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Edito La variété de cette livraison d’été, Zébra la doit à plusieurs auteurs de BD, illustrateurs, et poètes qui, répondant à notre invitation, ont accepté de publier leurs travaux aux côtés des contributeurs réguliers, présents depuis le lancement du fanzine en 2011 ; dans l’ordre d’apparition au sommaire : Franck K. May, Philgreff & Monsieur Pyl, Pirikk, Zinocircus et Bertrand Demagny. Nous avons reçu aussi la candidature lointaine d’un dessinateur du Burkina Faso, Nabaloum Boureima, que nous remercions tout spécialement pour son illustration de couverture. La plupart des contributeurs de ce numéro tiennent des blogs, personnels ou collectifs, mis à jour régulièrement ; vous trouverez leurs adresses dans le sommaire détaillé ci-contre. Bonne lecture ! Z.
Zébra 8 été 2014 2/14 - Gags W.Schinski http://www.kritzelkomplex.de
5 - Sardou m’a tuer par Naumasq
11 - Pêché sur le Net 13 - Franck K. May www.contactbd.fr
15 - The Pylgreff Project http://philgreff.illustrateur.org http://monsieurpyl.overblog.fr
21 - Actus BD 24 - Signé Naumasq http://naumasq.canalblog.com
26 - Pirikk www.mister-hyde.com
27 - Zinocircus www.zinocircus.com
31 - L’Oeil de Zombi http://autrou.20minutes-blogs.com
33 - Cour commune par Nabaloum Boureima
37 - Poèmes par Bertrand Demagny
40 - G. Doré au Grand Palais par Aurélie Dekeyser
42 - Réduction de têtes littéraires par Antistyle
45 - Conte drôlatique par Saki
48 - Vallotton, le Feu sous la Glace par François Le Roux
50 - Kritik BD http://fanzine.hautetfort.com/kritik
53 - Jeux BD 54 - Les Strips de Lola A. Dekeyser - http;//striplola.tumblr.com
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Rédaction : Aurélie Dekeyser, François Le Roux (zebralefanzine@gmail.com) ; BD : N. Boureima, A. Dekeyser, Naumasq, W.Schinski, Zinocircus ; Illustrations : Antistyle, Frank K. May, Philgreff, Pirikk, Zombi ; Couverture : Nabaloum Boureima ; Poèmes, textes et trad. : Laurent Demagny, F. Le Roux, H.H. Munro, Monsieur Pyl ; Maquette : asso. Zébra (loi 1901). Blog Zébra : http://fanzine.hautetfort.com Twitter : http://twitter.com/zebralefanzine n° ISBN : 978-2-9547556-2-5
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Pêché sur le Net
Avant
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d’avoir commencé, la coupe du Monde de football 2014 a déclenché une polémique dans laquelle certaines images ou dessins de presse ont été impliqués. La fresque de l’artiste Paulo Ito, peinte sur le mur d’une école de Sao Paulo, a fait le buzz grâce à internet, devenant l’emblème de l’opposition à la grand’ messe du football. Paulo Ito a ainsi contribué involontairement à déstabiliser un gouvernement brésilien « progressiste » dont il a dit se sentir proche.
L’artiste parisien Xavier Bureau, alias Burlingue, expose chaque année ses gouaches de couleurs vives aux motifs le plus souvent satiriques. Il n’a pas de mal à en vendre plusieurs dizaines, étant donné les prix modiques qu’il affiche (autour de 100 euros pour une œuvre encadrée). Burlingue a confié à Zébra s’être mis à l’illustration sur le tard, après une carrière de galeriste d’art. Sa maîtrise technique ne laisse pas deviner un autodidacte. En dépit de ses talents d’humoriste et de caricaturiste, il a peu été sollicité par la presse (« L’Arche », « L’Express »). Bien que cet artiste ne se laisse pas admirer facilement (pas de recueil de ses œuvres paru à ce jour), son site internet personnel donne un aperçu de son travail : http://burlingue.hekoya.fr (Ci-contre : deux gouaches de Burlingue : Portrait de Giacometti et « Circulation »)
Comme celles de Burlingue, les œuvres (linogravures) de l’Anglais Baggelboy (Alan Rogerson) comportent de nombreux motifs et symboles démoniaques, mêlés à des éléments, objets, personnages ou décors, caractéristiques de la vie moderne. Le blog de l’artiste, installé à Cambridge, présente un large échantillon de son travail de graveur : http://baggelboy.wordpress.com
Quel artiste ne tient pas, désormais,
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par ces artistes. Amandine Brûlée présente ainsi sur son blog, délicatement intitulé http://jetebaise.overblog.com des croquisportraits de plus en plus expressifs.
