Flos Stories issue number eight - FR

Page 1

Numéro huit : Flowing – des choses, des lieux et des gens en mouvement. Philippe Malouin emporte Bilboquet en balade, Black Flag de Konstantin Grcic à Berlin, Taccia Matte White, les coulisses de Céramique de Ronan Bouroullec et la célébration de My Circuit de Michael Anastassiades dans une performance de six actes.

Dans l’est de Londres avec Philippe Malouin, Bilboquet et ses amis

Philippe Malouin décrit Bilboquet comme une lampe pour les milléniaux et la génération Z, un instrument d'éclairage flexible qui s'adapte à l'approche multicouche de la maison propre à sa génération (et à celles qui suivront). Malouin a lui-même testé la lampe de table avec ses amis dans son studio dans l'est de Londres.

Une élégante sphère magnétique qui relie la tête de la lampe au corps, permet de l'utiliser dans une multitude de configurations différentes. Nous l'avons suivi dans ses pérégrinations urbaines alors qu'il se rendait à vélo, la lampe Bilboquet dans son sac à dos, pour la voir à l'œuvre chez ses amis créatifs. Avec Malouin, nous parlons de la flexibilité dans le design domestique, des communautés créatives et de la manière dont l'approche expérimentale qu'il a encouragée tout au long de sa carrière a conduit à la conception de Bilboquet.

Interview de Rosa Bertoli

Photographie de Pablo Di Prima

ROSA BERTOLI Bilboquet est une lampe imaginée pour bouger et s’adapter à de nombreux styles de vie. Comment avez-vous trouvé son concept ?

PHILIPPE MALOUIN Je voulais que la lampe fasse quelque chose en plus, parce que les gens ont moins de choses aujourd'hui, ils se déplacent beaucoup, et nos besoins dans la maison changent, donc Bilboquet n'est pas statique. Je suis obsédé par Achille Castiglioni, toutes ses lampes ont toujours fait quelque chose de plus : ma lampe préférée et la première lampe Flos que j'ai eue, c’est la Parentesi. J'ai toujours aimé le fait que la Parentesi soit suspendue à un câble et que l’on puisse renvoyer la lumière sur un mur blanc ou sur le plafond, ou directement sur un objet. On crée ainsi trois ambiances lumineuses totalement différentes. C’est ce qui a toujours été le plus important pour moi. C'est pourquoi, lorsque j'ai créé une petite lampe de table, j'ai voulu utiliser les éléments que j'admirais dans le travail de Castiglioni.

ROSA BERTOLI Comment l’utilisez-vous dans votre espace ?

PHILIPPE MALOUIN J’habite dans un lieu temporaire pour l’instant, et je viens juste de commencer à utiliser Bilboquet ici. J’adore l’éclairage indirect, donc je l’oriente vers un mur ou vers le plafond. Mais elle fonctionne aussi en lampe de travail, et en éclairage d’ambiance, deux fonctions diamétralement opposées. Il suffit de la faire pivoter pour obtenir un éclairage design qui convient parfaitement, quoi que l’on fasse.

ROSA BERTOLI D’où est venue l’idée du design de Bilboquet ?

PHILIPPE MALOUIN J’ai commencé par faire des expériences avec des roulements à billes, pour comprendre notamment comment ils tournent autour du boitier. J’ai aussi expérimenté les articulations parce que je m’intéressais au mouvement et à la façon dont les choses bougent. Et puis j’ai trouvé le mouvement de cette boule à l’intérieur d’un tube très intrigant et satisfaisant. Mais il y avait toujours une petite marge d’erreur. Alors nous avons ajouté le magnétisme, c’est là que l’équipe de R&D de Flos a fait la différence et m’a aidé à améliorer l’objet grâce à l’aimant.

ROSA BERTOLI Le résultat final semble très intuitif.

PHILIPPE MALOUIN Ma lampe n'est pas du tout technologique: elle a une ampoule, un interrupteur, on la tourne et c'est tout. Elle est si peu technologique que l'on peut se demander si elle a été conçue aujourd'hui ou il y a 40 ans. Et c'est exactement ce que je voulais, je voulais que tout soit super évident.

ROSA BERTOLI comment avez-vous abordé la conception d'éclairage dans le cadre de votre pratique créative ?

PHILIPPE MALOUIN A l’agence, nous avons toujours été des constructeurs, nous expérimentons toujours les matériaux de construction, les processus, et y compris la lumière. Il n’a jamais été question de conception d’éclairage. C’est juste que l’éclairage en faisait partie intégrante. Et c’était une part naturelle de toute l’expérimentation, de la transformation des choses. Parfois, on découvre des choses vrai-

ment intéressantes par accident : une grande partie de mon travail arrive par accident. Comme designer, je m’appuie sur des expériences. Parfois, c’est un visuel, parfois c’est juste une forme. Parfois c’est un processus ou une propriété mécanique. Certaines de ces expériences sont ensuite interprétées sous la forme de produits fabriqués en série.

ROSA BERTOLI Comment cela s’est-il traduit dans Bilboquet ?

PHILIPPE MALOUIN L’idée initiale vient d’un travail que j’ai réalisé pour Salon 94; des tables rondes géantes dont le plateau reposait sur des boules en métal. Ça a été le point de départ, mais il a évolué dans une direction complètement différente. Tout mon travail découle de choses que j’ai faites, mais d’une manière totalement réinterprétée.

ROSA BERTOLI Le fait d’être installé à Londres a joué un grand rôle dans votre carrière, et la ville forme la toile de fond de certaines histoires racontées dans ces pages. Comment avez-vous atterri ici ?

PHILIPPE MALOUIN J’ai déménagé à Londres (après mon diplôme à la Design Academy d’Eindhoven) car je venais d’obtenir un poste à temps partiel pour Tom Dixon et j’ai pensé, pourquoi pas. J’ai toujours pensé qu’il était plus important de commencer à travailler pour quelqu’un d’autre plutôt qu’essayer de faire mon propre truc, parce que je ne savais pas vraiment ce que je voulais ; j’avais besoin de découvrir ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas.

ROSA BERTOLI Comment se sont passés ces premiers jours à Londres ?

PHILIPPE MALOUIN Lorsque je suis arrivé à Londres, j’avais très peu d’argent. J’ai eu beaucoup de chance de trouver un entrepôt délabré pour 400 Livres par mois à Stoke Newington, où je pouvais à la fois vivre et travailler. Mais il n’y avait rien, j’ai du tout construire. Ils démolissaient un bâtiment de l’autre côté de la rue, et le soir, je récupérais tout ce que je pouvais : un bac de douche, des carreaux, un évier, et je rapportais tout parce que je n’avais pas les moyens d’acheter quoi que ce soit pour aménager l’espace. Ensuite, j’ai construit tout l’intérieur qui a fait six pages dans un magazine. C’était vraiment cool, tous les meubles étaient de la récupération.

ROSA BERTOLI Et à partir de là, comment avez-vous développé votre agence ?

PHILIPPE MALOUIN J’ai eu de la chance car dès ma sortie de l’école, Rossana Orlandi m’a fait connaitre, ensuite j’ai eu deux pages dans le New York Times, donc les choses se sont enchainées assez vite. Mon premier travail a été pour Volkswagen, puis j’ai eu une galerie; ces projets m’ont aidé à me faire remarquer très tôt. Après, j’ai fait ce que j’avais à faire. C’était très bricolé et DIY. Mais petit à petit, j’ai été remarqué par les design weeks et les galeries, j’ai participé à des expositions de groupe et j’ai fini par être approché par des marques, et tout s’est alors mis en route. Tout d’un coup, je me suis retrouvé avec un groupe d’amis, une communauté de soutien très importante, alors cela n’avait plus aucun sens de partir.

