Bridge-Builder #15 : Alimentation et Bien commun. Food & the Common Good

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Bridge- Builder Common Good Forum/Bridge-Builder#11




B-B#15, 2017

. ALIMENTATION & BIEN COMMUN . . FOOD & THE COMMON GOOD .

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POURQUOI « BRIDGE-BUILDER » ?

Bridge-Builder est un outil d’interface facilitant la discussion ouverte ou l’expression d’idées, requis par la philosophie du Bien commun : une Expérience, un Processus délibératif et éthique ! Il vise à rassembler différentes perspectives de la part de penseurs et de praticiens, afin de favoriser des propositions innovantes en matière de gouvernance des biens communs : 1° En facilitant l’échange d’informations et de bonnes pratiques, mais aussi en construisant des synergies entre les organisations de la société civile et les décideurs. 2° En valorisant les acteurs et la visibilité des politiques innovantes des acteurs locaux au plan international.

WHY ‘BRIDGE-BUILDER’?

Bridge-Builder is a medium of open discussion or expression of ideas, required by the philosophy of the Common Good: an Experience ! A Deliberative and Ethical Process!
 It brings together different perspectives from Thinkers and Practitioners for InnovativeCommon Good-Based Solution: 1. To facilitate exchange of informations and best practices and build synergy between civil society organisations with decision-makers. 2. To raise the profile and the visibility of innovative policy thinking and practices of local actors on the global scene. 3


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

EDITO

"On ne peut pas bien réfléchir, aimer bien, dormir bien, si l'on n'a pas bien dîné." (Virginia Woolf, One Room of one's Own).

En effet, en tant que besoin humain de subsistance, l’alimentation a une incidence sur nos ‘capacités’. Elle conditionne notre ‘agencéité’ - celle-ci étant décrite, par le Prix Nobel Amartya Sen, comme une estimation de ce qu'une personne peut faire en fonction de sa conception du bien.

À cet égard, les personnes et les communautés sont « responsables d’améliorer l'innovation, l'apprentissage, l'adaptation, la fiabilité, les niveaux de coopération des participants et la réalisation de résultats plus efficaces, équitables et durables à des échelles multiples - même si aucun arrangement institutionnel ne peut éliminer totalement l’opportunisme en matière de fourniture et de production de marchandises collectives » déclarait, en 2009, le prix Nobel Pr Elinor Ostrom*. En effet, la chercheuse voulait promouvoir les systèmes polycentriques - ces multiples autorités gouvernementales à différentes échelles - au-delà d‘une seule unité, dite monocentrique.

Il est ainsi intéressant d'étudier cette perspective en 2017. Ce Bridge-Builder a en effet l'intention de montrer comment les personnes et les communautés peuvent s'attaquer à l'insécurité alimentaire. Nous remercions donc sincèrement nos contributeurs d’avoir partagé leurs expertises. Elles nous permettent d’étudier le système alimentaire à l’aune de la pensée du Bien commun.

* E. Ostrom, « A Polycentric Approach For Coping With Climate Change », World Bank Policy Research Working Paper No. 5095, 2009

Violaine Hacker violaine.hacker@commongoodforum.eu

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Bridge-Builder #15, 2017

. ALIMENTATION & BIEN COMMUN . Nous remercions sincèrement nos contributeurs d’avoir illustré, dans ce numéro, trois principaux problèmes soulevés ici pour appréhender le système alimentaire à l’aune de la question du Bien commun : 1. Les aspects liés à la gouvernance des ressources ; 2. La tentative de concilier la dignité de la Personne et l'utilité sociale au sein de la Communauté ; 3. Les aspects pratiques montrant les difficultés rencontrées pour assurer l'efficacité réelle - ou l’efficience - des choix communs. Premièrement, en tant que Bridge-Builder, l’équipe européenne du projet européen ‘Don’t Waste Our Future’ - auquel Common Good forum a participé - présente les actions menées dans le cadre de ce programme. L’objectif consistait d’une part à rédiger une charte sociale afin de lutter contre le gaspillage alimentaire, et d’autre part à promouvoir le droit à l’alimentation. Les équipes ont ensuite mené sur leur territoire des actions de sensibilisation et de concertation. Comme le présente Violaine Hacker, ce projet a abordé l’alimentation comme un Bien commun, en tenant compte de la gouvernance polycentrique sur les Territoires. Il reflète bien des aspects de la pensée du Bien commun : la recherche de conciliation entre les parties prenantes locales et globales, et l’adaptation aux spécificités des territoires. Il a recherché à encourager à déterminer des choix éthiques, ceux-ci qui ont été ensuite promus par une charte sociale commune visant à encourager la responsabilité des acteurs locaux. Par dessus-tout, il a toujours encouragé le recours à des expériences concrètes pour apprendre. Deuxièmement, en tant qu’intellectuel, le Pr Jean-Louis Rastoin - Chaire Unesco Alimentation durable - nous propose sa vision des enjeux liés à l’insécurité alimentaire. Il considère ici l’alimentation comme un bien commun dans une perspective globale et locale. Enfin, des illustrations pratiques rendent vivants les enjeux liés à la gouvernance. Des témoignages nous sensibilisent aux difficultés rencontrées pour garantir une efficacité réelle - une bonne efficience - des choix communs sur le terrain. Antoine Lagneau aborde l’agriculture urbaine et la question de la ville comestible. Il traite en particulier du thème des Communs urbains. La notion de ‘Commoning’, attachée à la diversité des territoires, est ensuite illustrée par deux projets anglosaxons : Common Good Food et The Food Commons. Puis deux starts up présentent leurs actions de lutte contre le gaspillage alimentaire, et leur effort pour concilier la dignité de la personne et l’utilité sociale au sein de la Communauté. D’une part, Phénix engage l’Etat, les entreprises, les ONGs et les consom’acteurs. D’autre part, le jeune projet ‘Baba Food Market’ assume les challenges rencontrés pour développer un food truck où les personnes issues de l’immigration trouvent leur place. Ces exemples révèlent le décalage entre une Idée qui semble intelligente au plan rationnel, mais qui doit aussi être adaptée aux contextes spécifiques du terrain. Ces aspects pratiques nous montrent que le Bien commun ne se déclare pas ! Il se construit au quotidien, par l’expérience, celle du vécu au sein de chaque communauté. 5


Bridge-Builder #15, 2017

Crédits photos :Violaine Hacker, Arnaud Cailloux, Passerelles, Pexels, Phénix, Naturparif, Common Good Food, The Food Commons, Dwof, Felcos, Sirdom.

Cré dits Pho tos : Pex els, Felc os, F a msi, C o mm o n g o o d foo d , The Foo d

C o mm ons , DW OF,

Rédacteur en chef : Violaine Hacker. Coordination éditoriale : Frédéric Coste.

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Food and Common Good / Alimentation et Bien commun, by Violaine Hacker

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Bridge-Builders

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Intellectuel

90

Praticiens/Practitioners

120 6

Introduction :

Equipe projet européen DWOF : Violaine Hacker, Alessandro Mancini, Alan Britton, Yolanda Ramirez, Clémence Mondiez du Siom

Jean-Louis Rastoin

Antoine Lagneau, Jamie Harvie, Fergus Walker, Jean Moreau, Lou Blanco

News Chartes sociales et Bien commun ; NESI Forum : New Economy & Social Innovation


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BIEN COMMUN Le Bien commun ne renvoie pas seulement à une finalité, - ce qui reviendrait seulement à penser 'pour' le Bien commun. Cette philosophie se concentre surtout sur le processus de délibération éthique - penser ‘par’ le Bien commun. Celui-ci doit permettre de gouverner des ressources mises en commun - les biens communs, en conciliant épanouissement de la Personne et utilité sociale au sein de la Communauté.

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DGE-BUILDERS 8


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INTRODUCTION THE COMMON GOOD APPROACH

We shall remember the Philosophy of the Common Good may find its origins in the Aristotle and the Saint Thomas d’Aquinas theories.

By Violaine Hacker

Such a conception can also find equivalent in other cultures than the occidental one. The ethical philosophy of « Ubuntu » in Africa for instance, often translated in the proverb: « I am because We are », is quite similar.

Common Good Forum Food is not just a marketable commodity like any other one. It is explicitly and intrinsically linked to our human existence. While possessing another commodity allows for social benefits, food plays an important role in the optimal growth, development, health and well-being of communities.

Rethinking food cannot be done without judging the level of justice in society, and questioning the public values that shape the official discourse on food access.

Therefore the purpose of the BridgeBuilder #15 is to present a comprehensive overview of the food system, using three meanings of the Common Good philosophy : as a framework, rhetorical device or ethical concept, and practical tool for social justice.

The Common Good refers to the set of conditions that facilitate - effectively social living by which « Persons » or communities are enabled to more fully and readily achieve their goals and perfection.

