YEGG JUIN 2014

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N°26 JUIN 2014

YEGGMAG.FR

LE FÉMININ RENNAIS

YEGG . . .

MARCHE DES FIERTÉS

IT GRATU N O U V E L L E G É N É R AT I O N

LESBIENNES, LES INVISIBLES ? PAGE 12


© CÉLIAN RAMIS


Celle qui

I

Gère de la vulve !

l y a de la légèreté dans la façon dont elle s’exprime, de la timidité dans son regard – que l’on a du mal à percevoir tant elle le cache derrière ses lunettes de soleil à la Willy Wonka – et de l’esprit culotté dans son travail. Ça la titille, Mathilde Julan, de travailler sur des sujets « un peu tabous, qui dérangent ». Cette étudiante en 2e année à l’école des Beaux-Arts de Rennes nous avait déjà intriguée en juin dernier de par son utilisation du street-art. En effet, elle collait à cette époque des petites culottes – dessinées sur du papier kraft - dans les rues nantaises et rennaises (récemment exposées à l’Antipode dans le cadre du festival Urbaines) ! Là encore, elle signe une réalisation originale dans le cadre d’un de ses cours, destiné à développer l’univers des créatifs en herbe. Après plusieurs mois de découpage, de collage, d’épluchage de magazines, sites, tumblr, bouquins et de « récoltage » d’infos en tout genre, la culotte est baissée et envoyée au panier de linge sale pour dévoiler ce qui se cache mystérieusement et précieusement dessous. C’est un fanzine intitulé « Vulve graphique » que la jeune femme a souhaité présenter à ses examens regroupant une quinzaine de dessins représentant le sexe féminin vu de l’extérieur. « À la base, j’avais créé un tumblr uniquement pour les filles sur lequel je voulais mettre des photos

– avec un cadrage serré – du sexe féminin », explique Mathilde, qui a finalement revu sa copie pour quelque chose de plus « artistique » et imagé. Elle a donc demandé aux utilisateurs des réseaux sociaux – femmes et hommes – de lui envoyer des dessins, photo-montages, collages et autres, de vulves « afin de montrer la diversité des sexes de femmes et de les valoriser ». Au total, une vingtaine de pages compose ce recueil graphique à la couverture rose et à la reliure japonaise « pour le côté précieux ». Un recueil qui incite et invite à la réflexion autour de cette partie du corps souvent peu montrée et représentée et de plus en plus décriée comme méconnue, y compris de la gente féminine. « On dirait que c’est tabou. C’est moins évident à comprendre, à exprimer, à représenter. Mais j’ai beaucoup travaillé sur le sujet, sur la masturbation féminine (sur les étapes : caresse, stimulation du clitoris, pénétration, lubrification…) et sur le vaginisme. Mon travail peut choquer, déranger, mais on est au XXIe siècle quand même ! », explique Mathilde Julan qui attache une importance certaine à la connaissance du corps et à l’esthétique de la vulve, souvent affiliée dans l’imagerie populaire à des fruits printaniers ou estivaux, ou encore de manière plus péjorative alors à des fruits de mer. I MARINE COMBE

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ÉDITO l EN JUIN, Y AURA-T-IL UNE FIN ? PAR MARINE COMBE, RÉDACTRICE EN CHEF

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esbiennes, ces invisibles pourtant visiblement discriminées de par le fait d’être femmes et d’aimer des femmes. C’est à ces femmes que nous consacrons notre Focus du mois. Elles ont les cheveux longs, les cheveux courts, se maquillent, ou pas, mettent des jupes, des robes, des pantalons, étudient les lettres modernes, les langues étrangères ou l’informatique. Lipsticks ou garçonnes, même combat. Celui de lutter contre les discriminations subies en fonction de leur orientation sexuelle, celui de lutter contre les stéréotypes et les idées reçues dont elles essuient les plâtres depuis des décennies – pour ne pas dire des siècles – et celui de lutter contre les carcans dans lesquels on les enferme de par les fantasmes nichés dans l’imagerie populaire qui voudraient que deux femmes ayant des rapports sexuels soient en fait deux pures hétérosexuelles frustrées dont l’inavouable envie serait d’être délivrées par le tout puissant Pénis. De clichés en clichés, plusieurs militantes nous racontent les difficultés éprouvées, les violences subies, les colères engendrées par certaines – récentes – désillusions. Après l’espoir, en 2012, de franchir les étapes d’une avancée sociale en marche vers un idéal d’égalité, vient la déception. À quand le droit de pouvoir seulement subir les inégalités envers les (seulement) femmes ? Parce que être juste une femme n’est déjà pas simple, il faut en plus assumer d’aimer d’autres femmes. Et certaines vont encore plus loin, les malheureuses, en étant attirées par les deux sexes. Les bi, véritables traitresses qui bouffent à tous les râteliers ! Alors là, on jette l’éponge… et on retourne passer la serpillière ? Heureusement, ce n’est pas la ligne qu’ont adopté les fières marcheuses, en juin comme à l’année, et ça c’est la (véritable) bonne nouvelle !

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SAUTES D’HUMEUR . . .

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ì DES FEMMES

PUISSANTES

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es 16 et 17 mai, YEGG s’est rendu à Lorient pour assister à la 4e Biennale de l’égalité femmeshommes, organisée par la région Bretagne. Si plusieurs coups de gueule ont rythmé notre séjour dans le Morbihan, un événement a particulièrement retenu notre attention – en dehors de notre rencontre avec la ministre des Droits des femmes (interview à lire sur yeggmag.fr – YEGG fait sa Biennale de l’égalité (4/5)) : le spectacle À mon âge je me cache encore pour fumer, présenté et joué par la compagnie finistérienne Les Cormorans. Adapté de l’œuvre éponyme de Rayhana, auteure et comédienne féministe algérienne, le spectacle dépeint un tableau d’une grande et belle force à travers le portrait et le parcours de neuf femmes réunies dans un hammam à Alger. Ensemble, elles discutent, échangent, partagent avec ferveur et passion autour de leur condition féminine. Elles n’ont pas les mêmes âges, ne connaissent pas les mêmes conditions de vie et surtout ont des difficultés à comprendre les idéologies des unes et des autres. Toutefois, la compagnie diffuse et transmet le message avec beaucoup de justesse et finesse, relevant le pari de peindre un tableau d’une grande beauté sur lequel figurent ces femmes liées par leur force et leurs valeurs aussi différentes soient-elles. Un spectacle qui mérite une grande visibilité et diffusion en raison de la réflexion et l’ouverture d’esprit qu’il impulse. I MARINE COMBE

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I MORGANE SOULARUE

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RAS LE BOL !

igilance accrue des femmes ou recrudescence de « relous » sur nos trottoirs ? Quoi qu’il en soit, le harcèlement de rue enflamme le web. Blogs, tumblr, tweets, vidéos cachées, tous les supports sont bons pour dénoncer ce sexisme quotidien. Elles sont de plus en plus nombreuses, et pas fatalement féministes enragées, à les utiliser pour raconter leurs expériences. Le pire, ce sont les commentaires triviaux et violents que leurs témoignages inspirent à certains dégénérés, du style « tu l’as mérité, salope !». On en parle tant ces derniers temps que la cause semble se perdre un peu d’ailleurs. Certaines, alors qu’elles dénoncent les mêmes faits graves, se sont disputées. Les unes reprochant aux autres d’aborder les choses avec trop d’ironie quand elles aimeraient qu’on s’en tienne au premier degré. Il ne faudrait pas que cela fasse oublier le vrai problème, soit l’insécurité éprouvée par les femmes dans la rue – 1 sur 4 s’y est sentie mal à l’aise en 2012 - et rappeler aux hommes qu’on siffle les chiens, pas les femmes, que dire « t’es bonne ! » n’est pas un compliment mais une insulte, et que suggérer un rapport sexuel à une inconnue est une agression. Au même titre que les injures racistes, le harcèlement de rue doit être condamné. La France va-t-elle bientôt devoir légiférer, comme la Belgique, pour le punir ? En attendant, on peut continuer à protester et porter ces t-shirts et tote-bags : http://colerenomfeminin.bigcartel.com/products

