Adventist World March 2024 French

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03/2024

Stephen Smith et le témoignage dans la malle

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Des étapes empreintes d’amour

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« Le plus béni de tous »

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Une discipline rédemptrice

10 Une perspective rédemptrice

Daniel Gambo Dauda

14 Stephen Smith et le témoignage dans la malle

Arthur L. White

16 Des étapes empreintes d’amour

Ramon J. Canals

18 Justice. Miséricorde. Humilité.

Paul H. Douglas et Ted N. C. Wilson

Couverture : sezer66 / iStock / Getty Images Plus / Getty Images

22 Foi en action

« Le plus béni de tous »

Beth Thomas et Arthur Weaver

24 À la découverte de l’Esprit de prophétie

« Afin que tous soient un »

Tim Poirier

26 La Bible répond

La souveraineté de Dieu dans un monde fragmenté

27 Santé & bien-être

Que la nourriture soit ton médicament

28 « Je vais vous raconter… »

« S’il te plaît, mon Dieu »

30 Foi en herbe

La légende

Correction

Dans le numéro de janvier 2024, les fondateurs de Canvasback Missions, Inc. ont été cités à tort. Jamie et Jacque Spence ont lancé le ministère au début des années 1980.

Le grand équilibre entre la fermeté et la douceur

Que ce soit dans l’administration, la gouvernance, la société civile, ou même l’éducation des enfants, on obtient de bons résultats lorsqu’il y a un équilibre entre la fermeté et la douceur. La fermeté comprend les règles, la loi, la justice, l’ordre, l’adhésion, la stabilité, la préséance, et la discipline ; la douceur, elle, la compassion, le pardon, la compréhension, la sympathie, la nuance, les conditions, et la miséricorde. Un juste équilibre permet d’éviter les extrêmes : trop de fermeté entraîne la rupture, tandis que trop de douceur ne permet pas de tirer des leçons, de changer, ou de progresser. D’accord, mais comment atteindre cet équilibre ?

Par exemple, vous avez peut-être été arrêté par la police pour une infraction mineure au code de la route. La fermeté se dresse devant vous : la loi. L’équilibre consisterait à payer une amende proportionnelle à l’infraction. Mais si vous étiez en excès de vitesse parce que vous étiez en train de conduire en urgence une femme enceinte à l’hôpital, la souplesse entrerait en scène pour compenser la fermeté, et l’équilibre s’ensuivrait. Si la loi exigeait que vous perdiez vos doigts pour un feu arrière brisé, on aurait là un déséquilibre. Si la loi vous obligeait à présenter de simples excuses après avoir provoqué un accident de la route impliquant 14 voitures, on aurait là aussi un déséquilibre.

La recherche de ce juste équilibre a été le grand objectif de l’histoire du droit. Les religions païennes, les sciences sociales modernes, et les philosophes de toutes les époques ont recherché cet équilibre. Les postmodernistes, eux, ont écarté la question gênante. La culture populaire nous divertit en présentant les extrêmes. Mais c’est dans le christianisme que l’on trouve la manifestation la plus claire de l’équilibre entre la fermeté et la douceur. Dans sa compréhension du métarécit de la grande controverse, l’adventisme présente (sans doute) ce grand équilibre sous son jour le plus large, depuis la perspective de l’univers.

La croix du Christ est le point culminant de la tension. Elle est la révélation parfaite du bien et du mal. C’est le lieu où la paix et la douleur coexistent. C’est le salut et la condamnation. C’est la beauté et l’horreur, la splendeur et le scandale, la majesté et la misère. La mort de Jésus montre la fermeté dans le maintien de la justice de Dieu, mais aussi la douceur qui révèle l’amour de Dieu pour l’humanité. « La bonté et la fidélité se rencontrent, la justice et la paix s’embrassent » (Ps 85.11).

En méditant sur la croix, les parents peuvent recevoir la perspicacité et la patience nécessaires pour réprimander leurs enfants avec amour et équilibre. Les églises peuvent recevoir l’indulgence et le cœur du Christ pour discipliner leurs membres avec rédemption. Les fédérations peuvent faire preuve d’équité, mais aussi de compassion, dans leurs relations avec les pasteurs et les églises. Les unions peuvent vivre les commandements et le caractère du Christ dans l’administration des institutions. L’Église mondiale et ses divisions peuvent faire preuve de la plus haute intégrité associée à la plus grande compassion pour mener à bien la mission du Christ jusqu’aux extrémités de la terre.

Cet équilibre ne se trouve pas à l’intérieur. Il n’est pas enchâssé dans la connaissance, la culture, ou l’expérience. Il trouve sa source dans le grand fondement issu de l’extérieur : la croix de Jésus, auréolée de fermeté et de douceur.

2 Mars 2024 AdventistWorld.org

En Zambie, les équipes de Maranatha Volunteers International visitent plusieurs sites de puits par jour. Ils évaluent de manière préventive les puits existants que le ministère a aidé à forer et remplacent les pièces, au besoin. L’accès gratuit à l’eau multiplie les occasions de développement communautaire et les occasions missionnaires à travers le pays.

Sur le vif
3 AdventistWorld.org Mars 2024

Plus de 1 600

Le nombre de personnes qui ont assisté le 21 décembre dernier à un concert sur le thème de Noël organisé par l’église adventiste Quisqueya Central à Saint-Domingue, en République dominicaine, au Sambil Event Hall. Cet événement gratuit de deux heures et demie, intitulé « L’étoile de l’espoir », a été le plus grand événement communautaire organisé par l’église en 2023. C’est la première fois en 15 ans qu’elle organise un événement d’évangélisation en dehors de son temple afin d’accueillir un public plus nombreux.

120 ans

La durée de la mission adventiste en Corée du Sud. L’Union des fédérations coréennes entend faire de cet anniversaire un catalyseur pour rajeunir les efforts missionnaires. Un large éventail d’activités commémorant les 120 ans de mission dans le pays est prévu pour 2024. Dans le cadre de cet événement commémoratif et de ses initiatives, on mettra l’accent sur la gratitude, l’honneur, la relance des missions, et la préparation de l’avenir.

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Médias sociaux

On a récemment demandé aux membres de l’Église adventiste s’il leur était difficile d’arrêter d’utiliser les médias sociaux lorsque cela s’avérait nécessaire.

141,418

14 % Je n’utilise pas les médias sociaux

15 % Pas du tout d’accord

28 % Pas d’accord

13 % Je ne suis pas sûr

22 % D’accord

8 % Tout à fait d’accord

Plus de 250

La distance en kilomètres qu’Henry Smith, membre du Ministère de la jeunesse, ainsi que les explorateurs Millicent Anna Stella Asane et Lawrence Manful ont parcourue à pied pour pouvoir participer au quatrième camporee des Explorateurs de la Division Afrique centre-ouest, lequel s’est tenu du 24 au 30 décembre. Parti le 21 décembre, le trio a parcouru plus de 250 kilomètres pour arriver à la cérémonie d’ouverture du camporee le 25 décembre. Ce pèlerinage, dirigé par Henry Smith, est une tradition depuis 1996 et a pour but de recueillir des fonds pour les orphelins.

« Nous avons été inspirés, enrichis, et responsabilisés. Cette étape de la tournée a servi de catalyseur pour faire avancer les conversations sur le Ministère des jeunes adultes au sein de notre union […], pour faire connaître ces incroyables adultes émergents qui ont une passion et un enthousiasme pour leur foi. »

— Gregory Taylor, directeur du Ministère de la jeunesse et des jeunes adultes pour l’Union des fédérations du sud, au sujet de la troisième étape du Young Adult LIFE Tour de la Division nord-américaine (NAD). L’événement a eu lieu à l’église Spring Meadows, dans le centre de la Floride, aux États-Unis, et constitue le cadre du discipulat des jeunes adultes de la NAD, dans lequel on met l’accent sur les points suivants : l’impact du leadership, les relations intergénérationnelles, le développement de la foi et la compassion au quotidien.

En bref
4 Mars 2024 AdventistWorld.org
Source 2022-23 Global Church Member Survey N =
« Je suis honoré d’avoir participé au 100e anniversaire du Séminaire et Institut adventiste d’enseignement supérieur du Pakistan. À travers le concours Quiz de la Cloche d’or sur le livre La grande controverse, j’ai pu ressentir la passion des jeunes Pakistanais qui aiment la Parole de Dieu. Et la cérémonie de baptême qui a eu lieu le sabbat après-midi a été une expérience inoubliable. »

— Ho Young Choi, directeur de la jeunesse de la Division Asie-Pacifique Nord, à propos de l’événement de réveil qui s’est tenu fin novembre au Séminaire et Institut adventiste d’enseignement supérieur du Pakistan, dans le district de Sheikhupura, dans l’État du Pendjab. Plus de 700 personnes se sont rassemblées chaque soir à l’église de l’université. À la fin de l’événement, 148 personnes ont été baptisées. Cette réalisation devrait contribuer à plus de 2 000 baptêmes au Pakistan en une seule année, ce qui serait une première dans l’histoire du pays.

« Sa passion et son engagement étaient évidents. Son amour et son zèle l’ont poussée à se battre pour le bien-être [des femmes]. Elle s’est battue pour donner aux femmes du monde entier les moyens de devenir fortes spirituellement, mentalement et physiquement, afin de donner naissance à une génération de femmes encore meilleure pour la gloire de Dieu. »

— Dinorah Rivera, ancienne directrice du Ministère des femmes de la Division interaméricaine, à propos du travail de Heather-Dawn Small. Heather-Dawn Small, dirigeante et militante de longue date de la cause des femmes adventistes, est décédée le 2 janvier des suites d’un cancer. Pendant plusieurs décennies, Mme Small a servi l’Église adventiste à divers titres. Elle a servi à Trinité-etTobago en tant qu’assistante du président de l’Université des Caraïbes du Sud et directrice du Ministère des enfants, et plus tard, en tant que directrice du Ministère des femmes de l’Union des fédérations des Caraïbes. En 2001, elle est devenue directrice adjointe du Ministère des femmes de la Conférence générale, et en a été élue directrice en 2005, poste qu’elle a occupé jusqu’à sa mort.

Le nombre d’années écoulées depuis l’établissement de l’Université adventiste de Washington (WAU). Cette université a été fondée en 1904 à Takoma Park, au Maryland (États-Unis). Au fil des ans, elle s’est consacrée à l’éducation, à la foi, et à la communauté. Pour marquer cette importante occasion, l’établissement a prévu divers événements et activités tout au long de l’année, lesquels permettront à la communauté de WAU de se rassembler et de célébrer l’héritage de l’université en matière de service, de leadership et de foi.

En bref
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Photo : David B. Sherwin/Adventist Review
120
5 AdventistWorld.org Mars 2024

La maison

d’édition coréenne publie des imprimés

en ourdou

Plusieurs projets récents de la Maison d’édition coréenne (KPH), domiciliée en Corée du Sud, soulignent son soutien aux efforts missionnaires adventistes, ont dit récemment les dirigeants de la Division Asie-Pacifique Nord (NSD) de l’Église adventiste.

Le 2 décembre 2023, lors du culte du sabbat à l’occasion du centenaire du Séminaire et Institut d’enseignement supérieur adventiste du Pakistan, les dirigeants ont consacré une série d’études prophétiques et bibliques en ourdou. Avec le soutien de KPH, ces initiatives et d’autres encore contribuent à apporter l’Évangile aux personnes d’expression ourdoue en Asie du Sud, et particulièrement au Pakistan, pays dont l’ourdou est la langue nationale, et dans laquelle s’expriment plus de 200 millions de personnes.

KPH a aussi soutenu la distribution de 10 000 exemplaires de Vers Jésus et de 3 000 exemplaires de Jésus-Christ – deux livres ayant pour auteur Ellen G. White, cofondatrice de l’Église adventiste. Le premier projet a été financé dans le cadre de la mission de publication indépendante de la maison d’édition, tandis que le second résulte d’une collaboration avec des partenaires faisant partie du corps pastoral, impliquant des frais de traduction, de production,

d’impression et de transport, ont rapporté les dirigeants.

L’engagement de KPH au Pakistan n’a rien de nouveau, puisque par le passé, la maison d’édition a déjà envoyé des imprimés adventistes au Pakistan – un pays où la plupart des habitants sont de confession musulmane.

Selon Gee Sungbae, président du Séminaire et Institut d’enseignement supérieur adventiste du Pakistan, la réponse à ce projet a été extrêmement positive. Il a souligné l’importance du livre Vers Jésus, le décrivant comme « un texte essentiel qui présente le cœur du christianisme aux musulmans qui manifestent de l’intérêt ». Ce livre, dit-il, a pour objectif de guider les chrétiens – qu’ils soient adventistes de longue date ou récemment convertis – loin des croyances syncrétiques, et vers une véritable compréhension de l’essence du christianisme.

« Jésus-Christ sera distribué aux dirigeants adventistes et aux protestants locaux. Par ailleurs, on l’utilisera comme guide d’étude biblique au séminaire », a-t-il ajouté.

Nam Soo-myung, directeur général de KPH, a aussi souligné le potentiel missionnaire de ces ressources.

Nam Soo-myung : « J’espère que ces livres serviront d’outil puissant pour répandre l’Évangile dans des pays tels que le Pakistan. À l’avenir, KPH prévoit de soutenir activement l’évangélisa-

Des imprimés adventistes sont désormais distribués au Pakistan et dans d’autres pays

tion. J ’invite donc toutes les églises et tous les croyants à s’intéresser de près à cette initiative et à s’y engager. »

En plus de KPH, des donateurs individuels ont généreusement fourni 1 000 exemplaires de la série d’études bibliques « Il est écrit ». Gee Sungbae : « Ces ressources sont conçues comme des guides d’étude pour les missionnaires, les pasteurs, et les membres d’église qui ont été formés. J’espère qu’elles s’avéreront précieuses dans le cadre des initiatives d’évangélisation, car de nombreux Pakistanais ont soif de découvrir la Bible. »

Ce n’est que récemment que la NSD a intégré le Pakistan à son territoire, suite à une demande votée par la division et soumise à la Conférence générale (GC) en 2022. Le 8 octobre 2023, lors du Concile annuel de l’Église adventiste, lequel s’est tenu à Silver Spring, au Maryland, les membres du comité exécutif de la Conférence générale (EXCOM) ont voté en faveur de ce changement.

