Grand raid des Pyrénées 2011

Page 1

Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+ Un mois après le TOE sur lequel j’ai pris un énorme coup d’enclume et où j’ai tiré beaucoup d’enseignements que je souhaiterai appliquer assez rapidement : je saisis l’opportunité (Merci Manu, J-M, Miche) d’être présent sur l’ultra du GRP – ceci me parait très proche mais il me semble avoir bien récupéré… d’autant plus que j’ai besoin de faire un break de quelques jours et par avance content d’être présent avec la "délégation" MTC. Des Pyrénées, j’en garde un souvenir de difficultés hors normes : ceci avait valu un abandon rapide (km39) sur l’ultra mitic d’Andorre en 2010… J’espère que le parcours sera moins difficile et que la météo soit plus clémente que sur le TOE…

Crédits image : Rouxel / les Shadoks™ Mercredi 24/08 : Covoiturage au départ de Massy (91) avec les drôles de dames : Patricia et Caroline. Les 700km de voiture passent très bien, nous arrivons à Vielle Aure à 20h – direction camping le Rioumajou. Diner sur la place du départ : assiette de charcuterie, lasagnes, et poire belle Hélène. Patrick est sur la route et compte aller dormir en altitude. A l’arrache, je décide de dormir sous un arbre à quelques mètres de la tente de mes co-voitureuses. Pas de bol, un peu avant 2h du mat, pluie et orage me réveillent, voyant que cela ne se calmera pas – je réveille les filles pour mettre mes affaires à l’abri dans la voiture (Bravo !!), et elles me font de la place dans la tente pour la fin de la nuit (encore merci). Jeudi 25/08 : Lever 8h30, je suis complètement crevé. Caroline (blessée) fait partie des bénévoles à la remise des dossards/contrôle des sacs part prendre son poste. Patricia (faisant le grand samedi) part en mode rando jusqu’au col du Portet. Impossible de joindre Patrick, je file récupérer mon dossard et les sacs à remplir pour les BV (le casse-tête). De retour au camping, je commence la préparation des sacs puis reçois un coup de fil de Patrick qui est monté/descendu aussi jusqu’au col du Portet ce matin ! Direction le gite à Guchen (vraiment sympa), où nous retrouvons : Lolo/Fafa et les filles, Flo/Annelise et les garçons, Thom, JP/Josette, Hélène, Pascal, Nico, Jacqueline, zozo & bounty pour déjeuner sous un beau soleil dans le jardin. L’ambiance est excellente et le repas parfait. Thom pense faire la fin de course avec Pat & Tito et envisage une nuit dans les montagnes – il réfléchit à la logistique.

Remontée au camping où Patrick me prête une tente, il est très stressé et me laisse 45’ avant d’aller déposer les sacs coureurs et afin qu’il prenne son dossard. Je blinde les sacs, jamais trop certains de la météo et de l’état des pieds. Sous le chapiteau nous retrouvons Pfx (papotant avec Dawa), Tito, Jeff & Sophie, Lulu, Alain & Karen – nous attendons sur la belle pelouse l’heure du briefing de l’ultra. Passage par le PC sécurité où je trouve Miche, la météo les tracasse.


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

Le briefing est synthétique et nous apprenons que le départ sera donné à 7h au lieu de 5h pour éviter les orages, nous ne monterons pas au Pic du Midi (7km/500mD+ en moins) pour garder les mêmes barrières horaires (rien à voir de là-haut avec la météo annoncée). Le départ est modifié également, pas de passage dans la vallée pour monter au Portet. L’organisation rappelle les règles à suivre en cas d’orages – preuve en est que la problématique météo les a occupé ces dernières heures. De la pluie et de la neige à 2000m sont annoncés pour demain – grosse insistance sur la nécessité d’avoir des vêtements chauds sur soi. Avec Patrick nous filons à la Pasta Party, les pates sont trop cuites nous ne resteront pas plus de 20’ puis direction le camping pour manger des pates "al dente" cuisinés par Patrick. Douche et au dodo pour une nuit sans gros repos mais avec 2h de plus ;)).


