HERITAGE 5

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SAINT-MARTIN

SINT-MAARTEN

No 5 février 2010

Restauration des canons Restauring the canons

FORT LOUIS

Récolte du sel Picking salt


collection de vĂŞtements en vente exclusive au MusĂŠe de Saint-Martin

ethnik tendancy

new fashion wear available only at Saint-Martin Museum


Distribue par:

CARIBBEAN LIQUORS & TOBACCO B.V.

8 Buncamper Road - Phillipsburg - St. Maarten Tel: (599) 542 2140 - Fax: (599) 542 2241 Email: info@cltbv.com

SOMMAIRE Le Fort Louis The Fort Louis

Pages 2 à 9 Les étangs salins The salt ponds

Pages 10 à 12 HERITAGE Saint-Martin/Sint Maarten

Editeur : Association Archéologique Hope Estate BP 507, Marigot, 97150 Saint Martin 0690 56 78 92 E-mail : heritagesxm@live.fr Directeur de publication/ rédaction : Christophe Hénocq Photographies : Hervé Baïs / A.A.H.E. Service commercial : 0690 50 14 12 Maquette et Graphisme :

Traduction : I. Fenoll Impression : PRIM Caraïbes 05 90 29 44 87 www.museesaintmartin.e-monsite.com

La reproduction même partielle de tout article, photo et publicité parus dans HERITAGE est interdite sauf accord. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur est illicite (article L.122-4 du code de la propriété intellectuelle).

EDITO Le mois de février est déjà là et les festivités du carnaval touchent à leur fin. Février c’est aussi le pic annuel de la saison touristique et nous pouvons aujourd’hui accueillir avec fierté nos visiteurs sur le site patrimonial le plus visible de Saint Martin, à savoir le Fort Louis qui domine la baie de Marigot. Le monument vieux de 221 ans s’est refait une beauté. Tout le site a été débroussaillé et son entretien devrait être maintenu à l’avenir, grâce à la coopération de l’association d’insertion A.C.E.D. et du Service d’Environnement de la collectivité. La signalétique vandalisée a été réparée et tous les canons ont été placés sur des affûts flambant neufs. Nous consacrons donc naturellement un long article dédié à l’histoire du monument le plus visité de Saint Martin. A Soualiga, terre de sel, l’or blanc a été exploité dès le début de la colonisation et nous effleurons ce vaste sujet dans un article consacré à la fin de l’exploitation des étangs salins dans les années 1960. La rédaction de cet article et la description du travail dans les salines n’ont été possibles que grâce au témoignage oral de nos aînés qui sont souvent les seules sources d’information permettant de retracer la vie quotidienne au XXème siècle. Une fois encore, vous avez été nombreux à nous transmettre vos encouragements dans note volonté de rendre accessible à tous, et gratuitement, la connaissance de l’Histoire de Saint Martin /Sint Maarten. Nous vous en remercions et rappelons une fois de plus que ce sont nos sponsors qui permettent à Heritage d’exister. Remercions-les encore de contribuer à la mise en valeur de notre patrimoine commun. We’re already in the month of February and the Carnival celebrations are almost over. February is also the yearly peak of the tourist season and we can once again welcome our visitors with pride on the most visible heritage site of Saint Martin, that is to say Fort Louis, overlooking Marigot bay. The 221 year old monument has been cleaned up. The whole site was cleared of excess vegetation and its upkeep should be regular in the future, thanks to the cooperation of the A.C.E.D. integration association and to the Collectivity Environment Department. The wrecked information boards have been renewed and all the canons placed on brand new carriages. We are thus naturally devoting a long article to the history of the most often visited monument of Saint Martin. On Soualiga, earth of salt, the white gold was collected as of the start of colonisation and we skim over this vast subject in an article devoted to the end of the pond operations in the 1960s. The writing of this article and the description of this work on the salt ponds were only made possible thanks to the oral testimony of our elders who are often the sole sources of information enabling us to relive daily life during the 20th century. Once again, many of you have been encouraging us in our will to make the History of Saint Martin/Sint Maarten free and accessible to all. We thank you for this and once more recall minding that our sponsors are the people who enable Heritage to exist. Let us thank them again warmly for contributing to the highlighting of our common heritage. C. Henocq


LE FORT LOUIS Dès leur implantation sur l’île de Saint Martin pendant le premier quart du 17ème siècle, les colons français et hollandais durent organiser la défense de leur territoire en installant des batteries de canons et des fortifications. Si les hollandais érigent leur première place forte d’Amérique à Great Bay en 1631, en lieu et place du fort Amsterdam, ce n’est qu’après la signature du traité de partage de l’île le 23 mars 1648 que les français commenceront à protéger le bourg du Marigot.

Premières défenses du bourg du Marigot Dans un rapport du 23 juin 1689 du chevalier de Guitaud, gouverneur de l’île de Saint Christophe dont Saint-Martin dépendait, on peut lire: « Dans le bout du quartier du Roy (aujourd’hui Colombier) et dans le

FORT LOUIS

commencement de celui du Marigot il y a un autre retranchement avec sa barrière. Dans celui dudit Marigot, il y a un réduit d’environ quarante cinq pas en carré où il y a cinq embrasures et deux pièces de canons de 8 livres chacune montée et dans la face dudit réduit il y a une palissade aux deux côtés de la porte. Il y a aussi, proche dudit réduit, 3 autres pièces de canon, une de 2 livres et deux d’1 livre sans affûts. Il y a un autre retranchement plus haut que le dit réduit où les trois dites pièces de canon seront placées. Il y a un long retranchement audit Marigot avec une embrasure où il y a une pièce de canon de 8 livres montée et en état de servir et aux deux côtés dudit retranchement, il y a deux petits réduits qui ne sont pas tout à fait clos ... Tous ces réduits et retranchements sont bâtis à pierre sèche qui ont été faits par les esclaves des habitants et par les ordres

As of their settlement on the island of Saint Martin during the first quarter of the 17th century, the French and Dutch colons had to organise the defence of their

pieces of ordnance, one being a 2-pounder and two 1-pounders without carriages. A little above the said recess, there is another entrenchment in which the three said

Le Fort Louis Fort Louis

territory by setting up batteries of artillery and fortifications. If the Dutch erected their first fort in the Americas on Great Bay on the site of Fort Amsterdam in 1631, the French only started to protect the town of Marigot once the island sharing treaty had been signed on March 23rd, 1648.

pieces of ordnance will be positioned. There is a long entrenchment at the said Marigot with a loophole in which there is a mounted 8-pound piece of ordnance ready to fire and on both sides of the said entrenchment, there are two

First defences of the town of Marigot In a report dated June 23rd, 1689 made by knight Guitaud, governor of the island of Saint Christopher of which Saint-Martin was a dependency, one can read: « At the end of the King’s district (today known as Colombier) and at the beginning of that of Marigot there is another entrenchment with its barrier. In that of the said Marigot, there is a square recess approximately forty-five paces across in which five loopholes are located and two mounted 8-pound pieces of ordnance and on the facade of the said recess there is a stockade on each side of the door. There are also, near the said recess, 3 other 1700

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Plein essor de la traite négrière. Full impact of the slave trade.