Le Pakistan – une nation en majeure partie musulmane située dans le nord-ouest du sous-continent indien – a obtenu son indépendance de la domination britannique en 1947. Initialement, la région était divisée entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental. En 1971, le Pakistan oriental est devenu indépendant et a pris le nom de Bangladesh, tandis que le Pakistan occidental, lui, est devenu ce que l’on appelle aujourd’hui le Pakistan. Avec une population de 240 millions d’habitants, le Pakistan est le cinquième pays le plus peuplé du monde. Selon les statistiques, près de 97 pour cent de la population est musulmane, les chrétiens ne représentant qu’une petite minorité, dont moins de 20 000 membres adventistes baptisés.

Actualités
Division Asie-Pacifique Nord, et Adventist World Le 2 décembre dernier, des dirigeants de la Division Asie-Pacifique Nord et du Pakistan ont consacré des imprimés en langue ourdou au Séminaire et Institut d’enseignement supérieur adventiste du Pakistan.
6 Mars 2024 AdventistWorld.org
Photo : Division Asie-Pacifique Nord

Le

congrès « Meilleures, pas “Mara” » attire plus de 2 000 femmes en Zambie

Division Afrique australe/Océan Indien, et Adventist World

Les orateurs du congrès soulignent le rôle essentiel des femmes adventistes pour l’Église

À Monze, en Zambie, plus de 2 000 femmes adventistes de la Division Afrique Australe/Océan Indien ont adoré Dieu et ont été édifiées dans la communion entre sœurs lors d’un congrès régional.

Division

Pour de nombreuses femmes adventistes de la Division Afrique Australe/ Océan Indien (SID), la première semaine de septembre 2023 n’a pas été une semaine comme les autres.

Plus de 2 000 femmes provenant de six unions de l’Église adventiste du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe ont assisté à un congrès régional à l’Université Rusangu, près de Monze, en Zambie. Deux cent quatre-vingt-dix d’entre elles provenaient de l’Union des fédérations du Malawi. Le thème du congrès régional était « Meilleures, pas “Mara” [amères] ».

Margery Herinirina, directrice du Ministère des femmes de la SID, a été l’oratrice principale des moments de méditation. Elle a partagé avec les déléguées Ruth 1.20 et 2.11. Margery Herinirina : « Il est bon pour les femmes d’être meilleures et pas amères, car l’amertume dans le cœur est un poison qui consume les bonnes pensées. » Elle a aussi encouragé les femmes à garder espoir lorsqu’elles sont confrontées à des défis.

« Ayez confiance en Dieu et vous serez transformées », a dit Margery. Elle a poursuivi en encourageant les femmes à être gentilles les unes envers les autres, car grâce à leur gentillesse, des gens pourront être transformés et se mettre à faire confiance à Dieu.

Harrington Simui Akombwa, président de la SID, était présent lors du congrès. Il a dit qu’il était grand temps pour les femmes de se lever et de bril-

ler au nom du Seigneur. « Nous vivons dans un monde rempli de défis, mais levons-nous, brillons et prions, et les défis disparaîtront » a-t-il lancé.

D’autres dirigeants ont fait des présentations sur divers sujets. Trymore Mutimwii, directeur de l’économat de l’Union des fédérations de l’est du Zimbabwe, a parlé des femmes et de l’évangélisation. Gift Mweemba, pasteur à la retraite et dirigeant de l’Union des fédérations de l’Afrique du Sud, a aussi encouragé les participantes à être meilleures, et non amères. Gift Mweemba : « Les femmes doivent avoir une haute estime d’elles-mêmes parce qu’elles sont des individus à part entière. Ayez confiance en vous et sachez que vous pouvez faire mieux. […] Soyez fières de vous, car Jésus lui-même avait confiance en sa mère lorsqu’il était sur terre. »

Precious Milingo, membre de l’église adventiste Olive à Kampala, en Ouganda, et fondatrice de Utano Health Solutions, a présenté aux invités des sujets liés à la santé des femmes. Mercy Kumbatira, directrice exécutive de la Banque centrale du Malawi, a fait une présentation sur le thème des femmes et des finances. En ce qui concerne les femmes et la violence, Maimba Ziela, gestionnaire adjointe chez Lusitu Chamber et directrice des Ministères personnels de l’Union des fédérations du nord de la Zambie, a donné le conseil suivant : « Si vous êtes victime de maltraitance, ne vous cachez pas, ne

Indien gardez pas le silence. Allez chercher de l’aide. » En ce qui concerne les femmes qui sont sur le marché du travail et l’équilibre professionnel, Linda Sibanda, directrice du Ministère des femmes de l’Union des fédérations du nord de la Zambie, a conseillé aux femmes d’acquérir des compétences en matière de gestion du temps.

« Pour éviter l’épuisement, apprenez à valoriser ceux qui vous entourent et à travailler en équipe avec eux. Apprenez aussi à dire non. »

Nokanyo Lulu Ndholvu, originaire de l’Afrique du Sud, a été l’oratrice principale aux réunions de prière et aux réunions du soir. Nokanyo Lulu Ndholvu : « Chaque fois que nous sommes confrontés à des difficultés, choisissons l’espérance et la gratitude plutôt que l’amertume. Remercions Dieu en toute chose et notons par écrit les bonnes choses que le Seigneur nous a accordées. Si nous vivons dans un esprit de prière, nous éprouverons de la gratitude et nos enfants nous imiteront. »

Au cours de cet événement, les femmes ont participé à des activités extérieures. Elles ont visité l’Hôpital missionnaire de Monze, la prison de Monze, et l’école Choongo pour les enfants handicapés. Les femmes ont distribué des articles tels que des pantoufles, du savon, des livres, et de l’argent.

D’une durée de quatre jours, ce congrès a été clôturé par les cortèges des unions et des présentations culturelles.

Actualités
Photo : Afrique australe/Océan
7 AdventistWorld.org Mars 2024

Des jeunes adventistes du Canada répondent aux besoins des peuples autochtones

L’Agence de développement et de secours adventiste (ADRA) au Canada assure la gestion des situations d’urgence et le développement dans le monde entier. À bien des égards, cette agence est le reflet et le prolongement de l’Église adventiste dans le monde entier. Ce ne sont pas seulement les bureaux d’ADRA dans plus de 100 pays qui assurent le succès d’ADRA, mais aussi la communauté ecclésiastique dans son ensemble qui crée et anime la vision de ce à quoi peut ressembler le service à nos communautés.

Les jeunes et les jeunes adultes de l’Église adventiste au Canada avaient une vision de ce que voudrait dire faire bouger les choses chez eux : travailler à l’amélioration de la vie des gens en répondant concrètement à leurs vrais besoins. De cette vision est né un objectif : faire quelque chose pour aider les peuples autochtones d’une manière tangible, pratique et non manipulatrice, ce qui favorise une relation et une amitié véritables.

En 2023, quatre groupes de jeunes adventistes bénévoles se sont rendus dans diverses communautés autochtones du nord de l’Ontario. La relation de longue date qu’ADRA entretient avec Independent First Nations Alliance (IFNA) – une organisation partenaire sur le terrain – a permis à ces groupes d’adventistes de s’asso-

cier à des peuples autochtones pour effectuer un travail significatif et pratique sur la prévention des incendies et la sécurité en matière d’incendie. C’est là un sujet qui tient à cœur à de nombreux Canadiens, surtout après une année marquée par des feux de forêt d’une ampleur inattendue.

Aux côtés de Daniel Saugh, ancien directeur des programmes nationaux d’ADRA Canada, et de Randy Sidaoui, stratège en levées de fonds numériques et en médias sociaux, lesquels ont accompagné le groupe à Whitesand, les équipes de jeunes adultes adventistes ont répondu aux besoins et aux projets qui comptaient dans ces réserves.

Randy Sidaoui : « Notre objectif premier consistait à être solidaires des communautés autochtones qui travaillent à la prévention des incendies, à la protection et à l’aide au rétablissement. C’était aussi l’occasion d’apprendre de ces peuples leurs précieuses techniques de préservation des terres. Notre équipe remplie d’enthousiasme les a aidés à installer des systèmes d’alarme-incendie dans des maisons qui n’en avaient pas. Elle a aussi déblayé des broussailles sèches et d’autres débris d’un pare-feu.

Les équipes ont aussi vérifié les systèmes d’alarme-incendie déjà installés pour s’assurer qu’ils fonctionnaient toujours, et ont effectué

Ce partenariat d’ADRA a contribué à la réalisation d’un projet de sécurité en matière d’incendie

diverses tâches pour soutenir les travailleurs du coin : nettoyage des camions et de la caserne, numérotation et mise à jour des informations sur les maisons de la région pour améliorer l’efficacité de la réponse aux catastrophes, et fourniture de repas aux travailleurs en guise d’amitié.

Avant de travailler aux côtés de personnes issues de ces nations, les membres de l’équipe ont reçu une formation. Les organisateurs les ont encouragés à suivre le programme de formation Four Seasons of Reconciliation (Les quatre saisons de la réconciliation), créé par l’Université des Premières Nations et mis à disposition par le Bureau des ministères indigènes de l’Église adventiste canadienne. Ces ressources de formation ont permis de garantir que les échanges entre les bénévoles canadiens et les populations autochtones soient aussi respectueuses et amicales que possible.

Randy Sidaoui : « Ça a été un voyage incroyable au cours duquel nous avons rencontré des gens étonnants et accueillants. Nombre de jeunes que nous y avons rencontrés sont très attachés à leur communauté et travaillent d’arrache-pied pour protéger ceux qui les entourent. Cette expérience parmi des indigènes pendant une semaine, le fait de manger avec eux et de participer à l’une de leurs cérémonies traditionnelles a été une véritable bénédiction et une expérience qui nous a ouvert l’esprit. Les meilleurs moments de cette expérience ont été l’accueil chaleureux que nous avons reçu dans la communauté, et l’occasion de forger des liens qui, nous l’espérons, deviendront de nouvelles amitiés pour la vie. »

Actualités
ADRA Canada a contribué à ce que des jeunes adventistes passent du temps avec les peuples autochtones du nord de l’Ontario et apprennent d’eux.
8 Mars 2024 AdventistWorld.org
Photo : ADRA Canada

Gros plan sur la mission

César et Gaby Martínez, deux influenceurs des médias sociaux, ont réalisé leur rêve de visiter la Terre Sainte. Cette aventure a donné lieu à une série télévisée diffusée sur Hope Channel Interamérique.

Comment un voyage en Terre Sainte est devenu une source d’inspiration

La visite d’un jeune couple fait désormais l’objet d’une série télévisée sur Hope Channel Interamérique

Un jeune couple adventiste du Mexique a trouvé une façon attrayante de marcher sur les pas de Jésus : partager son voyage de rêve en Terre Sainte à travers ce qui est devenu une série télévisée sur Hope Channel Interamérique.

Lorsque César Martínez, 30 ans, et Gaby Chagolla, 26 ans, se sont mariés en 2019, ils avaient un rêve : profiter au maximum de leur lune de miel en faisant un voyage en Terre Sainte, en Israël. Après avoir constaté qu’ils ne disposaient pas de fonds suffisants, ils ont quitté Tuxtla Gutiérrez, dans l’État du Chiapas, et se sont trouvé de nouveaux emplois. Ils ont travaillé à fond et fait des épargnes. Un soir de 2021, alors qu’ils étudiaient le livre de Jean avec des amis, César et Gaby se sont sentis à nouveau inspirés par l’idée de visiter Jérusalem et ses environs. Estimant que ce rêve était réalisable, ils ont décidé de le remettre entre les mains de Dieu.

« Nous voulions vivre une expérience spirituelle non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour

la partager avec les autres », a dit César. À cet effet, ils ont échafaudé un plan. Ils allaient faire ce voyage et le diffuser sur la chaîne YouTube Séptima Estación (Station 7) de Gaby. Sur cette chaîne, elle partage des versets bibliques, des leçons spirituelles, et des messages positifs avec ses plus de 30 000 adeptes. « Nous voulions être sûrs que le contenu puisse toucher un grand nombre de personnes », a expliqué Gaby.

César est d’accord. « Alors que nous continuions à prier pour notre rêve, notre mode de vie a changé. Nous avons commencé à mettre de l’argent de côté, à revoir nos dépenses à la baisse, et à faire confiance à Dieu. »

Après avoir économisé tout ce qu’ils pouvaient pendant un an, ils ont acheté leurs billets. Puis, ils ont commencé à faire des recherches plus approfondies sur leur voyage et à trouver des informations à partager. Et ils ont intitulé leur aventure en Terre Sainte Pase de Abordar (Carte d’embarquement).

Alors qu’ils pensaient d’abord à toucher des gens en ligne, ils se sont ensuite demandé : « Pourquoi ne pas viser un public plus large ? » « Nous en avons parlé aux dirigeants de Hope Channel Interamérique. Ils ont aimé l’idée, et un autre rêve est né : la production d’une série télévisée », a dit Gaby. En novembre 2022, César et Gaby se sont rendus à Jérusalem et ont filmé six épisodes couvrant la Galilée, Bethléem, le jardin de Gethsémané, et d’autres lieux bibliques importants.

« Nous avons partagé chaque étape de notre voyage avec notre auditoire sur les médias sociaux. Les réactions venant d’un aussi grand nombre de personnes nous sont allées droit au cœur », a poursuivi Gaby.

Leur expérience a comporté de nombreux moments marquants. « Il n’y a rien de plus beau que de voir les endroits où Jésus est allé et de voir de nos propres yeux des preuves historiques mentionnées dans la Bible », a ajouté César.

Pour Gaby, commencer le sabbat du septième jour devant le mur des Lamentations dans la vieille ville de Jérusalem et visiter l’église adventiste la plus proche a été une expérience inoubliable. « Le jour du sabbat, nous avons participé à une belle fête spirituelle et apporté nos louanges à Dieu », a-t-elle dit.

Le public a réagi positivement à l’émission « Carte d’embarquement », ce qui a été une véritable bénédiction, a expliqué Gaby. « Les gens nous ont remerciés et ont dit qu’ils avaient regardé chaque épisode avec leurs collègues, leurs amis, et leurs familles. »

Selon Abel Márquez, directeur exécutif de Hope Channel Interamérique, l’émission « Carte d’embarquement » est la première série diffusée sur Hope Channel Interamérique qui se veut plus pratique, sociale, et axée sur les jeunes. « Nous avons là un couple désireux de partager le message d’amour et d’espérance trouvé en Jésus. Et nous apprenons de leur expérience. »

Image : Leslie Torres/HCIA Libna Stevens, Division interaméricaine, et Adventist World
9 AdventistWorld.org Mars 2024

Une perspective rédemptrice

La discipline ecclésiastique dans Matthieu 18

10 Mars 2024 AdventistWorld.org
Sous les projecteurs
Les éléments du processus suggèrent à quel point l’humanité et les relations humaines sont précieuses pour Dieu.

