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ous avons parfois déploré la concentration de sorties importantes en automne, au détriment dÊautres saisons plus faibles en termes éditoriaux. Par ailleurs, l'an dernier, nous nous inquiétions à la même époque d'un manque de sorties de qualité. Essoufflement des ÿ grosses locomotives Ÿ que sont les séries à succès d'hier, indigence conceptuelle, scénaristique et visuelle des nouvelles sorties... Le printemps devait-il signifier plongeon qualitatif ? Fort heureusement, ce ne semble pas être le cas en 2012, qui a déjà apporté de nombreuses nouveautés passionnantes. Trop, en fait, pour toutes figurer dans nos pages. Même si ÿ la relève Ÿ des séries à succès d'antan n'est pas encore là, la multiplication des initiatives, des bonnes surprises, et l'exploration en BD de thèmes aux horizons élargis, fournissent une source riche de lectures appréciables. De la quantité viendra la qualité, dit-on. Sans plus attendre, plongeons dans ce torrent de parutions récentes. OLIVIER THIERRY et JEAN-PHILLIPE RENOUX

Zoo est édité par Arcadia Media 45 rue Saint-Denis 75001 Paris Envoyez vos contributions à : contact@zoolemag.com Directeur de la publication & rédacteur en chef : Olivier Thierry Directeur commercial et marketing : Jean-Philippe Guignon, 01.64.21.96.44 jpguignon@zoolemag.com Conseillers artistiques : Kamil Plejwaltzsky, Howard LeDuc Rédaction de ce numéro : Hélène Beney, Olivier Pisella, Louisa Amara, Julien Foussereau, Jérôme Briot, Kamil Plejwaltzsky, Julie Bordenave, Olivier Thierry, Vladimir Lecointre, Thierry Lemaire, Didier Pasamonik, Jean-Philippe Renoux, Wayne, Camilla Patruno, Gersende Bollut, Michel Dartay, Boris Jeanne, John Young, Thomas Hajdukowicz, Philippe Cordier, Egon Dragon, Jean-Marc Lainé, Alix de Yelst, Manuel F. Picaud, J.-B. Thoret, Audrey Retou, Stéphane Urth Couverture : Jim Publicité : pub@zoolemag.com • Jean-Philippe Guignon, 01.64.21.96.44 jpguignon@zoolemag.com • Marion Girard, 06.34.16.23.58 marion@zoolemag.com • Geneviève Mechali-Guiot, genevieve@zoolemag.com Collaborateurs : Yannick Bonnant et Audrey Retou Remerciements : François Peneaud

06 - GRAND ANGLE F¯TE SES 10 ANS m

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numéro 40 - mai-juin 2012 ACTU BD 10 12 13 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 33 34 36 37 38 39 40

- LA BD ISRAÉLIENNE à lÊheure française - LE ROI DES SINGES : bon sauvage ou sauvage assassin ? - ZORN ET DIRNA : vivre et pourrir - LA MORT DE STALINE : la guerre de succession - END : le début de la fin - LA DOUCE : François Schuiten dans le bon wagon - LA GRANDE ÉVASION : échappée(s) belle(s) - LE ROYAUME : le forgeron amoureux - ARIA : ni mièvre ni soumise - SAGA VALTA : il était une fois dans le Nord - GRRREENY : la radioactivité refait des siennes - CONQUISTADOR : la fin des temps - LE BEL ˜GE : Tu peux pas comprendre ! - LUNES BIRMANES : lÊenfer après lÊenfer - EVERYBODY LOVES TANK GIRL / BURLESQUE GIRRRL - CASSIO : les chemins de la perdition - FURIOSO : recette du Saint à la sauce stigmates - LORNA : lÊattaque de la femme de 50 pieds - MA VIE POSTHUME : vivre après la mort, un pari compliqué ! - CHRONIQUES

RUBRIQUES 04 42 46 56 60 62 64 68 69 75 80

- AGENDA / NEWS : du beau monde à Paris Villepinte, Singeries... - REDÉCOUVERTE : Les Pieds Nickelés, Mickey par Gottfredson - MANGAS & ASIE : Blood Lad, 7 Shakespeares... - COMICS : Rex Mundi, Bêtes de somme, Superior, Turf - ART & BD : Mangapolis, Le Jardin des couleurs - JEUNESSE : Rita et Machin - LABORATOIRE : Concours Cazenove, MMC BD : retour sur images - LA RUBRIQUE EN TROP : Diabolik - SEXE & BD : LÊ˝le mystérieuse - VIDE POCHE : sélection de produits culturels, high-tech... - STRIPS & PLANCHES : Iléana, Amour, passion et CX diesel

CINÉ & DVD 70 - PROMETHEUS : énigmatique Prometheus 72 - COFFRET CRUMB : lÊart comme exutoire 74 - DARK SHADOWS / LES MUPPETS, LE RETOUR

JEUX VIDÉO Dépôt légal à parution. Imprimé en France par ROTO AISNE SN. Les documents reçus ne pourront être retournés. Tous droits de reproduction réservés.

www.zoolemag.com

76 - PANDORAÊS TOWER : tentacule-moi mon amour ! 78 - MAX PAYNE 3 : la samba des pétoires

Prochain numéro de Zoo : le 4 juillet 2012 * disponible également à Japan Expo et au Comic ConÊ

DIABOLIK : PAGE 68

Le logo ÿ coup de cflur Zoo Ÿ distingue les albums, films ou jeux vidéo que certains de nos rédacteurs ont beaucoup appréciés. Retrouvez quelques planches de certains albums cités par Zoo à lÊadresse www.zoolemag.com/preview/ Le logo ci-contre indique ceux dont les planches figurent sur le site.

Zoo est partenaire de :

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Édito m © Jim / Bamboo / Grand Angle 2012

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Tous à Lyon ! En sept ans, LyonBD s'est inscrit dans le top des festivals et n'a pas à rougir de ses confrères d'Angoulême, Blois ou Saint-Malo. Fort de son succès, il revient cette année avec désormais trois espaces d'exposition (Palais du commerce, FNAC Bellecour et Hôtel de Ville). Plus de 100 auteurs présents, un espace BD alternative, des ateliers pour enfants, le fameux ÿ atelier croquis Ÿ et une scène avec des impros BD et des battles de dessinateurs. Tout cela, toujours en étroit partenariat avec le Québec. Un festival qui sait aussi être original avec la pièce Sur les planches ! qui donne vie à une BD sur scène avec participation du public, et le projet online ÿ Webtrip Ÿ, coordonné par Jean-Christophe Deveney, proposant un road-trip européen, dessiné par 12 auteurs (Jouvray,Yuio, Efa, Jimmy Beaulieu...). Une initiative qui vivra au-delà du salon, avec une suite participative. LyonBD, les 23 & 24 juin 2012 infos sur www.lyonbd.com WAYNE

Des bulles et du son Le Festival BullesZik refait du bruit ! Parrainée par Jean Solé, cette 6e édition accueillera de nombreux auteurs (Chauzy, Besseron, Half Bob, Lécroart, Loustal, Mo et Ju/CDM, Sandoval...) et exposants (Onapratut, Même Pas mal, Sombrebizarre, La Cafetière,VideCocagne...) dans une ambiance musicale et festive. Quand musique et BD se retrouvent, la rue de Bagnolet n'a qu'à bien se tenir ! BullesZik, les 9 et 10 juin 2012 – Paris XXe. Programmation musicale et détails des exposants sur : www.bulleszik.com WAYNE

JusquÊau 23 septembre 2012 infos sur www.cbbd.be WAYNE

OAMB 28 Jean Solé, le dessinateur bien connu des lecteurs de Fluide Glacial et invité dÊhonneur du prochain festival BullesZik (voir plus haut) est longuement interviewé dans ce 28e numéro dÊOn a marché sur la bulle. Au sommaire également :Valp, Ted Benoît et Gwendal Lemercier. Comme toujours, deux exlibris sont offerts. On a marché sur la bulle, n°28, 5,50 €

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Si humain et si... miesque A

près le partenariat fructueux entre les éditions Futuropolis et le Musée du Louvre, cÊest au tour de Casterman de parvenir à faire entrer la bande dessinée au musée, en lÊoccurrence au Muséum national dÊHistoire naturelle, grâce à lÊalbum Singeries. Dans ce récit de Denis Petit mis en images par Humphrey Vidal, un érudit tente de se suicider par overdose de littérature. Il nÊy gagne que sa métamorphose en une créature à michemin entre le singe et lÊhumain. Le thème a séduit Guillaume Lecointre, biologiste et professeur au Muséum national dÊHistoire naturelle, qui signe la préface de la bande dessinée. Car avec cette transformation, la frontière homme / singe et la frontière homme / animal, très importantes dans notre culture, sont transgressées. LÊHomme sÊest toujours valorisé en se considérant supérieur aux (autres) grands primates, ses cousins génétiques. LÊidée dÊune évolution humaine qui passe par une plus grande part de singe en nous serait intolérable... Des thèmes qui évoquent lÊopposition toujours persistante de certaines communautés américaines à la théorie de lÊévolution de Darwin. JÉRłME BRIOT

c Singeries, de Denis Petit et Humphrey Vidal Casterman, 120 p. couleurs, 20 €

Du beau monde à Paris Villepinte L

es premières informations relatives aux éditions 2012 de Japan Expo, la grandmesse annuelle des amateurs de culture japonaise, et Comic ConÊ, sa petite sflur dédiée plus spécifiquement aux comics, à la sciencefiction et aux séries, nous parviennent peu à peu. Voici une première liste des invités confirmés.

Bestiaire dessiné ¤ l'occasion du centenaire de sa naissance, le Centre Belge de la BD (Bruxelles) présente une exposition consacrée à l'fluvre du dessinateur néerlandais Marten Toonder. Auteur entre autres des séries Capitaine Cappi, Petit Panda et Tom Pouce diffusées dans la presse quotidienne, il plaçait dans ses productions pour la jeunesse une critique acerbe de l'homme qui séduisait aussi les adultes. Son vaste bestiaire anthropomorphique lui a donné son surnom de ÿ Walt Disney hollandais Ÿ.

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© Salma et Libon / DUPUIS - 2012

en bref

JAPAN EXPO Kohei Tanaka : compositeur de musique d'animes légendaires comme One Piece ou Game Keeper Naoki Urasawa : invité d'honneur manga, auteur de Monster, 20th Century Boys... Kenji Inafune : invité d'honneur jeux vidéo, créateur de Mega Man et Street Fighter IV Flow : groupe de musique J-rock très attendu sur les scènes européennes Makoto Shinkai : animateur et réalisateur de Voices of a Distant Star et du très acclamé Voyage vers Agartha

COMIC CON’ Ivan Reis : invité d'honneur comics, l'un des dessinateur vedette de la bande de DC Comics. Il a notamment travaillé sur Aquaman, Superman, etc. Raphael Albuquerque : dessinateur chez Marvel et DC Comics, connu notamment pour des titres comme Blue Beetle, Superman / Batman, The Uncanny X Force, Crimeland-Mondo, Urbano Mahmud Asrar : co-créateur de Dynamo 5 Tony S. Daniel : illustrateur de Batman Detective Comics

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Japan Expo 13e Impact et Comic'con Saison 4

du 5 au 8 juillet, Paris Villepinte, Zoo en sera le partenaire

3 ALBUMS PARUS CHEZ DUPUIS



Amour, Passion et CX diesel, de Fabcaro, James et BenGrrr CÊest un peu Dallas chez les Bidochons. Il y a le patriarche à la santé chancelante, sa femme Cynthia, leurs quatre enfants : Bill, Pamela, JeanMortens et Brandon, le propriétaire de la boîte de nuit le Chunga Club. Il y a aussi les pièces rapportées : Jessifer, la femme de Brandon mais qui ÿ a du vécu Ÿ avec tout le monde, y compris le postier, puis Tony, le mari alcoolique et chômeur de Pamela, et Elton, le⁄ hmm⁄ colocataire de Jean-Mortens. Et surtout, il y a lÊintrigue : qui héritera de la CX diesel du père ? Machinations, coups bas et réparties cinglantes fusent. Des gags très drôles en une demi-page qui se lisent comme on mange des chips : quand on arrive à la dernière on se dit : ÿ Nooon !! YÊen a pluuus ! Ÿ

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GRAND ANGLE : LA COLLECTION GRAND SPECTACLE DE BAMBOO

© Galandon et Monin / GRAND ANGLE

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Fluide Glacial, 48 p. couleurs, 10,80 € OLIVIER THIERRY

Remington, Arc 1 : USH, de Tot et Adrián

Ankama, 112 p. couleurs, 14,90 € PHILIPPE CORDIER

La Leçon de Pêche, de Böll et Bravo Un pêcheur somnole dans sa barque lorsquÊun touriste lui demande pourquoi il ne développe pas son ÿ commerce Ÿ⁄ Lorsque Böll (19171985), prix Nobel de littérature en 1972, écrit cette fable souriante, lÊAllemagne vit le boom économique des années 60. Cinquante ans plus tard, elle nÊa pas pris une ride et prend tout son sens sous le trait de Bravo ! Dénonçant avec humour et cynisme la course au profit et au succès face à la douceur de vivre, cette leçon nÊemmène pas seulement le petit lecteur à la pêche, mais aussi sur la voie de la sagesse. Un ouvrage indispensable en temps de crise ! Glénat, coll.Vitamine, 40 p. couleurs, 12,20 € HÉL˚NE BENEY

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EX-LIBRIS DE LÊENVOLÉE SAUVAGE, CI-DESSOUS : CECI EST MON CORPS

Créée en juin 2002 au sein de la maison d’édition Bamboo, la collection Grand Angle fête ses 10 ans. Sans tambours ni trompettes, elle prend sa place dans le paysage du 9e art. Cet anniversaire, c’est l’occasion de faire le point avec Hervé Richez, le directeur éditorial du label.

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sont pas tout à fait les mêmes réseaux de distribution non plus. LÊhumour est plus axé vers la grande distribution, tandis que les albums Grand Angle sont en grande majorité vendus dans les librairies spécialisées.

uisque vous êtes à lÊorigine de la création de Grand Angle, racontez-nous comment ça sÊest passé ? Je faisais partie de la première génération dÊauteurs qui travaillaient avec Bamboo et je faisais de lÊhumour. JÊavais une série, Sam Lawry, qui nÊavait jamais vu le jour et que jÊavais un peu abandonnée. Un jour, Olivier [Sulpice, créateur des éditions Bamboo, NDLR] mÊa demandé de lire cette série pour voir ce que je faisais dans un registre différent. Il a bien aimé et mÊa dit que le jour où Bamboo pourrait se le permettre financièrement, on ferait cet album. Le temps a passé et, en 2001, ce fameux jour est arrivé. On a recherché un dessinateur et puis on a créé une collection parce que publier Sam Lawry tout seul, ça nÊavait pas de sens.

Qui a trouvé le nom ? CÊest moi. ¤ lÊorigine, cette collection visait la publication de thrillers avec une touche de fantastique. Et une certaine proximité avec le cinéma. ¤ lÊépoque, il nÊy en avait pas tant que ça dÊailleurs. LÊexpression Grand Angle est liée à lÊimage, mais montre aussi la palette possible du ton des histoires, qui peut aller du grand spectacle jusquÊà lÊintimiste.

Et ce nÊétait pas possible de lancer Sam Lawry dans le catalogue Bamboo ? Il fallait se démarquer du catalogue ÿ humour Ÿ existant ? Oui, cÊétait une volonté de la part dÊOlivier de ne pas mélanger les genres car les collections réalistes et humoristiques ne se travaillent pas totalement de la même manière. Ce ne

Les premières sorties comme Sam Lawry ou Thomas Silane étaient tout à fait dans ce genre. Mais avec le temps, le catalogue a évolué. Avec Montserrat, une autobiographie de Julio Ribera, et LÊEnvolée sauvage, un

© Marie et Goethals / GRAND ANGLE

Ankama, cÊest avant tout Dofus. Si lÊéditeur à succès tente cette année de faire bouger les lignes éditoriales, cÊest en misant dÊabord, prudemment, sur un thème de son univers. Pas besoin dÊêtre jeune et / ou joueur pour apprécier cette reprise en album dÊune série de fascicules kiosque contant les exploits de deux frangins voleurs. Action, humour, références⁄ en grand démiurge du monde de Dofus, Tot garde son lecteur en terrain connu / conquis. LÊEspagnol Adrián se charge de dynamiser les planches dÊun trait mêlant manga et ÿ école série B Ÿ.


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o u v e r t u r e © Laurent Mélikian pour Bamboo éditions

E album sur la Shoah de Laurent Galandon, nous avions amorcé un virage vers autre chose que du thriller. La sortie de ces albums, nos envies éditoriales qui ont évoluées, font qu'aujourd'hui la collection a trois axes dÊexpression, avec une veine historique romanesque, quÊon pourrait résumer par ÿ leur histoire a fait la grande Histoire Ÿ, une veine plus intimiste, et puis toujours des thrillers ou polars. Malgré ces trois thématiques, il nÊy a pas de collections à lÊintérieur de Grand Angle. En réalité, on en a créé trois : Grand Angle, Angle Fantasy, pour la création dÊunivers, et Angle de vue, dans laquelle a été publiée LÊEnvolée sauvage par exemple. Cela dit, on ne sort que 30 à 35 albums par an, ce qui ne représente, en comptant les suites, quÊentre quatre et six nouvelles séries par an. CÊest déjà difficile dÊimposer un label dans un marché qui compte plus de 4500 sorties annuelles, alors avec trois collections et si peu dÊalbums dans chacune, cÊest vite devenu mission impossible. Au bout de trois ans, on a rationnalisé et tout regroupé sous le vocable Grand Angle. Pour le moment, contrairement à Bamboo qui a Les Profs, Les Rugbymen ou Les Sisters, il nÊy a pas une locomotive pour Grand Angle. ¤ quoi ça tient dÊaprès vous ? Peut-être déjà parce quÊon fait peu de livres par an, et donc la locomotive est plus difficile à trouver. Vu le peu de séries nouvelles quÊon lance chaque année, la probabilité dÊavoir un gros succès est plus faible. Maintenant, nous avons de bons espoirs sur Ambulance 13, de Cothias et Ordas. Et nous avons eu aussi de très bons résultats sur certaines séries dont Thomas Silane, l'Envolée Sauvage, Sam Lawry, Le Messager et quelques autres. Le fait de travailler dans la durée avec nos auteurs, dÊavoir une qualité dÊécoute, crée un bouche à oreille positif qui nous amène de nouveaux auteurs et de nouveaux projets. On espère que cette façon de faire sera payante à un moment.

© Cothias, Ordas et Mounier / GRAND ANGLE

En termes de ventes, de mise en place, les albums de la collection se situent environ à quel niveau ? La collection a atteint son équilibre depuis deux ans. Les ventes sont variables bien sûr. Nos meilleures ventes se situent entre 15 000 et 25 000 exemplaires sur les séries que j'ai évoquées juste avant, ce qui est très bien aujourdÊhui compte tenu de lÊétat actuel du marché. Nos plus faibles sont légèrement au-dessus

HERVÉ RICHEZ, DIRECTEUR DE LA COLLECTION GRAND ANGLE

du niveau de vente moyen observé sur le marché. Le passage de Bamboo et du label Grand Angle chez Delsol diffusion a fait du bien, et nos mises en place ont largement progressé depuis deux ans. De plus, nous travaillons tous nos titres sur la durée. On ne va pas hésiter à faire des remises en place régulières. Notamment sur des opérations spéciales, comme les commémorations du 11 novembre pour Ambulance 13 par exemple. La particularité de nos livres, cÊest quÊils vivent longtemps. On cherche également beaucoup de partenariats. Pour Ambulance 13 ou Pour un peu de bonheur, ça sÊest fait avec le Service de Santé des Armées. Pour Le Cahier à fleurs, on a travaillé avec le CCAF (Conseil de Coordination des Organisations Arméniennes de France). Nous avons aussi des actions spécifiques à destination de l'Éducation Nationale qui commencent à donner des résultats. Quels sont les projets pour les mois à venir ? Une nuit à Rome de Jim [voir page suivante, NLDR], lÊaventure scénaristique de La Lignée [voir page suivante, NDLR], et puis lÊarrivée dans les prochains mois de Xavier Fourquemin qui nous rejoint pour une série splendide qui sÊappelle Le Train des orphelins, scénarisée par Philippe Charlot qui a fait Bourbon Street chez nous et dont le tome 2 va bientôt sortir. Quelle est lÊambition de Grand Angle pour lÊavenir proche ? Je pense quÊon nÊaura jamais vocation à faire beaucoup de livres. Parce que cÊest la défense de ces

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Blanche-Neige, de Maxe LÊHermenier et Looky

© Jim / GRAND ANGLE

livres qui nous anime et quÊon ne peut pas le faire correctement avec trop de sorties. JÊai un certain nombre dÊauteurs avec lesquels jÊai envie de travailler le plus longtemps possible, pour ne pas les citer, tous les auteurs de La Lignée. On va continuer dans cette voielà, avec beaucoup dÊaccompagnement. Mais peut-être avec des bouquins de plus en plus beaux graphiquement. Et puis lÊarrivée de Jim, le développement de notre collaboration avec Patrice Ordas, l'accueil de deux ou trois nouveaux scénaristes, tout ça va réorienter quelques-unes de nos envies. Cela génère de nouveaux projets qui en appelleront forcément dÊautres.

Quel ovni que cet album splendide réinventant très librement le conte de Blanche-Neige. (Un film sort en même temps.) Les dessins magnifiques, sensuels, expressifs ne sont pas sans rappeler les meilleurs auteurs américains des années 90 : Marc Silvestri, Jim Lee, Dave Finch et le défunt Dwayne Turner. Les décors sont somptueux, la colorisation de grande qualité. On en oublie presque le scénario. Le numérique y est pour beaucoup dans cette réussite, puisque les personnages et décors sont modélisés en 3D, avant dÊêtre ensuite dessinés au crayon. Des auteurs à suivre et qui auraient mérité une pleine page dans ce numéro si nous les avions remarqués à temps.

LES NOUVEAUTÉS CHEZ GRAND ANGLE UNE NUIT ¤ ROME Pendant la fête organisée pour ses 40 ans, Raphaël reçoit un cadeau inattendu par la Poste. Une cassette VHS le montrant à 20 ans avec Marie, sa copine de lÊépoque. Un film quÊils avaient tourné tous les deux et dans lequel ils se faisaient la promesse de passer ensemble une nuit à Rome 20 ans plus tard. Le temps a passé depuis, mais la petite séquence frappe Raphaël en plein cflur. Cette

Ankama, 64 p. couleurs, 13,90 € EGON DRAGON

UNE NUIT ¤ ROME

cassette nÊa pu être envoyée que par Marie, et le message est clair. Elle prend rendez-vous avec lui et tient à lui rafraîchir la mémoire. Mais comment aurait-il pu oublier la jeune femme ? Pour les moments de bonheur intense, mais aussi pour ce quÊelle lui a fait subir, sa fascination pour elle nÊa pas cessé. Toutefois, aujourdÊhui il vit heureux avec Sophia, la femme quÊil aime. Va-t-il prendre le risque de renouer avec ses premières amours ? CÊest à cette interrogation que Jim, scénariste et dessinateur, sÊattache à répondre dans cette comédie senti-

© Galandon et Berlion / GRAND ANGLE

Toby mon ami, de Gregory Panaccione Nouvelle curiosité de qualité dans la collection Shampooing. Voici donc les aventures de Toby. Album sans texte, ce petit pavé raconte le quotidien du chien, meilleur ami dÊun homme aux yeux vides qui vit au bord de la mer. Les deux compères passent leur temps ensemble, lÊanimal passant sa journée entre manifestations dÊaffection pour lÊhumain qui constitue une part importante de son monde, explorations et envie de manger. Évidemment, le chien finit par se poser des questions et⁄ Tout ce que lÊon peut dire, cÊest quÊissu de lÊillustration publicitaire et du storyboard dÊanimation, Gregory Panaccione montre ici tout son talent. ¤ découvrir !

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Delcourt, 144 p. couleurs, 14,30 € JOHN YOUNG

Nodame Cantabile,T.14, de Tomoko Ninomiya Le manga a cette capacité à nous faire pénétrer des univers très étrangers (ici, le monde de la grande musique, des conservatoires et des virtuoses) en les investissant dÊhistoires très universelles (ici, une jeune godiche amoureuse dÊun super beau mec). Et 14 tomes après le début des aventures de la pianiste la plus sale du Japon, voilà tout le monde transféré à Paris, où se retrouvent petit à petit la plupart des personnages des tomes antérieurs – mais Nodame nÊarrive toujours pas à faire craquer Chiaki⁄ Pika, 192 p. n&b, 7,05 €

BORIS JEANNE

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LA LIGNÉE

mentale très réussie. ÿ Jim est une éponge, ajoute Hervé Richez, il sÊinspire de tout ce quÊil rencontre. Et il trouve des pitchs très accrocheurs. On sÊest tous posés cette question de se demander ce qui se passerait si on recroisait un amour de jeunesse, ou si on lui avait donné rendez-vous. Ça nous renvoie à nos rêves, à ce quÊon est devenu et aux concessions quÊon a dû faire par rapport à ce quÊon voulait être. CÊest un thème universel. Ÿ LA LIGNÉE ÿ Avec Laurent Galandon, se souvient Hervé Richez, on évoquait la qualité des séries américaines et le fait quÊils utilisaient des pools de scénaristes. Ça nous a intéressés et on a décidé de lancer lÊidée avec Jérôme Félix et Damien Marie, juste pour voir. On a fait une première session en associant le dessinateur Olivier Berlion. Les idées ont fusé. On sÊest pris au jeu. Ÿ En découle cette tétralogie, sorte de saga familiale fantastique qui suit quatre générations de Brossard dont lÊaîné subit à chaque fois une malédiction terrible : mourir dans sa 33e année. Antonin en 1937, Marius en 1954, Maxime en 1973, Diane et David en 1994, tous vont devoir vivre avec cette angoisse du compte à rebours. Quel est donc le mystère qui se cache derrière cette diablerie ? Et pourquoi cette lignée a-t-elle été choisie ? Des questions auxquelles il nÊest pas forcément simple de répondre à huit mains. Les quatre scénarios ont pourtant été réalisés en commun et un des scénaristes a été désigné pour chaque album avec la responsabilité du découpage. ÿ Il y a deux règles : les auteurs qui participent doivent avoir un peu dÊadmiration pour les autres et abandonner totalement leur ego dÊauteur pour créer une entité. Tout le monde a accepté cette règle du jeu. Ÿ THIERRY LEMAIRE



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La BD israélienne

à l’heure française © Asaf Hanuka / STEINKIS

De plus en plus d’auteurs israéliens publient en France. Une bande dessinée originale, différente, influencée par la bande dessinée francophone, mais qui n’en renie pas pour autant son identité.

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© Galit et Gilad Seliktar / ÇÀ & LÀ

i Galit Gaon identifie Uri Muri de Arieh Navon (dessins) et Leah Goldgerg (textes), publiée dans lÊhebdomadaire pour la jeunesse Davar LeYeladim en 1936, comme la première BD ÿ israélienne Ÿ1, alors que nous sommes encore dans une Palestine sous mandat britannique, cÊest parce que ses protagonistes sont sans ambiguïté des enfants sionistes, nés en Terre Sainte, parlant naturellement lÊhébreu, vivant dans un environnement reconnaissable. Ces pages construisent un imaginaire identitaire qui sera lÊun des ciments de la nation à naître. Un bon nombre dÊautres auteurs de bande dessinée israéliens suivront cette voie avec une certaine originalité graphique, parfois influencée par la bande dessinée américaine. Le Canard du dessinateur Dudu Geva (1950-2005), si célèbre que sa statue trône aujourdÊhui sur le toit de la mairie de Tel Aviv, nÊappartient à aucun courant de la BD et les adolescents boutonneux de Zbeng de Uri Fink (né en 1963) sont finalement aussi éloignés des modèles admirés par son auteur féru de super-héros américains quÊils sont proches des jeunes Israéliens futiles quÊils représentent. Cela change avec Michel Kichka. Ce dessinateur dÊorigine belge (né en 1954, il a publié ses premiers dessins dans la revue de Michel Deligne, Curiosity Magazine) fait son ÿ Alyah Ÿ (son ÿ retour Ÿ en Israël) en 1974 à la suite de la Guerre du Kippour. Il étudie le graphisme à la fameuse école de Bezalel à

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KO ¤ TEL AVIV, DÉTAIL DE LA COUVERTURE

Jérusalem, puis devient un caricaturiste apprécié dans son pays comme à lÊétranger. Enseignant à son tour à Bezalel, il y dispense les premiers cours de BD en Israël et emmène avec lui à Angoulême plusieurs années de suite une génération dÊétudiants, réguliers ou non, qui font la bande dessinée israélienne dÊaujourdÊhui : Uri Fink, les frères Hanuka, Gilad Sheliktar, Shay Sharka⁄ Mais aussi le groupe Actus Tragicus, cette avant-garde de la BD israélienne née en 1995, fondée par Rutu Modan et

Yirmi Pinkus, bientôt rejoints par dÊautres : Mira Friedmann, Itzik Rennert et Batia Kolton.