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SOMMAIRE l JUIN 2014

Tête de vulve . page 2 Condition de femmes . page 6 Œil pour œil, un poing c’est tout ? . page 8 La politique en bref . page 9 Dragon lady . page 10 Lesbiennes : peuvent-elles marcher fièrement ? . page 12 Danse et précarité . page 20 La culture en bref . page 22 Ballon aux femmes !. page 23 Jugement dernier . page 24 Poulet basquaise, mon préféré ! . page 25 Tango, mon amour . page 26

LA RÉDACTION l NUMÉRO 26

YEGG l 7 RUE DE L’HÔTEL DIEU 35000 RENNES

MARINE COMBE l RÉDACTRICE EN CHEF, DIRECTRICE DE PUBLICATION l marine.combe@yeggmag.fr CÉLIAN RAMIS l PHOTOGRAPHE, CRITIQUE CINÉMA l celian.ramis@yeggmag.fr MORGANE SOULARUE l JOURNALISTE l morgane.soularue@yeggmag.fr MARIE LE LEVIER l JOURNALISTE l marie.lelevier@yeggmag.fr JUSTINE GOURLAY l JOURNALISTE l justine.gourlay@yeggmag.fr LAURA LAMASSOURRE l JOURNALISTE l laura.lamassourre@yeggmag.fr ANNAÏG COMBE l CRITIQUE MUSIQUE & LIVRES l annaig.combe@yeggmag.fr SOPHIE BAREL l MAQUETTISTE & ILLUSTRATIONS l sophie.barel@yeggmag.fr PHOTO DE UNE l CÉLIAN RAMIS

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DÉCRYPTAGE . . .

LÉGITIME DÉFENSE : ŒIL POUR ŒIL, DENT POUR DENT… ET PLUS SI AFFINITÉS ?

© CÉLIAN RAMIS

Lors d’une agression, faut-il tendre l’autre joue ou riposter sans peur des conséquences ? Si la réponse paraît simple et évidente, la nuance est plus ténue qu’on l’imagine. Peut-on brandir l’arme de la légitime défense sans condition aucune ?

L

’article 122-5 du Code Pénal précise : « N’est pas pé- méthodes de l’ADAC (Académie des Arts de Combat) - dont nalement responsable la personne qui, devant une at- certaines spécifiquement conçues pour les femmes, comme teinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, l’Amazon Training - qui se basent sur la gestion du stress au dans le même temps, un acte commandé par la nécessité niveau psychologique et physiologique. « Chaque situation de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a est différente. L’analyse doit être rapide et la réaction aussi. disproportion entre les moyens de défense employés et la Tout cela se joue en quelques secondes. D’où l’importance gravité de l’atteinte. » Le 23 avril dernier, les manifestants de bien connaître les techniques », précise le coach. Il insiste ayant répondu à l’appel du collectif informel rennais Fémi- sur le côté législatif en informant les participants des condinistes EnragéEs prônaient la légitime auto-défense sans tions imposées par la légitime défense et des façons de se condition (lire notre article « Les Féministes EnragéEs battent protéger. Adapter la démarche à son environnement, hausle pavé rennais » - 24 avril 2014 – sur ser le ton pour être repéré(e) par des yeggmag.fr). Derrière une bande- « Crocheter les yeux quand on se fait potentiels témoins, communiquer, role au message clair « Agressions étrangler peut nous sauver la vie » analyser et agir en conséquence. sexistes et homophobes : on rendra L’objectif : éviter les coups et surcoup pour coup, un poing c’est tout ! », scandant des slo- vivre. Une approche que Karen apprécie particulièrement. gans pour le moins francs (pour ne pas dire radicaux) – « Non Gendarme depuis 2 ans, elle pratique la self-défense depuis c’est non, la prochaine fois, ce sera un coup de cutter dans 8 mois. Ici, elle apprend à avoir confiance en elle et à se déta bite connard » - Elisa, étudiante à Rennes 2, explique qu’il fendre avec des outils du quotidien « et même contre des s’agit simplement « de se protéger. On rend les coups pour hommes très musclés, on découvre que l’on peut y arriver ». se défendre ». Et pour cela, le collectif souhaite proposer des En effet, certaines zones sensibles comme les parties génicours d’auto-défense auto-gérés – en non mixité – « afin de tales et les yeux peuvent être visées en cas d’agression, à développer nos propres stratégies sans que les hommes ne condition de ne pas s’y prendre n’importe comment. « Croles découvrent ». cheter les yeux quand on se fait étrangler peut nous sauver la vie. Et la réponse proportionnelle est respectée puisque Pour Frédéric Faudemer, coach en self-défense chez Dé- l’étranglement vise à tuer », précise Karen. Une réponse lofenses Tactiques à Rennes, il est important pour les femmes, gique mais néanmoins pas facile à appliquer si l’on se trouve comme pour les hommes, de se former aux techniques de démunies de toutes connaissances sur le sujet. défense. C’est pour cela qu’il applique dans ses cours les I MARINE COMBE Juin 2014 / yeggmag.fr / 08


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AU COEUR DE LA RENNES . . .

bref

bref chiffre

TOUS ÉGAUX EN DROITS ?

La Semaine de l’Égalité des droits était organisée à Rennes du 19 au 24 mai, regroupant trois composants : Convergences culturelles, le Conseil Rennais de la Diversité et de l’Égalité des Droits ainsi que la 3e édition du Forum de l’Égalité et de la lutte contre les discriminations. Une manifestation dont l’objectif était de partager l’histoire commune de la Cité, d’exprimer la pluralité du patrimoine culturel de la capitale bretonne et de déconstruire les idées reçues pour combattre les inégalités.

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4000

personnes (seulement) se sont rendues au Palais des Congrès à Lorient les 16 et 17 mai dernier pour assister à la 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes.

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CHOISIR SON ACCOUCHEMENT

Le collectif Liber’Naître en Bretagne proposait sa 3e rencontre autour de l’accouchement respecté lors de deux journées intitulées « Graines de parents : Choisir son Accouchement et Grandir Parents », les 23 et 24 mai, au centre social Cleunay, à Rennes. Ateliers et conférences – ouverts à tous en accès gratuit – étaient organisés autour de la grossesse, de l’accouchement, de la naissance, de l’alimentation de la femme enceinte, du portage ou encore des massages, vêtements et cosmétiques pour bébés.

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le tweet du mois sur

la

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« Pour une #meuf la nuit tous les hommes sont gris ». Beaucoup de talent dans l’écriture pour le @Meufisme.

sur

la

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@CausetteLeMag / 21-05-2014 à 11H49

L’ACTU FÉMININE

EST À SUIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX !

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@Yeggmag sur

Yegg Mag Rennes sur

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3 QUESTIONS À . . .

À la plaine de Baud à Rennes, cette « dragon lady » pratique le dragon Boat. Une activité de pagaie dans une embarcation chinoise longue de 12 mètres, destinée aux femmes ayant subi des traitements contre le cancer du sein.

