Le pari du vendeur de chalet converti à l'hôtellerie de montagne

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04.04.13 09:14

valais Mardi26 mars 2013

Le pari du vendeur de chalets converti à l’hôtellerie de montagne Par Marie Parvex

Alors que les hôtels mettent la clé sous la porte, Grégoire Schmidt a rénové le Mont-Blanc, aux Marécottes, ouvert depuis Noël. Le vendeur des chalets de luxe s’est entouré d’un free-rider comme coordinateur de chantier, a créé des liens avec les villageois et a mis la main à la pâte L’hôtellerie familiale en montagne, c’est fini. Les bâtisses se vendent, étage par étage, comme résidences secondaires. Pourtant, Grégoire Schmidt, patron de ​Schmidt Expert Immobilier spécialisé dans la vente et la promotion de résidences primaires et secondaires, vient de rénover un hôtel familial de huit chambres dans la petite station des Marécottes. «J’ai fait ça avec le cœur, très spontanément», explique-t-il. La société de Grégoire Schmidt était chargée de vendre l’hôtel Mont-Blanc depuis une année et demie. Plusieurs promoteurs en offraient un prix dérisoire avec l’ambition d’en faire des appartements. Quelques jeunes couples enthousiastes s’y imaginaient volontiers hôteliers, mais sans jamais obtenir les fonds nécessaires. «Le propriétaire avait vraiment besoin de vendre et pour l’aider je me suis dit que je pourrais acheter moi», raconte l’agent immobilier, attablé dans la salle à manger décorée selon le style chalet moderne. «Quelques jours plus tard, j’étais en vacances en Italie et je mangeais dans un restaurant où je suis un habitué. J’ai soudain proposé aux patrons, Isabelle et Antonio Monteleone, de venir tenir le Mont-Blanc parce que j’aime leur sens de l’accueil et leur cuisine. Et je me suis dit, s’ils acceptent, j’achète et je rénove l’hôtel!» Dans la morosité automnale post-Lex Weber, l’équipe se lance donc dans les rénovations. Plusieurs centaines de milliers de francs investis par Grégoire ​Schmidt parce qu’il n’a obtenu aucun emprunt ou subvention. L’hôtellerie n’est pas un secteur assez sûr pour être aimé des banques. Grégoire Schmidt appelle toutes les entreprises de construction avec qui il a l’habitude de travailler et nomme un free-rider et aventurier de Verbier, Xavier Rosset, comme coordinateur du chantier. «Il est capable de distiller un esprit incroyable au sein d’une équipe! Nous avons rénové en 45 jours, sans défaut ni retard malgré de nombreuses surprises», explique-t-il. Tous les midis, les ouvriers goûtent et commentent les menus du chef italien. Ils invitent aussi Marthe Hugon, la voisine âgée de quelque 80 ans, petite-fille de l’instituteur et hôtelier qui a construit la bâtisse en 1905. «Elle nous a spontanément offert l’argenterie aux initiales de l’hôtel utilisée à l’époque», raconte Grégoire Schmidt. Aux murs, des images noir-blanc des Marécottes au début du XXe siècle que les anciens du village apprécient.

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«Les habitués sont une part importante du chiffre d’affaires», note le complice de Grégoire Schmidt et directeur général de la société immobilière, Laurent Decrauzat. Le nouveau propriétaire s’est donc accoudé au bar avec les villageois qui s’arrêtent deux fois par jour à l’heure de l’apéro. Pour comprendre leurs envies ou adapter à la région le prix du ballon de rouge. Il a aussi invité les habitants à manger et à découvrir le Mont-Blanc nouvelle version. Parce que le restaurant, pour vivre, a besoin de Valaisans à sa table en semaine. Grégoire Schmidt fait donc le pari d’une hôtellerie modeste mais soignée et intégrée à son contexte. «L’analyse approfondie des comptes de l’ancien propriétaire indique que l’affaire est rentable», explique-t-il. «La station vient d’investir 10 millions dans ses remontées mécaniques et possède de vrais atouts pour la saison estivale. Située sur un axe international franco-suisse, elle dispose d’un potentiel de croissance, mais aussi d’une clientèle fidèle à 80% genevoise, vaudoise et jurassienne.» Il a ouvert pour Noël dernier et affiche un taux de remplissage moyen de 40%. «L’hôtel et le restaurant affichent complet tous les week-ends, alors que tout le monde ne cesse de dire que l’économie va mal, que les banques ne soutiennent pas les projets», note Grégoire Schmidt. Reste que les comptes sont encore serrés. C’est le restaurant qui fait tourner l’affaire. L’hôtel, même vide, est géré de sorte qu’il ne génère que peu de charges fixes. Il n’y a que quatre employés à plein temps et deux employés payés à l’heure, afin de réduire les coûts. Et Grégoire Schmidt reconnaît volontiers que c’est un énorme travail d’être hôtelier. «A Noël, il a empoigné à tour de rôle la pelle à neige, les casseroles et les plateaux de service pour se rendre compte des difficultés rencontrées par ses employés», raconte Laurent Decrauzat, en sortant des photos de son patron au travail. «Mais si personne ne prend des risques, c’est bien normal que cela ne fonctionne pas!» s’exclame Grégoire Schmidt en faisant allusion aux difficultés de l’hôtellerie. «Le Valais a vécu sur ses acquis pendant vingt ans, maintenant il faut réagir. Nos autorités, nos banques et tous les Valaisans doivent prendre conscience que ce secteur est indispensable à notre économie touristique.»

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