HERITAGE 13

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SAINT-MARTIN

SINT-MAARTEN

No 13

décembre 2010

Fondation du Patrimoine Patrimony Foundation

MOUNT VERNON PLANTATION

Archéologie Archaeology



Distribue par: CARIBBEAN LIQUORS & TOBACCO B.V. 8 Buncamper Road - Phillipsburg - St. Maarten Tel: (599) 542 2140 - Fax: (599) 542 2241 Email: info@cltbv.com

SOMMAIRE RENCONTRES DE LA FONDATION DU PATRIMOINE A SAINT MARTIN PATRIMONY FOUNDATION ENCOUNTERS ON SAINT MARTIN

Pages 2 à 4 LA PLANTATION MOUNT VERNON MOUNT VERNON PLANTATION

Pages 5 à12 HERITAGE Saint-Martin/Sint Maarten

Editeur : Association Archéologique Hope Estate BP 507, Marigot, 97150 Saint Martin 0690 56 78 92 E-mail : heritagesxm@live.fr Directeur de publication: C. Hénocq Rédaction : Christophe Hénocq Henri et Denise Parisis Photographies : Hervé Baïs / A.A.H.E. Service commercial : 0690 50 14 12 Maquette et Graphisme :

0690 40 89 43 Traduction : I. Fenoll Impression : PRIM Caraïbes 05 90 29 44 87 ISSN 2104-8932 www.museesaintmartin.com La reproduction même partielle de tout article, photo et publicité parus dans HERITAGE est interdite sauf accord. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur est illicite (article L.122-4 du code de la propriété intellectuelle).

EDITO Depuis maintenant deux ans, le Musée de Saint Martin a pu rouvrir ses portes dans l’ancienne prison de Marigot grâce à la contribution financière de la Collectivité. En deux ans, nombre de projets de mise en valeur de notre patrimoine ont été élaborés et proposés aux différentes administrations concernées. Certains ont rapidement trouvé un écho favorable comme la mise en place du club patrimoine junior, la remise en état des affuts de canons du Fort Louis, l’installation des éclairages du Musée, la création de notre site internet et la réalisation de panneaux d’exposition. D’autres nécessitent plus d’énergie et de temps, principalement en raison des montants financiers nécessaire à leur réalisation. L’entrée en jeu de la Fondation du Patrimoine à Saint Martin nous a particulièrement aidés dans l’aboutissement du projet de remise en état des panneaux signalétiques de nos monuments historiques. La Fondation participe également à la restauration des façades de l’ancienne prison grâce aux dons récoltés localement lors du lancement de la souscription. Il s’agira du premier grand chantier sur un monument inscrit au titre des monuments historiques. Nous revenons ce mois-ci sur les rencontres interrégionales de la Fondation qui se sont déroulées début décembre à Saint Martin. Nous vous proposons également de découvrir la Plantation Mount Vernon, son architecture et son histoire à partir des études menées par Henri et Denise Parisis, professeurs d’université passionnés par notre patrimoine industriel. Notre association devrait, si nos projets aboutissent, installer un chantier d’insertion et de formation à l’artisanat d’Art dans l’ancienne maison de maîtres de la plantation au premier semestre 2011. En attendant le démarrage de la nouvelle année, toute l’équipe d’Heritage se joint à moi pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d’année et une excellente saison touristique.

For the past two years now, the Saint Martin Museum has been able to reopen its doors in the old Marigot prison thanks to the Territorial financial contribution. During these two years, numerous projects highlighting our patrimony have been set up and proposed to the various administrations encountered. Some have rapidly found a favorable echo such as the implementation of the Junior Patrimony Club, the restoration of the Fort Louis cannon stocks, the installation of the Museum lighting, the creation of our web site and the making of exhibition panels. Others require more energy and time mainly due to the financial sums required for their realization. The arrival of the Patrimony Foundation on Saint Martin particularly helped us in carrying through the historical monuments’ information panels restoration project. The Foundation also participates in the restoration of the old prison facades thanks to the donations collected locally on the occasion of the subscription launch. This will be the first major restoration on a monument listed amongst the national historical monuments. We turn back this month to the Foundation Inter-Regional Encounters which took place early December on Saint Martin. We also propose the discovery of Mount Vernon Plantation, its architecture and history based on studies carried out by Henri and Denise Parisis, university professors enthralled by our industrial patrimony. Our association should, should our projects come to fruition, set up an Art craftsmanship employment and training site in the old masters’ house of the plantation during the first semester of 2011. While we wait for the beginning of the New Year, all the Heritage team and I wish you merry end year celebrations and an excellent touristic season. C. Henocq


RENCONTRES DE LA FONDATION DU PATRIMOINE A SAINT MARTIN Du 2 au 4 décembre dernier se sont déroulées les premières rencontres interrégionales de la Fondation du Patrimoine. A cette occasion, M. Pascal Gombauld, délégué interrégional AntillesGuyane et Violaine Prost, chargée de mission, accueillaient une quinzaine de participants venus de Martinique, Guadeloupe, Guyane et Saint Barthélémy à l’hôtel Beach Plaza. Ensemble, les différents représentants de la fondation, accompagnés des associations et sociétés partenaires ont pu débattre des problématiques rencontrées sur les différents territoires pour faire connaitre leurs actions et motiver les propriétaires privés pour qu’ils entreprennent la restauration des bâtiments patrimoniaux. Une séance publique, à laquelle une cinquantaine de personnes ont pu assister, a permis d’exposer toutes les possibilités de financement mises à la disposition des propriétaires, collectivités et associations pour la restauration de notre patrimoine. Parmi les