DANS SON STUDIO, HACKNEY, 8H

Un architecte et décorateur d’intérieur

originaire de Singapour, SACHA LEONG a travaillé avec Studioilse et Universal Design Studio avant de créer son agence, Nice Projects, en collaboration avec Simone McEwan.

‘J’ai rencontré Sacha au marché de Dover Street, il travaillait chez Casson Mann à l’époque et j’étais en stage chez Tom Dixon; nous avons travaillé dans le même immeuble et nous sommes devenus amis. En tant qu’ architecte, il m’a vraiment aidé à comprendre ce que veulent les gens, ce que les clients souhaitent. Comme designer produit, je travaille souvent dans le vide, et il m’aide à mettre le doigt sur ce que les gens attendent de mes créations.’

VISITE À SACHA, BETHNAL GREEN, 10h. .

ROSA BERTOLI À quoi ressemble votre communauté créative à Londres, et comment vous a-t-elle aidé à construire votre travail de designer ?

PHILIPPE MALOUIN A Londres, j’ai rencontré beaucoup de gens très rapidement, et j’ai collaboré avec beaucoup d’entre eux, construire ma communauté s’est fait naturellement. Sam Ashby et Sacha Leong ont été très importants pour moi pendant que j’habitais en ville, mais il y a aussi David Waddington de Bistrothèque (l’adresse gastronomique de l’est de Londres) : il est à la fois restaurateur et initiateur culturel, il comprend parfaitement ce que je fais, et il me donne aussi son avis sur mes projets d’espaces commerciaux.

ROSA BERTOLI Parlez-moi du rôle que la collaboration a eu dans votre carrière ? J’ai remarqué que lorsque vous parlez de votre travail, vous utilisez souvent le “nous” à la place du “je”…

PHILIPPE MALOUIN En fait, j’ai démarré mon agence avec Will Yates Johnson et ensuite Eva Feldkamp est arrivée; tous les trois, nous avons décidé de faire tourner l’agence, nous avons réuni tous nos talents, comme un transformateur. Eva était toujours une grande source de motivation pour mon agence, et avant qu’elle ne parte, Julian Komosa nous a rejoint ; il ne pouvait pas y avoir de plus grand “nous” que Julian et moi : c’est un designer talentueux envoyé par le Ciel, un rayon de soleil. Voilà pourquoi c’est “nous”, parce que ça a toujours été une collaboration. Et maintenant pour la première fois, il n’y a que moi, parce que je ne fais que des meubles, pas de projets spéciaux. J’aimerais avoir une agence plus internationale, travailler depuis différents endroits en fonction de ce que je fais.

ROSA BERTOLI Créer Bilboquet avec Flos a aussi été un effort collaboratif pour vous. Quelles sont les choses les plus importantes que vous en avez retenues ?

PHILIPPE MALOUIN Je pense que ça m’a fait grandir un peu en tant que designer, même si le projet est très ludique. Parce que lorsqu’on conçoit des meubles, quand on est jeune, ça peut être assez contemplatif. Au début, on veut vraiment être remarqué, alors on fait des choses folles. Mais après, on ne comprend pas exactement comment les choses sont fabriquées, comment on doit les concevoir pour un public spécifique, tout ça vient avec l’âge. Cette collaboration est le projet de design le plus industriel que j’ai réalisé. Il a l’air si simple, mais il est si compliqué et détaillé à tant de niveaux : c’est le projet le plus ambitieux que j’ai jamais réalisé. L’équipe R&D de Flos m’a vraiment aidé à comprendre comment les choses fonctionnent ; avec Fabio Calvi, Paolo Brambilla, Francesco Rodriquez et Andrea Gregis, j’ai le sentiment que nous avons fait de la magie en collaboration.

SUR LA ROUTE DE HACKNEY, 11 h 51

L'artiste et cinéaste SAM ASHBY est surtout connu pour son travail de directeur artistique pour des affiches de films emblématiques, dont "Control" ; il est également le fondateur du magazine de cinéma Little Joe.

‘Sam est le premier graphiste d’affiches de cinéma, mais c'est aussi un artiste, un cinéaste. Les éléments tels que le rythme, les proportions et la cadence d'un objet tridimensionnel peuvent aussi s’appliquer à une forme graphique. Sam va me donner son avis sur tout, de la forme à la couleur, en passant par le rythme et la composition.’

CHEZ SAM, HACKNEY, 11 h 55

ISSUE EIGHT: FLOWING

Dans ce numéro, rien n’est figé. Ni la lampe de Philippe Malouin qui, comme il le dit, ‘fait beaucoup de choses’. Ni la Black Flag télescopique de Konstantin Grcic, une idée unique de lampe murale à la fois fonctionnelle et sculpturale, qui s’empare de l’espace. Ni la Céramique de Ronan Bouroullec, qui marque les débuts de Flos dans la céramique et est un exemple de série définie par des variations subtiles, où la tradition rejoint le raffinement formel et la sensualité. Sans oublier la Taccia, l’une des merveilles d’Achille & Pier Giacomo Castiglioni qui a marqué l’histoire de Flos et qui revient dans une version mate entièrement blanche, qui réhausse le design original de 1962.

Les personnages de ces pages sont aussi en mouvement : nous suivons Malouin dans l’est de Londres, alors qu’il quitte son atelier à bicyclette, la Bilboquet dans son sac à dos, pour aller la tester et explorer son potentiel chez des amis. Inspiré par l’approche fonctionnelle d’Achille Castiglioni, la Bilboquet sert à la fois d’élément d’éclairage fonctionnel et de lampe d’ambiance, pour obtenir une lampe qui soit la plus judicieuse, quelle que soit l’activité que l’on fait.’

A Berlin, l’architecte allemand Sam Chermayeff ouvre les portes de Kufu 142, sa commune moderne, où des créatifs partageant les mêmes idées ont conçu, dessiné et construit une nouvelle idée de la maison qui s’affranchit des frontières traditionnelles et inspire de nouveaux mo-

des de vie. Nous avons testé Black Flag dans les espaces uniques de ce bâtiment ; installé dans trois appartements, il nous a permis d’explorer les vastes possibilités du produit dans le cadre d’environnements domestiques. Le mouvement est également au cœur de Six Actes, une performance dirigée par le metteur en scène Fabio Cherstich pour animer My Circuit, le système d’éclairage sinueux pour plafond de Michael Anastassiades. Basé sur les principes de simplicité, d’équilibre, et de flexibilité, cette performance d'une semaine a investi les espaces du showroom Flos de Corso Monforte pendant le Fuorisalone 2023, offrant une pause bienvenue dans le rythme effréné de la ville. Les lampes et les personnes que nous avons immortalisées dans ces pages incarnent une approche contemporaine de la vie, des objets et de la lumière. Les conversations dans ce magazine révèlent que pour rester pertinent, le design doit être dynamique. ‘C’est un élément clé de notre travail car nous sommes une société dynamique et nous continuons à concevoir des objets pour répondre à des besoins changeants’ explique Grcic. ‘Les objets qui survivent s’adaptent à ces dynamiques. Mais certains ne fonctionnent plus parce qu’ils ne se sont pas adaptés à l’évolution des modes de vie. Cela nous donne l’occasion de combler ces vides et de trouver de nouvelles façons de concevoir les objets dont nous avons besoin, pour la vie que nous menons.’