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

Vendredi 26/08 : Lever 4h45. Direction le départ où nous retrouvons Pfx, Thom, Nico, Pascal, Hélène, Fafa et les autres coureurs. Nous nous souhaitons mutuellement bonne chance et bon courage, à l’arrivée demain ou après demain matin!


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

Vielle Aure – Restaurant des Merlans (km13 : 2h30 – 453ème). 7h01 : le départ est donné sous la mélodie de ColdPlay – Viva la vida, une foule de coureurs est lâchée dans les rues de Vielle Aure – ça part vite (Pfx comme une balle), je reste avec Sophie et Lulu. A l’entrée de Vignec nous croisons JP & Josette qui nous encouragent. Le chemin devient plus étroit et l’ascension commence, nous perdons Sophie et ralentissons en espérant qu’elle nous recolle (nous ne la reverrons plus). Le joli sentier boisé traverse le site protégé des granges de Lias, nous traversons le ruisseau d’Espiaube où ça bouchonne avant de rejoindre la route (un automobiliste a faillit renverser un coureur sur cette portion) direction les granges d’Espiaube. Il commence à faire frisquet et met des manchons, j’en profite pour grignotter un petit truc. Lulu pète la forme et je suis à la traine. Commence la longue raide montée (piste rouge) direction le col du Portet, j’ai du mal à suivre Lulu. En haut de la station de ski de St Lary (col du Portet), beaucoup de supporters sont présents – s’ensuit la descente sans difficulté jusqu’au CP1. Ce ravito est royal : plein d’eau, café, cake et soupe. Restaurant des Merlans – Artigues (Km29 : 5h42 – 418ème) Lulu m’attend et nous repartons, pente très pentue pour commencer avant de rejoindre le GR10 sur un sentier en balcon : beaucoup de gros cailloux sur ce sentier et un peu de boue. Nous avons le lac de Loule sur notre gauche et au loin derrière le barrage et la météo est bonne. Alors que nous commençons l’ascension du col du Bastanet, il commence à pleuvoir : crachin. Plein de lacs sur le côté : lac intérieur, du milieu, du Bastanet, supérieur, de la hourquette, du Campana (qq encouragements du refuge ;)), de Gréziolles etc. dont nous avons du mal à percevoir la beauté – la visibilité étant réduite à cause des nuages bas. Beaucoup de pierriers autour du sentier – quelle chance de ne pas passer par là. Stupéfait avec Lulu de la ressemblance avec les sentiers Corse ici ! Nous arrivons au barrage de Gréziolles, le sol est glissant, il pleut toujours et nous décidons de bâcher avant d’attraper mal. La longue descente sur Artigues est glissante et boueuse par portion mais nous sommes contents de voir des supporters ici avant le CP2. Ce ravito est plein, il faut faire la queue pour y entrer mais à l’intérieur c’est de nouveau royal et la soupe est la bienvenue ! J’en profite pour changer ma paire de chaussette trempée. On nous annonce de la pluie givrante du côté du Sencours – autant se réchauffer et prendre des forces avant de repartir d’ici. Ravito un peu longuet pour moi, Lulu m’indique qu’il prend de l’avance sur moi mais que je le rattraperai. En repartant de ce ravito, je croise des coureurs présents sur le TOE (notamment le dossard 703 qui est surpris que je le reconnaisse). Artigues – Col de Sencours (km36 : 8h - 445ème) Cette portion fait 1200mD+ sur 7km, ça commence par une montée très raide boueuse. Je retrouve Lulu un peu plus haut au niveau de la route. Pas de souvenirs très précis de cette portion sauf que ça monte de plus en plus raide et que nous nous accrochons, qu’il fait de plus en plus froid (effet windchill sur le haut du col), qu’il pleut toujours et que la sensation de glacé m’envahit accentué par mes gants trempés ! Le ravito du col du Sencours est situé dans une cabane, il est full et ça bouchonne à l’entrée – ça caille vraiment. Objectif ne pas tarder ici, faire le plein, se réchauffer, se changer et faire son chemin. Sans rentrer dans les détails, Lulu et moi avons gardé des images fortes de ce ravito.