La plupart des fanzines du monde entier sont consultables gratuitement en ligne sur des sites de partage de fichiers. Il suffit de fouiller un peu pour dénicher quelques perles. Le fanzine « Flûtiste », lancé par des élèves de l’école d’art Olivier de Serres regroupe quelques jeunes illustrateurs talentueux :http://issuu.com/flutistefanzine (spécialement le n°5).
Ci-contre : illustration d’Alan Rogerson, alias Baggelboy, extraite d’une longue série.
http://baggelboy.wordpress.com
TOP BLOGS-BD Utilisés d’abord par les pionniers comme outils de travail et rampes de lancement, les blogs-BD perso ont passé le cap de l’amateurisme, rivalisant pour certains avec des travaux et des publications disponibles en kiosque ou en librairie. Les éditeurs n’hésitent pas à puiser dans ce vivier de nouveaux talents. Nous proposons ici un choix des meilleurs blogs-BD/illustration du moment, dont les auteurs postent régulièrement de nouveaux travaux : PHILGREFF + http://philgref.illustrateur.org BD, illus, jeux & rock’n roll : THE blog-BD ! MISTER HYDE + www.mister-hyde.com Collectif sarcastique. JOAN CORNELLA + http://elblogdejoancornella.blogspot.fr Vice sans fin. ZINOCIRCUS + www.zinocircus.com C’est quoi ce cirque de la vie ? GRAND PAPIER + www.grandpapier.org BD partagée en ligne gratuitement. Portrait vivant d’un fan de BD par Amandine Brülée
sur http://jetebaise.overblog.com
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Jean-Félicien
Opérateur téléphonique dans une boutique indienne, tu réponds du soir au matin toujours avec la foi... Tu es une pieuvre et tu prends huit, dix appels à la fois, le téléphone saute sur la table, pas de pause méridienne...
ce job, Jean-Félicien... (x2) Dix rangées de seize téléphones, cent soixante téléphones et le patron à l'improviste débarque et te sermonne... Attaché-case, cigare aux lèvres et en voiture Simone... Et même à la débauche de nuit, la sonnerie résonne… Jean-Félicien, tu travailles comme un chien... C'est pas humain, ce job, Jean-Félicien... (x2)
Jean-Félicien, tu travailles comme un chien... C'est pas humain, ce job, Jean-Félicien... (x2)
Allez prends ton courage à deux mains, déverse l'essence Jean-Félicien... Allume ton briquet Jean-Félicien Et tout flambe et tout flambe... (x2)
Note les doléances du client sur un petit carnet puis rappelle le client souriant cent pour cent satisfait d'un accent russe, tchèque, roumain, d'un accent marocain mais dis-lui que tu appelles de la centrale de SaintOuen... Jean-Félicien, tu travailles comme un chien... C'est pas humain,
Jean-Félicien, tu travailles comme un chien... C'est pas humain, ce job, Jean-Félicien... (x2) 13
« The Pylgreff Project » - paroles et musique de Mon-
« THE PYLGREFF PROJECT » Philippe Greffard, alias « Philgreff » est l’auteur d’une série de personnages burlesques, les «JeanQuelquechose» , publiés régulièrement sur son blog perso : (http:/philgreff.illustrateur.org). Pour compléter une première série « muette », dont Zébra a publié quelques extraits dans son précédent numéro (hiver 2014), l’illustrateur s’est mis en tandem avec Monsieur Pyl, moderne troubadour qui compose paroles et musique pour chaque nouveau Jean -Quelquechose. - Tous ces personnages, on les connaît. On les croise dans la vie de tous les jours. Installé dans le Pays Yonnais (d’ailleurs contributeur au « Sans-Culotte », gazette satirique vendéenne), après avoir renoncé à enseigner l’histoire-géo pour se consacrer entièrement au dessin, Philgreff propose donc aux lecteurs de son blog (150.000 depuis son lancement) une formule qui mélange l’illustration, l’internet et la musique de son complice Monsieur Pyl. On peut se procurer la première série des « JeanQuelquechose », réunis dans un album disponible chez www.Thebookedition.com Les deux compères ont aussi prévu une tournée de concerts au cours de l’été 2015 (renseignements sur leurs blogs respectifs). Et, bien sûr, on peut admirer la série complète des Jean-Quelquechose, écouter les pastiches musicaux de M. Pyl sur les blogs des auteurs : - Philgreff : http://philgreff.illustrateur.org - Monsieur Pyl : http://monsieurpyl.over-blog.fr Z.