La Bible propose des lignes directrices sur la manière dont nous devrions nous comporter les uns envers les autres à tous les niveaux. Rétablir les pécheurs – quelle que soit la gravité de leur faute – dans une relation salvatrice avec Christ est une tâche qui incombe à l’Église1. Ce fait se reflète dans les divers aspects de l’enseignement du Christ, car sa vie et ses enseignements étaient centrés sur le salut. Par exemple, lorsqu’on lui a demandé pourquoi il fréquentait ceux qui étaient considérés comme malhonnêtes dans leurs transactions (les collecteurs d’impôts) et les parias (les pécheurs) de la société, il a répondu sans équivoque en soulignant le but de sa mission, à savoir sauver les pécheurs (Lc 5.31,32). Cela définit donc le but de l’existence de l’Église : fournir un environnement propice au renouvellement ou à l’amélioration d’une relation avec Christ par le biais de la communauté.

Matthieu 18 présente quelques étapes menant à un effort significatif pour racheter les pécheurs. Les éléments du processus suggèrent à quel point l’humanité et les relations humaines ont de la valeur aux yeux de Dieu. À la lumière de ce qui précède, l’empressement à satisfaire aux exigences des procédures et des règles ecclésiastiques en matière de discipline ne doit pas éclipser de la communauté des croyants l’objectif rédempteur de son existence.

LA JURISPRUDENCE BIBLIQUE

Les exemples de discipline – qu’elle soit imposée directement par Dieu ou des individus sous ses ordres – abondent dans la Bible. Les péchés de Nadab et Abihu –deux des fils d’Aaron – ont immédiatement suscité la colère de Dieu (Lv 10). Jéroboam, fils de Nebath, a été frappé pour sa rébellion (2 Ch 13). Les péchés de Jézabel (2 R 9) ont attiré le déplaisir de Dieu. Voici d’autres exemples : la désobéissance d’Uzza (2 S 6), l’ordre formel de Dieu de mettre à mort les faux prophètes (Dt 13), la profanation du sabbat (Ne 13.15-22), l’adultère et la bestialité, eux aussi punis de mort (Lv 20). Samson a été puni pour son péché de lascivité (Jg 16-18) et David a été châtié par Dieu (2 S 12.9,10).

Les Juifs du Nouveau Testament exerçaient la discipline ecclésiastique, comme en témoigne la crainte des parents de l’aveugle d’être exclus de la synagogue (Jn 9) par les dirigeants juifs (verset 22). La mort d’Ananias et de Saphira, sa femme, survenue suite à leur désobéissance délibérée aux principes établis en matière de dons (Ac 5), suggère aussi l’existence d’une discipline ecclésiastique. Un autre exemple tiré du livre des Actes est la convocation d’Étienne devant le conseil juif, laquelle a abouti à son assassinat (Ac 6 ; 7). Les épîtres de Paul donnent, eux aussi, des aperçus de la discipline ecclésiastique. Le plus pertinent d’entre eux se trouve sans doute dans 1 Corinthiens 5.1-12, où Paul reproche à l’église sa tolérance à l’égard d’un membre qui avait des relations sexuelles avec sa belle-mère. Paul a clairement indiqué qu’une telle personne devait être radiée de l’église. Au sujet de ceux qui suscitaient la controverse dans l’Église, l’apôtre Paul a recommandé de prendre des mesures disciplinaires (Tt 3.10,11 ; figurent au nombre d’autres passages apparentés 1 Tm 1.19 ; 5.19-21 ; 2 Th 3.14,15 ; Ga 6.1 ; 2 Co 2.6-8). L’AMOUR,

FONDEMENT DE LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
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Frank
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Selon Matthieu, il y a trois étapes à franchir pour racheter une âme égarée. Tout d’abord, il faut faire savoir à l’offenseur qu’il a mal agi (Mt 18.15). Si cet effort ne donne pas le résultat escompté, il faut alors faire venir un ou deux témoins (v. 16). Si cet effort de réconciliation échoue à nouveau, l’Église doit être informée de la situation (v. 17). À ce point, l’offenseur risque de perdre son statut au sein de la communauté : s’il reste sourd aux conseils prodigués, il assumera alors la position de « collecteur d’impôts » et de « publicain »2. Certains peuvent penser que cette troisième étape conduit à la radiation, à l’abandon ou à une autre forme de relégation sociale. Cela ne semble toutefois pas être le cas, car le pécheur ne doit pas être méprisé ou négligé, quelle que soit l’énormité de la faute commise3. Au contraire, une nouvelle phase d’éducation, de soins et d’élagage de la part de l’Église s’offre à lui.

On retrouve une idée semblable dans Hébreux 12.4-13, où les mesures correctives forment une confluence entre la discipline et l’amour. L’amour, en tant que fondement de l’administration de la discipline, est essentiel pour atteindre son objectif idéal. Accentuant encore la base de la discipline, Paul souligne à juste titre que ceux qui ne sont pas disciplinés ne sont pas convenablement greffés dans la famille de Dieu, car la démonstration de l’amour de Dieu pour ses enfants se reflète aussi dans le châtiment qu’ils reçoivent de sa part (v. 8). Il convient toutefois de noter que Dieu ne désire pas soumettre ses enfants à un état perpétuel d’aliénation de la pleine communion de l’Église, mais plutôt les inciter à faire l’expérience d’une condition spirituelle plus saine.

L’idée d’établir une affaire devant plus d’un témoin (Mt 18.16) fait écho à Deutéronome 19.15 : « Un seul témoin ne suffira pas contre un homme pour constater un crime ou

un péché, quel qu’il soit ; un fait ne pourra s’établir que sur la déposition de deux ou de trois témoins. » Les dépositions des témoins vont soit libérer l’accusé (le délier), soit l’emprisonner (le lier). Dans le texte grec, Matthieu 18.18 se traduit par « aura été lié » et « aura été délié », et transmet l’idée que toute décision terrestre est déterminée ou guidée par la décision d’en haut4. Implicitement, la ratification au ciel de la décision de l’Église dépend de l’adhésion de cette dernière aux principes énoncés dans la Bible – l’amour, la compassion et la sollicitude – pour traiter les égarés.

LA SOLLICITUDE POSTDISCIPLINAIRE

« Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux5. » (Mt 18.19) « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (v. 20) Le sens contextuel de cette déclaration n’est sans doute pas très éloigné des deux témoins mentionnés dans les versets précédents (15,16). Ainsi, la réunion des deux témoins a pour but de résoudre une question litigieuse ; la réconciliation est donc fortement attendue. Le système judiciaire juif exige que les deux témoins soient les premiers à exécuter le jugement du tribunal (Dt 17.7), à proposer une réconciliation, et/ou à offrir une « prière d’exécration lors de la radiation juive ; ou bien elles peuvent représenter des prières pour le repentir et le pardon consécutif de la personne radiée »6

En rejetant le conseil de l’Église, l’égaré s’est séparé lui-même du corps des croyants et a relégué son statut au niveau de « païen et [de] publicain » (Mt 18.17). Cela n’implique pas que l’égaré soit négligé, puisque les païens et les collecteurs d’impôts n’ont pas été exclus du plan de salut, comme Jésus l’a démontré lorsqu’il

a été pointé du doigt alors qu’il mangeait avec des pécheurs et des collecteurs d’impôts et s’associait à eux (Mc 2.13-17). La nature inclusive de l’œuvre du salut exige qu’on mette en place tous les mécanismes nécessaires pour garantir un effort en vue de récupérer la personne égarée, tout comme cela pourrait être fait pour un païen ou un collecteur d’impôts qui a un besoin urgent d’un sauveur. Les croyants doivent veiller à ne pas donner à l’égaré une raison de se sentir traité de façon injuste. De même, les membres doivent faire preuve de prudence afin de ne pas s’associer au péché en participant au mal ou en l’approuvant ultérieurement par une forme quelconque de fausse sympathie.

LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE CONTEMPORAINE

ET

MATTHIEU 18.15-20

Dans le processus d’administration de la discipline ecclésiastique, les Écritures décrivent clairement les étapes à suivre. Au chapitre des mesures disciplinaires, le principe le plus important pour l’application de Matthieu 18.15-20 dans l’Église contemporaine est que la discipline a pour but de racheter un croyant égaré. Il ne s’agit pas simplement de satisfaire aux exigences de la politique de l’Église, telle que décrite dans le Manuel de l’Église, lequel peut indiquer qu’une action est nécessaire. Selon Glenn Waddell, « chaque étape de Matthieu 18.1-17 […] doit être franchie dans le but et l’esprit de promouvoir la repentance, la réconciliation et la restauration au sein de la communauté de l’alliance »7. La position adoptée par les « païens » ou les « collecteurs d’impôts » impénitents place l’Église dans un état de responsabilité plus élevé pour assurer le salut du membre égaré, tout comme elle le ferait pour un païen. C’est là la raison même de l’existence de l’Église. Wyman L. Richardson postule que « c’est, après

12 Mars 2024 AdventistWorld.org

tout, aux païens et aux collecteurs d’impôts, à des personnes indignes que l’espérance de l’Évangile a été offerte en Christ. Nous devons donc traiter notre frère déchu comme un missionnaire traiterait quiconque n’a pas entendu l’Évangile. Nous devons lui expliquer l’Évangile, lui réapprendre ce que signifie être chrétien, et plaider avec lui pour qu’il revienne8 »

LES BÉNÉFICES DE LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE

Les mesures disciplinaires sont bénéfiques lorsqu’elles sont prises sous les auspices du Saint-Esprit. Dans certains cas, les membres corrigés en viennent à apprécier l’intervention lorsqu’ils comprennent qu’elle avait pour but de les aider spirituellement. La discipline donne aux membres errants l’occasion de s’enraciner plus profondément dans la foi tandis qu’ils prennent plus au sérieux les enseignements et les instructions religieuses. En outre, les mesures disciplinaires contribuent à dissuader les autres de suivre l’exemple d’un mauvais comportement, et du coup, à protéger la communauté des croyants. Comme Paul l’a recommandé à Timothée : « Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte. » (1 Tm 5.20)

La discipline ecclésiastique offre à l’Église la possibilité de vivre une relation meilleure et plus solide avec Jésus et les uns avec les autres. « Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle » (1 Co 5.7). Lorsque la discipline est administrée avec amour et selon les directives énoncées dans les Écritures, elle peut préserver l’intégrité spirituelle et morale de l’Église. Ellen White souligne que « le mal doit alors apparaître tel qu’il est et être éliminé afin qu’il ne se répande

pas de plus en plus »9. En outre, la discipline ecclésiastique favorise la croissance spirituelle et la prospérité de l’Église10. La rédemption d’un pécheur de la puissance du péché et de ses conséquences est au cœur même du plan du salut pour l’humanité (Col 1.12,13).

CONCLUSION

L’Église est un moyen inestimable de faciliter le salut des gens. Les actions disciplinaires sont des mesures correctives qui devraient créer une atmosphère de rédemption pour les égarés. En même temps, la discipline ecclésiastique aide à maintenir un niveau élevé d’horreur du péché – horreur qui a tendance à jeter l’opprobre sur la cause de Dieu et, par conséquent, à ternir son appellation de « lumière du monde ». Chaque membre de la communauté a la noble responsabilité d’aider les égarés, en tant que candidats pour le ciel, à revenir sur leurs pas et à retrouver une relation salvatrice avec Dieu. Il est du ressort de l’Église de mettre en place des mécanismes pour donner de l’espoir aux égarés, ainsi que des moyens pour les aider à surmonter leurs tendances au péché.

1 Ellen G. White, Témoignages pour l’Église, vol. 3, p. 234.

2 Roger E. Dickson, Dickson’s Teachers Bible: International King James Version With Commentary and Encyclopedic Study Guide, Le Cap, Afrique du Sud, Africa International Mission, 2001, p. 1109.

3 “The Seventh-day Adventist Bible Commentary, éd. Francis D. Nichol, Washington, D.C., Review & Herald Pub. Assn., 1980, vol. 5, p. 448.

4 Ibid.

5 Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.

6 Craig S. Keener, The IVP Bible Background Commentary: New Testament, p. 91.

7 Glenn G. Waddell, « The Meaning of Matthew 18:17B in Its Historical and Literary Context and its Application in the Church Today », Reformed Theological Seminary, 2014, p. 71.

8 Wyman Lewis Richardson, Walking Together: A Congregational Reflection on Biblical Church Discipline, Eugene, Oreg, Wipe & Stock, 2007, p. 101.

9 E. G. White, Témoignages pour l’Église, vol. 3, p. 237, 238.

10 Ibid.

Daniel Gambo Dauda, titulaire d’un doctorat en philosophie, est chargé de cours au Département des études religieuses de l’Université Babcock, au Nigeria.

La ratification au ciel de la décision de l’Église dépend de l’adhésion de cette dernière aux principes énoncés dans la Bible – l’amour, la compassion et la sollicitude.
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Stephen Smith, un adventiste convaincu de la vérité, décida un jour de suivre sa propre voie. Son histoire dans les lignes qui suivent révèle comment la jeune Église adventiste a traité la discipline ecclésiastique et comment le Saint-Esprit a opéré en Stephen Smith un changement spirituel. – La rédaction

En 1850, Stephen Smith, originaire d’Unity, dans le New Hampshire, se mit à faire la promotion de sa foi. Mais à cette époque, comme c’est parfois le cas aujourd’hui, des voix discordantes se firent entendre, car de temps en temps quelqu’un venait apporter une soi-disant nouvelle lumière. Stephen Smith fut alors séduit par un enseignement erroné. Il refusa d’accepter les avertissements, adopta d’autres idées étranges, et se rangea dans les rangs de l’opposition. Lors d’une conférence à Medford, au Massachusetts, James et Ellen White furent confrontés à son activité.

James écrit : « À notre arrivée, la division régnait parmi les frères, et pour cause : ils avaient reçu la visite de Stephen Smith et de Josiah Hart. Ces deux hommes avaient tenté de les dresser contre nous. Même si leur tentative avait eu un impact négatif, nous avons poursuivi la réunion.