Accueil des participants au salon caravelle Welcoming the participants at the Caravels Room

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personnalités ayant assisté aux présentations se trouvaient

le Président Frantz Gumbs, son premier vice-président D. Gibbs, les conseillers territoriaux Jean David Richardson, Catherine Lake et Alain Richardson, ainsi

PATRIMONY FOUNDATION ENCOUNTERS ON SAINT MARTIN The first Inter-Regional Encounters of the Patrimony Foundation took place December 2nd to 4th last. On this occasion, Mr. Pascal Gombauld, French West Indies-

buildings. A public session, in which around fifty persons were able to take part, enabled the setting out of all the financing possibilities available to owners,

Séance de travail de la Fondation du Patrimoine Work session at the Patrimony Foundation

que le président du Conseil Economique Social et Culturel Georges Gumbs et le président de la Chambre Interprofessionnelle Steven Tackling. Au cours de cette rencontre, les orateurs ont unanimement félicité Christophe Henocq, délégué pays de la fondation à Saint Martin, pour le travail accompli dans le domaine de la mise en valeur et de la protection de notre patrimoine commun. A Saint Martin, une souscription est en cours pour récolter des fonds afin de restaurer les façades de l’ancienne prison, bâtiment inscrit au titre des monuments historiques, construit en 1789 et abritant les collections du Musée de Saint Martin. De nombreux chefs d’entreprises et particuliers ont profité de ces rencontres pour effectuer des dons, démontrant ainsi l’intérêt des citoyens et du monde économique pour la préservation de nos monuments anciens. Qu’ils en soient remerciés. Si vous souhaitez vous aussi participer aux projets de restauration de la Fondation du Patrimoine, vous pouvez effectuer vos dons par internet sur http://www.fondation-patrimoine. org/fr/antilles-guyane-35/tousles-projets-1066 (cliquez soutenez le projet). Ces rencontres ont également permis aux services

French Guyana Inter-Regional Delegate, and Violaine Prost, Representative, welcomed around fifteen participants coming from Martinique, Guadeloupe, French Guyana and Saint Barthelemy at the Beach Plaza Hotel. Together, the various foundation repre-

collectivities and associations for the restoration of our patrimony. Amongst the personalities attending the presentations were President Frantz Gumbs, his first vicepresident D. Gibbs, the territorial counsellors Jean David Richardson, Catherine Lake and Alain

La séance de présentation publique The public presentation session

sentatives, accompanied by the partnering associations and companies, were able to discuss the problems encountered on the different territories in order to make their actions known and motivate the private owners to undertake the restoration of the patrimonial

Richardson, as well as the Economic, Social and Cultural Council President, Georges Gumbs and the Inter-professional Chamber President, Steven Tackling. During this encounter, the speakers unanimously congratulated Christophe Henocq, country delegate


of the Saint Martin Foundation, for the work accomplished in the field of highlighting and protection of our common patrimony. On Saint Martin, a subscription is currently ongoing to collect funds in order to restore the facades of the old prison, a building listed amongst the national historical monuments, built in 1789, sheltering the collections of the Saint Martin Museum. Many company directors and individuals took advantage

of these encounters to donate, thus showing the interest of citizens and of the economic world in the preservation of our old monuments. We thank them for this. Should you also wish to participate in the Patrimony Foundation’s restoration projects, you can donate via the internet by going to http://www.fondation-patrimoine. org/fr/antilles-guyane-35/tousles-projets-1066 (and opening the “support the project » link).

Remise de cadeau de P. Gombauld au Président F. Gumbs P. Gombauld remitting a gift to President F. Gumbs

administratifs de la Collectivité de Saint Martin de discuter de l’application des déductions fiscales pour les donateurs de la fondation. Une convention est également en négociation avec la Collectivité afin de collaborer financièrement avec la Fondation du Patrimoine pour en-

gager la restauration de certaines maisons anciennes à l’architecture remarquable. Ces rencontres se sont achevées dans la plus grande convivialité au cours d’un tour historique de l’île guidé par Christophe Henocq qui a permis aux participant de visiter nos sites re-

Visite des invités de la Fondation au Musée de Saint Martin Foundation guests’ visit to the Saint Martin Museum

P. Morel de Dauphin Telecom, mécène de la Fondation P. Morel from Dauphin Telecom, Foundation patron Les représentants de la Fondation au Fort Louis The Foundation representatives at Fort Louis


These encounters also enabled the Saint Martin Territorial Collectivity administrative services to discuss the application of tax deductions for Foundation donors. An agreement is also being negotiated with the Territorial Municipality in order to cooperate financially with the Patrimony Foundation for the restoration of certain old houses of outstanding architecture to be undertaken. These encounters ended in the

outmost cheerfulness during a historical tour of the island guided by Christophe Henocq who allowed the participants to visit our remarkable sites and to return home with an altogether new image of our island. The Patrimony Foundation’s next InterRegional Encounters will occur early December 2011. They will take place in French Guyana.