« Dans la réalité, Pyl m'envoie sa chanson sans que je la connaisse au préalable, puis je la dessine, il me laisse toute liberté pour la représentation. il est le principal architecte du projet et notre collaboration se passe à merveille. » Philgreff
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Actus BD
Circulation : dessin signé Nabaloum Boureima (Burkina Faso), pour illustrer les relations entre les dirigeants occidentaux et l’Organisation des nations africaines.
JUSTICE NULLE PART, SATIRE PARTOUT ?
FRONDE DES AUTEURS
L’annonce d’une augmentation substantielle de leurs cotisations de retraite en 2016 a déclenché un tollé des professionnels de BD, dessinateurs et coloristes ; la multiplication de leur nombre au cours des dernières décennies a entraîné une baisse substantielle des revenus de chacun. Un collectif de 750 d’entre eux a écrit à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti pour protester (« L’Humanité » a publié des extraits du communiqué le 11 juin 2014). Quelques auteurs renommés se sont joints à ce concert de protestations, dont Enki Bilal, René Pétillon, Joann Sfar, Pénélope Bagieu, etc.
En voie de disparition dans la presse, la caricature ou dessin de presse connaît un regain grâce à Internet, qui permet à de nombreux amateurs plus ou moins doués de s’y adonner, ainsi qu’à des professionnels de publier les dessins refusés par leurs rédacteurs en chef. Le web donne aussi accès à des dessins publiés dans le monde entier, y compris dans certains pays du tiers-monde. Néanmoins c’est un dessinateur qui œuvre surtout dans la pres-
se traditionnelle qui a défrayé la chronique cette année, puisqu’il s’agit du dessinateur vedette du « Monde », Plantu. Un de ses dessins, publié en Une du quotidien, a fait scandale en comparant un militant de la CGT à un islamiste radical. Les éditions Bayard, éditrices d’un ouvrage sur la liberté d’expression, lorsqu’elles ont découvert qu’il comportait un dessin de Plantu représentant le pape en train de sodomiser un enfant de chœur, ont procédé au pilonnage de l’ouvrage (les éds. Bayard sont notamment spécialisées dans la publication d’ouvrages pieux) ; le même crime de lèsemajesté - cette fois c’est le président de la République F. Hollande qui
Mais l’organisation du métier d’auteur de BD n’est pas de la responsabilité du ministère de la Culture (qui n’a fait auparavant que retarder la faillite des libraires indépendants). Les protestataires donnent l’impression de ne pas oser s’adresser directement aux éditeurs, à qui les abus sont imputables.
Dessin de Predrag Srbljanin (Serbie/www.srba.rs) sur la politique de défense européenne.
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prenait la République-Marianne en levrette - a été directement corrigé par la rédaction du « Monde », qui a caviardé le dessin. Enfin Plantu a été la seule personnalité publique ou presque (avec l’ancien ministre de la Culture Jack Lang) à prendre la défense de l’humoriste Dieudonné lorsque le spectacle de ce dernier a été interdit. Naguère raillé par certains de ses confrères en raison de sa collaboration à une publication plutôt consensuelle, Plantu a ainsi pris sa revanche.