« L’essentiel de la réunion a consisté

Au premier plan

à désigner les erreurs de S. Smith et de H. W. Allen, et à montrer combien il importait que l’Église prenne des mesures face à l’attitude de certains frères. Dans une vision, Dieu a montré à Ellen que sa colère était sur nous en tant que peuple. Pourquoi ? Parce qu’il y avait de l’interdit dans le camp – c’est-à-dire des erreurs parmi nous – et que par conséquent, l’Église se devait d’agir, et que la seule façon de faire du bien aux frères Allen et Smith dans leur position était de les retrancher de la communauté de foi. Tous ont agi en fonction de la lumière donnée, tous ont accepté la vision, et tous, à l’unanimité, ont levé la main pour les radier de l’Église. »

LA FÉDÉRATION DE WASHINGTON, AU NEW HAMPSHIRE

Ellen White décrit en détail une réunion à Washington (1851) en donnant des aperçus révélateurs de ce qui s’y est passé.

Stephen Smith et le témoignage dans la malle

« À Washington, le Seigneur a pris lui-même la direction de la réunion. Stephen Smith et E. P. Butler ainsi que 75 autres, tous dans la foi, étaient présents. Stephen Smith était animé d’un esprit erroné J. Hart et lui-même avaient farci l’esprit de beaucoup d’entre eux de préjugés contre nous ; de faux rapports avaient circulé. Ceux qui composaient ce groupe avaient sombré et perdu la puissance du message du troisième ange. Ils étaient malades et n’en connaissaient pas la cause. La raison, c’est qu’il y avait de l’interdit dans le camp et que, avec l’aide de Dieu, nous essayions de l’en ôter.

« Le sabbat, j’ai été ravie en vision. L’état des choses m’a été révélé à Washington, ce que je leur ai clairement déclaré. La vision a eu un effet puissant. Tous ont proclamé leur foi dans les visions – à l’exception des frères E. P. Butler et S. Smith. Nous en avons tous conclu qu’il était de notre devoir d’agir et, par un vote unanime des frères, S. Smith a été exclu de l’Église jusqu’à ce qu’il abandonne à jamais ses opinions erronées. »

Environ un an après avoir été radié, Stephen Smith se rendit compte de ses erreurs, confessa son péché et fut rétabli au sein de l’Église (1852). Ce revirement perdura pendant quelques mois, après quoi, il s’attacha de nouveau à des opinions erronées, ce qui aboutit de nouveau à sa radiation de l’Église. En 1857, il revint dans le droit chemin pour, hélas, une courte période seulement.

Quelque part dans les années 1850, après l’une de ses défaillances, Ellen White lui avait écrit un témoignage dans lequel elle l’avertissait de

La maison de Stephen Smith à Unity, au New Hampshire (États-Unis), située à environ 20 kilomètres de l’église de Washington, au New Hampshire.
G. White Estate Photo : Ellen G. White Estate
Stephen
Smith Ellen

ce que serait sa vie s’il persistait dans cette voie. Craignant que cette lettre ne fût un témoignage de réprimande, il décida de ne pas la lire. Il quitta le bureau de poste, rentra chez lui et la rangea, intacte, au fond d’une malle.

Pendant près de 30 ans, Stephen Smith resta en dehors de l’Église S’opposant à ses anciens frères, il se montra méchant et tranchant dans ses critiques. Comme sa femme, elle, était restée fidèle, la Review parvenait à leur domicile chaque semaine. Un jour, Stephen prit la revue et y lut un article d’Ellen White. Il continua à lire ses articles dans les numéros subséquents. Ils parlèrent à son cœur, lequel commença à s’adoucir.

RÉVEIL ET RÉFORME

En 1885, E. W. Farnsworth organisa des réunions de réveil à l’église à Washington. Stephen Smith parcourut 20 kilomètres pour assister à la réunion du sabbat. À la fin du sermon, il se leva et demanda la parole. L’auditoire, sur ses gardes, s’attendait à un déferlement de critiques et de méchancetés de sa part.

« Mes frères, je ne veux pas que vous ayez peur de moi, dit-il. Je ne suis pas venu pour vous critiquer. J’ai abandonné ce genre de comportement. » Et alors, il passa en revue le passé, sa haine de l’organisation ecclésiastique, son adhésion à différents partis d’opposition qu’il avait vus s’effondrer l’un après l’autre, suite à quoi leurs sympathisants s’étaient retrouvés dans la confusion. « Les faits, dit-il, sont incontestables : ceux qui se sont opposés à cette œuvre ont échoué, tandis que ceux qui l’ont soutenue ont prospéré, se sont affermis, sont devenus davantage consacrés et à l’image de Dieu. Par contre, ceux qui s’y sont opposés n’ont

appris qu’à se battre et à débattre. Ils ont perdu l’essence même de leur religion.

« Aucun honnête homme ne peut s’empêcher de voir que Dieu est avec eux et contre nous. Je veux être en communion avec ce peuple dans mon cœur et au sein de l’Église. » Stephen Smith se rappela alors de la lettre d’Ellen White qui se trouvait dans sa malle. De retour chez lui, il ouvrit cette dernière et prit l’enveloppe. Il la décacheta et en lut le contenu.

Il retourna à Washington le sabbat suivant, où il entendit E. W. Farnsworth prêcher sur le sujet de l’Esprit de prophétie. À la fin du sermon, il se leva.

« Mes frères, j’ai moi-même reçu un témoignage il y a 28 ans. Je l’ai emporté chez moi et l’ai rangé dans ma malle. Ce n’est que jeudi dernier que je l’ai lu. » Il précisa qu’il n’avait pas cru au témoignage, même s’il n’en avait pas lu un seul mot. Il avait eu peur de le lire parce qu’il croyait que ça le rendrait fou. Mais, dit-il, « c’est moi qui ai été fou, tout le temps, ou presque ».

« Frères, chaque mot du témoignage qui m’a été adressé est vrai et je l’accepte. J’en suis arrivé à croire qu’ils [les témoignages] viennent tous de Dieu. Si j’avais écouté celui que Dieu m’a

envoyé aussi bien que les autres, cela aurait changé tout le cours de ma vie, et j’aurais été un homme très différent.

« Tout homme honnête doit reconnaître que les Témoignages conduisent toujours l’homme vers Dieu et la Bible. S’il est honnête, c’est ce qu’il dira ; s’il ne le dit pas, c’est qu’il est malhonnête. Si je les avais écoutés, ils m’auraient évité bien des ennuis. Je pensais en savoir autant que les « visions d’une vieille femme », comme j’avais l’habitude de les appeler. À ma grande consternation, j’ai découvert que ces visions étaient justes et que l’homme qui pensait tout savoir se trompait sur toute la ligne. Puisse Dieu me pardonner ! Les témoignages sont justes, et, moi, j’ai tort.

« Frères, je suis trop vieux pour défaire ce que j’ai fait. Je suis trop faible pour me rendre à nos grandes réunions, mais je veux que vous disiez partout à notre peuple qu’un autre rebelle s’est rendu. »

Ainsi, un véritable changement s’est produit dans la vie et l’expérience de Stephen Smith, si bien qu’on se souvient de lui, dans les dernières années de sa vie, comme d’un adventiste aimable, doux et sincère.

Ce qui précède est tiré de The Early Years (1827-1862), par Arthur L. White, p. 216-218 ; 490-492.

AdventistHeritage.org 15 AdventistWorld.org Mars 2024
L’église de Washington, au New Hampshire, où le premier groupe d’adventistes observait le sabbat du septième jour.
Photo :

Sous les projecteurs

Des étapes empreintes d’amour

Réflexions sur une expérience disciplinaire

Dans une église dont j’étais pasteur au début de mon ministère, j’ai rencontré un ingénieur bien instruit et bien branché, issu d’une famille très aisée. Apparemment, les pasteurs qui m’avaient précédé n’avaient jamais abordé un problème concernant cet individu –problème dont tout le monde dans l’église était au courant. Ils n’avaient tout simplement pas trouvé le moyen d’y remédier ! Le problème touchait à l’observation du sabbat : cet homme travaillait le jour du sabbat. Il venait à l’église chaque fois qu’il le pouvait,

mais la plupart des sabbats, il travaillait. Et ça, l’église le savait.

Dans l’église, certains disaient : « On doit faire quelque chose là-dessus. Cet homme transgresse le sabbat. Comment peut-on demander aux gens d’observer la loi de Dieu alors qu’on lui permet de transgresser le sabbat, et qu’on ne fait rien depuis des années ? » D’autres, plus souples, disaient : « Il est encore jeune ! Et puis, n’oublions pas qu’il est très fidèle dans la dîme et les offrandes. » Inutile de dire que ça causait des problèmes au sein de l’église.

DES MESURES À PRENDRE Quand je suis arrivé à cette église, j’ai vu les deux côtés de la médaille. Et ça m’a obligé à m’interroger : « Qu’est-ce que je dois faire ? Quelle est ma responsabilité ? » En étudiant la Bible, l’Esprit de prophétie et le Manuel d’Ég lise, j’ai compris que je devais bouger. Pas à cause de ceux qui voulaient que je retire le nom de ce membre des registres ou que j’amène son cas devant l’église, mais bouger pour l’aider. Voici l’approche que j’ai choisie : ne pas m’en prendre sévèrement à cet homme en le menaçant

Photo : PeopleImages / iStock / Getty Images Plus / Getty Images 16 Mars 2024 AdventistWorld.org

de conséquences s’il ne se conformait pas au 4e commandement – ce que certains membres d’église auraient pourtant voulu que je fasse. Ils avaient fait pression sur les pasteurs précédents jusqu’à ce que ces derniers aient décidé de passer outre. Mais ce n’était pas une option pour moi.

D’abord, j’ai commencé à prier pour lui. Après un certain temps, je lui ai dit que je voulais lui rendre visite. Il était un peu nerveux parce qu’il avait deviné la raison pour laquelle je voulais le voir. Mais finalement, il a accepté. Lors de ma première visite, je n’ai même pas parlé du sabbat. J’ai juste eu une conversation amicale avec lui, j’ai prié avec lui et je suis parti. Il était très content car il se préparait à une confrontation. Lors de ma visite suivante, nous avons discuté, j’ai prié avec lui, et n’ai rien mentionné de sa situation avec le sabbat. Nous avons cependant parlé de sa vie spirituelle et de l’importance de grandir spirituellement. Nous avons aussi parlé de l’importance de la loi de Dieu. Au fur et à mesure de mes visites, nous avons établi un modèle de visite.

Finalement, lors d’une de nos visites, j’ai abordé la question du sabbat. « Eh bien, tu sais, m’a-t-il répondu, je fais ça depuis des années ! Bien des pasteurs sont passés par ici et ils ne m’en ont jamais parlé. » Apparemment, la compagnie pour laquelle il travaillait avait refusé de donner suite à sa demande de congé du sabbat. « Ils ont dit non. Ils ne peuvent pas me donner ce privilège parce que s’ils me le donnent, ils devront le donner aussi à d’autres employés. »

« Serais-tu prêt à réessayer ? lui ai-je demandé. Faisons de ça un sujet de prière. Ce n’est pas ce que je veux dont il est question ici, mais ce que Dieu veut pour ta vie. Ce n’est pas que l’église te dicte ton devoir, mais plutôt que tu puisses venir adorer Dieu à l’église le jour du sabbat. »

Mais il a résisté. « Non, ça ne m’intéresse pas vraiment. Je ne veux pas réessayer. »

À ce moment-là, je lui ai fait savoir que je n’avais d’autre choix que

d’apporter son cas devant l’église, et c’est elle qui trancherait ensuite la question. « Tu ne peux rien me faire ! » a-t-il rétorqué dans un ton de défi. Je lui ai assuré que je voulais seulement l’aider, lui et sa famille. Amener l’église à s’en occuper était l’étape suivante. Après avoir prié avec lui, je suis parti.

PARFOIS, ÇA MARCHE

Le sabbat suivant, il était à l’église. Rappelons-nous qu’auparavant, il ne venait à l’église qu’une fois par mois. Ce sabbat-là, il est venu et a demandé à me parler en privé. « Je tiens à te remercier de m’avoir aidé à voir ce que je ne voyais pas. Pendant des années, j’ai transgressé la loi de Dieu, sachant que je faisais quelque chose de mal. Même si je me sentais coupable, personne ne m’a jamais parlé comme tu l’as fait, alors je me suis énervé contre toi ! Mais maintenant, je me rends compte que tu essayais seulement de m’aider spirituellement et je tiens à t’en remercier. »

À partir de ce jour, il est venu à l’église avec enthousiasme chaque sabbat. Il a même dit aux membres d’église à quel point il était heureux que nous ayons été capables de discuter et de résoudre le problème sans avoir à impliquer l’église dans l’affaire.

Mon expérience m’a appris que des mesures peuvent être prises pour aider un frère égaré ou une sœur égarée avant d’en arriver à la discipline ecclésiastique. J’appelle ces mesures des étapes d’amour. On aime vraiment la personne concernée, on prie pour elle, on lui rend visite, on étudie la Bible avec elle, et on prend soin d’elle. En faisant ça, on n’aura peut-être pas à aller jusqu’aux mesures disciplinaires extrêmes de l’Église. Ceci dit, est-ce que ça marche toujours ? Malheureusement pas. Il se peut que certaines personnes disent : « Ça non alors ! Laisse tomber. » Mais parfois, ça marche ! Et c’est la bonne manière de le faire, car discipliner, c’est chercher à racheter nos semblables. Il ne s’agit pas de punir les gens pour leurs actes répréhensibles, mais plutôt de les rappeler à une bonne relation

Il ne s’agit pas de punir les gens pour leurs actes répréhensibles, mais plutôt de les rappeler à une bonne relation avec Jésus.

avec Jésus. Et quand ils répondent à l’appel, le ciel tout entier se réjouit, et les gens se réjouissent aussi.

Il fut un temps où l’Église disciplinait les membres pour chaque petite entorse. Aujourd’hui, on est plutôt enclin au laisser faire. Mais on doit être honnête avec les gens. Éviter les problèmes n’aide en rien. Oui, l’église est une communauté de personnes pleines de lacunes. Nous avons tous des problèmes ; nous avons tous nos formes de dysfonctionnement. Nous nous réunissons en tant qu’Église pour former une famille en Christ, chacun apportant son propre genre de malfonctionnement, lequel a besoin d’être réglé. Pour administrer la grâce, l’amour et le pardon aux membres égarés, on a besoin de dirigeants qui connaissent et comprennent la grâce à partir d’une expérience personnelle. N’est-il pas préférable d’essayer d’aider quelqu’un avec amour plutôt que de le laisser continuer sur le chemin de la destruction ?