Une halte au Cloud Room pendant le tour de l’île A stopover at the Cloud Room during the island tour

marquables et de rentrer avec une toute nouvelle image de notre île. Les prochaines rencontres interrégionales de la Fondation du Patrimoine sont programmées pour le

début du mois de décembre 2011. Elles se dérouleront en Guyane Française. H. Bernier, délégué pays de la Fondation du patrimoine à Saint Barth et P. Gombauld, délégué interrégional face à la Réserve Naturelle H. Bernier, Patrimony Foundation country delegate for Saint Barth and P. Gombauld, inter-regional delegate facing the Nature Reserve


LA PLANTATION MOUNT VERNON

MOUNT VERNON PLANTATION the French West Indies-French Guyana University. Their works largely contributed to the writing of this article.

Des découvertes archéologiques récentes intervenues lors de fouilles de sauvetage organisées par l’Institut National de Recherche Archéologique Préventive (INRAP) sous la direction du Dr Dominique Bonnissent nous permettent d’aborder l’histoire de la plantation Mount Vernon, située sur la route de Quartier d’Orléans, 300 mètres à droite après le rondpoint de Cul-de-sac. Cette plantation avait déjà fait l’objet d’une étude exhaustive menée dans les années 1980 par Henri et Denise Parisis, professeurs à l’université Antilles-Guyane. Leurs travaux ont largement contribué à la rédaction de cet article.

Speculation and difficult start of the plantation

Spéculation et démarrage difficile de la plantation C’est à partir de 1765 que le chevalier Descoudrelles, nommé commandant des îles de Saint Martin et Saint Barthélémy, peu après la guerre de 7 ans contre l’Angleterre, va impulser le développement de l’industrie sucrière. Descoudrelles proposera des terres en concession à quiconque souhaiterait y développer la culture de canne à sucre et du coton, sans tenir compte de leur nationalité ou de leur religion. C’est à cette époque que la société Saint Martinoise commencera à ressembler à celle que nous connaissons : langue anglaise prédominante, religion

Carte du 19ème siècle indiquant la plantation Mount Vernon 19th century map indicating Mount Vernon plantation

7 février 1777 à un autre français aristocrate, Alexandre René Dagneaux-Douville, colonel d’infanterie, Chevalier de l’ordre Royal et militaire, commandant en second de Saint Martin et Saint Barthélémy. Ces français, spéculateurs fonciers ne développeront pas ces terres et Dagneaux-Douville revend ses terres le 5 mai 1779 à

Vue de l’arrière de la maison de Maîtres de Mount Vernon vers 1980 View of the rear of Mount Vernon Masters’ house around 1980

réformée majoritaire et mélange ethnique. En 1775 et 1776, Jean Binet, d’origine française réunit différentes parcelles qu’il revend le

Abraham Desmonts associé à Lucas Tentooren, conseiller : «…une habitation contenant environ cent carrés de petits pas de terre, située

As of 1765, a little after the 7-year war against England, Sir Descoudrelles, named Commander of the Islands of Saint Martin and Saint Barthelemy, launched the development of the sugar industry. Descoudrelles proposed land grants to whoever wished to grow sugar cane and cotton, regardless of their nationality or religion. At this time, the Saint Martin society began to resemble society as we know it: the English language being predominant, in a mostly Calvinist, ethnically mixed population. In 1775 and 1776, Jean Binet, of French origin, gathered several land lots that he sold, February 7th, 1777, to another French aristocrat, Alexandre René Dagneaux-Douville, an infantry colonel, Knight of the Royal

Recent archaeological discoveries having taken place during preventive excavations set up by the French National Institute for Preventive Archeological Research (INRAP) under the leadership of Dr Dominique Bonnissent enable us to address the history of Mount Vernon plantation, located on the road to French Quarter, to the right, 300 meters after the Cul-de-Sac roundabout. This plantation had already been the subject of a detailed study carried out in the 1980s by Acte de vente de Mount Vernon comportant les signatures Henri and Dede L. Tentooren, A. Desmonts et G. Leonard nise Parisis, Mount Vernon sales deeds comprising the signatures professors at of L. Tentooren, A. Desmonts and G. Leonard


au quartier de la Grande-Case de la dite isle de Saint Martin en halliers, savanes et bois debout…sur laquelle dite habitation il y a deux grands chemins Royaux et un accès de communication du Quartier d’Orléans et du cul-de-sac de la barrière.» au prix de 1592 Livres en argent. Cette vente se fait en présence de Jean Baptiste Duzant, major commandant la milice de Saint Martin et de John Brysson, tous deux propriétaires riverains de l’habitation. Abraham Desmonts est le fils de Peter Desmonts, négociant d’origine française, protestant passé en Angleterre au moment de la révocation de l’Edit de Nantes et émigré dans les îles anglaises de la Caraïbe. Il avait construit à Philipsburg une maison où il résidait et avait acheté les terres de la

Georges Leonard, officier de la bourgeoisie, habitant demeurant à Saint Martin, originaire de l’île voisine d’Anguilla. Georges Leonard rachète les 100 carrés de terres pour 26 400 Livres en argent. La famille Leonard est une famille créole installée depuis 1716 à Anguilla. Le capitaine Georges Leonard, son grandpère s’y établit avec sa femme, 5 enfants et 33 nègres esclaves. C’est le personnage le plus important de l’île à cette époque. Il est d’origine française huguenote. Notre nouvel acquéreur Georges Leonard Jr est l’époux de Suzannah Desmonts, sœur d’Anne et Abraham Desmonts. Il rachète donc les terres à son frère et à son beau-frère. Il possède d’autres propriétés dans le