1703 Vauban est fait chevalier des ordres du Roi Louis XIV. Vauban is made « Knight of the Orders » by King Louis 14th.

Le gouverneur de Saint-Eustache chasse les Français de Saint Martin (guerre de succession d’Espagne). The Governor of Statia drives the French out of Saint Martin (Spain’s war over who will rule the country).

Marigot vu du Fort Louis Marigot seen from Fort Louis

small recesses that are not entirely closed… All these recesses and entrenchments have been built using dry rock made by the 1710

Acte d’union entre l’Angleterre et l’Ecosse, formation de la Grande-Bretagne. Deed establishing England and Scotland’s alliance, constitution of Great Britain.


et soins dudit sieur chevalier de Rionville (commandant de SaintMartin) qui me paraissent assez bien construits pour s’opposer à la descente des ennemis et pour les empêcher d’entrer dans les terres ...» Ces quelques batteries de canons de faible portée et autres retranchements ne suffiront pas pour protéger la colonie. Dès le début du 18ème siècle, la guerre de succession d’Espagne oppose la France et l’Espagne à l’Angleterre et aux Province Unies de hollande. En 1703, le gouverneur de Saint Eustache Jan Burggraeff organise une expédition et chasse tous les français de Saint Martin. L’île ne sera reconquise que 14 ans plus tard par un corps expéditionnaire français.

tannique amène à la prise de l’île de la Dominique tout en préparant une grande offensive pour l’année 1762. Remontant les Caraïbes, la flotte britannique prend possession de la Martinique et de nombreuses

Projets de fortifications Au milieu du 18ème siècle, pendant la guerre de succession d’Autriche, puis la guerre de 7 ans la France est à nouveau en guerre contre la Grande Bretagne et les Provinces Unies de Hollande. Saint Martin est alors régulièrement la cible de pillards et de flibustiers venus d’Anguilla. Après la défaite totale des Français en Amérique du

La Batterie N°4 Battery number 4

Nord, les Britanniques se concentrent désormais sur les Caraïbes. La conquête de la Guadeloupe en 1759 est le point de départ d’une succession d’attaques sur les îles françaises. L’offensive bri1er sept. 1715 Mort de Louis XIV à Versailles. Death of Louis 14th at Versailles.

inhabitants’ slaves and under the orders and care of the said Knight de Rionville (commander of SaintMartin) which seem sufficiently well built to oppose enemy descents and stop the enemy from going inland… ). These few short range pieces of ordnance and other entrenchments were not sufficient to protect the colony. As of the early 18th century, Spain’s war of succession opposes France and Spain to England and to the United Provinces of Holland. In

Vue du bourg du Marigot vers 1930 View of the town of Marigot around 1930

îles françaises pour arriver en vue de La Havane le 6 juin. Le siège aboutit à la capitulation de la ville le 10 août. L’ensemble des Caraïbes est maintenant contrôlé par les britanniques. Après la signature du traité de Paris le 10 février 1763, la France ne peut récupérer que la Martinique, la Guadeloupe, Saint Martin, MarieGalante et SainteLucie. C’est cette même année que le commandant Auguste Descoudrelles prend ses fonctions à Saint Martin. L’île est déjà peuplée par une proportion non négligeable de britanniques venus s’établir à partir de l’Anguille. Dans une note datée de

1703, the governor of Statia, Jan Burggraeff, organised an expedition and drove all the French from Saint Martin. The island was only re-conquered 14 years later by a French expeditionary corps.

Fortification projects In the mid 18th century, during the Austrian war of succession, then during the 7-year war France was once again at war against Great Britain and the United Pro-

vinces of Holland. Saint Martin was then consistently the target of plunderers and buccaneers from Anguilla. After the total defeat of the French in Northern America, the British concentrated on the Caribbean. The conquest of Guadeloupe in 1759 was the starting point of a series of attacks on the French islands. The British offensive led to the taking of the island of Dominica whilst preparing a major attack for the year 1762. Coming up through the Caribbean, the British fleet took hold of Martinique and of numerous French islands reaching Havana on June 6th. Its siege resulted in its surrender August 10th. All the Caribbean was now controlled by the British. After the signature of the Paris treaty February 10th, 1763, France could only recover Martinique, Guadeloupe, Saint Martin, Marie-Galante and Saint Lucia. That same year Commander Auguste Descoudrelles took up his post on Saint Martin. The island’s population already comprised a non-negligible percentage of British having come from Anguilla to settle down there. In a note dated 1763, President Peinier, general quartermaster of Guadeloupe was worried of Saint Martin’s defence against the English or Dutch enemy during

1763, le président Peinier, intendant général de la Guadeloupe s’inquiète de la défense de Saint Martin contre les ennemis anglais ou hollandais pour les années à venir. Il envisage même la vente 1740 / 1748

Pillages et spoliations par les troupes britanniques d’Anguilla (guerre de succession d’Autriche). Plundering and despoilment by the British troops of Anguilla (Austrian war as to who will rule the country).

1748 Guerre de Sept Ans aboutissant à la perte du Canada et des Indes. Seven year War ending up in the loss of Canada and India.

1750 Début de l’ère industrielle, 800 millions d’habitants sur terre. Beginning of the Industrial Era, 800 million people on Earth.

1756 / 1763 Raids des Britanniques d’Anguilla (guerre de Sept Ans). Raids by the British troops of Anguilla (Seven Year war).

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de la partie française de Saint Martin: «...Il convient au reste d’éviter, autant qu’on pourra que ces isles deviennent sous la puissance de l’Angleterre, à cause du voisinage de St-Eustache et des ressources

Le chevalier Descoudrelles, commandant de Saint Martin en 1770 Knight Descoudrelles, commander of Saint Martin in 1770

que cette colonie hollandaise fournit aux isles du vent pendant la guerre, mais on n’aperçoit aucun inconvénient dans la cession qui pourrait en être faite aux Etats généraux, moyennant un échange proportionné, ou autre indemnité quelconque. Si la France veut s’en maintenir la propriété, elle doit se dispenser d’augmenter les dé-

Une meurtrière A loophole

penses qu’elle y a faites jusqu’à présent, lesquelles se bornaient à l’entretien d’un officier commandant à St-Martin avec un traite-

1759

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Occupation anglaise de la Guadeloupe. English occupation of Guadeloupe.

ment de 4,000 Livres tournois, et d’un autre commandant à St-Barthélémy avec 2,000 Livres. Peutêtre même pourrait-on trouver sur les lieux, ainsi qu’on l’avait fait à la Désirade, un habitant notable et honnête que l’on revêtirait du caractère de commandant, sans qu’il en coutât d’ailleurs rien au Roy. C’est au chef militaire chargé de la défense des isles du vent à déterminer s’il est convenable de faire des fortifications à St-Martin et à St-Barthélémy, et quelle doit en être l’espèce. Il n’est pas possible, attendu le petit nombre, le caractère et l’origine des habitants, de songer à y établir une milice... » En 1764, François Gabriel de Fénelon, vicomte de Salignac est envoyé en mission à Saint Martin par son frère, gouverneur de la Martinique. De Fénelon arrive à bord de la frégate « La Folle » face au bourg du Marigaud et établit une carte de la baie indiquant la position des habitations, du débarquement, des pointes et bastions existants.