UNE NOUVELLE GÉNÉRATION QUI MULTIPLIE LES SUCCÈS Le premier auteur israélien à publier en France est Asaf Hanuka. Curieux parcours que le sien : né en 1974, Asaf a un frère jumeau : Tomer. Asaf fait des études de BD en France, à Émile Cohl à Lyon, tandis que son frère fait ses études à la School of Visual Arts. Le premier fait des albums en France (Carton jaune, avec Didier Daeninckx, chez Emmanuel Proust éditions, Pizzeria Kamikaze avec Etgar Keret chez Actes Sud...), le second fait une carrière dÊillustrateur à succès à New York. Dans KO à Tel Aviv quÊil publie ces jours-ci chez Steinkis, il abandonne le style réaliste classique de ses débuts pour une ligne moderniste influencée par lÊexpérience quÊil partage à New York avec son frère Tomer. Leur travail commun, Bipolar, fera prochainement lÊobjet dÊune publication chez Dargaud. KO à Tel Aviv est véritablement une bande dessinée israélienne. Racontant son quotidien à Tel Aviv, cet album est le pendant indispensable des Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle, qui en a dÊailleurs signé la préface. En racontant la vie de Koby Franco, un jeune chauffeur de taxi israélien dÊune vingtaine dÊannées qui rencontre une fille, soldate de lÊarmée israélienne, qui lui révèle que son père, avec lequel elle aurait eu une liaison et dont il nÊa plus de nouvelles, a pu être tué lors dÊun attentatsuicide, Modan fait dÊentrée un coup dÊéclat retentissant. Dans lÊenquête quÊentament ses deux héros, Modan fait


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IRANIANS WE LOVE YOU ! i la bande dessinée israélienne nÊen est quÊà ses balbutiements, de plus en plus de jeunes artistes ont S choisi dÊexprimer à travers elle un propos politique ou contestataire. Zeev Engelmayer ou Yonatan Wachsmann, par exemple, ont intégré le neuvième art dans des créations qui se veulent à mi-chemin entre art contemporain et caricature. Ronny Edry, une autre figure emblématique de cette nouvelle vague, a quant à lui relayé un propos original sur les relations entre Arabes et Juifs à travers Le Doigt de Dieu1. Son point de vue se veut très critique à lÊencontre des deux communautés quÊil juge trop fermées, campées sur un certain nombre de positions. LÊauteur utilise un trait naïf et brut à lÊimage de ses protagonistes et de la tournure de son récit particulièrement pessimiste. LÊauteur a créé également un site internet à la suite dÊune anecdote particulièrement étonnante. En 2011, lÊauteur a publié sur Facebook plusieurs montages graphiques sur lesquels on pouvait lire ÿ Iranians We Love You Ÿ, afin de manifester son opposition à la guerre. Rejoint par des centaines de blogueurs israéliens et iraniens, la page internet est devenue un site où sÊexpriment à travers clichés et illustrations un très grand nombre de personnes, dont Michel Kichka et Kianoush Ramezani2. KAMIL PLEJWALTZSKY 1 2

Traduit en français et disponible aux éditions La Cafetière. http://www.israelovesiran.com

un portrait saisissant de la société israélienne, fataliste et désabusée, mais en même temps vivante et déterminée. Son trait est ÿ une ligne claire fragile Ÿ basée sur une documentation scrupuleuse. Salué par Joe Sacco, lÊauteur de Palestine, une nation occupée (Vertige Graphic), Exit Wounds de Rutu Modan (Actes Sud) reçoit le Prix France Info et le Prix du Meilleur album étranger à Angoulême en 2008. Né en 1977, Gilad Sheliktar publie avec sa sflur Ferme 54 chez Ça & Là, un livre singulier et très graphique sur le kibboutz de son enfance qui figure dans la sélection dÊAngoulême 2009. LÊannée suivante, il publie chez Atrabile Les Démons de Mongol où sa poésie infuse dans une ligne claire et enfantine.

DIDIER PASAMONIK

Gaon, Galit, Israeli Comics, Part 1 : The Early Years, The Israeli Cartoon Museum, Holon, 2008.

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© Kichka / DARGAUD

Michel Kichka vient de publier son premier album de BD en France. Deuxième

Génération - Ce que je nÊai pas dit à mon père (Dargaud), dont nous vous avons parlé dans le précédent numéro de Zoo. Le paradoxe, cÊest quÊil publie en France bien après ses émules. Deuxième Génération est une fluvre forte, magistrale, dans laquelle il ose se confronter à un sujet que lÊon croyait épuisé avec le Maus de Spiegelman : la Shoah. Il le fait avec une simplicité, une empathie, une sensibilité et un sens du détail qui imposent le respect. Son dessin sÊinspire de ses maîtres franco-belges, Morris et Gotlib, mais affiche une personnalité et une sûreté dans le trait héritée de sa longue carrière de caricaturiste. QuÊon ne sÊy trompe pas : Deuxième Génération est probablement lÊun des ouvrages les plus marquants de lÊannée 2012.

DEUXI˚ME GÉNÉRATION

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d © Bonifay, Meddour et Paitreau / VENTS D’OUEST

Tramp,T.10, Le Cargo maudit, de Kraehn et Jusseaume Il sÊagit dÊun thriller maritime situé dans les années 50. Le capitaine Yann Calec aime le grand large, ses précédentes aventures formaient des cycles de trois albums. Revenu à Rouen le temps dÊun album one-shot, il décide de se mettre à son compte, mais doit se confronter à un armateur malhonnête et à des syndicalistes intransigeants. Le lecteur curieux pourra en profiter pour embarquer sur cette série bien écrite et agréablement dessinée qui remporte un succès mérité en librairies.

Dargaud, 56 p. couleurs, 13,99 € MICHEL DARTAY

Top 10,T.1, Bienvenue à Neopolis, de Alan Moore et Gene Ha Fraîchement diplômée de lÊécole de police, Robyn Slinger est affectée au Commissariat du dixième district. Jusque là, on se croirait dans une série télé du style Hill Street Blues ou NYPD Blues, mais lÊaction se déroule à Neopolis, ville uniquement peuplée de super-héros. Alan Moore y présente une impressionnante galerie de personnages dotés de pouvoirs, de noms ou de costumes improbables. Beaucoup dÊhumour dans les situations et les dialogues, le dessin très fouillé de Gene Ha est un régal pour les yeux ! Moins ambitieux que Watchmen ou V pour Vendetta,Top 10 reste un excellent divertissement !

Urban Comics, 160 p. couleurs, 15 € JEAN-PHILIPPE RENOUX

Un Prince à croquer, T.1, Entrée, de Patricia Lyfoung et Fleur D. En marge de La Rose Écarlate, Patricia Lyfoung nous plonge dans une nouvelle série romanticocomique, autour de la gastronomie, située dans la capitale. On y découvre Nicolas, prince européen cloîtré dans son château, qui sÊenfuit à Paris pour éviter un mariage arrangé. Totalement inadapté à la vie quotidienne mais hyper enthousiaste, le jeune homme sÊinstalle dans la vie de lÊambitieuse Margot, cuisinière de talent dans un grand restaurant parisien. Au long des quatre tomes prévus, ces deux héros antagonistes ne manqueront pas de nous faire un menu aux petits oignons⁄

Delcourt, 48 p. couleurs, 10,95 € HÉL˚NE BENEY

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BON SAUVAGE OU SAUVAGE ASSASSIN ? Au début du XXe siècle, à Londres, qui se remet à peine des meurtres de Jack l’éventreur, une nouvelle bête rôde… Serait-ce le sauvage qui vivait parmi les singes ? Philippe Bonifay revisite avec astuce la légende de Tarzan.

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our fêter les 100 ans de Tarzan, voici chez Vents dÊOuest par Philippe Bonifay et Meddour une interprétation en BD de la célèbre nouvelle dÊEdgar Rice Burroughs. Les auteurs y font un clin dÊflil, par le choix du nom français du protagoniste, aux loufoques Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul dÊAlbert Robida, lequel 33 ans avant Burroughs avait mis en scène un enfant sauvage élevé parmi les singes.

REJETÉ PAR LES HOMMES ET LES SINGES Dans cet ouvrage superbement mis en couleurs par Stéphane Paitreau, le lecteur retrouvera les grandes lignes de lÊhistoire quÊil connaît déjà : lÊenfant – ici Saturnin donc, et pas John Greystoke – échoue sur une île sauvage de Bornéo où il est recueilli par les gorilles jocko, dits aussi orangsoutans, ou encore ÿ hommes des bois Ÿ ; il y vit libre jusquÊà ce que le bateau du capitaine Lastic le retrouve et le confie à une mission en Afrique, où il sera adopté par un lord anglais. Très jeune, il a donc déjà connu lÊexclusion de deux groupes auxquels il voulait appartenir : les singes et les Noirs. Il a été heureux parmi les deux,

mais on lui a expliqué quÊil était différent, trop homme parmi les premiers, trop blanc parmi les seconds. Ce qui est sûr, cÊest quÊil se sent très différent des êtres parmi lesquels il est obligé de vivre maintenant.

LA PART ANIMALE Coup de génie du scénariste, on le retrouve non pas à Baltimore, mais dans la ville de Londres, au début du XXe siècle, où Darwin a semé ses idées sur lÊévolution et la sélection naturelle, où a été lu le roman de Stevenson LÊÉtrange cas du docteur Jekyll et Mister Hyde et où a sévi Jack lÊéventreur. CÊest dans ce contexte que lÊinspecteur Mark Douglas, du Yard, enquête sur les meurtres en série de jolies rouquines. On apprend à la fin de ce premier tome – histoire prévue en deux volumes – que le mari jaloux arrêté par la police nÊest pas le coupable. Et il y a fort à parier que Saturnin / Lord John Arthur Livingstone, pour lÊinstant au centre de la curiosité de la bonne société et heureux pour une histoire dÊamour naissante, ne tardera pas à se trouver mêlé à tout ceci et à des regards qui pourraient changer rapidement⁄ On découvrira sûrement dans le tome

2 si Philippe Bonifay penche plus pour une interprétation à la Rousseau du bon sauvage, ou si notre protagoniste recèle des pulsions inavouables et sÊavérera être un animal⁄ Mais ÿ nÊestce pas ce que nous sommes Ÿ tous au fond, comme sÊinterroge un personnage ? CAMILLA PATRUNO

LE ROI DES SINGES, T.1 de Bonifay, Meddour et Paitreau Vents dÊOuest, 56 p. couleurs, 13,90 €


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Vivre et pourrir © Morvan et Bessadi / MC PRODUCTIONS

Après 11 ans et six tomes, Zorn & Dirna, la série de Jean-David Morvan et Bruno Bessadi, se conclut. Retour sur une saga macabre et familiale.

avec ce sixième tome. LÊinversion des valeurs habituelles (ici, tuer cÊest souvent faire acte de bonté) et les marivaudages issus des changements de corps sont très divertissants. Le dessin de Bessadi, jamais élégant ni plaisant, mais riche en détails sordides, dépeint avec justesse lÊEnfer sur Terre. La décomposition des corps est le reflet de la décrépitude morale dÊune société où le respect du bien-être dÊautrui est simplement nié. LÊinfamie des castes dirigeantes y est sans limites. Le traitement ÿ cartoonesque Ÿ et rigolard de lÊensemble est assez surprenant pour un sujet qui traite de lÊextermination industrielle, mais lÊoriginalité de cette série lui permet de briller dans un paysage éditorial où fantasy rime trop souvent avec monotonie. VLADIMIR LECOINTRE

visuel provisoire

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n univers de fantasy nÊest pertinent que sÊil se démarque de notre Moyen ˜ge par quelques inflexions allant au-delà de lÊajout de dragons. Dans lÊunivers de Zorn et Dirna, les auteurs ont juste changé une loi universelle et sÊamusent à en observer les conséquences : plus personne ne meurt depuis que la Mort en tant quÊentité a été capturée. Loin dÊapporter la joie éternelle comme les plus naïfs pourraient le croire, cÊest un cauchemar que cette absence a déclenché. En effet, plusieurs axiomes découlent de la modification principale : 1) Les âmes (ici synonymes de consciences) ne disparaissent jamais, ni ne trouvent le repos : elles restent confinées dans des corps qui continuent à vieillir, à se ratatiner, à pourrir. Exception : voir 2. 2) Si lÊaxe cflur-cerveau est sectionné, lÊâme sÊéchappe du corps désormais inerte et réellement mort... et va se réfugier dans le corps vivant le plus proche. 3) Conséquence : plusieurs consciences peuvent coexister dans le même corps.

TUER, UN ACTE DE BONTÉ

© Morvan et Bessadi / MC PRODUCTIONS

Le prolixe scénariste Morvan exploite avec jubilation et inventivité toutes les possibilités quÊoffrent ces postulats dans une aventure qui trouve sa conclusion

ZORN & DIRNA, T.6 NOTRE P˚RE QUI ¯TES ODIEUX

de Morvan, Bessadi et Lerolle, Soleil, 56 p. couleurs, 14,30 €

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Une sorte de Tank Girl made in Russia donne son nom à ce 2e one-shot du ÿ label Ÿ Bang. Excellente découverte que ce livre qui ne respire pourtant pas la joie de vivre. Focus sur Ivan, flic à la ramasse, obnubilé par Katinka, une barge / tueuse de retour après des années dÊobsession. Deveney démarre près du cliché (le commissaire Sharko de Franck Thilliez nÊest pas loin de cet Ivan), mais évolue vite vers plus dÊoriginalité. Godart a un trait riche (Improbable McKean, ou Muth, qui encrerait librement Christian Lax). Des corps tordus comme les âmes des personnages, des couleurs sobres et sombres, pour un récit qui nÊa quÊun défaut : un goût de trop peu.

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STALINE : la guerre de succession © Nury et Robin / DARGAUD 2012

Katinka, de Jean-Christophe Deveney et Loïc Godart

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Akiléos, 64 p. couleurs, 14,25 € PHILIPPE CORDIER

Dog, de Vincent Perriot Vincent Perriot sÊest fait remarquer avec Taïga rouge (Dupuis) et Belleville Story (Dargaud). Ayant débuté chez un tout petit éditeur, il lui confie la publication de son nouveau livre, dont il est à la fois scénariste et dessinateur. Le livre est atypique : muet, cÊest une succession de pleines pages noir et blanc qui nous narrent les mésaventures dÊun clochard à New York, rejeté partout où il passe. Avec un style spontané et nerveux, comme si De Crécy, Blutch et Larcenet avaient fumé le même gros pétard avant de dessiner⁄

Après avoir mis en scène la mort inattendue de Staline dans un premier tome récompensé par le Prix du meilleur album Historia, Nury et Robin nous invitent aujourd’hui à ses funérailles.

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n assistera donc à une cérémonie grandiose, bien répétée pour éviter dÊéventuelles bévues, mais aussi à la surprise et au désarroi des deux enfants de Staline. Le lecteur participera également aux nombreuses intrigues des prétendants à la relève de lÊHomme de Fer, à leurs alliances et à leurs trahisons. Favori disposant dÊune longueur dÊavance, Beria, le puissant chef du NKVD (police secrète de lÊURSS) qui sÊétait emparé des dossiers secrets de Staline, sera finalement évincé à lÊinitiative de Khrouchtchev. Tout cela implique de longues discussions des membres du Politburo, mais les auteurs parviennent à rendre passionnants ces conciliabules à huis clos. Thierry Robin commente son travail : ÿ Dans une séquence de neuf pages, on voit huit personnes parler politique assis autour dÊune table. Il y avait déjà beaucoup dÊintensité dans les dialogues de Fabien. Je nÊavais jamais illustré une

Éditions de la Cerise, 128 p. n&b, 19 € MICHEL DARTAY

Les éditions Onapratut ont le goût délicat d'inaugurer une collection Alambic – au nom explicite – avec trois albums alcoolisés en format carré. Je suis bourrée mais je t'aime quand même d'Anaïs Blondet présente en saynètes trash et rentrededans, une Gros Dégueulasse au féminin, qui arrive parfois à mettre du bon sens dans une flaque de vomi ! Une cuite sinon rien de Fred Langout, largement autobiographique, met en scène un dessinateur glandeur en ébriété assumée, mais aussi... des verres qui parlent ! Plus original, Monsieur Piche de Radi est une réédition des vignettes (souvent sous-titrées) de Monsieur Piche, sorte de parodie de MonsieurMadame dans un humour plus sage que les précédents titres. De la potacherie qui tâche, à consommer sans modération ! Onapratut, 112 p. n&b, 7 €

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© Nury et Robin / DARGAUD 2012

Collection Alambic

telle scène et jÊy ai pris beaucoup de plaisir. Et sans tricher (pas de vue de la façade avec une bulle qui sort dÊune fenêtre !). Il a fallu choisir des cadrages diversifiés pour faire vivre la scène, mais sans excès non plus. Pour plus de clarté, jÊai souvent dû cadrer la personne qui parle : Beria pose une question et Khrouchtchev répond. Mon maître dans ce domaine, cÊest Mankiewicz, qui a montré que lÊon pouvait être bavard sans jamais être ennuyeux. Ÿ Thierry Robin sÊest passionné pour ce diptyque. Il explique ainsi son engouement : ÿ JÊavais de la famille communiste, il y avait même un portrait de Staline dans le salon de mon grand-père. JÊavais comme projet une biographie de Staline, projet qui sÊest vite révélé trop énorme. Ces deux livres sur sa mort et la lutte de succession sont un formidable portrait de cette société. JÊassume les espoirs quÊa eus ma famille après-guerre, il y a eu, en France, une vraie tentative de changer la société dans un esprit de grande solidarité. Je comprends leur traumatisme quand on a découvert que ces dirigeants étaient tous des criminels de masse ou des psychopathes (saurat-on jamais combien Beria a violé de gamines russes ? On a même retrouvé des ossements dans la cave de sa datcha), le tout dans un climat pesant de paranoïa et de beuveries. Ÿ Les auteurs ont respecté la réalité des faits et des lieux. Le dessinateur précise : ÿ JÊai accumulé beaucoup de documentation sur le sujet (que je vais bientôt ranger dans des cartons). Je pense que le ton de comédie noire donné par Fabien passe mieux ancré dans un environnement authentique et précis. On nous a reprochés de romancer, mais tous les événements sont historiques, rapportés

par des témoins et même filmés pour certains. Comme souvent, on ne peut faire mieux (ou pire) que la réalité, surtout quand on touche aux aberrations du système communiste. Ÿ Les dialogues de Fabien Nury mettent bien en évidence lÊaspect ÿ langue de bois Ÿ de la rhétorique marxiste et de la dialectique communiste. Et lÊabsurdité de ce régime bureaucrate basé sur la terreur est évidente. Toujours avec Fabien Nury, Thierry Robin prépare actuellement un nouveau projet sur la Russie de la fin de lÊépoque tsariste, ce qui témoigne de lÊintérêt des auteurs pour ce grand pays à lÊhistoire violente et tragique. JEAN-PHILIPPE RENOUX

LA MORT DE STALINE, T.2 FUNÉRAILLES

de Fabien Nury et Thierry Robin, Dargaud, 56 p. coul., 13,99 €



© Canepa et Merli / MÉTAMORPHOSE

Le début de la fin «

This is the end Ÿ, chantait de sa voix grave le roi lézard. Mais dans la BD qui nous intéresse ici, de quoi parle-t-on au juste ? De la fin, traduction du mot end, ou de lÊagrégation des initiales de trois jeunes filles que sont Elisabeth, sa meilleure amie Nora et sa sflur Dorothea ? Un peu des deux en réalité. Le premier épisode du triptyque sÊattarde sur Elisabeth et ses trois animaux domestiques, un chat-serpent, un crapaud-araignée et une chauve-souris-poulet. Sur son terrible pouvoir quÊelle va devoir apprivoiser. Et surtout sur le fait que lÊadolescente est morte. Ou pas. Il faudra attendre la fin du troisième tome pour avoir toutes les informations de cette histoire à clefs. DÊici là, on se laisse porter par lÊambiance inquiétante distillée par Barbara Canepa et les dessins somptueux réalisés

à quatre mains avec Anna Merli. Quelques questions défricheront peut-être le terrain.

Zoo : End est une histoire assez ésotérique. Quel est son propos ? Barbara Canepa : LÊhistoire, comme pour Skydoll, cÊest de comprendre pourquoi on est vivant. Dans Skydoll, lÊhéroïne est une poupée qui respire, qui vit, sans être considérée comme un être vivant. Dans End, Elisabeth a 13 ans. CÊest une ado. Ni une enfant ni une femme. Elle sent que son corps se transforme. Et elle découvre quÊelle possède un pouvoir monstrueux, celui de donner la mort. Et elle ne sait pas pourquoi. Elle est déjà à un moment traumatisant de la vie dÊune femme, et en plus, elle peut donner la mort. CÊest un pouvoir affreux, mais tout

© Canepa et Merli / MÉTAMORPHOSE

End, la nouvelle série de Barbara Canepa et Anna Merli, reprend les thèmes chers à la créatrice de Skydoll dans une ambiance victorienne inquiétante à souhait. On se laisse entraîner avec délice dans ce labyrinthe.


le cheminement de cette jeune fille sera de comprendre que sans la mort, il ne peut pas y avoir la vie.

© Canepa et Merli / MÉTAMORPHOSE

Dans cet album, la peur est un des ressorts principaux. Quand on découvre ce quÊest la mort, souvent à travers ses animaux domestiques ou ses grands-parents, cÊest un premier choc dans lÊenfance. CÊest pour ça que le premier tome se base beaucoup sur la peur. Dans les deux suivants, ça évoluera.

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Il y a notamment cette scène effrayante du cauchemar dÊElisabeth qui rêve quÊelle se réveille dans un cercueil. CÊest un cauchemar que je fais souvent. Comme mon lit est placé contre un mur, parfois je me retrouve face au mur, je le touche, je ne sais plus où je suis. Là, cÊest la panique totale. DÊailleurs, dans cet album, qui nÊest pas pour autant autobiographique, jÊai mis toutes mes peurs.

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Cette thématique est quand même très liée avec votre histoire personnelle. Mon père est mort dÊune leucémie quand jÊavais cinq ans. Et ma mère nÊa pas osé me le dire. Comme il était commandant dÊun paquebot, elle me disait quÊil était sur les mers. Elle a attendu mes neuf ans pour me lÊannoncer. Ça mÊa beaucoup perturbée. Cette obsession de la mort et de lÊabandon ne mÊa jamais quittée. Créer des histoires de bande dessinée, cÊest une façon dÊévacuer ces angoisses. Et toujours avec cette ambiance victorienne que vous appréciez beaucoup. Avec Anna, on aime beaucoup cette période qui produit des artistes comme Arthur Rackham, Edmond Dulac, John Bauer, les pré-raphaélites. ¤ cette époque, le romantisme sublimait la mort en représentant lÊextase. On en retrouve aussi lÊarchitecture avec les grandes verrières, les monuments funéraires du Père Lachaise. Eh non, ce nÊest pas le Père Lachaise, cÊest inspiré du cimetière de Gênes, le plus grand et le plus beau dÊEurope. CÊest un peu à lÊabandon, certaines tombes sont ouvertes, mais on peut le visiter. Il y a des monuments exceptionnels, dÊune taille gigantesque. Les tombes de lÊalbum existent vraiment. On a été sur place pour prendre des photos. Il y a aussi une grande place laissée à la nature. Mais une nature toujours un peu inquiétante. Pour moi, la nature est comme ça. Très belle mais également effrayante. CÊest la nature qui domine lÊêtre humain, et pas le contraire. LÊanimal le plus dangereux pour lÊhomme est un joli petit crapaud jaune dont la peau est recouverte dÊun des poisons les plus mortels, celui que les Jivaros utilisent pour chasser.

© Canepa et Merli / MÉTAMORPHOSE

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Méfiez-vous, si vous réussissez à évacuer toutes vos angoisses, vous allez finir par ne plus avoir dÊinspiration. Tout à fait. Je pense quÊaprès Skydoll et End, jÊai terminé la bande dessinée. Je voulais dire ça dans ma vie. Je lÊai fait dÊune manière un peu légère avec Skydoll, plus sombre avec End. Je suis allée au bout de mes intentions. Après, jÊaimerais me lancer dans lÊécriture pour raconter mon histoire avec mon père. PROPOS RECUEILLIS PAR

THIERRY LEMAIRE

END ELISABETH

de Barbara Canepa et Anna Merli, Soleil, coll. Métamorphose, 56 p. coul., 13,99 €


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FRANÇOIS SCHUITEN

DANS LE BON WAGON Après l’architecture et sa grandiose collection des Cités obscures, et 30 ans après son épisode Le Rail avec Claude Renard, François Schuiten a choisi une locomotive peu banale comme sujet de son premier album comme auteur complet, mais aussi comme point de départ de développements multiformes.

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LOCOMOTIVE RESCAPÉE Fruit de plus de deux ans dÊun travail ciselé et pointilleux, réalisé au crayon et plume à lÊencre de Chine, lÊalbum de 84 planches en noir et blanc, vivant et émouvant, prolonge lÊambiance des Cités obscures et ses mondes imaginaires. Léo Van Bel est un vieux machinistemécanicien sur la 12004, une locomotive quÊil connaît par cflur. Or, un téléphérique électrique doit remplacer le train et remiser les locomotives à la casse. Trop dur pour Léo qui veut épargner ÿ sa Ÿ Douce. Avec la complicité dÊElya, mystérieuse voleuse muette, il va tenter de sortir la loco-

© Manuel F. Picaud

n 2007, lÊartiste belge postule pour créer la scénographie de Train World, un nouveau musée du chemin de fer à Bruxelles. Il se rend à Louvain dans un hangar de la société de chemin de fer belge où sont entreposés dÊanciens wagons et locomotives. Un engin lÊinterpelle aussitôt. ÿ CÊétait magique de voir surgir cette machine qui appartient à la fois au passé et au futur. Elle avait lÊair perdu comme une espèce de Belle au bois dormant qui ne demandait quÊà se réveiller. Ÿ Conçue à partir de 1935, cette locomotive à vapeur aérodynamique, au joli carénage profilé, est la seule rescapée de la série 12 construite en six unités seulement. Selon la légende, des cheminots auraient sauvé de la ferraille le dernier exemplaire. Séduit, le Grand Prix de la Ville dÊAngoulême 2002 imagine une histoire étonnante en son hommage. ¤ la manière des machinistes de lÊépoque, il lui donne un petit nom affectueux, La Douce.

FRANÇOIS SCHUITEN POSE DEVANT LA MYTHIQUE LOCOMOTIVE

motive de la ferraille. Au-delà de lÊhistoire, fort linéaire sur le sauvetage du patrimoine industriel, François Schuiten évoque, avec ses accents oniriques, cette indispensable transmission de savoir intergénérationnelle, son obsession dÊauteur.

RÉALITÉ AUGMENTÉE DÊune rencontre avec les équipes de Dassault Systèmes, société spécialisée dans les logiciels de conception 3D, naît une curieuse extension de lÊalbum, qui pourrait sembler un gadget futile. ÿ JÊaurais aimé que la locomotive sorte du livre tel un pop-up virtuel Ÿ, imagine lÊartiste.

Les ingénieurs ont relevé le défi, en modélisant la locomotive et la traduisant dans le trait de François Schuiten. ¤ partir de là, ils vont permettre au lecteur, en se servant du livre devant leur webcam, de guider la locomotive, sous une musique angoissante de Bruno Letort, jusquÊà une surprise finale. Cette ÿ réalité augmentée Ÿ, très fidèle au trait initial, accessible sur le site www.12-ladouce.com, est surprenante et ajoute une nouvelle dimension à la BD en prolongeant lÊémerveillement du dessin et la complémentarité entre tradition et modernité.

mi-juin. Enfin, ÿ sa Douce Ÿ sera la star du musée quÊil scénographie et dont lÊouverture à Schaerbeeck vient dÊêtre confirmée pour 2014. Au final, François Schuiten signe une fluvre originale, puissante et dense. MANUEL F. PICAUD

© François Schuiten / CASTERMAN 2012

DIVERSES EXPOSITIONS

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LÊartiste poursuit son travail de mémoire en réalisant diverses variations. SÊil expose des planches originales dÊun très grand format à la Maison Autrique à Bruxelles jusquÊen novembre et à la vente à la Galerie 9e art à Paris en juin, il vend dÊautres tirages à Bruxelles à la librairie-galerie Brüsel et des dessins sur des photos de Bruxelles de Marie-Françoise Plissart à la Galerie Champaka. Le château de Vincennes accueillera dÊautres de ses fluvres à Vincennes à partir de la

LA DOUCE de François Schuiten, Casterman, 88 p. couleurs 18 €



zoom Une histoire en deux parties publiée de façon rapide dans lÊhebdo Spirou. La petite Marion accompagne sa mère qui revient sÊétablir dans le village de ses grandsparents, tout près de la mer. Marion remarque des sculptures bizarres sur les rochers, et un ermite inquiétant habite dans le phare tout proche. Mention spéciale aux couleurs qui vous feront ressentir le contact de la houle et des embruns ! Une série atypique, où les deux auteurs font preuve dÊune grande personnalité.

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Échappée(s) Belle(s) Après l’audacieux challenge Sept, Delcourt débute une nouvelle série concept dirigée par David Chauvel : La Grande Évasion. En effet, point de personnage récurrent, mais un thème commun : de grands récits d’évasion dans des contextes historiques et géographiques variés. L’aventure commence au Maroc à la fin du XIXe siècle… Biribi, par Ricard et Thomas © Guy Delcourt Productions – 2012

La Mémoire de lÊeau,T.1 et 2, de Reynès et Vernay

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Dupuis, 48 p. couleurs, 12 € MICHEL DARTAY

Bravo les Brothers, de Franquin Il sÊagit de lÊavantdernière histoire (plutôt quÊaventure) de Spirou et Fantasio imaginée par Franquin. LÊaction se déroule à la rédaction du journal, où Fantasio fait du journalisme, collègue dÊun certain gaffeur qui offre ici un trio de singes de cirque à ses amis. Jannin a recolorisé les pages, et lÊéditeur nous propose la reprise des fac-similés des originaux de Franquin, dont la cote a récemment dépassé en salle des ventes les 100 000 euros pour une couverture. Avec des commentaires érudits et précis de Bocquet et Honorez !

Dupuis, 88 p. couleurs, 24 € JEAN-PHILIPPE RENOUX

Le Livre des destins,T.5, La Dernière Page, de Biancarelli et Le Tendre Depuis quÊil a mis la main sur un livre magique où sa vie est racontée, le jeune Roman (un prénom prédestiné) traverse le monde au rythme de péripéties effrénées. Les cinq tomes de la série, désormais finie, sont un vibrant hommage à lÊaventure et aux figures de la culture populaire de la première moitié du XXe siècle : Peter Pan, Fritz Lang, Tintin, Howard Hughes, les premiers super-héros (très réjouissant T.3). La valse des références et des rebondissements peine cependant à convaincre totalement. Les ficelles sont trop grosses et le recours à une confrérie occulte trop facile. Biancarelli est un bon disciple de Rossi, mais son encrage un peu lâche eût mieux profité dÊun format plus petit.

Soleil, 48 p. couleurs, 13,95 € VLADIMIR LECOINTRE

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iribi. Un terme étrange qui désignait lÊensemble des bagnes de correction pour les récalcitrants de lÊarmée française dans les colonies dÊAfrique du nord. CÊest dans un de ces horribles camps, en 1898, que se déroule lÊhistoire du premier tome de La Grande Évasion. LÊinsurgé corse Ange Lucciani débarque dans un univers terrible où les têtes dures sont matées de main de fer par le chaouch La Châtaigne. Sévices corporels, viols, isolement, châtiments, famine, humiliations⁄ Tout est fait pour dégrader les hommes au rang de bêtes dociles. Malgré cette panoplie tortionnaire censée lÊasservir, lÊendurci Lucciani est bel et bien décidé à sÊéchapper de cet enfer et échafaude un plan ingénieux avec des co-détenus pour atteindre la mer, au-delà du désert.

LA GOÛT IMPÉRIEUX DE LA LIBERTÉ LÊunivers carcéral est un sujet que connaît bien le scénariste Sylvain Ricard (20 ans ferme, Dans la colonie pénitentiaire), également habitué aux histoires dÊhommes en lutte et en quête

dans des univers hostiles et âpres (Banquise, Kuklos, Stalingrad Khronika). Il livre donc avec facilité un récit acerbe où le sang se mêle dans la bouche au goût impérieux de la liberté. Il sÊest adjoint les services du dessinateur Olivier Thomas, habitué aux polars et aux récits durs, qui offre des gueules aux chicots pourris, taillées dans la souffrance, et des corps endoloris, dans des paysages arides et caniculaires. Sang et eau.