Façade de la maison de maîtres de Mount Vernon Facade of the Mount Vernon masters’ house

Vue de l’arrière de la maison de Maîtres de Mount Vernon View of the rear of the Mount Vernon Masters’ house

plantation Mont Fortune en partie française. Abraham est né en 1743 et marié à Rebecca Gumbes, originaire d’Anguilla. Lucas Tentooren venait lui aussi de la partie hollandaise et avait épousé Ann Desmonts, la sœur d’Abraham.

quartier hollandais et commence à développer une sucrerie sur les

1779, Georges Leonard installe la première sucrerie Les deux beauxfrères revendent leur propriété le 14 octobre 1779, soit 5 mois après leur acquisition au sieur

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L’escalier d’accès à l’étage de la maison Access staircases leading to the house storey

and Military Order, Commander in had built a house in Philipsburg in Second of Saint Martin and Saint which he resided and had bought Barthelemy. These Frenchmen, the Mont Fortune plantation land speculating in land did not deve- on the French side. Abraham was lop these land lots and May 5th, born in 1743 and married Rebec1779, Dagneaux-Douville sold his ca Gumbes, coming from Anguilla. land lots to Abraham Desmonts Lucas Tentooren also came from associated to Lucas Tentooren, the Dutch side and had married counsellor : “…a residence of an area of approximately one hundred squares of small land paces, located in the district of GrandeCase of the said isle of Saint Martin covered with thickets, savanna and woods… on which said residence there are two large Royal roads and a communication acPanneau signalétique du parc historique cess from French Historical park information panel Quarter and the barrier of cul-desac.” for the price of 1592 Ann Desmonts, Abraham’s sister. Sterling silver pounds. This sale was carried out in pre- 1779, Georges Leonard sets up sence of Jean Baptiste Du- the first sugar factory zant, a military major leading the Saint Martin militia and The two step-brothers sold their John Brysson, both owners property October 14th, 1779, that of land lots bordering that of is to say, 5 months after having the residence. Abraham Des- bought it, to Sir Georges Leonard, monts was the son of Peter an upper middle class officer, liDesmonts, a wine merchant ving and domiciled on Saint Marof French origin, a Protestant tin, coming from the neighboring having fled to England at the island of Anguilla. Georges Leotime of the French religious nard bought the 100 squares of persecutions, and having land lots for 26,400 Sterling silver emigrated to the English is- Pounds. The Leonard family was lands of the Caribbean. He a Creole family having settled on


terres de la plantation. En 1786, la propriété produit du sucre sur cent carrés de terre. Deux ans plus tard, après le décès de Georges, sa veuve et ses héritiers ne s’occupent pas de l’habitation. Un descriptif datant de 1795 nous apprend que les bâtiments de l’usine à sucre sont inachevés et que les terres sont retournées en friches. On ne sait rien de l’habitation jusqu’en 1814. 1814 John Hodge 2nd relance la sucrerie Mount Vernon

Les dalles en calcaire du perron The stoop limestone paving

épouse en premières noces de William Richardson, propriétaire des plantations Hope et Delight, à Colombier. Elle épousera en secondes noces Georges Dormoy, propriétaire des sucreries Paradis et Loterie ; sa seconde fille est HenrietteBenjamin, épouse de James-Cuthbert Hanson résidant en partie hollandaise. Après le décès de son épouse Elisabeth, John Hodge 2nd vivra avec Anne Duzant, sa voisine dont il aura une fille naturelle : AnneMarie Hodge. Au moment du rachat, il y a sur les terres en friche une maison en bois de charpente couverte et entourée d’essentes de 29 pieds sur 14, divisée en deux chambres et un salon y atFaçade et entrée du premier étage tenant de 18 pieds First storey facade and entrance carrés. Il y a également un magasin en bois de charpente John Chipendale et sa fille Sophie de 15 pieds carrés. Les fondaLeonard, veuve Jacob Arrindel tions de la sucrerie abandonnée vendent leurs terres à Gerald Du- sont intactes et mesurent envicloux, un autre spéculateur fran- ron 5 pieds de haut. C’est John çais, qui revend à son tour son titre Hodge 2nd qui baptise l’habitation de propriété deux jours plus tard, «Mount Vernon», faisant probachez le même notaire. Le nouveau blement référence à la propriété propriétaire s’appelle John Hodge du premier président des Etats2nd. Il est le petit-fils de John Unis, Georges Washington, qui Hodge Sr, propriétaire de l’habi- s’éteignit en 1799 dans une protation-sucrerie de Spring, dans priété portant le même nom. Nul le quartier du Marigot. Son père, doute que John Hodge vouait une vivant au moment du rachat s’ap- admiration sans faille à ce perpelle John Hodge Jr. Son arrière sonnage historique d’une jeune grand-père, Thomas Hodge était Amérique indépendante. John va gouverneur de l’île d’Anguilla de- développer la sucrerie et remettre puis les années 1790. John Hodge les terres en culture. Les années 2nd est marié à Elisabeth Yates suivantes, il achète 13 carrés de dont il a deux filles : Ann-Deborah, terre au sud du bourg de Grand

Anguilla in 1716. Captain Georges Leonard, his grandfather, had settled there with his wife, 5 children and 33 Negro slaves. He was the most important person of the island at that time. He was of French origin, and a Calvinist. Our new buyer, Georges Leonard Junior, was the husband of Suzannah Desmonts, sister to Anne and Abraham

Desmonts. He thus bought the land lots from this brother and his step-brother. He owned other land lots in the Dutch district and began to develop a sugar factory on the plantation lands. In 1786, the property produced sugar on one hundred land squares. Two years later, after Georges passed away, his widow and heirs no longer took care of the residence. A description dating back to 1795 informs us that the sugar factory buildings were unfinished and that the lands had gone back to fallows. Nothing is known of the residence until 1814.