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

Nous enfilons un truc chaud et sec, les gants trempés dans le sac. Je grelotte et tremblotte, je n’arrive pas à enfiler la paire de gants sèche et une seconde paire par-dessus. Beaucoup d’abandons (42) ici, j’ai cru que nous n’en repartirons pas ! Du chaud : café et soupe pour tenter de se réchauffer, puis je fais le plein d’eau et un peu de coca dans le camelback et nous repartons . Col de Sencours – Hautacam (km55 12h15 - 425ème) ça caille dehors mais nous nous retrouvons rapidement à courir à l’abri sur une piste typé DFCI, nous nous réchauffons rapidement. Nous sommes toujours ensemble dans les montées du col de la Bonida et d’Aouda – Lulu me martèle depuis un moment de faire ma course, je me détache un peu dans la descente sur le lac bleu et ne voit plus de Lulu derrière mais j’étais persuadé qu’il me récupèrerait. Je récupère un petit groupe pour effectuer l’ascension du col de Bareilles, ça ne va pas très vite et que le groupe connait cette montée – je fais donc idem et nous nous faisons doubler. Je discute avec Sophie (dossard n°814) de Caen (finisher 2010 en 50h mais mettra presque 10h de moins cette année) qui me parle de son expérience unique GRP en 2010 et du reportage en 5 épisodes qui avait été réalisé par France 3 Normandie pour faire découvrir le trail dans sa région (voir les vidéos ici). La discussion continue dans la descente glissante direction le lac d’Ourec – elle descend bien et malgré la volonté pour l’accrocher elle me largue sur la fin, je la récupère dans la montée d’Hourquette d'Ouscouaou avant de ne plus arriver à la suivre dans la longue descente sur Hautacam. Cette descente commence par un single plat en balcon, tout va bien – je raccroche des coureurs, les premiers rayons de soleil de la journée font leur apparition : il est 18h40 youououou! Nous nous approchons de la station d’Hautacam, en visu un télésiège – et des supporters venus en masse se tiennent au niveau du col de Tramassel. Là je retrouve l’italienne du TOE (dossard n°230) avec qui j’avais parcouru 23km (la chapelle en Valgaudemar en haut de côte belle) – elle va bien (le monde est vraiment petit) !! Dernière descente sur une piste de ski avant d’arriver au restaurant dans lequel se trouve le ravito d’Hautacam. Soupe, coca, fromage, cake, plein du camel – les bénévoles sont à l’écoute des besoins. J’essaie de voir où se trouve Lulu, je décide d’attendre 5 minutes de plus mais pas de Lulu, je repars. Hautacam – Villelongue (km 65 : 13h46 – 395ème) 1000mD- sur 9km afin de rejoindre la base vie de Villelongue. Aucune difficulté particulière ici, la descente (chemin, route, DFCI puis forêt) est facile et comme beaucoup de coureurs j’essaie de passer quelques coups de fils…. « Pas de réseau, Urgent seulement » !! Impossible donc d’avoir des news des collègues qui étaient sur la TDS… Je souhaite absolument appeler les coureurs du 80km de demain afin de leur dire de prendre du chaud et une ou deux paires de chaussettes avec eux. Je bougonne étant le seul sans couverture réseau ici, en attendant je cours en me disant que ça ira certainement mieux plus bas. Le chemin DFCI se termine et me voici dans la forêt – j’ai rejoint un petit groupe de coureur. Mon gsm accroche enfin un réseau, je dépile les sms (merci pour le classement et les encouragements ;p), coup de fil mais Nico ne répond pas… mais j’obtiens Thom et lui demande de passer le message, il me demande si Lulu est toujours avec moi et je lui annonce que non mais qu’il ne doit pas être loin derrière, nous nous donnons rendez-vous demain soir si le physique le permet ! Arrivé au village de Villelongue, plein de supporters avant l’entrée de la BV1. Je franchis l’entrée de cette dernière à 20h47 – objectif se changer et manger chaud mais ne pas passer plus de 45’ ici. Paire de chaussettes haute, t-shirt manche longue. Je garde la même paire de chaussures Lafuma Moonrace (30km au compteur avant le GRP) ne voulant pas tenter le diable avec les Tecnica. Pates, eau pétillante, coca, soupe. Je retrouve Jeff ici qui est déjà changé et m’explique son problème de tendon. Je dépose mon sac d’affaires et repars : il est 21h24 (14h23 depuis le départ), quelques places grappillées (358 ème à la sortie). Villelongue - Turon de Bene (km75 : 16h45 - 317ème) Cette portion fait 1000mD+ sur 10km mais la montée jusqu’au pic du Cabaliros fait quasiment 2000mD+ sur 16km. L’accalmie de la pluie a été finalement brève, il se met à crachoter et m’arrête pour mettre la veste imperméable au niveau de la forêt de Labassère. Il fait nuit et des petits groupes de coureurs se forment juste après Soulom – je monte à bon rythme (ou tout le monde a énormément ralenti) et fais finalement route entre groupe, tout va bien, la pente n’est pas trop pentue et le sol herbeux est humide, la pluie s’intensifie et le vent est de retour ! On peut apercevoir le ravito de Turon de Bene de loin, un feu a été allumé à l’extérieur mais pas de chance le vent nous ramène l’odeur de fumée en arrivant du sentier. Arrêt d’un bon quart d’heure sous la tente, l’organisation nous