Guerre froide (Tunnel 57) et en Sibérie (La Balade de Tilman Razine). La promesse de belles échappées. WAYNE

HUIT ÉVASIONS Biribi est le premier tome dÊune collection de huit fictions sur le thème de la détention, qui sÊétalera jusquÊen janvier 2014, avec environ une sortie tous les deux mois, signées Denys, LeSaëc, Palumbo, Kris, Jouvray⁄ Après ce premier volume, la série nous emmènera sur un terrain archéologique (Le Labyrinthe), dans lÊimmensité spatiale (Void 01), dans lÊunivers de la mafia new-yorkaise (Fatman), au cflur de la bataille de Diên Biên Phu (Diên Biên Phu), dans une ville-prison futuriste (Asylum), dans lÊAllemagne de la

LA GRANDE ÉVASION, T.1 BIRIBI

de Sylvain Ricard et Olivier Thomas, Delcourt, 64 p. coul., 14,95 €



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Génération mal-logée !, de Yatuu

© Benoît Feroumont / DUPUIS 2012

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enoît Feroumont a commencé sa carrière dans lÊanimation avec des dessins animés très remarqués au festival belge Anima, à Annecy ou même à Cannes. LÊun de ceux-ci (Dji vou veu volti, soit Je vous aime en patois de Liège, visible sur Youtube) attira lÊattention du Rédacteur en chef de Spirou qui lui passa commande dÊune série basée sur le même thème. Dans un petit royaume charmant, à lÊabri des guerres et conflits, où le peuple ne souffre pas de disette et nÊest pas opprimé par les impôts, une jolie servante du roi se fait chasser du château par une reine aussi jalouse quÊacariâtre. Entreprenante et bonne cuisinière, elle ouvre donc une taverne. Le costaud du village, le forgeron François, éprouve un profond sentiment pour Anne et multiplie les avances. Les bouquets de fleurs en métal ne parviennent pas à séduire la belle, qui fait preuve dÊun sacré caractère. Cette série est très agréable à lire, elle

En attendant l'aube,T.1, Les Lumières de la ville, de Monier et Chabaud Tom passe son temps à observer les gens, la ville, la vie de sa fenêtre, jusqu'au jour où il aperçoit une mystérieuse jeune femme sur les toits. Obsédante, elle finit par l'inviter à la rejoindre... Un projet de longue haleine que concrétise enfin Frédéric Chabaud. Un récit onirique, dans la veine de Broussaille, BD qui a influencé le scénariste étant jeune. L'histoire est servie par un dessin ÿ carte à gratter Ÿ numérique, original, dense et beau. Ce premier volet des aventures des contemplatifs nocturnes est une parenthèse sur la ville et on a hâte de voir quelles loufoqueries poétiques recèle ce voyage à la Alice.

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© Benoît Feroumont / DUPUIS 2012

Poivre & Sel, 56 p. coul., 13,50 € WAYNE

Tourbillon, 94 p. couleurs, 6,10 € HÉL˚NE BENEY

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Imaginée par Benoît Feroumont, la série Le Royaume se déroule au Moyen Âge comme Johan et Pirlouit. Mais ici, l’accent est mis sur les relations sentimentales plus que sur la magie ou les conflits guerriers.

12bis, 90 p. couleurs, 13,90 € OLIVIER PISELLA

Qui a dit que les enfants nÊavaient pas dÊhumour et encore moins, dÊhumour noir ? Pas Adèle en tous cas, qui du haut de ses trois pommes, balade son regard cynique et sa drôlerie sur son quotidien ! Car la gamine nÊaime pas quÊon lui mente (dire quÊelle croyait avoir un bébé lion et que cÊest un chat. Ha !), les choses tièdes ou fades, les gens bêtes, et passe son temps avec Magnus, son ami imaginaire mort sous la révolution. Cela donne de petits albums plus acerbes que Calvin et Hobbes et plus rigolos quÊEmily The Strange. Une série de gags simplement géniale !

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LE FORGERON AMOUREUX

Après avoir dénoncé la condition de stagiaire dans Moi, 20 ans, diplômée, motivée... exploitée !, Yatuu sÊattaque à lÊépineux problème du logement étudiant. La jeune Videl (référence probable au personnage de DBZ, les références au manga se retrouvent également dans le dessin), vient dÊêtre admise à lÊuniversité de ÿ la Borbonne Ÿ. Elle va alors se confronter au chemin de croix que constitue la recherche dÊun logement décent à prix correct. Une gageure, car les prix mentionnés (exorbitants) sont ceux de Paris. LÊalbum, bien que sympathique, ne nous apprend rien de nouveau sur le sujet et manque un peu de relief. On regrettera aussi le point dÊexclamation du titre qui évoque davantage une fâcheuse manie quÊune réelle indignation.

Mortelle Adèle,T.1 et 2, de Tan et Miss Pricklye

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renouvelle avec fraîcheur et humour le thème médiéval. Les personnages sont bien typés et toujours amusants, les dialogues légers et enjoués, à la façon des meilleures sitcoms ou comédies théâtrales. Des petits oiseaux fort bavards expriment avec franchise leurs opinions. LÊalbum présente une série dÊhistoires complètes qui permettront au moins à lÊinfortuné François dÊapprendre les rudiments de la lecture et de lÊécriture, à défaut de séduire sa belle. Publiée dans Le Journal de Spirou de façon régulière, la série est actuellement écrite par Maïa Mazaurette qui a préféré en faire une suite de gags en une planche.

3 QUESTIONS À BENOÎT FEROUMONT Le Royaume semble se concentrer sur la relation amoureuse de François et Anne. Était-ce prévu dès le départ ? BF : Pas vraiment. Je voulais explorer le décor du Royaume en compagnie de cette jeune servante exclue du château. Anne rencontre François dès le premier album et leur relation fut lÊoccasion de nombreuses histoires drôles autour de ce couple improbable et impossible. Plusieurs histoires sont apparues avec pour seul but dÊanimer les pages du Journal de Spirou. Quelques unes de ces histoires courtes se suivaient, jÊai donc organisé les choses pour que cela puisse tenir en un album cohérent centré sur cette relation. Où est situé au juste ce joli Royaume ? Les murs des maisons évoquent la France du Sud ou lÊItalie, plus que la Belgique ! Eh bien, dans ma tête, il est situé en Toscane. Mais il est fortement influencé par lÊarchitecture médiévale du sudouest de la France où lÊon trouve de très beaux villages à ruelles. En dessinant

Le Royaume, je retrouve les sensations de mon enfance, quand je passais mes étés à la campagne, chez mes grands parents. Anne prend-elle du plaisir à repousser les avances de François ? Aucun, quoique des fois elle est un peu vache avec lui⁄ Elle aime bien François, cÊest sûr. Mais François sÊy prend tellement mal avec elle ! Au lieu de lÊécouter, il ne fait que lui imposer un mariage et tout ce qui sÊensuit. Elle est trop indépendante pour accepter de suivre ce projet trop évident que François lui propose. De cela elle nÊa pas besoin, ni envie. CÊest une femme qui veut sÊassumer par elle-même. Tant que François ne comprendra pas cela, il nÊa aucune chance de lÊépouser. Et François nÊest pas bien malin. JEAN-PHILIPPE RENOUX

LE ROYAUME, T.4 VOULEZ-VOUS MÊÉPOUSER

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de Benoît Feroumont, Dupuis, 48 p. coul., 10,60 €



zoom Un grand nombre de personnages dont les parcours se croisent, une temporalité chamboulée, des dialogues sarcastiques ou décalés et une forte inclination pour la violence : tous les tenants du néo-polar posttarantinien sont bien en place. Los Angeles est une jungle où les prédateurs dÊhorizons divers finissent toujours par se confronter. Rien de très audacieux dans cette série B, mais lÊéquipe artistique – qui a bien assimilé Paul Pope – sait installer le lecteur dans un divertissement confortable, notamment grâce à une pointe de raccolage. Difficile toutefois de sÊintéresser aux destins de personnages qui restent des archétypes peu convaincants.

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NI MIÈVRE, NI SOUMISE Depuis plus de 30 ans, Michel Weyland alimente avec constance la fantasy franco-belge avec la blonde Aria : un univers à la fois rassurant et âpre, qui a connu quelques évolutions. © Michel Weyland / DUPUIS

Blue Estate,T.2, de Victor Kalvachev

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Ankama, 80 p. couleurs, 13,90 € VLADIMIR LECOINTRE

Fairy Quest,T.1, de Paul Jenkins & Humberto Ramos

Masqué,T.2, Le Jour du fuseur, de Serge Lehman et Stéphane Créty En se lançant dans la thématique du super-héros, Serge Lehman et Stéphane Créty avaient promis de tenir un rythme proche de celui des comics américains ; ce tome 2 arrive donc très peu de temps après un premier opus fort réussi. Dans cette suite, Brafford reprend conscience après avoir été mis en contact avec lÊénergie mystique qui habite Paris. Pendant ce temps, un autre personnage vit le même genre de mutation... Cette relecture du superhéros à la française est toujours aussi efficace, le mix dÊinfluences très bien mené par les auteurs. La naissance à la fois du héros et du vilain donnent évidemment envie dÊen savoir immédiatement plus.Vite, la suite !

Delcourt, 48 p. couleurs, 13,95 € JOHN YOUNG

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croyait morts (T.33). Si un certain mysticisme infuse la série, elle est aussi traversée par des problématiques contemporaines. Les épisodes 30 et 31 se font ainsi clairement lÊécho des angoisses de lÊauteur face à lÊessor de lÊintégrisme religieux. Quant au nouvel album, il met en scène un serial killer nÊayant rien à envier à ceux des romans de Thomas Harris et face auquel la mièvrerie nÊest pas de mise. Ainsi, la série Aria apparaît comme un refuge imaginaire utopique, un idéal champêtre et harmonieux, qui serait régulièrement menacé et envahi, mais tout aussi régulièrement rééquilibré et nettoyé.

spontanéité dans la création : ÿ CÊest un personnage que je découvre au jour le jour. LorsquÊun enfant naît, on ne sait pas ce quÊil va devenir. Ÿ Un enfant, Aria ne tarde dÊailleurs pas à en avoir un (T.20 et 21, 1998-1999).

BLESSURES ET GUÉRISONS Son fils – Sacham – est atteint par une malédiction, due aux eaux dÊun lac magique dans lequel elle était jadis tombée (T.4, 1984 !). La peau du nourrisson est couverte dÊécailles et il connaît une croissance accélérée : en quelques mois il a déjà la stature dÊun adolescent : ÿ Il était évident pour moi quÊun jour Aria serait mère... mais je me suis retrouvé piégé : je ne la voyais pas avec un bébé et des casseroles, alors il fallait que je trouve une astuce pour que Sacham soit rapidement indépendant. Ÿ LÊenfant dÊAria sera bientôt guéri, grâce à cette magie psychanalytique si particulière à lÊunivers de lÊauteur, où lÊon exorcise en même temps passé et démons. Autre blessure bientôt réparée : Aria retrouve ses parents, dont elle avait été séparée petite et quÊelle

VÉRONICA ANTUNEZ et VLADIMIR LECOINTRE

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Glénat, 56 p. couleurs, 13,90 € ALIX DE YELST

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orsquÊen 1979 Michel Weyland crée Aria pour Le Journal de Tintin, il cherche avant tout à se faire plaisir. Elle est une guerrière sans attaches, libre et bien dans sa peau, évoluant dans un univers fantastique dÊapparence médiévale riche dÊun bestiaire et de rites magiques forts inventifs : ÿ Aria répond à un besoin dÊévasion, de sortir du béton, de lÊacier, de la pollution... Cet univers me permet de dessiner la nature, des vêtements et des maisons différentes. Ÿ Pour lÊaspect de son héroïne, lÊauteur nous dit sÊêtre inspiré tout dÊabord de la chanteuse du groupe Abba, Agnetha Fältskog, son visage ayant évolué par la suite. Son caractère aussi subira quelques inflexions. Dans le tome 18, Vénus en colère (1996), nous est dévoilé le viol quÊelle a subi adolescente. Désormais, son passé aventureux nÊapparaît plus comme le fruit dÊune nature curieuse, joviale et entreprenante, mais comme une fuite perpétuelle, conséquence dÊun traumatisme. Cette évolution ne fut pas anticipée par Michel Weyland, très adepte dÊune certaine

© Michel Weyland / DUPUIS

¤ Bois-desContes, le tyrannique Grimm régit les faits et gestes des personnages : tout dans les contes doit se passer comme dans le script. Un seul mot dÊordre : ne variez pas ! CÊest sans compter la lassitude et lÊaspiration à la liberté du Petit Chaperon Rouge, déterminée à libérer ses compatriotes du joug de Grimm et de ses histoires devenues des rôles quotidiens et monotones. Avec lÊaide du Grand Méchant Loup, elle part en quête du Vrai-Monde, un endroit mythique où tous pourraient être libres. Aventure pour petits et grands patinée de fantasy, addictive et bien menée, Fairy Quest porte un regard original sur lÊenvers du décor au pays des contes.

ARIA, T.34 LE VENTRE DE LA MORT

MICHEL WEYLAND

de Michel Weyland, Dupuis, 48 p. couleurs, 12 €



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Ismahane,T.2, de Sasha et Girard Il y a des diptyques qui alternent le chaud et le froid. Le premier volume dÊIsmahane, sur fond de Guerre du Liban, décrivait la jeunesse de cette jeune fille musulmane, élevée dans un village relativement épargné par le conflit. LÊespoir dominait. Dans ce second tome, cÊest le malheur qui prend toute la place. De retour de France avec Malek, un cousin dont elle est tombée amoureuse, Ismahane assiste à lÊenterrement de son père. Ce nÊest que le premier dÊune cascade dÊévénements dramatiques. Toujours bercé par lÊarrière-plan politique du Liban, le récit relie intelligemment lÊépreuve au sein dÊune famille à la grande Histoire et donne des clefs pour mieux comprendre les mentalités.

IL ÉTAIT UNE FOIS

DANS LE NORD

Les Enfants rouges, 96 p. n&b, 16,50 € THIERRY LEMAIRE

Dans mon open space, T.4,Variable dÊajustement, de James

Dargaud, 48 p. couleurs, 11,99 € MICHEL DARTAY

La Traversée du Louvre, de David Prudhomme LÊauteur déambule dans les galeries du musée du Louvre. Il cherche Jeanne et, accessoirement, lÊinspiration pour son livre sur⁄ Le Louvre. Il devient acteur de son récit, pour mieux multiplier les angles dÊobservation. Grâce à lui, notre flil suit autant David que les fluvres, que les spectateurs. Malin. Et brillant. Que Prudhomme soit lÊun des meilleurs dessinateurs actuels, cÊest un fait. Mais le voici roublard, jouant avec nous de notre (in)culture, sans nous juger. Celui qui attrape des références artistiques (nombreuses) sera flatté, mais qui ne les voit pas, ou les ignore, aura passé un moment magique, guidé par un as de la haute voltige armé de son seul crayon et de couleurs pastel.

Futuropolis, 80 p. couleurs, 16 € PHILIPPE CORDIER

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L’heroic fantasy, souvent décriée par quelques aristocrates de la bande dessinée d’auteur, connaît plusieurs réussites d’envergure. Tout le monde a en tête La Quête de l’oiseau du temps (premier cycle), Thorgal, Conan, ou plus récemment l’excellent Servitude. Dufaux et Aouamri se lancent aujourd’hui dans une épopée très prometteuse avec Saga Valta.

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aga Valta débute de façon classique. Valgar et Astridr fuient devant les armées dÊun beaupère rendu furieux par une union quÊil nÊa pas souhaitée. Mais la princesse sur le point dÊaccoucher doit stopper sa course pour donner naissance à son enfant. Alors que les hordes qui les poursuivent sont sur le point de les rattraper, Valgar décide de sÊenfuir seul dans la forêt des arbres morts, un lieu malsain qui abrite le repère dÊune créature dangereuse répondant au nom dÊOgerth-le-sinueux. Pendant que Valgar perd les soldats dans cet enfer végétal et quÊil panse ses blessures, Astridr et son fils sont ramenés de force sur les terres paternelles. Jusque-là le dessin et le scénario semblent se situer à la croisée de La Quête de lÊoiseau du temps et de la geste de Thorgal. La poursuite dans les bois plus particu-

© Aouamri et Dufaux / LE LOMBARD

Dargaud propose une compilation de ces gags dÊune demi-page publiés dans lÊhebdo de news économiques Challenge. James y dépeint sa vision de la vie dÊentreprise, étayée par une expérience de près de 20 ans dans ce milieu féroce. Les animaux remplacent les humains, leur apparence se donne les traits de leur fonction. Si les gags sont rarement hilarants, il y a beaucoup de justesse dans les situations. Quelques bonnes idées sont insuffisamment traitées, comme lÊarrivée dÊun couple dÊauditeurs, ou dÊun commercial atypique. LÊalbum passionnera les amateurs de psycho-sociologie dÊentreprise !


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Photo : Catherine Lambermont / DARGAUD © 2002 / DARGAUD

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© Aouamri et Dufaux / LE LOMBARD

JEAN DUFAUX

lièrement évoque les grandes heures de Bragon et Pélisse. Mais la suite des péripéties de Valgar nous entraîne vers quelque chose de différent. Le héros, qui désire faire valoir ses droits, sÊempresse de trouver un allié en la personne de Skarperdinn. Ce seigneur, qui est sur le point de guerroyer contre Sörr-le-déchiré, a besoin dÊun avis éclairé pour défaire les créatures sanguinaires qui servent dÊavantgarde à son ennemi. Valgar, grâce à sa science de la guerre, devient rapidement le favori dÊun Skarperdinn tout auréolé de sa victoire contre son rival. Mais Hildegirrd-aux-courts-cheveux, la femme de ce dernier, nourrit ses propres projets. Parmi ceux-là, il y a la conquête du cflur de Valgar.

de plus devient un jeu de dupes complexe où tous les personnages doivent composer avec leur part dÊombre. Dès lors, le scénario de Jean Dufaux sÊémancipe de ses références pour trouver sa propre voie, même si sa Complainte des landes perdues est à elle seule un classique du genre. Mohamed Aouamri parvient lui aussi à se démarquer en soignant les arrière-plans, la profondeur et les ambiances, chose que la fantasy nÊavait pas connue depuis le Conan de Sal Buscema – rien que ça. LÊorchestration des regards par le dessinateur ainsi que certaines tensions scénaristiques rappellent par instant les fameux duels du western spaghetti pendant lesquels les yeux se cherchent avant que les colts fassent parler la poudre. Or, le premier volume de Saga Valta est bel est bien un round dÊobservation tendu qui augure dÊun déchaînement à venir. Pas étonnant que Mohamed Aouamri cite Il était une fois la Révolution parmi ses films préférés. En dÊautres mots, Saga Valta apporte un langage et un ton nouveau à la fantasy. KAMIL PLEJWALTZSKY

LES SOUFFRANCES DU JEUNE VALGAR ¤ partir de ce moment, Saga Valta se transforme en une aventure désenchantée : les bonnes intentions de Valgar cèdent devant les charmes dÊHildegirrd, et les rêves de vengeance deviennent soudainement moins impérieux. Ce qui nÊétait alors quÊune épopée

SAGA VALTA, T.1 de Jean Dufaux et Mohamed Aouamri, Le Lombard, 56 p. couleurs, 14,45 €

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Marc Chalvin, lÊauteur des strips des Fous que Zoo publie régulièrement, sÊoffre une sorte dÊHappy Sex aux éditions de La Musardine : des gags en une ou deux planches sur la sexualité, un peu moins crus que ceux de Zep cependant. Tour à tour drôles, fins, sensibles et toujours bien sentis, ces sketches flirtent parfois avec lÊabsurde, inclinaison qui fait la patte de lÊauteur. On retiendra notamment une divagation hilarante sur un pénis qui fait de la lumière. Que Marc Chalvin ne se / nous prive surtout pas dÊun deuxième tome dans la même veine.

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La radioactivité REFAIT DES SIENNES Si la radioactivité a permis à Spider-Man d’acquérir des super-pouvoirs, sur le petit tigre Grrreeny elle a eu pour effet de le changer de couleur. Il est devenu vert... en colère et écolo. © Midam, Adam, Netch, Patelin, Thitaume et Araceli Cancino - MAD FABRIK 2012

Libido Blues, LÊun dans lÊautre on sÊen sort, de Marc Chalvin

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La Musardine, 48 p. couleurs, 12,90 € OLIVIER PISELLA

Revoilà Popeye, collectif 70 ans après la mort de son créateur Segar, le marin mal embouché amateur dÊépinards est tombé dans le domaine public en Europe, et le petit éditeur Onapratut lui dédie un épais volume. On retrouve dans cette compilation dÊhistoires complètes et de gags quelques noms connus : Fred Neidhardt, Thibaut Soulcié, Caritte, Saive et Wayne. Tous les auteurs concernés semblent sÊêtre amusés à la reprise de cet univers brutal et sans pitié. Un peu de gauloiserie, mais pas de façon systématique ! Les jeunes auteurs revisitent ce monument, et le modernisent avec recueillement.

Onapratut, 176 p. n&b, 22 € MICHEL DARTAY

OÊBoys,T.3, Midnight Crossroad, de Colman et Cuzor. Fin du cycle au Mississippi en 1935. Le jeune Huck Finn arrive à Memphis où il espère bien retrouver son ami, guitariste afro-américain très doué. Dans les clubs de la ville convergent tous ceux qui veulent se faire un nom dans le blues, mais Huck ne sÊattend pas à la réalité quÊil découvrira. Dessin magnifique de Cuzor, dans la lignée des meilleurs Blueberry du regretté Giraud (il semble quÊil travaille actuellement à un spin-off de XIII). Le scénario de Colman est assez sombre, la ségrégation sÊajoutait à la récession.

Dargaud, 54 p. couleurs, 13,99 € MICHEL DARTAY

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l est vert et, comme Hulk, il nÊest pas content ! On a pollué son lac, on a manqué de respect à son environnement, les braconniers arpentent sa forêt : le petit tigre Grrreeny, nouvelle créature de Midam, a de quoi se plaindre. Minute, minute, on a dit Midam ? Le créateur de Kid Paddle et Game Over, le gars qui voulait être camionneur, aime les monstres et envoie ses jeunes personnages voir des films au titre gore tel que La Cervelle est vivante ? Ce Midam-là, qui se range dans un discours politiquement correct et très en vogue avec un petit personnage mignon⁄ ?! Ça y est, la cinquantaine approche et il nous fait une crise fleur bleue ? Araceli Cancino, son épouse et associée dans la maison dÊédition Mad Fabrik, a élaboré ce projet conjointement avec lui et se montre très engagée dans le suivi et le développement de cet univers : ÿ Grrreeny est tout sauf correct ou gentillet ⁄ DÊabord, il sÊintéresse à lÊécologie parce quÊil a eu ce fameux accident [il a nagé dans un lac

pollué par la radioactivité, NDLR] qui lÊa rendu vert. Sans cet événement, il nÊaurait probablement pas eu un intérêt particulier pour le sujet. Comme Kid Paddle, Grrreeny a un côté assez trash. Il faut rappeler quÊil tue les trafiquants dÊanimaux qui osent sÊaventurer dans sa réserve. Mais contrairement à Kid Paddle, Grrreeny est encore un bébé et il a ce côté mignon propre aux jeunes félins. Le plus important est que Grrreeny nÊest pas omniscient. Il se pose des questions, cherche des solutions à sa portée, commet des erreurs de compréhension et nÊa pas un discours catastrophiste sur lÊenvironnement. Ÿ Prépublié dans la presse en Belgique dès sa création en 2009, le petit tigre vert est devenu la mascotte du magazine Wapiti il y a deux ans. Un livre pédagogique et ludique avec ce personnage, Les Carnets de Grrreeny, avait paru en 2010. Vert un jour, vert toujours nÊen est pas la suite, mais bel et bien une BD, 48 pages de gags par Midam et deux autres scénaristes, Thitaume et Patelin, avec le fidèle Adam en support au dessin, ainsi que Netch. Le format est donc moins ÿ pédagogique Ÿ, même si les informations reportées sont toujours correctes. ÿ Notre façon dÊaborder lÊécologie est déter-

minée par les caractéristiques propres à lÊunivers Grrreeny. Ce nouvel album est une BD dont le but est de faire rire Ÿ, conclut Araceli Cancino. CAMILLA PATRUNO

GRRREENY, T.1 VERT UN JOUR, VERT TOUJOURS

de Midam, Adam, Netch, Patelin, Thitaume et Araceli Cancino, Mad Fabrik, 48 p. couleurs, 10,95 €



zoom Énorme succès des éditions Delcourt avec plusieurs centaines de milliers dÊexemplaires vendus, il nÊest donc pas étonnant de voir surgir une spin-off aux Légendaires avec cette série Origines. Le premier tome, Danaël, raconte la jeunesse du héros éponyme devenu Faucon dÊargent comme son père avant lui. Ne sachant pas comment être à sa place dans lÊarmée de son frère, le jeune homme va vivre de grandes aventures⁄ On pourrait se dire quÊil y a là un beau coup commercial, ce serait dénigrer la sincérité de Patrick Sobral dans les aventures de ses personnages. On la retrouve dans cette suite qui ne démérite pas. Les fans seront ravis et en redemanderont à coup sûr !

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La fin des temps L’empire Aztèque s’est effondré en emportant avec lui le secret d’un trésor inestimable. Même sous la torture, le dernier empereur Cuauhtémoc, pas plus qu’aucun des grands prêtres, ne se résignèrent à trahir ce qui devait appartenir pour toujours à Kukulcan. De là naissent les légendes… © Dufaux et Xavier / GLÉNAT 2012

Les Légendaires Origines,T.1, Danaël, de Patrick Sobral et Nadou

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Delcourt, 48 p. couleurs, 10,95 € JOHN YOUNG

Lloyd Singer,T.7, de Luc Brunschwig et Olivier Martin ÿ Oh non ! Ils ont changé de dessinateur ! Ÿ, commence-t-on par penser en feuilletant lÊalbum. Certes, Olivier Martin souffre un peu de se couler dans les pas dÊOlivier Neuray, mais dès que lÊon sÊinstalle dans la lecture, toute mauvaise impression disparaît. Le scénariste Luc Brunschwig maintient son thriller sur les sommets de la narration en ne cessant de le renouveler. Dans ce début de troisième cycle, Lloyd et les siens semblent sÊenfoncer dans les ténèbres, tandis que la lumière se fait sur le refoulé familial. Creuser la fragilité de celui qui incarnait la force et la sérénité est la grande idée de cette série. Angoissant et très réussi, malgré une maquette de couverture toujours atroce.

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ette nouvelle série signée Jean Dufaux et Philippe Xavier se déroule pendant un intervalle de la conquête du Mexique par Herman Cortès. Ce dernier, accusé par Diego Velázquez de Cuéllar de sédition et de désobéissance, se voit contraint dÊintercepter une expédition dirigée contre lui. Face à lÊurgence de la situation, il décide de laisser derrière lui une garnison dÊune centaine dÊhommes à Tenochtitlan, la capitale de lÊempire Aztèque. LÊempereur Moctezuma II, qui y siège, commence à être sensible aux rumeurs selon lesquelles ces hommes venus de lÊEst ne sont pas les Teules1 dont parlent les légendes. Ses propres conseillers ainsi que des émissaires de Pedro de Alvarado le pressent de faire exécuter ces usurpateurs qui, par ailleurs, ont outrepassé les ordres du roi dÊEspagne. Oczu, grand prêtre en charge des sacrifices, devine que Cortès convoite le trésor impérial. Il propose de mettre à lÊépreuve la loyauté de ce

Grand Angle, 48 p. couleurs, 13,90 € VLADIMIR LECOINTRE

Alors quÊAlex est un ado timide qui nÊose pas déclarer sa flamme à la jolie Leila et cumule les petites hontes au lycée, son grand-père (ancien agent secret) disparaît. Toute la famille (et Leila) va alors plonger dans une étrange affaire dÊespionnage, où le courage va sÊavérer être une qualité indispensable⁄ et héréditaire ! Lançant la collection Bdkids Okapi (nouveau label fait dÊaventures grand format pour les 10-15 ans), cette chouette série mêle humour et action sur une toile de fond abordant des problématiques ados.

Bayard, 56 p. couleurs, 9,95 € HÉL˚NE BENEY

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© Dufaux et Xavier / GLÉNAT 2012

Espions de famille,T.1, Bons baisers de papy, de Gaudin et Ronzeau

dernier en fomentant un piège. Et en effet, pour acheter la clémence du Roi, Cortès demande à un groupe dÊaventuriers de pénétrer dans la chambre du trésor pour sÊemparer dÊune partie de ses richesses pendant quÊil est occupé avec les troupes de Pedro de Alvarado. Conquistador raconte lÊéchec de cette entreprise et la fuite désespérée dÊHernando Del Royo dans la jungle.

PIRATES OU CONQUISTADORS ? Le scénario profite des zones dÊombre qui émaillent la colonisation espagnole des Amériques pour développer une intrigue où lÊaventure côtoie fantastique et réalités historiques. Le tout est servi par la mise en images remarquable de Philippe Xavier qui exalte le climat dÊétrangeté du récit. Jean Dufaux force le respect pour sa créativité et ses ressources inépuisables en matière de scénario, ce qui ne lÊempêche pas de faire de temps à autres des choix contestables. Dans Conquistador, on relève en effet que les principaux protagonistes sont très stéréotypés et détonnent par rapport au contexte historique. On imagine mal, par exemple, quÊHerman Cortès ait pu confier la responsabilité dÊune attaque contre les Aztèques à une femme. Une femme forte en gueule qui collectionne les amants et manie lÊépée aussi habilement quÊun bretteur. Quant à ses compagnons dÊarmes, on a plus ou moins le sentiment de les avoir croisés au hasard des différents volets de Pirates des Caraïbes.

Malgré ce bémol, la série saura transporter un public large, et notamment les amateurs dÊaventures à la Jack Sparow. KAMIL PLEJWALTZSKY

c Rendez-vous page 43 pour gagner des exemplaires de Conquistador T.1 1 Demi-dieux venant du royaume des morts, situé à lÊEst par delà la grande mer. Les Teules, selon la légende, devaient revenir parmi les Aztèques au moyen de grands navires pour amorcer la fin des temps. Chez les Amérindiens du sud, la couleur de peau des non-morts était décrite comme pâle.

CONQUISTADOR, T.1

de Jean Dufaux et Philippe Xavier, Glénat, Hors Collection, 64 p. couleurs, 14,95 €



zoom Pas facile de parler des derniers moments de son père. Pietro Scarnera a choisi la sobriété pour décrire cinq longues années pendant lesquelles le sien est resté dans un état végétatif après un arrêt cardiaque. Le sujet est lourd, mais le traitement sans pathos de lÊexpérience éprouvante de lÊauteur permet au lecteur de ne pas être accablé. DÊun point de vue graphique, priorité est aussi donnée à la légèreté : le dessin où le blanc domine est juste rehaussé de quelques aplats gris, pas de cases tracées, des personnages sans fioritures, pas dÊeffets. Le récit reste poignant et aborde, en filigrane, le problème de lÊeuthanasie. Une manière émouvante de traiter la relation père-fils.