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Approaches to the Common Good are not homogenous and, at times, can be antagonistic. For instance, the concept of « capabilities » of Amartya Sen can be considered - even though it does not speak about the « Persons » or the « Communities », but rather the « Individual ». On top of it, the contemporary debate on the Common good navigates among liberal, communitarian and egalitarian views of a just society.

For instance, David Hollenbach and Michael Novak, two important Common good thinkers, clearly depart from each other. Hollenbach defends an approach to the Common good which is rooted in a communitarian notion of society based on the social nature of the human person. Novak develops a libertarian approach to the same notion based on his understanding of the human person as an individual endowed with the capacity for insight and choice, from which derives the principles which are the bases for human dignity.


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In that respect, the Common good philosophy asks questions, more than bringing a set of solutions and injunctions. Considering Food and the Common good entails to study many constituencies, and to uphold a population-based approach to justice, because the Common good is a bridge-building device. This means three main considerations: 1° The governance aspects ; 2° The human aspects ; 3° The effectiveness.

1° The governance of the resources It adresses some issues such like :

1. The role of the public institutions at global and local levels, and the promotion of adequate polycentric public policies or programmes1 ;

2. The promotion of the Commons2 ;

3. The coalitions and inter-organizational partnerships in affected neighborhoods or communities ;

4. The role of the city and the place dedicated to the food3 ;

5. The moral and legal considerations of the food industry, considering the respect of human rights4 .

Concerning Governance issues, see: E. Ostrom, « Polycentric systems for coping with collective action and global environmental change », Global Environmental Change, 20 (2010), pp. 550–557 ; D. Cole, M. McGinnis (Eds), Elinor Ostrom and the Bloomington School of Political Economy: Volume 3, A Framework for Policy Analysis, Lexington Books, 2017 ; D. DeCaro, N. Brian Cha, S. Edella, A.Garmestani, and J. B. Ruhl. “Legal and Institutional Foundations of Adaptive Environmental Governance.” Ecology & Society, 2017, 22(1): 32 ; L. Alston, « Beyond Institutions: Beliefs and Leadership », The Journal of Economic History, 77(2), 2017, pp. 353-372 ; D. Lueck, « Property institutions and the limits of Coase ». Journal of Institutional Economics, 2017, pp. 1-8 ; I. Theesfeld, T. Dufhues, G. Buchenrieder. “The Effects of Rules on Local Public Administrative Pro- cesses: How Can Rules Facilitate Participation?”, Policy Sciences, 2017. Concerning public policies, see for instance: * The agro-ecology : I N K O TA - n e t z w e r k , B r o t f ü r d i e W e l t , F I A N , F o r u m U m w e l t u n d E n t w i c k l u n g , H e i n r i c h - B ö l l Stiftung, MISEREOR, Oxfam and Rosa-Luxemburg-Stiftung, « Better and different! Transforming food systems through agroecology », book to download at https://www.rosalux.de/en/publication/id/9151/besser-anders-anders-besser/. This new agroecology guide defends diversity against monoculture, and gives local markets priority over the global market. * The Health sector: J. Azétsop, T. R. Roy, « Access to nutritious food, socioeconomic individualism and public health ethics in the USA: a common good approach », Ethics and Humanities in Medicine (PEHM), 2013, 8:16, Dr. Julian M. Alston, Abigail M. Okrent, The Effects of Farm and Food Policy on Obesity in the United States, Studies in Agricultural Economics and Food Policy, Palgrave, 2017. D. C. Parra, S. Vorkoper, H. W. Kohl, B. Caballero, C. Batis, A. Jauregui, J. Mason, and M. Pratt, « Research capacity for childhood obesity prevention in Latin America: an area for growth », Obesity Reviews 18 (Suppl. 2), 39– 46, July 2017 : The low number of intervention studies and the near absence of policy articles suggest a void in research capacity. As a conclusion, it considers for childhood obesity, there is a clear need to build research capacity that documents the current state of the problem and design evidence-based prevention and intervention efforts. 1

Concerning the Food considered either as a food or as a commodity, see J. L. Vivero-Pol, « Food as Commons or Commodity? Exploring the Links between Normative Valuations and Agency in Food Transition », Sustainability, 2017, 9, 442 ; « Food as Commons or Commodity? Exploring the Links between Normative Valuations and Agency in Food Transition », Sustainability, 2017, 9(3), 442. 2

Concerning the city and the food, see for instance: E. Adams, « The growing role of food in fixing our cities », 24 July 2017, Urbact, http://urbact.eu/growing-role-food-fixing-our-cities#.WXcG6nuKr4I.twitter 3

On Human Rights and Food, see for instance: C. McClain-Nhlapo, Implementing a human right to food security : http://www.ifpri.org/sites/default/files/…/ib29.pdf : There are numerous observational and cross-sectional studies, indicating either a lack of capacity required for more complex research or the extent of the problem and associated factors is still unknown. The low number of intervention studies and the near absence of policy articles suggest a void in research capacity. 4

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2° The attempt to reconcile personal interest and communal goals

- the role of actors on their own territory ;

- the importance of education and ade-

Underneath the Common Good tradition resides a fundamental attempt to reconcile personal interest and communal goals. Indeed human society is not an atomistic entity, but essentially a « relational » one. The Common Good perfects, achieves, and completes a Person both as a relational and rational being5 . The « Person » is a member of a moral community that sustains his or her life, and in which he or she should participate fully. Society is a space where mutuality and interdependence shape human relationships and public institutions. Justice is not simply understood in terms of individual good and civil-political liberties, but also in terms of structural equity and well-being understood at the population level.

- the dignity of the person and the impli-

Quality food inaccessibility affects the persons and population groups, and reflects what goes on in society. Inaccessibility points to the way individuals relate with each other and social institutions. It also shows how dimensions of well-being are distributed, and how government fulfills its duty as public health protector and social justice promoter. Inaccessibility raises both human rights and social justice questions. Justice requires that those lacking healthy food be provided with the basic dimensions of well-being which are instrumental for having access to it.

Such a consideration adresses some issues such like :

- the relationship between food and identity (and epistemology) ;

quate partnership with the civil society ;

cation of the NGOs ;

- the promotion of the « capabilities »6 ;

- the relationship between entities : between the educational sector and the family and the local authorities for instance.

3° The real « efficiency » of public policies and common ethical choices Each policy finds efficiency in its « context ». Thus sometimes it meets difficulties, and needs effective changes incorporation. The Common good approach entails more than exhortations to care for each other. It questions the radical modification of the socioeconomic and political environment that shapes both food distribution and access to food across population. In that respect, concerning food, this issue asks the effectiveness of the real access to food as a basic right and therefore adresses some questions, such like: the food insecurity, the health inaccessibility, and the agency. We also lack a common definition of sustainable food7.

The Bridge-Builder #15 - Food: a Common Good Approach will outlines how each of the three meanings of this Common Good framework helps us understand public practices, social policies and market values that shape the distal causal factors of food inaccessibility. In that capacity we will be able to outline policies and good practices.

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On the notion of Person and the philosophy of Personalism, see for instance: J. Maritain, The Person and the Common Good, University of Notre Dame Press, Notre Dame, IN, 1973. 6

On the Capability Approach (developed by the Nobel Prize Pr Amartya Sen) adapted to the issue of Hunger, see A. Sen, J. Dreeze, Hunger and public action, Oxford University Press, New York, 1989. A definition of sustainable food is missing. Therefore the EU decision-makers are aware that new regulations should tackle the lack of real efficiency of public policies.

Committee of the Region, « Towards a sustainable EU food policy », Opinion factsheet, 22 March 2017, http://cor.europa.eu/en/activities/opinions/pages/opinion-factsheet.aspx?OpinionNumber=CDR%203170/2016 7

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INTRODUCTION

L’APPROCHE PAR LE PENSEE DU BIEN COMMUN Par Violaine Hacker Common Good Forum L’alimentation n'est pas seulement une marchandise, commercialisable comme toute autre. Elle est, explicitement et intrinsèquement, liée à notre existence humaine.

L’alimentation joue un rôle important dans la croissance, le Développement, la santé et le bien-être optimal des communautés. Repenser son rôle et sa place ne peut donc se faire sans juger du niveau de justice dans la société, et remettre en question les valeurs publiques qui façonnent le discours officiel sur l'accès aux aliments.

Par conséquent, ce Bridge-Builder # 15 a pour but de présenter un aperçu global du système alimentaire - en utilisant trois significations propres à la philosophie du Bien commun : en tant que cadre ou dispositif rhétorique, concept éthique, et outil pratique pour la justice sociale.

Le Bien commun se réfère à l'ensemble des conditions qui facilitent - effective13

ment - la vie sociale par laquelle les personnes ou les communautés sont activées pour atteindre pleinement et plus facilement leurs objectifs et leur perfection.