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

signale une mauvaise visibilité due à la pluie givrante et au vent sur la fin de la montée vers le pic du Cabaliros.

Turon de Bene - Cautterets (km91 : 20h46 – 287ème) Je repars avec la capuche de la veste serrée au plus près du visage, il va faire au moins aussi froid qu’au col du Sencours ! Il pleut, y a du vent et ça caille! Je continue à mon rythme cette ascension à la recherche permanente de fanions ou rubalyses (chapeau pour le marquage rapproché) – le sentier herbeux a laissé place à un single glissant et boueux. A deux reprises, j’ai flippé entendant des cloches d’animaux à proximité de moi sans savoir s’il s’agissait de bovin ou ovin (j’ai une peur bleue des vaches). Je récupère deux autres coureurs – plus facile de s’orienter à plusieurs dans la nuit, chacun prend son relais. 300m de D+ avant le col, les fanions nous font prendre un virage à 90° direct dans pente – cette dernière devient très raide. Il y a du brouillard, du vent et une pluie glaciale - la visibilité est nettement réduite, c’est devenu une "chasse à la rubalyse" et nous scannons chacun une zone afin de trouver la rubalyse suivante. L’appréciation des distances est faussée, chaque fanion parait loin-loin alors qu’après quelques pas nous sommes dessus – impossible de dire où est situé le haut du pic. Un écart de quelques mètres, un fanion non trouvé – nous voilà entrain de vendanger dans cette zone paturage… Nous voilà rejoint par 4 autres coureurs qui semblent savoir où aller !! Un petit dôme passé : "c’est ça le pic du Cabaliros ? impossible!... sisi". Pause technique et je repars sans plus attendre dans la descente avec un des coureurs (dossard n°787) avec qui j’ai terminé l’ascension – il fait hyper froid mais nous nous retrouvons quelques lacets plus bas à l’abri du vent. Le sol est parsemé de rochers glissants et le sol est boueux – nous avançons prudemment. Cette descente parait sans fin (1400mD- sur 11km), nous voyons les lumières de la ville en contre-bas et des frontales dans des laçets plus bas. Nous traversons des zones inondées (sources), les pieds sont trempés, ça glisse et je chute (youpi)… pour couronner le tout, je commence à avoir une douleur sur le releveur pied gauche (bis bis repetita, réflexe inutile de desserrer le haut de la chaussure). Néanmoins, nous doublons des coureurs (notamment l’Italienne du TOE – dossard n°230) même à notre allure prudente. La pente s’accentue fortement avant de rejoindre le bitume, et forcément la douleur s’intensifie sur le releveur! Pas loin d’1km de bitume pour rejoindre le ravito de Cautterets – enfin arrivé je vais essayer de strapper le pied (je sais éperdument que cela ne sert à rien…), je demande une paire de ciseaux et l’on m’envoie voir les soigneurs dans la mairie jonchant le ravito. Cette pièce fait office d’infirmerie et dortoir, l’organisation assemble des lits de camp à la chaîne. Le pompier secoureur me tend la paire