© CÉLIAN RAMIS

MAGALI LEBELLEGARD MEMBRE DE L’ÉQUIPE ROZ’ESKELL

Comment vous êtes-vous tournée vers cette pratique ? J’ai connu cette activité avant qu’elle ne soit proposée dans le bassin rennais par le biais d’un reportage diffusé sur France 3. On y voyait une première équipe de Pink Ladies à Reims et j’ai trouvé cela formidable. À l’époque, je ne pensais pas être concernée. Puis, je suis tombée malade et lorsque j’ai commencé à sortir des traitements (même si je ne suis pas considérée comme guérie), j’étais livrée à moimême. On m’a dit qu’il était question de créer un groupe de dragon boat en lien avec le centre Eugène Marquis, alors j’ai sauté sur l’occasion. Je voulais être la première prévenue. Une réunion d’information a été organisée avec, entre autre le docteur BendavidAthias (fondatrice et présidente de l’association Cap Ouest), le docteur Claudia Lefeuvre-Plesse et le docteur Philippe Porée. L’activité a ainsi débuté et toutes les participantes étaient très motivées. Un laboratoire pharmaceutique a même investi dans deux embarcations et aujourd’hui, 25 femmes sont adhérentes et membres de notre équipe les « Roz’Eskell ». Juin 2014 / yeggmag.fr / 10

Comment se passent vos entraînements ? Ils durent 2h30 et sont organisés le lundi soir et le samedi matin. Les femmes alternent. Elles ne sont pas toujours ensemble. À chaque fois, c’est le même fonctionnement : on se retrouve, on s’échauffe, on reste 1h30 sur l’eau puis on s’étire avant de finir par la troisième mi-temps ! C’est très encadré. Des bénévoles du club de Cesson Rennes Canoë Kayak font les cours avec parfois la présence de médecins ou de kinésithérapeutes (comme celles du Pôle France de Kayak). En amont, nous avons toutes effectué des tests à l’effort avec la médecine du sport car c’est un vrai entraînement sportif. On apprend à manœuvrer et à suivre la cadence, tout en se changeant les idées. C’est vraiment une belle aventure. On ne parle pas forcément de la maladie contrairement à ce que pensent certaines femmes concernées (désirant pratiquer une activité physique adaptée). Elles se font de fausses idées, d’où l’importance de communiquer et d’informer les patientes sur cette activité sport santé.

Quels effets ressentez-vous depuis, sur votre corps et votre moral ? Cela me fait un bien fou ! L’activité me manque si je ne la pratique pas pendant une semaine. C’est tellement dynamisant et énergisant, d’autant plus que nous sommes en plein air. Physiquement, cela renforce la chaine musculaire et articulaire et me procure un vrai bien-être. Actuellement, je suis un traitement hormonal douloureux et cela m’aide à diminuer les tensions. Et puis, les Dragon Ladies se soutiennent mutuellement, c’est essentiel. On sait qu’il y a des phases difficiles pour chacune. Ici, on ne se sent pas seule. D’ailleurs, nous avons un projet ensemble : notre but ultime serait de participer à la Vogalonga, un grand rassemblement d’embarcations organisé tous les ans à Venise, en Italie. I MARIE LE LEVIER

« On ne parle pas forcément de la maladie contrairement à ce que pensent certaines femmes concernées.»


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la double discrimination Quand on pense à la Marche des fiertés, on imagine les rues de Rennes se tapisser des couleurs du drapeau arc-en-ciel, on voit une marée humaine prendre quartiers place de la mairie et sur l’esplanade Charles de Gaulle et on sent un vent de liberté s’élever dans les airs de la capitale bretonne. Et si la manifestation prend des allures colorées et festives, elle n’en est pas moins militante et porte à plusieurs voix les revendications des personnes LGBTI – lesbienne, gay, bi, trans et intersexe. Le 7 juin, le Centre GLBT de Rennes, les associations adhérentes, les militantes et militants ainsi que chaque personne souhaitant prendre part à l’événement, marcheront fièrement dans le centre-ville rennais afin de lancer leur message affilié aux principes de liberté et d’égalité pour toutes et tous. Un peu plus d’un an après la promulgation de loi Taubira – publiée au Journal Officiel le 18 mai 2013 - sur le Mariage pour tous et quelques semaines après le retrait officiel d’une promesse de campagne, de François Hollande, autour de la PMA – qui ne figurera pas dans la loi sur la famille et qui ne devrait finalement pas être portée devant le Parlement lors de ce mandat socialiste – dans quel état d’esprit se déroulera cette Marche des Fiertés 2014 ? YEGG a voulu connaître l’avis des femmes lesbiennes à Rennes, qui semblent souffrir de plusieurs types de discriminations.

I PAR MARINE COMBE ET MARIE LE LEVIER I PHOTOGRAPHIES DE CÉLIAN RAMIS I INFOGRAPHIES DE SOPHIE BAREL


focus

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© CELIAN RAMIS

Si les femmes représentent le sexe inférieur, le deuxième sexe comme l’a défini Simone de Beauvoir en 1949 dans son essai philosophique et féministe Le deuxième sexe, « les lesbiennes et les bisexuelles cumulent, elles, le fait d’être homos ET femmes », expliquent Aurore Malinet et Audrey Moullec, membres du CA du Centre GLBT de Rennes, à l’initiative – avec Orianne Siret – des Ladies Meeting organisés les 1ers et 3èmes dimanches de chaque mois au local de l’association. Alors l’union de deux personnes de « catégorie deuxième sexe » constituerait-elle le quatrième sexe ? comprendre que l’on puisse avoir envie de mettre des mini« Dans un groupe hétéro, j’ai déjà entendu dire : « Toi, tu jupes et des doigts à une fille », lance Océanerosemarie, n’es pas une vraie fille » », nous précise Aurore, qui milite pour la déconstruction des idées reçues. « Les gens ont du mal à auteure, chanteuse et comédienne qui a co-signé, avec Sandrine Revel, la bandeElle a les cheveux longs, assume sa féminité et son homosexualité. De quoi comprendre que l’on puisse dessinée La lesbienne invisible, dont elle semer la zizanie dans certains esprits avoir envie de mettre des a également tiré un one-woman-show. étroits pour qui une lesbienne porte mini-jupes et des doigts à Dans ce spectacle, elle brise les tabous et les stéréotypes, parle sans langue de son orientation sexuelle sur le visage. une fille » bois de sexualité féminine et dénonce Un visage aux traits masculins assorti les comportements hétérocentrés (qui considèrent que d’une attitude à la garçonne. « Les gens ont du mal à Juin 2014 / yeggmag.fr / 14