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« Tu peux pas comprendre ! » © Merwan / DARGAUD 2012

Journal dÊun adieu, de Pietro Scarnera

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Çà & Là, 80 p. n&b, 13 € THIERRY LEMAIRE

Pas facile de lancer une organisation secrète subversive. Comment recruter des coconspirateurs tout en restant secret ? Comment démarcher des clients potentiels tout en restant discret ? Les deux protagonistes, Grand Un (il est petit) et Petit Deux (il est grand) vont en faire lÊexpérience au travers de ces gags en une planche qui fleurent bon la nostalgie et lÊinnocence. Nos deux rebelles en herbe sont en fait totalement inoffensifs et apprennent le métier sur le tas (dÊennuis). Le tout par un vétéran du dessin, du design graphique, du multimédia et autres arts étranges. Une bouffée dÊair frais, sans prétention et drôle.

Poivre & Sel, 56 p. couleurs, 14 € EGON DRAGON

Les Schtroumpfs de lÊordre, de Jeroen de Coninck, Alain Jost et Thierry Culliford De bisbilles entre voisins en incivilités répétées, le Grand Schtroumpf entend ramener le calme dans le village en instaurant des règles que le Schtroumpf à lunettes, épaulé de Schtroumpf costaud – les Schtroumpfs de lÊordre –, veilleront à faire respecter. Trop zélés, ceux-ci devront démasquer le saboteur dÊune foire qui tourne au vinaigre. LÊunivers confortable créé par Peyo est respecté à la lettre dans cette aventure qui sÊavère être une agréable surprise, après de récents récits à la limite de la trahison. Joliesse du trait, rebondissements finement amenés, clin dÊflil au Schtroumpfissime et habile dénonciation du tout répressif, un album schtroumpfement emballant.

Le Lombard, 48 p. couleurs, 10,60 € GERSENDE BOLLUT

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Non, tu ne peux pas comprendre si tu n’as pas eu 20 ans et toutes ces sortes de choses que cet âge apporte. Tout devient drame à 20 ans, et la relativité n’est encore qu’une théorie bien abstraite. Penchons-nous avec indulgence sur cette période où tout n’est qu’émotions.

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oici le deuxième volet de cette trilogie consacrée à des morceaux choisis de vies de jeunes adultes. Il nÊy aura pas de réelles surprise pour celui qui a accroché au tome 1, il continuera à suivre avec intérêt ces moins de 30 ans en construction. Les hommes de ce livre sont plutôt au second plan, cédant la place à nos trois amies Violette, Hélène

et Lila, observées de façon plus linéaire que dans le tome 1 (puisque cette fois, les rencontres ont toutes déjà eu lieu). Colocation, amours, galères, trahison, famille, fac, jobs⁄ tout y passe. Un microcosme à la loupe. Le lecteur allergique à la ÿ nouvelle scène BD Ÿ et à son économie (apparente) de moyens, restera à la porte dÊune histoire ancrée dans le quotidien le plus ÿ banal Ÿ.

© Merwan / DARGAUD 2012

Les Conspirateurs,T.1, Désorganisation secrète, de Pascal Thivillon

Côté dessin, évacuons dÊoffice le sujet qui doit revenir régulièrement aux oreilles de cet auteur : ok, cÊest sûr, il y a du Bastien Vivès (et de la palette graphique) dans ce trait, mais on ressent plus des influences communes quÊautre chose. Pas de plagiat. Avec un format plus court, la frustration existerait sans doute car un style graphique minimaliste et un faible nombre de pages ne font pas bon ménage pour un sujet de ce type. Cependant, sur la longueur, ça tient plutôt bien la route. La narration est décompressée, lorgnant plus du côté de Taniguchi que vers la frénésie de certains comics, mais cÊest cohérent avec le thème. On est à des années lumière de la grande aventure, sauf si votre idée dÊun souffle épique réside dans le suspense insoutenable consistant à savoir si Lila couchera, encore, avec le mec dÊune copine, ou si Hélène saura faire fonctionner le four. Mais Merwan est un auteur malin, et pour nous accrocher il joue sur la durée, des expressions efficaces et des dialogues qui sonnent assez justes (sans faire trop ÿ djeuns Ÿ à la mode).

Petite interrogation sans grande importance : quelle est la cible visée par Le Bel âge ? Le jeune ado / adulte concerné qui vit quelque chose de proche ? Le quadragénaire nostalgique de sa jeunesse perdue (façon Klapisch et son Auberge espagnole), ou juste le lecteur ÿ branché Ÿ ? Après lecture on peut être tenté de se dire ÿ tout ça pour ça ? Ÿ mais on a suivi lÊhistoire, et on se demande ce qui va arriver ensuite aux personnages. Bien joué, donc. Le plus bel âge ? Pas sûr. Mais pas le plus inintéressant non plus. PHILIPPE CORDIER

LE BEL ˜GE, T.2 TERRITOIRE

de Merwan, Dargaud, 72 p. couleurs, 14,99 €


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L’ENFER APRÈS L’ENFER Lunes birmanes, par Sophie Ansel et Sam Garcia © Guy Delcourt Productions – 2012

Vivre en Birmanie est souvent un calvaire. Mais s’en échapper est encore plus douloureux. Avec Lunes birmanes, Sophie Ansel et Sam Garcia dressent un tableau qui fait froid dans le dos.

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oulever un coin de voile est parfois aussi salutaire que terrifiant. De ses longs séjours en Birmanie, en Malaisie et en Thaïlande, Sophie Ansel nÊa pas seulement rapporté des photos de voyage, elle a aussi accumulé des rencontres inoubliables, des témoignages bouleversants. La situation politique de la Birmanie, rebaptisée Myanmar par la dictature, nous la connaissons grâce à la médiatisation du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. LÊabsence de liberté dÊexpression, les exactions répétées des militaires, les emprisonnements arbitraires où la torture est la règle rythment la vie des Birmans depuis des décennies. Rien de nouveau malheureusement sous le soleil des régimes totalitaires. LÊexpérience de Sophie Ansel en Asie du Sud-Est révèle toutefois une partie très peu connue et bien plus sombre du malheur birman.

DE CHARYBDE EN SCYLLA On pourrait croire en effet que les Birmans qui parviennent à quitter le pays, au prix de risques insensés et engraissant au passage des passeurs sans scrupules, sont tirés dÊaffaire, tirés

dÊenfer. Il nÊen est rien. Ce qui les attend en Thaïlande, et surtout en Malaisie, est encore plus ahurissant. Échapper aux réseaux de vendeurs dÊesclaves est déjà une première prouesse. Une fois arrivés à destination, réfugiés dans des campements de fortune dans la forêt ou des squats urbains, les plus chanceux travaillent au noir, exploités sans vergogne. Considérés comme des parias, ils sont traqués pour être parqués dans des camps insalubres où les brimades physiques sont monnaie courante et les décès quotidiens. ¤ travers Lunes birmanes, une histoire romancée qui par moment penche un peu trop vers le catalogue des horreurs, Sophie Ansel met en lumière ce chemin de croix des aspirants à la liberté. Salutaire et terrifiant. THIERRY LEMAIRE

LUNES BIRMANES de Sophie Ansel et Sam garcia, Delcourt, coll. Mirages, 208 p. couleurs, 22,95 €

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Si différentes et pourtant si proches

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ertes, à première vue, on pourrait penser que les héroïnes de ces deux séries nÊont pas grand chose en commun. DÊabord, je le reconnais, leurs influences musicales ne sont pas tout à fait sur la même longueur dÊonde. Violette, la chanteuse et contrebassiste du groupe Grrrl, est à fond dans le rockabilly, alors que Tank Girl ne jure que par le MC5, Funkadelic, les Cars ou Praxis (hum⁄ cÊest ce qui sÊappelle des goûts éclectiques). Et puis, il faut bien en convenir, lÊopposition entre les deux jeunes femmes concerne aussi lÊapparence. LÊune est voluptueuse et très féminine, lÊautre est punk et un brin garçon manqué. Enfin, et ce nÊest pas le moins important, leur vie sentimentale diverge de manière assez remarquable. Le petit ami de la première est chanteurcompositeur dans le même groupe quÊelle, celui de la seconde est un⁄ euh⁄ kangourou nommé Booga. Mais tout ce qui les sépare nÊest rien à côté de ce qui les réunit.

FONCER TÊTE BAISSÉE CÊest au fin fond de lÊâme quÊil faut plonger pour y découvrir leur lien secret. Le même caractère fort, la même volonté de prendre sa vie en main, le même goût pour foncer tête baissée, le même optimisme 34

© François Amoretti / ANKAMA

© Alan Martin et Jim Mahfood / ANKAMA

Oh les filles, oh les filles, elles me rendent marteau. Chez Ankama, on les préfère Rock’n’Roll avec Burlesque Girrrl et Everybody loves Tank Girl, deux albums aux accents féministes qui dépotent.

en lÊavenir. Avec pour chacune de ces Thelma et Louise du neuvième art des audaces qui façonnent les grandes victoires personnelles. Pour Violette, cÊest dÊabord lÊacceptation de ses rondeurs et la résolution de surmonter sa peur en sÊeffeuillant sur la scène dÊun spectacle de burlesque. CÊest ensuite la décision de jouer pour la première fois devant les autres membres du groupe un morceau de son cru. Oublier sa timidité donne à Violette le curieux pouvoir de toucher le cflur de ceux qui lÊentoure. Ça donne à réfléchir. Pour Tank Girl, qui est plutôt du genre à se la couler douce et à pencher du mauvais côté de la loi, la timidité nÊest pas vraiment un problème. CÊest plutôt son impulsivité qui pourrait lui causer quelques soucis comme⁄ perdre la vie par exemple. Heureusement quÊelle peut compter sur son kangourou dÊamoureux, toujours là pour surveiller ses arrières avec son gros calibre. Comment choisir entre la douce Violette et lÊimpétueuse Tank Girl, deux amazones sur le fil du rasoir ? La vie de bédéphile est parfois dure, mais comme le dit si justement Booga, ÿ si lÊunivers était entièrement fait de caoutchouc, jamais personne ne se ferait mal. Ÿ THIERRY LEMAIRE

c BURLESQUE GIRRRL

de François Amoretti, Ankama, 64 p. couleurs, 11,90 €

c EVERYBODY LOVES TANK GIRL dÊAlan Martin et Jim Mahfood, Ankama, Label 619, 80 p. couleurs, 12,90 €



zoom Un samedi soir, un jeune homme et une demoiselle se rencontrent en boîte de nuit, puis couchent ensemble. Une fois lue cette phrase, vous savez absolument tout de lÊhistoire. Non, rien dÊautre à signaler. Ah si. Des QR Codes (assez laids dans la mise en page soit dit en passant) parsèment les pages de cet album. Lancées en janvier dernier, les éditions BookBeo veulent en effet faire du ÿ livre hybride Ÿ. Alors on sÊexécute et, muni de son smartphone, on scanne les QR Codes pour avoir accès à du contenu additionnel : ce que pensent les protagonistes, mini-clips sommairement animés, etc. Là encore, on reste stupéfait devant lÊindigence de ce qui nous est proposé. Si lÊidée de combiner BD et multimédia recèle un quelconque potentiel, alors BookBeo nous en fait la démonstration en creux.

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LES CHEMINS

DE LA PERDITION La saga de Cassio commence là où celle de Jules César s’est achevée : par les quatre coups de couteau que lui ont assenés ses meurtriers. En exhumant son tombeau, l’archéologue Ornella Grazzi tente, plus de 18 siècles plus tard, d’élucider le mystère qui auréole ce crime. © Desberg et Reculé / LE LOMBARD 2012

Samedi soir, dimanche matin, de Ninon et Jérôme DÊAviau

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BookBeo, 36 p. n&b, 12 € OLIVIER PISELLA

Zarla,T.4, Rage, de Janssens et Guilhem Zarla est une petite blonde qui sÊhabille comme Astérix : tresses blondes, pantalon rouge, casque à cornes, épée sur le côté. Elle vit dans un monde fantastique où les chiens se transforment en bull-guerriers, silhouettes humaines à tête de chien. Heureusement, il y a beaucoup dÊhumour, de rythme et de tendresse dans le scénario de Janssens, et Guilhem sÊacquitte plutôt bien du dessin. Téméraire, Zarla est incapable de quoi que ce soit. Heureusement, son fidèle chien Hydromel la protège grâce à son talent de transformiste.

Dupuis, 48 p. couleurs, 10,60 € MICHEL DARTAY

Les Insectes en BD, de Vodarzac, Cazenove et Cosby Les petites bêtes à six pattes, deux antennes et quatre ailes, ça vous embête ? CÊest que vous nÊavez pas lu cet album ! Non seulement vous y apprendrez à découvrir le vrai et le faux du monde des insectes, mais le tout en riant franchement. Chaque planche de gag revient avec humour et dynamisme sur une espèce (sur les trois millions existantes !), tordant souvent le cou aux idées reçues. Et en cette période pré-estivale, rien de ce qui gratte, pique, démange ne vous sera plus étranger.Vous ne vous gratterez plus par hasard⁄

Bamboo, 48 p. couleurs, 10,60 € HÉL˚NE BENEY

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TU QUOQUE ANTINOÉ...

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es quatre premiers tomes de Cassio démasquent un à un les assassins du jeune orateur romain à travers les documents que rassemble lÊarchéologue. Le lecteur passe donc dÊune époque à lÊautre et suit deux intrigues à la fois, car certains talents de Cassio nourrissent la convoitise de plusieurs de nos contemporains. Des documents attestent non seulement des prédispositions du héros comme guérisseur, mais aussi de lÊexistence de remèdes miraculeux mis au point par lui. La grande originalité de la série, cÊest cette narration à double temps. La reconstitution et le décryptage des textes autour de Cassio fonctionnent comme une sorte dÊenquête policière partant dans la direction du crime politique, et qui révèlent par la suite des intrigues plus troubles. Stephen Desberg exploite le contexte historique et fait intervenir, par exemple, Marcion et les premiers chrétiens dissidents pour mâtiner lÊintrigue dÊun parfum de complot. Il délivre au pas-

sage une explication tout à fait intéressante quant à lÊorigine de lÊantisémitisme. Le scénariste sÊamuse en outre à faire planer le doute sur lÊidentité et les motivations profondes des assassins de Cassio. LÊun dÊentre eux, notamment, nÊa aucune raison apparente de participer à la conjuration ; tout lÊintérêt étant de découvrir au fil des volumes les causes de son revirement.

premiers, on peut espérer que Cassio ait amorcé un retour dans le droit chemin quÊest celui de la simplicité. KAMIL PLEJWALTZSKY

POIGNARD OU STRANGULATION ? Les trois premiers tomes de la série séduisent par leur efficacité et offrent une immersion dans une Rome antique quelque peu différente des péplums habituels. Les choses se gâtent en revanche avec le quatrième volume, aussi touffu quÊemprunté. Les pages autrefois aérées se retrouvent soudainement investies par un encombrement de cases trop bavardes. Heureusement, le cinquième tome revient vers de meilleures dispositions et une trame policière plus convaincante. Même si ce nouvel opus nÊatteint pas tout à fait la qualité des trois

CASSIO, T.5 LE CHEMIN DE ROME

de Stephen Desberg et Henri Reculé, Le Lombard, 48 p. couleurs, 12 €


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Recette du Saint à la sauce stigmates © Chiavani / FUTUROPOLIS 2012

Être miraculé, ce n’est pas toujours une bénédiction… Surtout quand la religion s’en mêle et compte profiter de l’événement providentiel pour galvaniser le peuple !

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omme la plupart des dessinateurs italiens épris de bande dessinée qui cherchent à vivre de leur art en Italie, Lorenzo Chiavini a démarré sa carrière en travaillant pour les parutions Walt Disney locales, le magazine Topolino ou le Journal de Mickey. Et comme la plupart des dessinateurs italiens qui veulent exprimer une fluvre plus personnelle et moins formatée, Chiavini a fini par sÊexiler en France, en espérant y trouver un public plus réceptif à son art. Après Pénélope et Marguerite, un premier album publié aux Enfants rouges, Chiavini sÊinstalle à Angoulême, en résidence à la Maison des auteurs. Là, il démarre un nouveau projet : Furioso.

© Chiavani / FUTUROPOLIS 2012

AU NOM DE DIEU

Moyen ˜ge, au temps des croisades. La population dÊune ville de la chrétienté connaît la disette. Au cours dÊun office religieux, une sainte relique, la lance utilisée pour blesser le Christ aux côtes lorsquÊil était sur la croix, glisse des mains de lÊévêque qui la brandit. Elle tombe sur la foule et blesse superficiellement un anonyme, chasseur de rats de son métier, lui provoquant une blessure semblable à celle du Christ. Toute la foule présente crie au miracle, et voilà

notre homme promu au rang de Saint et bientôt désigné comme le Paladin capable de mener les armées chrétiennes à la victoire. De quoi effrayer les Mahométans, dans le camp adverse ? Oui, car si lÊIslam ne désigne pas de Saints, il apprécie lui aussi les miracles et les faveurs divines. Il sÊagirait donc de trouver un élu dÊAllah à opposer à ce Paladin⁄ Comment les hommes utilisent le nom de Dieu, ou celui dÊAllah, pour servir leur quête de pouvoir ou leurs intérêts politiques ; voilà le thème de ce livre, réalisé dans un graphisme très actuel, relâché mais plein dÊassurance, quelque part entre le style dÊOlivier Jouvray, de Frank Bourgeron et celui de Dupuy et Berberian. JÉRłME BRIOT

FURIOSO de Lorenzo Chiavini, Futuropolis, 136 p. couleurs, 18 €

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L’ATTAQUE DE Thriller psychologique, Conductor propose de mener lÊenquête à lÊintérieur de la tête dÊune jeune flûtiste obsédée par lÊimage dÊun crâne, alors quÊune momie sans tête a été retrouvée dans son conservatoire. Chaque journée de lÊenquête est racontée sous lÊangle des différents protagonistes, lÊhéroïne, son psy, son petit ami, le flic, la copine trop jolie pour être honnête – dans un drôle de mélange entre MPD-Psycho et Nodame Cantabile !

LA FEMME DE 50 PIEDS Lorna est une de ces productions foutraques dont Roger Corman1 avait le secret à la fin des années 50. L’auteur, Brüno, mise sur la dérision et le rythme endiablé de séquences qui visitent à peu près tous les genres du cinéma bis. Mais est-ce suffisant pour faire un bon album ? © Brüno / GLÉNAT 2012

Conductor,T.3, de Manabu Kaminaga et Nokiya

Ki-oon, 208 p. n&b, 7,65 € BORIS JEANNE

Horus, le petit roi, de LiliOum A. LÊAmoulen et Moureau Horus, le prince faucon à lÊflil protecteur et sacré, est encore tout petit mais il se prépare déjà à prendre un jour la relève de son père, le roi des dieux, Osiris. Cependant, sur les rives du Nil, dÊAnubis (dieu chacal), son demifrère, à Seth (dieu des tempêtes), son oncle, les autres dieux convoitent son trône⁄ En plus dÊune jolie histoire, les auteurs nous offrent en fin dÊalbum une véritable présentation de lÊÉgypte ancienne, ses mythes et ses coutumes, à travers des pages bonus ludiques et instructives. Chouette !

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© Brüno / GLÉNAT 2012

Charonne-Bou Kadir, de Jeanne Puchol

Tirésias, 92 p. n&b, 12,20 € THIERRY LEMAIRE

SHOCK !!

ésumer Lorna en quelques lignes nÊest pas chose simple, tant il sÊagit dÊune coursepoursuite narrative un peu absurde. Cela commence avec un quidam qui semble partager quelques gènes avec lÊespèce arachnide, et cela se termine par un combat entre une femme géante et notre brave homme du début qui, entre temps, a bénéficié des effets secondaires dÊun médicament permettant de développer lÊappareil reproductif masculin. Dans lÊintervalle, on fait la connaissance dÊune star du porno très sollicitée, dÊun extraterrestre pingouin, dÊun chercheur revanchard et dÊun militaire qui ferait mieux dÊy regarder à deux fois avant de presser la gâchette.

Brüno fait partie de ces auteurs qui, à lÊinstar du truculent Guillaume Griffon2, ne se lassent pas de rendre hommage à tout un pan de la culture populaire longtemps méprisé par une certaine critique. LÊauteur sÊexprime à travers un univers narratif unique et fait preuve de beaucoup dÊinventivité. Il ne se contente pas de citer ou dÊénumérer.

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Ankama, 56 p. couleurs, 14,90 € HÉL˚NE BENEY

La manifestation contre lÊOAS du 8 février 1962, la foule chargée par la police, les morts qui sÊentassent dans lÊescalier du métro Charonne, Jeanne Puchol avait une bonne raison dÊen parler puisque sa mère vécut lÊévénement de lÊintérieur, en échappant au pire, un peu par chance. En mélangeant souvenirs, témoignage de ses parents, citations dÊépoque et allégorie, Jeanne Puchol dresse le bilan des deux dernières années de la Guerre dÊAlgérie. Soutenu par des noirs profonds, le récit se focalise sur la vague de violence générée par lÊOAS et le FLN en métropole, et décrit en détail le déroulement de la manifestation. Une bonne façon de prendre connaissance du massacre de Charonne.

HORROR !

TERROR !!! AujourdÊhui, ÿ hélas Ÿ serait-on tenté dÊécrire, il est de bon ton de porter au pinacle tout et nÊimporte quoi. La mode est au kitsch, au Bollywood navrant et à lÊart populiste plutôt que populaire. En marge des productions qui assument délibérément leur filiation au ÿ genre Ÿ, viennent se greffer dÊautres qui utilisent la citation pour combler un manque évident de talent. Plus grave, il y a peu est apparu une forme dÊaristocratie au sein de cette tendance. Pour donner un côté chic à ce pan de la culture jusque-là infréquentable, elle a fait appel à un anglicisme vierge de toute connotation. Tout le monde a entendu ce terme décliné à toutes les sauces. CÊest le mot ÿ vintage Ÿ.

FRENZY !!!! Le danger, pour une pochade tout aussi brillante soit-elle comme lÊest Lorna, est dÊêtre amalgamé dans cette nébuleuse dÊfluvres indigentes. Là ou le ÿ vintage Ÿ sÊévertue à diviser les

lecteurs entre initiés et profanes, le récit accommodé par Brüno vise à rassembler autour dÊune évocation festive. Il suffit pour cela de se laisser entraîner par les péripéties improbables de la femme de 50 pieds et de ne pas bouder le plaisir simple du divertissement. KAMIL PLEJWALTZSKY

Réalisateur et producteur de nombreux films de ÿ genre Ÿ dont la très célèbre Petite Boutique des horreurs. 2 Auteur de lÊexcellent Apocalypse sur Carson City (Akiléos). 1

LORNA de Brüno, Treize Étrange, 160 p. bichromie, 17,25 €


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© Hubert et Zanzim / GLÉNAT 2012

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Vivre après la mort :

un pari compliqué ! Quand on parle de vie après la mort, même si des milliers de scénarios peuvent être envisagés, le fait est que l’on pense le plus souvent à la réincarnation. Mais c’est sans compter l’imagination d’Hubert et de Zanzim, qui revisitent le mythe du zombie.

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os deux auteurs auraient pu surfer sur le succès du zombie moderne, dont les critères sont parfaitement définis (un physique repoussant, une envie insatiable de chair fraîche et une propension à pousser des cris gutturaux), mais il nÊen est rien. Ce type de mortvivants, qui fait fureur depuis une quarantaine dÊannées dans les films de Georges Romero, les jeux vidéo Resident Evil, ou encore plus récemment dans Walking Dead (BD chez Delcourt et série TV), ne fait pas lÊunanimité chez Hubert et Zanzim, qui ont décidé de sÊattaquer dans Ma vie Posthume à une vision plus intimiste de cette légende. Il est vrai quÊEmma Doucet nÊest pas un zombie ordinaire. Vieille femme aigrie en apparence mais possédant un cflur fougueux et tendre, notre protagoniste se replonge avec nostalgie dans sa folle jeunesse. Parallèlement à ces flashbacks romantiques, Emma cherche à comprendre les circonstances de sa mort et réapprend à vivre en tant que morte-vivante. ¯tre un zombie avec une conscience, cÊest loin dÊêtre simple. Certes, on pourrait dire quÊaprès les vampires qui brillent au soleil, on nous propose des zombies possédant une ÿ âme Ÿ et que cela déna-

ture la légende. Et pourquoi pas ? Après tout, ce type de revenants tire ses origines de la magie vaudou et leurs images sont très éloignées de lÊidée moderne quÊon sÊen fait. Enfin, cÊest avec beaucoup de légèreté et dÊhumour quÊHubert et Zanzim abordent ce sujet, et ils le font bien. Sans parler de la qualité graphique, qui en fait une valeur sûre. AUDREY RETOU

MA VIE POSTHUME, T.1 NE M'ENTERREZ PAS TROP VITE

de Hubert et Zanzim, Glénat, coll. 1000 feuilles, 48 p. couleurs, 12,25 €

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Wunderwaffen,T.1

Fraction

FreakAngels,T.6

Crime SuspensStories,T.1

Restons calmes !

de Richard D. Nolane et Maza, Soleil, 56 p. couleurs, 14,30 euros

de Shintaro Kago, IMHO, 210 p. n&b, 18 euros

de Warren Ellis et Paul Duffield, Le Lombard, 144 p. couleurs, 16 euros

collectif, Akiléos, 208 p. n&b, 26 euros

de Soledad Bravi, Casterman, 119 p. couleurs, 14,25 euros

ls sont 12 (six filles et six es éditions Akiléos Êuchronie est une Êero-guro, vous garçons) et ils ont des poursuivent leurs I L spéculation cérébrale connaissez ? Ce genre L L super-pouvoirs. Alors quÊils rééditions des ÿ E.C. établie à partir dÊaltérations littéraire qui mêle érotisme

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elon une récente enquête Ipsos, près S de six Français sur dix

de la réalité historique. Delcourt en a fait la série Jour J, bien après les éditeurs américains qui, avec What if ? pour Marvel et les Elseworlds pour DC, avaient inauguré ce genre en BD. Là, cÊest Soleil qui sÊy met. Nolane, le scénariste de Félix Molinari pour la série Tigres volants, imagine un 1946 où les Nazis auraient repoussé le débarquement américain en Normandie grâce à des avions plus sophistiqués. LÊensemble peut faire penser aux albums Paquet, qui ont dû servir de ligne de mire. Un accent particulier est mis sur les combats aériens. Les couleurs informatisées donnent un certain panache à lÊensemble, réalisé par un dessinateur bosniaque sans doute très heureux de travailler pour le porteur marché franco-belge. Il y a beaucoup de cases étroites en panoramique, très jolies ! Un pilote très doué, patriote sans être nazi, se fait décorer par le sinistre Führer qui ressent son manque dÊenthousiasme, et lÊexpédie sur le front roumain où lÊespérance de vie des pilotes, même excellents, est réduite à quelques semaines. Goebbels et Goering y apparaissent dÊune façon qui occulte leurs principaux travers personnels (obsession sexuelle ou mégalomanie), il suffit de regarder Inglourious Basterds de Tarantino ou de chercher sur Wikipedia pour sÊen convaincre. Dommage quÊune certaine complaisance (involontaire ?) nous semble sÊéchapper de ce curieux album.

(ero) et épouvante (dans guro il faut entendre gore) aurait été créé par le grand maître japonais du roman policier Edogawa Ranpo. Certains auteurs de manga se sont spécialisés dans ce style, comme Junji Ito, Suehiro Maruo⁄ ou Shintaro Kago, qui après ses Carnets de massacre revient chez IMHO avec Fraction. En apparence, il sÊagit de lÊhistoire dÊun serial killer surnommé ÿ le tronçonneur Ÿ par les journaux, un psychopathe dont le rituel criminel consiste à séduire des jeunes femmes pour ensuite les découper en deux. LÊaffaire passionne et terrorise le public, et déclenche une sorte de mode à Tokyo, ce qui attise la fureur et la paranoïa du meurtrier. Mais les apparences sont trompeuses, et le premier convaincu en est Shintaro Kago lui-même. LÊauteur se met en scène dans ce récit, et explique comment lÊhistoire quÊil raconte lui donne envie dÊarrêter lÊeroguro pour se lancer dans les histoires à énigmes⁄ Il sÊensuit un récit fascinant par ses mises en abyme, une véritable leçon sur la puissance des images, lÊusage du trompe-lÊflil en bande dessinée et tout un discours sur lÊart et la manière de manipuler le lecteur. La démonstration est impeccable, on se croirait furtivement dans un chapitre des ouvrages théoriques de Scott McCloud (LÊArt invisible, chez Delcourt)... Le récit se conclut par une interview dÊanthologie et quelques nouvelles courtes mais trash.

étaient adolescents, ils ont provoqué lÊapocalypse. Depuis, ils reconstruisent un îlot de civilisation au sein de Londres dévastée. DÊabord distribuée gratuitement sous la forme dÊun webcomic (six planches par semaine), cette création des Anglais Warren Ellis et Paul Duffield joue pleinement la carte du feuilleton. LÊaction, concentrée sur quelques jours, sÊétire pourtant sur plus de 800 pages et trouve sa conclusion dans ce sixième tome. Cette lenteur permet de bien comprendre les personnages et leur environnement. Whitechapel, quartier émergé au sein dÊune capitale à demi engloutie, fait figure dÊîle sur laquelle survivent des naufragés. Variation steampunk du mythe de Robinson, FreakAngels colporte également sa dose de rêve et dÊutopie : quand presque tout a été détruit, tout est à rebâtir, avec la possibilité dÊassainir les fondations mises à nu. Ainsi, ce feuilleton met en scène de jeunes héros amenés à se poser des problèmes de gestion politique. Leur position sÊapparente à celle dÊun gouvernement révolutionnaire arrivé au pouvoir et devant gérer les conséquences dÊune guerre civile. Si vous ajoutez à cette originalité thématique la richesse des interactions entre les protagonistes et lÊhumour des dialogues, vous obtenez un des récits postapocalyptiques les plus réjouissants de ces dernières années.