En 1814, Suzannah Desmonts, veuve Georges Leonard, veuve

Fronton du premier étage couvert d’essentes First storey pediment covered in shingles

1814 John Hodge II restarted the Mount Vernon sugar factory

La charpente intérieure de la Maison de maîtres The inner framework of the masters’ House

In 1814, Suzannah Desmonts, the widow of Georges Leonard, the widow of John Chipendale and her daughter Sophie Leonard, the widow of Jacob Arrindel sold their land lots to Gerald Ducloux, another French speculator, who in turn sold his property title two days later, in the same notary’s office. The new owner’s name was John Hodge II. He was the grandson of John Hodge Senior, owner of the Spring sugar factory-residence, in the Marigot district. His father, alive when the pro7


Case, puis 43 carrés attenants à sa propriété au Nord, sur le Culde-sac de la Barrière et enfin 25 carrés également limitrophes de sa

l’Assemblée Nationale, faisant état de la ruine de l’industrie cannière, consécutive à l’abolition et accentuée par l’essor des salines de

perty was bought back, was called John Hodge Junior. His greatgrandfather, Thomas Hodge, was Governor of the Island of Anguilla

At the time of the buy-back, a 29 foot by 14 foot, shingles-covered and surrounded, framework wood house, divided into two bedrooms

Les ruines de la sucrerie Mont Vernon découvertes par l’INRAP The Mont Vernon sugar factory ruins discovered by the INRAP

plantation sur les « terres de Norman » aujourd’hui Norman Estate. En 1839, l’habitation est décrite comme en parfait état. En 1847, l’habitation produit 2300 livres de sucre et 400 livres de mélasse. En 1849, un an après l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, John Hodge 2nd signe la

Grand Case et de Great Bay. Vers 1850, la sucrerie cesse progressivement son activité, remplacée peu à peu par la culture du coton et par l’élevage de bovins, de chevaux, de moutons, d’ânes et de mulets. En 1856, John Hodge 2nd règle la succession de ses héritiers. Il dédommage ses deux filles Ann Dé-

since the 1790s. John Hodge II was married to Elisabeth Yates of which he had two daughters: Ann-

and one adjoining 18 square foot sitting-room, stood on the fallow lands. There was also a 15

Détail de la maçonnerie Masonry detail

L’emplacement de la batterie de chaudières à sucre The location of the sugar boilers series

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pétition des habitants sucriers de la partie française adressée à

borah et Henriette-Benjamin, puis il vend la plantation Mount Vernon à sa fille mineure naturelle recon-

Deborah, spouse in first union to William Richardson, owner of the Hope and Delight plantations, in Colombier. She later married Georges Dormoy, owner of the Paradise and Lottery sugar factories; her second daughter was Henriette Benjamin, spouse of James-Cuthbert Hanson residing on the Dutch side. After the death of his spouse Elisabeth, John Hodge II lived with Anne Duzant, his neighbor of whom he had a legitimate daughter: Anne-Marie Hodge.

square foot framework wood storage shed. The abandoned sugar factory foundations were intact and were approximately 5 feet high. John Hodge II named the residence “Mount Vernon”, probably referring to the property of the United States first president, Georges Washington, who died in 1799 on a property bearing the same name. John Hodge was undoubtedly filled with admiration for this historical prominent figure in the independent young America. John developed the sugar factory


nue, fille d’Anne Duzant, sa voisine, nommée Anne-Marie Hodge pour la somme symbolique de 3000 francs. John Hodge 2nd en gardera l’usufruit jusqu’à son décès. L’acte mentionne une habitation en friches autrefois établie en usine à sucre. Mount Vernon avait cessé son activité.

stockage, logements complémentaires, ou refuge pour ouragan. Le niveau supérieur est l’étage «Noble». On y accède par un escalier majestueux en pierres, encadré par deux rambardes basses également en pierre. Celui-ci aboutit à un perron limité par la même rambarde à l’ouest. Sur toute la fa-

La maison de maîtres de la plantation Mont Vernon Des 100 carrés de la concession d’origine, enrichis des achats de terrains limitrophes à l’époque de John Hodge, il reste aujourd’hui un terrain d’environ 2 hectares, exploité quelques années comme un parc dédié à l’Histoire de la plantation, fermé depuis 2009. La propriété d’autrefois s’étendait sur le versant Nord de Hope Hill, sur la plaine de Grand-Case et sur les premiers mornes de cul-de-sac. Ces terrains soumis aux vents dominants alizées venant de l’est étaient assez secs, propices à la culture du coton. La récolte de canne à sucre y était aléatoire sauf dans les années à forte pluviosité. Une grande partie des terres de Mont Vernon (rebaptisée à la française) est aujourd’hui transformée en lotissement constitué de villas et jardins. La maison de maîtres de l’habitation est encore habitable et proche de son aspect d’origine, malgré de nombreux aménagements modernes. Il s’agit d’une maison à deux niveaux dont le rezde-chaussée, parfois mentionné dans les actes notariés comme une cave, est construit en pierres volcaniques avec ciment de mortier de chaux selon les techniques de maçonnerie traditionnelle. Les angles sont constitués de roches calcaires locales appelées grès de plage, finement appareillées. Les fenêtres de petite taille sont ébrasées vers l’intérieur. Au rez-dechaussée, plusieurs murs porteurs en pierre délimitent les pièces. Ils comportent des portes à piédroits calcaires permettant la communication entre les salles. Le sol est dallé de grandes pierres calcaires rectangulaires. Ce niveau était destiné à des usages annexes,

