup dans l’authenticité. Ils ont un positivisme intérieur, s’influencent entre eux et sont ouverts à travailler les choses. En travaillant avec eux, j’ai appris à relativiser et à passer au-dessus de mes préjugés. Ces gens sont inspirants… Question 3 | À quoi pouvons-nous nous attendre lors du match d’impro au Club Soda le 2 décembre 2015 ?

Il y a aura deux équipes. Dans chaque équipe, une joueuse professionnelle de la LNI, il s’agira d’Ève Landry et de Salomé Corbo. Elles agiront comme coach/joueuse pour l’équipe. Le public va assister à quelque chose d’hallucinant ce soir-là. Ce sera l’occasion de voir des personnes avec des profils différents travailler ensemble pour faire du merveilleux. Ce sera extraordinaire, mais éphémère !

« Les séquelles invisibles peuvent susciter davantage d’intolérance et d’impatience, car on ne sait pas, on ne comprend pas…

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