focus l’hétérosexualité représente la norme). Ce dimanche aprèssur l’homophobie 2014 révèle une recrudescence d’actes midi, une dizaine de femmes est réunie dans le local du homophobes, biphobes et transphobes. L’an dernier, 3 517 CGLBT, à quelques mètres du métro Villejean. Autour d’un témoignages ont été recueillis par la structure qui note à la thé, d’un café, de gourmandises salées et sucrées, elles fois une « libération de la parole homophobe mais également échangent autour de la préparation des sushis, des makis, une libération de la parole des victimes », nous a-t-on expliqué de la féminisation des termes et des différentes catégories par téléphone. Un mal pour un bien ? Pas tout à fait. Jamais désignant l’orientation sexuelle. Elles l’association n’avait comptabilisé autant s’interrogent également sur la différence « Aujourd’hui le retrait de de récits oraux – malgré l’augmentation entre les associations homos et les la PMA est particulièrement des faits dénoncés : de 365 en 1997 à 1 associations féministes. « Je suis venue ici 977 en 2012 – ce qui souligne un élément blessant : on ne nous car je suis homo, ça m’a suffit pour venir déclencheur fort et marquant dans l’année mais je pense que les féministes ont plus considère pas capables en question. « Forcément, il y a un lien de mal à faire venir les gens », explique avec la forte opposition au Mariage pour d’élever des enfants » l’une des femmes. « C’est comme partout, tout-e-s », dévoile SOS Homophobie qui tu viens mais si l’ambiance ne te plait pas, consacre d’ailleurs un chapitre du rapport tu vas t’en aller », lui répond une autre. La à la loi promulguée le 17 mai 2013. « La Manif pour tous a discussion se poursuit pendant plusieurs été quelque chose de très douloureux pour nous, explique minutes, se prolonge et prend parfois des Aurore. Douloureux de découvrir que des gens de notre chemins de traverse, passant d’un sujet à un entourage étaient homophobes. Et aujourd’hui le retrait de autre aux grés des envies des participantes. la PMA est particulièrement blessant : on ne nous considère « Nous avons lancé les Ladies Meeting il y pas capables d’élever des enfants ». Pour Audrey, les forces a environ un an car nous voulions que les opposantes ont décomplexé les haines en tout genre et ont femmes – qui aiment les femmes ou qui se signifié un recul sexiste ineffable laissant sous-entendre que posent des questions – puissent avoir un les femmes devaient retrouver leur place… de femmes. moment entre elles. Pour partager, échanger, en toute convivialité », explique Audrey. « Et En Ille-et-Vilaine, peu de témoignages ont été recueillis par en toute sécurité », ajoute Aurore. Pouvoir SOS Homophobie. Avec 38 cas recensés, le département parler librement, de son orientation sexuelle, n’est pas classé parmi les zones qui comptabilisent le plus de de ses doutes, ses appréhensions, son récits (il en est de même pour le reste de la région Bretagne) cheminement personnel. « On lance parfois « mais il faut bien penser que pour certains, on ne peut pas des débats, en fonction de l’actualité ou identifier le lieu dans lequel ils se trouvent ». Sans oublier non. Sinon, ce sont les personnes présentes de mentionner qu’il s’agit là de témoignages volontaires qui amènent des sujets sur le tapis. On puisque tous les actes homophobes ne sont pas déclarés joue parfois à des jeux de société et on va et dénoncés. Pourtant, il est indéniable qu’ils ont augmenté. souvent au cinéma après, mais pas qu’entre « Cette année, nous avons vu de nombreuses personnes femmes », précise la jeune femme, qui a venir au Centre à la suite d’une agression, de menaces ou fait son coming-out il y a d’insultes », déclarent celles qui sont à 3 ans environ. « J’ai mis « À droite, il y a un intérêt l’initiative des Ladies Meeting. Les cas les quasiment un an à le dire. plus fréquents pour les actes de lesphobie électoral à être contre le prenant la forme d’insultes (57% au niveau J’étais épuisée, j’avais mariage et la PMA et à national). Pour Orianne Siret, le problème peur des réactions et puis j’ai fini par l’annoncer. Ma gauche, il s’agit de lâcheté » réside dans la peur suscitée par les mère a un peu plus de mal mouvements contestataires de 2013 : « La à l’accepter mais en règle parole décomplexée crée maintenant une générale ça s’est bien passé », nous dit-elle. pression supplémentaire au moment de faire notre comingout. On a l’impression que l’on va relancer le débat alors qu’à ce moment-là, on veut simplement parler de nous, pas d’un Recrudescence d’actes homophobes problème de société ». Le mot est lâché. Problème de société. Si on se figure que l’homosexualité Orianne poursuit : « Je ne veux plus parler de tolérance. On féminine est plus facile à assumer et à tolère, ça veut dire qu’on ne veut pas voir ! » L’adoption du accepter, il n’en est pas moins difficile de l’annoncer à sa Mariage pour tous constitue alors une victoire quelque peu famille, ses proches et son entourage qui peuvent adopter amère « car le mariage a été accepté, après 6 mois de débats des réactions surprenantes, insoupçonnées et blessantes. houleux, mais pas l’adoption. Enfin très peu. Sans parler de Chaque année, SOS Homophobie publie un rapport détaillé la PMA… » Cette loi, il la fallait. On parle alors d’évolution sur l’homophobie en France, à télécharger gratuitement sur logique après l’adoption (houleuse) du Pacs « mais il ne faut leur site Internet. Basé principalement sur les témoignages pas s’arrêter là, il faut continuer d’agir ». Un point sur lequel reçus par l’association au cours de l’année 2013, le rapport

Le Mariage pour tous à Rennes en quelques chiffres (Arrêtés au 17 avril 2014) Sur 448 unions célébrées à la mairie de Rennes depuis la promulgation de la loi Taubira, 48 sont entre des personnes de même sexe, soit un peu plus de 10% de la totalité avec 29 mariages entre femmes et 19 mariages entre hommes.

Selon Rennes Métropole, aucune demande de mariage entre personnes de même sexe n’a été refusée par la mairie de Rennes à cette période et tous les élus ont accepté de célébrer ces unions. Juin 2014 / yeggmag.fr / 15


focus

la rejoint Geneviève Letourneux, conseillère municipale déléguée aux droits des femmes et à l’égalité, mais qui ne souhaite pas parler de discrimination lorsque l’on aborde l’argument de la PMA quand on la croise au Forum de l’égalité des droits et de lutte contre les discriminations, le 23 mai dernier.

dans la société soit en parallèle de leur condition, soit de manière amplifiée », rationalise Antonin. Les femmes, lesbiennes ou bisexuelles, souffrent donc tout autant de la difficulté de s’imposer dans un groupe mixte. Les hommes prenant plus facilement la parole pour s’exprimer en public. Dans la lesbophobie, plusieurs facteurs apparaissent de manière plus ou moins pernicieuse : « Une femme qui aime une femme. L’être inférieur qui aime l’être Une marche pour la dignité Agir pour la reconnaissance des droits « Une femme qui aime une inférieur. On comprend qu’elle adopte une attitude masculine pour se rapprocher du des homosexuels en tant qu’individus, en tant que couples, en tant que familles. femme. L’être inférieur qui sexe supérieur. Mais en même temps, on aime l’être inférieur. » lui dit de ne pas quitter sa place de femme C’est dans cet état d’esprit que le centre soumise. » GLBT entend manifester lors de la Marche des Fiertés. Depuis le début de l’année, les militants Impossible pour certains de ne pas catégoriser selon la s’investissent chaque lundi soir pour organiser ce que l’on norme imposée par le couple hétérosexuel : une femme appelait auparavant la Gay Pride. La Marche, qui englobe qui aime une femme est par conséquent un homme. toute la communauté LGBTI, se veut festive mais pas Défiant toute logique, certaines lesbiennes figurent dans la seulement. Avant tout militante et citoyenne, elle réunit catégorie des invisibles comme le défini Océanerosemarie, environ 2 500 personnes chaque année, dont certaines qui une notion trop bien comprise par Orianne Siret. Les peuvent, ce jour-là uniquement, assumer leur différence. stéréotypes s’accumulent, se transmettent au fil du temps « Cela fait 20 ans que ça existe à Rennes. Et chaque année, et se banalisent. Les gouines, goudous, colleuses de nous portons les mêmes revendications. On a juste enlevé le timbres, brouteuses de minous, et on en passe, seraient point sur le mariage et actualisé le mot d’ordre qui est Nos dans l’imagerie populaire des bombes sexuelles ayant vies, nos corps : nos droits », expliquent Antonin Le Mée, des rapports intimes entre elles, tout en fantasmant sur président du CGLBT et Julien Fleurence, vice-président. En la venue salvatrice du pénis. « Et dans ce ligne de mire : le gouvernement. Pour Julien, il est certain que la parole décomplexée « Pour les femmes, elles fantasme, on pense toujours que ce sont et impunie des politiques a sa part de pensent souvent qu’on deux hétérosexuelles finalement. Et pour les bis, c’est pire, on pense toujours que le plan responsabilité également. « À droite, il y a va les draguer ou être à trois est assuré ! », confie Audrey, qui ne un intérêt électoral à être contre le mariage et la PMA et à gauche, il s’agit de lâcheté », automatiquement attirées dévoile sa bisexualité qu’à son entourage proche à cause des conséquences que son précise-t-il. Dans les revendications, on note par elles » orientation sexuelle entraine. « On est vu(e) alors l’abandon de la PMA, le changement s comme des traitres car on ne choisit pas… », souligne-td’état civil des trans, la mutilation des enfants intersexes, elle. Lesbiennes et bis sont confrontées à des idées reçues entre autres. Pour le président du CGLBT, « tout comme il y a communes : battues pendant l’enfance, mal baisées par les une montée de l’homophobie, il y a une montée du sexisme. amants qu’elles ont connus, pas vraiment femmes dans le C’était déjà là avant mais le verrou a sauté l’an dernier ». fond, frustrées ou encore pas définitivement « perdues »… « Ça, c’est pour les hommes. Pour les femmes, elles pensent Les femmes, toujours sous-représentées souvent qu’on va les draguer ou être automatiquement Ils regrettent l’absence de prévention en terme de sexualité attirées par elles ». Aurore, de son côté, ne se laisse pas pour les lesbiennes et les bisexuelles. Même s’ils soulignent envahir par la crainte et n’hésite pas à s’afficher en couple des avancées puisqu’un partenariat se construit avec le dans la rue et en public, sauf la nuit « car les voitures Planning Familial 35. Dans le local de l’association, on ralentissent, on nous regarde avec insistance. Ça fait parti remarque rapidement les prospectus, la documentation, du fantasme… » Maïwenn, 19 ans, étudiante à Rennes, elle, à destination des gays principalement, malgré quelques le vit différemment. Si elle a été profondément choquée par brochures sur le préservatif féminin, sur les infections le retrait de la PMA de la loi sur la famille « car au delà de sexuellement transmissibles, sur la sexualité en toute l’homosexualité, tout le monde a le droit sécurité ou quelques ouvrages littéraires dont « Comme les gens en ont de fonder une famille », elle ne ressent pas les trop peu (re)connues œuvres de Violette Leduc. « Peu de documents s’adressent aux marre des manifestations, d’insécurité dans l’espace urbain. « Je n’ai femmes, aux lesbiennes et aux bis, souligne on pense que ça ferait du jamais vécu de violences, à part le regard Orianne. Même à la télévision et au cinéma, bien à tout le monde d’y de certaines personnes. Ma mère m’a dit de faire attention en public par exemple mais on voit bien que les lesbiennes sont moins représentées que les gays. Dans une série mettre un peu d’humour » je ne me sens pas en insécurité », expliquet-elle. Mais le fait de devoir se méfier ne sonnerait-il pas comme Girls par exemple qui est très moderne, pas un seul comme un premier degré de violences ? Il note toutefois une couple de lesbiennes ! Et au ciné, on a un peu l’impression inégalité profonde entre les hétéros et les homos. que maintenant qu’il y a eu La vie d’Adèle, il va falloir attendre 10 ans pour revoir un film sur l’homosexualité féminine. » Faire évoluer les mentalités Les homosexuelles souffriraient alors d’un manque de Au CGLBT de Rennes, les membres du bureau réfléchissent représentativité et de visibilité. Et même au CGLBT, on à des moyens de faire évoluer les mentalités avec des moyens reconnaît qu’elles sont moins nombreuses à venir lors des financiers réduits. « Depuis quelques années, nous avons permanences du mercredi – de 19h à 22h. « Les lesbiennes un contrat d’objectif avec la Ville de Rennes. C’est-à-dire rencontrent les mêmes problèmes que ceux des femmes Juin 2014 / yeggmag.fr / 16