Nous nous souviendrons aussi que la philosophie du Bien commun trouve notamment ses origines dans les théories d'Aristote et de Saint Thomas d'Aquin. Cette conception occidentale peut toutoutefois trouver une équivalence dans d'autres cultures. C’est le cas de la philosophie éthique de l’« Ubuntu » en Afrique. Le proverbe « Je suis parce que Nous sommes » manifeste bien ces enjeux humains au sein de la communauté.

En outre, les approches du Bien commun ne sont pas homogènes et, parfois, peuvent être antagonistes. Par exemple, le concept de « capacités » (Capabilities) du Pr Amartya Sen peut être considéré - même s'il ne cite pas le terme des « Personnes » et de leurs « relations » dans les « Communautés », mais plutôt de l’individu amené à faire des choix.

Plus globalement, le débat contemporain sur le Bien commun navigue entre les opinions libérales, communautaires et égalitaires d'une société juste.

Par exemple, David Hollenbach et Michael Novak, deux penseurs reconnus du sujet, se distinguent clairement.

David Hollenbach défend une approche du Bien commun qui est enracinée dans une notion communautaire de la société fondée sur la nature sociale de la personne humaine.


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En revanche, Michael Novak développe une approche libertaire de la même notion - fondée sur sa compréhension de la personne humaine en tant qu'individu doté de la capacité à établir des choix de façon perspicace, et dont dériveront les principes qui sont à la base de la dignité humaine.

A cet égard, la philosophie du Bien commun pose davantage de questions qu’elle n'apporte un ensemble de solutions et d’injonctions mécaniques. La prise en compte de la nourriture et du Bien commun implique d'étudier de nombreux enjeux - d’une façon complexe - et de proposer une approche de la justice axée sur la population.

Le Bien commun est en effet un dispositif de « construction de passerelles entre points de vues » (a « Bridge-Building device »).

Cela signifie ici trois considérations principales : 1° Les questions de la gouvernance des ressources ;

2° Les aspects plus humains ;

3° L'étude empirique de l’efficience des choix communs.

1 ° La gouvernance des ressources La pensée du Bien commun permet d’aborder des problématiques comme :

• Le rôle des institutions publiques aux niveaux mondial et local, et la création de politiques ou de programmes publics de nature polycentrique8 ;

• Les Communs (Commons)9 ;

• Les coalitions et les partenariats interorganisationnels dans les quartiers ou les communautés ;

Sur l’analyse de la gouvernance, voir notamment : E. Ostrom, « Polycentric systems for coping with collective action and global environmental change », Global Environmental Change, 20 (2010), pp. 550–557 ; D. Cole, M. McGinnis (Eds), Elinor Ostrom and the Bloomington School of Political Economy: Volume 3, A Framework for Policy Analysis, Lexington Books, 2017 ; D. DeCaro, N. Brian Cha, S. Edella, A.Garmestani, and J. B. Ruhl. “Legal and Institutional Foundations of Adaptive Environmental Governance.” Ecology & Society, 2017, 22(1): 32 ; L. Alston, « Beyond Institutions: Beliefs and Leadership », The Journal of Economic History, 77(2), 2017, pp. 353-372 ; D. Lueck, « Property institutions and the limits of Coase ». Journal of Institutional Economics, 2017, pp. 1-8 ; I. Theesfeld, T. Dufhues, G. Buchenrieder. “The Effects of Rules on Local Public Administrative Pro- cesses: How Can Rules Facilitate Participation?”, Policy Sciences, 2017. En matière de politique publique, voir par exemple concernant l’agro-écologie : * INKOTA-netzwerk, Brot für die Welt, FIAN, Forum Umwelt und Entwicklung, Heinrich-Böll-Stiftung, MISEREOR, Oxfam and Rosa-Luxemburg-Stiftung, « Better and different! Transforming food systems through agroecology », book to download at https://www.rosalux.de/en/publication/id/9151/besser-anders-anders-besser/. This new agroecology guide defends diversity against monoculture, and gives local markets priority over the global market. Voir aussi par exemple concernant le secteur de la santé : * J. Azétsop, T. R. Roy, « Access to nutritious food, socioeconomic individualism and public health ethics in the USA: a common good approach », Ethics and Humanities in Medicine (PEHM), 2013, 8:16, http://peh-med.com/content/8/1/16 * Dr. Julian M. Alston, Abigail M. Okrent, The Effects of Farm and Food Policy on Obesity in the United States, Palgrave Studies in Agricultural Economics and Food Policy, 2017. * D. C. Parra, S. Vorkoper, H. W. Kohl, B. Caballero, C. Batis, A. Jauregui, J. Mason, and M. Pratt, « Research capacity for childhood obesity prevention in Latin America: an area for growth », Obesity Reviews 18 (Suppl. 2), 39-46, July 2017. 8

Sur la place de l’alimentation comme ‘Commons’, voir J. L. Vivero-Pol, « Food as Commons or Commodity? Exploring the Links between Normative Valuations and Agency in Food Transition », Sustainability, 2017, pp. 9, 442 ; « Food as Commons or Commodity? Exploring the Links between Normative Valuations and Agency in Food Transition », Sustainability, 2017, 9(3), 442. 9

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• La conception de la ville, et sa relation à la nourriture10 ;

• Les considérations morales et juridiques de l'industrie alimentaire - en tenant compte du respect de la dignité de la personne et des droits de l’Homme, mais aussi de la justice dans la communauté11.

2° La tentative de concilier l'intérêt personnel et les objectifs communaux Dans la tradition philosophique du Bien commun, il existe une recherche fondamentale visant à concilier l'intérêt personnel et les objectifs communaux. En effet, on peut considérer que la société humaine n’est pas une entité atomisée. Elle est essentiellement relationnelle.

Le Bien commun perfectionne et réalise la Personne en tant qu'être relationnel et rationnel12 . La personne est membre d'une communauté morale qui soutient sa vie, et dans laquelle elle doit participer pleinement. La société constitue un espace où la mutualité et l'interdépendance façonnent les relations humaines et les institutions publiques.

La justice n'est donc pas simplement comprise en termes de bien individuel et de libertés civiles et politiques, mais aussi en termes d'équité structurelle et de bienêtre au sein de la population.

En ce sens, l’inaccessibilité à l’alimentation de qualité affecte concrètement la vie des personnes et les groupes de popula-

tion. Elle reflète ce qui se passe ou non dans la société.

Elle indique d’une part la manière dont les personnes se décrivent ou se racontent entre eux, et la façon dont les institutions sociales sont organisées.

Elle révèle d’autre part les façons dont les dimensions du bien-être sont réparties, et celles dont le gouvernement remplit son devoir en tant que promoteur de la santé publique et de la justice sociale.

Elle soulève à la fois des questions relatives à la dignité de la personne et aux droits de l’Homme, mais aussi à la justice sociale dans la communauté. La justice exige que ceux qui souffrent de ne pas bénéficier d'aliments sains reçoivent les dimensions fondamentales du bien-être.

Cette tentative de concilier intérêt personnel et objectifs communaux engendre quelques problématiques, comme par exemple :

• La relation entre la nature, la nourriture et l’identité (épistémologie);

• L'importance de l'éducation et du partenariat adéquat avec la société civile ;

• La dignité de la personne et l'implication des ONG ;

• La promotion des capacités (« capabilites »13 ) ;

• La relation entre les entités : entre le secteur éducatif et la famille, mais aussi avec les ONGs et les autorités locales, par exemple.

Sur le lien entre Alimentation et Ville, voir par exemple, E. Adams, « The growing role of food in fixing our cities », 24 July 2017, Urbact, http://urbact.eu/growing-role-food-fixing-our-cities#.WXcG6nuKr4I.twitter 10

Sur le lien entre Droits de l’Homme et Alimentation, voir par exemple, C. McClain-Nhlapo, Implementing a human right to food security : http://www.ifpri.org/sites/default/files/…/ib29.pdf 11

Sur la notion de Personne dans la philosophie du personnalisme, voir notamment J. Maritain, The Person and the Common Good, University of Notre Dame Press, Notre Dame, IN, 1973. 12

Sur « l’approche par les Capabiltés » du Pr Amartya Sen, prix Nobel d’Economie 2006, et son application à la question de la faim, voir A. Sen, J. Dreeze, Hunger and public action, Oxford University Press, New York, 1989. 13

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3° La véritable efficience des politiques publiques et des choix éthiques communs Chaque politique trouve son efficacité dans son contexte. Ainsi, parfois, les acteurs rencontrent-ils des difficultés sur le terrain qui suscitent la mise en oeuvre de changements effectifs. La bonne approche commune implique en effet davantage que des exhortations à s'occuper mutuellement les uns des autres. Elle suppose la modification radicale de l'environnement socio-économique et politique qui structure à la fois la distribution des aliments et l'accès à la nourriture dans l'ensemble de la population.