Ramon J. Canals est secrétaire de l’Association pastorale de la Conférence générale des adventistes du septième jour.

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Perspective mondiale

Justice. Miséricorde. Humilité.

Les ingrédients de la discipline ecclésiastique

Notre mission – ce grand partenariat que nous avons avec Dieu pour proclamer au monde le message des trois anges – est au bénéfice d’une structure et d’une organisation. Lorsque nous y consentons tous, la structure de l’Église adventiste fournit un système pour guider la proclamation efficace de l’Évangile. Il arrive cependant que des organisations ne s’alignent pas sur les conditions convenues par une majorité représentative de l’Église. Dans cet article, nous aborderons la nature de la convention entre les organisations de l’Église adventiste et les moyens par lesquels on peut parvenir à l’unité.

UN IMPÉRATIF

Tout d’abord, la discipline ecclésiastique n’émane pas de l’Église, mais de Dieu. Les dix commandements, expression même du caractère d’amour de Dieu, décrivent la manière dont nous devons nous comporter avec Dieu et avec nos semblables. En tant que pécheurs, nous avons enfreint la loi d’amour parfaite de Dieu, mais lorsque nous acceptons son salut, Dieu nous justifie sans que nous le méritions. La sanctification intervient ensuite, pour que nous lui ressemblions de plus en plus grâce à sa puissance. Ce processus nécessite des mesures disciplinaires empreintes de bonté pour nous amener à une meilleure relation avec lui,

alors qu’il cherche à restaurer son image en nous. La discipline fait donc partie intégrante du plan du salut. C’est un moyen d’établir une relation plus étroite avec le Seigneur.

Michée 6.8 fournit un cadre pour la discipline ecclésiastique. Il nous dit que Dieu nous a montré ce qu’on attend de nous, à savoir, premièrement, faire ce qui est juste ou bien. Nous devons aimer et observer les commandements de Dieu et faire les choses comme il se doit. Cependant, alors même que nous comprenons que nous devons faire ce qui est juste, nous n’y arrivons pas toujours ! Le deuxième point de Michée est donc que nous devons aimer la miséricorde.

La miséricorde – un autre aspect de la discipline – vise à nous rapprocher de Dieu dans une relation d’amour. Dieu ne nous coupe pas les

18 Mars 2024 AdventistWorld.org

Ici, on aperçoit les délégués en prière lors de l’assemblée administrative de la Conférence générale de 2015, laquelle s’est tenue à San Antonio, au Texas (États-Unis).

vivres simplement parce que nous ne faisons pas ce qui est juste ! Il use de miséricorde envers nous. Suivons donc son exemple ! Ça ne veut pas dire que nous excusons ce qui est mal, mais plutôt que nous nous focalisons sur la réconciliation avec Dieu et avec nos semblables. La dernière partie de la formule disciplinaire de Michée nous dit que nous devons marcher humblement avec notre Dieu, et soumettre tout effort disciplinaire à ses directives remplies de sagesse.

L’Église n’a pas pris d’étranges mesures disciplinaires simplement parce qu’elle en avait envie.

« La Bible et l’Esprit de prophétie enseignent avec clarté et sans la moindre ambiguïté que le peuple de Dieu a la responsabilité solennelle de préserver sa pureté, son intégrité et son ardeur spirituelle. Si des

membres de l’Église s’en écartent ou se refroidissent et tombent dans l’indifférence spirituelle, elle doit tenter de les reconquérir pour le Seigneur1. » Le concept de discipline ecclésiastique est lié à la restauration ultime des êtres humains à l’image de Dieu.

Au début de notre existence en tant qu’Église, avant même d’avoir une structure comme la Conférence générale, les croyants étaient très réticents à accorder une quelconque déférence à un dogme qui les forcerait à croire d’une certaine manière. Tout était laissé à l’individu. Ils ne voulaient pas de credo en dehors de la Bible dans tout son ensemble. Cependant, au fur et à mesure que l’Église se développait, le besoin d’ordre augmentait et il est devenu évident, lorsque l’Église adventiste du septième jour a été constituée, que certains règlements et processus permettraient le bon fonctionnement de l’Église.

UN ACCORD

Les paliers administratifs de l’Église fournissent des lignes directrices, et dans certains cas des règlements, sur la façon d’agir, de se comporter, et de faire partie du peuple du reste de Dieu des derniers jours. Ces lignes directrices et ces règlements sont inscrits dans les règlements de l’Église, et votées lors d’assemblées convoquées à cet effet. Le Manuel d’Église est d’une importance telle que, tandis que des changements peuvent être votés sous forme de recommandations lors des réunions du Concile annuel ou du comité exécutif, ils sont ensuite transmis pour un vote à la session plénière de la Conférence générale. Le Manuel d’Église traite principalement de la discipline ecclésiastique dans le contexte de l’Église locale. On peut cependant voir comment il s’applique aussi aux fédérations, aux unions, aux divisions de la Conférence générale, ainsi qu’à la Conférence générale représentant le champ mondial, puisque chaque employé de l’Église

est membre d’église locale.

Lorsqu’une personne ayant accepté Jésus-Christ comme Sauveur personnel devient membre de l’Église adventiste, elle accepte le système de croyances de l’Église et s’engage à vivre en conséquence. Si, un jour, elle ne croit plus ce que croient les adventistes ou choisit de ne plus vivre comme les adventistes s’engagent à le faire, elle renonce à son ancien engagement en tant que membre d’Église. Le statut de membre de l’Église adventiste se fait par le consentement des membres de l’église locale.

De même, sur le plan administratif, l’Église adventiste fonctionne par consentement mutuel. C’est par ce consentement que sont élaborés les règlements de l’Église. Il s’agit d’accords communément acceptés sur la manière dont nous allons mener à bien la mission de l’Église sans nous mettre des bâtons dans les roues et sans nous battre les uns contre les autres. Bien que ces accords ne soient pas la Bible, ils sont basés sur des principes bibliques qui nous permettent de travailler harmonieusement sous la direction du Saint-Esprit pour accomplir sa mission. Notez que le but ultime de l’Église adventiste n’est pas simplement d’avoir une organisation qui fonctionne bien, qui essaie de servir ses membres et d’aider la communauté – bien que tout ça en fasse certainement partie. Le but principal de l’Église adventiste est de proclamer le message des trois anges afin de préparer nos semblables au retour imminent de Jésus.

L’autorité des règlements écrits élaborés par l’Église repose sur notre structure de gouvernance, laquelle est « représentative dans sa forme, la responsabilité exécutive et l’autorité étant attribuées à une variété d’antennes et d’institutions, ainsi qu’à leurs assemblées constituantes, conseils d’administration et officiers respectifs par le biais de constitutions ou d’articles d’incorporation, de règlements et de politiques et lignes

Dominik Zeh / Adventist Review
19 AdventistWorld.org Mars 2024

directrices de fonctionnement »2

Le fait que notre gouvernance soit représentative signifie que les voix du champ mondial sont représentées dans les décisions des politiques. Tous les éléments de l’Église participent à la définition des politiques et consentent ainsi à les respecter.

Les diverses antennes administratives ne peuvent pas simplement décider, sans porter atteinte à l’intégrité structurelle de l’Église, de faire ce qu’elles veulent. Nous sommes liés par le consentement de l’organisation à faire partie de la famille adventiste. « Le statut d’organisation est accordé à une assemblée constituante sur la base de la confiance. La reconnaissance officielle […] n’est pas autogénérée, automatique ou perpétuelle. Elle est le résultat d’une décision officielle d’un comité exécutif ou d’une assemblée constituante à des paliers supérieurs de l’organisation. L’effectif et le statut administratif de l’organisation sont confiés à des antennes qui remplissent certaines conditions, notamment la fidélité aux croyances fondamentales adventistes, la conformité aux pratiques et politiques confessionnelles, la démonstration d’un leadership et d’une capacité financière adéquats, et la réactivité face aux défis et occasions de la mission. L’effectif et le statut peuvent être réexaminés, révisés, modifiés ou retirés par le palier administratif qui les a accordés3 »

« La prise de décision est basée sur des processus de groupe qui permettent la participation des membres. » Une seule personne, même s’il s’agit du président de l’organisation, ne peut émettre de décrets de politiques ou décider du statut d’une organisation. « Dans le cadre des pouvoirs accordés à chaque palier administratif confessionnel, le plus haut palier d’autorité réside dans l’assemblée constituante4 » Toute décision ou mesure prise par une organisation peut être révisée ou annulée par son assemblée constituante. En outre, toute décision d’une assemblée constituante ou d’un comité exécutif peut être réexaminée par l’antenne de palier supérieur. « Lorsque des divergences

surgissent au sein des organisations et des institutions ou entre elles sur des questions qui ne sont pas déjà traitées dans les Statuts et règlements, dans le Règlement de travail de la Conférence générale ou dans les décisions du comité exécutif de la Conférence générale prises lors d’un concile annuel, il convient de faire appel à l’organisation du prochain palier en amont qui n’est pas directement impliquée dans l’affaire5. » Le plus haut palier d’autorité administrative est la Conférence générale réunie en assemblée administrative, laquelle a préséance sur toutes les assemblées constituantes.

Les Statuts et règlements de la Conférence générale, la Déclaration de mission et les politiques accumulées ou révisées adoptées par la Conférence générale réunie en assemblée administrative, et le Concile annuel du comité exécutif de la Conférence générale se trouvent dans le Règlement de travail de la Conférence générale. « Elle [la Conférence générale] est donc la voix habilitée de l’Église dans tout ce qui a trait à la mission et à l’administration de l’œuvre de l’Église adventiste du septième jour dans toutes les parties du monde6 » Les règlements de l’Église ne constituent pas une seconde Bible. Par contre, ils représentent ce que toutes les antennes administratives de l’Église ont accepté de suivre par le biais de la gouvernance représentative de notre organisation. Bien que des points de désaccord en termes de politique puissent survenir, notre structure est telle que nous nous soumettons aux décisions prises par l’antenne représentative respective. La conformité stricte aux règlements de la Conférence générale contribue à préserver l’unité de l’Église. S’il devient nécessaire de s’écarter de ces règlements, les organisations doivent demander l’approbation préalable du comité exécutif de la Conférence générale. « Dans le cas où des lois ou des changements dans les lois régissant un pays semblent faire de la conformité aux politiques confessionnelles une vio-

lation de la loi, l’organisation agira en harmonie avec la loi, à condition que : a) l’avis des dirigeants de la Conférence générale (président, secrétaire, et trésorier/chef des finances) ait été sollicité, et qu’il soit établi que les politiques confessionnelles violent effectivement la loi ; b) la conformité à la loi ne constitue pas une violation des principes scripturaires7 »

Les employés des organisations qui occupent des postes de direction doivent rendre compte de leurs actes à leurs organes directeurs. « Officiers et administrateurs sont censés travailler en harmonie avec le Règlement de travail de la Conférence générale. Ceux qui font preuve d’incapacité ou de réticence à gérer leur travail en harmonie avec ces règlements ne devraient pas être maintenus à la tête de l’organisation par leurs assemblées constituantes ou par les conseils/comités d’administration8 »

Ellen White écrit : « À maintes reprises, le Seigneur m’a montré que le jugement d’un homme ne devrait jamais être soumis à celui d’un autre. »

Le Seigneur respecte le droit des gens à leurs propres opinions ; par conséquent, nous ne devrions pas les forcer non plus. « Ne considérons pas l’intelligence d’un seul ou même de quelques-uns comme suffisante pour diriger l’œuvre avec sagesse, et décider quels plans doivent être suivis. Mais lorsque, dans une session de la Conférence générale, les frères venus de toutes les parties du monde se sont prononcés, on ne doit pas maintenir obstinément une indépendance personnelle et un jugement privé. Il faut se soumettre. Qu’un ouvrier du Seigneur ne considère jamais comme une vertu le fait de maintenir avec insistance une position indépendante malgré les décisions de la Conférence générale9 » Marcher humblement devant Dieu, c’est accepter la réalité selon laquelle l’esprit d’un seul ou celui de quelques-uns ne suffit pas en sagesse. Nous sommes plus forts ensemble. C’est pourquoi nous décidons des politiques et des éléments du Manuel d’Église en tant que groupe de personnes plus large. Le Saint-Esprit agit

20 Mars 2024 AdventistWorld.org

sous la direction d’un corps collectif, comme nous le disent les Écritures : « Le salut est dans le grand nombre des conseillers » (Pr 11.14).

Nous devons nous soumettre d’abord au Seigneur, puis au corps des croyants, et reconnaître que nous n’avons sans doute pas nous-mêmes toutes les réponses. Nous pouvons demander au Seigneur de nous aider à mieux comprendre comment aborder un point particulier avec lequel nous sommes en désaccord, et le Seigneur nous conduira dans toute la vérité et nous unira. Certains confondent unité et uniformité. L’unité ne signifie pas que tout le monde doit croire que la couleur bleue est la meilleure, mais plutôt que nos cœurs seront unis dans un but précis, sans colère ni animosité contre ceux qui préfèrent le tapis vert au tapis bleu pour leur église.

L’un des meilleurs moyens de parvenir à l’unité et à l’harmonie est de nous focaliser sur notre relation personnelle avec Jésus et sur sa mission pour l’Église. Ellen White écrit :

« Mes frères et sœurs, ne laissez rien vous séparer les uns des autres et de Dieu. Ne parlez pas des différences d’opinion, mais unissez-vous dans l’amour de la vérité telle qu’elle est en Jésus. Présentez-vous devant Dieu et réclamez-vous du sang répandu par le Sauveur pour obtenir du secours dans votre combat contre le mal. Je vous assure que vous ne plaiderez pas en vain10 » Nous devons comprendre qu’une grande partie de la discipline dépend de notre relation personnelle avec le Seigneur, et de notre volonté de nous soumettre à ce que Dieu veut et à ce qu’il a montré à travers son organisation sous une forme représentative.

