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ENTRER DANS LE REPOS

Entre dans le repos

Cette année, nous revenons sur l’histoire des GBEU pour en valoriser les héritages dont nous bénéficions aujourd’hui. Dans cette édition, cette rubrique se mêle à l’article de fond. Nous voyageons dans le temps jusqu’en 2005, avec le début d’une série d’articles sur le repos, partagés dans les premiers numéros de l’À propos, dont le contenu tenait alors sur une page A4 recto-verso.

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HÉBREUX 3 ET 4

Ce qui m’interpelle dans ce texte, c’est l’expression "entrer dans le repos", qui revient au moins une dizaine de fois.

Cette parole s’adresse à des chrétiens (Héb 3:1), ce qui veut dire que l’on peut être chrétien et passer à côté du repos de Dieu. Comment ? Par l’incrédulité. "Vous croyez que Dieu existe, les démons le croient aussi et ils tremblent", disait Jésus.

L’incrédulité, ce n’est pas "ne pas croire que Dieu existe", c’est ne pas Lui faire confiance dans Qui Il est, dans Ses motivations à notre égard, dans ce qu’Il nous dit et nous appelle à vivre. L’incrédulité — qui nous fait passer à côté du repos — ne tient donc pas d’un manque de croyance, mais de qualité relationnelle.

Cette expression m’interpelle aussi, car, quand je pense repos, je pense habituellement à m’arrêter et sortir de ce que je fais pour me reposer. "Je me repose", comme si le repos venait de moi. Encore et toujours, me voilà dans l’action. Agir sur place plutôt qu’en mouvement, n’en reste pas moins de l’action, voire de l’agitation !

La Bible, pourtant, dit tout autre chose. Elle parle "d’entrer dans le repos". Le repos n’est donc pas en moi (pour que je me repose) ni hors de moi (pour que je me retire), mais JE SUIS hors du repos, et y entrer m’oblige au mouvement (et non à m’arrêter). "Entrer dans le repos" consiste donc en un "recentrement" et non en un "retrait".

MAINTENANT, QUEL EST CE REPOS SUR LEQUEL NOUS SOMMES APPELÉS À NOUS RECENTRER ?

Ce passage nous rappelle que le repos existe depuis la création : Dieu s’est reposé de son ouvrage le 7e jour. Or ce jour est le seul qui n’est pas défini par un soir et un matin ; il reste ouvert pour déborder sur les autres jours. C’est comme si Dieu plaçait, par ce jour, le centre autour duquel tout le reste venait non seulement s’articuler, mais encore s’imprégner (de repos). Or le cadre donné à ce centre, c’est le sabbat, soit cet espace consacré à Dieu. Il est également fait un lien entre le repos et l’ouvrage, dans le sens où Dieu se repose, une fois son ouvrage achevé. Le terme "achevé" ne signifie pas seulement avoir terminé quelque chose, mais aussi "faire venir à l’existence", "commencer à être". C’est comme poser un fondement. Pareillement, la parole de Jésus sur la croix : "Tout est accompli", signifie qu’Il vient de poser, sur la croix, les bases de l’oeuvre du salut.

Ainsi, le repos n’est pas une pause que l’on prend quand tout est fini, mais la pierre d’angle sur laquelle repose toute œuvre.

couverture de l'À propos n°8 duquel est tiré cet article de fond

couverture de l'À propos n°8 duquel est tiré cet article de fond

En fin de compte, qu’est-ce donc que ce repos, si ce n’est ni la foi chrétienne, ni le jour du sabbat, ni un lieu (comme la terre promise), ni un arrêt du travail ; mais, au contraire, une qualité relationnelle, fondement de toute la création ?

Je dirais, à la lumière de ce texte (3.12 ; 4.2 ; 4.16, etc.), que le repos est une relation d’intimité avec Dieu et la liberté qui en découle.

Alors, si "entrer dans le repos" signifie "entrer dans l’intimité avec Dieu", je peux continuer à œuvrer ; seulement, je le ferai dans un autre esprit. Non plus comme pour accomplir un fardeau, gagner de l’argent, être rentable, efficace, mais par don, par plaisir, dans un esprit de service, de reconnaissance, d’adoration, pour ce que Dieu me permet de vivre et de partager (au travers des dons qu’Il m’a donnés). J’aurai du plaisir, car je me saurai aimé avant tout et indépendamment de ce qui sortira de mes mains, de ma bouche.

Une fois entré dans son repos, dans sa Présence, je pourrai, et seulement là, me reposer de mon ouvrage ; c’est-à-dire me dégager de cette servitude.

ENFIN, CE TEXTE NOUS DIT COMMENT ENTRER DANS LE REPOS :

1. par la foi en Jésus (Héb. 4. 3), car c’est Lui qui m’ouvre cet accès à Dieu, sans que j’aie à démontrer quelque chose pour le mériter.

2. par la foi dans la Parole de Dieu (3:7-8), car c’est dans la foi et la mise en pratique de cette Parole que se trouve le repos. Le repos n’est pas seulement une contemplation de Dieu, mais une intimité avec Lui dans toutes mes actions, paroles, pensées.

3. en évitant de "tomber" (4.11), c’est-à-dire en évitant de descendre d’une position debout à une position de prosternation (devant le travail, le patron, les collègues, d’autres personnes, la crainte de manquer, etc.). Tomber, c’est perdre mon autorité (en Christ). Éviter de tomber, c’est veiller à ne pas me laisser mettre sous un autre joug que celui de Dieu pour moi ; c’est ne pas m’en mettre un moi-même.

Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger

Matt. 11. 28-30.

En bref, le repos existe déjà et j’y entre non pas dans l’arrêt de mon activité, mais dans la recherche d’intimité avec Dieu.

Entrer dans le repos, c’est emprunter un chemin où je laisse aller mes croyances vides pour être habité d’une foi qui soit germe de vie ; un chemin dans lequel je renonce à ce qui ne m’est pas demandé par Dieu pour entrer dans tout ce qu’Il m’appelle à être et à faire. C’est mettre en pratique Sa Parole qui remet chaque chose et chaque personne dans sa juste perspective et à sa juste place.

Enfin, rester dans le repos m’oblige à veiller à ne pas me courber devant autre chose ou quelqu’un d’autre que Dieu, tout en étant assuré, dans ce chemin de foi, de l’aide et du soutien puissant de Jésus (Héb. 4. 14ss). Il sait très bien ce que signifie vivre en homme/femme, soumis à Dieu, dans ce monde ; et Lui seul peut me rendre capable d’accomplir les œuvres bonnes de Dieu.

Raymond Bossy, Ancien membre du Conseil des GBEU

Article tiré de l’À propos n° 8

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