Comics Ÿ (comics dÊhorreur des années 50) avec deux nouveaux titres : Tales From The Crypt et Crime SuspensStories. Si beaucoup connaissent le premier, le second ne bénéficie pas de la même aura. Dans lÊesprit de beaucoup, E. C. Comics est la référence en matière dÊépouvante, puisque de nombreux géants ont attesté de lÊinfluence de ces récits sur leur propre travail (David Cronenberg, George Romero, Stephen King, Frank Miller⁄). Crime SuspensStories est pourtant tout aussi créatif et truculent que son grand frère. Alors comment expliquer ce manque de reconnaissance ? LÊune des raisons est que le fantastique estampillé E. C. crée à lui tout seul un genre nouveau qui est lÊépouvante. Les récits policiers quant à eux font partie depuis longtemps du paysage culturel américain.Au moment où Crime SuspensStories débute, plusieurs titres concurrents lorgnent vers ce style. Le cinéma nÊest pas non plus en reste, puisque beaucoup de productions comme Dead On Arrival utilisent des thèmes voisins. Pourtant, à y regarder de plus près, on remarquera que les histoires de Crime SuspensStories vont-elles aussi innover au fil du temps et se diriger vers quelque chose qui ressemble aux balbutiements du thriller moderne. LÊambiance se veut à miparcours entre le fantastique et le policier, avec en prime une causticité qui frôle lÊinsolence. Pour toutes ses perles scénaristiques et son humour noir, cet album mérite de figurer en bonne place dans une bédéthèque.

déclarent pratiquer une activité physique régulière. LÊhéroïne de Restons calmes serait plutôt de ces concitoyens adeptes du canapé, jusquÊau jour où son impitoyable pèse-personne tire le signal dÊalarme, soulignant une culotte de cheval naissante imputable à une motivation davantage portée sur les plaquettes de chocolat englouties plutôt quÊarborées. Réfractaire aux régimes, notre brave mère de famille prend le taureau par les cornes et se lance dans la course, investissant dans les chaussures, le legging et le tee-shirt adéquats. Inventant les excuses les plus farfelues pour remettre ses exercices au lendemain, elle se fixe en outre des objectifs inatteignables, et essuie autant les désagréments climatiques que les quolibets de sa progéniture (ah, le jogging ringard !), tentant de fuir ces ados aux modes de vie insondables ou aux remarques vexatoires. Dans un style dépouillé presque abstractif, lÊillustratrice Soledad Bravi livre un chouette album qui sent le vécu et vire malicieusement à lÊétude de cas des divers profils de sportifs (du dimanche ou confirmés), avec mine de rien quelques conseils pour se dérouiller, sous le vernis dÊun humour somme toute peu corrosif. En sus, un regard avisé sur le conflit des générations et le machisme ordinaire de la société⁄

MICHEL DARTAY

JÉRłME BRIOT

VLADIMIR LECOINTRE

KAMIL PLEJWALTZSKY

GERSENDE BOLLUT



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Les Pieds Nickelés : © Philippe Riche / VENTS D’OUEST

D’IMPAYABLES FILOUS

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es Pieds Nickelés, lÊhistorien Jean Tulard de lÊAcadémie française ne manque jamais de souligner leur cousinage avec Arsène Lupin, le ÿ gentleman-cambrioleur Ÿ de Maurice Leblanc. Ils sont le produit dÊune époque troublée, minée par lÊAffaire Dreyfus et les attentats anarchistes, et où la République sÊétablit dans une ambiance nationaliste exacerbée qui mène tout droit à la Première Guerre mondiale. ÿ Leur caractéristique, dit Tulard, cÊest que ce sont des anarchistes qui ne sont pas sanglants. Ÿ1 Leur nécessité ? Faire ripaille, alors quÊils sont fauchés. Ce sont des indignés en action. Leurs escroqueries sont dÊune 42

sophistication folle, où le jeu de mots à LÊAlmanach Vermot fleurit à chaque occasion. Faut-il passer un barrage ? Le premier des trois complices exhibe un faux document tricolore : ÿ Police ! Ÿ Le second montre une ÿ police dÊassurance Ÿ, le troisième le certificat dÊune ÿ peau lisse sans bouton Ÿ! Créés par Louis Forton (1879-1934), ils apparaissent dans lÊhebdomadaire LÊÉpatant des frères Offenstadt à partir du n°9 du 4 juin 1908. Les origines juives et allemandes de leurs éditeurs leur valent une vigoureuse campagne de dénigrement, et même un procès (que les Offenstadt gagneront) de la part dÊune certaine presse de lÊépoque. Ces actions haineuses avaient déjà poussé les Offenstadt à débaptiser leur entreprise, le 21 septembre 1908, pour lui donner lÊappellation de ÿ Société Parisienne dÊÉdition Ÿ (SPE), au patronyme moins ÿ marqué Ÿ... Longtemps, Les Pieds Nickelés seront mis à lÊindex dans les paroisses, et les familles convenables étaient priées de ne pas les lire. Jean Tulard rappelle dans son essai que leurs aventures étaient interdites dans les prisons car on y trouvait tous les moyens de sÊévader !

DE LOUIS FORTON À RENÉ PELLOS En février 1934, Louis Forton meurt. Les personnages sont brièvement repris par Aristide Perré, entre 1936 et 1938, puis par Badert en 1940. Mais la magie

a disparu, dÊautant que pendant lÊOccupation, la SPE est ÿ aryanisée Ÿ et quÊune bonne partie de la fratrie Offenstadt finit ses jours dans les camps nazis. La SPE reprend ses droits en 1948 et confie les Pieds Nickelés à René Pellarin, dit Pellos, qui relance véritablement la série, grâce notamment aux scénarios ingénieux de Pierre Colin, alias Roland De Montaubert, qui en devient le principal scénariste. Il est dÊautant plus dans son domaine de compétence que, dans la ÿ vraie

vie Ÿ, notre auteur officie comme... juge de paix ! Pellos assure 112 albums considérés parmi les meilleurs, en particulier ceux scénarisés par Montaubert. Dans les années 1960, la SPE est absorbée par les éditions Georges Ventillard, notamment propriétaires de LÊAlmanach Vermot. Pellos arrête de dessiner la série en 1981. Après plusieurs tentatives de reprise, les ventes déclinant, elle finit par sÊarrêter en 1988 et disparaît du kiosque où elle avait prospéré 80 ans durant. Les Nouveaux Pieds Nickelés © Unter / ONAPRATUT

La Nouvelle Bande des Pieds Nickelés, Trap et Oiry © Guy Delcourt Productions – 2012

La série est née en 1908 sous le crayon de Forton, puis remise au goût du jour après la Seconde Guerre mondiale par Pellos. Cent ans après leur création, les éditeurs se l’arrachent... Entre ruses et filouteries, retour sur l’itinéraire de ces escrocs franchement sympathiques.


R UN RENOUVEAU FAVORISÉ PAR LE DOMAINE PUBLIC Mais leur exploitation continue. La société Ventillard cède en 2002 la licence dÊexploitation des albums aux éditions Glénat, qui publient sous leur marque Vents dÊOuest de jolies intégrales des aventures signées Pellos (Le Meilleur des Pieds Nickelés, 9 tomes parus). En 2006, un nouveau film est annoncé

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(il y en avait eu trois auparavant : en 1948, en 1950 et en 1964) qui ne voit pas le jour, tandis que les éditions Glénat envisagent de continuer les aventures de notre trio dÊescrocs, ce qui se concrétise en 2011, avec Les Pieds Nickelés de Philippe Riche (Vents dÊOuest) dont le deuxième album, Le Candidat providentiel, est sorti il y a peu. Mais un petit futé surveille la manfluvre en embuscade : Louis Forton étant décédé en 1934, les droits de sa création tombent dans le domaine public à partir de 2005. Guy Delcourt entreprend de relancer cette série en 2009, mais en la modernisant avec des nouveaux auteurs : Patrick Cerf et Stéphane Oiry. CÊest La Nouvelle Bande des Pieds Nickelés. Ils sÊappliquent à reprendre strictement Les Pieds Nickelés originaux : alors que Pellos avait créé des personnages aux tailles différentes, et affublé Croquignol, le plus longiligne de la bande, dÊun monocle dÊaristocrate, Cerf et Oiry veillent à les dessiner tous à la même taille. Ventillard réagit pourtant en assignant Delcourt en justice pour ÿ contrefaçon Ÿ, ÿ usage abusif Ÿ des marques et pour ÿ concurrence déloyale Ÿ. Mais le Syndicat National de lÊÉdition soutient Delcourt en intervenant volontairement à lÊinstance à ses côtés. Par ailleurs, les éditions Onapaprut publient en 2010 un collectif dÊauteurs en hommage aux mêmes personnages. Le 1er juillet 2011, le Tribunal de Grande Instance de Paris déboute le Groupe Ventillard de ses demandes. Il confirme que Les Pieds Nickelés sont bien dans le domaine public, mais pas les fluvres ultérieures de Pellos, qui appartiennent toujours à Ventillard, déclarant cependant que le dépôt des marques quÊils avaient effectué était ÿ frauduleux Ÿ, et que leur usage

Près de 120 000 exemplaires

en était libre. Dès lors, Delcourt comme Glénat ont le droit de publier les nouvelles aventures de nos trois turlupins, en parallèle, chacun de leur côté. Ribouldingue, Croquignol et Filochard doivent bien rire de ce mauvais tour ! DIDIER PASAMONIK 1

Les Pieds-Nickelés de Forton, Ed. Armand Colin, 2008

Lecteurs de Zoo, qui êtes-vous ?

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© Dufaux et Xavier / GLÉNAT 2012

toutes les six semaines !

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¤ GAGNER 10 albums de Conquistador, T.1 de Jean Dufaux et Philippe Xavier, éditions Glénat Pour participer, rendez-vous sur www.zoolemag.com et répondez à notre questionnaire. Les gagnants seront tirés au sort.

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FLOYD GOTTFREDSON, dans l’ombre de Walt Disney © Floyd Gottfredson / WALT DISNEY

Pendant 45 ans, Floyd Gottfredson fut le dessinateur en chef des strips quotidiens de Mickey, et pourtant, il n’a jamais signé ses bandes. Glénat rend hommage à cet artiste et à son œuvre, dans une collection grand format aussi luxueuse qu’érudite.

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Êil est un des personnages les plus déclinés en bande dessinée, Mickey Mouse naît au cinéma dans des courts métrages dÊanimation, sous les crayons de Walt Disney et de son associé Ub Iwerks. Il y aura tout dÊabord deux films muets, Plane Crazy (fin 1927) et GallopinÊ Gaucho (1928), mais ces deux films ne sont guère remarqués. Le succès arrive enfin avec Steamboat Willie, un court métrage particulièrement innovant, puisquÊil sÊagit du tout premier film dÊanimation de lÊhistoire

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du cinéma bénéficiant dÊun son synchronisé aux images. La Walt Disney Company retient donc le 18 novembre 1928, date de la première projection publique de ce court-métrage, comme date de naissance officielle de Mickey Mouse.

DU CELLULOÏD AU PAPIER ¤ cette époque, Walt Disney, pionnier dans le domaine du dessin animé, ne fait pas grand cas de la bande dessinée. Mais en homme dÊaffaires avisé, il sait saisir une opportunité quand elle se présente. CÊest le cas en 1930, quand le King Features Syndicate lui propose de réaliser une adaptation de Mickey en strips quotidiens pour les magazines. Ub Iwerks est chargé pendant quelques semaines de ce travail supplémentaire⁄ mais il se fâche avec Walt Disney, claque la porte et part fonder son propre studio. Le daily strip est très temporairement confié à Win Smith, qui assistait jusque là Iwerks et réalisait lÊencrage des dessins ; puis ce dernier démissionne à son tour. Au pied levé, un jeune dessinateur va le remplacer : Floyd Gottfredson. Cette fois, cÊest lÊhomme de la situation, et même mieux que cela, puisque Gottfredson occupera la fonction jusquÊà son départ à la retraite en 1975. Sa carrière comptera donc la réalisation de plus de 15 000 strips quotidiens, sur une durée de 45 ans ; non comptées les Sunday pages que Gottfredson assumera également de 1932 à 1938. Gottfredson avait été recruté par Walt Disney en 1929 en tant quÊintervalliste, cÊest-à-dire animateur

secondaire chargé de réaliser les dessins intermédiaires qui donnent lÊillusion du mouvement, entre les dessins principaux imaginés par les animateurs. Au cours de son entretien dÊembauche, il avait déclaré ÿ Je suis davantage intéressé par la bande dessinée que par lÊanimation Ÿ, ce à quoi Disney lui avait répondu : ÿ Il vaut mieux que tu ne tÊy intéresses pas. La bande dessinée est un travail ingrat, et il nÊy a pas de futur là-dedans. LÊanimation, cÊest lÊavenir ! Ÿ.

GOTTFREDSON ET BARKS : DEUX TEMPÉRAMENTS TRÈS DIFFÉRENTS Le parcours artistique de Floyd Gottfredson, tout en discrétion, peut sans doute sÊexpliquer par ces événements fondateurs. Toute sa vie, Gottfredson aura gardé à lÊesprit le fait que le daily strip de Mickey Mouse était un produit dérivé du dessin animé, et que lÊanimation primait sur la BD aux yeux de Walt Disney. Contrairement au lumineux Carls Barks, qui sÊétait totalement approprié lÊunivers de Donald et lui avait apporté toutes sortes de personnages secondaires (dont lÊOncle Picsou, Géo Trouvetou, les Rapetou ou Miss Tick), Floyd Gottfredson reste dans le sillage du studio dÊanimation, tant pour les personnages que pour leur évolution graphique. Ce sont les concepteurs des dessins animés qui prennent la décision de modifier les yeux de Mickey à la fin des années 1930 : jusquÊalors représentés sous la forme dÊun ovale noir traversé dÊun trait blanc, les yeux deviennent plus classiques, avec paupières, iris et sourcils.


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© Floyd Gottfredson / WALT DISNEY

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CRAYONNÉ DE FLOYD GOTTFREDSON POUR LE COURT-MÉTRAGE DÊANIMATION MICKEYÊS SERVICE STATION (1935)

a proposé au Syndicate, à la fin des années 1940, que lÊon nous permette de signer nos bandes. Ÿ Le Syndicate (la structure chargée de distribuer les BD dans les journaux) sÊy était opposé, arguant que la signature Disney apportait une valeur qui risquait dÊêtre diluée par lÊajout de noms supplémentaires.

ANTHOLOGIE MAOUSSE Dans lÊintégrale Mickey par Gottfredson en cours de publication chez Glénat, non seulement les scénaristes et encreurs sont nommés avant chaque histoire, mais des articles apportent un éclairage sur le contexte de lÊépoque, sur les influences et les références. Ces dossiers et une fabrication particulièrement soignée raviront les amateurs de Mickey, Minnie, Dingo, Pat Hibulaire et tant de personnages dont les aventures, 80 ans après leur première publication, restent dÊune grande fraîcheur. JÉRłME BRIOT

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Ou qui lui font porter des habits citadins, Mickey renonçant à son éternelle culotte rouge à boutons caractéristique des premières années. De la même manière, quand au cours des années 1940 le scénariste Frank Reilly décide de faire du héros un personnage de banlieusard américain très droit et moral, Gottfredson restera nostalgique du Mickey espiègle des débuts, mais respectera la décision ; une posture que le dessinateur résume ainsi : ÿ JÊai toujours pensé que conserver lÊesprit des dessins animés faisait partie de notre travail. Ÿ En somme, on sent chez Gottfredson lÊamour de lÊouvrier fidèle à sa compagnie, et un véritable respect pour le ÿ produit Ÿ Mickey, mais pas fondamentalement une ÿ démarche dÊauteur Ÿ. Une telle différence dÊattitude entre Gottfredson et Barks sÊexplique peut-être par le fait que Mickey est vite devenu lÊemblème de la société Disney, une icône sacralisée, sanctuarisée, moins propice aux interprétations personnelles que le trublion Donald. ¤ noter, lÊabsence de mention du nom des dessinateurs et scénaristes, qui a fait croire à des générations de lecteurs que cÊétait Walt Disney en personne qui sÊoccupait de tout, nÊétait pas une demande de ce dernier, comme sÊen souvient Gottfredson : ÿ Walt lui-même

LʘGE DÊOR DE MICKEY,T.2

BARKS ET GOTTFREDSON

par Floyd Gottfredson, Glénat, 128 p. couleurs, 29,50 € Tome 3 à paraître le 20 juin

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Après avoir édité en 2010 le oneshot pilote, titré 1999-2001 the Pilot Edition, Tonkam reprend la série de Kazuya Minekura, disponible aussi en version animée. Les fans sÊinterrogent sur la toile : il sÊagit quand même de lÊauteur de Saiyuki et le graphisme est vraiment alléchant, mais les informations en provenance du Japon, où la série venait tout juste de redémarrer, ne sont pas claires sur la suite. Pour ceux qui se sentent prêts à se lancer : le bus game du titre est un jeu dÊespionnage financé par des entreprises dont le but est de se saisir de disquettes contenant des information secrètes et capitales, avec un gros magot à la clé. Un peu comme Marche ou crève de Stephen King. On ne sait pas encore, cependant, ce quÊil arrivera aux concurrents éliminés.

Nouvelle série de Yûki Kodama éditée chez Kurokawa et dont le premier volume sortira le 10 mai, Blood Lad joue la carte plutôt tendance des vampires sur un ton humoristique pas désagréable.

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Êocculte a toujours plu dans la fiction, parce quÊon a toujours aimé à se faire peur. Cependant, depuis quelques temps, on assiste à un retour en force du bestiaire horrifique : zombies, fantômes et vampires qui brillent sont en tête de gondole des espaces culturels de France, de Navarre et du monde. Pas étonnant alors que la fiction nippone, déjà riche en monstres autochtones, utilise et détourne les codes occidentaux du genre. Blood Lad est de cette veine. On suit donc Staz, vampire branleur qui nÊaime rien tant que la culture populaire japonaise (comprendre : mangas, dessins animés, figurines, jeux vidéo⁄). Il règne sur tout un pan du monde des démons, et ça lui va très bien comme ça. JusquÊau jour où, par un truchement improbable, une humaine nommée Fuyumi se retrouve dans son secteur. Sous le charme, il décide de la protéger. Grand mal lui en prend : la pauvre est dévorée par une plante carnivore. Ne subsistent que ses os, et son spectre. Le vampire se met alors en tête de la ressusciter. Va donc débuter une épopée à cheval entre monde des humains et des démons, avec rencontres loufoques, bagarres dantesques et romances naissantes.

Saviez-vous que le parti communiste japonais compte 400 000 inscrits et connaît un succès croissant depuis la crise économique ? Cette publication de lÊéditeur japonais East Press ne reflète cependant pas une prise de position politique, puisquÊil est spécialisé dans lÊadaptation en manga dÊfluvres célèbres, parmi lesquelles⁄ Mein Kampf ! LÊalbum se veut donc didactique et, si la qualité artistique nÊest pas vraiment au rendez-vous, le but est atteint. Les idées marxistes sont illustrées par une histoire fictionnelle : on suit Bill, Frank, Simon et dÊautres ouvriers exploités qui, dans lÊEurope industrielle du XIXe siècle, se lèvent contre un système socio-économique injuste. On vit leur colère, leurs craintes, leur solidarité.

L’ANTI-TWILIGHT Yûki Kodama sÊest réapproprié les poncifs de la littérature vampirique – et par extension fantastique – pour les remettre à la sauce shônen (manga pour adolescent) action-comédie. Le vampire nÊest plus cet élégant suceur de sang séducteur. Il est devenu rebelle, plus prompt à la baston quÊà la diplomatie, et plus costaud que

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© 2010 Yuuki Kodama / KADOKAWA SHOTEN Co., Ltd.

Afterschool Charisma,T.4, de Kumiko Suekane

Ki-oon, 210 p. n&b, 7,65 € BORIS JEANNE

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Monstres & Cie

Karl Marx - Le Manifeste du Parti Communiste, de Variety Art Works

LÊacadémie SaintKleio accueille des clones de personnages célèbres : Mozart, Freud, Napoléon, JFK, Einstein, Hitler⁄ sont éduqués dans lÊidée dÊaller plus loin que leur original, ou dÊen rectifier les excès. Évidemment, ça ne plaît pas à tout le monde, et les clones ont mauvaise presse à lÊextérieur. Mais dans ce tome 4, cÊest à lÊintérieur de lÊacadémie que ça se passe, quand le bal de fin dÊannée est pris pour cible par un commando⁄ de précédents clones des élèves ! Jeanne dÊArc risque dÊy avoir très chaud.

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BLOOD LAD :

Tonkam, 160 p. n&b, 7,99 € CAMILLA PATRUNO

Soleil Manga, 192 p. n&b, 6,95 €

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© 2010 Yuuki Kodama / KADOKAWA SHOTEN Co., Ltd.

visuel japonais

Bus Gamer,T.1, de Kazuya Minekura

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romantique. La communication de Kurokawa, lÊéditeur français du manga, a dÊailleurs beaucoup joué sur cet aspect. Au premier abord, le trait peut sembler un peu simple et daté, mais lÊénergie qui sÊen dégage fait vite sÊévanouir cette impression. Par exemple, la caractérisation physique des personnages – en particulier le travail sur les visages – est telle quÊon assimile instantanément leurs traits à lÊattitude que leur a donnée lÊauteur (regard fatigué et moue désabusée pour Staz, grands yeux naïfs et bouche discrète pour Fuyumi⁄). On nÊa donc aucun mal à sÊy attacher très rapidement. Ajoutez à cela les scènes de bagarres plutôt réussies, lÊhumour (de situation comme visuel) qui fait mouche, et la narration qui soulève au fur et à

mesure des enjeux un peu plus profonds que la simple gaudriole, et vous aurez un début dÊhistoire particulièrement réjouissant. Avec ce premier volume de Blood Lad, Yûki Kodama réussit le pari risqué de la série fantastique, le genre étant à lÊheure actuelle très représenté dans lÊédition manga. On attend de voir si les volumes suivants seront à la hauteur. THOMAS HAJDUKOWICZ

BLOOD LAD,T.1

de Yûki Kodama, Kurokawa, 176 p. n&b, 7,65 €



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Kazuo Kamimura : ivre de femmes et de dessins Venue recevoir le prix Zoom Japon décerné à son père pour La Plaine du Kanto, Migiwa Kamimura en a profité pour nous parler de la richesse de l’œuvre de son père, connu en France pour Lady Snowblood, Le Fleuve Shinano, Lorsque nous vivions ensemble, L’apprentie geisha, et Folles passions.

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uel est lÊaspect du travail de votre père que lÊon ne connaît pas, en dehors du gekiga, le ÿ manga historique Ÿ ? Même lÊEncyclopédie Kamimura mise en ligne lÊannée dernière nÊest pas complète ! Il a fait beaucoup dÊillustrations de couvertures, pour des romans, à lÊintérieur des livres aussi, des histoires courtes dans des revues pour collégiens et lycéens. Son responsable éditorial mÊa récemment dit que cÊétait mon père lui-même qui avait suggéré de dessiner pour les ados, parce quÊil avait une fille, cÊest-à-dire moi, qui ne pouvait pas lire les histoires quÊil publiait habituellement ! Mais ça nÊa pas très bien marché, puisque ses lecteurs sont des adultes qui veulent voir des femmes et des scènes un peu érotiques⁄ Combien de planches avez-vous à gérer en héritage ? On nÊa jamais compté les planches, cÊest énorme, mais les illustrations sont au nombre de 670. Il y a encore beaucoup de planches en noir et blanc chez les éditeurs, car à lÊépoque il travaillait tellement quÊil nÊavait pas le temps de gérer tout cela.

Izeru © by Kazuo Kamimura

QuÊest-ce quÊil préférait dans son métier ? Il nÊa jamais étudié le manga ni été assistant puisquÊil a été vite recruté dans la publicité, et donc il voulait raconter des histoires en un seul dessin. Il lui fallait nourrir sa famille et il a rapidement rencontré le succès

avec le manga, mais il avait toujours envie de faire des dessins en une page. Et ce quÊil préférait vraiment, cÊétait boire de lÊalcool et jouer de la guitare ! Quel genre dÊhomme était votre père ? Estce quÊil aimait écrire ses histoires ? Avec le succès il a énormément travaillé, donc soit il dessinait, soit il buvait, et rentrait rarement à la maison. CÊétait quelquÊun de très timide et très gentil. Il avait un tempérament dÊartisan et donc de dessinateur, pour lui lÊhistoire ne comptait pas vraiment et donc il laissait volontiers lÊécriture à dÊautres personnes. Surtout Hideo Okazaki [Le Fleuve Shinano, NDLR].

EXTRAIT DE LÊAPPRENTIE GEISHA

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KAMIMURA P˚RE ET FILLE

Comment le présenter aux Français ? Il était extrêmement doué pour décrire la beauté des femmes et des corps féminins. Ce nÊest pas seulement ÿ le peintre de lÊère Showa Ÿ [surnom de Kamimura au Japon, NDLR] ! CÊétait un artiste qui dessinait toutes les époques, et qui nÊest pas non plus réductible au manga, car il a fait beaucoup dÊautres choses – dÊoù lÊEncyclopédie, qui montre ce

quÊon ne connaît pas de mon père. Je dirais plutôt que cÊest ÿ le peintre ivre des tableaux de femme Ÿ ! Comme Hokusai⁄ Il lÊaimait beaucoup, cÊest pour cela quÊil a fait Folle passion. Vous venez en France pour recevoir un prix : est-ce que votre père avait des liens avec la France ? En 1972, à lÊépoque de Lorsque nous vivions ensemble, il travaillait tellement quÊil lui a fallu faire une pause, et il est venu un mois en Europe, il a visité Paris, il a beaucoup aimé Van Gogh, Toulouse-Lautrec, le cinéma⁄ Mais il paraît quÊil ne faisait que boire ! Quel est le manga de votre père que vous préférez ? Je nÊai découvert lÊfluvre de mon père quÊaprès sa mort, et jÊaime beaucoup La Plaine du Kanto et Folles passions, mais aussi Hotaruko, qui contient beaucoup de chansons populaires. PROPOS RECUEILLIS PAR

BORIS JEANNE



zoom La vie à lÊintérieur de la ville fortifiée et hypermoderne de Sensoram est certes sécurisée par rapport au monde extérieur dévasté, mais on ne peut pas dire quÊelle soit folichonne⁄ Pas étonnant que Niko, élève modèle, sÊennuie, se laisse intriguer par le petit nouveau au gros flingue⁄ et quÊelle finisse par se mettre dans le pétrin. La société où elle se trouvait si à lÊaise sÊavère donc être un système dictatorial qui contrôle jusquÊaux gènes humains – sujet seulement ébauché dans ce premier tome. Par lÊauteur de Sept milliards dÊaiguilles, une histoire de résistance pas particulièrement originale mais sympa, qui sera terminée en trois volumes. Parmi les aspects les plus intéressants, les discordes au sein de la résistance.

Doki-Doki, 192 p. n&b, 7,50 € CAMILLA PATRUNO

Waltz,T.2, de Kôtaro Isaka et Megumi łsuga Dans la série shônen bourrin avec personnages aux visages en lame de couteau, ultraviolence et contre-plongées complaisantes vers de larges postérieurs féminins, je voudrais Waltz, ou lÊaffrontement dÊun tueur à gage juvénile (auquel sÊidentifie le lecteur ado) avec toute une tripotée dÊautres assassins sur contrat, dont le boss sÊappelle ÿ le briseur de nuques Ÿ. Un manga qui charcle, qui explose et qui écrabouille, mais dans un style heureusement toujours lisible !

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Retour dans l’actualité d’un grand du manga : Harold Sakuishi, l’homme qui a fait vibrer les ados au son pop-rock des 34 tomes de Beck. Il fait le grand saut du grunge à… Shakespeare : en choisissant de situer sa nouvelle série dans l’Angleterre de la fin du XVIe siècle, il profite d’une zone d’ombre dans la vie de l’immense dramaturge élisabéthain pour l’associer à une étonnante histoire d’immigrés chinois.

ÊTRE OU NE PAS ÊTRE UN HÉROS DE MANGA Côté réalisation, le trait a beaucoup évolué depuis Beck, étonnamment dÊailleurs : les visages sont beaucoup plus ronds et caricaturaux, pas autant que chez Tezuka, mais la ligne est forte et permet paradoxalement de mieux sÊy retrouver parmi une pléthore de personnages, dÊabord à Londres dans le milieu du théâtre, ensuite dans le Chinatown de Liverpool où défile toute une galerie de Chinois. Sakuishi parvient à alterner entre grands yeux / grande bouche déformée façon Dragon Ball, et des cases plus travaillées où il prend le temps dÊimposer les traits de ses personnages, chez les Anglais comme chez les Chinois. Héros charismatique comme en a besoin le genre, son Shakespeare ressemble à un Ralph Fiennes blond aux yeux bleus, et la suite nous montrera comment converge le destin du dramaturge anglais, dont une dizaine dÊannées sont complètement méconnues avant son succès londonien, et celui de ces Chinois échoués en Angleterre – de Shakespeare vous nÊavez encore rien vu⁄

Kurokawa, 192 p. n&b, 6,95 € BORIS JEANNE

Wolfsmund,T.1, de Mitsuhisa Kuji Le tyrannique seigneur qui contrôle la passe du SaintGothard semble avoir des pouvoirs surnaturels qui démasquent tous les mensonges des clandestins qui essaient de se sauver de lÊautre côté des Alpes, au point que lÊendroit est surnommé ÿ Wolfsmund Ÿ, la gueule du loup. Le suspense est très bien construit : lorsque lÊon suit Liese et Georg, les deux premiers personnages, on prend pour acquis quÊils survivront, mais ce nÊest pas le cas, pas plus que ça ne lÊest pour la suivante, Johanna. Qui donc pourra jamais échapper à ce super-méchant, si même Guillaume Tell a échoué ? Les éditions Ki-oon, après Übelblatt, poursuivent leur choix de bonnes histoires fantasy noires et médiévales. Dommage seulement pour le graphisme peu soigné.

Ki-oon, 192 p. n&b, 7,65 € CAMILLA PATRUNO

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SHAKESPEARE IN LOVE avec l’Asie SHICHININ NO SHAKESPEARE © 2010 Harold SAKUICHI / Shogakukan Inc.

Ethnicity 01,T.1, de Tadano Nobuaki

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CONNECTED HISTORIES

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omment Sakuishi en est-il arrivé à cette époque ? Plusieurs Elizabeth au cinéma, les Tudors à la télé : cÊest une période incroyablement fertile. On dirait quÊil a lu 1602 de chez Marvel [mini-série qui réinventait les héros Marvel dans lÊEurope de 1602, NDLR], et sans doute des livres comme Le Chapeau de Vermeer de Timothy Brook ou Les Quatre Parties du monde de Serge Gruzinski. En effet, si le début de lÊhistoire nous montre le succès de Shakespeare à Londres en 1601 (lÊannée dÊHamlet) face au tournant puritain de la bonne société, toute la suite de ce premier tome nous

emmène dans le quartier chinois (imaginaire ?) de Liverpool, où il mélange une présentation de cette diaspora chinoise avec des éléments de surnaturel autour dÊune jeune fille à lÊangoissant pouvoir de prémonition. Sakuishi se retrouve à la pointe de lÊhistoire globale, qui met en valeur les très anciens contacts entre les mondes asiatiques et européens, mais aussi africains et américains, à partir des voyages de Christophe Colomb et Vasco de Gama. Beck montrait de jeunes Japonais fascinés par la culture occidentale – le rock –, 7 Shakespeares renverse le rapport en implantant une communauté chinoise en Angleterre.