STORIES 15
FLOS

Dans l’est de Londres avec Philippe Malouin, Bilboquet et ses amis ↓

90 Petits jeux lumineux by Sany 92 Questionnaire Guglielmo Poletti
Couverture
CONTENUS 50 Fabrication de Céramique ↑ 58 My Circuit en Six Actes ↑
94 Crédits 95 Nouveaux Produits 38
72
Chez Ronan Bouroullec avec Céramique ↓
18
Black Flag by Konstantin Grcic au 142 Kurfürstenstraße
82
Taccia Matte White ↓ Bilboquet au quotidien ↓

BLACK FLAG BY KONSTANTIN GRCIC

Le Kurfürstenstraße 142 de Berlin est un concept de vie en communauté qui redéfinit l'idée de la maison pour le 21e siècle. À l'intérieur, les espaces fusionnent, chaque unité à double hauteur varie en taille et est interconnectée avec ses voisins. Dans cet écosystème d'architecture domestique, nous testons les possibles applications de Black Flag, le dernier projet de Konstantin Grcic pour Flos. Un exercice sur la façon dont le minimalisme combiné à la technologie réinvente la fonctionnalité, Black Flag est une lampe murale extensible qui offre une flexibilité d’éclairage grâce à un bras extensible en alu-

minium qui peut atteindre jusqu’à 3,5 mètres à partir d’une structure murale du même matériau. Lampe murale et pièce maitresse sculpturale, Black Flag incarne l’expertise de Grcic en matière de design industriel et démontre les possibilités expérimentales de son approche, combinée à l’expertise technique de Flos. Black Flag est un clin d’œil au punk rock américain et son potentiel narratif dépasse celui d’un produit traditionnel. Nous avons demandé à Grcic d’analyser la signification culturelle de la lampe et son concept.

18

AU 142 KURFÜRSTENSTRASSE

19

ROSA BERTOLI Pouvez-vous me raconter l’histoire de Black Flag ? D’où est venue l’idée et comment l’avezvous mise en œuvre ?

KONSTANTIN GRCIC Le projet a démarré par plusieurs propositions de design que j’ai présentées à Flos à titre spéculatif. Nous avons pris l’initiative de proposer plusieurs projets, dont une lampe murale à très longue portée. L’idée initiale était de la fabriquer dans un matériau très léger et solide comme la fibre de carbone, pour avoir une bonne structure capable de supporter un long bras. Ensuite le projet a connu de nombreux rebondissements. Finalement, nous sommes arrivés à Black Flag, qui a toujours une longue portée, mais aussi un mécanisme; ce n’est pas un long bras qui couvre un rayon. Black Flag a trois bras pivotants, ce qui permet beaucoup plus d’ajustements que l’idée d’origine qui n’avait qu’un seul bras pivotant.

Grâce à Flos, nous avons transformé l’idée initiale en un produit fonctionnel, fabriqué à partir d’extrusions d’aluminium et équipé de beaucoup de technologie.

C’est l’avantage que nous avons tiré de l’utilisation de ces profilés ; tout d’un coup, nous avons eu de la place pour la technologie.

ROSA BERTOLI Quels sont quelques-uns des exemples de ce que cette lampe peut faire ?

KONSTANTIN GRCIC Nous disposons d’un éclairage vers le haut, d’un éclairage vers le bas et de différents éléments qui peuvent être contrôlés de manière assez sophistiquée, séparément ou ensemble ; on peut faire varier la lumière, changer la température. Des capteurs détectent si l’on se trouve près de la lampe ou pas. C’est très technique, mais c’est devenu une très belle machine. Et j’aime les machines.

ROSA BERTOLI Est-ce que ce concept a été influencé par l’un de vos précédents travaux ?

KONSTANTIN GRCIC Pour Black Flag, nous sommes partis de zéro. Lorsqu'un projet fait autant de tours et de détours que celui-ci, on prend un chemin de traverse et on part d'un endroit où l’on a déjà été dans un autre projet. Il y a eu un projet il y a de nombreuses années, peutêtre 20 ans, une lampe de table exagérément grande qui s'étendait sur toute la longueur d'une grande table. Et j’ai aussi réalisé d’autres projets où j’ai utilisé la couleur noire, et d’autres où je n’ai pas eu peur d’expérimenter avec les machines, de créer un objet qui était à l’origine avant-gardiste. Je dirais que Black Flag a une aura. La lampe a un impact sur l’espace, simplement par la présence de ce grand objet. Elle ne renvoie pas de signes de confort, ni même l’impression d’être une lampe. Lorsqu’on la voit, on peut l’aimer ou non, on peut dire “wow” ou bien “qu’est-ce que c’est ? ”. Dans les deux cas, je pense qu’on reste prudent. On s’en approche avec prudence, en cherchant à comprendre comment elle fonctionne. Cette psychologie a fait partie de certains projets et je l’apprécie parce qu’elle crée un rapport in-

22

SAM CHERMAYEFF

« Toutes les limites internes de ma maison sont vraiment flexibles », déclare Sam Chermayeff qui a travaillé sur le bâtiment dans le cadre du cabinet d'architectes Meyer-Grohbrügge & Chermayeff. Conçu par un groupe de personnes partageant les mêmes idées, le bâtiment se compose de six tours asymétriques aux façades en verre. Les pièces ne sont pas rectilignes, elles se replient les unes sur les autres et peuvent s'adapter à différentes situations. On commence par un espace flexible que l'on modifie au fil du temps. La maison s'agrandit un peu lorsque des voisins arrivent à l’improviste. Cela permet d'élargir légèrement le champ d'action de la maison. J'aime le fait que Black Flag puisse s'étendre dans son propre champ : au début, on peut simplement éclairer un mur ou juste un coin, mais on peut aussi créer un espace plus grand. La manière dont il se développe, ça fonctionne très bien ici.

23
24
25
26
27

time et direct entre l’utilisateur et l’objet. Je considère la prudence comme quelque chose d’intéressant et ce type de relation se transforme en général en quelque chose de très positif.

ROSA BERTOLI Je vous ai entendu utiliser le mot rebelle pour décrire Black Flag. On n’entend pas souvent ce mot pour désigner une lampe.

KONSTANTIN GRCIC Rebelle est un mot que j’ai utilisé parce que nous l’appelons Black Flag. L’image de Black Flag est apparue lorsque la lampe est devenue ce qu’elle est, mais Black Flag était aussi un groupe punk américain très célèbre de la côte ouest. Henry Rollins en était le chanteur, et ils étaient “straight edge”, c’est ainsi qu’ils se définissaient : ni drogue, ni alcool. Straight Edge est un mouvement punk où tout est très pur, très direct. C’est ainsi que ce nom est apparu, et je l’ai vraiment aimé.

ROSA BERTOLI Son utilisation non plus n’est pas simple, je la qualifierais plutôt de lampe hybride, tant sa fonctionnalité est multiple. C’est une lampe qui se fixe au mur mais ce n’est pas une applique, c’est une lampe imposante mais aussi fonctionnelle. Elle est difficile à définir.

KONSTANTIN GRCIC Ça a été un tournant intéressant pour le produit : un objet que j’avais conçu à l’origine comme brut voire un peu brutal, est devenu un outil d’éclairage très sophistiqué. Il offre une technologie d’éclairage intéressante, différents modes, mais aussi le mécanisme qui permet à cette lampe de changer l’atmosphère en fonction des besoins dans un espace. Et pour en revenir au nom Black Flag, il était très inattendu que la lampe, dans sa position complètement fermée, ressemble à un drapeau. Le drapeau noir est un instrument de protestation et il est surprenant et inhabituel qu’une lampe en devienne un. A Euroluce, nous avons joué avec l’idée du drapeau de protestation sur le stand. Il y avait une lampe qui portait l’inscription ‘AGISSEZ MAINTENANT’. En position fermée, on peut voir l’un des mots (selon le côté d’où l’on s’approche), et lorsque la lampe s’ouvre, il se dissout. J’ai pensé qu’il était intéressant de jouer avec un objet domestique; ce n’est pas une lampe politique mais je voulais voir ce qui se passe si l’on inscrit des mots comme ceux-là sur un produit. Nous vivons un moment historique, l’expression ‘agissez maintenant’ pourrait s’appliquer à une grande partie de notre situation mondiale actuelle, nous devons agir.