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qu’elle nous délègue la fonction de diagnostic », explique Antonin. Et si dans les rangs de l’asso, on reconnaît les bienfaits d’une relation en bonne intelligence avec les élus locaux, on note tout de même que cela n’est pas encore suffisant pour avancer davantage. Surtout que certains militants sont fatigués, épuisés. « L’an dernier, il y a eu des burn-out, des hospitalisations, de l’épuisement. Surtout qu’on luttait avec des moyens beaucoup plus faibles que ceux de la Manif pour tous », poursuit le président du CGLBT. Aujourd’hui, les adhérents pensent à une campagne basée sur la dérision, qui serait selon eux bien plus impactante : « Comme les gens en ont marre des manifestations, on pense que ça ferait du bien à tout le monde d’y mettre un peu d’humour ». Autre alternative, la reprise de l’association étudiante rennaise Commune Vision, située dans le bâtiment Erève de Rennes 2. En janvier 2014, une poignée de militantes ont pris en charge cette asso quelque peu endormie depuis plusieurs années (comme l’a été récemment le CGLBT ou encore l’association lesbienne rennaise Femmes entre elles). « C’est une structure étudiante, LGBTQI – Queer et Intersexe – ouverte à tous dans laquelle on trouvera un accueil, de la prévention et du militantisme », explique Falone, présidente, qui fréquente également le CGLBT avec sa compagne, Faustine. « Nous sommes une association adhérente du Centre mais indépendante. Nous serons à la Marche des Fiertés d’ailleurs », précise-t-elle. Et féministe aussi dans les statuts, un point qui pour l’instant reste discret. Des permanences seront ouvertes dès septembre pour « des relations individualisées, de proximité, ça c’est important », souligne Faustine. L’avantage selon les deux militantes : « Nos subventions ne viendront pas de la Ville de Rennes. Nous aurons plus de possibilités dans nos actions ». Pour l’heure, les associations agiront main dans la main le 7 juin sans distinction de statuts, de rôles ou d’orientations sexuelles. « C’est un moment pour être nous-mêmes, tous ensemble, dans une bonne ambiance. Si nous n’avons plus trop d’espoir concernant la PMA – à part en allant en Belgique – nous allons quand même faire la fête, ce jour-là est fait pour malgré tout ! », conclut Aurore. Car c’est quand le soleil brille pendant la pluie qu’on perçoit alors les arcs-en-ciel.

« Nos subventions ne viendront pas de la Ville de Rennes. Nous aurons plus de possibilités dans nos actions »

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À ce jour, le projet de loi sur la famille ne prévoit pas l’élargissement de l’AMP (assistance médicale à la procréation, nommée aussi PMA) aux femmes célibataires et aux couples lesbiens. Mais qu’est ce que l’AMP ? Le docteur Célia Ravel, responsable du centre CECOS du CHU de Rennes, nous explique.

L’Assistance médicale à la procréation rassemble différentes techniques de procréation dont les plus courantes sont : l’insémination artificielle intra utérine : la technique la plus simple, nécessitant au préalable un traitement de stimulation. Elle consiste à injecter à l’intérieur de l’utérus les spermatozoïdes recueillis par masturbation au laboratoire, à l’aide d’un cathéter. 4 à 6 cycles sont possibles, avec un taux de réussite évalué entre 15 et 20% pour chaque cycle. - La fécondation in vitro : une méthode plus complexe (divisée en plusieurs phases nécessitant une stimulation hormonale), qui consiste à prélever un ovule pour le féconder en culture et l’introduire dans l’utérus. Le taux de succès varie de 25 à 35%. « C’est un engagement au parcours long et compliqué », souligne Célia Ravel du Centre d’Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme humains (CECOS) du CHU de Rennes. Actuellement, peuvent y prétendre les couples hétérosexuels rencontrant des difficultés à concevoir un enfant depuis deux ans (avec des rapports sexuels réguliers). Pour cela, ils devront au préalable passer les examens du bilan d’infertilité. De manière générale, les femmes devront ainsi évaluer leur réserve ovarienne avec une prise de sang, une échographie et une hystérosalpingographie, soit une radiographie de l’utérus et des trompes. Les hommes feront eux un spermogramme pour analyser le nombre, la mobilité et la forme de leurs spermatozoïdes. Toutes les démarches seront remboursées intégralement par la sécurité sociale jusqu’aux 43 ans de la patiente. Bien sûr, chaque AMP proposée par le médecin est adaptée en fonction de chaque situation. « Tout dépend si c’est un facteur masculin ou féminin car il existe différents cas d’infertilité », précise-t-elle. Infertilité inexpliquée, infertilité génétique, infertilité infectieuse, traumatismes, antécédents chirurgicaux ou due aux traitements anticancéreux. Dans ce dernier cas, il s’agira d’ailleurs d’une préservation de fertilité. Les femmes en couple ayant une insuffisance ovarienne ou une endométriose sont également concernées. Selon la spécialiste, l’AMP reste évidemment un sujet sensible car « on touche au début de la vie ». Et si elle était un jour ouverte aux couples de femmes ? Les médecins pourraient-ils s’y opposer ? « Il y aura forcément une clause de conscience », répond Célia Ravel, avant de préciser que les cliniques belges qui accueillent ces femmes sont actuellement florissantes…