A cet égard, en ce qui concerne le système alimentaire, la question du Bien commun interpelle sur l’efficacité de l'accès réel à la nourriture en tant que droit fondamental. Elle adresse donc certaines questions, telles que celles de l'insécurité alimentaire, de l’inaccessibilité à la santé, ou de l’agencéité.

Enfin, une définition commune de la « nourriture durable »14 - voire même du simple « développement durable » luimême - est aussi nécessaire pour une bonne opérationnnalité des programmes publics comme privés.

Ce Bridge-Builder #15 considère l’alimentation en utilisant l’approche par le Bien commun. Il cherchera à décrire dans quelle mesure le cadre éthique - reposant sur ces trois significations proposées du concept du Bien commun - nous aide à comprendre le système alimentaire. Dans cet esprit, seront valorisées les politiques et les bonnes pratiques qui façonnent les facteurs d’accès à l’alimentation. Sur cette recherche de concertation en faveur d’une definition commune de l’alimentation durable, voir : Committee of the Region, « Towards a sustainable EU food policy », Opinion factsheet, 22 March 2017, http://cor.europa.eu/en/activities/opinions/pages/opinion-factsheet.aspx?OpinionNumber=CDR%203170/2016 14

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BRIDGE-BUILDER SENSIBILISER AU DROIT A L’ALIMENTATION DANS UN PROJET EUROPEEN Par Violaine Hacker, Dir. de projet DWOF, Common Good Forum, Partenariat Passerelles

1) LE PROJET ‘DON’T WASTE OUR FUTURE’: UNE GOUVERNANCE POLYCENTRIQUE Le projet européen Don’t Waste Our Future (2015-2017), soutenu par la Commission européenne, a bénéficié en France du haut patronage du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement et de la Recherche, ainsi que du secrétariat d’État aux Affaires européennes - ministère des Affaires étrangères et du Développement internatio17

nal. Il a proposé un important volet éducatif mené par l’association Passerelles - spécialiste de l’Education Pair-àPair - qui a en effet pour objectif de contribuer à l’éducation des jeunes générations dans le champ des piliers du développement durable. La fondation Daniel & Nina Carasso a contribué aussi de façon substantielle au financement du projet DWOF.

De 2015 à 2017, Common Good Forum (CGF) était en charge d’apporter son expérience portant sur la gouvernance des biens communs. Organisme affilié représentant la ‘Earth Charter Initiative‘ en France, CGF a ainsi partagé notamment son expertise à la fois des chartes sociales et de l’éducation à l’éthique et au développement durable.

Présentation du projet : Bridge-Builder #13, 2017, pp. 68-70. Lien…; Bridge-Builder #12, 2016, pp. 10-17, Lien… ; Site web du Projet Don’t Waste Our Future, France, Lien… ; Lire aussi les articles suivants, dans ce Bridge-Builder #15, des partenaires européens du projet DWOF.


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

I.

Objectifs du projet aux plans global et local

Le projet DWOF a proposé des ateliers de sensibilisation et de concertation, afin de mettre en ouvre ensuite des actions concrètes sur le territoire (A). Il a cherché à renforcer les compétences de chaque acteur, puis à les mettre en relation (B).

A. Associer sensibilisation et action de terrain Le projet a combiné : 1° la diffusion de la connaissance : sur le système alimentaire et la lutte contre le gaspillage alimentaire.

2° des initiatives de terrain : grâce à l’acquisition de compétences et la concertation des parties prenantes, des initiatives de terrain ont pu être mises en place, en promouvant les Objectifs du Développement Durable (ODD).

B. Développer les compétences des parties prenantes Le projet a cherché à apprendre à :

1° gérer des positions divergentes, et s’inscrire dans les débats actuels en France et au sein des institutions nationales.

2° adopter une position française sur le gaspillage alimentaire, en associant le secteur éducatif et les parties prenantes.

3° rédiger une charte sociale européenne (outil de droit souple, soft law) lors d’un forum européen, et communiquer en ce sens.

4° contribuer à éduquer les jeunes européens et les sensibiliser via une vision critique des interdépendances mondiales ; et

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les encourager à engager ensuite leur responsabilité par des actions de terrain.

tions alimentaires de carbone contribuent fortement au réchauffement climatique.

5° Sensibiliser au gâchis alimentaire et à la consommation responsable, afin de rendre les acteurs agents du changement, via la construction d’une alliance européenne.

L'action s’est concentrée principalement sur la prévention pour lutter contre les déchets. En Europe, une grande partie du problème est liée à de mauvaises comportements de consommateurs compte tenu du manque de prise de conscience sur la question dans sa complexité.

6° Au plan européen, harmoniser les démarches de sensibilisation au gaspillage alimentaire avec une charte, et un guide de bonnes pratiques.

II. L’adaptation aux enjeux territoriaux spécifiques Ce projet a pris en compte la nécessaire adaptation aux besoins et aux contraintes spécifiques des territoires (agency). Il a d’abord visé certains secteurs concernés, tout en considérant aussi la possible synergie avec d'autres initiatives. Deux enjeux étaient visés : 1° La fragmentation des actions et le dialogue insuffisant parmi les acteurs Le projet s’est fondé sur le constat qu’il persistait une trop forte fragmentation parmi les actions. Il manque une stratégie systémique qui implique à la fois les autorités publiques et le secteur éducatif via des programmes dans les écoles dans les pays concernés.

2° La prise en compte en Europe de la complexité des problématiques enchevêtrées a. L’utilisation de la pensée complexe Le gaspillage alimentaire a non seulement des conséquences morales, économiques, sociales et nutritionnelles, mais il a aussi des effets graves sur la santé mondiale et sur l'environnement, compte tenu du fait que de grandes quantités de dioxyde sont gaspillés, et que les produc-

19

b. Les aspects européens internes et externes : les pays tiers Le projet s’est situé en Europe, tout en tenant compte de notre interdépendance avec les pays d’autres continents. Humblement, dans le cadre de l’année européenne du Développement, l’action a donc visé à avoir un impact aussi sur la question des déchets alimentaires dans les pays en développement, au sein desquels interviennent aussi des contraintes financières et techniques sur la totalité de la chaîne de production alimentaire.

‘Don’t Waste Our Future’ a cherché à encourager chaque Personne et organisations à impliquer ses réseaux, et en particulier à mettre en œuvre la coopération décentralisée des initiatives de Développement axées sur l'amélioration de l'efficacité de la chaîne de valeur alimentaire.

c. Considérer les causes d’une façon systémique Le projet a encouragé les acteurs à aborder les causes du gaspillage alimentaire de façon systémique. Les causes les plus fréquentes de déchets alimentaires dans les pays de l'UE impliquent à la fois les ménages et les entreprises. Elles sont liées à la taille des portions, à l'étiquetage, à l'emballage et au stockage. Elles dépendent aussi de la sensibilisation, des préférences, de la planification, des attitudes culturelles et sociales, et de facteurs économiques.


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

Dans cet esprit, le projet a impliqué un large réseau d’acteurs :

les prix réduits pour la nourriture à proximité de dates de l’expiration.

- Les Jeunes et les familles

- La considération des différents échelons : nationaux, régionaux et / ou locaux pertinents

Ce projet s’est d’abord concentré sur la cible des ménages. Les actions de prévention ont cherché à encourager à réduire le gaspillage alimentaire au sein des familles. En outre, des jeunes enfants du primaire ont été sensibilisés par des lycéens, qui sont les consommateurs européens de l’avenir. Cela les a encouragé à devenir responsables et capables d’agir comme ambassadeurs vis-à-vis de leurs camarades, mais aussi de les parents.

Les actions du projet devaient constituer une réponse concrète. Ces actions de terrain, venant des territoires, s’inscrivent dans le cadre du faisceau de décisions prises au plan global, en particulier :

* l'appel du parlement européen à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d'ici 2025 ;

* les efforts de la Commission européenne dans la même direction ;

* l'initiative mondiale « SAVE THE FOOD » récemment lancée par la F.A.O., qui appelle explicitement à la collaboration et la coopération.

- Les autorités décisionnaires locales et Parties prenantes L’autre aspect de l’action est lié à l'existence de règles législatives et administratives qui conduisent souvent à des déchets alimentaires.

En particulier, des activités ciblant les autorités locales et leurs réseaux leur ont permis : de partager les meilleures pratiques existantes, d’assumer un plus grand engagement, et de modifier potentiellement la législation.

Il s’agissait par exemple d’agir sur : la procédure administrative pour les appels d'offres publics dans le domaine de la restauration publique, les lois nationales sur

20

En outre, dans les pays concernés, il était aussi judicieux de s’inscrire dans le cadre des initiatives en cours sur les déchets alimentaires et les questions connexes, comme par exemple : la Charte pour un réseau des autorités locales «Zéro déchet» (Italie); "Mas alimentos meno desperdicio » (Espagne).