çade Est, le perron se poursuit par une galerie couverte en bois, large de 2 mètres et protégeant les murs du rez-de-chaussée. La toiture de la galerie s’élargit un peu au dessus du perron pour former le «portico» devant l’entrée d’honneur de la maison. Tout l’étage est en bois de charpente. La toiture et le tour de la maison étaient tous deux recouverts d’essentes en bois. La couverture en essentes a récemment été remplacée par des tôles ondulées de couleur rouge. Le travail des essentes est particulièrement soigné sur le fronton triangulaire qui domine l’escalier principal. La disposition des volumes et des toitures est très complexe. Visiblement, la maison a évolué au fil des années, partant d’un noyau central avec une toiture à deux pentes avec l’escalier principal au Nord et un escalier de service en bois, au sud. Cette partie centrale date sans doute de la création de l’habitation du temps de Georges Leonard, vers 1785. Elle s’appuyait sur des murs porteurs à l’étage inférieur. Ultérieurement, elle fut agrandie de deux ailes symétriques, à toitures à 4 pentes, celle de l’Est comportant une galerie couverte, face aux vents dominants, avec vue sur les terres de

then 43 squares bordering his property to the North, on the Culde-Sac Barrier and finally 25 squares also bordering his plantation on the “Norman lands” today Norman Estate. In 1839, the residence was described as being in perfect state. In 1847, the residence produced 2300 pounds of sugar and 400 pounds of molasses. In 1849, one year after the abolition of slavery in the French colonies, John Hodge II signed the French side sugar producing inhabitants’ petition sent to the French National AsLe four en briques réfractaires sembly (Parliament), The fireproof brick oven stating the ruin of the sugar cane industry, following the abolition and had the lands cultivated again. The following years, and strengthened by the rise of

Découverte de traces de trous de poteaux Discovery of post hole traces

he bought 13 squares of land South of the town of Grand Case,

the Grand Case and Great Bay salt ponds.

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l’habitation et l’usine à sucre. L’aile Ouest fut seulement pourvue d’une toiture à la hauteur de la galerie, délimitant un passage couvert au rez-de-chaussée. Une dernière excroissance à toiture à 4 pentes fut ajoutée enfin au Sud-ouest. Ces adjonctions successives confèrent à cette demeure une forte personnalité. Son aspect reflète la vie des générations qui s’y sont succédé. Bien que les derniers agrandissements se soient situés vers 1850, il y a une grande homogénéité dans la facture aussi bien de la maçonnerie, que de la charpente ou du travail des essentes.

1897. Elle mesure 3,5 m sur 8 m et est profonde d’au moins 4 m, soit une contenance de plus de 100 m3. Enfin, à l’ouest de la maison principale, se trouve un sous-bassement de pierres atteignant au maximum 1m d’élévation. On voit encore l’empreinte des poteaux des poutres qui supportaient une maison en bois. Il y a la trace d’une petite pièce et d’une grande salle. Il s’agissait peut-être de la maison de l’économe de la Plantation Mont Vernon.

Les autres constructions liées à la plantation

A l’époque de leur étude de la sucrerie Mont Vernon, Henri et

A quelques mètres au sud de la maison, à l’arrière, se trouvent les vestiges de la cuisine délabrée. C’est un petit bâtiment en ruine, qui a perdu sa toiture à 4 pentes. Les angles et piédroits sont en calcaire fin, le reste de la maçonnerie est également en pierres calcaires avec d’importants joints de ciment. On y voit encore une porte précédée de trois marches en pierre et deux petites fenêtres hautes. La salle est divisée en deux parties, l’un étant le magasin à provisions, l’autre étant la cuisine proprement dite. Dans la cuisine, on voit encore une paillasse en pierres sur toute la longueur, à 70 cm de hauteur. Derrière le bâtiment, au sud, un tas de pierrailles est tout ce qui reste du four à pain de l’habitation. La région étant réputée aride, il était logique qu’une citerne soit construite sur les terres de la propriété. Cette citerne se trouve à proximité de la maison de maîtres vers le Nord et recueillait les eaux de pluie de l’ensemble des toitures. Elle est construite en pierres, divisée en deux compartiments et s’élève entre 60 cm et 1,50 m au dessus du sol. Elle est actuellement recouverte de 10 tôles ondulées. Elle fut restaurée en mai

Les vestiges de l’usine à sucre mis au jour par l’INRAP

Towards 1850, the sugar factory progressively ceased its activity, replaced little by little by the cultivation of cotton and the breeding of cattle, horses, sheep, donkeys and mules. In 1856, John Hodge II settled his heirs’ inheritance. He compensated his two daughters, Ann Deborah and Henriette-Benjamin, then he sold the Mount Vernon plantation to his acknowledged minor legitimate daughter, daughter of Anne Duzant, his neighbor, named Anne-Marie Hodge, for the symbolic sum of 3,000 French Francs. John Hodge II kept the use of the property until his death. The deed mentions a residence in hallows established as a sugar factory in the past.