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Engagée au CGLBT de Rennes, Orianne Siret, 26 ans, étudiante en psycho, répond à nos questions sur l’homosexualité féminine. Avant d’officialiser votre homosexualité, avez-vous eu des expériences hétérosexuelles ? Oui, j’ai eu un copain vers 20 ans, nous sommes restés ensemble 4 ans, nous sommes séparés depuis 2 ans. Avant lui, je me posais déjà des questions, j’éprouvais de l’attirance pour des filles après le lycée. Au collège déjà, j’avais ressenti quelque chose pour une fille que j’avais vu à la télé mais j’avais refoulé. Ensuite, j’avais dans mon entourage des gens qui disaient « Les homos, faut les soigner ». Politiquement et socialement, je n’étais jamais d’accord, je les défendais beaucoup. On en prend plein la gueule parce qu’on aime « différemment ». C’est à cette période que vous avez commencé à vous poser des questions ? En fait, j’avais des problèmes familiaux et mon orientation sexuelle n’était pas ma priorité. Je me disais que j’étais bi. On imagine toujours que c’est avant l’homosexualité. Là je suis attirée par les femmes mais peut-être que je serais plus tard attirée par les hommes. Qui sait pourquoi ? Et même si on savait la réponse, à quoi ça servirait ? En fait, j’ai eu besoin de me trouver, moi. Je suis allée au CGLBT de Rennes et Antonin m’a dit « On ne va pas te demander de preuves » et ça, c’était très important pour moi. C’est stressant, on a toujours l’impression qu’il faut se définir. Qu’il faut sans cesse se justifier, être cohérent, stable. Surtout que je n’ai pas encore eu d’expérience homosexuelle. Beaucoup se demandent comment on peut être lesbienne sans avoir « testé » mais on ne se demande pas si on est hétéro… J’ai parfois l’impression qu’on me demande mon CV sexuel (rires) ! Quelles ont été les réactions lors de votre coming-out ? J’étais ingénieure en informatique, un milieu très masculin mais plusieurs de mes collègues étaient des potes. L’homosexualité féminine passe mieux avec les hommes en général. C’est déjà pas facile d’être une femme dans le domaine de l’informatique, on vous dit « Tu n’es pas vraiment une fille ». Même si c’est une blague, ça me touche. Au même titre que « tu es homo car tu as été battue dans ton enfance ». Et dans les milieux féminins, je sais que l’on a plutôt peur des réactions de type « Pas de soucis, tant que tu ne me dragues pas ». On s’interroge souvent sur le moment de l’annoncer. Mais quand je ne le dis pas, j’ai le sentiment de cacher quelque chose, de ne pas être moi-même. On est alors dans le rôle de pré-supposée hétéro. Et pour votre famille ? Aucun souci avec mes tantes, cousins et cousines. Je Juin 2014 / yeggmag.fr / 18

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ne l’ai pas encore dit à mes parents car il faut avant tout que je rétablisse la communication auparavant. On ne sait jamais comment vont le prendre les parents, j’ai entendu déjà tant d’histoires ! Ça se passe rarement réellement bien. Est-ce facile de faire des rencontres à Rennes ? Pas tellement. Finalement, on souffre aussi du manque de représentativité (au cinéma par exemple, on voit plus souvent des films qui traitent de l’homosexualité masculine…). Dans les bars, il y a plus souvent des hommes et aucun établissement n’est spécifiquement lesbien, à part L’Extaz mais peu s’y retrouve. L’Insolite est plus accueillant mais c’est majoritairement masculin je trouve, comme pour le Batchi. Ce sont plus des lieux pour sortir que pour faire des rencontres. Et ensuite, on éprouve aussi des difficultés en tant qu’« invisibles », quand ce n’est pas écrit sur notre tête que nous sommes lesbiennes. Un avantage qui peut aussi être un inconvénient !


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L’ART & LA MARINIÈRE . . .

Les créatives mènent la danse ! Cette saison encore, la salle culturelle du Triangle accueille Les Créatives, projet artistique mené par l’association rennaise “Danse à tous les étages” - en partenariat avec divers organismes d’aide à l’emploi - qui s’adresse aux femmes se trouvant en phase de réinsertion professionnelle. Créé en 2004, le dispositif fête cette année ses dix ans. L’occasion pour YEGG d’assister aux ateliers, et d’aller à la rencontre des participantes qui allient apprentissage de la danse contemporaine et aboutissement de soi.

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ela fait deux mois que le projet «Les Créatives» a débuté. Il s’achèvera le 12 juin lors d’une représentation publique au Triangle. S’adressant à des femmes en situation de difficulté professionnelle, les ateliers se présentent sous forme de cours de danse contemporaine où les participantes, au nombre de 12, créent une chorégraphie, le tout co-dirigé par Corinne Duval, et Mathieu Prual, respectivement chorégraphe et musicien pour la compagnie Dreamcatchers. Ce jeudi après-midi, elles sont 9 à fouler le parquet de l’une des salles du Triangle. L’atmosphère qui y règne se veut calme et concentrée. Durant les répétitions, la chorégraphe indique aux danseuses de s’approprier l’espace, de penser à leurs corps et à la manière dont elles se connectent entre elles. Le groupe s’anime, accompagné par les accords d’une mélodie électronique. « C’est hyper important que l’on ait l’identité de chacune à ce moment-là », clame Corinne à leur encontre. Le mouvement se doit d’être transposé, chaque danseuse dirigeant son corps tout en intégrant celui des autres à sa propre chorégraphie. La danse est aussi et avant toute chose une manière artistique d’apprendre à se connaître, à se reconnecter avec soimême et d’appréhender son être dans sa globalité. Selon les témoignages, elle permet de se délivrer du regard des autres et d’apporter une certaine forme de liberté corporelle et d’expression. Chacune apportant sa touche de créativité afin d’arriver à un objectif commun : se produire sur scène. Juin 2014 / yeggmag.fr / 20

© CELIAN RAMIS

Tisser le lien entre l’art et le monde professionnel Néanmoins, là n’est pas l’unique leitmotiv. Car le projet des Créatives se veut innovant. L’objectif ? Accompagner en douceur ces femmes en situation d’isolement vers la réinsertion professionnelle de par la transversalité qui s’opère entre la création artistique et le monde du travail. En expérimentant une pratique qu’elles n’auraient pas forcément eu et cru à leur portée en dehors de l’association, telle la chorégraphie et le chant, c’est toute une transformation qui se crée en elles, comme le confirme Corinne Duval : « On les aide à reprendre confiance en elles ». Les créatives représentent donc une étape vers le retour à l’emploi. Parallèlement aux cours, chacune des participantes est suivie par un organisme, comme Pôle Emploi ou Fil Rouge. Ces partenaires ayant pour rôle de leur faire prendre conscience des compétences qu’elles seront amenées à découvrir lors des ateliers de danse. Compétences qui pourront par la suite être mises en exergue dans le milieu professionnel. Une façon plutôt originale de tisser le lien entre le milieu artistique et le monde du travail ! Grâce à cette démarche, les participantes apprennent à connaître leurs points forts et à se découvrir des qualités auxquelles elles n’avaient sans doute pas été confrontées auparavant. Ainsi, près de 70% des participantes de l’an dernier ont atteint un objectif professionnel. Certaines se


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L’ART & LA MARINIÈRE . . .

sont dirigées vers une formation, ont changé de métier, ou se sont découvert de nouvelles passions.

Une véritable solidarité féminine Les témoignages des femmes interrogées se révèlent encourageants. « Nous venons toutes de milieux différents, nos parcours sont variés. Et pourtant des liens se tissent, des affinités se créent », confie l’une des participantes, appréciant ces moments de complicité et d’échange. « Aboutir au spectacle est déjà un but en soi, c’est un grand projet qui demande d’aller jusqu’au bout de soi-même. Je ne pensais pas que cela me libérerait autant. Quand je sors d’ici, je suis parfois un peu soucieuse, je doute. Mais le groupe est tellement soudé, les personnalités sont tellement riches et fortes que c’est puissant, » ajoute sa partenaire. Celle-ci évoque une véritable solidarité féminine qui donne lieu à une expérience « dénarcissiste ». Le dispositif est vécu comme une véritable bouffée d’air frais, un tremplin vers une liberté de vivre et de s’exprimer. Et la jeune femme de conclure : « J’identifie ça à un cri ! Lorsque

l’on vieillit, on a parfois du mal à parler, il nous est difficile de nous lâcher. La danse nous aide à oublier le regard des autres. C’est un peu comme un retour à l’enfance. » Si la chorégraphe Corinne Duval dirige la troupe, l’improvisation est toutefois de mise. Cela permet de « délier les corps et de former les groupes ». Une phase expérimentale indispensable selon Corinne, pour donner vie à un vrai spectacle, à découvrir le 12 juin. I JUSTINE GOURLAY

« Le projet des Créatives se veut innovant. L’objectif ? Accompagner en douceur ces femmes en situation d’isolement vers la réinsertion professionnelle de par la transversalité qui s’opère entre la création artistique et le monde du travail. »

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L’ÉQUIPE DE YEGG

TRINQUE À LA SANTÉ DE DUBONNET !