Implantation de la ville du Marigot et du Fort Le 13 janvier 1766, le président de Peinier, intendant de la Guadeloupe, rédige un rapport sur la rade du Marigot et signale les « batteries projetées sur le morne Marigot et la pointe à Burgaux ». Il ajoute: « On peut faire, sur le morne du Marigot, un réduit assez grand pour contenir 20 ou 30 hommes. Avec peu de dépenses on en ferait un endroit qui pourrait servir à obtenir une capitulation honorable. Ce morne peut avoir 60 toises de perpendiculaire sur la cime, il y a un plateau où les Anglais avaient mis une batterie de petits canons. On y trouve une défense

1760 Achèvement de la conquête du Canada par la GrandeBretagne. Création de Pointe à Pître en Guadeloupe. End of Great Britain’s conquest of Canada. Creation of enclosed Hill (Pointe à Pître) on Guadeloupe.

forthcoming years. He even envisaged the sale of the French side of Saint Martin: « … Furthermore

on Saint-Martin and on Saint-Barthelemy, and which sort must be erected. It is not unlikely, taking into consideration the small population, the nature and origin of the inhabitants, to think of establishing a militia there…» In 1764, Francois Gabriel de Fenelon, viscount of Salignac was sent to Saint-Martin on a mission by his brother, governor of Martinique. De Fenelon arrived aboard the frigate « La Folle » facing the town of Marigaud and established a map of the bay indicating the position of the housing, of the landing, of the existing capes and fortifications.

L’entrée du Fort protégée par un sas The Fort entrance protected by a double, security clearance door

Setting up of the town of Marigot and of the Fort

it is appropriate to avoid, as much January 13th, 1766, President as possible that these islands fall Peinier, quartermaster of Guadeinto the hands of the British, due loupe, wrote up a report concerto the proximity of Statia and the ning Marigot harbour indicating resources that this Dutch colony that the « projected artillery on supplies the windward islands during the war, but we see no harm in the sale which could be made of it to the General Assessments, in the context of an even exchange, or another compensation whichever it be. Should France wish to keep its ownership of it, it must refrain from increasing the expenses it has made on it up to now, which expenses were limited to paying a commanding officer on Saint-Martin wages of 4,000 Pounds …. and 2,000 Pounds of wages for another commander on Saint-Barthelemy. It might be possible to find a prominent Plan de Marigaud en Plan of Marigaud in 1764, and honest member of the 1764, la frégate La Folle with the frigate La Folle inspectant la rade du inspecting the bay of population on site, as we had Marigot pour l’implanta- Marigot for the construcdone on the island of Desirada, tion de la ville. tion of a settlement. who we would appoint as comA. Le débarquement où A. Landing site where mander, without it being of any était le corps de garde were installed the French guards in 1764. cost to the King. It is up to the français en 1764. B. Le bastion situé au B. The bastion, located in head of the military in charge milieu de la baie. the middle of the bay. D. Point St-Martin. of the Windward Islands’ de- D. La pointe St-Martin. Le mouillage de la X. La Folle at anchor. fence to determine if it is ap- X. Folle. F. Point Anguilla. propriate to build fortifications F. La pointe de l’Anguille.

1763

19 avril/april 1775 Auguste Descoudrelles Commandant de Saint Martin. Auguste Descoudrelles Commander of Saint Martin.

Début de la Révolution aux Etats-Unis (Guerre d’indépendance). Start of the Revolution in the United States of America (War of Independence).

n c p b D c d 1 fi « M p p


Marigot hill and Burgaux cape ». He added: « One can establish, on Marigot hill, a recess large enough to contain 20 or 30 men. At little cost it could be made a place used to obtain an honourable surrender. This hill could provide 50 metres of perpendicular space at its peak; there is a plateau on which the English had set a battery of small ordnances. Natural defence is provided on the side facing inland, the rock rises above the sea, which would perfectly shelter the small building we could erect t h e r e . » Ten years later, Auguste Descoudrelles

Carte montrant l’emplacement des batteries projetées en 1766 Map showing the position of the projected ordnances in 1766

naturelle du côté de la terre, le rocher s’élève en mer, ce qui mettrait parfaitement à couvert le petit établissement qu’on y pourrait faire». Dix ans plus tard, Auguste Descoudrelles dans une description de l’Isle de Saint Martin datée de 1776 regrette que le projet de fortification soit toujours au point mort: «…Enfin on aurait tiré parti de St Martin dont l’établissement eut été porté au plus haut point où il eut pu aller; il y aurait maintenant une

ville considérable au Marigot, et sans qu’il en eut rien couté, cette petite colonie eut pu au moins tenir quelque rang parmi les possessions françaises. Il n’eut fallu pour assurer tous ces avantages qu’une redoute fermée sur le morne du Marigot, montée de quelques canons et d’environ 20 hommes en temps de guerre seulement. Ce morne est escarpée presque inaccessible et peut le devenir entièrement à peu de frais, et la colonie

4 juillet/july 1776 Les députés de 13 colonies américaines, réunis à Philadelphie, proclament leur indépendance. The deputies of 13 American colonies, gathered in Philadelphia, proclaim their independence.

in a description of the island of Saint Martin dated 1776 regretted the fortification project was yet at a standstill: « …Finally we would have taken advantage of Saint Martin, the establishment of which could have been brought to its most advanced level; there could now have been a city of major size in the Marigot, and without it being of any cost at all. This small colony could at least have held its rank

1778 La France rentre en guerre directement aux côtés des colonies anglaises d’Amérique révoltées contre l’Angleterre. France, alongside the rebellious English colonies of America, declares war against England.

1781 / 1783 Occupation britannique de Saint Martin. British occupation of Saint Martin.

amongst the French possessions. In order to obtain all these advantages a single closed shelter could have been built on Marigot hill, equipped with a few canons and holding approximately 20 men during war time only. This hill is steep, almost inaccessible and can be made entirely so at little cost, and the colony could have borne this expense. This shelter could have protected the entire bay and harbour of the Marigot, its communication by the pond with Simson’s Bay port, and the greater part of the Marigot inland areas; it could have ensured the long-lasting of the settlement of Saint-Martin, and we would not have had to worry about the English making great efforts to destroy it, since most of it would have sheltered their merchants. It only required protection from the pirates…». In a note dated February 26th, 1784, Claude-Charles de Marillac, viscount of Damas refers again to the hill overlooking the Marigot, ideal for the town’s defence: « …In spite of the inland mountains, the French side hills are all adapted to cultivation and likely to give way to sugar factories,

La table d’orientation du Fort Louis The orientation table at Fort Louis

for their aspect and the nearness to the sea presenting easy landing stages all along the coast. As in

1782 Bataille navale de Chesapeake, les Américains alliés aux Français (De Grasse) battent les Anglais. Naval battle of Chesapeake, the Americans allied to the French (de Grasse) defeat the English.