En plus, il s’agit d’une lampe, mais il faut que l’utilisateur agisse avec elle, elle ne fonctionne pas s’il n’y a pas une interaction physique avec elle.

ROSA BERTOLI Comment l’imaginez-vous dans l’espace ?

Avez-vous pensé à la manière dont les gens vont l’utiliser ?

KONSTANTIN GRCIC L’une des applications pourrait être dans un espace où différentes choses se produisent en

28

NOEMI SMOLIK

La critique d'art Noemi Smolik cherchait un loft à Berlin lorsqu'elle est tombée sur le projet du groupe et l’a rejoint. «Dans mon appartement, je n'ai pas beaucoup d'objets : une table pour écrire, une table dans la cuisine où je reçois mes amis, et un endroit où je peux m'asseoir et lire. J'ai demandé à Sam de me construire une mezzanine pour mon lit. ». Dans son appartement, Black Flag peut éclairer tout l'espace en seulement quelques gestes, en se faufilant par-dessus la table à manger pour atteindre la bibliothèque et le coin lecture.

29

fonction de l’heure de la journée. La lampe se déplace donc avec vous et vos activités, en passant d’une lampe sur le bureau où vous travaillez, à une lampe au-dessus de la cuisine pour cuisiner, au-dessus de la table pour manger, puis sur le canapé pour vous détendre. Un éventail d’activités dans un même espace. Un autre scenario peut être celui d’un grand espace avec seulement quelques objets qui en font la force. Parfois, les espaces sont vastes et les lampes s’y perdent; Black Flag est assez puissante pour occuper un grand espace. Qu’il s’agisse d’environnement public ou domestique, je ne me suis jamais préoccupé de ces distinctions, elles n’existent plus vraiment, il y a une transition en douceur entre ces types d’espaces.

ROSA BERTOLI Black Flag est l’un des projets qui nous a inspirés pour intituler ce numéro “ flowing”, pour parler de mouvement et de flexibilité dans le design. Dans quelle mesure votre travail est-il dynamique, que ce soit dans les intentions d’utilisation ou dans le design ?

KONSTANTIN GRCIC Très tôt, j’ai commencé à installer des poignées sur mes meubles, qu’il s’agisse d’un trou pour y placer la main ou, comme pour la Mayday, d’un crochet et d’une poignée pour encourager les gens à prendre les objets et à les transporter d’un endroit à l’autre. Un autre niveau de dynamique est la manière dont on utilise un objet, différente de celle prédéterminée. Je veux donner à l’utilisateur le contrôle sur la manière d’utiliser mes objets, et pour cela, l’objet doit donner des indices, pas des instructions précises, mais un indice de ce qui peut être fait. Mayday en est un bon exemple : le crochet est un indice, le long câble en est un autre, la protection en forme de cône en est encore un autre, ils donnent des idées sur ce qu’on peut faire avec la lampe, sans donner de prescription. Il s’agit d’un élément clé de notre travail car en tant que société et en tant que personnes, nous sommes dynamiques, en constante évolution ; et c’est pourquoi nous continuons à concevoir des objets, parce que nous continuons à concevoir des objets pour répondre à des besoins changeants. Bien sûr, nous pouvons vivre avec de vieux objets, et les objets anciens qui survivent s’adaptent à cette dynamique. Mais certains objets sont vraiment dépassés et démodés, ils ne fonctionnent plus parce qu’ils ne se sont pas adaptés à l’évolution des modes de vie. Cela nous donne l’occasion de combler ces lacunes et de trouver de nouvelles façons de concevoir les objets dont nous avons besoin pour la vie que nous menons.

32

« Nous tous du « groupe de construction » qui avons construit la maison ensemble, nous nous connaissons depuis longtemps étant donné que la planification a commencé en 2012 » explique Oliver Helbig, qui a également photographié Black Flag dans l'espace pour créer les images de ces pages. « La production avec Flos et Black Flag était intéressante parce que je l'ai photographiée dans les trois appartements, qui ont chacun un plan d'étage très différent. Les différentes hauteurs des pièces sont particulièrement intéressantes et, selon la façon dont on place la lampe, on obtient des ambiances très différentes. J'aime le fait qu'elle puisse regarder au coin de la rue comme un animal curieux".

OLIVER HELBIG
33
34
35

CHEZ RONAN BOUROULLEC AVEC CÉRAMIQUE

39
Interview de Rosa Bertoli Photographe d’Angèle Châtenet

La passion de Ronan Bouroullec pour la céramique a été le catalyseur de Céramique. Une première pour Flos, cette lampe est l'expression pure d'un matériau, l'union des mains d'un designer qui sait créer une poésie visuelle et du savoirfaire d'une entreprise qui sait la traduire en objet. Nous lui rendons visite chez lui, à Paris, pour voir Céramique dans cet espace intime et explorer sa passion pour ce matériau et son potentiel évocateur.

ROSA BERTOLI Ces dernières années, la céramique a été un matériau fondamental dans votre travail ; vous l'avez utilisée à la fois en deux dimensions pour vos bas-reliefs et pour des créations tridimensionnelles, telles que des vases. D'où vient votre passion pour la céramique ?

RONAN BOUROULLEC La céramique a toujours été présente dans ma vie. J’ai grandi à Quimper, en Bretagne, qui est encore aujourd’hui un haut lieu de fabrication de la céramique. Enfant, un jour par an, la manufacture ouvrait ses portes et j’allais la visiter, fasciné par ses méthodes et ses procédés. Ensuite, l'un des projets les plus importants que j'ai réalisés, l'un des premiers, était en céramique. Au début de ma carrière en 1999, je passais tous mes week-ends à Vallauris dans le sud de la France, où je travaillais avec un artisan qui transformait l'argile pour créer la collection d'objets et de meubles Torique.

Je voulais devenir designer industriel mais dès le début, j’ai commencé à travailler avec des artisans et j’ai toujours été fasciné par cette capacité à créer des objets en céramique. C’est un peu comme pour le dessin, on peut faire des choses immédiatement. Bien sûr, il faut le cuire ou le dessiner, mais en principe c’est quelque chose de facile à manipuler. Depuis ces premiers temps, j’ai réalisé des objets en céramique à l’agence, pour Mutina par exemple nous avons créé des briques ou des tuiles industrielles, et des objets plus artisanaux au Japon, avec Tajimi Custom Tiles. J’ai une grande fascination pour ce matériau : il est doux, organique, dynamique, et magiquement imprévisible. J’aime comment il est glacé, comment les couleurs apparaissent, le fait que la couleur n’est pas exactement celle que l’on souhaite, jamais tout à fait juste, un peu changeante.

ROSA BERTOLI Lorsque vous avez présenté Céramique, vous avez dit ‘la céramique parle de désir et de sensualité’ : pouvez-vous m’en dire plus ?

RONAN BOUROULLEC En ces temps de production industrielle synthétique où les formes sont parfaites, les lignes bien faites et où nous utilisons des systèmes pour reproduire des formes exactes, je pense que la céramique a quelque chose de plus sensuel. Elle bouge toujours un peu dans le four et la façon dont l’émail fond est souvent imprévisible. Ce qui rend la céramique intéressante, c'est la petite variation dans chaque pièce, et dans la reproduction parfaite du monde industriel, je m'intéresse à cette variation, à ces petites différences.