7 SHAKESPEARES,T.1

de Harold Sakuishi, Kazé, Seinen, 292 p. n&b, 9,99 €



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Grandeur et décadence

DES MAGICAL GIRLS © Magica Quartet / Aniplex • Madoka Partners • MBS

Ume Aoki, soit les créateurs originaux de la série) est prenante. Le lecteur plonge lentement de la luminosité dÊun genre généralement pimpant et frivole vers lÊobscurité dÊun univers baroque, complexe et sombre. On reconnaît les codes, mais ils sont détournés avec tellement de talent quÊon ne peut que se laisser happer par le récit. Ce récit est dÊailleurs servi avec brio par le dessin de Hanokage, grâce à son trait tantôt mignon (disons même ÿ kawaï Ÿ, terme japonais utilisé pour désigner ce qui est adorable) et rond, tantôt sec, tourmenté, voire tout à fait angoissant. Le traitement graphique du support papier respecte en cela grandement les efforts apportés à lÊanimation dÊorigine. Les quelques 146 pages et quatre chapitres que comptent ce premier volume (sur un total de trois) sont très convaincants. Beaucoup de questions sont soulevées mais laissées pour lÊinstant en suspens, attisant dÊautant plus la curiosité du lecteur. Une frustration qui sera à moitié palliée le 4 juillet, jour de la sortie du volume 2. Un moindre mal en attendant une éventuelle acquisition de licence de la série originale pour la France.

Série animée japonaise phare de l’année 2011, Puella Magi Madoka Magica a été quasiment simultanément transposée en manga. Un an à peine après la publication japonaise, Doki-Doki édite cette courte série. Le premier volume est sorti le 9 mai. (ennemies jurées des puella magi, puisquÊelles répandent le désespoir). Enfin, Kyubey, petite bestiole adorable, cherche à la convaincre de devenir à son tour une défenseuse du bien. Mais tout nÊest pas si simple, et le rôle des puella magi est loin dÊêtre aussi agréable que prévu. Madoka est donc tiraillée entre son désir de sortir de son affligeante normalité (poussée par Kyubey) et celui de conserver son confort (incitée par Homura).

Madoka se contente donc pour lÊinstant de sÊimaginer des costumes⁄

« PLUS RIEN NE M’EFFRAIE, MAINTENANT… » Critiquer ce manga est périlleux, car la tentation de la comparaison avec le support original (le dessin animé) est trop tentante. Mais essayons⁄ LÊhistoire du Magica Quartet (pseudonyme qui regroupe Iwakami Atsuhiro, Akiyuki Shinbo, Gen Urobuchi et

THOMAS HAJDUKOWICZ © Magica Quartet / Aniplex • Madoka Partners • MBS

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es ÿ magical girls Ÿ occupent les pages des mangas depuis que la bande dessinée japonaise pour un lectorat féminin sÊest largement développée, soit à partir des années 1960. Les codes de ce genre sont invariables : de jeunes filles dotées de pouvoirs magiques combattent pour le bien / lÊamour / la paix. Sakura la chasseuse de cartes et Sailor Moon sont parmi les ambassadrices les plus connues. Avec le temps, les histoires ont évolué. Mais la diffusion de la série Puella Magi Madoka Magica, de janvier à avril 2011, semble avoir chamboulé le genre pour un moment. Car si lÊhistoire commence assez classiquement, son déroulement prend rapidement le lecteur à contrepied, ses attentes étant contrariées par un scénario plutôt retors. En somme, Puella Magi Madoka Magica effectue ni plus ni moins une déconstruction globale du mythe de la magical girl.

« PASSE UN PACTE AVEC MOI ET DEVIENS UNE PUELLA MAGI ! » Madoka est une collégienne lambda, qui mène une vie lambda dans une ville lambda avec ses amies lambda Hitomi et Sayaka. Jusqu'au jour où Homura, une nouvelle de la classe, la prend très solennellement à partie. Madoka ne comprend pas. Puis les choses sÊemballent : elle découvre lÊexistence des ÿ puella magi Ÿ (terme employé dans le manga pour désigner les magical girls), puis des sorcières 52

PUELLA MAGI MADOKA MAGICA , T.1

de Magica Quartet et Hanokage, Doki-Doki, 192 p. n&b, 7,50 €



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Pin to Kona,T.1, de Ako Shimaki Le kabuki est une forme de théâtre japonais très codifiée, interprétée par des acteurs au maquillage élaboré. Le rôle du séducteur viril et élégant est celui du ÿ pintokona Ÿ. Kawamura et Hiro sont deux acteurs lycéens. Le premier est lÊhéritier dÊune grande lignée mais médiocre dans ses performances, frustré par des années dÊincompréhension avec son célèbre et exigeant père. Le second est très doué, sérieux et ambitieux. Leur rivalité sur scène se reproduit dans la vie, puisquÊils tombent amoureux de la même fille. Un premier tome à ne pas rater en raison de son graphisme soigné et à son bon rythme, qui restitue tour à tour la querelle amoureuse, l'ambiance du lycée, et celle, ralentie et solennelle, de ce théâtre si particulier. Une petite pensée nostalgique pour Laura ou la passion du théâtre⁄

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Walt Disney au PAYS DU SOLEIL LEVANT Donald, Dingo, Minnie, Tic et Tac... qui se baladent dans les pages de vos mangas ? Dans Kingdom Hearts et Princesse Kilala, deux nouvelles séries publiées par Pika, vous pourrez juger du résultat de cette greffe étonnante. Kilala, lÊhistoire dÊune adolescente prête à affronter toutes sortes dÊaventures pour retrouver sa meilleure amie Erica. Elle sera aidée par plusieurs ÿ princesses Ÿ Disney : Cendrillon, Ariel, Blanche Neige⁄ Ce nÊest pas adapté dÊun jeu vidéo, mais le développement y ressemble fort. ¤ noter que le prince charmant Rei est habillé un peu à la manière de Peter Pan, loin des beaux gosses hyper-lookés de certains mangas, mais la rivale en amour Sylphy (à paraître dans le T.2) est représentée de façon plutôt sexy.

Kazé, coll. Shôjo, 192 p. n&b, 6,69 € CAMILLA PATRUNO

Crimson Shell, de Jun Mochizuki

Ki-oon, 210 p. n&b, 7,65 €

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Kaitaishinsho Zéro,T.1, de Chiyo Kenmotsu Littéralement ÿ nouveau traité dÊanatomie Ÿ, le Kaitai Shinsho du titre est traduit dans lÊalbum par ÿ traité de monstrovirologie Ÿ, en accord avec les éléments fantastiques de lÊunivers du jeune ÿ chirurgien de lÊocculte Ÿ Sotaro Narutaki. Pour opérer ses patients infectés par des monstres zoomorphes, il utilise aussi bien le sabre que les incantations ! Le zéro du titre est le numéro du volume que Sotaro et son assistante Momo recherchent, censé receler le moyen dÊéradiquer les créatures quÊils combattent. LÊhistoire est certes adressée à un public jeune, mais le ton frais et le graphisme vraiment chouette valent le détour !

Panini, 184 p. n&b, 7,05 €

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Les filles un peu moins jeunes, qui suivaient ce titre en anglais chez Tokyopop, frustrées depuis que lÊéditeur américain avait arrêté la licence, devraient être heureuses de connaître le fin mot de lÊhistoire⁄

KINGDOM HEARTS © Disney Enterprises, Inc. / Developed by SQUARE ENIX

Claudia est une puissante sorcière qui combat le noir pouvoir qui est tapi en elle. Dévastée par la trahison incompréhensible de lÊêtre qui lui était le plus cher au monde, Claudia doit comprendre à qui se fier. Parce que bien souvent, les apparences sont trompeuses. Par lÊauteur de Pandora Hearts, une histoire assez simple à la morale évidente, à la base dramatique mais entrecoupée de scènes humoristiques, visant un public surtout féminin et plutôt jeune. Pensez à regarder sous la jaquette, cÊest là que se cachent les minimangas bonus.

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UNE FUSION DIGESTE ? On peut quand même supposer que le (très ?) jeune public auquel ces titres sÊadressent intégrera le mélange beaucoup plus aisément, naturellement même, quÊun lecteur adulte, les nouvelles générations ayant aussi bien été nourries par les mangas que par l'univers de Disney. DÊailleurs, Osamu Tezuka, le dieu du manga, nÊadorait-il pas les personnages de tonton Walt ? CAMILLA PATRUNO

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e sursautez pas quand, en tournant la page 15, vous tomberez sur Donald après avoir rencontré les trois jeunes protagonistes humains de ce qui semblait être un manga dÊaventure. CÊest normal, vous êtes en train de lire Kingdom Hearts, série manga estampillée Disney, adaptation dÊun jeu vidéo réalisé par Square Enix. Le principe est le même en manga quÊen jeu vidéo : le protagoniste Sora explore plusieurs univers Disney (La Belle au Bois Dormant, Alice au Pays des Merveilles, etc.), en croisant au passage quelques personnages du célébrissime Final Fantasy (Léon, Yuffie, Cid), un jeu vidéo bien connu depuis une dizaine

dÊannées. Pour les autres, ce sera un choc visuel et culturel. Bien que lÊunivers Disney comporte son lot de méchants, dÊembuches et dÊémotions hautes en couleur, il est bizarre dÊentendre parler dÊépées, de voleurs de cflurs, de ténèbres qui avancent et de mondes qui disparaissent quand, à côté, il y a Pluto, Tic et Tac, Minnie⁄ Voire un Dingo qui, en voyageur attentionné à la Star Trek, se soucie de ne pas interférer avec les mondes quÊil visite...

LES PRINCESSES DISNEY À LA RESCOUSSE Si Kingdom Hearts cible les garçons, pour les petites filles il y a Princesse

c KINGDOM HEARTS

série en 4 volumes, de Shiro Amano & Tetsuya Nomura, Pika édition, Disney, Square Enix, 7,05 €

c PRINCESSE KILALA

série en 5 volumes, de Nao Kodaka & Rika Tanaka, Pika édition, Disney, 7,05 €



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Sic Transit Rex Mundi

Voici une uchronie passionnante et documentée, se déroulant en France et réalisée par des Américains. Les tensions entre le duc de Lorraine, partisan de la guerre contre les califats et leurs alliés prussiens, et Louis XXII sont au plus haut. Mais la disparition d’un document dans la crypte de la Madeleine provoque des remous bien plus inquiétants. Des rumeurs courent selon lesquelles la très sainte Inquisition serait prête à tout pour le récupérer. © Nelson et Ferreyra / Dark Horse Comics

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a série Rex Mundi a marqué de son empreinte la bande dessinée américaine au début des années 2000. Même si lÊintrigue fonctionne autour dÊune conspiration, cela nÊest pas pour autant lÊépicentre de son univers, car Rex Mundi est surtout une uchronie passionnante. Elle dépeint la France du début des années 30 sous un régime féodal où lÊinquisition sert de police religieuse. LÊEurope sÊapprête à basculer dans un conflit entre les forces de lÊaxe (France, Russie, Angleterre) et les alliés (Prusse, Saint Empire Romain, Émirat de Cordoue, Empire Ottoman) pour des motifs enfouis derrière le prétexte religieux. Les nombreuses similitudes par rapport aux protagonistes et à la trame générale du récit avec le Da Vinci Code de Dan Brown laissent planer le doute quant aux sources dÊinspiration du romancier à succès (Rex Mundi est bien antérieur au Da Vinci Code), même si les deux intrigues sÊappuient sur le mystère de Rennes-le-Château. Un mystère exploité une première fois dans le Holy Blood, Holy Grail de Michael Baigent2. Mais à la différence du roman de Dan Brown, qui collectionne inexactitudes et approximations, Rex Mundi a bénéficié dÊun travail de documentation stupéfiant par rapport aux lieux ou aux événements auxquels il fait référence. Les chapitres sont entrecoupés en outre de fausses coupures de presse qui font part de lÊactualité à mesure que lÊhistoire progresse. Le scénariste Arvid Neslson a eu lÊintelligence de gratifier Rex Mundi dÊune suite dÊénigmes sans tomber dans le piège de la surabondance et de lÊhermétisme. Trois dessinateurs ont participé aux six volumes qui composent Rex Mundi. Chacun y a apporté un style

et une ambiance différente. Eric J sur les deux premiers tomes délaye une atmosphère sombre et étrange. Jim Di Bartolo sur le troisième fait évoluer la série vers le semi-réalisme. Quant à Juan Ferreyra, il favorise lÊexpressivité des personnages et la tension des différentes situations. Toutes ces qualités font de Rex Mundi une saga fascinante qui se lit avec facilité en dépit de la densité de son contenu.

© Dark Horse Comics

ET IN ARCADIA EGO

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Tout commence avec le vol dÊun parchemin relatif à la lignée des Merovingiens dans une crypte de la Madeleine. Le père Gérard Marin fait appel au docteur Julien Saunière, un ami versé dans lÊocculte, pour mettre la main sur le document dérobé avant que la très sainte Inquisition nÊen soit informée. ¤ mesure que Saunière progresse, une série de meurtres ponctue ses investigations. Ils conduisent le héros à sÊinterroger sur le véritable rôle de Judas Iscariote, de saint JeanBaptiste et de lÊascendance de Godefroy de Bouillon. Mais

ses progrès suscitent la colère du frère Moricant, chef charismatique de lÊInquisition, et lÊhostilité dÊune secte qui serait en possession du Graal. Pendant ce temps, le duc de Lorraine sÊapprête à amorcer la reconquête de lÊEspagne et précipiter le reste de lÊEurope dans la guerre, non sans avoir démis Louis XXII de son trône. Dans ce climat oppressant, Saunière ne peut compter que sur lÊaide de Gen, un ancien amour de jeunesse qui officie en qualité de médecin personnel de Lorraine⁄ et sur celle dÊun mystérieux informateur qui semble très proche de lÊInquisition. ¤ noter : la parution de lÊavant dernier volume de Rex Mundi a été différée et sera disponible en août prochain. On patientera donc avec les premiers volumes de la série. La couverture reproduite ici est celle de la version américaine. KAMIL PLEJWALTZSKY

Allusion à la locution latine Sic transit gloria mundi signifiant ÿ Ainsi passe la gloire du monde Ÿ Scarce numéro 70, Rex Mundi par Aymeric Cingal

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REX MUNDI, T.5, LA VALLÉE AUX CONFINS DU MONDE de Arvid Nelson et Juan Ferreyra, Milady, 192 p. couleurs, 14,90 €


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CHIENNE DE VIE ! Dorkin et Thompson © Guy Delcourt Productions – 2012

À Sommer Hill, le mal rôde. Sorcières, zombies, loups-garous et golems menacent. Heureusement, une brigade d’intervention canine veille. Dormez tranquille, citoyens, les chiens de garde sont là.

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van Dorkin, scénariste, sÊest illustré sur des épisodes de New Warriors chez Marvel ou WorldÊs Funniest chez DC, et sur des récits du Goon dÊEric Powell. Jill Thompson, artiste célèbre aux ÉtatsUnis1 et épouse du scénariste Brian Azzarello, a dessiné quelques aventures du Sandman et sa série Scary Godmother, qui allie humour et surnaturel. Ensemble, ils racontent les aventures des Beast of Burden, ces ÿ bêtes de somme Ÿ qui luttent contre les créatures magiques et démoniaques qui menacent leur banlieue paisible. La série Beast of Burden est apparue en 2003 dans les Dark Horse Books, compilations au format poche consacrées aux fantômes, sorcières, revenants et monstres. Une bande de chiens (et un chat) y est confrontée à des phénomènes surnaturels. La structure de feuilleton permet des variations dignes des super-héros : alliance entre anciens ennemis, retour dÊadversaires que lÊon croyait morts, métamorphose et découverte de pouvoirs⁄ Les sorciers quadrupèdes ont ensuite droit à une mini-série de quatre numéros complets, où ils deviennent les défenseurs officiels de Burden Hill. Les peintures de Jill Thompson se prêtent aux péripéties saugrenues et à la caricature, les mimiques des animaux étant irrésistibles. Les couleurs lumineuses contrastent avec la noirceur évocatrice des récits, entre comédie et drame. Delcourt compile ces aventures dans un album épais. Le traducteur, Jérôme Wicky, a eu lÊexcellente idée de fran-

ciser les noms : Burden Hill devient Sommer Hill (ce qui restitue en français le jeu de mot dÊorigine du titre), Ace devient Cador, Orphan devient Sans-Famille. Dobey le doberman, Carl le carlin et leurs compères bénéficient de dialogues très vivants, aussi drôles que touchants. Aux goules, spectres et mortsvivants, les Bêtes de Somme réservent un chien de leur chienne ! JEAN-MARC LAINÉ

Lauréate d'un Eisner award, la plus haute distinction américaine. Elle fluvra notament sur Sandman, Wonder Woman, et sur la série fétiche du scénariste Grant Morrisson : The Invisibles. 1

B¯TES DE SOMME,T.1 MAL DE CHIENS de Evan Dorkin et Jill Thompson, Delcourt, coll. Contrebande, 184 p. couleurs, 11,99 €

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zoom Le jour, John Dusk utilise ses superpouvoirs pour aider la police à arrêter les criminels afin quÊils soient jugés légalement. La nuit, il continue plus discrètement à traquer le mal : ceux qui lui tombent alors entre les mains nÊauront jamais un procès équitable... Le scénariste de la pertinente série Avengers Academy creuse le thème très américain de la justice expéditive et du vigilantisme. Si la vie sous pression de son héros nÊest guère exaltante, lÊauteur ne semble pas désapprouver ses choix. LÊabsence de charme du dessin de Viacava a le mérite de ne pas distraire le lecteur de la réflexion morale qui est le noyau de cette histoire.

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SUPERIOR : Mark Millar est de retour Superior est la nouvelle série en creator-owned de Mark Millar chez Marvel, dessinée par un Leinil Yu en grande forme. Un enfant malade se voit affublé de super-pouvoirs et veut régler tous les problèmes du monde. Mark Millar aurait décidé de faire dans le gentillet ? Pas si sûr. © Millar et Yu / Icon Comics

Absolution, de Christos Gage et Roberto Viacava

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Glénat Comics, 192 p. couleurs, 14,95 € VLADIMIR LECOINTRE

Criminal,T.6, Le Dernier des innocents, de Ed Brubaker et Sean Phillips Depuis 2007, chaque année, les amateurs de roman noir ont un rendez-vous immanquable avec le 9e art : dans Criminal, le duo Brubaker (scénario) et Phillips (dessin) continue de projeter des ombres magnifiques. Les hommes sÊy débattent contre leur destin avec une obstination désespérée. Chaque tome de cette noire comédie humaine est une histoire complète se concentrant sur un personnage, cependant, des protagonistes peuvent ressurgir dans un autre épisode, pour la plus grande joie du lecteur fidèle. Pour cette sixième livraison, avec son héros assez antipathique, les auteurs ravivent leur inspiration dÊun zeste dÊhumour aigre. Délectable.

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ark Millar, cÊest Ultimates avec Bryan Hitch, lÊévénement Civil War, Wanted, les meilleurs épisodes de The Authority [nÊen déplaise aux fans de Warren Ellis, le créateur de la série, NDLR], mais surtout, surtout, avec John Romita Jr, Kick Ass (présent en clin dÊflil dans Superior sur une plaque dÊimmatriculation). Alors, quand il nous pond une histoire qui semble très américaine et gentillette, de premier abord on ne sait pas comment lÊaborder. Un hommage nostalgique aux héros de lÊâge dÊor, avec ce Superman en rouge, mâchoire carrée et tout le tralala, ou alors mijote-t-il quelque chose de plus louche ? Dès les premières pages, un des personnages sÊexclame que les super-héros qui ne tuent pas, qui ne sont ni cyniques ni torturés, sont ÿ nazes Ÿ. JusquÊici, pas étonnant, de la part dÊun scénariste qui vient de terminer une série (toujours en creator-owned) aussi violente que Nemesis. Pourtant Superior la joue à fond sur lÊémotion et lÊinnocence.

Delcourt, 112 p. couleurs, 14,95 € VLADIMIR LECOINTRE

Après Preacher et The Boys, quand on pense Garth Ennis on pense violence, sexe, trash et humour noir. Alors quand on ouvre cette nouvelle série et quÊon plonge dans le journal intime en couleurs pastel dÊune ménagère préoccupée par lÊimpact environnemental de son nettoyant pour le sol⁄ Rien, on patiente jusquÊà page 7 et on la retrouve en combinaison cuir noir sexy en train de dégommer des malfaiteurs⁄ à la grenade, au flingue, au couteau et à mains nues. Et paf ! Elle a visiblement un compte à régler et ne va pas sÊarrêter avant lÊaccomplissement de son plan. Pas folichons les dessins de Batista, mais tout lÊintérêt est dans les textes en commentaire et dans la façon dont les deux vies de la protagoniste entrent en collision dans sa tête aux moments les plus incongrus.

Panini, 150 p. couleurs, 13,20 € CAMILLA PATRUNO

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© Millar et Yu / Icon Comics

Jennifer Blood,T.1, de Garth Ennis et Adriano Batista

EMBRASSER TOUTES LES CAUSES Simon Pooni est un garçon de 12 ans atteint de sclérose en plaque. Son vflu le plus cher est dÊarriver à bouger ses orteils sans devoir ressentir des souffrances infernales. Un jour, un singe parlant en tenue dÊastronaute le transforme en ÿ Superior Ÿ, héros de comics et de cinéma créé – dans la fiction de lÊalbum – dans les années 30, quand les gens avaient besoin dÊévasion et dÊespoir, alors que la situation économique était déprimante. AujourdÊhui, analyse Simon, un héros indestructible et boy-scout est exactement ce dont le pays a besoin : en temps de crise et de chômage massif, quoi de mieux pour la nation que dÊaller proposer à Obama de gagner la guerre en Afghanistan et dÊattraper Ben Laden au passage ? Contrairement à Superman, qui avec ses pouvoirs aurait pu changer la face de lÊunivers mais ne touchait pas au statu quo, Simon a lÊintention de se rendre utile, pas seulement pour la veuve et lÊorphelin, mais aussi pour lÊenvironnement, lÊAfrique, etc.

ne devine pas encore⁄ On est donc autorisés à prévoir un développement un peu plus noir, après des débuts légers et teintés dÊhumour. Notamment quand Simon et son meilleur ami Chris sÊen donnent à cflur joie en testant tous les pouvoirs de Superior, avec comparaison croisée entre ceux décrits par les films et ceux attribués dans les BD homonymes⁄ le rêve de tout gamin⁄ et de tout geek ! CAMILLA PATRUNO

DÉCOLLAGE EN DOUCEUR La question à laquelle Simon nÊa pas encore eu de réponse est : pourquoi lui ? Et pourquoi doit-il attendre une semaine pour recevoir des explications du singe ? Il a tenu pour acquis que le singe était un ange venu pour aider lÊhumanité, mais est-ce si simple ? Tout le monde nÊest pas beau et gentil, et un ÿ cadeau du ciel Ÿ de cette portée a sûrement des conséquences que Simon

SUPERIOR,T.1 LE VfiU MAGIQUE

de Mark Millar et Leinil Yu, Panini, 100 % Fusion Comics, 104 p. couleurs, 11,20 €


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Hybridation standard © Jonathan Ross et Tommy Lee Edwards / EMMANUEL PROUST

Les fans des Soprano et de True Blood qui lisent de la BD vont être contents : Turf, la mini-série de Tommy Lee Edwards et Jonathan Ross, est traduite en français.

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a quatrième de couverture lÊannonce en gros : ÿ Vampires vs Gangs Ÿ. Nous sommes à New York en pleine prohibition et un clan de vampires roumains vient de sÊinstaller dans les parages. Si son chef, Gregori Dragonmir, est plutôt un immigré qui fait profil bas, adepte de la discrétion et lÊintégration, son jeune frère Stefan, fougueux et ambitieux, ne tarde pas à vouloir conquérir la ville et dispute leur territoire (ÿ turf Ÿ en argot américain) aux différentes familles mafieuses. Cette voie belliqueuse emporte facilement lÊadhésion de ses troupes et les gangsters sont décimés. Le caïd Eddy Falco montre un peu plus dÊinitiative que ses confrères et se retrouve à organiser la résistance. Le crash dÊun vaisseau extraterrestre sur Coney Island pourrait bien lui fournir une assistance imprévue. CÊest donc un rêve de geek que nous déroulent les auteurs. Le scénariste Jonathan Ross, vedette de la télé britannique, est assurément un grand fan de comics et de récits de genre. Sa narration est agréable, les récitatifs et les dialogues, quoiquÊun peu bavards, sont très bien écrits et pleins dÊhumour. ¤ la palette graphique, Tommy Lee Edwards se montre élégant et efficace. CÊest donc une mini-série fort distrayante et énergique qui se conclut avec ce second tome. Pourtant, on ne peut sÊempêcher dÊéprouver une pointe de déception, car la première partie pouvait nous laisser espérer davantage de surprises. En effet,

une fois son programme cerné (en gros à la moitié du premier tome), lÊfluvre se développe selon un schéma et un rythme parfaitement hollywoodiens qui sÊaccélère dans le final explosif et spectaculaire de rigueur, nous laissant au bord de lÊépuisement et de lÊindigestion. ÿ Tout ça pour ça ! Ÿ, serait-on tenté de penser : un produit bien formaté. LÊadaptation ciné est en route, comme cÊest étonnant ! Jonathan Ross connaît bien son affaire. VLADIMIR LECOINTRE

TURF,T.2 de Jonathan Ross et Tommy Lee Edwards, Emmanuel Proust, 80 p. couleurs, 15,50 €

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LÊexpo du péché

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© Miller

La ville japonaise

SORT DES CASES Non, ne vous contentez pas du souvenir de lÊadaptation cinématographique, plutôt réussie, de la série Sin City par Roberto Rodriguez. Il est impératif de ne pas manquer lÊexpo-vente de 30 planches originales de la série choc à la galerie 9e Art. DÊabord pour la qualité graphique des pages. Ensuite parce que cÊest tout simplement la première fois quÊelles sont exposées en galerie. Enfin, parce que vous nÊen reverrez pas de sitôt, Frank Miller ayant conservé la plupart de ses originaux. Ou alors, le plus sûr moyen de pouvoir continuer à les contempler, cÊest dÊen acheter...

Initiée par la Maison de l’Architecture de Poitou-Charentes, l’exposition Mangapolis dresse un panorama de la ville japonaise à travers les mangas. Une autre façon d’aborder la BD nippone.

Expo Sin City, Galerie 9e Art, Paris IXe, jusquÊau 22 mai. THIERRY LEMAIRE

LÊexpo des bandits LÊart brut, défini par Jean Dubuffet après-guerre, nÊa pas de frontières. Cet art des fous, des rejetés de la société, qui ne sÊappuie sur aucune tradition, hors la loi artistique, a pris racine également en Italie. Et le moins quÊon puisse dire, cÊest que les productions de ces banditi dellÊarte ne laissent pas indifférent. Peintures, sculptures, installations, collages, accumulations, la palette de leur talent est large. Les thématiques aussi, qui vont de la critique sociale à la névrose profonde. Sans nul doute une expérience artistique forte. Expo Banditi dellÊarte, Halle St Pierre, Paris XVIIIe, jusquÊau 6 janvier 2013. THL

Contre tout chacal Un type qui voyagea en Chine, fut boxeur, diamantaire, journaliste et même agent de renseignement pendant la Seconde Guerre mondiale, et accessoirement homme à femmes, pouvait-il créer un autre héros que Bob Morane ? Charles-Henri Dewisme, alias Henri Vernes, était prédestiné à devenir lÊun des auteurs jeunesse francophones les plus lus. Ses Mémoires couvrent la période dÊavant Bob Morane, dÊavant 1953, et pourraient sans aucun mal passer pour un épisode de lÊaventurier né le 16 octobre, comme son créateur. Henri Vernes - Mémoires, Les éditions Jourdan, 490 pages, 22,90 € THL

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ARK, 2005 - MANABU IKEDA - PHOTO BY KEIZO KIOKU - COURTESY OF MIZUMA ART GALLERY

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a ville dans les mangas. Bon sang mais cÊest bien sûr. Il nÊy a quÊà feuilleter des bandes dessinées japonaises pour sÊapercevoir à quel point lÊespace urbain est présent dans les cases. Il y a plusieurs raisons à cela. ÿ Le Japon est dÊabord éminemment urbain, rappelle Xavier Guilbert, le commissaire de lÊexposition. Surtout après lÊénorme exode rural des années 50 et 60. Et puis il y a la spécificité de la langue japonaise, dans laquelle le sujet nÊest pas du tout central et même parfois absent. Les Japonais accordent ainsi beaucoup plus dÊimportance au contexte. Et dans la lecture des images, à ce qui se passe en arrière-plan. Ÿ

FOCUS SUR TOKYO On sÊen serait douté, cÊest Tokyo qui se taille la part du lion dans les représentations de la ville. ÿ Le Japon est très centralisé. Dans les années 60, le manga était très présent à Osaka. Avec la reconstruction, Tokyo a pris de plus en plus de poids. Toutes les maisons dÊédition sont aujourdÊhui dans la capitale, la plupart des auteurs aussi. Ils sÊinspirent donc de ce qui les entourent. Et puis ils travaillent à partir de références photographiques et les livres portent plutôt sur Tokyo. Ÿ

Car la ville représentée nÊest pas fantasmée, mais bien réelle. LÊexposition répertorie dÊailleurs les éléments spécifiques de la rue japonaise présents dans les mangas, tels les poteaux électriques, les canaux et les passerelles. Et sÊattarde sur la ligne de métro Yamanote, qui traverse les quartiers emblématiques de la capitale. Pour servir de guides, six auteurs publiés en français ont été choisis. ÿ Avec Adachi Mitsuru (H2) et Harold Sakaguchi (Beck) qui sont relativement grand public, Arai Hideki (The World is Mine) qui est un petit peu plus adulte, Nananan Kiriko (Every Day) pour une vision féminine, Manabei Shôhei (Ushijima, lÊusurier de lÊombre) et Takahashi Tsutomu (Bakuon Rettô) qui sont plus sombres, on a voulu mêler mainstream et manga alternatif. Ÿ Thème cher aux Japonais, marqués par la guerre et les catastrophes naturelles, la vision post-apocalyptique de la ville nÊest pas oubliée. Une manière de boucler la boucle puisque Akira fut au début des années 90 le premier succès des mangas publiés en France. Depuis, la bande dessinée nip-

pone a fait du chemin dans lÊhexagone. Une chose est sûre, après cette exposition, vous ne la regarderez plus de la même manière. THIERRY LEMAIRE

MANGAPOLIS

à Poitiers (jusquÊau 16 juin), au musée de la BD dÊAngoulême (du 30 juin au 7 oct) et à Lille (du 16 oct au 22 déc).


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Le jardin secret © Will / DUPUIS - CHAMPAKA

de Will dévoilé

En parallèlle des populaires aventures de Tif et Tondu, Will a développé une remarquable œuvre picturale.