*** Le projet DWOF a donc reposé sur une gouvernance polycentrique, en impliquant à la fois des personnes et des organisations. Il a encouragé les parties prenantes à oeuvrer pour des choix éthiques favorables à leurs territoires mais dans une perspective globale. ***


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

2) EDUQUER, OU CONSIDERER L’ALIMENTATION COMME UN BIEN COMMUN : QUELS ENJEUX ABORDER ?

Pa r V i o l a i n e H a c ke r, Common Good Forum, Chef de projet ‘DWOF’ En étudiant l’alimentation comme un Bien commun, le projet DWOF a porté sur plusieurs problématiques enchevêtrées. Considérer la nourriture comme une ressource suppose de tenir compte des implications éthiques, juridiques, économiques, historiques, géopolitiques, culturelles, et nutritionnelles enchevêtrées. L’alimentation peut de manière globale être considérée comme un Bien commun, si l’on tient compte des racines historiques et culturelles profondes, mais aussi des enjeux liés à la transition vers un système alimentaire plus durable, qui soit équitable tant pour les producteurs d'aliments que pour les consommateurs.

Souvent considérée en premier lieu comme une marchandise ou un objet de consommation, la nourriture constitue 21

aussi parfois un bien privé. Ceci interroge alors sur la question de la privatisation des semences et de la terre, mais aussi des prix excessifs associés, ou encore sur la thématique des brevets, par exemple, qui limitent le développement de semences


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

particulières et adaptées. Sont aussi cruciales la préservation des ressources génétiques dans le domaine de l'alimentation et de l’agriculture. Enfin, la santé15 est aussi liée à la gestion des déchets16 . Les considérations de santé publique associant sécurité, nutrition et santé sont interreliées17 .

Considérer la nourriture comme un Bien commun engendre donc diverses interrogations quant aux alternatives et politiques publiques à mener : • D’une part, la question de la nourriture interpelle quant à la nécessité d'accroître la disponibilité des aliments de qualité pour une population croissante. Celle-ci doit avoir accès aux ressources alimentaires au niveau mondial. Le développement de systèmes de production doit être à la fois efficace et équitable.

• D’autre part, se pose la question de la durabilité et de l’accès à l’environnement. Il est crucial d'identifier des solutions qui assureront l’accès à l'énergie

pour tous, en remettant en cause également l'impact que nos préférences alimentaires ont sur l'environnement. La durabilité est liée : à nos modes de vie, aux territoires, aux traditions et à la nature multiforme et en constante évolution des cultures alimentaires. On retrouve bien ici les quatre piliers du développement durable : social, environnemental, culturel et économique.

• In fine, il s’agit d’identifier les domaines d'intervention dans lesquels il est urgent de relever le défi de la durabilité sociale. Ceci passe par la protection des biens collectifs, la redistribution des richesses, ou encore via les nouveaux mécanismes de participation ou de conception de la démocratie. Il s’agit aussi de soutenir les personnes insérées dans les communautés.

• Ces objectifs supposent de tenir compte de la dynamique de la croissance contemporaine qui est potentiellement très inégale.

15

Considérer la nourriture interroge sur des enjeux de santé publique. Rappelons que, selon les Nations Unies, 805 millions de personnes sont chroniquement sous-alimentés. La grande majorité d'entre eux, soit 791 millions, vivent dans des pays en développement (FAO, FIDA et PAM 2014). On estime aussi à plus de 500 millions le nombre de personnes souffrant d’obésité, et à environ deux milliards celles en surpoids. 16

Ces enjeux de santé sont aussi liés à la question de la gestion des déchets alimentaires et de l’agriculture. En effet, alors qu’une large partie de la planète souffre de malnutrition, 30% des aliments produits sont perdus ou gaspillés. 17

J. L. Vivero Pol, « Food is a public good. [The Food System] », World Nutrition, April 2015, 6, 4, pp. 306-309.

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

Enfin, considérer l’alimentation comme un Bien commun implique aussi de soutenir l'innovation sociale ou les nouvelles formes de gouvernance urbaine par exemple. Il s’agit donc de considérer l'accès efficient à la nourriture (II) par le choix de bons modèles de gouvernance (I)

I. Une bonne gouvernance des ressources Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, plusieurs défis se présentent : les modes de production de l’alimentation à privilégier (A), les choix adoptés en termes de santé publique (B) ou en termes de politique énergétique (C). Cela suppose aussi de tenir compte des enjeux sociaux ou sociétaux, comme la cohésion sociale ou l’urbanisation (E), et ceci dans une visée de durabilité sociale (D).

A. Repenser les modes de production de l’alimentation L'intensification des processus de production a conduit progressivement à l'épuisement et à la dégradation des ressources naturelles, elles-mêmes limitées. La fertilité des sols, l'eau, la biodiversité et l'énergie ont longtemps été mal gérées. Ceci a compromis la durabilité des systèmes de production modernes, et menacé la sécurité alimentaire mondiale.

La lutte contre le gaspillage passe par le choix des modes de production de l’alimentation adéquats. Il devient urgent de repenser, concevoir et mettre en œuvre des systèmes de production à la fois plus respectueux de l'environnement et socialement plus justes. Il s’agissait, lors du développement des systèmes d’exploitation intensifs, d’assurer un maximum de rentabilité de l’agriculture afin de faire face à la démographie. Actuellement, d’autres approches plus respectueuses sont proposées :

23

- par exemple, l'approche agro-écologique semble prometteuse, car elle est basée sur des systèmes de production plus riches en biodiversité.

- une utilisation plus efficace des ressources en eau, la mise en œuvre de solutions innovantes et intelligentes pour la valorisation des sources d'énergie alternatives et la réduction des engrais agricoles sont encouragées.

- enfin, la définition de stratégies pour réduire les déchets alimentaires et l'inclusion des consommateurs dans la conception de modèles de production et de consommation durables sont de plus en plus pertinentes.

B. Garantir la santé et la sécurité alimentaire Une bonne alimentation est favorable à un bon état de santé. Un état nutritionnel sain dépend : de l’accès à l’énergie et des nutriments équilibrés, des soins adaptés et des pratiques alimentaires incluant la préparation des aliments, et de la diversité de l'alimentation.

- Par exemple, concrètement, la problématique de la redistribution des produits potentiellement donnés aux associations caritatives impliquent de s’interroger sur les possibilités en termes de logistiques et de ressources hu-


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-

-

maines. Il ne s’agit plus de distribuer en masse des produits alimentaires, mais plutôt de s’assurer de leur bonne qualité nutritive qui soit adaptée à chaque Personne.

Les associations cherchent ainsi de plus en plus à personnaliser leur approche. Elles encouragent l’insertion sociale et les activités physiques, en plus de déterminer le statut nutritionnel spécifiques des personnes.

Les programmes humanitaires visent aussi à adopter une approche systémique. Cela passe par le biais des programmes d'agriculture favorables à une bonne nutrition. Par exemple, dans certaines régions, il ressort que les hommes perçoivent davantage l’aide humanitaire que les femmes et les enfants. Ils semblent en effet parfois prioritaires, car ils sont en charge de travailler pour pouvoir rapporter des ressources au foyer. Enfin, même lorsque l'accès aux ressources alimentaires est assurée, la sécurité alimentaire constitue un risque dans la mesure où ces ressources ne sont ni nutritives, ni sûres.

Il apparaît alors clairement la nécessité de renforcer la sensibilisation, la simplification des règles, l'amélioration des compétences et des infrastructures. Il s’agit d’adopter une bonne surveillance de la sécurité alimentaire et des systèmes de gestion, afin de garantir un état nutritionnel sain dans le monde entier.

C. L’accès à l’énergie Le lien entre la lutte contre le gaspillage alimentaire et l’accès à l’énergie ne semble pas évident en premier lieu.

Pourtant l'accès à l'électricité ou à d’autres formes d’énergie permet par exemple de nettoyer les installations de cuisine, ce qui représente une condition fondamentale pour lutte contre les déchets.

L’accès à l’énergie permet aussi d’assurer la fourniture en eau potable, l'assainissement, les soins de santé, et un éclairage efficace, le chauffage, la sécurité alimentaire, les transports et les télécommunications.

Partout dans le monde, une grande partie de la population est aux prises avec des problèmes de santé liés aux maladies d'origine alimentaire et de malnutrition. Or la sécurité alimentaire dépend de la façon dont la nourriture est traitée, stockée et consommée.

24

Une part importante de la population mondiale n'a toujours pas accès à l’électricité. On estime celle-ci à environ 1,3 milliard de personnes. Un nombre important d’êtres humains - environ 2,3 milliards utilisent des méthodes et des combustibles traditionnels pour cuisiner, ce qui


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peut constituer aussi un danger potentiellement grave pour la santé.