ROSA BERTOLI Et maintenant, vous avez pris ce matériau et vous l’avez apporté à une entreprise très attentive à son processus industriel et à ses méthodes de fabrication. D’où vous est venue l’idée d’utiliser la céramique pour faire une lampe avec Flos ?

RONAN BOUROULLEC L'idée de Céramique est née à l'époque où je travaillais sur des systèmes énormes et complexes, des projets comme les Luce Orizzontale pour la Bourse de Commerce, et je sentais qu'il manquait quelque chose. Je pense qu'au cours de ces dix dernières années, la conception de l'éclairage a évolué très rapidement vers des systèmes techniques intelligents. Mais je voulais une belle lampe, quelque chose qui ressemble aux produits que Tobia Scarpa et Achille Castiglioni avaient créés pour Flos : des objets avec des géométries intéressantes qui produisent une lumière simple, capable de satisfaire un besoin simple comme éclairer un chevet ou une table. Quelque chose de bien fait, plein de plaisir. Un objet que l'on aime.

ROSA BERTOLI Et comment avez-vous développé cette idée avec Flos ?

RONAN BOUROULLEC J'ai pensé qu'il était intéressant de créer quelque chose qui ne soit pas un nouveau système ou une extrusion compliquée, mais qui ramène au point de départ de la lumière. L'idée était de fabriquer des lampes à partir d'une seule pièce de céramique et avec de simples ampoules à visser.

44

Il n'y a pas de système complexe à démonter, vous dévissez l'ampoule et c'est tout.

Céramique est un objet très simple qui a du charme, parce que parfois on a besoin de quelque chose de simple. Naturellement, elle ne résoudra pas toutes les problématiques d'éclairage d'un espace, mais elle répond à de nombreux besoins fondamentaux dans un appartement ou une maison, lorsque l'on a besoin d'une belle ambiance et que l'on veut être entouré de beaux objets.

J'ai aussi pensé que la céramique était un matériau pertinent parce que Flos se trouve en Italie, un pays riche de techniques artisanales différentes, d'entreprises de tailles différentes, depuis les ateliers artisanaux aux ateliers de taille moyenne, en passant par les grandes entreprises. Et je pense que cela fait partie du rôle d'un designer de trouver un moyen de sauver ces petites entreprises et de les encourager à continuer à produire, pour qu'elles ne disparaissent pas. Je crois que ce type d'entreprises italiennes qui produisent de beaux objets en céramique doit être protégé et ça a été un point important du projet.

ROSA BERTOLI Le design de Céramique rappelle ce que nous considérons comme une lampe de table traditionnelle, mais il présente aussi un caractère complètement différent, qui vient en partie de ce matériau. Comment êtes-vous parvenu à cette forme ?

RONAN BOUROULLEC Ça a été un très long processus, je pense que j’ai dessiné 50 lampes avant d’arriver à celle-ci (rires). Le point de départ est à la fois technique et poétique. Je voulais que le design final exprime un langage poétique, mais je voulais aussi atteindre la simplicité, une lampe d'une seule pièce de céramique.

J'ai étudié différentes solutions, certaines intelligentes sur le plan technique ou géométrique, mais peut-être pas du point de vue de la lumière. Le point de départ du projet final a été la première forme dont j’étais satisfait : une pièce verticale en céramique qui ressemblait à un beau vase. Et juste en le regardant, en l'utilisant dans mon appartement et en réalisant quelle lumière il produisait, j'ai pensé qu'il serait intéressant que la lumière ait différentes directions. Ainsi, au fur et à mesure que le projet avançait, je me suis rendu compte qu'il serait probablement plus efficace en tant que collection. Trouver des formes et des tailles qui fonctionnent dans trois orientations différentes a été un processus long et extrêmement complexe, et Flos a résolu plusieurs aspects techniques du projet. Dans une culture du design où le métal est découpé et le plastique extrudé, la céramique n'est pas quelque chose que l'on peut attraper, c'est comme un animal sauvage, elle a besoin de beaucoup de calme et de beaucoup de temps. Céramique est grande et lourde, elle n'est pas facile à mettre au four; la

première tentative a été un désastre. Je me suis demandé pourquoi j'avais conçu quelque chose d'aussi complexe. Mais nous avons résolu le problème et pour moi, ça c'est l'Italie, cette merveilleuse qualité de recherche et de développement d'entreprises telles que Flos.

ROSA BERTOLI Le design de la lampe donne presque l'illusion d'une tête dynamique et présente les trois options alors qu’elle est fixe. Comment la fonction de chaque modèle change-t-elle ?

RONAN BOUROULLEC La fonction est clairement définie pour chaque version du modèle. Lorsque la calotte est orientée vers le haut, elle produit un éclairage général de l'espace, lorsqu'elle est orientée vers le côté, elle peut éclairer indirectement un mur, tandis que l'orientation vers le bas convient mieux à une table ou à une chambre à coucher.

ROSA BERTOLI C'est une lampe très archétypale, mais inattendue en raison de son matériau.

RONAN BOUROULLEC Je pense qu'elle est également inattendue en raison de sa taille. Les gens qui l'ont vue en photo pensent qu'il s'agit d'une petite lampe, mais elle est très grande, c'est comme avoir un grand vase sur une étagère et c'est un aspect important. Ce n'est pas un gadget, elle a une forte présence dans une pièce.

49

FABRICATION DE CÉRAMIQUE

51
Texte de Rosa Bertoli Photographie de Anastasia Pavlova

Céramique de Ronan Bouroullec, le premier projet de Flos dans le domaine de la céramique, est un trio de lampes sculpturales qui associe l'approche sensible du designer français en matière de volumes et de silhouettes, à la volonté d’innovation de l’entreprise.

Ces dernières années, la céramique a été au centre du parcours créatif du designer qui s’est aventuré dans une exploration personnelle du design abstrait. En utilisant la céramique comme support pictural, le matériau est devenu le sujet d'une série de bas-reliefs et de vases qui sont autant des compositions expressives que des récipients fonctionnels. ’ J'aime la céramique, les flammes qui lèchent la terre et l'émail qui coule pour envelopper la forme ‘, explique-t-il.

’ La céramique parle de désir, de sensualité. Je pense que mon travail va s'orienter de plus en plus dans cette direction : produire des objets qui sont certes fonctionnels, mais qui recherchent une sorte d'élégance, de plaisir. ‘

Témoignant de la nouveauté de son matériau à travers son nom, Céramique est une collection entièrement fabriquée à la main avec une finition laquée cristalline sans plomb. Les couleurs de la collection, Moss Green, Navy Blue et Rust Red, mettent en valeur les surfaces lisses en reflétant la richesse du matériau.

Le point de départ du design est la composition essentielle d’une lampe : base, tige et abat-jour, déclinée en trois lampes de table, présentant le même design avec des orientations légèrement différentes, chacune se caractérisant par une configuration qui suggère délicatement un éclairage spécifique. Alors que la version down est la lampe de table et de lecture idéale, la lampe à orientation latérale est imaginée pour éclairer un angle, et le lampadaire crée un éclairage d’ambiance idéal.

‘Flos est intimement lié à l’extraordinaire panorama des savoir-faire italiens, unique en Europe. Il a fallu étudier la céramique italienne, une première pour l’entreprise’ poursuit-il. ‘Je crois que cette richesse de savoir-faire et cette rigueur de l’artisanat constituent une expérience qu’il faut faire vivre et développer, et je suis très heureux d’essayer d’y contribuer’.

CONÇU POUR LA DURABILITÉ

Le corps en céramique de la lampe iconique présente une finition cristalline laquée sans plomb ajoutée à sa surface travaillée à la main

DESIGN INTEMPOREL

La meilleure façon d’être durable est de créer un produit qui durera toujours, quelque chose que vous voudrez partager avec les générations futures. Chacun des éléments se démonte facilement pour être réparé ou remplacé.