PARODIES
Tenu par un ou plusieurs rédacteurs bien informés sur le petit monde de la BD, le site Bayday L e a k s , ( h t t p : / / baydayleaks.tumblr.com) se moque de ses us, coutumes et tics, histoire d’éviter aux auteurs de BD qui pourraient être tentés de prendre la grosse tête. Extraits : - 23 juin 2014 : Innovation. Sur un marché toujours en quête de nouveaux territoires, de nouvelles expériences, Mondadori France va lancer le « Journal de Lucky-Luke » pour les enfants et leurs grands-parents. - 20 juin 2014 : En bande-dessinée, l’auteur est le papa de son personnage; le Snac-BD propose de mettre en place un congé paternité de six semaines pour chaque album édité. - 25 mai : Manu Larcenet arrête son
Pastiche de J. Sfar par Cambon.
A la fois dessinateur de BD, illustrateur, scénariste, cinéaste, romancier, chroniqueur radio, militant politique et dessinateur de presse, l’artiste pluriel Joann Sfar ne pouvait manquer de susciter quelques réactions de moquerie, plus ou moins teintées de jalousie. Le dessinateur de presse Cambon a même ouvert un blog parodique, « Yoann Fsar » (http:// yoannfsar.tumblr.com), alimenté régulièrement en dessins dans le style prolifique du maître. Ce genre de satire n’est pas loin de l’hommage.
LE PHILOSOPHE ET LA BD
blog après avoir réalisé qu’internet était trop punk pour lui.
Alain Finkielkraut, tout frais émoulu de l’Académie française, manque rarement une occasion de débiner la bande-dessinée. La trouve-t-il trop moderne et s’y oppose-t-il pour les mêmes raisons que le philosophe réac F. Nietzsche s’op16
pose à l’art moderne en général ? Ou encore y voit-il un vain divertissement existentialiste (« L’existentialisme est un onanisme. » K. Marx) ? On regrette presque que les arguments de l’académicien soient aussi confus et vagues, ne permettant pas même d’alimenter un débat sur la culture moderne.
RUE DES ARTISTES
L’artiste de rue Banksy, dont on ne sait trop s’il s’agit d’un individu isolé ou d’un pseudo collectif a reçu le « Webby award 2014 » de la personnalité préférée des internautes. Banksy sait en effet parfaitement conjuguer les moyens modernes d’exposition, dont l’internet fait partie, pour faire passer des messages subversifs teintés d’un ironie britannique qui rappelle George Orwell. Banksy mentionne ainsi par exemple, non sans humour, que les graffitis qu’il peignit sur le mur construit par Israël pour contenir les Palestiniens lui furent reprochés par un Palestinien, inquiet qu’il n’embellisse la muraille de béton de cette fa-
çon.
Actus BD
plus explicite (à condition que le dessin ne soit pas trop plat ou conventionnel).
ERRATUM
Le dernier combat de Banksy est pour protéger son travail contre l’exploitation commerciale abusive, qui ne manquerait pas d’anéantir les efforts de Banksy dans le sens contraire (« La propriété intellectuelle, c’est pour les losers !»). L’artiste doit ainsi organiser des ventes à la sauvette de ses œuvres (à bas prix).
Le réseau des bibliothèques de prêt parisiennes publie des statistiques sur son site officiel à propos des emprunts effectués par les abonnés, de livres et albums de BD (www.paris.fr). Cependant une erreur s’est glissée dans le classement, puisque les albums de Tintin ont été classés dans la catégorie « BD adultes ». Z
Pochoirs ci-dessus et ci-dessous par Banksy
Le « street-art », tel que Banksy le pratique, afin d’interpeller les passants, par-delà la simple démarche identitaire calligraphique la plus répandue, cette méthode se rapproche de la bande-dessinée ou du dessin de presse. Le dessin renforce l’impact du message, qui en devient
De ce côté de la Manche, l’artiste de rue Miss-Tic se sert depuis des années de la même technique pour faire passer des messages féministes.
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Pochoir signé Miss-Tic.
Chez le fleuriste
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L’Oeil de Zombi
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Gustave Doré au Grand Palais Doré et ce fut la bonne surprise de cette exposition de la présenter. Il brocarde sans concession la bourgeoisie et les grands hommes de la 2ème République dans des portraits typés et synthétiques qui tranchent avec la préciosité de ses illustrations ultérieures.