de ciseaux et je vois qu’il est entrain de strapper un releveur d’un autre gars, un sacré strapping montant très haut sur la jambe !! Je décide d’attendre mon tour – autant laisser faire quelqu’un qui sait plutôt que faire de l’expérimentation sur soi. A mon tour, je demande pourquoi le strapping est aussi haut et le secoureur me tend une photo d’un de ses cours (ah j’explose de rire intérieurement – un pansement effet placebo aussi efficace qu’un bisou magique), j’aurai droit à un strapping hésitant bas mais encore merci. Beaucoup de coureurs arrivent ici en lambeau, c’est la cour des miracles mais aussi beaucoup d’abandons et de blessures. On annonce un bus pour Vielle aure dans moins d’une heure, je fais guise de ne rien entendre. Je me change et retourne dehors sous le chapiteau du ravito pour faire le plein – la prochaine montée vers le col du Riou fait 1000mD+ sur 8km. Plus de 45’ d’arrêt au final à Cautterets. Cautterets - Aulian (km101 : 24h04 -256ème) En repartant, il est 4h30, j’envoie un sms à Thom (en espérant que cela ne réveille personne dans le gîte) lui indiquant ma position, l’état du releveur et que ça va être compliqué pour la suite notamment pour être là ce soir ! Rien de très transcendant sur cette portion – ça monte avec beaucoup de lacets et il faut patienter avant d’arriver làhaut (le col est annoncé à 3h30 pour les randonneurs en contrebas), devant et derrière il y a une bonne dizaine de coureurs. J’ai nettement ralenti et je gère la fatigue comme beaucoup – j’encourage les coureurs que je double et fréquemment c’est un réveil pour eux et ils s’accrochent. Difficile de s’alimenter sur cette portion, rien ne passe. Beaucoup de lacets rapprochés à l’approche du col et toujours quelques malins pour les couper (histoire de gagner quoi ?), en haut du col, nous franchissons à 6 le portillon nous faisant basculer sur une descente de 2km sur la station de Luz-Ardiden. Le jour se lève et je peux voir la bonne humeur revenir sur les visages des autres coureurs, descente dans la caillasse assez longuette et pentue – je marche. Quelques escaliers pour arriver au CP d’Aulian, ravito encore une fois aux petits oignons, quelques coureurs dorment dans des lits de camps.


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

Je profite de cet arrêt pour enlever la goretex, je m’aperçois que j’avais laissé le téléphone dans la poche frontale – l’écran est plein de buée, je l’allume et il s’éteint dans la foulée – 2 ème téléphone en un mois et celui-ci ne m’appartient pas! Un profil est affiché sur une fenêtre, je me motive en me disant qu’il ne reste "que" 3 coups de cul dont un maxi (Barège) et trois grosses descentes. La prochaine BV n’est qu’à 9km et 1000mD-. Un peu inquiet sur mon allure depuis Cautterets et notamment en descente, je vérifie la barrière horaire positionnée 6h plus tard – ça devrait aller au bout… Comme d’hab, je fais le plein et prends quelques minutes à me poser sur une table.