Plus d’informations sur flos.com/en/sustainability

55

Pendant le Fuorisalone 2023, le metteur en scène de théâtre et d’opéra Fabio Cherstich a été sollicité pour animer My Circuit de Michael Anastassiades au Flos Project Space de Corso Monforte, en étroite collaboration avec le designer et avec Flos, afin de donner vie à l’éclairage à travers le mouvement et le son. Cherstich nous raconte ici son expérience dans la conception de la performance, dont la combinaison de poésie et d'habileté technique a été capturée par la photographie de Mattia Greghi.

My Circuit en Six Actes

59

Acte I

60

Je me souviens encore de l’enthousiasme de ma première rencontre avec Michael Anastassiades pour parler du projet de performance sur My Circuit et de son lancement pendant le Fuorisalone, dans l’espace du showroom Flos à Milan.

Je connaissais bien le travail de Michael mais je n’avais jamais travaillé avec lui. Il m’a donc semblé logique d’écouter et d’essayer de comprendre les principes sur lesquels reposait sa nouvelle création : simplicité, équilibre, flexibilité sont les mots que j’ai notés dans mon carnet. Le produit était très beau et polyvalent et l’idée de le lancer au moyen d’ une performance théâtrale était un formidable défi.

Michael m’a expliqué que l’installation comprendrait six scènes, avec un mobilier minimaliste spécialement conçu par lui ; elles seraient présentées dans l’espace avec autant de compositions lumineuses dans des variations qui transformeraient complètement l’affichage des points lumineux et en même temps, la narration d’un environnement domestique jamais réaliste mais plutôt 'seulement suggéré par la disposition' comme dit Michael.

Chaque acte représentait un environnement domestique différent : une grande table entourée de chaises, une version stylisée d’un espace jour, un espace nuit, et un acte dans lequel on ne voyait que les lampes éclairées, sans aucun meuble. Un fauteuil, un canapé, un tapis stylisé, un paravent. Des volumes cylindriques de différentes hauteurs faisant office de tables. Des objets essentiels et raffinés définis par le goût qui a toujours distingué le travail de Michael Anastassiades.

Acte II

'Je ne veux rien de très théâtral, des textes aux scènes, rien de mélodramatique ou d’excessif', a déclaré Michael, une indication de recherche très claire de sa part. J’ai immédiatement pensé qu’il serait intéressant de voir comment les six environnements pourraient être habités dans une forme pure et essentielle, à travers le travail d’un groupe de performeurs qui habiteraient l’espace. Peu d’accessoires et une séquence d’actions concrètes où les différentes dispositions des meubles et de la lumière dans l’espace modifieraient la dynamique des interprètes et le sens de leurs actions.

Tout d’abord je me suis demandé quelle devait être l’énergie de l’espace, le type d’atmosphère qu’il devait restituer au public et la température émotionnelle des interprètes. Il m’est apparu tout de suite qu’il fallait travailler sur une partition d’actions dictées par le temps, sur des séquences de gestes répétés en thèmes et variations pour composer une fresque visuelle qui se transforme sous les yeux du public pendant une période prolongée. Une ligne temporelle anti-quotidienne, dilatée et suspendue pour trouver une rupture claire entre l’installation et son environnement, entre le chaos des rues de Milan bondées pour les mille évènements du Fuorisalone, et l’énergie rare et ritualisée que je voulais restituer avec ma performance à l’intérieur du showroom Flos.

63

Acte III

64
65

C’est comme ça qu’est née l’idée d’utiliser un métronome pour marquer le rythme des actions, un instrument très simple qui relie immédiatement le public et les artistes, en ponctuant le 'souffle' de l’espace tout entier. Son balancement quasi hypnotique et l’atmosphère dilatée des actions ont mis le public dans un état d’écoute et de concentration que je souhaitais vivement étudier.

Pour pouvoir construire un matériau qui soit en quelque sorte antithéâtral, ou même, antinaturaliste, j’ai décidé qu’il n’y aurait pas de personnages sur scène, mais seulement des personnes réelles dans l’espace : le corps, l’énergie et la vérité scénique des participants. Pas des acteurs mais des danseurs et des danseuses, des interprètes issus d’expériences liées au monde de l’art visuel ou à aux disciplines orientales.

Un autre choix était qu’il ne devait pas y avoir de conflits entre les habitants de cet espace, pas de tensions psychologiques dans leurs actions ou quoi que ce soit qui laisse la place à une lecture ambigüe. Il devait s’agir d’un espace utopique, d’un grand mécanisme humain, parfait et harmonieux.

Un autre élément central a été la recherche sur les règles de la performance : l’action dans sa vérité honnête, la parole exprimée uniquement à travers le chant, la répétition comme instrument d’aliénation, l’énergie toujours modifiée par un élément extérieur qui entre dans l’espace et change la dynamique entre les objets et les personnes, entre la scène et le public.

Acte IV

Ces choix étaient en accord avec les références artistiques que j’avais montrées à Michael après notre première rencontre et qui avaient fait converger nos goûts : le théâtre d’images de Robert Wilson, les performances de Tino Sehgal et Meredith Monk et certains œuvres d’action pure de Bruce Nauman. Avec ces hypothèses, j’ai abordé le casting avec Riccardo Olivier, chorégraphe et mon collaborateur, qui était présent sur scène pendant toute la durée de la performance dans un rôle de maître de cérémonie. Neuf interprètes aux expériences et aux formations diverses se sont alternés pendant les six jours du Salone, créant une communauté autonome qui vivait et existait seulement pour la durée de l’action, trois heures par jour.

Chaque jour, les artistes arrivaient une heure avant le début de l’acte et recevaient une séquence d’actions liées aux objets disponibles ce jour-là. Voici quelques-unes de ces actions : faire fonctionner le métronome, changer le rythme du métronome, jouer aux échecs, boire du lait, se reposer, s’allonger, mesurer le temps avec un sablier. Sauter, se détendre, danser sur une chanson écoutée au casque. Enregistrer un rêve et le réécouter, regarder dehors par les fenêtres. Observer le public avec des jumelles. Serrer un ami dans ses bras, dormir, prendre des photos avec un Polaroid pour soi et pour le public. Respirer les plantes, pointer une constellation imaginaire au plafond. Dessiner

67

Acte V

68

la ligne de My Circuit sur un cahier, la pointer du doigt. Dessiner l’espace. Décrire les lampes à voix basse tout en les regardant. Chanter une chanson liée à son enfance. Ce ne sont là que quelques-unes des actions de la partition, des plus élémentaires aux plus poétiques et extravagantes.

Le résultat a été une très longue improvisation organisée qui a généré une documentation photographique interne: à la fin de la journée, les polaroids étaient exposés dans l’espace, créant ainsi une narration des différents actes que les spectateurs pouvaient consulter, comme une mémoire des jours et des configurations précédentes.

J’étais tellement heureux de voir la réaction de surprise et de concentration du public face à la magie qui s’était créée dans notre rituel, que pour la première fois dans ma carrière de metteur en scène, j’ai décidé d’entrer moi aussi dans le jeu en tant qu’interprète, mais juste une journée et pendant une heure, avant que la timidité et la routine prennent le dessus sur mon enthousiasme. Je voulais moi aussi vivre l’expérience d’habiter ces espaces et ces splendides objets lumineux de l’intérieur.

Dans nos Six Actes, des milliers de personnes ont assisté à un rite domestique poétique et collectif, essentiel mais plein de nuances et de surprises, qui a offert aux spectateurs l’idée d’agir et d’habiter un espace différent de notre routine, et transmis cette magie que le langage du spectacle vivant conserve par rapport à d’autres langages.