Une fois n’est pas coutume, le Musée d’Orsay expose un illustrateur, le plus célèbre d’entre eux, Gustave Doré (1832-1883). Talent précoce, il dessine dans les marges de ses cahiers dès l’âge de 3 ans. Sa mémoire visuelle est exceptionnelle. Originaire de Strasbourg,
Parallèlement, en pleine période romantique, Doré crée des grandes machines, peintures d’histoire, pour exposer au Salon, passage obligé pour les artistes du 19ème siècle. Certaines de ses œuvres seront retenues mais elles manquent de force et de simplicité. Elles impressionnent surtout par leur format mais ne convainquent pas la critique de l’époque. Cela lui permet, néanmoins de financer ses premières illustrations qui feront sa renommée et sa fortune. Il innove en utilisant des formats
Dessin de Gustave Doré enfant.
l’imaginaire foisonnant de la cathédrale a un impact sur l’ensemble de son œuvre. Adolescent, il monte à Paris et propose ses dessins au grand journal de l’époque, le Journal pour Rire. L’éditeur Philippon propose au jeune prodige un contrat de caricaturiste dès 1848. (Il a alors 15 ans) Cette période est moins connue dans la carrière de
« La dernière danse avant le souper ». :scène de la vie bourgeoise par Gustave Doré (1850).
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plus larges, des in folio et la technique du bois de bout qui permettra à ses graveurs de tirer des milliers de copies de ses originaux. L’exposition présente ses illustrations les plus célèbres, des contes de Perrault au Gargantua de Rabelais en passant par les fables de la Fontaine et Le « Don Quichotte » de Cervantès, Doré s’efforçant d’interpréter tous les classiques de la littérature. Son dessin est excessivement virtuose et parait aujourd’hui suranné. Il reste que certaines images comme le Chat botté ou l’Entrée du petit Poucet dans la forêt marquent la mémoire. Gravure représentant les faubourgs ouvriers de Londres (1872)
Gustave Doré a aussi illustré ses contemporains et notamment le « Londres » de Charles Dickens, les faubourgs ouvriers et les ravages de la Révolution industrielle dans des compositions étonnantes et des jeux de lumière intéressants.
co-belge réunis, usant notamment de plusieurs ellipses abstraites : cases entièrement noires, mais aussi tache rouge couvrant toute la page pour figurer un bain de sang, séquence de cases blanches, dessin à moitié effacé, changement brutal de style de dessin, etc. Cette expérience lui permet de co-fonder la Son influence est remarquable aussi sur la Doré Gallery à Londres et une exposition itinérante production américaine de dessins-animés (Waltaux Etats-Unis de 1892 à 1898 diffusera son œuvre Disney), ainsi que sur certains metteurs en scène Outre-Atlantique. de cinéma. G. Doré est considéré comme l’un des préTouche à tout, extrêmement productif, Doré a curseurs de la bande-dessinée. « L’Histoire de la mené une carrière internationale interrompue bruSainte Russie » propose des séquences inventives talement pas son décès mystérieux (mélancolie ?) mêlant texte humoristique et dessin délié (album à l’âge de 51 ans. récemment réédité par les éds 2024). En un seul (volumineux) album, l’auteur fait preuve de plus Aurélie Dekeyser d’audace narrative que tous les auteurs de BD franVignettes extraites de l’album satirique « Histoire de la Sainte Russie » (1854)
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Kritik BD
L’ARABE DU FUTUR
Riad Sattouf est surtout connu pour plusieurs bandes-dessinées et films où il brocarde les travers et tics des « jeunes d’aujourd’hui », les bobos comme ceux issus de l’immigration. Dans ce nouvel opus, «L’Arabe du Futur», au titre accrocheur, R. Sattouf raconte ses souvenirs d’enfance, dans un style simple et direct, auquel son trait caricatural ajoute une touche comique. Né d’un père Syrien, prof de fac, et d’une mère bretonne, femme au foyer, Riad Sattouf a pas mal bourlingué en raison des différentes affectations de son père, en Libye, puis en Syrie, faisant escale entre deux postes au Cap Fréhel en Bretagne où sa grand-mère maternelle résidait. Dans ce premier tome paru aux éditions Allary, le petit Riad n’est encore qu’un nourrisson, puis un bambin métis dont la blondeur surprend au Moyen-Orient. L’auteur brosse surtout le portrait de son père dans ce premier tome ; exilée dans des pays dont elle ne connaît pas la langue et les coutumes, d’une nature plus discrète, la mère de Riad Sattouf se trouve plus en retrait. Disons quelques mots des idées morales et politiques du paternel de Sattouf, puisqu’elles influent sur sa carrière et que cet homme rêveur et ambitieux entraîne sa famille dans son sillage. Pour résumer, le père de Riad Sattouf est une sorte de lepéniste arabe ; il estime les Arabes capables de rattraper leur retard sur l’Occident, et qu’une période de dictature est une étape nécessaire dans cette perspective, suivant l’évolution que la France a elle-même connue, ou la Russie plus récemment encore. M. Sattouf père accorde à l’école une grande importance dans la course au progrès. Benjamin dans sa famille syrienne aux valeurs frustes, cette position lui a permis d’être le seul de sa famille à pouvoir aller à l’école.