Si l’organisation ecclésiale a voté sur certaines politiques, mais qu’une organisation ne fonctionne pas en harmonie avec la politique convenue, on se retrouve en situation difficile. Les politiques, règlements et pratiques de notre Église reposent sur une hypothèse de base : nous sommes tous convertis. Toutefois, ce n’est peut-être pas vrai pour tout le

monde, à tout moment et à tous les paliers administratifs. C’est ici que réside le problème. Si nous étions tous convertis et branchés sur Jésus, l’infraction ne se produirait jamais, et si elle se produisait, nous nous repentirions dès que nous en aurions eu connaissance. « Si l’on mettait de côté l’orgueil et l’égoïsme, cinq minutes suffiraient pour régler la plupart des difficultés dont ces gens se plaignent11. »

Que ce soit au sein d’une église locale, lors d’une réunion du comité exécutif d’une fédération, d’une union, d’une division, ou de la Conférence générale, ou lors d’une assemblée constituante, l’orgueil peut amener un individu ou une antenne à se rebeller, à se mettre en colère et à provoquer parce qu’on ne l’a pas écouté. Ce qu’il faut, c’est être humble et reconnaître qu’une seule personne n’a pas toutes les réponses. Considérez que le corps le plus grand, sous l’influence du Saint-Esprit, a dirigé l’Église mondiale et attend du Seigneur une lumière supplémentaire. Puisse notre attitude être celle d’une humble soumission à Dieu dans sa Parole d’abord, puis à ses moyens désignés pour gouverner nos relations humaines ! Unis dans un même objectif, nous pouvons remplir notre mission de faire des disciples de Jésus-Christ qui vivent comme ses témoins remplis d’amour, et proclament à tous l’Évangile éternel du message des trois anges, en préparation du retour imminent de Jésus.

1 Manuel d’Église, édition française de l’ouvrage Church Manual, rév. 2022, p. 81.

2 Working Policy, B05.1, p. 65.

3 Working Policy, B05.3, p. 66.

4 Working Policy, B05.5, p. 66.

5 Working Policy, B10.22, p. 72.

6 Working Policy, B15.05, p. 76.

7 Working Policy, B15.10, p. 76.

8 Working Policy, B15.15, p. 77.

9 Ellen G. White, Témoignages pour l’Église, vol. 3, p. 485.

10 Idem., Levez vos yeux en haut, p. 257.

11 Idem., Premiers écrits, p. 119.

Paul H. Douglas est le trésorier de la Conférence générale des adventistes du septième jour. Ted N. C. Wilson est le président de l’Église adventiste du septième jour.

Le concept de discipline ecclésiastique est lié à la restauration ultime des êtres humains à l’image de Dieu.
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Foi en action

« Le plus béni de tous »

Retour sur la vie bien remplie d’un centenaire

Le 29 novembre 1923, dans le dortoir des garçons de l’École secondaire Bethel, au Wisconsin (États-Unis), tout est silencieux. Ernest Weaver, doyen des gars, et son épouse Olive, infirmière de l’école, attendent avec impatience la naissance de leur bébé. Wilma, leur petite fille âgée d’un an et demi, dort à poings fermés dans une chambre voisine, inconsciente du miracle qui est en train de se produire : Arthur est sur le point de naître !

Six mois plus tard, le père d’Arthur accepte le poste de directeur de l’École secondaire Fox River, domiciliée à Sheridan, dans l’Illinois, aux États-Unis. La famille y habite pendant plusieurs années. Lorsqu’Arthur atteint l’âge de sept ans, son père décide de retourner aux études. Il s’inscrit à l’Institut missionnaire d’enseignement supérieur Emmanuel, aujourd’hui l’Université Andrews.

Après avoir terminé ses études, Ernest déménage avec sa famille grandissante à Ithaca, au Michigan (États-Unis), où se trouve une école d’église à proximité. Désirant que ses enfants aient une éducation chrétienne, il racle les fonds de tiroir et épargne au maximum pour pouvoir s’acquitter des frais de scolarité. Après un an à Ithaca, Ernest reçoit un appel pour devenir directeur de l’École secondaire Adelphian, à Holly, au Michigan. C’est à l’école d’église de ce village qu’Arthur commence sa quatrième année.

PREMIÈRES ASPIRATIONS

Dès son jeune âge, Arthur a su qu’il aimerait devenir un médecin missionnaire. Il attribue cela aux histoires missionnaires que ses parents lui lisaient. En septembre 1941, il s’inscrit en pré-médecine à l’Institut missionnaire d’ensei-

gnement supérieur Emmanuel. En octobre de la même année, il reçoit une lettre du président des États-Unis l’enjoignant à servir dans le conflit de la Seconde Guerre mondiale.

En janvier 1942, il se joint à des centaines d’autres jeunes pour suivre une formation de base au camp Barkeley, au Texas, aux États-Unis. On l’invite à suivre le programme de formation d’officiers, mais il refuse, sachant pertinemment qu’on va lui demander de porter les armes. Avant de terminer sa formation de base, Arthur est sélectionné pour suivre une formation en pharmacie à l’Hôpital général Fitzsimmon, au Colorado. Là-bas, il apprend à fabriquer différentes pommades, des médicaments contre la toux, et bien plus encore.

Le capitaine en charge du programme de pharmacie dit à Arthur qu’il s’agit d’un programme de six jours par semaine. Lorsqu’Arthur lui dit qu’il ne peut être disponible le samedi, le capitaine répond : « Tu n’arriveras probablement pas [à réussir ce programme], mais tu peux toujours essayer. » Providentiellement, il donne à Arthur une clé du laboratoire pour qu’il puisse rattraper le dimanche les devoirs du samedi. À la fin du programme de trois mois, Arthur décroche la meilleure note et est élu meilleur soldat du camp, lequel compte 5 000 soldats !

De l’hôpital Fitzimmons, on envoie Arthur à San Francisco, en Californie, aux États-Unis. Bien qu’il soit dans l’armée, il passe deux ans et demi sur un bateau naviguant à travers la région du Pacifique, acheminant ou évacuant des troupes en zones de combat. Lors du déploiement des troupes du Pacifique, il obtient son premier congé et peut rentrer chez lui.

Arthur raconte ce qui s’est passé un soir, pendant son congé. « Natalie Wheeker et moi étions dans le salon de mes parents. La lumière était tamisée. Je me suis dit que c’était le bon moment pour lui demander si

Photos : courtoisie d’Arthur Weaver 22 Mars 2024 AdventistWorld.org

elle accepterait de m’épouser. Après avoir pris mon souffle, je me suis jeté à l’eau : « Natalie, aimerais-tu cuisiner pour moi le reste de ta vie ? » Elle lui répond : « Chéri, j’aimerais beaucoup essayer. » C’est ainsi qu’ils se marient le 26 juin 1945, lors du deuxième congé d’Arthur.

à Detroit, au Michigan, et enseigne la chirurgie pendant 32 ans à l’Hôpital de l’administration des services aux anciens combattants ainsi qu’au Centre médical de Détroit, tout en dirigeant activement de nombreuses cliniques pour cesser de fumer.

En novembre 1945, Arthur est libéré avec les honneurs de l’armée américaine. Il s’inscrit alors à un programme pré-médical de l’Institut d’enseignement supérieur de l’Union du Pacifique, dans le nord de la Californie. Après seulement trois années d’études universitaires, il est admis à l’Institut d’enseignement missionnaire médical, aujourd’hui l’Université de Loma Linda. Après avoir obtenu son diplôme en 1952, Arthur retourne avec sa femme au Michigan. C’est là qu’il fait son internat et son stage de résident en chirurgie, lesquels sont suivis de cinq années de pratique privée, toujours en chirurgie.

DES SERVITEURS

BIEN DISPOSÉS

À l’été 1960, Arthur reçoit une invitation de la Conférence générale à servir en tant que chirurgien missionnaire à Karachi, au Pakistan –une réalisation de son rêve d’enfant. En novembre, la famille, laquelle comprend désormais six enfants de moins de 12 ans, monte à bord d’un navire, passe un mois en mer avec tous ses biens, et arrive à Karachi le 1er janvier 1962.

Arthur raconte : « Ces cinq années que j’ai passées au Pakistan en tant que chirurgien en chef de l’Hôpital adventiste de Karachi, alors considéré comme le premier hôpital du pays, ont été parmi les plus productives et les plus intéressantes de toute ma vie – une bénédiction inestimable pour ma famille ! »

En 1966, les Weaver retournent aux États-Unis. Arthur se joint à la faculté de l’Université d’État de Wayne,

En 1998, à l’âge de 75 ans, Arthur prend sa retraite. Cela lui permet d’investir davantage de temps dans le service. Pendant des années, Arthur et son ami Dick Lane organisent des voyages missionnaires avec Maranatha Volunteers, construisant des églises en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Arthur et Natalie deviennent très actifs dans la planification de retraites de santé annuelles au Camp AuSable de la Fédération du Michigan. Ils y aident les gens à cesser de fumer, ainsi qu’à améliorer leur santé et leur mode de vie. Les Weaver deviennent bien connus dans la communauté pour leur hospitalité. Un article du numéro de décembre 1978 de la revue Ministry parle du couple en ces termes :

« Le Dr Weaver a organisé dans la région de Detroit plusieurs sessions très médiatisées du Plan de cinq jours pour cesser de fumer. Grâce à ses cours de cuisine végétarienne, Natalie jouit d’une réputation telle que les journaux de Détroit et les stations de radio et de télévision lui envoient parfois des personnes qui s’intéressent aux principes d’une vie saine et équilibrée. C’est ainsi que les Weaver ont commencé à inviter des participants à manger chez eux – une ou plusieurs personnes à la fois – pendant plusieurs semaines. Ensuite, ils les ont invités à se joindre à un groupe d’étude biblique interconfessionnel, associé à un repas de type buffet. Plusieurs membres du groupe d’étude ont été baptisés. Les Weaver ont

particulièrement veillé à ne faire pression sur personne, de sorte que ceux qui n’ont pas pris le baptême se sentent à l’aise dans le groupe. Et comme ce sont eux qui choisissent la plupart des sujets bibliques à étudier, ils ont poursuivi leur étude de la Bible et le Seigneur a continué à travailler dans leurs cœurs. »

Février 2017. Natalie, partenaire dévouée d’Arthur depuis 72 ans, a été hospitalisée en raison de problèmes abdominaux. Après avoir passé un mois à l’hôpital, elle s’est éteinte paisiblement. En 2018, Arthur a épousé la veuve Mary Lou Ford Steinweg.

En novembre 2023, famille et amis ont célébré avec joie le 100 e anniversaire d’Arthur. En repensant à sa vie remarquable, il a dit en riant : « La principale chose que je peux dire, c’est que de tous les gens, je suis le plus béni ! Du début à la fin, c’est à Dieu que j’attribue une vie longue, productive et bien remplie (et ce n’est pas encore fini !). Arthur et Mary Lou sont toujours actifs : ils servent le Seigneur à travers un ministère par correspondance en faveur des prisonniers.

L’héritage de service d’Arthur s’est étendu à ses enfants et petits-enfants, lesquels sont chirurgiens, médecins, assistants médicaux, travailleurs sociaux, hygiénistes dentaires, physiothérapeutes, infirmières, et éducateurs.

* https://www.ministrymagazine.org/archive/1978/12/mealtime-evangelism

Arthur Weaver est chirurgien, éducateur, missionnaire et auteur à la retraite résidant au Michigan. Beth Thomas est rédactrice adjointe pour Adventist Review Ministries.

À gauche : le Dr. Weaver pendant l’une de ses nombreuses conférences sur la santé. À droite : une photo de famille prise avant de partir à Karachi.

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À la découverte de l’Esprit de prophétie

« Afin que tous soient un »

Dans sa prière consignée dans Jean 17.21, Jésus a demandé le don de l’unité entre les croyants

Dans la vie et les écrits d’Ellen White, on trouve de nombreux exemples où le don de prophétie a servi à encourager l’unité au sein de l’Église – non seulement parmi les membres de l’Église, mais aussi parmi les institutions de celle-ci. Voici un exemple moins connu – un témoignage qu’Ellen White a écrit en 1899 aux « directeurs et responsables » de six de nos principales maisons d’édition. Elle commence sa lettre de neuf pages comme suit.

« Je suis alarmée par l’esprit de rivalité qui se répand dans nos maisons d’édition. C’est dans nos plus anciennes imprimeries qu’il est le plus manifeste ; mais le même esprit est aussi à l’œuvre ailleurs. Cet esprit, où qu’il surgisse, déplaît à Dieu. Si on lui permet d’exister, il grandira et se renforcera, et en grandissant et en se renforçant, il écrasera l’esprit missionnaire. Il attristera l’Esprit de Dieu et conduira à une ligne de conduite qui éloignera de l’institution et de ses ouvriers les anges envoyés pour collaborer avec ceux qui chérissent la grâce de Dieu1 »

Comment les dirigeants de nos maisons d’édition ont-ils reçu un tel témoignage ? Dans un cas au moins, nous le savons. Henry Franz Schuberth nous en raconte l’histoire2

JUSTE À TEMPS

Né en 1868 en Allemagne, Henry Franz Schuberth, émigra aux États-Unis alors qu’il était au début de la vingtaine. Il commença à collaborer avec l’Église en tant qu’ouvrier biblique et colporteur pour la mission d’Oakland, en Californie. Lors de son tout premier camp-meeting, soit en septembre 1889, il fut présenté à Ellen G. White par le pasteur Nathaniel McClure, surintendant de la mission de cette ville. Elle lui demanda : « Eh bien, si vous êtes prêt à m’aider, vous pouvez vous occuper du cheval et du buggy qu’une sœur m’a prêtés pour mon séjour à Oakland. » Henry accepta avec plaisir ! Il conduisit souvent son buggy pour ses visites et ses courses. Selon son habitude envers les jeunes, Ellen White s’intéressa à l’avenir de ce jeune homme. Elle lui demanda s’il souhaitait s’inscrire à la nouvelle formation en allemand

Photo : PeopleImages / iStock / Getty Images Plus / Getty Images 24 Mars 2024 AdventistWorld.org

organisée par l’Institut adventiste d’enseignement supérieur de Battle Creek. Il lui répondit qu’il avait demandé à Dieu d’ouvrir cette porte, mais qu’il n’avait pas l’argent nécessaire. Son père était formel : tant et aussi longtemps qu’il s’associerait aux adventistes, pas question de le soutenir financièrement.

Ellen White reprit : « Ça n’a aucune importance. Nous prendrons soin de toi et nous t’emmènerons à Battle Creek. » Il se trouve qu’elle s’y rendait justement pour l’assemblée administrative de la Conférence générale. Comme l’Institut n’ouvrait pas avant trois semaines, elle invita Henry à loger chez elle. Plus tard, il écrivit : « [Mon expérience pendant les semaines de cette assemblée] ont fait une impression si profonde sur mon esprit que je ne l’oublierai jamais. »

Mais revenons au témoignage d’Ellen White adressé aux dirigeants de la maison d’édition en 1899. Après

avoir terminé ses études, Henry enseigna à l’Institut d’enseignement supérieur Union au Nebraska, puis, en 1894, on lui demanda de retourner en Allemagne et d’y diriger l’école de formation de 15 étudiants qui venait d’ouvrir à Hambourg. On lui confia aussi la responsabilité de la maison d’édition de Hambourg, aux côtés du pasteur L. R. Conradi. Voici la suite de l’histoire avec les propres mots d’Henry.