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assionné de dessin, le jeune Willy Maltaite aurait bien aimé suivre des études artistiques. Recalé à lÊexamen dÊadmission, il rejoint lÊatelier de Jijé qui lui enseigne les bases de son art (dessin, peinture et sculpture), aux côtés des jeunes Morris et Franquin, peu avant leur départ aux États-Unis. Charles Dupuis lui propose la reprise graphique des Tif et Tondu de 1949 à 1990, ce qui lui permettra dÊillustrer près de 40 albums, notamment sur des textes de Dineur (créateur de la série dès le premier numéro de Spirou en 1938), Rosy, Tillieux et Desberg. Will illustre ces aventures avec brio, mais les personnages quÊil nÊa pas créés lui pèsent, et il se console en décorant les cases de magnifiques paysages ou architectures. Avec ses amis Franquin, Macherot et Delporte, il créa plus tard la série Isabelle où il sÊamusait bien plus, même si elle obtint un succès commercial mitigé.

classiques, il sÊagit principalement de paysages ou de portraits, le plus souvent féminins. Les couleurs sont magnifiques, entre Gauguin et Van Dongen. CÊest le recueil de ses fluvres intimes et privées qui est présenté dans ce livre, où lÊon trouve en complément de nombreuses illustrations isolées parues dans les journaux Spirou et Tintin (où Will fut directeur artistique pendant deux ans). La galerie bruxelloise Champaka lui consacre une exposition en mai. JEAN-PHILIPPE RENOUX

VAGABONDAGES GRAPHIQUES Pendant ses heures de loisir ou à lÊoccasion des vacances dans des régions ensoleillées, Will sortait sa palette de couleurs, et faisait de très jolies peintures. Il sÊagissait de récréations, conçues pour son simple plaisir personnel. Les thèmes sont figuratifs et

LE JARDIN DES COULEURS

de Will, Dupuis, coll. Aire Libre / Champaka 120 p. couleurs, 45 € 61


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La Bande Dessinée, de Christophe Quillien Voici le documentaire parfait pour initier les petits au Neuvième art ! On y découvre, à travers une soixantaine dÊentrées différentes, quels sont les auteurs et les styles qui existent, ici et à travers le monde, comment travaillent les auteurs, comment sÊinterprètent les genres, comment cet art influence notre vie de tous les jours⁄ Un guide complet conçu pour les enfants, truffé de photos et de dessins, permettant dÊapprendre tout sur la BD et transformer vos petits loups en grands mordus.

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Rita et Machin : zou, rezou et Zouzous ! Vous ne connaissez pas les aventureuses bêtises de cette mignonette fillette et de son adorable cabot ? Séance de rattrapage grâce à une nouveauté, la série télé1 et à la refonte de la collection.

© Jean-Philippe Arrou-Vignod et Olivier Tallec / GALLIMARD JEUNESSE

Gallimard, coll.Tothème, 60 p. couleurs, 14,90 € HÉL˚NE BENEY

Jeanne,T.1 et 2, de Merwan Chabane et Bertrand Gatignol Après la version en noir et blanc, format manga, appelée Pistouvi, ce fabuleux conte sÊoffre une version en couleurs en deux volumes, format album, nommée Jeanne. Et autant dire que, bien quÊidentiques sur le fond, lÊun comme lÊautre sont simplement⁄ fantastiques et indispensables ! Nos deux héros, Pistouvi le renard et Jeanne la petite fille, vivent ensemble dans une maison nichée dans un arbre, planté au milieu dÊun univers peuplé dÊinsectes au goût délicieux, dÊoiseaux dingues et dangereux, dÊune femme-vent et dÊun homme-tracteur. Impossible de résumer lÊinexprimable : cette série est douce, tranchante, bizarre, poétique, naïve, tendre, violente⁄ Bref, cÊest beau et bon. Un choc qui ne manquera pas dÊinterroger petits et grands.

Dargaud, 96 p. couleurs, 12,95 €

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LÊEnfant et la Nuit, de Balazuc et Polanco Virgile et sa petite sflur ont bien du mal à trouver le sommeil depuis que leur maman est malade. Le petit garçon décide dÊaller chercher le Jour afin que la lumière revienne dans sa maison et ramène la chaleur dans son foyer. Mais Noctalia, reine de la Nuit, et son fils médecin, Evariste, veillent... Conte lyrique en sept scènes et quatre tableaux, cet album, assisté du CD du spectacle, raconte lÊabsence, lÊamour, la douleur, la joie⁄ Un voyage haut de gamme, à lire et écouter en famille ! Gallimard Jeunesse, coll. Giboulées, Livre illustré : 64 p. couleurs + CD : 52mn, 21,69 €

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orsquÊil sÊagit de partir en vacances, Rita – la petite fille – et Machin – son biennommé chien –, donnent tout ce quÊils ont dans le ventre ! Surtout en voiture, lorsquÊils se sont gavés de bonbons, chips et autres douceurs⁄ Entre les montagnes de valises de ÿ strict nécessaire Ÿ, les grimaces dans les embouteillages, le mal des transports et la customisation perso de la nouvelle voiture de Papa, les deux compères ne chôment pas pour cumuler les bêtises. Mais évidemment, ce nÊest jamais de leur faute, à ces deux hypocrites⁄

« C’EST PAS NOUS, C’EST PAS NOUS ! » Dessin délicat en noir et blanc, rehaussé de touches de rouge, servant de savoureuses histoires à déguster dès 4 ans : cÊest une petite joie de retrouver Rita et Machin dans ce nouvel album. Et pour marquer la sortie de cette nouveauté estivale et lÊarrivée de leur série à la télé, le duo sÊoffre le relooking des cinq titres de sa collection (nouveau format carré, nouveau prix, nouvelle typo⁄). Tendres, drôles et légers, à lÊimage du graphisme élégant et plein dÊhumour dÊOlivier Tallec, ces deux-là ne sont jamais méchants : ils prennent juste chaque événement de leur vie comme une grande aventure et nous embarquent avec eux dans leur fabuleuse insouciance quotidienne. Simpliste et enfantin ? Ça tombe bien, cela sÊadresse aux tous petits lecteurs, auxquels on souhaite de conserver longtemps leur joyeuse désinvolture ! HÉL˚NE BENEY

Série diffusée du mardi au vendredi vers 8h45 sur France 5 dans Debout les Zouzous.

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RITA ET MACHIN PARTENT EN VACANCES

de Jean-Philippe ArrouVignod et Olivier Tallec, Gallimard Jeunesse, 32 p. couleurs, 6 €



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8 albums « collector » pour les 10 ans de Cazenove Dans notre précédent numéro, nous vous présentions le concours organisé par les éditions Bamboo pour fêter les 10 ans de carrière de Christophe Cazenove. Dans le cadre de cet anniversaire, l’éditeur a sélectionné huit albums emblématiques de son scénariste-star qui bénéficient ainsi d’un nouveau tirage en version collector (format plus grand, tirage limité, cahier bonus).

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© Cazenove et William / BAMBOO ÉDITIONS

ourquoi huit albums, et pas dix ? Si lÊanniversaire célébré est bien celui des 10 ans de Cazenove chez Bamboo, cÊest bien le concours consistant à trouver le prochain dessinateur de la série Mes CopÊs qui est mis en avant dans cette opération. Les participants sont en effet invités à mettre en images lÊun des huit story-boards réalisés par Cazenove ; vous en découvrirez un différent dans chacun des cahiers bonus de ces rééditions, en plus ÿ dÊanecdotes des auteurs, recherches graphiques, dessins, scénarios et gags inédits Ÿ en rapport avec lÊalbum considéré.

ENTRETIEN AVEC OLIVIER SULPICE, PATRON DES ÉDITIONS BAMBOO ET SCÉNARISTE DR

Comment avez-vous sélectionné ces huit albums ? En concertation avec Christophe, nous avons souhaité proposer huit albums représentatifs de sa carrière de scénariste. Pour chaque album, on retrouve un dessinateur différent, à lÊexception dÊAndré Amouriq qui signe Les Prédictions de Nostra, son tout premier album, et une série pour laquelle le succès a été plus conséquent : LÊAuto-école. Et puis, on ne pouvait pas à mon avis retracer le parcours de Christophe sans mentionner son excellente dernière série en date, Les Petits Mythos. 10 rééditions pour les 10 ans de Cazenove, cela nÊaurait-il pas été plus marquant ? Christophe a réalisé dÊautres séries chez Bamboo, mais les huit que nous avons sélectionnées sont pour moi ses plus emblématiques. DÊautant que je nÊaime pas tirer sur la corde et huit séries me paraissent suffisantes. Les tomes choisis sont-il censés être les meilleurs dans chaque série ? La sélection sÊest faite en accord avec Christophe et le dessinateur de la série concernée. Certains dessinateurs nÊétaient pas très chauds pour une édition spéciale du tome 1 de leur série, car leur dessin a entre temps évolué. CÊest le cas de Stédo pour Les Pompiers. Quel est lÊobjectif de ces rééditions ? ¤ lÊorigine, le but est de rendre hommage à Christophe Cazenove, un des auteurs dont le parcours est indissociable de la réussite de Bamboo. Grâce à ces nouvelles éditions, les lecteurs pourront découvrir ou redécouvrir certains albums pleins de qualités, mais qui nÊont pas forcément rencontré leur public. Je pense par

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exemple aux Prédictions de Nostra, qui a entre autres pâti dÊune moins bonne diffusion à lÊépoque. Concernant le concours Mes CopÊs, cÊest pour nous un moyen original pour recruter un nouveau dessinateur de talent et ainsi renouveler notre équipe dÊauteurs. Tout le monde a sa chance et on sÊattend à avoir des belles surprises. Pour lÊinstant, nous nÊavons pas reçu énormément de planches, mais plusieurs auteurs nous disent travailler dessus et veulent soigner leur participation... Avez-vous pu observer une évolution dans le travail de Cazenove au cours de ces 10 années ? Christophe ne cesse de mÊépater. Je le trouve meilleur dÊalbum en album. Cela dit, quand jÊai relu Nostra, sa première série chez Bamboo, jÊai pu constater que tous les ingrédients de ses futurs succès étaient déjà là. Humainement, il nÊa pas changé, il nÊhésite pas à se remettre en question si je lui indique quÊun de ses gags est perfectible. Comme nous travaillons ensemble sur les scénarios des Gendarmes, on a appris à se connaître. Je sais que lorsquÊil me décrit sommairement une idée de gag, le résultat final sera à la hauteur. Dans les 10 prochaines années, je prends le pari que Christophe nous surprendra encore. Quelle est votre série favorite de Cazenove ? Je les apprécie toutes ! En général, lorsque je signe un projet quÊon me propose, cÊest que jÊy crois. En revanche, par respect pour le travail de Christophe, il mÊest arrivé de lui refuser des séries dont le sujet ne mÊintéressait pas. Quels seront vos critères personnels pour déterminer le lauréat du concours ? JÊattends dÊêtre surpris, que le dessinateur ou la dessinatrice sÊapproprie la série Mes CopÊs dans un style qui lui est propre, tout en restant ÿ grand public Ÿ. JÊespère une

patte graphique différente de ce quÊon retrouve actuellement dans le catalogue Bamboo, comme ce fut le cas pour Les Sisters en son temps. Je dis ça, mais si Albert Uderzo décide de participer, je ne serais pas contre ! PROPOS RECUEILLIS PAR

OLIVIER PISELLA

c DÉJ¤ PARUS

• Les Pompiers, T.9, Feu à volonté de Christophe Cazenove et Stédo, Bamboo, 48 p. couleurs, 12,50 € • Les Prédictions de Nostra, T.1, LÊAs des astres de Christophe Cazenove et André Amouriq, Bamboo, 48 p. couleurs, 12,50 € • LÊAuto-école, T.4, Formation accélérée de Christophe Cazenove et André Amouriq, Bamboo, 48 p. couleurs, 12,50 € • Les Fondus de la cuisine, T.1 de Christophe Cazenove, Hervé Richez et Olivier Saive, Bamboo, 48 p. couleurs, 12,50 €

c ¤ PARA˝TRE

• Les Gendarmes, T.9, Un homme donneur ! de Christophe Cazenove et Stédo, Bamboo, 56 p. couleurs, 12,50 € • Basket Dunk, T.6 de Christophe Cazenove, Arnaud Plumeri et Mauricet, Bamboo, 56 p. couleurs, 12,50 € • Les Petits Mythos, T.1, Foudre à gratter de Christophe Cazenove et Philippe Larbier, Bamboo, 56 p. couleurs, 12,50 € • Les Sisters, T.3, CÊest elle quÊa commencé de Christophe Cazenove et William, Bamboo, 56 p. couleurs, 12,50 €

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Pour participer au concours Mes CopÊs, rendez-vous sur : http://www.bamboo.fr/mescops/ Date limite de participation : 30 septembre 2012



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a b o r a t o i r e

MyMajorCompany BD :

RETOUR SUR IMAGES Cela fait maintenant un peu plus de six mois que le fameux label participatif a lancé sa branche dédiée à la bande dessinée. À ce jour, quatre titres ont pu être édités grâce à l’investissement et au travail de promotion des internautes, et d’autres sont à venir ! Zoo revient sur l’expérience de ces six derniers mois avec deux actrices de cette aventure MyMajorCompany BD.

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ous avez rencontré un franc succès avec votre premier titre paru, Le Chômeur et sa Belle de Jacques Louis. Pour MMC et ses édinautes, quelles ont été les réussites jusque là ? Cet album a été financé en moins dÊune semaine, ce qui est une vraie réussite ; on a pu créer un réel enthousiasme autour dÊun jeune auteur, et cÊest cet engouement qui constitue notre première source de satisfaction. Les internautes éditeurs sont rétribués à lÊannée, donc concrètement ils nÊont encore rien touché, mais ils ont participé à lÊaventure, ont reçu un exemplaire du tome 1 plus un ex-libris signé, et ils ont pu rencontrer lÊauteur aux salons du Livre de Bruxelles et de Paris. On leur a également proposé de participer en avant-première à lÊédition du tome 2 : très peu de parts restaient disponibles pour le reste des édinautes une fois lÊalbum en ligne. Des erreurs à ne pas reproduire ? On ne peut pas vraiment parler dÊerreurs. On a ouvert la plateforme avec huit projets sÊadressant à des publics très différents. Certains ont eu du succès, dÊautres nÊont pas fait lÊobjet du même engouement, cependant nous ne regrettons pas ce parti pris. Nous voulons continuer à attirer un lectorat toujours plus varié pour donner à tous les projets la chance de rencontrer leur public.

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ENTRETIEN AVEC SOPHIE POULIQUEN, CHEF DE PROJET MYMAJORCOMPANY BD

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QUELQUES UNES DES SÉRIES QUI SONT OU ONT ÉTÉ FINANCÉES SUR MMC BD : 1 - PLEINE LUNE 2 - LA BALLADE DE MAGDALENA 3 - PINK DA˛QUIRI 4 - PIC PIC ANDRÉ ET SES AMIS 5 - LA FILLE DE LÊEAU 6 - LE CHłMEUR ET SA BELLE 7 - AXEL ROCK 8 - SHRIMP

Les nouveautés continuent dÊarriver : nous avons trois albums à éditer (Pleine Lune, La Ballade de Magdalena et le tome 2 du Chômeur et sa Belle), sans compter les titres que les éditeurs sélectionnent et proposent au quotidien.

ENTRETIEN AVEC PAULINE MERMET, ÉDITRICE CHEZ DARGAUD

Pourquoi chercher le concours des maisons dÊédition au lieu de publier ces BD sous label MMC ? Nous venons du milieu musical à la base, et nÊavions pas la compétence nécessaire. Nous avons donc cherché des éditeurs, et avons été contactés par Claude de St Vincent de Médias Participations qui nous a sollicités pour collaborer sur MMC BD. Sans éditeurs, on ne pourrait pas le faire, et on a la chance dÊêtre associés aux meilleurs !

Depuis le début de votre collaboration avec MMC, comment définiriez-vous vos résultats ? On a actuellement de très bons retours niveau visibilité et communication sur les albums mis en ligne sur MMC. La visibilité des jeunes auteurs étant notre objectif n°1, on peut parler globalement de très bons résultats.

Quel premier bilan peut-on faire de ces six mois ? CÊest un bilan très positif, la collaboration avec les maisons dÊédition se déroule parfaitement bien et les projets ont une communauté active : pour chacune des BD mises en ligne et donc pas encore éditées, le constat seul du nombre de lectures est une victoire en soi.

Quel est lÊavantage pour un éditeur à travailler avec MMC plutôt que dÊéditer directement les auteurs qui se présentent ? On vit aujourdÊhui une période dÊencombrement dans le monde de lÊédition, et hormis les séries déjà connues qui marchent forcément bien, on a de nouveaux auteurs qui ont du mal à être reconnus en

librairie. Le but de cette collaboration cÊest de faire le buzz avant lÊédition pour éviter lÊécueil en librairie dû à cet afflux de nouveautés tous les ans. Cette alliance avec des éditeurs reconnus donnet-elle aux édinautes un sentiment de sécurité ? LÊédinaute est invité à investir sur une fluvre, donc en effet, cÊest rassurant pour lui de savoir celle-ci soutenue par un éditeur comme Dargaud : ça lui permet de se conforter dans le bien fondé de son placement, mais également dÊêtre associé au processus de création et dÊédition dÊune BD. Comment voyez-vous lÊavenir de cette collaboration ? On souhaite dans un premier temps continuer à soutenir la jeune création, et aussi développer dÊautres types de projets ensemble, sous la forme par exemple de concours pour encourager la participation des internautes. De nombreux projets sont en préparation. PROPOS RECUEILLIS PAR

ALIX DE YELST



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Diabolik : le fumetto nero a 50 ans Cela fait 50 ans que le personnage Diabolik a vu le jour. Un héros masqué qui n’est pas au service de la justice, mais qui s’ingénie à commettre les méfaits les plus abominables. Une curiosité que nous vous proposons de redécouvrir.

1962

est une date dans la BD, pas seulement italienne. En novembre de cette année-là, paraît le premier fascicule dÊun genre nouveau. Non seulement le format est celui dÊun livre de poche (en France on parlera plus tard de ÿ pockets Ÿ) pour être lu dans le train, mais il raconte les aventures dÊun sale personnage en Jaguar type E, masqué, méchant, fou, ancêtre de tous les serial killers de la BD et du cinéma, une BD pour adultes comme on nÊen a jamais vu, où le Mal lÊemporte toujours, qui prendra le nom de fumetto nero (= BD noire, et non ÿ fumée noire Ÿ comme lÊécrivent les ignorants de Wikipedia) : Diabolik, édité par les éditions Astorina et sous-titré La BD du frisson. On aurait dû garder le titre du premier épisode, Le Roi de la terreur. Car ce sont des aventures effrayantes, terribles, avec un (anti-)héros sadique qui ne pense quÊà tuer, faire souffrir, escroquer et punir. Le vilain complet. ¤ ses côtés, sa complice et amante, Eva Kant, jolie et attirante, donc dangereuse pour les lecteurs. En face, un policier impuissant (50 ans après, il nÊa toujours pas réussi à arrêter Diabolik), lÊinspecteur Ginko. Dialogues haletants, action sans pause, trois-quatre images par page, en noir et blanc, couverture frappante aux couleurs violentes.

DE MULTIPLES COLLABORATEURS ¤ partir de 1965, la bande se branche sur lÊactualité. Le succès est colossal. Le style est lancé, les imitations pleuvent : Kriminal, Satanik, Sadik, Demoniak,

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LE FILM DANGER: DIABOLIK PAR MARIO BAVA - 1968

Killing, Genius, Zakimort... Traductions, film (Mario Bava), dessin animé, TV, feuilleton radio, publicités, romans, jeu vidéo, décors de voitures, web, parodies, rééditions... Diabolik a été imaginé par Angela Giussani, une Milanaise de 40 ans. Elle est lÊépouse dÊun éditeur pour la jeunesse avec qui elle travaillait depuis 1950, Gino Sansoni, des éditions Astoria. Autour de cette scénariste vont travailler une foule de dessinateurs, le premier restant anonyme et mystérieux, Francesco Zarcone (longtemps appelé ÿ LÊAllemand Ÿ, car très blond), aussitôt disparu et jamais retrouvé, et la couverture dessinée par Brenno Fiumali. Zarcone vite remplacé par Gino Marchesi, Enzo Facciolo, Edgardo DellÊacqua, Glaudo Coretti, Lino Jeva, Sergio Zaniboni, Armando Bonato, Flavio Bozzoli, Victor Hugo Arias, etc., souvent en alternance. Le logo a été créé par Remo Berselli. Très vite, Angela Giussani appela à la rescousse sa sflur de six ans plus jeune, Luciana, qui à partir du 14e épisode écrivit avec elle. Toutes deux avaient fait une première tentative dÊédition en commun avec la série US Big Ben Bolt après quelques pochettes de figurines pour des jeux. Elles embauchèrent ensuite Patrica Martinelli pour les aider, puis une foule de scénaristes collaborèrent, dont les plus connus : Locatelli, Castelli, Ongaro, Saccarello, Erika Rossi, Gazzari, Mantelli... Angela meurt en 1987 à 65 ans et Luciana continue seule, puis laisse la direction

des scénarios à P. Martinelli en 1992, puis la direction de lÊédition à Mario Gomboli en 1998, tout en continuant à superviser lÊécriture jusquÊen 2000, peu avant sa mort en 2001 à 73 ans.

LE CÔTÉ SOMBRE DE L’ÂME HUMAINE La conception du personnage, inspiré du pionnier littéraire Fantômas, et celle du support pocket par les sflurs Giussani, leur sens du noir, du Mal, du morbide, en phase avec un public avide de lÊautre face de la médaille humaine, fut dès le départ attaqué de tous côtés : religieux, politique, artistique, éthique, éducatif... Elles nÊen eurent cure et persistèrent dans le succès. Dès 2003, les Grande Diabolik, avec des histoires plus longues et un autre format, revisitèrent le mythe, en reclassant les épisodes chronologiquement. En France, où les critiques et la censure se déchaînèrent, les fascicules parurent de 1966 à 1980. Il existe de nombreuses reprises, des albums, un site et un club en Italie. Un chef mafieux, Matteo Messina Denaro, fan de BD, fou de la série, se fit surnommer Diabolik et adapta même sur les pare-chocs de sa propre Alfa Romeo deux mitraillettes comme Diabolik. Classe ! YVES FRÉMION

c Frémion est lÊun des plus fidèles hussards de Fluide Glacial. CÊest aussi un historien de la BD, un romancier et un scénariste (parmi dÊautres activités).


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MÉLONIE N’A PAS

FROID AUX YEUX © Filobedo / TABOU

La gaudriole qui fut à l’honneur pendant les années 70 a rarement connu les honneurs du format cartonné. Les éditions Tabou comblent ce manque en publiant L’île mystérieuse de Filobedo ; ce dernier se fait plaisir avec une succession de scènes crues, des calembours éculés et un humour potache. Attention les yeux !

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uelque part au milieu du Pacifique, un cargo navigue vers une destination mystérieuse : une zone où un champ magnétique génère une ceinture nuageuse qui pourrait abriter une île inconnue. Mr Brody suppose quÊun avion américain transportant un trésor de guerre nazi sÊy serait écrasé. Mélonie Sweet, une brune aux formes rebondies, a été choisie pour être la mascotte de lÊéquipage et porter chance à lÊexpédition. LÊéquipage a eu à choisir entre elle et un hamster, mais le manque de loquacité du rongeur fut rédhibitoire. Seulement voilà, notre Mélonie sÊétiole et se morfond sur son transat au milieu de lÊétendue marine. Heureusement, lÊéquipage la met à contribution dans la salle des machines. Notre héroïne nÊhésite pas une seconde à aller au charbon⁄ Mais on le sait, les kérogènes sont salissants, et cÊest fort généreusement quÊun marin assigné au nettoyage du pont arrose de son tuyau le corps suintant et crasseux de Mélonie. Les matelots en profitent pour se rincer lÊflil, mais comment les

en blâmer ? Pendant que les regards se focalisent sur le pont, le bateau vient heurter un banc de sable. Nul doute, lÊîle est à proximité, dÊautant que dÊimmenses cumulo-nimbus se forment à quelques nautiques de là. Ni une ni deux, un canot est envoyé en reconnaissance avec à son bord notre gentille Mélonie. Fouler la terre ferme remplit dÊallégresse notre naïade qui sÊémerveille de la luxuriance alentours. Mais pendant que notre mascotte folâtre dans les eaux dÊun lac, les membres de lÊexpédition voient se dresser à lÊhorizon la statue dÊun primate gigantesque. Cela ne vous rappelle rien ? Même pas King Kong ? J.-B. THORET

LÊ˝LE MYSTÉRIEUSE de Filobedo, Tabou, 64 p. couleurs, 15,20 € 69


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© SND Distribution

© Twentieth Century Fox 2012

Underworld Nouvelle ère

La guerre qui fait rage entre les vampires et les lycans n'a pas dit son dernier mot. Ce quatrième volet marque le retour de Kate Beckinsale dans le rôle de Selene. Après avoir été capturé par les humains et plongé dans un coma de 12 années, la vampire amatrice de cuir et de gros flingues se réveille dans un monde qui a bien changé. Underworld - Nouvelle ère prend la tangente par rapport à l'univers gothique imaginé par Len Wiseman, au risque de déplaire aux fans de la première heure. A contrario, ceux qui recherchent l'action furieuse prenant le pas sur l'ambiance seront davantage réceptifs au film des Suédois Mårlind et Stein. Un DVD M6 Vidéo JULIEN FOUSSEREAU

Le Havre Un cireur de chaussures porte assistance à un jeune clandestin africain perdu au cflur de la Porte Océane. Énoncé de la sorte, Le Havre pourrait se transformer en parpaing bien pensant. C'est sans compter Aki Kaurismäki et sa direction artistique unique dont la stylisation emprunte à la fois au réalisme poétique des années 30 et à Jacques Tati. Ses nobles influences se fondent parfaitement à son sens légendaire de l'absurde et du décalage. ¤ l'image de la prestation remarquable d'André Wilms, Le Havre s'impose comme une belle fable utopiste, d'une dignité bressonnienne et d'une humanité que ne renierait pas Chaplin. Superbe. Un DVD Pyramide Vidéo JF

Coffret World Cinema Foundation Volume 1 Martin Scorsese nÊest pas seulement un immense réalisateur, mais également un acteur important dans la préservation du 7e art de tous les horizons. On en veut pour preuve ce coffret regroupant quatre films en provenance du Mexique, Maroc, Sénégal et Kazakhstan. Chacun témoigne dÊun regard peu commun quand il nÊest pas affûté ou émouvant sur la condition humaine. ¤ ce titre, le regard ethnographique des Révoltés dÊAlvarado de Fred Zinneman, la poésie sensuelle du Voyage de la hyène de Djibril Mambéty, lÊétrangeté hypnotique de La Flûte de roseau de Ermek Shinarbaev constituent de sacrées découvertes. Merci Marty ! Un coffret Carlotta JF

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Très attendu, Prometheus, le blockbuster de science-fiction de Ridley Scott, sortira dans les salles françaises le 30 mai prochain. Nous avons pu visionner une dizaine de minutes en avantpremière. Premiers enseignements.

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oilà près de deux ans que le microcosme cinéphilique se passionne pour le retour de Ridley Scott à la science-fiction. LÊengouement initial que suscita lÊannonce est grandement lié au nom de code du projet : Alien Prequel. LÊidée même que lÊauteur du premier film de cette saga culte revienne aux origines, soit avant le film fondateur de 1979, suffit à expliquer lÊembrasement automatique de la Toile du moindre effet dÊannonce sur le casting à la plus petite publication dÊun jeu famélique de photos officielles. Un des aspects les plus symptomatiques de notre époque ÿ connectée Ÿ aux flux dÊinformations circulant à la vitesse supersonique fut cette valse des communiqués qui infirmaient la parenté avec la mythologie Alien. Pour mieux faire volte-face ultérieurement. LÊécrasante majorité emboîta le pas, alors quÊune rapide enquête en un clic de souris sur lÊidentité des producteurs faisait remonter un nom : celui de Brandywine Productions, à lÊorigine de tout ce qui a trait de près ou de loin à Alien au cinéma. Chose qui se confirmera lors des 10 min présentées à la presse.

ET CES 10 MINUTES ? ¤ lÊissue de ces premières images montrées en exclusivité à un parterre de privilégiés, deux aspects dominent. Primo, Ridley Scott semble faire partie de ce

cercle fermé de cinéastes sachant utiliser intelligemment la 3D relief native [contenu filmé à l'aide de caméras 3D, NDLR]. Lors dÊune séquence sur lÊîle écossaise de Skye dans laquelle un couple de scientifiques découvre dÊétonnantes peintures rupestres, le jeu parfois dantesque avec la profondeur ravit les yeux. Il rappelle à quel point le procédé peut magnifier des plans de coupe ou des scènes de dialogues sÊil est bien géré. Secundo, un sentiment très familier persiste après la séquence spatiale de réveil en hypersommeil. On pense à cette architecture dans les coursives du vaisseau Prometheus faisant écho à celles du Nostromo imaginées par Mflbius, la présence de la compagnie WeylandYutani ou encore ce capitaine taciturne, cette héroïne forte, cet androïde, que des avatars en puissance de Ripley, Ash, Parker, etc. Comme sÊil fallait rassurer à tout prix en convoquant les figures du passé.