D. La durabilité sociale 1° Définition La durabilité sociale représente l'ensemble des circonstances qui permettent d’éviter les grandes asymétries entre les libertés de l'Homme et les opportunités au sein et entre les générations.

2° Causes

1° Repenser la place et le rôle de la ville

Ces asymétries peuvent être engendrées par différentes causes, comme : l’augmentation des concentrations de richesse, l'inégalité des chances, ou l'absence des capabilités proposées pour l’épanouissement personnel ou la participation à la vie de la communauté, ou plus largement à la démocratie.

Une bonne cohésion sociale suppose de garantir une ville capable de surmonter certains enjeux sociaux actuels, tels que la fragmentation de la société et l'individualisation, mais aussi l'accroissement des inégalités sociales, la marginalisation et l'exclusion.

Dans la lutte contre l'insécurité alimentaire - et dans un sens plus large du désavantage social - l’un des défis principaux consiste à promouvoir activement la responsabilité partagée des acteurs étatiques ou du secteur privé et de terrain.

Une bonne gouvernance est ainsi multiniveaux. Elle engage à associer les enjeux globaux aux spécificités locales. En effet, la consommation responsable et la production au plan local rendent aussi compte des problèmes mondiaux. Et les changements au sein des institutions, de politiques et de pratiques peuvent également rendre globales les préoccupations locales.

E. Repenser l’urbanisation et la cohésion sociale La question du gaspillage est liée à celle de l’urbanisation, de la cohésion, et plus précisément, à celle de l’économie circulaire.

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2° La ville et le gaspillage alimentaire La question de la lutte contre le gaspillage alimentaire s’inscrit dans ce contexte, et suppose de repenser la redistribution soit par les organisations caritatives, soit par l’Etat. Il s’agit aussi d’adopter de nouvelles pratiques d'innovation sociale qui visent à répondre aux besoins sociaux non satisfaits.

- Ceci passe par exemple par la réorganisation des relations sociales dans l’espace public, et l'autonomisation des personnes et des communautés, en soulignant leur potentiel pour résister et lutter contre les tendances d'exclusion et les événements socialement corrosifs.

- Améliorer la cohésion sociale repose sur le choix d’une urbanisation adaptée. Dans de nombreuses régions, les mécanismes de gouvernance urbaine négligent les dimensions démocratiques et égalitaires, en raison de l'influence de


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la nourriture ou à la santé pour tous. Pourtant, de facto, seule une partie de la population aura réellement accès à ces services. Par exemple, le public cible peut se voir évincer par un public mieux instruit, aux marges de la cible, qui sait mieux tirer partie des opportunités.

certaines élites politiques et économiques.

Penser l’alimentation comme un Bien commun suppose donc de repenser le territoire et la place de la Personne et son insertion dans les communautés locales. - Diverses initiatives en ce sens utilisent par exemple les nouvelles technologies afin de faciliter une gouvernance inclusive.

- Certaines collectivités territoriales encouragent les budgets participatifs, ou soutiennent les organisations à but non lucratif ou les entreprises de la société civile afin de stimuler les activités et services qui ne sont pas ou plus fournis par l’Etat. D’autres actions sont reliées à des mouvements sociaux urbains, par exemple.

La question du gaspillage alimentaire interroge donc sur la portée réelle des droits ou politiques publiques destinés à garantir l’accès à la nourriture - en particulier le droit à l’alimentation. Cette critique du libéralisme juridique doit donc être associée à une vision pragmatique de l’accès réel, ou de l’effectivité garantie, à l’alimentation. Le concept de sécurité alimentaire renvoie alors à quatre dimensions à prendre en considération : la disponibilité, l’accès, la stabilité, et l'utilisation des ressources alimentaires (A). De plus, tous les efforts doivent être coordonnés afin que les actions soient cohérentes dans leur mise en œuvre sur le territoire (B).

A. Le droit à l’alimentation associé à la sécurité alimentaire Le « droit à l’alimentation » (1°) est associé à la notion de « sécurité alimentaire » (2°).

1° La notion de « droit à l’alimentation »

II. L’effectivité de l’accès à la nourriture, ou la notion de sécurité alimentaire Dans la pensée du Bien commun, la « Communauté du Bien »18 est considérée comme le caractère non pas seulement efficace, - mais surtout efficient -, c’est-àdire réel, de l’accès de chacun aux biens communs.

Par exemple, des politiques de Développement visent certes à garantir un accès à 18

Le droit à l'alimentation représente un besoin essentiel transcrit dans les droits de l’Homme, et dont chaque individu doit disposer pour vivre décemment.

a. Les droits envisagés (libéralisme juridique) • Ce droit à l’alimentation a été reconnu dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme (1948), comme une

G. Fessard, Autorité et Bien commun. Aux fondements de la société, Broché, 2015.

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partie du droit à disposer d’un niveau de vie décent. Dans l'article 25 de la Déclaration, il est indiqué que tout le monde a le droit à un niveau de vie suffisant pour assurer la santé et le bien-être de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement et les soins médicaux et les services sociaux nécessaires. Cela inclut aussi le droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse par exemple. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels représente un instrument contraignant pour les Etats qui l'ont ratifié. Il reconnaît aussi, dans son article 11, le droit à l’alimentation.

• Par ailleurs, le Comité sur les droits culturels (1999) établit le fait que le droit à une nourriture suffisante est réalisé lorsque chaque homme, femme et enfant, seul ou en communauté, a un accès physique et économique à une nourriture suffisante ou aux moyens de se la procurer.

suffisante et correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur.

• Corrélativement, vingt-deux pays ont inséré le droit à l'alimentation dans leur Constitution. Toutefois, personne n'a institué de lois spécifiques pour le mettre en œuvre.

b. Les défis concrets dans la réalisation de ce droit • Le droit à l'alimentation signifie que chaque Personne doit avoir un accès physique, mais aussi un pouvoir économique, à tout moment pour accéder à une nourriture suffisante ou aux moyens de se la procurer.

• La réalisation de ce droit exige la disponibilité de la nourriture en quantité et en qualité suffisantes pour satisfaire les besoins alimentaires de l’individu. Elle doit aussi être exempte de substances nocives, et acceptable dans une culture donnée.

• De facto, l'accessibilité de cette nourriture d'une manière durable ne doit pas non plus interférer avec la jouissance des autres droits de l’Homme 19.

c. Adapter concrètement les droits aux spécificités territoriales • Les droits universels restent dépendants des contextes territoriaux :

- Par exemple, il peut persister, tant dans • En outre, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation a défini le droit à l’alimentation comme le droit d'avoir un accès régulier, permanent et libre, - soit directement, soit au moyen d'achats monétaires -, à de la nourriture qualitativement adéquate et 19

les régions rurales qu’urbaines, des caractéristiques empêchant la réalisation de ce droit, compte tenu de différents facteurs comme : la perpétration de discrimination dans l'accès à l'éducation, l'information, la participation politique et sociale, et la justice.

Committee on Economic, Social and Cultural Rights (CESCR), General Comment 12, The right to adequate food, 1999. UN Doc. E/C. 12/1999/5

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- Très souvent, le manque d'accès à la

- Enfin, des populations semblent enfer-

terre et aux autres ressources productives peut conduire à la négation du droit à l’alimentation.

mées dans un cycle infernal de non-accès à la nourriture, pour des raisons socio-historiques. C’est le cas des Indigènes par exemple. Les femmes sont aussi largement concernées. Les jeunes filles semblent souffrir davantage de malnutrition que les jeunes garçons (environ deux fois plus). Or cela peut avoir des conséquences pour les futures grossesses par exemple. De même, les enfants souffrent de carences nutritives, ce qui impactent leur santé physique et mentale. Un travail avec les familles est alors proposé par des organismes pour améliorer la distribution au plan qualitatif20.

- La plupart des individus et des ménages dans les zones rurales dépendent de ces ressources, soit pour la production de la nourriture pour euxmêmes, soit comme une source de revenus pour acheter la nourriture dont ils ont besoin.

- Les populations rurales peuvent aussi être confrontées au manque d'accès aux marchés. Même si elles peuvent proposer des produits agricoles, elles auront alors des difficultés à les vendre et ensuite à acheter la nourriture dont elles auront besoin pour survivre.

- Par ailleurs, les populations qui se déplacent vers des zones urbaines pour obtenir de la nourriture l’achètent, et doivent donc disposer d’un emploi rémunéré suffisant.

- De surcroît, le mauvais accès à l’alimentation dans les régions rurales encouragent le déplacement vers les zones urbaines, ce qui ne garantit pas nécessairement un accès suffisant et de qualité. La faim et la malnutrition persistent.