« Les ouvriers de cette institution [la maison d’édition] ont connu quelques difficultés. Il s’agissait d’un plan de travail missionnaire dans la ville après les heures de travail. J’étais à l’avantgarde d’un certain plan et je le préconisais. Un frère en particulier n’était pas d’accord avec ces propositions, et d’autres frères se sont joints à lui. Un esprit de division s’est installé lors de nos réunions, entraînant une situation qui m’a beaucoup troublé.

« Un dimanche, j’ai demandé à différents membres du personnel d’assister à une réunion dans la chapelle le lendemain soir pour un conseil spécial. J’avais le sentiment que nous devions, d’une manière ou d’une autre, régler les difficultés. Le lundi matin, je me suis rendu à mon bureau. J’y ai trouvé une lettre portant des timbres australiens, et écrit dans le coin, le nom “E. G. White”. J’ai ouvert l’enveloppe. Elle contenait un message d’Ellen White, lequel traitait précisément des questions à l’origine des problèmes dans nos institutions.

« Ce soir-là, lors de la réunion, j’ai demandé aux ouvriers : “Quand ai-je convoqué cette réunion ?”

« “Hier”, ont-ils répondu.

« “Eh bien, sachez que ce matin, j’ai reçu par la poste un message de Mme White en provenance d’Australie. Il traite précisément du sujet dont je voulais vous parler.”

« Après leur avoir lu le témoignage, j’ai parlé de ma propre relation avec les conseils qu’il contenait. Aussitôt, le frère qui avait causé la difficulté s’est levé et a pris une belle position chrétienne. Les autres frères ont suivi, les uns après les autres, et le Seigneur nous a aidés à régler toutes nos difficultés.

« On pourrait penser qu’étant donné que je connaissais bien Mme

White, je lui avais écrit en Australie. Mais à l’époque, il fallait environ six semaines pour que le courrier en provenance de Hambourg atteigne l’Australie. Or, toute la difficulté avait surgi au cours des trois semaines précédentes. Le message de Mme White avait donc quitté l’Australie environ trois semaines avant que le problème ne surgisse à Hambourg, et il est arrivé le matin même de ce jour où j’avais besoin d’aide. »

Henry écrivit immédiatement à W. C. White, le fils d’Ellen White, pour lui dire combien il avait apprécié cette instruction opportune.

« Cher frère : J’ai reçu votre lettre du 25 septembre et le témoignage [d’Ellen White] le matin même où j’avais l’intention de chercher un témoignage à lire lors d’une réunion avec nos ouvriers. J’avais prévu de chercher le Seigneur ce même soir ; ce témoignage est donc arrivé à point nommé et nous a fait du bien. Nous avons tous reconnu que c’était exactement ce dont nous avions besoin et sommes reconnaissants d’avoir pu nous voir sous notre vrai jour, confesser nos torts, et recevoir le pardon3 »

« Ainsi nous parviendrons tous ensemble à l’unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’adultes, à un stade où se manifeste toute la plénitude qui nous vient du Christ. » (Ep 4.13, BFC) « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22.20)

1 Ellen G. White, Lt 148, 24 septembre 1899.

2 Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.

3 H. F. Schuberth à W. C. White, 8 novembre 1899.

Tim Poirier est vice-directeur du Ellen G. White Estate.

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Henry et Elisabeth Schuberth Ellen G. White Estate

La souveraineté de Dieu dans un monde fragmenté

RQPourquoi Jésus a-t-il reçu toute autorité après sa résurrection (Mt 28.18) ? Ne l’avait-il pas auparavant ?

En réponse à votre question, je résumerai brièvement l’autorité de Jésus pendant son ministère terrestre, le problème du conflit cosmique, et l’octroi divin de toute autorité à Jésus.

L’AUTORITÉ DE JÉSUS

Dans Matthieu, le ministère terrestre de Jésus est caractérisé par une manifestation constante de son autorité. Il enseignait comme ayant autorité (7.29) et avait même l’autorité ici-bas pour pardonner les péchés (9.6,8, NBS) – anticipant ainsi la plénitude de son œuvre salvatrice pour nous. Certains chefs juifs remettaient en question son autorité (21.23), mais contrairement à eux, un centurion romain reconnut publiquement que Jésus avait l’autorité pour guérir les malades (8.5-13). Jésus lui-même témoigna de son autorité pour travailler en faveur des autres (21.27) et déclara clairement que le Père lui avait remis toutes choses, les plaçant sous son autorité (11.27). Il est donc évident que Jésus possédait une autorité donnée par Dieu avant sa résurrection.

LE CONFLIT COSMIQUE ET LA SOUVERAINETÉ DIVINE

Lors de son ministère terrestre, Jésus ne pouvait pas manifester pleinement sa souveraineté universelle. Une partie de la création avait rejeté l’autorité de Dieu en revendiquant son indépendance. Sur cette partie de la création, Jésus n’avait pas encore la pleine autorité, c’est-à-dire la capacité d’utiliser sa puissance pour apporter un changement radical. Il enseigna aux disciples à prier « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (6.10, S21)*, mais ce n’était pas encore le cas. Lorsque Satan tenta Jésus en lui demandant de l’adorer et de devenir son corégent sur les royaumes de ce monde, ce dernier s’en tint à le réprimander (4.8-9). Le conflit était intense car Satan s’opposait constamment à l’œuvre messianique (13.19 ; 16.23). Les démons remettaient en question l’autorité de Jésus qui les empêchait d’agir, argumentant qu’il n’avait pas,

du moins pour l’instant, l’autorité de les détruire (8.29 ; cf. Lc 4.34). Ils semblaient savoir qu’un changement radical allait bientôt se produire.

RÉTABLIR LA SOUVERAINETÉ DIVINE

Suite à la mort sacrificielle de Jésus, les choses ont changé. Le Seigneur peut désormais mettre en œuvre le plan divin qui consiste à juger le monde entier, à séparer les justes des méchants, à donner à chacun sa récompense éternelle (25.31-46), et à détruire une fois pour toutes Satan et ses démons (Mt 8.29 ; 25.41). Il peut désormais exercer son autorité non seulement pour sauver, mais aussi pour condamner et exterminer les méchants. Plus aucun segment de la création n’échappe à son autorité : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. » (28.18)

En donnant sa vie en rançon pour une multitude (20.28, NBS), Jésus a légitimé l’autorité divine de sauver ceux qui mettent leur confiance en lui (26.28 ; 25.34). L’intégrité du caractère de Dieu ne peut plus être remise en question lorsqu’il s’agit de sauver les pécheurs repentants (cf. Rm 3.25-26) ou de condamner les pécheurs impénitents (Ph 2.10-11 ; Ap 5.13). Les paroles que Jésus adressa aux disciples après sa résurrection contiennent quatre idées principales (Mt 28.18). Premièrement, Christ a reçu toute autorité et, par conséquent, personne ne peut lui disputer le titre de Seigneur souverain. Deuxièmement, il est maintenant corégent avec Dieu, couronné en tant que roi dans les cieux. Il est le Roi messianique, le Roi des rois. Troisièmement, il se présente aux disciples en tant que Médiateur entre eux et le Père. L’autorité que Jésus a reçue du Père, il la partage avec eux lorsqu’il les appelle à proclamer l’Évangile (Mt 28.19-20). Quatrièmement, l’expression « le ciel […] la terre » souligne l’étendue universelle de l’autorité de Jésus. Il n’y a aucun coin de l’univers qui ne sera pas sous la tendre domination de Dieu. Cette autorité sera universellement manifestée lors du retour de Jésus.

* Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.

Ángel Manuel Rodríguez maintenant à la retraite, a servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.

26 Mars 2024 AdventistWorld.org

Que la nourriture soit ton médicament

L’alimentation peut-elle guérir les maladies ?

J’habite dans une zone rurale où l’accès aux soins médicaux et aux hôpitaux est difficile. On entend dire que la nourriture devrait être notre médicament et que les médicaments devraient être dans notre nourriture. Voilà qui est très attrayant pour nous qui disposons de soins de santé limités ! Mais est-ce vrai ?

La déclaration « Que ta nourriture soit ton médicament et que ton médicament soit dans ta nourriture » est souvent attribuée à Hippocrate, un médecin grec de l’Antiquité. Les chercheurs ont soigneusement examiné les documents disponibles : une telle affirmation n’a pas été trouvée dans ses écrits*. Hippocrate a souligné les liens importants entre la santé, l’alimentation, l’exercice et la médecine, mais n’a pas confondu leurs rôles spécifiques et combinés. Quelles que soient ses origines, cette affirmation est une arme à double tranchant, à la fois vraie et dangereuse parce qu’elle simplifie à l’excès la cause et l’effet.

La nutrition est l’un des nombreux facteurs qui déterminent notre santé et notre bien-être. Lorsqu’on consomme des aliments riches en calories et hautement raffinés, sans tenir compte de la taille des portions, et qu’on arrose le tout avec d’interminables portions de boissons sucrées, on prépare, à coup sûr, le terrain pour l’obésité, le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, les maladies cardiaques, et même le cancer.

Au nombre des autres facteurs figurent les circonstances socio-économiques, les soins de santé préventifs, l’environnement immédiat, la génétique, l’exercice, le sommeil, l’abstinence de l’alcool, du tabac, et d’autres comportements à risque ; tout ça contribue de manière significative à la qualité de vie. La disponibilité d’aliments sains et nourrissants, d’espaces ouverts, et la possibilité de faire de l’exercice en plein air en toute sécurité sont des facteurs évidents qui expliquent à quel point la longévité est davantage liée à l’endroit où l’on habite qu’à tout autre facteur !

On peut, sans le vouloir, couvrir les gens de honte lorsqu’on dit « On est ce qu’on mange » sans tenir dûment compte des circonstances individuelles telles que les grandes zones urbaines où on ne trouve aucune épicerie, la mauvaise sécurité alimentaire, les soins de santé inaccessibles et souvent inabordables, et les disparités socio-économiques générales qui prévalent dans le monde entier.

Il faut enseigner les faits et présenter des solutions avec compassion et bonté. Il s’agit notamment d’enseigner à choisir les options les plus saines parmi les aliments disponibles et abordables, et à préparer des repas savoureux et nourrissants. Les congrégations adventistes peuvent démontrer

la valeur des jardins communautaires en cultivant des produits frais pour tous ceux qui en ont besoin. Une utilisation judicieuse des aliments favorise la santé et peut prévenir les maladies liées au mode de vie.

Le régime alimentaire peut-il guérir les maladies ? L’élimination du gluten du régime alimentaire de ceux qui souffrent de sensibilité au gluten est le remède actuel à ce problème spécifique. Dans le cas du scorbut, lequel est causé par une carence en acide ascorbique (vitamine C), la consommation d’agrumes et d’autres aliments riches en vitamine C est curative. Une alimentation saine évitant les sucres raffinés, le tout associé à l’exercice physique, à la perte de poids, à la gestion du stress, et à l’évitement d’une approche culpabilisante du style « c’est bien de ta faute si tu es malade », peuvent améliorer, voire inverser, le diabète de type 2. Une alimentation saine constitue une grande partie du traitement, jumelée avec des médicaments s’il le faut. Il faut également savoir que d’être obnubilé à vouloir s’alimenter de manière parfaite peut conduire à des troubles alimentaires graves. Voici donc, en bref, la réponse à votre question : la nutrition compte, les médicaments comptent aussi. Que nous soyons en bonne santé ou malades, recherchons donc l’équilibre entre la prévention, le traitement, et les meilleures pratiques médicales. Nous avons l’occasion de démontrer l’amour et la compassion de Dieu en prenant soin de nos semblables, en partageant avec eux, et en répondant à leurs besoins de façons pratiques. C’est ce que Jésus faisait, et c’est ensuite qu’il invitait ses auditeurs à le suivre. Par conséquent, faisons de même !

* Diana Cardenas, « Let not thy food be confused with thy medicine: The Hippocratic misquotation », e-SPEN Journal, vol. 8, n° 6, 2013, p. e260-e262, https://doi.org/10.1016/j.clnme.2013.10.002, https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212826313000924.

Peter N. Landless est cardiologue spécialisé en cardiologie nucléaire, et directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale. Zeno L. CharlesMarcel, M.D., interniste, est directeur adjoint du Ministère de la santé de la Conférence générale.

Michael 27 AdventistWorld.org Mars 2024
Santé & bien-être Photo : Luke
« S’il te plaît, mon Dieu »
L« Je vais vous raconter… »

e visage d’Herb se plisse en un masque de désespoir. Puis un murmure intense brise le silence. « NON ! Pas mes lunettes ! »

Nous sommes en bateau sur la baie de San Francisco. Nous avons contourné l’île d’Alcatraz, puis avons capté le vent d’été en direction du Golden Gate Bridge. En cette journée nuageuse de Californie, les vents sont forts, les vagues, déferlantes, et la camaraderie, enjouée.

Nous avons passé sous le pont en compagnie de plusieurs autres voiliers, avons profité d’un bref moment en pleine mer, puis avons fait demi-tour vers Angel Island.

QUAND LA JOIE TOURNE AU DÉSASTRE

Nous sommes là parce qu’un ami a invité les membres du conseil d’administration (ADCO) de l’Institut d’enseignement supérieur de l’Union du Pacifique à monter à bord de son beau et grand bateau pour une journée de navigation. Le Dr Maxwell, président de notre institut et passionné de voile, a rapidement accepté. Puis il nous a appelés pour nous annoncer la bonne nouvelle.

« Ce sera mardi prochain, a-t-il lancé. Vous allez en raffoler ! »

Une fois sur le quai, nous avons écouté attentivement les instructions du capitaine. Celles-ci comprenaient l’emplacement des gilets de sauvetage, comment marcher lorsque le bateau est balloté par de grosses vagues, comment tirer la chasse d’eau, et quand les sandwichs seraient prêts.

Compris, ai-je pensé en resserrant ma veste dans le vent froid.