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Nettoyage du Fort par le Club Patrimoine Junior Cleaning up of the Fort by the Heritage Junior Club

eut été en état de supporter cette dépense. Cette redoute eut protégé toute la baye et rade du Marigot, sa communication par l’étang avec le port de Simson’s Bay, et la plus grande partie de l’intérieur des terres du Marigot; elle eut assuré la consistance de l’établissement de St-Martin, et il n’eut point été à craindre que les anglais eussent fait de grands efforts pour le détruire, puisqu’il se serait trouvé composé en plus grande partie de leurs négociants. Il eut suffi qu’il eut été seulement à l’abri des corsaires ... ». Dans une note datée du 26 février 1784, Claude-Charles de Marillac, vicomte de Damas fait à nouveau référence au morne surplombant le Marigot, idéal pour la défense de la ville : «…Malgré les montagnes de l’intérieur, les terres de la partie française sont partout propres à une culture utile et susceptibles d’établissements à sucre, pour leur exposition et la proximité de la mer qui présente, sur toute

Jean Sébastien de Durat, commandant de Saint Martin en 1785 Jean Sebastien de Durat, commander of Saint Martin in 1785

la côte des embarcadères faciles. On y éprouve, comme à la grande terre, Guadeloupe, de fréquentes sècheresses, le sol y est très léger 1782

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Terrible défaite de l’amiral de Grasse au large de l’archipel des Saintes. Terrible defeat of Admiral de Grasse off the coast of the Saintes archipelago.

et cette qualité procure, dans les années pluvieuses, de très abondantes récoltes et surtout un très beau sucre. Le district français est divisé en quatre quartiers ou paroisses. Le principal est le Marigot où est situé le bourg de ce nom, séjour du Gouverneur, défendu par un morne, seul établissement pour la défense de l’isle... »

the greater part of the island of Guadeloupe, droughts are frequent there, the soil is very light and this quality provides, during the rainy years, very abundant harvests and especially a very fine quality of sugar. The French district is divided into four quarters. The main one is the Marigot in which the town of this name is lo-

Le magasin à poudre du fort The fort’s gun powder stock room

cated, the Governor’s residence, defended by a hill, sole possible base for the island’s defence… »

Construction of Fort Louis A report dated 1833, titled « Topography of Saint Martin, with remarks » written by D.C. Van Romondt Jr. describes the construction of the fort by Jean Sebastien de Durat, owner of the Saint Jean plantation and commander of the Plan du Magasin à poudre Drawing of the gun powder stock room

Construction du Fort Louis C’est un rapport daté de 1833, intitulé « Topographie de Saint Martin, avec observations » rédigé par D.C. Van Romondt Jr qui décrit la construction du fort par Jean Sébastien de Durat, propriétaire de la plantation Saint Jean et commandant de l’île : « Une autre circonstance que je ne dois pas passer sous silence et qui a grandement contribué à la prospérité de la colonie est l’exemption de toute espèce de contribution; les habitants n’étaient sujets à aucune; cependant en 1787 et 1788 M. de Durat, qui n’a cessé de chercher des moyens d’amélioration pour cette petite colonie, avait formé le projet de faire construire une geôle, un pont, et le petit fort, fit assembler les habitants leur proposa l’exécution de son plan et leur en demanda les moyens. Après cinq minutes de délibération et d’une voix unanime, les habitants fournirent et souscrirent volontairement à tout ce que leur avait proposé M de Durat; pour qui ils avaient et ont 3 sept. 1783 L’Angleterre doit reconnaître l’indépendance des 13 colonies américaines et évacue le pays. Elle rend la Floride à l’Espagne. England must acknowledge the independence of the 13 American colonies and leave the country. It restitutes Florida to Spain.

1785 Jean Sébastien de Durat Commandant de Saint Martin. Jean Sebastien de Durat, Commander of Saint Martin.

23 dec.1787 Départ du Bounty qui va chercher de l’arbre à pin à Tahiti pour le ramener en Jamaïque pour nourrir les esclaves. The Bounty sets off to find breadfruit trees on Tahiti to bring them back to Jamaica to feed the slaves.


eu jusqu’à sa mort autant d’amour que de respect. Tous à l’envi mirent la main à l’œuvre et plusieurs d’entre eux fournirent une plus grande quantité de nègres de corvée que celle qu’on exigeait. Il est naturel de croire qu’avec de pareilles dispositions de la part des habitants qui ne sont plus les mêmes aujourd’hui, ces trois édifices qui existent encore furent bientôt achevés. M. de Durat donna au fort le nom de Fort Louis, et les habitants voulurent que le pont transmit le sien à la postérité et le nommèrent pont de Durat. Ces derniers mots étaient gravés sur une belle pierre de taille placée au centre du parapet dudit pont. Les républicains dans leurs délires ont enlevé et détruit cette pierre; mais la colonie étant restituée à Louis le Désiré, il secondera nos vues en faisant remettre la pierre et réparer notre temple et le presbytère pour exercer notre Sainte Religion...». Ainsi, en 1789, furent construits le fort Louis, la prison de Saint Martin (abritant aujourd’hui le Musée) et

Plan de la case de garde du fort Plan of the Fort guard house

le pont de Durat situé a la sortie de Marigot vers Grand-Case, après Howell Center.

Bataille au Fort Louis « Les anglais, habitués à des succès faciles, étaient arrivés à croire que rien ne pouvait leur résister

Plan du Fort Louis en 1806 Plan of Fort Louis in 1806

aux Antilles…. les chefs ennemis, pensant faire la conquête de Saint Martin, dirigèrent vers cette île la corvette « Le Wanderer » capitaine Cafton et les goélettes « L’Elisabeth », « La Subtile » capitaine Spearing et « Le Balahou » Capitaine Mills. A bord de cette division avaient été embarqués cent trente soldats de marine. Le 4 juillet 1808, au point du jour, elle était sur les côtes de Saint Martin. Jetant à terre, au lieu dit Galisbaie, les soldats de marine à la tête desquels avait été placé le lieutenant de vaisseau Spearing, capitaine de la goélette « La Subtile », elle entra dans la baie du Marigot et vint à portée de fusil canonner le fortin qui défend le bourg. Dans le même moment, les hommes mis à terre s’avançaient, en tournant le morne, pour emporter d’assaut notre petite fortification. Mais le capitaine Preuilh, commandant de la partie française de Saint Martin, était sur ses gardes. S’attendant à une attaque, il avait concerté la dé-

1789 George Washington, premier président des Etats-Unis, prête serment. George Washington, first president of the United States, takes the oath.

island : « Another circumstance that I must not forget to mention and which greatly contributed to the prosperity of the colony is the

Construction de la prison de Saint Martin, construction du Fort Louis. Construction of the prison on Saint Martin, construction of Fort Louis.

exemption of any type of tax; the inhabitants were not subject to any tax ; however in 1787 and 1788, Mr de Durat, who was always loo-

26 août /august 1789

15 mars/march 1790

Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen en France. Declaration of Humans’ and Citizens’ Rights in France.