Acte VI

'Dans l’hypothèse d’une informatisation maximale de la société et d’une standardisation maximale des conditions de vie des hommes, nous irons au théâtre car c’est là qu’il y a encore des êtres humains qui, simplement et réellement, transpirent, pleurent, se coupent, tombent, désespèrent et sont heureux. Nous irons voir cet évènement comme quelque chose qui ne peut pas être manipulé, quelque chose qui ne peut pas être bidimensionnel. ' C’est en gardant à l’esprit ces paroles prophétiques écrites en 1992 par Antonio Neiwiller que j’ai composé la représentation de Six Actes pour Michael Anastassiades. Cette expérience heureuse restera dans ma mémoire comme un exemple unique (mais je l’espère à renouveler) de travail d’équipe en état de grâce, où le designer, l’entreprise, la gestion de projet (dirigée par Barbara Corti, une extraordinaire compagne de voyage) et les interprètes créent un projet capable de brouiller les frontières des langages et d’offrir au public une nouvelle façon de découvrir la beauté formelle et conceptuelle de My Circuit. Je serai éternellement reconnaissant à Michael Anastassiades pour la confiance qu’il a m’a immédiatement accordée et pour le chemin parcouru ensemble dans cette création qui, je l’espère, se répétera au plus vite à travers de nouveaux défis communs, de nouvelles recherches et expérimentations au nom de la grande tradition de Flos.

71

BILBOQUET AU QUOTIDIEN

Le photographe Leonardo Scotti et le scénographe designer Alessandro Mensi explorent les possibilités ludiques de Bilboquet de Philippe Malouin à travers une série de vignettes éclectiques et colorées.

73
74
77
78
79

DESIGN DURABLE

La tête et le corps sont en Polycarbonate durable dérivé d’un sous-produit de l’industrie du papier à la place du pétrole.

A L’EPREUVE DU TEMPS

La lampe a été conçue pour être à l’épreuve du temps. Toutes les pièces peuvent facilement être remplacées en cas de besoin pour une durée de vie plus longue.

Plus d’informations sur flos.com/en/sustainability

81

TACCIA MATTE WHITE

Nous revisitons la lampe d'Achille & Pier Giacomo Cstiglioni qui revient dans une version entièrement matte white.

83

DESIGNER

Achille & Pier Giacomo Castiglioni

CARACTÉRISTIQUES

Lampe de table à lumière indirecte et réfléchie, la Taccia est composée d'un diffuseur directionnel en verre clair soufflé à la bouche qui supporte un réflecteur en aluminium peint, blanc brillant à l’extérieur et blanc mat à l'intérieur. Le diffuseur en verre repose sur un pied en forme de colonne qui dissimule l'ampoule, et qui est traditionnellement noir, bronze ou aluminium anodisé. Aujourd'hui, la Taccia est équipée d'une LED lumineuse qui permet de varier l'intensité de la lumière.

HISTOIRE

A l’origine, Taccia a été conçue par Achille et Pier Giacomo Castiglioni en 1958, et un an après, le premier prototype était présenté à l’Illinois Institute of Design de Chicago, lors d’une conférence sur le design italien. Durant les trois années qui ont suivi, les designers ont travaillé sur plusieurs modèles expérimentaux avant de parvenir au design final et à la solution de production, en commençant par utiliser du plastique pour créer le diffuseur directionnel puis en optant

Taccia
NOM
ANNÉE 1962
Photographie Ugo Mulas
85
© Eredi Ugo Mulas. Tous droits réservés

finalement pour du verre. En mars 1962, Flos s’est engagé à produire le projet qui a été présenté à Marcel Breuer dans sa version finale en juin de la même année. En novembre, Flos présentait la lampe comme partie intégrante de la série inaugurale de l’entreprise.

CURIOSITÉ

Le verre de chaque lampe est soufflé à la bouche et fini à la main, en utilisant un ensemble de méthodes traditionnelles et de haute technologie. Tout d’abord, le sable entre dans un four en briques réfractaires et se transforme en magma incandescent à 1000/1600 degrés Celsius. A l’aide d’un tube en acier inoxydable de 2,5 mètres de long, des verriers expérimentés soufflent le verre en fusion dans un moule souterrain, le même que celui utilisé dans les années 60. Une fois détaché du tube à l’aide d’eau, le bol est ensuite placé dans un four ‘Muffola’ pendant 24 heures, pour revenir doucement à la température ambiante. Ce bol est ensuite découpé à la main afin de lui donner sa forme finale pour la lampe.

LA NOUVEAUTÉ

La Taccia matte white est la dernière interprétation de ce classique contemporain : la version monochrome mate de la lampe met en valeur sa silhouette et rend honneur à l’expression pure de sa fonctionnalité.

86

TACCIA SELON ACHILLE CASTIGLIONI

“L’histoire de cette lampe est assez intéressante, car on la prend à tort pour un objet postmoderne : c’est amusant parce qu’elle date de 1962, et mon frère et moi n’avions pas l’intention de créer une lampe postmoderne.”

“Je dois admettre que cette lampe a été conçue de la mauvaise manière : au début, nous avons utilisé du plastique transparent pour fabriquer ce bol. Et lorsque nous avons testé l’objet, nous avons eu une belle surprise : en chauffant, le plastique a fait pfffffff et le bol s’est aplati. Notre premier projet était complètement erroné, nous l’avons donc fabriqué en verre.” “Cette base en forme de colonne est

comme une chemise qui aide à refroidir cette sorte de chaudière en verre : à la base de l’objet, la chaleur est tellement intense que l’augmentation du volume de la surface permet de le refroidir plus efficacement. C’est comme les ailettes d’un moteur “

Mots de ROSA BERTOLI

Photographie de Flos archive (p. 83, 84, 87) et ADRIANNA GLAVIANO (p. 80-81, 82, 85, 86)

89

PETITS JEUX LUMINEUX

Illustrations de Sany

Quel est la meilleure façon d’aider l’équipe B à gagner le match :

4. Passer à un autre modèle de Céramique

3. Tourner le terrain de basket à 90º /

2. Faute de jeu /

1. Entrainement intensif /

Céramique de Ronan Bouroullec

JEUX
90

Combien de Bilboquet complets Florian et Flavia peuvent construire avec ces composants ?

91
Bilboquet de Philippe Malouin

Guglielmo Poletti

Le langage du design essentiel de Guglielmo Poletti est le résultat d’une étude précise des contours, des tensions et des surfaces qui se croisent, assemblés dans des compositions minimales astucieuses qui suggèrent une fonction tout en étant essentielles sur le plan esthétique. ‘Je ne cherche pas à conceptualiser mon travail, je veux qu’il s’explique de lui-même’ dit Poletti. Son projet avec Flos, To-Tie, en est un exemple : une exploration du potentiel de l’éclairage comme outil qui permet d’encadrer un espace vide. Dans ce projet intuitif, un cylindre en verre soutient une tige en aluminium anodisé qui dissimule une source LED, le câble servant d’élément structurel pour les maintenir ensemble. Il nous parle ici de son quotidien et illustre les choses qui suscitent son intérêt. Photographe Bea De Giacomo.

QUESTIONNAIRE
92

Dessine ton outil préféré. Qu’y a-t-il sur ta table de nuit ?

Quel objet aimerais-tu avoir dessiné ?

Si tu pouvais vivre n’importe où, où irais-tu ?

Comment commences-tu ta journée ?

Quel était ton dernier repas ?

Que collectionnes-tu ? Qu’est-ce qui te rend heureux ?