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PLANS CU’ . . . chiffre

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édition du festival de danse et paysage Extension Sauvage, organisée par Figure Project, du 27 au 29 juin à Combourg et Bazouges-la-Pérouse.

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bref DU CIRQUE… OU PRESQUE ! La 6e édition du festival

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DANSER SUR LES BRAISES

L’association rennaise Braise Tango souffle cette année ses 20 bougies. Pour fêter l’événement, une « gran fiesta popular » est organisée jusqu’au 9 juin. Ainsi Rennaises et Rennais pourront découvrir le tango argentin à travers des initiations, des milongas mais aussi une conférence, une projection de film, une exposition ou encore du théâtre et de la musique. L’occasion de venir s’initier et de goûter à une partie de la culture argentine dans une ambiance conviviale et festive. Tout le programme : www.braisetango.com

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Cirque ou presque se déroule du 6 au 8 juin, dans le parc du Chêne Joli, à Noyal-sur-Vilaine. Le cirque contemporain est mis à l’honneur dans cette manifestation organisée par la Communauté de communes du Pays de Châteaugiron. Les différentes pratiques physiques et artistiques composant cette discipline – clowns, acrobaties, performances, boules de cristal… - se mêleront et s’alterneront dans la programmation de ses 3 jours, qui invite le public à interagir avec l’événement. Plus d’infos : www.cirqueoupresque.fr bref

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LE PETIT MUSÉE DE LA DANSE – PERFORMANCE #3

à

Jusqu’au 28 juin au Musée de la danse - Rennes

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DES ENVIES DE JOURNALISME ? REJOIGNEZ NOTRE RÉDACTION !

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contactez-nous via redaction@yeggmag.fr

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L’ART & LA MARINIÈRE . . .

Quand le foot lutte contre les stéréotypes Le 31 mai dernier, le collectif « Le ballon aux filles », initié par Camille, Mégane, Anaïs, Tracy et Julie, du Cercle Paul Bert Bréquigny section Foot féminin, organisait un tournoi entre licenciées, non licenciées, jeunes et moins jeunes à Rennes. L’occasion de casser les idées reçues régnant dans cette discipline.

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Le foot féminin est connu mais pas reconnu, en grande partie à cause de la surmédiatisation des hommes », explique Julie, une des cinq jeunes filles à l’origine du projet. Pour la plupart pratiquant le football depuis leur plus jeune âge, elles sont parties d’un constat : la Bretagne qui, avec la région Rhône-Alpes, comporte le plus grand nombre de licenciées femmes, accueille très peu de tournois. « L’offre est extrêmement différente vis-à-vis de celle pour les hommes, il faut par exemple se déplacer en Normandie et très peu de villes d’Ille-et-Vilaine en organisent, même si justement les équipes de Bréquigny et même de Saint-Malo sont assez reconnues », expliquent-elles. Leur objectif ? Organiser un tournoi en lui-même mais aussi lutter contre les stéréotypes qu’on attribue régulièrement à ce sport au féminin : « Soi-disant les filles qui pratiquent le football ne sont pas féminines, sont plus lentes, moins physiques et pourtant nous pensons défendre les vraies valeurs de ce sport. Le football féminin c’est moins de chiqué, moins d’argent » et ainsi démocratiser cette pratique auprès de tous les publics que ce soient les hommes comme les femmes ou bien les familles. « Il a fallu défendre ce projet, ce qui est dommage quand on sait que le principe de ce type de sport est que tout le monde puisse le pratiquer », regrettent-elles.

Malgré tout, « Le ballon aux filles » lancé en octobre 2013 a généralement été bien accueilli et a pu recevoir de nombreuses subventions de partenaires touchés par le projet ; ce qui semble naturel selon elles, dans un contexte bien différent d’il y a une quinzaine d’années quand elles ont commencé à pratiquer et voyaient à la télévision leurs idoles, souvent masculines, évoluer sur le terrain. « Les clubs savent très bien qu’il y a un créneau à prendre avec le football féminin et d’ailleurs pas mal d’entre eux commencent à s’y mettre comme le Stade Rennais pour qui ce sera bientôt le cas par exemple. D’autant plus que la FFF (Fédération Française de Football) menace de plus en plus les clubs n’ayant pas d’équipe féminine et cela risque de devenir obligatoire pour les équipes de Ligue 1 et 2 assez rapidement ». A priori, quand on connaît les récentes frasques de l’équipe de France masculine en compétition ces dernières années, la perspective d’une Coupe du Monde féminine en 2016 avec une équipe de France aujourd’hui dans le top 5 mondial devrait en rassurer certain(e)s. Pour ces jeunes filles, pas encore de Coupe du Monde en perspective mais la satisfaction d’avoir organisé ce premier tournoi « pour passer un bon moment » et montrer à tous que football rime avec féminin. I LAURA LAMASSOURRE

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culture

VERDICT . . .

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La sélection culturelle et subjective de la rédaction

TUNE YARDS

musique

Chez YEGG, on était sous le charme de Merill Garbus, alias Tune Yards, depuis son 2ème album, Whokill, et son passage à l’Ubu début 2012. Un orchestre cosmopolite à elle toute seule, explosif, coloré, complètement barré, l’expérience avait été intense et inoubliable. Deux ans après, Tune Yards chamboule à nouveau les rythmes, les styles et les cultures dans un joyeux bordel intitulé Nikki Nack. Funk, soul, jazz, tambours, rap,... La grande prêtresse de la déconstruction et du DIY livre un album impressionnant, parce qu’on n’est jamais perdu dans son labyrinthe psychédélique, on s’y sent chez soi et on plane sans avoir besoin de prendre de substances illicites... I MARINE COMBE

cinéma

SOUS LES JUPES DES FILLES AUDREY DANA

NIKKI NACK MAI 2014

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JUIN 2014

Si l’idée est simple, réunir 11 femmes en faisant une sorte de mosaïque contemporaine et moderne de la féminité, ce qu’il en sort est nauséabond de clichés. Du très improbable kaléidoscope de la femme de la réalisatrice Audrey Dana en résulte une image superficielle et totalement hors de la réalité. Sous les jupes des filles s’emploie à énumérer les travers et faiblesses de tous ces personnages à travers des vies qui les opposent et qui, de part leur appartenance à la gente féminine, les rapprocheraient tout de même. On pourrait juger d’un sens de la comédie assez moyen et d’une mise en scène approximative mais ce qui visiblement échappe à l’auteure c’est que les femmes auront bien du mal à se reconnaître en ce bel assemblage de conditions bourgeoises. À peine le début de questionnement autour de et sur la femme sans jamais la moindre réflexion sur le sujet énoncé, pas même en digression. Qu’il en soit de la pression sociale d’être une mère, une femme dévouée, du monde du travail ou du plaisir sexuel, rien n’est abordé avec sérieux. Tout n’est que visibilité potache et légèreté insignifiante. Un probable éparpillement qui n’apportera pas la moindre once de contenu. Audrey Dana qui, on s’en doute bien, aura cherché à cerner la féminité à notre époque n’aura rien de très concret à proposer aux femmes qui vivent de vraies vies de femmes, loin de ces personnages traités incarnant de navrants archétypes. Le talent du casting aurait dû signer de bons moments de cinéma. Dommage! I CÉLIAN RAMIS