Abolition du servage en France. Abolishment of bondage in France.

king for means of improving this small colony, had projected to build a jail, a bridge, and the small fort, assembled the inhabitants, proposed to them the execution of his plan and asked them to supply the means for this. After five minutes of deliberation and unanimously, the inhabitants voluntarily supplied and subscribed to all that had been proposed to them by Mr de Durat; for whom they had and have as much love as respect until his dying day. All of them alike set themselves to work and several of them even supplied a larger number of dutiable Negroes than had been requested. It is natural to believe that with such a reaction on the part of the inhabitants which are not the same today, these three buildings which still exist today were soon completed. Mr de Durat named the Fort « Fort Louis », and the inhabitants wished the bridge to bear his name throughout History and named it Bridge de Durat. The Republicans in their outbursts removed and destroyed this stone;

20 juin 1791 Fuite de Louis XVI, arrêté à Varennes en Argonne. Louis 16th flees Versailles, arrested at Varennes in Argonne.

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fense avec Verveer, gouverneur de la partie hollandaise. Dès que la division ennemie eût été signalée, il en avait donné avis au chef hollandais, et s’était enfermé dans le fortin, avec toute la milice qu’il avait

sa blessure fut légère et guérit en 6 jours. Pas un coup de canon de tiré dans cette affaire: elle fut commencée et terminée par la mousqueterie. L’ennemi était venu pour enlever une grande quantité de café provenant des prises, et qu’il savait être en magasin, mais certes, il n’en eut pas un seul grain. »

Dégradation du fort et travaux Pendant les années troubles de l’empire, Saint Martin connut régulièrement des attaques britanniques et malgré l’importance du Fort Louis pour la dé-

La batterie N°1 Battery number 1

pu réunir et quarante trois hommes qui formaient la garnison de l’île. Spearing marchant à l’assaut à la tête de sa troupe, fut accueilli par un feu très-vif de mousqueterie, qui l’étendit mort ainsi que cinq des siens. Bon nombre de soldats furent blessés. Les hommes restés valides battirent précipitamment en retraite. Mais tandis que, suivis par Preuilh, ils hâtaient leur marche sur Galisbaie afin de se rembarquer, se montra, du côté où ils fuyaient, le gouverneur Verveer à la tête d’une colonne de milice hollandaise. Toute retraite étant fermée aux ennemis, ils n’avaient plus qu’à déposer les armes. Quelques hommes seulement purent gagner les chaloupes ; les autres, au nombre de quatre-vingt-onze, furent faits prisonniers. » Van Romondt ajoute : « Dans l’espace d’une heure après leur débarquement, le grand et intrépide commandant Preuilh en disposa de la manière suivante 7 parmi lesquels, le Capitaine Spearing, furent tués. 15 parmi lesquels, l’aspirant Galloways furent grièvement blessés. 140, parmi lesquels, 3 officiers, Duncan quartier, Mr. Milley, lieutenant de la frégate, et le Capitaine Mills furent fait prisonniers. Parmi les assiégés, il n’y eut qu’un soldat de blessé, et encore

1792

8

fense de Marigot, celui-ci ne cessera de se dégrader. Un rapport de Saint-Juéry, commandant de Saint Martin, en donne l’état en 1815 : «... La seule fortification qui existe est un petit fortin placé sur un morne très élevé s’avançant vers la mer, mais il est commandé par d’autres montagnes qui n’en sont éloignées que d’une portée de fusil ; les murs qui entourent ce fort sont dégradés pour qu’on puisse le défendre avec avantage en temps de guerre, il serait nécessaire de construire une redoute sur un des mornes qui le dominent. Les batteries sont dans le plus mauvais état possible; elles n’ont ni parapets, ni épaulements ni fossés. Nous ne manquons pas de canons, mais il y en a peu de bons. Tous les affûts sans exception sont pourris. Les écouvillons, refouloirs, cuillères etc. sont hors de service. Les boites à mitraille ne valent rien, il n’y a ni poudre, ni gargousses, ni cartouches d’infanterie, ni pierres à feu, ni mèches, ni lames à feu, enfin tout manque. Il n’y a pas un seul canonnier et pas un fantassin en état de tirer un coup de canon. Il serait urgent qu’un officier du génie ou d’artillerie vint constater l’état du fort et des batteries afin de faire réparer la dégradation et rem-

10 aout/august 1792

Les droits des mulâtres sont reconnus à St Domingue. The rights of mulattos are acknowledged on Santo Domingo.

Emeute des sans-culottes, fin de l’Ancien Régime. Revolt of the poorer classes, end of the previous form of government resulting from the fall of the monarchy.

but the colony being restored to Louis le Desire, he seconded our views by restoring this stone and repairing our temple and the presbytery to carry out our Holy Religion… ». Thus, in 1789, Fort Louis, the prison of Saint Martin (now sheltering the Museum) and the de Durat Bridge located at the exit of Marigot on the road to Grand-Case, after Howell Centre, were built.

Battle at Fort Louis The English, used to easy victories, had reached the point of believing that nothing could resist them in the Caribbean… the enemy leaders, thinking of conquering Saint Martin, headed the corvette « The Wanderer », captain Crafton and the schooners « the Elizabeth », « the Subtile », captain Spearing and « the Balahou » captain Mills, towards this island. Aboard this division, one hundred and thirty marines had been embarked. July 4th, 1808, at dawn, it reached the coasts of Saint Martin. Landing its marines at Galisbay, these marines being headed by vessel lieutenant Spearing, captain of the schooner «the Subtile», the ship entered Marigot bay and came within rifle firing distance to pound the fort defending the town. At the same time, the landed men progressed, going around the hill, to attack our small fort. But captain Preuilh, commander of the French part of Saint Martin, was alert. Looking out for an attack, he had discussed the defence with Verveer, governor of the Dutch side. As soon as the enemy was sighted, he had communicated this to the Dutch leader, and had shut himself inside the fort with all the militia he had been able to gather and forty-three men consti1794 Occupation néerlandaise de Saint Martin (guerre de la Révolution française). Dutch occupation of Saint Martin (war of the French Revolution).

tuting the island’s garrison. Spearing leading his men in the attack was welcomed with a very warm musket fire, killing him and five of his party. Many soldiers were wounded. The men having remained valid promptly retreated. But, while, followed by Preuilh, they were hastening their march to Galisbay in order to re-embark, Governor Verveer showed up where they were fleeing, at the head of column of a Dutch militia. The enemy’s retreat of any sort being closed off, it was obliged to surrender. Only a few men were able to get to the sloops; the others, numbering ninety-

Vue intérieure du Fort Louis Interior view of Fort Louis

one, were made prisoner. » Van Romondt is adding: « Within an hour after their landing, the great and intrepid commander Preuilh disposed of them in the following manner 7 were killed, amongst whom, Captain Spearing, 15 were seriously injured amongst whom, midshipman Galloways. 140 were made prisoner, amongst whom, 3 officers, quarter Duncan, Mr Milley, frigate captain, and Captain Mills. Amongst the besieged, only one soldier was wounded, and his wound was only a light one and healed in 6 days. Not one canon shot was fired during this encounter: it began and ended in musket 1795

Charles Dormoy Commissaire de la République à Saint Martin. Charles Dormoy Commissioner of the Republic on Saint Martin.