L’emplacement des cases des esclaves de Mont Vernon The location of the Mont Vernon slave shacks

Denise Parisis n’avaient pas pu retrouver les ruines de l’usine qui produisait le sucre. Rien d’étonnant à cela puisque les fondations de la sucrerie viennent d’être découvertes au cours de recherches archéologiques préventives menées par l’INRAP. Le Dr Dominique Bonnissent, encadrée d’une équipe d’archéologues, a mis au jour une structure maçonnée à environ 100 mètres à l’Est de la Maison de Maîtres. Ces fondations consistent en plusieurs murs en pierres volcaniques et calcaires maçonnées à la chaux, dont les angles sont en pierres calcaires

Mount Vernon had ceased its operation. The master’s house of the Mount Vernon plantation Of the original 100 squares of the original land grant, enriched by the purchases of the bordering land lots in John Hodge’s time, only approximately 4,94 acres of land remain, operated for a few years as a park dedicated to plantation History, closed since 2009. The past property extended on the North side of Hope Hill, onto GrandCase plain and onto the first hills

of cul-de-sac. These lands, subject to the prevailing trade winds coming from the East were rather dry, favorable for cotton farming. Sugar cane harvests were uncertain except during years of heavy rains. A large part of the Mont Vernon lands (renamed French style) is today transformed into a development made up of villas and gardens. The master’s house of the residence is still inhabitable and close to its original aspect, in spite of many modern fixtures. It is a two level house of which the ground floor, sometimes mentioned in notaries’ deeds as a cellar, is built of volcanic stone with lime cement mortar using traditional masonry techniques. The angles are made up of finely paired, limestone rocks called beach rocks. The small sized windows are splayed towards the inside. On the ground floor, several stones supporting walls border the rooms. They comprise doors with limestone abutments enabling communication between the rooms. The floor is tiled using large, rectangular, limestone blocks. This level was intended for auxiliary uses, storage, complementary housing, or as a shelter during a hurricane. The upper level is the “Noble” storey. One reaches it using a majestic, stone staircase, lined by two low handrails also made of stone. This staircase leads to a stoop bordered by the same handrail on the West side. On the entire East side, the stoop is continued by a 2-meter wide, wood-covered gallery, protecting the ground floor walls. The gallery roof broadens a little above the stoop to form the “portico” in front of the formal entrance of the house. The entire storey is made of framework wood. The roof and the house circumference are both covered with shingles. The shingles cover has recently been replaced by red-co-


Briques réfractaires provenant des fouilles Fireproof bricks coming from the excavations

finement taillées. L’ensemble de la batterie de chaudières et le four de la sucrerie sont sortis de terre. Le four mis au jour servait probablement à chauffer l’alambic où la mélasse fermentée était transformé en rhum, appelé aussi tafia. La structure fouillée partiellement sur une des parcelles constructibles du lotissement mesure environ 20 m sur 7m. L’interprétation de la disposition des pièces et des murs

est donc limitée car une partie du bâtiment est encore sous terre. Cette découverte nous permet aujourd’hui de mieux appréhender l’implantation des différentes activités liées à l’exploitation des terres de Mont Vernon. A moins de 100 mètres au Sud de l’usine ont été découverts de nombreuses traces d’anciens trous de poteaux qui semblent dessiner l’implantation de petites maisonnettes corres-

lored, corrugated iron sheeting. The shingles work is particularly noteworthy on the triangular pediment overlooking the main staircase. The arrangement of the volumes and the roofing is very complex. Visibly, the house has evolved over the years, going from a central core with a two-sloped roof with the main staircase to the North and wooden service staircase, to the South. It bore on two supporting walls of the level below. It was later increased by two symmetric wings, with 4-sloped roves, the Eastern one comprising a covered gallery, facing the prevailing winds, with a view on the residence lands and the sugar factory. The West wing was only endowed with a roof at gallery level, bordering a covered passage at ground floor level. One last 4-sloped roofed protrusion was finally added on the South-West side. These successive additions confer a strong personality to this house. Its aspect reflects the life of the generations having consecutively lived there. Though the last increases were made around 1850, there is much homogeneity in the workmanship, be it in the masonry, in the framework or in the shingles work. The other constructions linked to the plantation The remains of the brokendown kitchen stand a few meters south of the house, to the rear. It is a small building in ruins, having lost its 4-sloped roof. The angles and abutments are made of fine limestone, the remainder of the masonry also being made of limestone blocks with large cement joints. A door can still be seen there, preceded by three stone steps and two small high windows. The room is divided into two parts, one being the foodstuff storeroom, the other being the kitchen proper. In the kitchen, one can still see a 70 cm high, full length stone workbench. Behind the building, to