2° La notion de « sécurité alimentaire » a. Définition Quand on parle de droit à l'alimentation, il est important de préciser qu'il existe des différences substantielles entre le concept de la sécurité alimentaire et celui de la souveraineté alimentaire.

• Le droit à l'alimentation est un droit humain reconnu par les lois internationales qui encouragent à la garantie des droits à une nourriture suffisante et à des ressources nécessaires pour la jouissance durable de la sécurité alimentaire. Elles imposent des obligations juridiques aux États. Celles-ci sont destinées à surmonter la faim et la malnutrition et à réaliser la sécurité alimentaire pour tous.

• La sécurité alimentaire n’est pas un concept juridique. Elle existe quand toutes les personnes, en tout temps, ont, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive. Celle-ci doit aussi répondre à leurs besoins énergétiques et leurs préfé-

20

UNHR (2010), The right to adequate food. Fact sheet No. 34, Geneva.

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rences alimentaires pour pouvoir mener une vie saine et active.

• La souveraineté alimentaire est un concept émergeant, selon lequel les personnes définissent leur propre nourriture et leur modèle de production alimentaire, comme celui de l'agriculture et de la pêche. Ils déterminent la mesure dans laquelle ils veulent être autonomes et protéger la production alimentaire nationale, ou réglementer le commerce pour atteindre les objectifs de développement durable.

• La souveraineté alimentaire est également définie dans la Déclaration de Nyéléni comme le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, qui soit produite par des méthodes écologiquement rationnelles et durables. Cela inclut aussi leur droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle place les aspirations et les besoins de ceux qui produisent, distribuent et consomment des aliments au cœur des systèmes et politiques alimentaires, plutôt que les exigences des marchés et des entreprises.

b) Plusieurs critères Le concept de sécurité alimentaire suppose que plusieurs critères soient réunis : l’accès, la stabilité, la disponibilité et l'utilisation des ressources alimentaires. 1/ L’accès • L’accès aux ressources alimentaires représente une dimension substantielle de la sécurité alimentaire. Pour cette raison, longtemps les interventions dans le domaine humanitaire ont sous-estimé par exemple les aspects sociaux, économiques et politiques. La distribution et la redistribution des aides alimentaires doivent tenir compte d’enjeux com29

plexes et souvent imbriqués les uns aux autres.

- Par exemple, les aspects socio-culturels ont un impact sur la distribution des ressources alimentaires. Les statistiques de mortalité de la famine montre que les hommes adultes ont souvent la priorité sur les femmes et les enfants. On estime que trois cinquième des victimes de la faim sont des femmes. Ces populations s’ajoutent à celles des personnes âgées. Parmi l’ensemble de la populaiton, celles-ci souffrent le plus de malnutrition, et sont les premières à décéder.

- Les femmes sont les premières victimes certes, mais sont également largement porteuses d’alternatives. Elles sont en charge des repas, et d’environ 70% de la production des aliments dans les pays en développement. Corrélativement, en accompagnant les femmes et en favorisant leur autonomisation et leur accès à l’éducation, de véritables progrès contre la faim peuvent être effectués. On estime que 43% de la réduction de la faim s’expliquent par l’accès des femmes à l’éducation.

- La question de l’accès à l’eau est aussi substantielle. Plus de deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Cela conditionne une bonne nutrition et une bonne hygiène. On estime à 2,6 milliards le nombre de personnes qui décèdent compte tenu de maladies


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-

causées par la mauvaise qualité de l’eau. Et 30% des cas de malnutrition chez les enfants sont causés par un manque d’accès à l’eau et à l’hygiène.

- L'agriculture domestique reste encore souvent le principal fournisseur de nourriture et la source principale de revenus et d'emplois dans les zones rurales des pays en développement. Or, diverses contraintes, telle que l'interruption de connexions en terme de transport ou d’énergie, trouvent leur origine dans un contexte complexe associant des problèmes qui peuvent être liés aux changements climatiques, comme les inondations.

- La hausse des températures dues au changement climatique affecte la quantité de nourriture produite au niveau mondial. Une augmentation de deux degrés impliquerait une réduction de 10 à 15% des récoltes. Cela empêche aussi les personnes d'accéder à des centres de distribution de nourriture, aux marchés ou aux points d'aide alimentaire.

- De plus, la hausse des prix des denrées alimentaires et des taux de chômage donne lieu à un pouvoir d'achat réduit, entraînant à son tour une réduction drastique de la quantité de nourriture consommée. Ces situations conduisent aussi à des changements de comportements alimentaires, en faveur d’ali-

30

ments certes moins chers, mais riches en gras et en sucre.

Enfin, l’accès à la nourriture dépend aussi de la bonne gestion le long de la chaîne alimentaire. De la production à la consommation, on estime à environ un tiers de la production mondiale de la nourriture destinée à la consommation humaine. Ceci conduit à limiter la disponibilité réelle, l’accès vis-à-vis du consommateur potentiel, et donc à ce que l’on nomme la non-sécurité alimentaire.

2/ La stabilité • La distribution de la nourriture doit être efficiente pour chaque Personne. Cela passe ainsi aussi par la stabilité de l’accès à la nourriture : l’accès immédiat, mais surtout la continuité dans le temps de l'accès aux ressources alimentaires ayant des qualités nutritives. Or ceci dépend fortement de la situation économique et politique, mais aussi de conditions environnementales saines.

• Le changement climatique provoque une augmentation des catastrophes naturelles, qui touchent notamment les pays les plus pauvres. Il renforce la situation d’insécurité alimentaire des populations, car les cultures et récoltes sont détruites. Les personnes touchées perdent leurs biens de première nécessité. On estime à 125 millions le nombre de personnes qui devraient être touchées par un cyclone d’ici 2030 en Asie du Sud-Est. En vingt ans, 64% de la population ont été touchés par une catastrophe naturelle.

• Une personne sur huit dans le monde souffre encore de la faim chaque jour, alors qu’un niveau substantiel de nourriture est gaspillé.

• La stabilité dans la distribution est capitale, en particulier chez l’enfant. Par


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exemple, les 1000 premiers jours de la vie d’un enfant sont déterminants. Un enfant qui souffre de malnutrition durant cette période rencontrera des retards de développement physique, intellectuel et cognitif qui auront des conséquences tout au long de sa vie. Or on estime à 165 millions le nombre d’enfants souffrant de malnutrition dans la monde.

3/ La disponibilité • L’accès efficient à l’alimentation suppose évidemment d’assurer la disponibilité en quantité et en qualité. Il peut persister une contradiction entre l’importante production et la faible disponibilité.

• En effet, la disponibilité de la nourriture peut être dé-corrélée de la demande alimentaire. Celle-ci est fortement influencée par des facteurs environnementaux liés aux tendances mondiales, comme par exemple le changement climatique. Ceci s’explique par l’évolution des températures, des quantités de précipitations, ainsi que de l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes. Ceci peut aussi être lié à la perte de la biodiversité, à l’appauvrissement et la détérioration des ressources en eau, ou à des changements inadaptés d'utilisation des terres, et enfin à l’augmentation ou le rejet de polluants dans l’environnement.

4/ L’utilisation • La sécurité alimentaire dépend aussi de l’utilisation de la nourriture. Celle-ci peut être compromise par : de mauvaises conditions d’hygiène, ou des pratiques inadaptées, au plan nutritionnel, dans la préparation des aliments.

• La question de l'accès disponible pour nettoyer les installations d'eau et d’assainissement se pose souvent. Cela est valable tant dans les pays à faible reve31

nu que dans tous les groupes vulnérables à haut risque.

• L'utilisation inadéquate des ressources alimentaires donne maintenant lieu à la coexistence de problèmes de sous-alimentation. Paradoxalement, la suralimentation dans les pays « en transformation rapide » devient un double fardeau de la malnutrition.

• Enfin, un tiers de la nourriture produite dans le monde n’est finalement pas consommé. Cela représente une perte d’1,3 milliards de tonnes perdues chaque année. Et 805 millions de personnes, soit une sur neuf, sont affamés.

B. La nécessaire coordination des efforts pour lutter contre le gaspillage alimentaire et lutter contre la faim 1° La réduction des déchets a. Définitions • On distingue les déchets alimentaires des pertes alimentaires.

- Les déchets alimentaires représentent la quantité de nourriture produite pour la consommation humaine, mais qui est, pour diverses raisons, retirée de la chaîne alimentaire.

- Les déchets alimentaires font partie des pertes de produits alimentaires. Celles-ci concernent la nourriture propre à la consommation humaine qui se perd par le biais de l'action humaine ou d'une négligence.

b. Dysfonctionnements • Les déchets alimentaires constituent un symptôme du dysfonctionnement du système alimentaire.

• Les systèmes alimentaires locaux dans le Sud sont caractérisés par la pauvreté,


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l'inégalité et le manque de sécurité alimentaire. Dans le système alimentaire, l'agro-industrie « avale » peu à peu les fermes locales durables des familles, entraînées par un accroissement de l'échelle, de la concentration, de l’industrialisation.