1796 Victor Hugues arrive de Guadeloupe, refoule les Néerlandais et occupe la zone néerlandaise. Victor Hugues arrives from Guadeloupe, drives out the Dutch and occupies the Dutch side of the island.


fire. The enemy had come to take a large quantity of coffee coming from spoils of war, and that it knew to be located in storerooms, but assuredly, it did not get a single grain of it. »

Deterioration of the Fort and works

placer les objets qui manquent. .. » En 1819, le sous-directeur des fortifications de la Guadeloupe, Philibert, dresse le projet d’un bâtiment à poudre et d’une salle d’artifice. En 1829 le capitaine du génie Nisot établit le projet d’une baraque en bois puis, en 1830, le colonel Teissier dresse le plan d’une caserne projetée. Les bâtiments qui existaient encore en 1886, étaient une caserne d’infanterie en bois, pour 50 hommes et 4 sous-officiers (alors inoccupée et affermée), une salle de police pour 6 hommes, une cuisine et une citerne pour 52.800 litres. Ces quatre bâtiments avaient été construits par l’armée en 1851. Depuis, ces bâtiments n’ont cessé de se dégrader et le Fort Louis est tombé à l’abandon. Toutes les structures en bois ont disparu. Les premiers travaux de restauration ont débuté en 1989, à l’initiative de l’association Fondation Historique et Culturelle de Saint Martin, lors de l’organisation d’un spectacle commémorant le bicentenaire de la prise de la Bastille. En 1993, l’association archéologique Hope Estate organise en collaboration avec la DRAC, Le Conseil général de Guadeloupe, la Mairie de Saint Martin et le SMA de Guadeloupe un programme de mise en valeur du site avec la restauration des enduis de chaux de l’enceinte, des portes d’entrée, du magasin à poudre, l’installation de panneaux signalétiques et le débroussaillage du monument. En 2002, une table d’orientation est installée au dessus du parapet de la batterie N°3 par l’office du tourisme de Saint Martin. En 2005, l’association Action Patrimoine termine la restauration du four à pain 4 sept. 1797 Coup d’état du 18 fructidor organisé par 3 Directeurs et Napoléon qui battent les royalistes. Overthrowing of the Royalists set up by 3 Directors and Napoleon on « Fructidor 18th » (according to the Revolution’s new calendar year).

(cuisines) situé en bas du fort au niveau du parking de la préfecture. Aujourd’hui, on estime à 50 000 le nombre de visiteurs annuels du Fort Louis. Depuis le mois de janvier 2009, Grâce à un financement conjoint de la DRAC et du Pôle développement économique de la collectivité de Saint Martin, les af-

Le pont de Durat, à la sortie de Marigot The de Durat Bridge, exiting Marigot

fûts de canons et la signalétique du Fort Louis ont totalement été restaurés. Aujourd’hui, la silhouette du Fort Louis semble encore protéger la vieille ville de Marigot du haut du morne «Maillard». La visite du Fort Louis est libre. Des visites guidées peuvent également être proposées par le Musée de Saint Martin. 1798 Lutte de libération menée à Haïti par François Dominique Toussaint-Louverture. Freedom fight led on Haiti by François Dominique Toussaint-Louverture.

During the troubled years of the empire, Saint Martin often met with British attacks and in spite of the importance of Fort Louis for the defence of Marigot, it did not cease to deteriorate. A report by Saint-Juery, commander of Saint Martin, supplied a description of it in 1815: « ...The only existing fortification is a small fort located on a very high hill reaching out towards the sea, but it is overlooked by other mountains which are only separated from it by rifle range; the walls surrounding this fort are deteriorating so that it in order to defend it to an advantage during war time, it would be necessary to build a shelter on one of the hills overlooking it. The batteries are in the worst possible state; they have neither parapets, nor shouldering walls nor trenches. We are not lacking cannons, but there are very few good ones. All the carriages without exception are rotten. The cannon brushes, cannonball pushing rods, and gouges, etc. are in pieces. The grapeshot boxes are worthless, there is neither gun powder, nor firing pouches, nor infantry cartridges, nor flints, nor fuses, nor firing blades, really everything is lacking. There is not a single gunner and not an infantryman capable of firing cannon shot. It is urgent that an officer of the Engineers’ Service or Artillery come to inspect the state of the fort and of the artillery in order to have the deteriorated elements repaired and replace the missing objects… » In 1819, the assistant

director of fortifications of Guadeloupe, Philibert, drew up the project of a powder room and a gunnery room. In 1829 Engineers captain Nisot set up the project of a wooden shed, then in 1830, Colonel Teissier drew up the plan for projected barracks. The buildings still existing in 1886 were wooden infantry barracks for 50 men and 4 non-commissioned officers (then unoccupied and leased out), a police hall for 6 men, a kitchen and a 52,800 litres cistern. These four buildings had been built by the army in 1851. Since then, these buildings have constantly been deteriorating and Fort Louis was left to waste. All the wooden structures disappeared. The first restoration works started in 1989, on the initiative of the Saint Martin Historical and Cultural Foundation, for the organisation of a show commemorating the bicentennial of the taking of the Bastille. In 1993, the Hope Estate Archaeological Association, with the DRAC (Regional Direction of Cultural Affairs), the General Council of Guadeloupe, the Saint Martin Town Hall, and the Guadeloupe Adapted Military Service, set up a programme highlighting the site, restoring the whitewash screeds of the fort, the gunpowder room, the entrance doors, setting up information notice boards, and clearing the monument of excess vegetation. In 2002, an orientation table was set up above the parapet of battery number 3 by the Tourism Office of Saint Martin. In 2005, the Association Action Patrimoine finished the restoration of the bread oven (kitchens) located below the Fort near the parking alongside the prefecture. Nowadays, approximately 50,000 visitors visit Fort Louis each year. Since the month of January 2009, thanks to joint financing by the DRAC and the Economic Development Department of the Saint Martin Municipality, the cannon carriages and the Fort Louis notice boards have all been restored. Today, the silhouette of Fort Louis still seems to protect the old city of Marigot from the top of «Maillard» hill. Access to Fort Louis is free. Guided visits can also be obtained at the Saint Martin Museum.

1799 Coup d’état du 18 Brumaire. Bonaparte prend le pouvoir et devient Premier Consul. Fin du Directoire, début du Consulat. Overthrowing of the Royalists on « Brumaire 18th ». Bonaparte comes to power and becomes First Consul. End of the « Directoire », beginning of the « Consulate ».

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LES ETANGS SALINS Dès le début de la colonisation de Saint Martin en 1631, les Hollandais s’intéressèrent à la grande saline de Great Bay où le sel cristallisait naturellement en grande quantité. Plus tard, le sel fut également recueilli dans les étangs

THE SALT PONDS

de l’esclavage en 1848. Le sel qui était essentiellement utilisé pour la conservation de la viande et du poisson, était exporté en Amérique du Nord et à Terre-Neuve pour saler la morue. Les goélettes de pêcheurs descendaient dans les îles de la Caraïbe pour se réapprovisionner en sel et vendaient leur cargaison de morue salée aux insulaires. Ainsi, la morue salée faitelle partie aujourd’hui de la cuisine traditionnelle créole. Au début des années 1960, l’exploitation du sel cessa définitivement à Saint Martin et nous avons recueilli auprès des « anciens » tout le descriptif de l’organisation de la récolte.