Raconte-nous une chose que tu n’as jamais faite

Le dernier livre que tu as lu

93

CRÉDITS

Collaborateurs

A Paris, Àngele Châtenet photographie Ronan Bouroullec chez lui avec Céramique, les débuts de Flos dans la céramique (p. 38)

Le metteur en scène de théâtre et d'opéra Fabio Cherstich a écrit un texte sur son expérience d'animation de My Circuit de Michael Anastassiades pendant le Fuorisalone (p. 58)

Pablo Di Prima a suivi Philippe Malouin alors qu’il testait Bilboquet, son premier produit Flos, dans la maison de ses amis dans l’est de Londres (Cover)

La photographe new-yorkaise Adrianna Glaviano a créé une série d'images de Taccia, en illustrant l’ingénieuse lampe d'Achille Castiglioni & Pier Giacomopour notre Identikit (p. 82)

Durant une semaine au Fuorisalone, le photographe Mattia Greghi a documenté la performance de Fabio Cherstich qui a élevé et célébré My Circuit de Michael Anastassiades (p. 58)

Le photographe Oliver Helbig a photographié Black Flag de Konstantin Grcic chez lui et chez ses voisins Sam Chermayeff et Noemi Smolik à Berlin (p. 18)

Le directeur de la création italien Alessandro Mensi a mis en valeur le design génial de Bilboquet à travers une série de photos qui illustrent l'idée lumineuse de Philippe Malouin (p. 72)

Anastasia Pavlova s'est rendue dans les coulisses de l'usine de céramique de Flos pour documenter la fabrication du Céramique de Ronan Bouroullec (p. 50)

Pour ce numéro, l'illustrateur et artiste Sany, alias Samuel Nyholm, installé à Stockholm, a créé des jeux nspirés par Céramique et Bilboquet (p. 90)

Le photographe milanais Leonardo Scotti a photographié Bilboquet dans une série d'images ludiques qui célèbrent la nature multifonctionnelle de la lampe (p. 72)

Remerciements

Michael Anastassiades

Sam Ashby

Ronan Bouroullec

Jason Brackenbury

Ángel Cánovas Celdrán

Achille Castiglioni Foundation

Py Cha

Sam Chermayeff

Konstantin Grcic

Elvio Grego

Ezio Grego

Kathrin Hasskamp

Sacha Leong

Philippe Malouin

Eredi Ugo Mulas

Noemi Smolik

Concept et Direction Artistique Apartamento Studios

Rédactrice en chef

Rosa Bertoli

Conception graphique Apartamento Studios

Equipe Flos

Barbara Corti

Rosaria Bernardi

Elisa Bodei

Silvia Delaini

Donatella Matteoni

Francesco Funari

Diletta Dincao

Ambra Crociani

Sara Amatista

Paola Arici

Traductions

Agiliz@ tu gestion

Impression

LOGO srl Borgoricco (PD)

Août 2023

94
NOUVEAUX
Bilboquet .............................. Philippe Malouin .................... 2023 ........................................... p. 96 Black Flag .............................. Konstantin Grcic ..................... 2023 ........................................... p. 97 Céramique ............................. Ronan Bouroullec ................... 2023 ........................................... p. 96 My Sphere ..............................Michael Anastassiades............ 2023 ........................................... p. 98 My Dome ................................Michael Anastassiades ........... 2023 ........................................... p. 98 Taccia .................................... A. & P.G. Castiglioni ............... 1962 ........................................... p. 97 95
PRODUITS

Bilboquet

Philippe Malouin, 2023

Matériaux: polycarbonate, fer

Puissance: 7.5W

Tension: 220-240V

Sources d'éclairage: GU10 Led bulb - Variateur intégré au câble

Disponible en: sage, linen, tomato

Céramique

Ronan Bouroullec, 2023

Matériaux: céramique, polycarbonate

Puissance: 8W

Tension: 220-240V

Sources d'éclairage: E27 LED bulb - Variateur intégré au câble

Disponible en: moss green, navy blue, rust red

F0995017 F0995035 F1632014 F1633014 F1634014 F1632035 F1633035 F1634035
F1632039 F1633039 F1634039 Céramique Up Céramique Side Céramique Down 104 mm / 4,09'' 59.5 mm / 2,34'' 203 mm / 7,99'' ø 56.5 mm / 2.22'' ø 104 mm / 4.09'' ø 205 mm / 8.07'' ø 205 mm / 8.07'' ø 205 mm / 8.07'' 503 mm/ 19.80'' 503 mm/ 19.80'' 488 mm/ 19.21'' 96
F0995039

Black Flag

Konstantin Grcic, 2023

Matériaux: aluminium, polycarbonate

Puissance: 75W (Black Flag) - 82W (Black Flag Pro)

Tension: 220-240V

Sources d'éclairage: Power LED 2700K CRI 90 (Black Flag) - ( Tunable white 2700-5000K CRI 90 Black Flag Pro)

Disponible en: matte black

Taccia

Black Flag

F1090031

Black Flag Pro

F1091031

Achille & Pier Giacomo Castiglioni, 1962

Matériaux: verre, aluminium

Puissance: 28W Taccia - 16W Taccia Small

Tension: 100-240V/48V

Sources d'éclairage: 1 COB LED 28W 2700K CRI93

Nouvelle Finition: matte white

Disponible en: noir, argent, bronze

Finitions
F6604009 noir argent bronze Taccia Small F6602009 Taccia
485 mm / 19,09'' 645 mm / 25,39'' ø 142 mm / 5.59'' ø 190 mm / 3.54'' 1200 mm/ 47.24'' 3535 mm / 139.17'' 1200 mm / 47.24'' 97

My Dome, My Sphere, My Lines et My Disc viennent aussi compléter la structure My Circuit, conçue par Michael Anastassiades, afin d’offrir une large gamme d’outils d’éclairage spécialisés.

Découvrez-en plus sur notre site professionnel en scannant le QR code ci-dessous :

My Dome & My Sphere

Michael Anastassiades, 2023

Matériaux:

aluminium , PMMA ( My Dome) -

verre, aluminium ( My Sphere)

Puissance:

2x15W ( My Dome) -

20W ( My Sphere)

Tension: 220-240V

Sources d'éclairage:

2xLed 15W 2700K CRI90 ( My Dome)

Led 20W 2700K CRI90 ( My Sphere)

My Disc & My Lines

Michael Anastassiades, 2023 F1902009 F1920009

F1905009

Matériaux:

aluminium, polycarbonate, PMMA ( My Disc) -

aluminium, acier, polycarbonate, silicone optique platiniumextrudè ( My Sphere)

Puissance: 44W ( My Disc) -

2x52W ( My Lines)

Tension: 48V

Sources d'éclairage:

Led 44W 2700K CRI90 ( My Disc)

2x Led 52W 2700K CRI90 ( My Lines)

My Circuit Lines My Circuit Sphere My Circuit Dome My Circuit My Spot ø 25 My Circuit My Spot ø 35 My Circuit Light Shadow Spot My Circuit Disc
F1915009 3000 mm / 118.11'' 218mm / 8.58'' ø 600 mm / 23.62'' ø 152 mm / 5.94'' 73 mm / 2.87'' 3000 mm / 118.11'' 336,3mm / 13.24'' ø 504 mm / XX'' ø 130 mm / 5.11'' 40 mm / 1.57'' ø 450 mm / XX'' 3000 mm / 118.11'' ø 445.7 mm / XX'' ø 130 mm / 5.11'' 40 mm / 1.57'' ø 23 mm / 0.90'' 105 mm / 4.13'' 1672 mm / 65.82'' ø 152 mm / 5.94'' 73 mm / 2.87'' 98

Découvres-en plus sur notre site flos.com en scannant le QR code ci-dessous et inscris-toi à notre newsletter pour rester informé.

Céramique by Ronan Bouroullec
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.