Runner. Cette hypothèse dÊun trait dÊunion entre les deux meilleurs films de Ridley Scott est peut-être lÊaspect le plus excitant de Prometheus. Bien plus que de sÊattarder sur les origines de lÊendoparasite xénomorphe. Peut-être parce quÊà trop vouloir connaître une origine, une réponse à nos peurs les plus viscérales, le risque est grand de détruire la puissance de cet effroi, lié à lÊimaginaire de tout à chacun. JULIEN FOUSSEREAU

ET LE MYSTÈRE, B***** ? Loin de nous lÊidée dÊenterrer un film avant de lÊavoir vu car le scénario de Carlton Cuse (une des plumes de la série Lost) cache, on lÊimagine, une variation métaphorique du mythe de Prométhée. Ensuite, la composition et la gestuelle entraperçues de David lÊandroïde interprété par lÊexcellent Michael Fassbender confèrent un trouble rappelant les Nexus 6 de Blade

PROMETHEUS

de Ridley Scott, avec Charlize Theron, Noomi Rapace, Michael Fassbender..., 1h59, 20th Century Fox Sortie le 30 mai 2012



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ROBERT CRUMB :

© Paramount Home Entertainment

Le Chat potté

L’ART COMME EXUTOIRE Autrefois objet de culte dans le milieu underground des années hippies, l’œuvre provocatrice de Robert Crumb se voit consacrée par une rétrospective au Musée d’art moderne de Paris. À cette occasion, Crumb, le documentaire culte de son ami Terry Zwigoff, ressort dans les bacs. DR

Bien avant la fin des aventures de lÊogre verdâtre Shrek, Dreamworks Animation avait annoncé la mise en chantier dÊun spin-off sur Puss in Boots, alias Le Chat potté. Et, si la genèse du félin au charme très latin face à lÊoie aux flufs dÊor manque dÊampleur narrativement, elle nÊen demeure pas moins fort distrayante. Cette absence de profondeur se voit compensée par des traits dÊhumour verbaux magnifiés par Antonio Banderas en très grande forme. Comme à lÊaccoutumée, lÊapport de la haute définition nÊest jamais aussi évident que dans lÊanimation infographique. Un Blu-ray Paramount Home Entertainment JULIEN FOUSSEREAU

Zarafa Jean-Christophe Lie a assisté Rémi Bezançon pour porter à lÊécran ce projet que ce dernier avait à cflur de réaliser. Librement inspiré de lÊauthentique destin de la première girafe arrachée à sa mère lÊAfrique pour être exposée au Jardin des Plantes, Zarafa réconforte par cette animation 2D soignée, à lÊancienne, qui fait du bien dans une époque où, trop souvent, on ne jure que par lÊinfographie. DÊautant que Lie a su recycler certains canons esthétiques en provenance de valeurs sûres comme Michel Ocelot ou Sylvain Chomet. Du coup, on se montre plus indulgent sur quelques faiblesses dÊécriture de Bezançon, notamment dans la conclusion. Un Blu-ray Pathé JF

Minuscule Diffusé initialement sur France Télévisions, Minuscule sÊenvisage volontiers comme un regard parodique dÊun documentaire animalier façon Microcosmos, secoué par un burlesque enlevé et protéiforme. LÊefficacité du dispositif tient à la fois du format court (six minutes maximum par épisode) et du décalage produit par lÊintention de filmer des décors réels bucoliques pour incruster ensuite numériquement une ménagerie facétieuse. Mais le coup de génie est de ne jamais recourir à un commentaire ou une parole humaine intelligible. Parce que son fourmillement créatif fait très souvent mouche, Minuscule se recommande sans aucune réserve. Des DVD Editions Montparnasse JF

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vant son adaptation de Ghost World de Daniel Clowes en 2001 [film qui lança véritablement la carrière de Scarlett Johansson, NDLR], Terry Zwigoff a filmé pendant six années Robert Crumb et son entourage. De ses innombrables heures de rushes, il assemble en 1994 un des portraits dÊartiste les plus étranges et singuliers sur le pape de la contre-culture américaine. Loin, très loin, de lÊhagiographie policée que lÊon rencontre souvent dès lors quÊil sÊagit de mettre en avant lÊfluvre et la personnalité dÊun créateur, Crumb regarde avec une distance tantôt ironique, tantôt compassionnelle, mais toujours juste et nuancée, lÊauteur de Fritz the Cat et de la célèbre couverture du vinyle de Cheap Thrills par Big Brother and the Holding Company. Érigée trop rapidement comme emblème de la contestation culturelle flower power à la fin des années 60, la production artistique de Robert Crumb se définit essentiellement par ses personnages grotesques dans des situations aussi outrageantes que redoutables de précision sur lÊétat de la société américaine. Bien que réalisée à fortes doses de LSD, elle témoigne à la fois dÊune misogynie et dÊune misanthropie finalement peu compatibles avec lÊesprit hippie.

L’ÉCHEC MADE IN USA Obsédé sexuel, monomaniaque dans ses violons dÊIngres (tels que les disques 78 tours de jazz de la Grande

Dépression), vieux con précoce, Robert Crumb, 51 ans à lÊépoque, assume non sans humour son statut de désaxé social. Ce grand échalas chaussé de lunettes à verres pare-balles le revendique et va jusquÊà autoriser Zwigoff à approcher la famille dont il est issu. Pour un résultat aussi impudique que fascinant dans la franchise des propos tenus : entre sa mère Beatrice ravagée par des années de prises répétées dÊamphétamines, Charles son frère aîné aussi talentueux que lui dans le dessin, dès lÊenfance, reclus depuis lors dans la maison familiale avec une camisole chimique pour ne pas succomber à ses penchants pédophiles et destructeurs, et Maxon, le cadet devenu ascétique masochiste dont le quotidien oscille entre création artistique et mendicité pour survivre, les Crumb incarnent une certaine idée de la famille américaine dans son versant le plus sombre et désespéré. Plane le fantôme dÊun père violent, décédé, ancien Marine reconverti en homme dÊaffaires, obsédé par lÊidée de réussite financière et de performance au point de renier ses fils marginaux.

sein de la vie américaine moderne plus supportable. Comme Crumb le dit luimême : ÿ Si je ne dessine pas pendant un moment, je deviens vraiment dingue, dépressif et suicidaire⁄ mais lorsque je dessine, jÊai des envies de suicide de toute manière ! Ÿ Peut-être son exil dans le Languedoc depuis près de 20 ans lÊaura-t-il stabilisé⁄ JULIEN FOUSSEREAU

c Crumb de l'underground à la Genèse Exposition au Musée d'Art moderne de Paris jusqu'au 19 août 2012. 11 avenue de Président Wilson Paris XVIe

DESSINER POUR SURVIVRE La réussite de lÊexercice de Zwigoff réside dans cette explicitation de lÊexpression artistique et de son urgence. Même sÊil est question dÊune revanche sur son père, celui que lÊon a surnommé le Bruegel du XXe siècle dessine parce que cela lÊaide à rendre son existence au

COFFRET CRUMB

Collection Phares et Balises Crumb (1994) de Terry Zwigoff, 2h 16,99 €



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Contrebande de Baltasar Kormákur

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BURTON, DEPP, HUITIÈME ! I

nconnu chez nous, Dark Shadows, soap opera quotidien gothique virant peu à peu fantastique, généra un culte vivace aux États-Unis de 1966 à 1971. Le projet Burton / Depp a conservé lÊintrigue principale : la damnation de Barnabas Collins, riche gentleman du Maine à la fin du XVIIIe siècle, dont le caractère cavaleur provoque le courroux dÊune sorcière éconduite. Ivre de vengeance, elle assassine le grand amour de Barnabas avant de transformer ce dernier en vampire, lÊenfermer dans un cercueil en acier et maudire sa famille. 200 ans plus tard, Barnabas est accidentellement libéré et entend bien sÊamender.

Sortie le 16 mai JULIEN FOUSSEREAU

The Deep Blue Sea de Terence Davies

Sortie le 20 juin JF

Off World de Matéo Guez Un jeune Philippin, adopté petit par une famille canadienne et obsédé par ses origines, décide de revenir à Manille, et plus particulièrement à Smokey Mountain, son immense bidonville. Off World raconte son voyage intérieur. Le Français Matéo Guez déploie un talent évident de mise en scène avec de belles fulgurances sensorielles et intimes. Malgré un budget serré et un tournage éclair, il est parvenu à mettre en avant une certaine beauté dans la laideur d'une décharge à ciel ouvert. On regrettera d'autant un gros coup de mou lors de la conclusion trop artificielle. Matéo Guez n'en reste pas moins un jeune réalisateur à suivre. Sortie le 27 juin JF

PEACE AND BLOOD Pas de doute, dès les premières minutes, lÊaficionado Burtonien est en terrain connu tant le réalisateur dégaine nombre de ses obsessions stylistiques désormais bien connues. Mais lÊexcellente idée est dÊavoir situé le récit en 1972, soit après le soap, dans une Amérique en plein bouleversement sociologique. Le décalage de ce contexte post flower power avec

MARIAGE IMPOSSIBLE ? Dark Shadows diffuse une certaine fraîcheur tant il conjugue la moelle déjantée, gentiment déconneuse de Beetle Juice, avec le revival gothique aperçu dans Sleepy Hollow. Cela devient plus problématique quand ces à-côtés, aussi amusants soient-ils, apparaissent finalement plus intéressants que lÊhistoire principale axée sur la lutte amour / haine entre Barnabas et la sorcière Angélique, pas aidée par le cabotinage dÊEva Green et une conclusion très laborieuse. En même temps, ils traduisent peut-être une difficulté presque insurmontable pour un objet filmique, arrêté et en vase clos par définition, à faire sienne la dramaturgie du daily soap, de nature feuille-

tonnesque, aux contours flous, et vouée à durer éternellement. Tel un vampire cathodique, en somme. JULIEN FOUSSEREAU

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Dark Shadows De Tim Burton Avec Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Eva Green Distributeur Warner Bros Durée 1h53 - Actuellement en salles

LES MUPPETS RELOADED Kermit, Peggy, Gonzo et les autres sont éternels. Après plusieurs longs-métrages poussifs, l’univers de Jim Henson connaît un beau retour aux sources nostalgique. porain sans jamais tomber dans le bêta. Les Muppets, le retour se montre même par moments très malin dans ses clins dÊflil autoréférentiels sur le spectacle en train de se jouer. Évidemment, le film nÊéchappe pas à quelques baisses de régime et, à lÊinstar des grincheux Statler et Waldorf, la tentation est grande de dire que cÊétait mieux avant. Mais, face à lÊémouvante nostalgie de cette dernière cuvée, on ne quitterait notre balcon pour rien au monde.

© WALT DISNEY HOME ENTERTAINMENT

¤ l'origine pièce de théâtre anglaise ayant connu un grand succès dans l'après-guerre, The Deep Blue Sea raconte la fin d'une liaison adultérine et les limites de la passion au quotidien sur fond de lutte des classes. Terence Davies, qui avait déjà traité de thèmes similaires dans l'excellent Chez les heureux du monde, semblait tout trouvé. Las ! ¤ trop coller à la pièce, il en oublie d'être cinéaste. Malgré les talents cumulés de Rachel Weisz et Tom Hiddleston, The Deep Blue Sea est plombé par un immobilisme qui sent les planches. Et la passion dévorante de se transformer en somnifère puissant.

Barnabas, son parler anachronique et ampoulé, est dÊautant plus fort. Et drôle. Tim Burton sait tirer profit comme personne du potentiel comique pince-sansrire de Johnny Depp. La star assure le spectacle tant par le verbe haut que par sa gestuelle guindée, secondé par Michelle Pfeiffer et Helena Bonham Carter, toutes deux parfaites.

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Tim Burton et Johnny Depp semblent ne plus se quitter. En adaptant pour le grand écran Dark Shadows, feuilleton gothique culte aux États-Unis, ils réalisent un rêve de gosse fort amusant quoiqu’un peu brouillon. Remake américain du thriller islandais nerveux Rotterdam Reykjavik, Contrebande est le parangon actuel du film de série B aussi efficacement exécuté que prévisible. Dans cette trame classique de lÊancien délinquant expert en son domaine, contraint de replonger pour protéger les siens, Mark Wahlberg est clairement en pilotage automatique. La surprise vient plutôt dÊun sens du rythme échappant de temps à autre à la norme hollywoodienne qui veut que l'on canarde toutes les dix minutes. Contrebande ne rentrera pas dans lÊhistoire, mais son absence de prétention et de glamour le rendent attachant.

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uÊest-ce quÊon a pu aimer les Muppets ! Jim Henson avait créé une émission irradiée par cette simplicité évidente, cet humour à la fois rigolard et dÊune tendresse infinie. CÊétait une autre époque, plus insouciante⁄ plus innocente aussi. Les Muppets, le retour en a parfaitement conscience en situant

son histoire dans un présent matérialiste et bas de plafond qui semble avoir oublié Kermit et sa glorieuse troupe. Fan du show, le comédien Jason Segel (Marshall dans How I Met Your Mother) en a gardé lÊesprit avec son scénario refusant la tonalité cynique surabondante dans lÊhumour contem-

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Les Muppets, le retour De James Bobin Avec Jason Segel, Amy Adams, Chris Cooper Distributeur : Walt Disney Home Entertainment En DVD et Blu-ray


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Téléviseur Panasonic TX-P50VT50E 3D

Diagonale de l'écran : 50" - 127 cm, 3D TV Full HD certifiée THX, HD TV 1080p, TNT HD MPEG4 et tuner câble/satellite. Les lunettes sont indispensables pour profiter de la 3D, 2 paires de lunettes incluses. Prix indicatif : 1999 €

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Deux millions de livres à télécharger, pratique, intuitif et facile à utiliser grâce à son écran tactile. Même confort de lecture qu’un livre papier avec des tailles de police adaptables, léger comme un livre de poche, grande autonomie de lecture jusqu’à 30 jours. Prix indicatif : 129,90 €

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Clé USB MP3 Sony NWZ-B172F FM noir 2 Go

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Nikon D5100

Appareil photo numérique reflex doté d’un objectif Nikon AF-S DX VR 18 - 55 mm f/3.5 - 5.6 G 16,2 Millions pixels ; Sensibilité ISO : 100 - 6400 Prix indicatif : 629,90 €

Casque UHF Sennheiser RS180 Sennheiser propose un casque sans fil UHF élégant d’une autonomie d’une vingtaine d’heures. Compatible jack 3,5 mm et livré avec adaptateur 6,35 mm. Prix indicatif : 199,90 €

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Inazuma Eleven 2 : Tempête de feu / glace Level 5

Depuis lÊannée dernière, le phénomène Inazuma Eleven sÊest bien implanté avec un beau succès dÊaudiences sur Gulli pour lÊanime. Concernant ce deuxième volet, Mark, Axel, Jude et les autres ont à peine le temps de savourer leur victoire au Football Frontier que des extraterrestres au jeu footballistique surhumain menacent la survie de lÊhumanité. Fondamentalement, les quelques nouveautés (arrivée des supers tirs du fond de terrain et possibilité de les ralentir avec des parades) bouleversent peu le gameplay ÿ Japan RPG Ÿ. Malgré cela, les aventures de nos super héros du ballon rond sont toujours aussi plaisantes à suivre.

Très vite, les taches violacées recouvrent les mains, le cou, le dos d’Elena. Des bulbes éclatent où percent les premiers filaments. Sous la peau, les articulations fondent en magma douloureux. Sa voix se perd comme son visage. Elena bientôt disparaîtra, à moins d’ingérer la chair de maître. © Nintendo / Ganbarion

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mon amour ! Disponible sur Nintendo DS, compatible 3DS JULIEN FOUSSEREAU

Twisted Metal Sony Computer Entertainment Dans la catégorie ÿ pas bien fin mais défouloir efficace Ÿ, la série Twisted Metal a toujours occupé une place de choix. Le petit dernier à paraître sur PS3 ne déroge pas à la règle : des clowns psychopathes échappés de Slipknot dans des véhicules blindés et armés jusquÊà la galerie se mettent sur la tronche dans un décorum routier apocalyptique. ¤ ce petit jeu-là, Twisted Metal cuvée 2012 est taillé pour assurer en multijoueurs. CÊest effectivement le cas, même sÊil faut faire avec un mode en ligne pénible dès quÊil sÊagit dÊaccéder à une partie. En outre, le mode solo est loin dÊêtre des plus engageants. Disponible sur PlayStation 3 JF

Zumba Fitness 2 sur Wii / Rush sur X360 Kinect 505 Games Après le succès de lÊédion de 2011, six millions dÊexemplaires vendus, Zumba Fitness revient sur Wii et Xbox360 Kinect avec de nouvelles chorégraphies et options.Vous nÊaurez pas tout de suite la souplesse et la tonicité des danseuses du jeu, mais vous pouvez au moins dépenser quelques calories en vous amusant. Les mouvements sont agréables, dansants, on nÊa donc pas lÊimpression de faire de lÊexercice. Même sans aucune coordination, pas à pas, on parvient à suivre la chorégraphie, car les mouvements sont répétés plusieurs fois. Avec plusieurs niveaux de rythmes et des musiques variées, on peut sÊamuser très longtemps. On vous conseille de choisir la version Xbox 360 Kinect qui réserve plusieurs exclusivités. Disponible sur Wii et Xbox 360 LOUISA AMARA

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rgence, concision et retour maison sont les clefs de PandoraÊs Tower. Une prêtresse frappée dÊune malédiction, aidée dÊun paladin et dÊune marchande aux airs de sorcière, est cachée aux bords de deux mondes. Le générique fait office dÊintroduction, aussi serrée quÊune série B, jusquÊà surplomber 13 tours où débute la chasse aux monstres. Il faudra revenir, creuser plus profond lÊexploration des donjons pour ramener une à une les pièces de chair qui seules peuvent endiguer le mal. Habile dÊune chaîne puissante, Aeron le preux pourfend monstres et coffres avant de combattre chaque maître de donjon. Irrémédiablement, la trame suit la trace des maîtres sans accuser répétition et linéarité, tant lÊarchitecture des tours se développe insidieusement, et du fait même de lÊurgence du retour avant lÊaltération totale dÊElena. Recluse, elle attend sans rêver dans lÊantichambre des promesses et des hontes. Espoir lié à la guérison, fait de cadeaux et dÊattention, de fenêtres sur lÊétat du monde environnant le cam-

pement. Violent dégoût conscient du mal transformant Elena en masse de chair aux tentacules rampantes, habitée dÊune autre vie, alors quÊon peine ou prend plaisir aux combats dans les tours en contrebas. Et chaque morceau de chair écflurant quÊElena en spasmes ingurgite pour calmer la propagation parasite est une souffrance. Cette chaîne, aux pouvoirs nourris des victoires, assiste Aeron dans sa course contre le temps. Quasi vivante, elle emploie gracieusement les fonctions du combo nunchuck-wiimote (waggle, pointage, zoom, stick⁄) pour tirer, lier, agripper, jeter, arracher, exploitant avec finesse les espaces tortueux des donjons en combats vifs et tactiques. Les objets trouvés dans les coffres et soumis à Maeva la marchande seront agencés diversement pour confectionner potions, armures et petits présents. Cette dimension science & travaux renforce encore les liens du trio paria. Progressif sur tous les axes (équipement et combats, arcs interrelationnels et narratifs, fins multiples), cette fresque

terminale, intime et lugubre, surprend et, dÊun coup de chaîne, se hisse au sommet du genre aventure-action. STÉPHANE URTH

PANDORAÊS TOWER Nintendo / Ganbarion Action / Aventure / RPG Disponible sur Wii



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MAX PAYNE 3 : la samba des pétoires

Envie dÊune pause dessin, sans sortir cahiers et pots dÊaquarelle ? Dédié aux gauchers comme aux droitiers, Colors! 3D offre plus quÊun carnet de croquis de secours et profite des fonctions 3D et Wi-Fi de la 3DS. Sa prise en main, aussi agréable en sessions courtes quÊadaptée à un travail élaboré, utilise tous les boutons. Les attributs du pinceau (couleur, épaisseur, opacité⁄) et les outils de navigation (zoom, calques⁄) sont implémentés sur une interface claire avec raccourcis. Accessible et performant, construire une scène au relief saisissant est simple avec les cinq calques superposables. Mesurez vos réalisations à celles postées sur www.colorslive.com ! Il est possible dÊimporter un sujet depuis de nombreuses sources : photo stockée sur carte SD, étape dÊun dessin réalisé sur Colors! 3D. En effet, toute image conçue sur lÊapplication conserve un historique mémorisant jusquÊà six heures de replay ! ¤ vos stylets !

© Rockstar

Après neuf ans d’absence, la franchise culte d’action du début des années 2000 renaît sous le soleil du Brésil grâce à l’impulsion de Rockstar. Pour un résultat riche et explosif.

Disponible en téléchargement sur l'eShop de la Nintendo 3DS, 6 € STÉPHANE URTH

© Focus Home Interactive

Yesterday Focus Home Interactive

Les Espagnols de Pendulo Studios font partie des derniers artisans du point & click à lÊancienne. Les nostalgiques de Monkey Island et Day of the Tentacle gardent en mémoire la réussite de la série Runaway. Leur nouveau bébé, Yesterday, se veut nettement plus sérieux, mais sans rien perdre de la qualité irréprochable de leurs productions. Graphismes, voix et musiques créent une ambiance parfaite. En nous donnant à incarner un personnage amnésique, le scénario sÊépanche dans des rebondissements à foison. LÊhistoire est le point fort du jeu, avec une excellente galerie de personnages et des surprises jusquÊà la conclusion. Les énigmes sont classiques et un système dÊaide est disponible en permanence. On conseillera de ne pas abuser de la triche, sous peine de plier Yesterday en trois petites heures maximum. Car cÊest bien là le seul point faible du titre : une durée de vie minimale. Le prix à payer pour un rythme sans temps mort et une grande variété dÊenvironnements. Disponible sur PC JULIEN FOUSSEREAU

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atrix rencontre John Woo. Voilà qui résumait parfaitement la proposition de jeu faite en 2001 par Max Payne. Le titre de Remedy Entertainment fut lÊun des acteurs de la maturation du jeu de tir objectif avec cette histoire incroyablement sombre narrant la descente aux enfers dÊun agent new-yorkais des stups infiltré dans le Milieu après que sa famille eut été sauvagement assassinée. Au-delà de ses influences fortes avec le roman graphique néo-noir, le joueur retint surtout un gameplay jamais vu auparavant, avec ses fusillades homériques et chorégraphiées selon les codes des polars hongkongais de John Woo, et lÊemploi du bullet time de Matrix comme outil de jeu. En effet, à cause de sa forte dépendance aux analgésiques, Max pouvait déclencher un ralentissement spatio-temporel pour mieux dessouder des cohortes dÊennemis avec style et maîtrise grâce à son réticule de visée maintenu en temps réel.

Y’A DU SOLEIL ET DES GANGSTAS (DARLADILADADA) Huit ans après sa tragédie personnelle, Max est dans une impasse. Un concours de circonstances sanglantes le contraint à quitter New York pour devenir chargé de la sécurité rapprochée de la puissante famille Branco de São Paulo. Pile poil le moment pour que la femme du

chef de clan se fasse enlever par un gang des favelas. Évidemment, ce rapt est lÊarbre cachant la forêt⁄ Le connaisseur de polars saura détecter rapidement les tenants et aboutissants dÊune machination à lÊancienne. Mais la forme, quant à elle, subjugue. Le processus dÊidentification du joueur pour Max Payne passait essentiellement par la voix de James McCaffrey auparavant sur des temps morts sous la forme de planches de comic book. Si quelques réminiscences de BD demeurent, Max Payne 3 louche bien davantage sur le septième art avec ses cinématiques où la sursaturation colorimétrique, la surimpression de morceaux de dialogues sur lÊécran et la caméra à lÊépaule hyper nerveuse rappellent Man on Fire ou Tropa de Elite.

Rockstar respecte lÊhéritage des précédents volets en refusant la santé autorégénérative, et en profite pour développer une intelligence artificielle étonnamment agressive, véloce et tacticienne. Ainsi, Max Payne 3 revendique un fond old school sans renoncer à une forme très actuelle. Et cÊest franchement pas plus mal. JULIEN FOUSSEREAU

LA NOBLESSE DU CHALLENGE En cela, les excellents moteurs graphiques de GTA IV et Red Dead Redemption contribuent à faire corps avec la destinée de Max Payne dans les entrailles de São Paulo. Rockstar apporte force détails à lÊenvironnement et aux multitudes de corps appelés à être plombés. LÊinertie extrêmement réaliste de ces derniers surprend constamment, celle de Max en particulier avec son immense variété de mouvements prenant en compte trajectoire, positionnement sur le terrain, puissance du calibre employé ou encore région anatomique visée. DÊautant que

MAX PAYNE 3 Développeur : Rockstar Distributeur : Take-Two Interactive Sur Xbox 360, PS3 (18 mai) et PC (1er juin)



zoom Noir, de Götting Un roman noir en BD proposé au format manga ! Un mécano polonais se fait licencier, il offre ses services à un gangster, mais il manque la cible désignée. En revanche, il réussit à séduire brièvement lÊépouse du redoutable patron. Götting avait commencé sa carrière avec des récits policiers que nÊaurait pas reniés la célèbre Série Noire. Son encrage charbonneux à souhait donne de la densité à son trait épuré. Proches des romans de Goodis, ses histoires correspondent parfaitement à lÊambiance du jazz. Deux à trois cases par pages, un rythme séquentiel très bref, une chute inattendue.

Barbier et Mathon, 160 p. n&b, 8 € JEAN-PHILIPPE RENOUX

Photo de la favela, de André Diniz CÊest lÊhistoire dÊun petit garçon brésilien qui se passionne très jeune pour la photo et devient plus tard un photographe réputé qui expose dans le monde entier. Rien de bien exceptionnel, si ce nÊest que lÊenfant, dont le père est trafiquant de drogue, est né et vit dans la favela de Rio. Comment ? On peut donc sÊen sortir sans quitter une favela ? Mauricio Hora en est la preuve vivante et André Diniz raconte sa vie à grand coup de contrastes de noirs et blancs intenses. ¤ la fin de lÊalbum, le lecteur nÊa plus quÊune envie, voir les fameuses photos de Mauricio, qui mitraille son quotidien avec un objectif et pas une arme à feu. Ça tombe bien, elles sont reproduites en postface.

Des ronds dans lÊO, 96 p. n&b, 17 € THIERRY LEMAIRE

La Vie de Norman,T.3 La Vengeance de Garance, de Stan Silas Norman ayant disparu, tous ses camarades se lancent bille en tête à sa recherche, aidés par leur maîtresse plus hystérique que jamais. Garance, de son côté, ne se sent pas dans son état normal⁄ Dans un style SD (ÿ Super deformed Ÿ) caractéristique de la culture geek, avec un trait pour le moins expressif, cette chouette série ne cesse dÊarracher des éclats de rire, et de tenir en haleine grâce à un jeu de piste honnêtement négocié. Bien quÊutilisés à des fins délirantes et bon enfant, certains détails gore (ça démarre fort avec une fillette suspendue à un croc de boucher, se vidant de son sang) restent toutefois déconseillés à un jeune public.

Makaka, 64 p. couleurs, 13,40 € GERSENDE BOLLUT

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ILÉANA est une jeune artiste roumaine qui a étudié la céramique aux Beaux-Arts de Cluj-Napoca, Roumanie. Elle a appris le français en lisant des albums de BD au Centre culturel français de sa ville, et cÊest ainsi quÊelle a décidé dÊexpérimenter elle-même cette forme d'art. Son premier album, Edouardo le renardeau, est sorti en avril 2009 chez Makaka éditions. En 2012 sortira Le Journal dÊun Dompteur de Chaises chez le même éditeur.


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c Retrouvez chaque jour une BD inédite et gratuite sur http://30joursdebd.com

zoom Munroe,T.3, de Christian Perrissin et Boro Pavlovic Cette saga familiale à la Dallas dans lÊunivers du café prend la tournure dÊun polar haletant au cflur du Kenya aux accents toujours coloniaux et aux inégalités criantes. Soupçonné dÊun meurtre odieux, Sean Munroe, évadé de prison, cherche à se venger de cette ignoble accusation. Son poursuivant, le vieil inspecteur noir Njoya, doute de plus en plus de sa culpabilité... Sa sflur cherche aussi à lÊinnocenter en se rendant dans le dangereux bidonville de Kibera. Décidément, Christian Perrissin signe un thriller social original et percutant, fort bien mis en scène et dessiné par le Croate Boro Pavlovic. Leur 10e album en commun. Fin dans le T.4.

Glénat, 48 p. couleurs, 13,90 € MANUEL F. PICAUD

LÊEnfant maudit,T.2, de Galandon et Monin Après leur fabuleux diptyque L'Envolée sauvage, dont un second cycle sera dessiné par Hamo, les deux auteurs terminent enfin une quête identitaire complexe offrant finalement un pont avec lÊfluvre initiale. Gabriel Clairemont a été abandonné en novembre 1945. Après une rixe dans une manifestation de mai 1968, le CRS André Robin lÊaccuse dÊêtre un bâtard de père boche. Troublé, le jeune Creusois finit par ressentir le besoin de revenir sur ses origines et faire taire sa malédiction. Le chemin est rude et plein de surprises... Laurent Galandon livre un récit sensible, sublimé par le dessin semi-réaliste dÊArno Monin.

Grand Angle, 58 p. couleurs, 13,90 € MANUEL F. PICAUD

Ratman, de Sekihiko Inui Phonétiquement, Ratman pourrait passer pour un pastiche de Batman. Mais cÊest avec SpiderMan quÊil partage le plus de points communs. Shutô, un lycéen de 15 ans, vouait un culte aux superhéros, avant dÊen devenir un lui-même dans des circonstances cocasses. Désormais, il est Ratman, héros épris de justice mais sapé comme un supervilain, ce qui est fatal dans une société qui ne juge que sur les apparences. Quels que soient ses coups dÊéclat, Shutô est poursuivi comme un malfaiteur, comme Peter Parker avant lui. Avec en prime lÊintervention récurrente dÊun lot de petites culottes. De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités !

Kana, 180 p. n&b, 6,85 € JÉRłME BRIOT

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zoom Sherman,T.6,Le Pardon Jeannie, de Stephen Desberg et Griffo Dernier acte pour ce passionnant thriller questionnant la morale. Dans les années 1950, le banquier Jay Sherman aimerait se faire pardonner ses relations confuses avec le régime nazi et lÊabandon de sa fille Jeannie. Après lÊassassinat de son fils, un mystérieux maître-chanteur le menace de ruine et sa fille de mort. Malgré quelques répétitions, Stephen Desberg dénoue complètement et brillamment lÊintrigue ancrée dans un contexte historique crédible. Spécialiste de la manipulation, il surprendra plus dÊun lecteur par la conclusion inattendue. Son complice Griffo livre dÊélégantes planches réalistes, joliment mises en couleurs. Une série réussie.

Le Lombard, 48 p. couleurs, 12 € MANUEL F. PICAUD

Gueule dÊamour, de Delphine Priet-Mahéo et Aurélien Ducoudray ˜mes sensibles, sÊabstenir : même si le trait de Delphine PrietMahéo ne manque pas de délicatesse, lÊouvrage est assez dur pour bouleverser. Les gueules dÊamour, ce sont les gueules cassées, ces monstres difformes engendrés par la Première Guerre mondiale. Fort de son expérience de documentariste, Aurélien Ducoudray sÊempare du sujet sans concession : choc de lÊimpact, lente réinsertion dans le quotidien, entre commisération des bonnes fluvres, petits arrangements avec les prostituées ou affinités avec dÊautres damnés de la terre, tels les Africains des zoos humains. Un sujet coup de poing, éminemment grave et toujours dÊactualité, même si les mutilations physiques des soldats laissent désormais plus souvent place à dÊinvisibles – mais non moins profonds – stigmates psychiques.

La Boîte à Bulles, 96 p. n&b, 19 € JULIE BORDENAVE

Alger la noire, de Jacques Ferrandez, dÊaprès Maurice Attia Un couple enlacé, sans vie, est retrouvé un matin de 1962 sur une plage dÊAlger. Le garçon est arabe, sur son dos les lettres OAS ont été gravées au couteau. Il est dans les bras de la fille dÊun notable européen de la ville. Est-ce un Roméo et Juliette à la sauce pied-noir, ou sÊagit-il, comme le suspecte lÊinspecteur Paco Martinez, dÊun crime plus vaste, maquillé pour le faire croire ? Polar palpitant dans un contexte historique sensible, et un Jacques Ferrandez parfaitement à lÊaise dans lÊexpression graphique de cette Algérie de 1962 ; ce livre est à tous points de vue une réussite.

Casterman, 132 p. couleurs, 18 € JÉRłME BRIOT

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AMOUR, PASSION ET CX DIESEL : Fabcaro, James et BenGrrr nous racontent lÊunivers impitoyable de la famille Gonzales. Entre les enfants qui convoitent ardemment la magnifique CX diesel du patriarche Harold et les scènes de la vie quotidienne qui tournent au drame, on ne sÊennuit pas chez les Gonzales. Moustaches et nuques longues finiront de vous convaincre de la nécessité de découvrir cette série addictive. c Amour, passion et CX diesel, 48 p. couleurs, Fluide Glacial




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