Aménagement des salines

Sel à Chevrise Salt at Chevrise

de la partie française, particulièrement dans la saline de GrandCase. La modernisation de l’exploitation des étangs salins initiée par François Auguste Perrinon au milieu du 19ème siècle permit de rentabiliser cette activité qui prit le relais des plantations de canne à sucre qui cessèrent de fonctionner quelques années après l’abolition

1940

10

Hugues Elie Fleming élu maire de Saint Martin. Hugues Elie Fleming is elected Mayor of Saint Martin.

«Les salines qui furent exploitées sont parcourues par de nombreux murs de pierre. Dans la partie hollandaise, ces murs ont été construits par une grande compagnie des Pays-Bas. Ils étaient utilisés pour diviser l’étang en plusieurs petites sections car le sel ne pouvait pas être ramassé d’un seul coup sur toute la superficie. La meilleure saison pour le ramassage s’étalait d’août à septembre

1950 Afrique du Sud Vote des lois de l’apartheid. South Africa votes apartheid laws.

1951

14 février/feb 1952

Signature du Traité de Paris instituant la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Signature of the Paris Treaty establishing the European Coal and Steel Community.

As of the start of Saint Martin’s colonisation in 1631, the Dutch took an interest in the large salt pond at Great Bay in which abundant quantities of salt crystallized naturally. Later, salt was also gathered from the ponds on the French side, especially from the Grand-Case salt pond. The modernisation of the salt ponds’ operation initiated by François Auguste Perrinon in the mid 19th century enabled the profitability of this business which relayed the sugar cane plantations, having ceased to operate a few years after slavery had been abolished in 1848. Salt, essentially used to preserve meat and fish, was exported to Northern America and to Newfoundland to salt cod. The fishermen’s schooners came down to the Caribbean islands to stock up on salt and sold their cargo of salted cod

to the islanders. Hence salt fish became part of traditional Creole cuisine as we know it today. At the start of the 1960s, salt gathering definitely ceased on Saint Martin and we have gathered from the « elders » the complete description of the gathering process.

Development of the salt ponds «Looking at the ponds that were exploited for the salt, we are surprised to see several stone walls. On the Dutch side, these walls were built by a big company from

Salines de Great Bay Great Bay salt ponds

10 mars/march 1952

Répression policière contre des grévistes qui manifestent au Moule en Guadeloupe. Police quelling of the strikers’ demonstration at the Moule in Guadeloupe.

Vestiges de digues à Grand-Case Dyke remains at Grand-Case

Coup d’Etat militaire du sergent Batista à Cuba. Military « coup d’état » led by Sergeant Batista in Cuba.

1954 Aux Etats-Unis la ségrégation raciale dans les écoles publiques est rendue inconstitutionnelle. In the United States, racial segregation in public schools is voted unconstitutional.

1955 Martin Luther King appelle au boycottage des bus de Montgomery. Martin Luther King calls for the boycott of Montgomery buses.

1956 Le colonel Paul Magloire renonce a la dictature à Haïti. Colonel Paul Magloire abandons dictatorship in Haiti.


Les Flats chargés de sel Great Bay – 1930 The flats loaded with salt Great Bay – 1930

et il y avait une saison pour chaque section. Quand le ramassage était terminé pour un bassin, le sel avait cristallisé dans un autre. Les murs constitués de pierres et de bâtonnets permettaient d’isoler de petites portions de l’étang et comportaient une trappe que nous levions pour laisser pénétrer l’eau de mer. Puis, nous la refermions afin de récolter le sel après évaporation. Nous devions entretenir ces murs et les maintenir debout en évitant qu’ils ne s’écroulent car l’eau qui se trouvait de l’autre côté contenait plus d’eau de pluie et aurait gâché la récolte du sel. Les chenaux étaient nettoyés et les hommes pouvaient marcher en plein milieu sans rester pris dans la vase. Nous devions attendre plusieurs mois avant que le sel ne soit cristallisé et récolté. L’apparition de mousse à la surface des étangs était l’un des signes qui annonçait la cristallisation du sel. Les principales salines exploitées étaient celles de Grand-Case en partie française et Great-Bay en partie hollandaise, mais les habitants ramassaient également le sel des étangs de Chevrise et de Quar-

jan 1956 Nouveau gouvernement dirigé par Guy Mollet en France. New government led by Guy Mollet in France.

tier d’Orléans. L’exploitation s’arrêta au début des années 60 dans l’étang de Grand-Case. Le gros sel récolté était utilisé pour cuisiner, mais aussi pour conserver la viande et le poisson à une époque où les réfrigérateurs n’existaient pas.»

Holland. They were used to divide the pond into several small sections because you cannot pick all the salt at one time. The best time to pick the salt was between August and September. There was a season for each section. When this section was already picked, then the other one was ripe enough. The rocks and sticks were there to hold the water in certain areas and there was like a trap that could be lifted up to let in the sea water. Then it was closed back to get the salt after evaporation. We had to keep those dikes in good condition and keep them upgraded so that the dirt would not fall and break the wall because the water on the other side was more rainwater that would

Capitaine de Flat «Chaque capitaine pouvait employer 20 à 25 personnes. Nous ramassions le sel simplement avec les mains, en le soulevant, puis en le mettant dans des paniers qui étaient secoués dans l’eau jusqu’à ce que le sel soit propre et blanc. Le sel était ensuite versé dans ce que nous appelions un «flat», après quoi deux hommes le poussaient vers la berge où les femmes pouvaient le transporter sur des plateaux en bois vers la pile de sel. Le «flat», barque à fond plat, était utilisé

Capitaines de Flats à Great Bay Flat captains at Great Bay

1957 15 mars/march 1957

Flats à Grand-case vers 1950 Flats at Grand-Case around 1950

De Gaulle est rappelé au pouvoir. De Gaulle is called back to office.

De Gaulle à Alger: « je vous ai compris ! ». De Gaulle in Algiers: « I have understood you! ».

Captain of Flat «Each captain could employ 20 to 25 workers. We were picking the salt, just by putting the hands underneath, lifting it and putting it in baskets, and then we were keeping shaking it until it became white. The salt was thrown into what we called a «flat» and then two men would push it on the side where women could carry it into trays to the pile of salt. The «flat» was used to bring the salt in. It was moved by using two long sticks that the men pushed under the «flat» as a lever. It was made out of wood and built on the island by Big Nell’s father-in- law and Mr Hodge from Grand-Case. When one «flat» was sinking because of high wind, the other captains would send some of their workers with shovels to try to save part of the salt. The workers had to wash their feet in a tray full of water before climbing the ladder to throw the salt on the pile. There was a man up in the high mountain of salt with wooden barrels that were numbered to each captain that would have such amount

waste the salt production. The channels were kept clean without mud and the men could walk in the middle of them without getting stuck in the mud. We had to wait a certain amount of months for the salt to be ripe to be picked. The appearance of foam was one of the signs showing that the salt was getting ready. The main exploited salt ponds were Grand-Case for the French side, Déchargement du sel à Grand-case vers 1960 - Unloading of the salt and Great-Bay for the Dutch side, at Grand-Case around 1960

1er juin 1958 4 juin 1958 4 oct. 1958

François Duvalier prend le pouvoir Traité de Rome créant la Commuà Haïti. François Duva- nauté Economique Européenne. Treaty of Rome establishes the lier comes to European Economic Community. power in Haiti.

but people used to pick up salt also in French Quarter and Cherries pond. The exploitation stopped in Grand-Case in the early 1960’s. People used the coarse salt for cooking, but also to preserve meat and fish when they had no refrigerators.»