Aulian - BV2 Esquièze Sère (km111 : 26h08 -252ème) Je prends le wagon avec 5 autres coureurs, nous descendons dans des champs très raide ; ça glisse (vraiment pas agréable ce passage) avant de revenir sur la route puis revenir dans des petits jolis passages en forêt avec quelques passages de routes. Bien entendu ça descend donc j’ai mal sur le releveur. Traversée de petits villages de Grutz et Sazos, me voilà parti pour 5 bons kms de route – une route sans fin, sans savoir où est la suite… patience, la BV va arriver – les marquages au sol sont super bien pensés, impossible de me pommer même en étant pas frais (certainement plus compliqué pendant la nuit). 9h, j’arrive dans la ville d’Esquieze Sère, encouragements des habitants, les premiers rayons de soleil me réchauffent, je fais le bilan avant de rentrer à la BV2 – aucun bobo mis à part le releveur, pas d’ampoule, pas de jambe en bois. Je récupère mon sac BV2, ça fait des heures que je pense aux chaussures qui m’attendent ici… je me change, transvide les affaires sales, nettoie les pieds, NOK sur les pieds, change les chaussettes et j’enfile des chaussettes courtes, NOK sur les chaussettes, et enfile une paire de running (Mizuno wave creation) en desserrant les lacets sur le pied gauche. J’enfile un t-shirt manches courtes et un à manches longues. Vu ma vitesse et les 41km restants, je change les piles des deux lampes frontales et en place une dans la poche AR du short. Je me laisse tenter par du hachis Parmentier lyophilisé – « vous êtes surs ? », je suis le 2nd à essayer – le premier n’était pas ravi semble t-il, j’attends les dix minutes réglementaires… ce n’est pas fameux mais il fallait aussi touiller !! ça change des pates et des barres de céréales. Je rends et me voilà parti. Un bon arrêt de 45’ une fois de plus, prochain ravito dans 12km et 700mD+.

Esquièze Sère – Tournaboup (km123 : 29h09 - 222ème) C’est reparti mais je m’aperçois que j’ai sous-estimé la température et m’arrête rapidement au niveau du château Sainte Marie pour lever le t-shirt manches courtes. Cet arrêt a été bénéfique et je me sens revivre avec ces chaussures au pied… je me surprends à courir dans les descentes et le plat à rythme correct!! Il fait néanmoins chaud (rien à voir avec la météo d’hier) et je flippe de manquer d’eau. Je double quelques coureurs dans cette portion. Je termine cette portion pour arriver à porte de Barèges avec le dossard n°314 qui me rassure sur la présence d’un ravito ici. Beaucoup de supporters ici, le ravito est sous un chapiteau et c’est midi… je prends des pates bolognaise lyophilisées – celles-ci ont été anticipées et touillées par les bénévoles : vraiment chapeau ! Je fais le plein d’eau et oubli le coca ! Tournaboup - Col de Barège (km131 : 31h50 - 219 ème) Je repars et essaie de suivre 3 gars ayant 200m d’avance, je comprends rapidement qu’ils ne sont pas sur l’ultra mais le grand et que la jonction des deux parcours est ici… ils étaient 7 ème, 8ème et 9ème. Le chemin est très caillouteux, c’est comme en Corse – des blocs sont posés les uns à côté des autres, passage difficile avec peu de répit, se faire doubler à toute pompe par les coureurs du 80km est vraiment déroutant. Je perds l’envie de manger et j’avance au ralenti, le soleil cogne… mais qu’est-ce que je fais là ! Arrivé à la cabane d'Aygues cluses, que 720mD+ et 6,5km depuis Tournaboup – ce ravito en eau est bien placé, je n’avance plus et me pose 5’ allongé dans l’herbe, un gamin me donne un coup de main pour remplir la poche à eau. Passage de la première féminine du "grand" impressionnant ! Je repars sans gnack ayant entendu que le col est situé à 300mD+ plus-haut mais sur 1,5km !! C’est l’autoroute, surgit des coureurs du grand et de l’ultra de partout ici – mais ils ont fréquemment un mot gentil et un encouragement ! J’arrive néanmoins au col de Barège mais sans aucune idée de l’heure.