occidentaux, auxquels les chrétiens et plus encore les Juifs sont associés comme des traîtres à la nation arabe, est une notion très présente à l’esprit du père de Riad Sattouf, en même temps que celui-ci a des modèles occidentaux en tête, bien plus qu’il n’est inspiré par le coran ou les traditions de l’islam. M. Sattouf exprime son incompréhension devant les pratiques chrétiennes de personnes vivant dans des pays arabes, exactement comme certains électeurs du FN prennent les manifestations du culte musulman pour une résistance à la culture française. Autrement dit, si l’hostilité s’exprime bien parfois en termes religieux ou racistes dans le petit peuple, l’esprit de concurrence sévit dans les élites, qui n’est pas moins actif et efficace, partant du constat de l’asservissement des pays arabes aux puissances occidentales.
Bien que de confession musulmane, M. Sattouf n’est pas croyant et a vis-à-vis de la religion l’attitude qu’on peut avoir vis-à-vis d’un folklore que l’on juge dépassé. En toute bonne logique, ses modèles politiques sont : Saddam Hussein, le plus occidental des dictateurs arabes, et Kadhafi (qui joua beaucoup de l’argument de la supériorité des Africains, et même de la race noire). On sait que ces despotes furent adoubés par les démocraties occidentales pour la raison qu’ils développaient des Etats laïcs censés être « avantgardistes ». En somme, il s’agit d’idées assez banales, puisqu’elles consistent à imiter les méthodes de développement technocratiques de l’Occident. D’ailleurs la mère de Riad Sattouf s’amuse de certains aspects débordants de virilité du discours nationaliste arabe, tandis qu’au contraire son père se moque du discours bobo sur le changement de société des pays riches… sans que le couple paraisse affecté par ce fossé idéologique.
Bien que Riad Sattouf collabore à l’hebdomadaire « Charlie-Hebdo », il s’est défendu dans une interview à « Jeune Afrique » de tout jugement et présenté « L’Arabe du Futur » comme un témoignage, le plus objectif possible, et non un ouvrage militant. De fait, on ne peut pas accuser l’auteur de conforter les préjugés occidentaux sur le monde arabe et de proposer un discours trop manichéen. S’agit-il pour Riad Sattouf de « tuer le père », comme disent les psys ? On ne peut au contraire s’empêcher de penser que Riad Sattouf a hérité du francparler de son père, qui contraste avec les « précautions de langage » et le politiquement correct en vigueur dans les pays occidentaux, peu propice à la satire et l’humour.Z
L’intérêt principal de l’ouvrage, fait d’observations sans jugements éthiques, est de démolir la thèse du « choc des cultures ». On voit en effet que la notion de rivalité des peuples arabes et des peuples
L’Arabe du Futur, Riad Sattouf, éds. Allary, 2014.