Nouvelle Constitution en France. New Constitution in France.

dec. 1958 Début de la révolution cubaine. Start of the Cuban revolution.

1959 Fernand Hubert Petit is Mayor of Saint Martin. Fernand Huber Petit maire de Saint Martin.

1959 Sint Maarten devient territoire des Pays Bas au sein des Antilles Néerlandaises. Sint Maarten becomes territory of the Netherlands within the Netherlands Antilles.

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pour pousser le sel vers la rive. Il était déplacé à l’aide de grandes perches que les hommes glissaient sous le «flat» et soulevaient en faisant levier. Les «flats» étaient fabriqués en bois à Saint-Martin par le beau-père de «Big Nell» et

La pile de sel à Great Bay The salt mound at Great Bay

par Monsieur Hodge de GrandCase. Quand un «flat» était en train de couler à cause d’un coup de vent, les autres capitaines envoyaient leurs ouvriers avec leurs pelles pour sauver une partie de la récolte. Les ouvriers devaient laver leurs pieds en les trempant dans un plateau en bois rempli d’eau avant d’escalader l’échelle pour verser le sel en haut de la pile. Il y avait un homme tout en haut de la montagne de sel qui attendait avec des barils en bois numérotés, chaque numéro correspondait à un capitaine qui contrôlait un certain nombre de «flats». Quand le baril était plein, l’homme le retournait et versait le sel sur la pile en criant: «numéro un!» tout en inscrivant sur un papier le nombre de barils versés. C’est ainsi que nous mesurions la quantité de sel récolté. Ces barils étaient les mêmes que ceux utilisés pour le transport du rhum en Guadeloupe. La pile de sel pouvait atteindre la hauteur d’une maison de trois étages, car peu avant la fin de l’exploitation, il n’y avait plus que deux ou trois bateaux qui transportaient le sel en même temps que du bétail et des passagers, mais nous continuions à récolter le sel. Après avoir travaillé du lundi au vendredi, les capitaines étaient payés par Madame Fleming le samedi et ils versaient à leur tour le salaire à leurs ouvriers. En 1938, les ouvriers étaient payés 1959

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1er jan. 1959

Hawaï devient le 51ème état des Etats Unis. Hawaii becomes the 51st state of the United States.

environ 10 anciens francs pour une semaine de travail et le samedi était toujours jour de fête.»

La fin de l’exploitation de l’or blanc «Le sel était très tranchant et nous nous coupions parfois en le ramassant, mais lorsque cela arrivait, l’eau salée cautérisait la plaie et nous ne sentions plus la douleur pendant le travail, par contre, nous la ressentions en sortant de la saline. Quand le soleil se levait, nous ne pouvions plus rester dans l’étang. Nous commencions à travailler tôt le matin jusqu’à 7 ou 8 heures, après quoi, nous devions être sortis de l’eau et pousser nos «flats» sur la rive pour commencer à mesurer la récolte de sel. Bien que le sel ait été broyé à Saint-Martin à une certaine époque, à la fin de l’exploitation, nous l’exportions vers des centres industriels pour qu’il soit broyé. Une partie du broyeur à sel utilisé à Saint-Martin persiste encore près du terrain de jeux de Grand-Case. Le sel était transporté par des voiliers et des goélettes qui étaient ancrés à Grand-Case ou Great-Bay. Si le temps était mauvais d’un côté de l’île, le chargement se faisait dans l’autre baie. Le sel produit était conditionné dans de grands sacs blancs tressés en tissu, semblables aux tissus employés pour les voiles, et acheminé vers la Guadeloupe ou la Martinique, et parfois vers d’autres îles. Les bateaux s’appelaient le «Mayflower», le «Verdun» et le «Rubis» qui appartenait à Monsieur Gréaux de Saint-Barth. La «Javeline» qui appartenait à Monsieur Constant Fleming et la «Maris-Stella» dont le capitaine était de Saint-Barth, furent les deux derniers bateaux à transporter le sel de Saint-Martin.» mars/march 1959

Fuite du dictateur Batista à Saint-Domingue face à l’avance des forces de Castro. In Santo Domingo, dictator Batista flees as the Castro forces approach.

Soulèvement au Tibet, le dalaï-lama part en exil. Uprising in Tibet, the Dalai-Lama leaves for exile.

dec. 1959 Emeutes de Fort-de-France en Martinique. Riots in Fortde-France in Martinique.

Transport du sel sur la pile Great Bay vers 1940 Salt transport on the mound Great Bay around 1940

of «flats». When your barrel was full, the man would turn it over and empty it on the pile of salt saying «number one!» and the man would mark it on the paper. That is the way we were measuring the amount of salt that was picked. Those barrels were taken from those used in Guadeloupe to transport the rum. The salt pile could reach the height of a 3-floor

Broyeur à sel Grand-case Salt crusher at Grand-Case

building because at the end, there were only two or three boats shipping the salt and they also carried cattle and people, but we still continued to pick up the salt. After working Monday through Friday,

nov. 1960 Election du président Kennedy aux Etats Unis. President Kennedy is elected in the United States.

1961 Secondé par sa garde de Arrêt de la récolte 40000 «tontons macoutes», du sel a Saint Duvalier se fait réélire. Martin. Assisted by his personal Salt is no longer guard of 40,000 « tontons gathered on Saint macoutes » President DuvaMartin. lier obtains re-election.

the captains were getting paid on Saturdays by Misses Fleming and they would pay their workers. In 1938 the workers were paid about 10 Francs a week and every Saturday night was a «fête».»

The end of the exploitation of the white gold «The salt was very sharp and you could get cut while picking it, but if you had a cut, the salty water used to be like a medication and would not hurt you while working in the pond, but when you come out, it would burn for a while. When the sun came up, you could not remain in the water. We were working early in the morning until 7 or 8 o’clock, and then we had to be out of there and pushed the flat on the side to start measuring the salt. Although the salt was ground at one time in Saint-Martin, at the end of the exploitation it was sent over to be ground and packed by industries. Part of the grinder used in Saint-Martin is still standing next to the ball field in GrandCase. The salt was transported by sailing boats and schooners that anchored in Grand-Case or GreatBay. If the weather was bad on one side, they would load on the other side. The production was conditioned into large white bags made out of canvas like the sails and shipped to Guadeloupe and Martinique, but also sometimes to other islands. The boats were named «Mayflower», «Verdun» and «Rubis» that belonged to Mr Greaux from Saint-Barth’s. «Javeline» that belonged to Constant Fleming and «Maris-Stella» that belonged to a fellow from SaintBarth’s, were the last two boats that transported salt from SaintMartin.»

3 jan. 1961 Rupture des relations diplomatiques entre Cuba et Washington. Diplomatic ties between Cuba and Washington are severed.

avril/april 1961 Débarquement raté à Cuba dans la baie des Cochons. Failed landing on Cuba in the Bay of Pigs.




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