the South, a heap of stones is all that remains of the house’s bread oven. The region being known for its aridity, it was logical that a cistern be built on the property land. This cistern is found near the master’s house towards the North and collected the rain waters gathered by all the roofs. It is built of stone, divided into two compartments and rises between 60 cm and 1.50 m above ground. It is presently covered by corrugated iron sheeting. It was restored in May 1897. It measures 3.5 m. by 8 m. and is at least 4 m. deep, thus containing more than 100 cubic meters. Finally, west of the main house, a stone pedestal is found reaching at most 1 m. in height. One still sees the imprint of the beam posts that used to support a wooden house. The trace of a small room and a large room is visible there. This might have been the Mont Vernon Plantation supervisor’s house. The remains of the sugar factory unveiled by the INRAP At the time of their study of the Mont Vernon sugar factory, Henri and Denise Parisis had not been able to find the ruins of the factory producing the sugar. Nothing astonishing in that since the sugar factory foundations has just been discovered during preventive archaeological research carried out by the INRAP. Dr Dominique Bonnissent, assisted by a team of archaeologists, has unveiled a masonry structure approximately 100 meters east of the Master’s House. These foundations consist of several volcanic and limestone walls blocked up with lime, the angles of which are made of finely carved limestone blocks. The whole boiler series and the sugar factory oven are out of the ground. The unveiled oven probably used to heat the still in which the fermented molasses were transformed into rum, also called tafia. The structure, partially excavated on one of the development’s buildable land lots, measures approximately 20 m. by 7 m. The interpretation of the arrangement of the rooms and walls is thus limited as a part of the building is still underground. This discovery today enables us to better apprehend the installation of the various businesses linked to the exploi-

Vestiges archéologiques de la plantation Mont Vernon Mont Vernon plantation archaeological remains


pondant probablement aux cases des esclaves ayant travaillé dans la plantation. Ces cases étaient situées au vent des fumées du four de la sucrerie afin d’éviter d’être incommodé. L’implantation de l’usine à sucre a également tenu compte de la position de la maison de maîtres par rapport aux vents dominants. Autour des cases et de l’usine, plusieurs poches de rejets de l’époque ont livré des fragments de pipes en argile, divers objets métalliques, dont une houe, de la vaisselle en céramique et en porcelaine, des briques réfractaires utilisées pour la construction du four, une grande bouteille de rhum en verre et des restes de faune consommée par les habitants. Ces découvertes exceptionnelles viennent à nouveau confirmer l’utilité des interventions préventives de l’INRAP pour une meilleure compréhension de l’Histoire de Saint Martin. Les traces d’habitat des esclaves mises en évidence à Mont Vernon sont uniques à Saint martin et dans la plupart des autres îles antillaises. L’Association Archéologique Hope Estate a déposé une demande d’agrément auprès de l’Etat afin de démarrer un chantier d’insertion sur le site de la plantation Mont Vernon. Une douzaine de personnes sans emploi seront recrutées et recevront sur place une formation à l’artisanat d’art. Leur production sera exposée à la plantation et devrait redynamiser ce lieu d’histoire dont l’intérêt touristique n’est plus à démontrer. Les formations incluront la poterie, la mosaïque, le patchwork, la vannerie, le travail du bois, de la calebasse, de la pierre, du coquillage, la fabrication de bijoux, la peinture sur tissus, mais aussi des cours théoriques sur l’histoire de l’Art et l’histoire de Saint Martin. Notre but à terme sera de développer sur le site de la plantation Mont Ver-

non, un véritable centre artistique ouvert à tous. Des ateliers d’art seront également proposés aux jeunes les mercredis et samedis. Nous espérons ainsi apporter notre pierre pour l’insertion des publics en difficulté, éloignés de l’emploi, mais également développer l’ac-

tation of the Mont Vernon lands. Less than 100 meters South of the factory many traces of old post holes were discovered, seemingly drawing up the layout of small houses probably corresponding to the shacks of the slaves having worked on the plantation. These

Le Club Patrimoine Junior en visite à la plantation Mont Vernon The junior patrimony club visiting Mont Vernon plantation

tivité artisanale et artistique dans le but d’intégrer ce site fabuleux riche d’histoire dans le maillage des attractions touristiques de Saint Martin. C. Henocq

shacks were located windward of the sugar factory oven smoke in order to avoid their being inconvenienced. The sugar factory layout also took into consideration the position of the masters’ house with regard to the prevailing winds. Around the shacks and the

factory, several pockets of refuse of the times delivered fragments of clay pipes, various metallic objects, of which a hoe, crockery and porcelain dishes, fireproof bricks used to build the oven, a large glass bottle of rum and remains of fauna eaten by the inhabitants. These exceptional discoveries again confirm the usefulness of the INRAP’s preventive interventions for a better understanding of Saint Martin’s History. The traces of slave lodgings unveiled at Mont Vernon are unique on Saint Martin and in most of the other Antillean islands. The Hope Estate Archaeological Association submitted an accreditation approval from the State in order to start an insertion project on the Mont Vernon plantation site. A dozen unemployed persons will be recruited and will receive training in arts craftsmanship on site. Their production will be exhibited on the plantation and should revive this historical site, the touristic interest of which no longer needs to be demonstrated. Training will include pottery, mosaics, patchwork, wickerwork, woodwork, calabash work, stone work, shell work, making of jewellery, painting on materials, but also theoretical courses on the history of Art and the history of Saint Martin. In the end, our aim will be to develop a true artistic centre open to all on the Mont Vernon plantation site. Art workshops will also be proposed to the young people on Wednesdays and Saturdays. We thus hope to add our contribution to the reinsertion of people with difficulties, far from employment, but also to develop craftsmanship and artistic businesses in the aim of integrating this fabulous site rich in history into Saint Martin’s network of touristic attractions.

Saint-Martin Evasion contribue à la présevation du patrimoine de Saint-Martin




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