DVD

Livre À COUP SÛR

DELPHINE DE VIGAN MAI 2014

Emma, jeune et séduisante trentenaire est une fonceuse. Une éducation qui ne néglige pas la valeur de la compétition la poussera à toujours réussir ce qu’elle entreprend. Journaliste, elle est brillante et exécute méthodiquement dans sa vie le culte de la performance. À la suite d’un malentendu et une expérience malheureuse la jeune femme croit être une mauvaise affaire au lit. Obsédée par la réussite et déçue par cette révélation, Emma mettra tout en œuvre pour devenir le meilleur coup de Paris. Commencera dès lors pour l’héroïne un cycle d’études et travaux pratiques en accéléré autour du sexe, nous embarquant dans tout un tas de situations irréalistes plus souvent grotesques et absurdes que comiques. Le scénario comme prétexte, la réalisatrice nous fait croiser de multiples experts, connaisseurs et autres professeurs du sexe tous stéréotypés. Si le jeu des acteurs principaux, Laurence Arné et Eric Elmosnino, n’est pas mauvais, les dialogues sont plutôt convenus et souvent peu représentatifs des situations. On peinera donc à rire aux aventures chargées de catastrophes et lourdes de plans d’action et autres investigations. Pour l’écrivaine, Delphine de Vigan, le passage derrière la caméra comme réalisatrice pour son premier long métrage restera raté et incarnera sur pellicule un point de vue tristement monochrome. I CÉLIAN RAMIS

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9M2

Livre

VANESSA COSNEFROY AVEC STÉPHANE DELAUNAY AVRIL 2014

« Si son histoire ne pouvait avoir valeur d’exemple, elle illustrait la contre productivité du système carcéral (…) nul ne pourrait douter que la spirale dans laquelle Vanessa était entrée, la prison en était responsable », analyse Stéphane Delaunay dans 9m2, qu’il a co-écrit avec l’ex-détenue Vanessa Cosnefroy. Ce témoignage, d’une puissance rageuse, est celui d’une jeune femme incarcérée pour avoir escroqué des banques. 5 ans de prison dans 10 maisons d’arrêt. De Limoges à Nice en passant par Fresnes, Fleury, Les Baumettes… le constat est le même partout : « Tu deviens un numéro d’écrou et un blaze (…) c’est le début du processus de perte d’identité, on te transforme en machine (…) le parfait détenu, en somme, est un zombie ». Vanessa ne se résigne pas, elle entre en rébellion, devient une autre, celle qu’on appelle 9-3. Violente, contre elle-même et les matons, elle est une « boule de nerfs ». Alors, elle enchaine mitard, internement d’office et isolement. Elle dit tout, les cachetons pour abrutir les détenu(e)s, la rencontre avec les infréquentables comme Monique Olivier la complice de Fourniret, le froid, la laideur, les odeurs, les injures, l’absurdité du système qui l’a détruite et rendue violente. I MORGANE SOULARUE


DANS LE FRIGO DE...

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CÉCILE MASSART

Poulet basquaise

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de poulet - 6 cuisses fermier res s bien mû - 6 tomate s épinée pelées et ép c non blan ig - 1 gros o x u o d ts verts - 10 pimen ts ns ver ou 2 poivro

poivrons - 2 beaux rouges live - huile d’o lsainaigre ba v e - 5 cl d mique - ail - laurier - thym e t d’Espelett - sel, pimen

Dans un peu d’huile, saisissez et faites dorer le poulet puis réservez. Dans la même cocotte, faites revenir l’oignon, les poivrons et les piments coupés en lamelles, ajoutez-y l’ail finement coupé. Une fois le tout bien revenu, déglacez au vinaigre balsamique, ajoutez les tomates concassées, le thym, le laurier et les cuisses de poulet. Salez et ajoutez une pointe de piment d’Espelette. Laissez mijoter à couvert environ 30 minutes à feu doux. Vérifiez la cuisson du poulet et rectifiez l‘assaisonnement si besoin. Traditionnellement est accompagné

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ce de

plat riz.

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YEGG & THE CITY

© CÉLIAN RAMIS

Episode 10 : Quand j’ai exécuté mes premiers pas de tango.

L

e tango argentin, danse sensuelle, danse de la séduction par excellence. Bien exécuté, il est d’une beauté inouïe. Il y a tout : de l’élégance, de la force, du sens, de la grâce, de la résistance et de la dureté. Et quand l’association rennaise Braise Tango fête ses 20 ans (jusqu’au 9 juin) et propose une initiation au tango, chez YEGG, on ne peut pas résister à l’envie de valser à la manière argentine. On chausse nos ballerines – parce que nos talons sont usés par les pavés rennais mais c’est une autre histoire – et direction le bar du TNB pour une heure de tango, rondement animé par deux bénévoles – et membres du CA de l’association - Nina Loetters et Olivier Mayol, qui pratiquent cette danse depuis, respectivement, 11 et 6 ans. Il y a du monde, réuni en rond, à vouloir s’initier ou se réinitier, on n’en soupçonne certain(e) s de ne pas être débutants. Un bonus pour les exercices qui nécessitent d’être en couple ! « Une heure d’initiation, c’est court. À la fin, c’est évident vous ne saurez pas danser le tango », explique gentiment Olivier. Là, frustration. Comme dans chaque activité que l’on débute, on voudrait savoir la

Juin 2014 / yeggmag.fr / 26

pratiquer en un coup de baguette de magique. Pour le illico-presto, on repassera. Normal. On commence cette heure en marchant, simplement, pour sentir le rythme et laisser le corps réagir aux vibrations de la musique. Puis on apprend le marché à deux. En face à face, les paumes de main collées à celles du ou de la partenaire, la difficulté réside dans le fait d’émettre une résistance dans les bras pour la personne qui recule. Pas évident de ne pas penser à ce qu’il y a derrière. Pas évident non plus de se fier à un ou une parfait(e) inconnu(e). Et tout se complique quand il faut fermer les yeux, sentir le mouvement – léger – de levier et sentir naturellement la jambe qui s’avance pour l’un, celle qui recule pour l’autre. Tout ça en parfaite synchronisation, sans se marcher sur les pieds, en se fiant simplement à l’autre et en écoutant les deux corps du duo. Une heure est passée. Olivier n’avait pas menti, on ne sait toujours pas danser le tango. Mais comme on fait ses premiers pas étant bébés, nous, on a fait les nôtres dans le tango, et ce n’est pas rien ! I MARINE COMBE


CAROLE BOHANNE CÉLINE JAUFFRET ANA SOHIER ANNE-KARINE LESCOP

ANNE LE RÉUN BÉATRICE MACÉ ANNE CANAT SYLVIE BLOTTIERE ÉVELYNE FORCIOLI YUNA LÉON BRIGITTE ROCHER FANNY BOUVET MARIE-LAURE COLAS GAËLLE AUBRÉE DORIS MADINGOU KARINE SABATIER ARMELLE GOURVENNEC MARIA VADILLO GAËLLE ANDRO VÉRONIQUE NAUDIN NADINE CORMIER ESTELLE CHAIGNE ALIZÉE CASANOVA DOMINIQUE IRVOAS-DANTEC FRÉDÉRIQUE MINGANT MATHILDE & JULIETTE

LAURENCE IMBERNON

NATHALIE APPÉRÉ ANOUCK MONTREUIL NATHALIE APPÉRÉ ÉMILIE AUDRENMARIE HELLIO CÉLINE DRÉAN VALÉRIE LYS

ISABELLE PINEAUMARINE BACHELOT CHLOÉ DUPRÉ ANNE LE HÉNAFF GÉRALIDINE WERNER DOROTHÉE PETROFF

GWENAËLE HAMON MARION ROPARS

CATHERINE LEGRAND

JEN RIVAL

LES FEMMES QUI COMPTENT,

CHAQUE MOIS DANS YEGG YEGG

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YEGG . . .

LE FÉMININ RENNAIS NOUVELLE GÉNÉRATION

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