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

Col de Barège - Restaurant des Merlans (km 138 : 33h51 - 207 ème) Une bonne descente bien pentue et caillouteuse, ça fait mal et je marche – l’autoroute continue. Je retrouve l’italienne plus bas, elle gère et pour elle la course est terminée – yapluka ne pas se blesser et c’est dans la poche… dernière sortie avant le Tor : « euh le tor ? »… le tor des géants dans 2 semaines !!!!!!!!!!!! Respect après le TOE et le GRP. Elle était finisher en 2010, je lui souhaite bonne chance pour cette fin de course et pour son prochain défi (son blog pour les curieux comme moi)! Retour à la course, je rame ici, les descentes dans les blocs sont épuisantes, des petits cours d’eau à traverser et de la boue par endroit! Toujours pas la force de manger, j’arrive à la cabane de Lude où un bénévole relève les n° de dossard et les envoie par sms, certainement un problème de transmission de pointage – il m’indique le ravito des Merlans dans 3km. Sur cette portion, je repense au froid et aux images du ravito du Sencours, au froid dans la montée vers le pic du Cabaliros – j’espère que tout le monde va bien devant et derrière. Quelle course ! Mon Gps indique 16h30 alors qu’on dirait qu’il va faire nuit, même lui il délire… je broie du noir – mauvais passage à passer. Au loin un télésiège indiquant la proximité du restaurant des Merlans, il fait vraiment froid ici, je sors le buff et enfile la goretex ici. Content de me retrouver à l’abri du vent au ravito. Il ne reste que 13km dont 1,5km de montée et le reste de descente raide. Restaurant des Merlans - Vielle Aure (km151 : 36h08 - 202ème)

Je repars mais le vent souffle fort, les nuages sont bas et il fait froid à nouveau – je mets la capuche de la Goretex et les deux paires de gants, toujours froid… j’inspire et souffle fortement en espérant me réchauffer plus vite et d’un coup sur le haut du col du Portet j’ai trop chaud – j’enlève gants et capuche. Sur le parking, je croise avec joie Hélène et Thom qui m’annoncent que Pat et Lolo sont arrivés – ils me précisent que je devrais bien galérer dans la descente jusqu’à Vielle Aure. Je leur donne donc rdv au plus tard dans 3h30 en bas. Effectivement le début de la descente est caillouteuse et c’est la même piste rouge que nous avons monté… ça va très lentement pour chacun – seuls les coureurs du grand descendent comme des balles ici. Un début douleur sur le genou droit dans cette descente pentue, en plus de la douleur persistante sur le releveur pied gauche ! Fin de cette piste rouge, je retrouve Hélène et Thom qui m’attendent au niveau du parking d’Espiaube


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

– ils font du boucan à réveiller toute la station :p. Je demande des news de Lulu, Jacqueline et Sophie : abandons. Ils m’attendront une fois de plus dans un autre lacet, puis m’encouragent en roulant à côté de moi sur la route, ça chambre dur et m’indiquent que les bières en bas sont entrain de se réchauffer et qu’ils vont commandés des pizzas…. Ok mais je suis à fond là, je cours malgré cette douleur au releveur. Ils me donnent rendez-vous à l’arrivée. La police (ce n’est pas une hallucination) m’indique qu’il reste moins de 7km avant de basculer dans la forêt. J’avance à petit rythme mais je cours sur cette portion, je sais qu’il me reste moins d’1h maintenant. Des coureurs du grand m’encouragent et me confirment le 18h15 – le Gps ne délire donc pas ! A 3km de l’arrivée, je me fais doubler par Karen (que je ne reconnais pas) et lui indique qu’elle est 5 ème féminine – une vraie flèche ! J’arrive à Vignec où des supporters encouragent les coureurs du camping puis cette dernière longue ligne droite sur Vielle Aure où je retrouve qui ???? Hélène et Thom à 400m de l’arrivée qui finissent avec moi. La vidéo d’arrivée est ICI Content d’en voir le bout avant la 2nde nuit (19h09) : 151km et 9000mD+ en 36h08 Ici je retrouve JP & Josette, Lulu, Jeff & Sophie, Jacqueline – tout le monde a le sourire – content de vous revoir et de savoir ce qu’il s’est passé de leur côté.