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LES COQUINS
Petit recueil d’illustrations de Marion Fayolle récemment paru aux éds Magnani, « Les Coquins » ne vise pas tant à émoustiller le lecteur qu’à faire rire aux dépends des codes sexuels et métaphores en usage pour décrire les rapports amoureux entre sexe opposés, pour ne pas dire la sexualité à but reproductif la moins sophistiquée. La guerre des sexes, de même que leurs tentatives maladroites de se rapprocher sont une source de comique inépuisable depuis l’Antiquité. M. Fayolle ajoute sa pierre à l’édifice avec son imagerie burlesque, à la limite du surréalisme. On pense à l’humour froid de S. Dali, son parc d’attraction de Figueras par exemple, mise en scène de fantasmes sexuels que le peintre tourne en dérision. La théorie du genre ou de l’autodétermination sexuelle peut paraître absurde à certains, ou encore refléter un mode de consommation ultra-moderne ; les illustrations de Marion Fayolle rappellent que le rapport harmonieux de l’homme avec la nature ne va pas de soi. Le style de Marion Fayolle, fait de silhouettes épurées, lui vaut d’être employée pour illustrer dans des magazines des articles sur des thèmes psycho-sociaux, qu’elle aère ou allège ainsi de son mieux, mélangeant souvent des figures animales et humaines. Marion Fayolle a d’ailleurs commis précédemment deux ouvrages autobiographiques dans la même veine symboliste autour de son père et sa maladie (« L’Homme en pièces », « La Tendresse des pierres »). Ils laissent penser qu’il y a sur ce nouveau recueil d’illustrations sarcastiques une ombre de tristesse. En somme, « Les Coquins » n’est pas le cadeau de mariage idéal... sauf peut-être pour les couples tristes. Les Coquins, Marion Fayolle, Eds Magnani, mai 2014.
HORS-D’OEUVRE « Coup de cœur de l’auteur », comme dit la couverture, mais pas que. On apprécie d’autant plus le dernier recueil de strips du Belge Ben Dessy, « Hors d’œuvre », que la discipline qu’il pratique est acrobatique ; si la ligne mollit un tant soit peu, c’est la mauvaise chute garantie. Il y a peu de déchets chez cet auteur, qui met beaucoup de soin à divertir ses lecteurs, le public de son blog-BD, déjà remarqué et récompensé plusieurs fois. La veine de Ben Dessy est celle de l’humour noir, dans lequel les Anglais sont passés maîtres, même si on peut citer aussi quelques exemples belges, notamment en BD (dont Franquin) ; le dessin ultrasimplifié rappelle la fameuse série des Simpsons de Matt Groening, dont l’humour plutôt gentillet est adapté au téléspectateur américain, ou encore le dessinanimé « South Park », plus grinçant. Cet opus de Ben Dessy multiplie les références à la bande-dessinée ou à la culture moderne et les clins d’œil au lecteur, sans que l’humour en soit grevé. Hors-d’œuvre, Ben Dessy, éds Même pas mal, 2014. Le strip ci-dessous est tiré du blog-BD de Ben Dessy :
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Jeux BD
Quiz « L’auteur mystère » (Répondez aux questions, elles sont autant d’indices sur la piste d’un auteur de BD.)
A. Tous ces auteurs ont utilisé des animaux à des fins satiriques, sauf un : 1. Esope 2. J. Anouilh 3. G. Orwell 4. C. Darwin B. Lequel de ces personnages de fiction n’est pas un détective britannique : 1. Sherlock Holmes 2. Colonel Clifton 3. Gilles Jourdan 4. Francis Blake C. Parmi ces quatre auteurs de BD, lequel n’a pas publié de série dont un ou des animaux sont les héros ? 1. Benjamin Rabier 2. Raymond Macherot 3. Albert Uderzo 4. Peyo D. « Ecologie » est forgé à partir d’un mot grec qui signifie : 1. Terre 2. Mère 3. Maison 4. Arbre E. Le pigment végétal qui intervient dans la photosynthèse s’appelle : 1. Absinthe 2. Sinople 3. Carotène 4. Chlorophylle G. Que signifie l’adjectif « sibyllin » ? 1. Absurde 2. Enigmatique 3. Rédigé en caractères sibylliques 4. Fatal
H. L’auteur mystère est : 1. Edgar P. Jacobs 2. Raymond Macherot 3. Benjamin Rabier
4.
Peyo
Jeu des 2 erreurs (Trouvez les 2 différences entre ces images)
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