Quelques mois plus tôt, le reste de notre famille était allé à Angel Island lors d’un voyage scolaire à vélo. Moi, je n’y étais pas allé. Angel Island est la plus grande île de la baie de San Francisco. Depuis la fin des années 1800, elle a servi de « dernier arrêt » pour des milliers de soldats de la Seconde Guerre mondiale qui traversaient le Pacifique, et de centre de traitement de l’immigration. Aujourd’hui, c’est un parc d’État de la Californie agrémenté de collines et de plages – l’idéal pour les familles qui aiment faire du vélo.

Nous avons laissé nos vélos à la maison, mais nous étions impatients de visiter certains des anciens bâtiments gouvernementaux après avoir

accosté à Ayala Cove.

Alors que notre capitaine nous conduisait lentement sur le quai, Herb Ford – l’un de nos administrateurs, a sauté sur le quai flottant en disant qu’il donnerait un coup de main pour l’arrimage. Mais à peine ses pieds ont touché le quai en bois que tout a bougé. Et nous l’avons vu, dans toute notre impuissance, catapulté, pour ainsi dire, dans l’eau. Alors que sa tête émergeait de l’eau, nous avons vu tout de suite que ses lunettes avaient disparu ! Elles se trouvaient maintenant quelque part au fond des eaux troubles de la baie de San Francisco…

Pendant quelques instants, il me semble que tous retiennent leur souffle.

Herb, au sourire d’ordinaire facile, affiche un air de désespoir. « NON ! murmure-t-il. Pas mes lunettes ! »

Herb est érudit, écrivain et un artisan de mots, bref, un homme dont les yeux sont toujours occupés à rassembler des couleurs, des formes et des idées. Beaucoup de gens « regardent » ; Herbe, lui, « voit ». Quand ses lunettes sont posées sur son nez, il voit clair. Sans elles, il est un homme perdu.

Chaque membre de l’ADCO ressent immédiatement la douleur de leur ami. Notre aventure à la voile a tourné en désastre.

EST-CE QUE DIEU S’EN SOUCIE ?

Nous regardons par-dessus le bord du bateau, dans l’espoir de voir les lunettes pendant à une corde ou retenues par une

Dick
28 Mars 2024 AdventistWorld.org
Photo :
Duerksen

algue. Nous descendons sur le quai, puis nous agenouillons et nous penchons au-dessus de l’eau pour voir plus clairement. Nous parlons avec l’homme qui a vérifié notre laisser-passer du State Park.

« Dites, quelle est la profondeur de l’eau sous notre bateau ? » lui demandons-nous. « Est-ce qu’on y voit clair ? » « Est-ce qu’il y a des requins ? » « Avezvous du matériel de plongée que nous pourrions emprunter ? »

Ses réponses rendent la situation impossible. Il n’y a pas d’équipement de plongée disponible. L’eau, froide et très boueuse, fait environ 3,7 mètres de profondeur. « Croyez-moi, vous ne verrez rien. Et si vous décidez de plonger, il vous faudra une combinaison, dit-il en fronçant les sourcils. Désolé. » Puis il retourne au travail.

Je m’assieds sur le quai en pensant aux lunettes, à Dieu, et à la prière. « Est-ce que Dieu se soucie des lunettes d’Herb ? »

Deux pêcheurs nettoient leurs prises sur la plage. Je m’approche d’eux, me demandant comment ils pourraient m’aider et ce que je devrais leur demander. À mi-chemin, Dieu me suggère de prier. Encore. Et je me dis : Tout compte fait, peut-être qu’il se soucie des lunettes d’Herb.

Seigneur, Herb est aveugle sans ses lunettes. Oui, il voit les formes et les ombres, mais rien de plus. Il en a vraiment besoin. En fait, il en a besoin maintenant ! S’il y a un moyen, je t’en prie, montre-le-moi.

Je salue les pêcheurs en essayant de me donner un air intelligent. « Vous savez quoi ? Un de mes amis vient de perdre ses lunettes dans l’eau, à côté du quai. Est-ce que vous pourriez l’aider ? »

Mais pourquoi est-ce que je pose une question aussi bête ?

« Ben, pas vraiment ! s’exclame l’un d’eux. J’sais pas ce qu’on pourrait faire, mais on a un tuba et des lunettes. Vous pouvez les utiliser si vous décidez de plonger. »

L’autre homme se met à rire. « J’pourrais vous prêter une combinaison de plongée. » Il mesure lentement ma taille des yeux. « Ouais, j’pense que ça peut aller. »

APPRENDRE UNE LEÇON

Quoi ? Mais je ne veux pas plonger dans les eaux troubles du quai d’Ayala Cove, moi ! Je ne veux pas enfiler une combinaison trop petite de deux tailles ! Je ne veux pas mettre

mes mains propres dans la boue, la glu et toutes les choses innommables qui peuvent se cacher sous le quai. Je ne veux pas…

Je pense aux lunettes d’Herb, dit doucement Dieu à mon oreille. Tuba, masque et combinaison. De quoi d’autre as-tu besoin ?

Mais, mon Dieu… Ma conversation ressemble davantage à une plainte qu’à une prière. J’espérais que tu pourrais les faire flotter ou envoyer un plongeur expert avec une grosse lampe de poche sous-marine. Ça fait quelques années que je n’ai pas fait de plongée en mer et je n’ai pas prévu de plonger aujourd’hui !

Toi, dit Dieu. Maintenant.

La combinaison nécessite une compression et une expiration considérables, mais le tuba et le masque font l’affaire. L’eau est froide, certes, mais sans icebergs. La boue ? Bien pire que ce que j’ai imaginé. Alors que mes doigts vont et viennent à travers les couches profondes de « choses innommables », j’essaie de ne pas imaginer perdre ma main à cause d’une bouteille cassée ou d’un dragon de mer.

« Rien, Herb. Je suis désolé. »

« Je t’en prie, Dick, essaie encore ! Je prierai pour toi. »

Deuxième tentative. Je refais surface les mains vides. Et voilà qu’une petite foule se rassemble pour me voir échouer.

Seigneur, Herb a besoin de ses lunettes. Et moi, j’ai besoin que ce soit ma dernière plongée. S’il te plaît, envoie-moi les lunettes !

Quelque chose de collant et de gluant glisse entre mes doigts, puis ma main droite touche quelque chose de dur et délicat – avec des poignées ! Je l’attrape fermement, et d’un coup de pied remonte à la surface – main droite première. Au moment où je soulève mon masque, Herb se penche, crie à tue-tête et prend ses lunettes de ma main !

Dieu se souciait-il des lunettes d’Herb ? Herb le croit. Les pêcheurs aussi. C’est ce que pense l’officier du State Park. Le capitaine et les autres membres de l’ADCO aussi.

Et moi ? Je pense que Dieu sait que j’avais besoin d’une leçon de confiance, et il me l’a donnée… de façon détrempée !

Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux États-Unis

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Adventist World est une revue internationale de l’Église adventiste du septième jour. La Division Asie-Pacifique Nord de la Conférence générale des adventistes du septième jour en est l’éditeur.

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Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910 (LSG). Avec Num. Strongs pour Grec et Hébreu. Texte libre de droits sauf pour les Strong. © Timnathserah Inc., - Canada

Adventist World paraît chaque mois et est imprimé simultanément dans les pays suivants : Corée, Brésil, Indonésie, Australie, Allemagne, Autriche, Argentine, Mexique, Afrique du Sud, États-Unis d’Amérique

Vol. 20, n° 3

29 AdventistWorld.org Mars 2024

La légende

Il est assis là, au milieu des huttes de son village africain, regardant tranquillement le feu. Petit à petit, d’autres villageois s’amènent. Après une dure journée de travail, ils sont crevés – mais aucun ne veut manquer ça. C’est l’heure du conte !

Le vieil oncle lève les yeux et regarde ses auditeurs. Tout le monde fait silence. Les enfants frissonnent d’enthousiasme et se blottissent contre leur mère. Alors, qu’est-ce qu’il va dire ce soir ? Est-ce qu’il va répéter l’une des histoires de nos ancêtres ? Ou bien réciter un long poème ? Parfois, le vieillard leur parle de l’actualité mondiale. D’autres fois, il décrit soigneusement une plante, un oiseau, un insecte, un animal, leur milieu de vie, et la façon de s’en occuper et de l’utiliser. Mais qu’est-ce qu’il va raconter ce soir ?

Finalement, quand tout le monde est là, il se lève lentement et s’éclaircit la gorge.

« Il était une fois un homme qui décida de faire un long voyage. » En entendant ces mots, les auditeurs ont l’impression que les

soucis de la journée disparaissent dans l’obscurité. Et ils se disent : Ah, ce soir, ça va être une légende ! Le vieil oncle est un maître conteur ! Bientôt tout le monde oublie tout, ou presque – le conteur, les étoiles, le feu, l’air frais de la nuit. Chacun s’imagine en train de marcher péniblement à travers les sables chauds du désert qu’il est en train de décrire.

« Le voyageur était parti tôt, poursuit l’oncle. Ah, qu’est-ce qu’il faisait chaud ! Vers midi, il se rendit compte qu’il avait des ennuis. Il avait dû rater un virage et s’était perdu dans le désert aride.

« Il voulut boire de l’eau, mais malheureusement, il n’en avait plus. Oh non ! Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Toutes mes bouteilles sont vides ! Il secoua une bouteille au-dessus de sa bouche pour en recueillir les dernières gouttes et décida de marcher.

« Il marcha pendant des kilomètres, sans vraiment savoir où il allait, mais sachant à coup sûr qu’il devait continuer ou mourir. Soudain, il s’arrêta. C’est quoi ça ? Il se frotta les yeux pour s’assurer que ce n’était pas un mirage. Il y avait un

arbre au loin ! Un arbre, un vrai ! En haletant, le voyageur se précipita aussi vite que son corps déshydraté le lui permettait. Finalement, alors qu’il pensait ne pas pouvoir faire un pas de plus, il atteignit l’arbre et s’effondra sous ses branches.

« Maintenant, s’il devait mourir, ce serait au moins à l’ombre ! Alors qu’il était allongé là, il entendit quelque chose. Flic, flac, floc. De l’eau ? De l’eau qui coule ? Il s’assit et regarda autour de lui avec empressement. Là, un filet d’eau sortait de l’arbre et tombait goutte à goutte dans le sable !

« L’homme assoiffé sortit vite sa bouteille vide et la posa dans le sable. Flic, flac, floc. Il se lécha les lèvres. Il décida d’attendre qu’elle soit presque pleine, puis il boirait. Mais quand on a aussi soif, c’est vraiment dur d’attendre ! Flic, flac, floc. À maintes reprises, il tendit la main pour saisir la bouteille, mais la ramenait aussitôt à lui.

« Encore quelques gouttes et il pourrait boire. Quelques instants plus tard, sa bouteille fut enfin pleine ! Mais juste au moment où il allait la prendre, quelque chose sortit de l’arbre, heurta la bouteille

en herbe Pages amusantes pour les plus jeunes
Foi
Illustration : Mugi Kinoshita 30 Mars 2024 AdventistWorld.org

et renversa l’eau précieuse dans le sable du désert.

« Nooon ! » cria-t-il à l’oiseau qui, en s’envolant, avait renversé sa bouteille.

« Des larmes brûlantes de colère et de déception coulèrent sur ses joues. Il attrapa la bouteille et la replaça dans le sable. Flic, flac, floc. Cette fois, il monta la garde. Encore quelques gouttes et il pourrait boire l’eau précieuse. Whooshhh ! L’oiseau arriva d’une autre direction, renversa la bouteille et se posa dans l’arbre.

« Hurlant de rage, l’homme remit la bouteille en place. Flic, flac, floc. Quatre fois de plus, alors que la bouteille était presque pleine, l’oiseau sauta de l’arbre, passa entre ses jambes, ou sous ses bras, et renversa la bouteille au moment même où il allait boire. Hors de lui, l’homme remarqua alors une pierre à proximité. Il plaça sa bouteille dans le sable pour la septième fois. Ensuite, il ramassa la pierre. Il n’entendait qu’à moitié l’eau qui tombait goutte à goutte. Il ne remarquait qu’à moitié que la bouteille se remplissait à nouveau lentement. Il attendait, tenant la pierre dans ses

mains, juste au-dessus de sa tête. Et tout se passa tel que prévu : dès que sa bouteille fut presque pleine, l’oiseau s’envola et la renversa.

« Aaaggghhhh ! » cria le voyageur en lançant la pierre sur l’oiseau qui s’éloignait. Elle le frappa et il tomba sur le sol. « Tiens, ça t’apprendra ! Maintenant je vais pouvoir enfin boire. » Mais alors qu’il remettait la bouteille en place, il remarqua quelque chose. « Non, non ! cria-t-il. Tu ne peux pas t’arrêter maintenant ! » Plus une goutte d’eau ne tombait de l’arbre.

« Dans sa colère, l’homme cria, s’effondra et sanglota. Tout à coup, il s’arrêta. Qu’est-ce que c’était que ça ? Là, juste au-dessus de lui ? Dans l’arbre d’où l’eau coulait ? C’était un énorme serpent ! Il aperçut ses crocs juste au-dessus d’où le venin mortel sortait, coulant goutte à goutte dans la bouteille. Abasourdi, il se rendit compte que la petite colombe lui avait sauvé la vie. Et lui, il l’avait tuée ! »

Le vieil oncle sort lentement de la lumière vacillante du feu. Personne n’a bougé. Tous sont plongés dans leurs réflexions et

Perle biblique

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne soit pas perdu mais qu’il ait la vie éternelle. »

(Jean 3.16, Bible en français courant)

se demandent qu’elle leçon il faut tirer de cette histoire.

« Quand j’ai entendu cette histoire pour la première fois, j’étais un petit gars du village », m’a dit mon ami Peter. « Je n’avais aucune idée de ce que ça voulait dire ! Mais maintenant que je suis chrétien, je le sais. Un vieux serpent, appelé le diable et Satan, essaie par tous les moyens de nous détruire. Jésus nous a sauvés du venin du « serpent » et nous, nous l’avons cloué sur une croix alors qu’il ne voulait qu’une seule chose : nous sauver ! »

Peter a alors souri. « Mais je loue Dieu, car dans cette histoire, il y a davantage que ce que le vieil oncle nous a raconté. Jésus est mort pour nous, oui, mais il est aussi ressuscité ! Il est sorti du tombeau. Il est vivant et revient pour nous sauver ! »

Homer Trecartin, maintenant à la retraite, a servi en tant que pasteur, professeur, administrateur, et missionnaire.

HOMER TRECARTIN
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31 AdventistWorld.org Mars 2024

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