Descente à pied au camping pour prendre une douche express et se changer pour aller diner – les pizzas sont déjà là. Au gîte de Guchen, content de retrouver en plus Lolo/Fafa et les filles, Annelise et les garçons. Nous échangeons nos galères, nous sommes tous les trois rouges sur le visage. Flo est annoncé dans peu de temps à l’arrivée, départ d’Annelise Hélène et Thom. Repas englouti (super dessert les filles), nous remontons pour voir les arrivées de Nico, Pascal et des autres participants. Florent va bien, aucune souffrance sur son visage. Je vais voir Miche au PC sécu, tout s’est bien passé, je lui fais part de la beauté mais également des difficultés de la course – il semble être content de ce débriefing à chaud et m’indique que les Pyrénées c’est cassant oui oui ! Je monte à la rencontre de Nico et nous effectuerons les 400 derniers mètres ensemble, il en a ras le bol mais content de faire les derniers hectomètres avec quelqu’un. Je croise Caro (toujours le sourire aux oreilles) qui m’indique que Patricia devrait arriver – je monte à sa rencontre pour effectuer les 400 derniers mètres avec elle aussi : elle va bien, mal au bras gauche et file direction kiné après remise du t-shirt finisher. Il est pas loin de minuit, Patrick et moi allons nous coucher – nous ne verrons pas l’arrivée de Pascal. Dimanche 28/08 : Nuit très difficile pour moi, dormi peut-être à peine 5h en cumulé. Le gsm ne veut toujours pas se rallumer ! 8h douche et je file à Vielle Aure pour déjeuner, je ne marche vraiment pas vite. Le gsm refonctionne !!! Je retrouve JP/Josette, Alain/Karen, Jacqueline, Patrick, Tito pour la remise des prix. Cérémonie qui commence par une ovation aux coureurs du raid 220km/16000mD+. Karen monte sur le podium pour sa première place au scratch SF, petit interview ICI


Récit de l’ultra du Grand Raid des Pyrénées 2011 – 160km/10000mD+

Super repas de fin sous le chapiteau – y en avait pour trois régiments ! Le repas est pris sur la pelouse du terrain de rugby avec Patrick et Tito. C’est le retour pour Patrick, il ne reste qu’à plier les tentes – grands moments de solitude pour plier la 2" ! Le soir, direction le gite de Guchen pour diner en compagnie de Thom et Pascal – gros coup de frayeur en croyant que Nico avait gardé les clefs du gite… Lundi 29/08 : Retour des clefs à l’agence à St Lary et retour sur Marseille pour Pascal et Thom en passant par Carcassonne pour un cassoulet. Je retrouve Caro et Patricia au camping, pour séchage et pliage de tente. Retour vers l’Idf avec une route plus longuette qu’à aller – les filles m’avaient laissé un oreiller j’ai pu dormir à ma guise. L’approche de l’Idf est compliquée mais les bouchons sont évités grâce à la connaissance des routes alternatives. Un A bientôt aux filles et me voilà dans le RER à Massy-Palaiseau pour un retour à l’appart. Content d’avoir fait un break de quelques jours et un retour en Idf avec plein d’images et de souvenirs en tête. Enseignements : - Comprendre d’où vient ce problème de releveur : à creuser des étirements à faire (je n’en fais plus depuis longtemps) et à confirmer une corrélation avec les chaussettes haute. - (tautologie) Se couvrir dès qu’il commence à faire mauvais temps, - (tautologie) Etre moins à l’arrache pour le logement, j’ai eu beaucoup de chance, - (tautologie) Ne pas sous estimer les Pyrénées.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.