• La concurrence mondiale dépend largement de ressources importées et de l’énergie. La même quantité de déchets alimentaires est perdue dans le nord et dans le sud. Cela se produit au sein de chaque maillon de la chaîne alimentaire, mais sans toutefois se manifester avec la même intensité. Les pertes de produits alimentaires du Sud ont un impact direct sur les revenus et la sécurité alimentaire des agriculteurs.

c. La mise à l’agenda politique • La meilleure façon de lutter contre les pertes de produits alimentaires consiste à situer les problèmes dans une perspective large, c’est-à-dire en considérant l'ensemble de la chaîne alimentaire.

• D’ailleurs, depuis la crise alimentaire de 2008 et la publication de chiffres choquants proposés par l'Organisation des Nations Unies (FA0) en 2011, la thématique des déchets alimentaires a été mise en haut de l’agenda politique.

• De nombreuses études ont été publiées depuis lors, et des déclarations retentissantes se succèdent.

• Il est toutefois temps de prendre des mesures concrètes. On estime que la réduction des déchets chaque année pourrait être suffisante pour nourrir trois milliards de personnes. Cette réduction est cruciale pour parvenir à la sécurité alimentaire.

Plusieurs défis sont (re)connus par les décideurs : 32

• Le manque d'infrastructures et la mauvaise récolte ou les techniques de culture non adaptées sont parmi les principaux éléments contribuant à générer des pertes de produits alimentaires dans les pays en développement.

• Le transfert de technologies existantes et la diffusion des bonnes pratiques, ainsi que des investissements axés sur le marché, pourraient probablement avoir des impacts positifs.

• Dans les pays développés, la promotion d'un changement dans le comportement des consommateurs, mais aussi des évolutions dans les modèles de législation et d'affaires vers des modes de production et de consommation alimentaires plus durables sont fortement recommandés.

2° Une action coordonnée pour lutter contre la faim a. Une nouvelle coordination • Pour assumer toutes les dimensions de la sécurité alimentaire, de simples actions prises par les parties prenantes opérant d’une façon indépendante ne sont pas suffisantes.

• Souvent, les mesures adoptées à différents niveaux - local, régional, et mondial - sont acceptées par les différentes parties prenantes. Ceci inclut le secteur privé, les gouvernements et la société civile - ces différents secteurs qui se chevauchent.

• Des organismes entrent même en concurrence. Ils ne partagent pas les moyens ou informations idoines. Il devient donc important de créer des réseaux pour partager certaines actions et informations communes sans heurter le


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travail des uns et des autres. Il ressort un fort besoin de coordonner les efforts.

appropriées pour améliorer la gestion des risques deviennent des priorités.

• Améliorer l'efficacité des mesures pour lutter contre l'insécurité alimentaire et la malnutrition entraîne des changements structurels aux niveaux mondial et local. Cela passe par un renforcement de la coordination entre les actions immédiates de lutte contre la faim et les initiatives à long terme venant à l'appui du développement durable.

- Sont aussi à prendre en compte les

• Malgré la nécessité d'adopter une telle approche intégrée, - souvent désignée par les Nations Unies comme la « double approche » -, la qualité du système agroalimentaire apparaît cruciale. Environ 2,5 milliard de personnes vivent en effet directement des systèmes de production agricole.

troubles socio-politiques, donnant souvent lieu à des urgences humanitaires.

- L’objectif consiste aussi à assurer la sécurité du régime foncier, en particulier à la lumière de la pression découlant de régimes d'acquisition de terres à grande échelle.

• En outre, la sécurité alimentaire passe par des garanties sociales et environnementales via des mécanismes de protection sociale appropriés, en particulier pour les petits producteurs vulnérables aux troubles socio-politiques et aux catastrophes naturelles.

b. Une bonne qualité du système • Une bonne qualité du système est facteur de réduction de la pauvreté - problématique à laquelle l'insécurité alimentaire est strictement associée.

• Des initiatives sont à promouvoir :

- L'augmentation de la productivité agricole, complétée par des mécanismes assurant une répartition équitable des ressources alimentaires, devrait être garantie par la mise en œuvre de programmes plus écologiques liés à des systèmes socialement durables. En outre, dans un contexte d’urbanisation galopante, le renforcement des liens entre ruraux et urbains constitue une priorité.

- Compte tenu de la fréquence et de l'ampleur accrues des événements météorologiques extrêmes, la réduction de la vulnérabilité aux catastrophes environnementales et l'adoption de mesures

33

III. La nourriture, ou la considération des choix des Personnes Considérer la nourriture comme un Bien commun pose la question essentielle du bonheur dans la cité, et de l’équilibre de la relation entre la Personne et la communauté.

On s’interrogera alors sur le lien social ou culturel des Personnes et communautés à la nourriture par exemple. La culture, l’organisation spécifique du territoire, ou les


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habitudes en matière d’agriculture, font partie de ce Bien commun.

Les Personnes ont en effet un lien avec l’alimentation dans ses composantes esthétiques ou sensorielles (B). Elles ont un sentiment d’appartenance aux organismes, territoires ou systèmes agricoles (A). L’alimentation est ainsi considérée comme un patrimoine commun (C).

A. Alimentation et appartenance • Les modes de production et de consommation alimentaires représentent des outils de construction de l'identité collective et personnelle.

• Suite à l’industrialisation et à l'agriculture de grande échelle, mais aussi à l'agro-business, les cultures alimentaires ont radicalement changé dans les pays du sud et du nord. La transmission du savoir par les agriculteurs ou par ceux qui produisent de la nourriture, mais aussi entre les consommateurs et leurs territoires est affaiblie.

• Compte tenu de ces problématiques, de nombreuses alternatives émergent. Des modèles innovants de production, de distribution et de consommation sont proposés afin de soutenir la dimension symbolique ou collective de la nourriture : Gruppi di Acquisto Soldidale et Des en Italie, Amap en France, Banques des graines, Réseaux ruraux de sécurité ali34

mentaire… Dans le même temps, un nombre croissant de personnes a pris conscience de l’importance des choix alimentaires, tel que le courant du Slow Food.

B. Esthétique de l'alimentation et cultures des sens • Les goûts ou dégoûts envers la nourriture constituent des constructions sociales, dans la mesure où elles se forment à travers l’élaboration progressive et culturelle de l'expérience sensorielle. Leur transmission d'une génération à l'autre mène à la prise de conscience de « qui nous sommes », mais aussi à la mémoire de « ce que nous avons vécu » (l’en-commun, le bien commun vécu, l’Expérience).

• Le goût représente une forme d'action sociale à travers laquelle les sociétés peuvent distinguer leurs proches. Se construisent ainsi les différences ethniques, de classe et de genre. La question du goût est « politique ». Les processus d'homologation et de privation liées à l'expérience de dégustation agissent comme des modèles d’acculturation ou d’intégration.

• Corrélativement, et à l’inverse, l'appauvrissement des goûts est non seulement due à une simplification des saveurs, mais aussi à la perte de la dimension symbolique, ou à l'incapacité de créer


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des relations ayant du sens - comme le rappelle par exemple l’image traditionnelle des déjeuners « autour de la table ».

C. De la nourriture à la notion de patrimoine alimentaire • Le domaine de l’alimentation a intégré la catégorie du patrimoine culturel immatériel proposé par l’UNESCO.

• Certes, la définition est de plus en plus contestée, et non adoptée par tous les membres de l’institution. Toutefois, appréhender la nourriture comme un patrimoine commun permet de ne pas la considérer seulement en terme de propriété privée. Chacun doit pouvoir se l’approprier. Chacun est libre de considérer ce patrimoine comme universel.

• Entendue comme « ressources communes », l’alimentation a une fonction redistributive importante. Elle constitue davantage qu’un média favorable à l’accès direct et équitable aux moyens de subsistance pour toutes les couches socio-économiques. Elle permet donc de contribuer au Bien commun en favorisant un sentiment d'appartenance, de cohésion et de résilience culturelle d'un groupe.

***

En conclusion, la sensibilisation associée à la concertation dans le projet DWOF a contribué à étudier l’ensemble de ces problématiques de façon complexe. Nous avons donc ici considéré : 1° Les modes de gouvernance ; 2° L’efficience des choix communs et leur réalisation sur le terrain ; 3° La conciliation des intérêts de la personne et de son épanouissement dans la communauté.

35


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3) SENSIBILISER AU GASPILLAGE ALIMENTAIRE : SUR LA QUESTION DU TERRITOIRE Par Violaine Hacker, Common Good Forum, Chef de projet DWOF En France, la récente politique nationale de « Lutte contre le gaspillage alimentaire » cherche à la fois à responsabiliser les consommateurs et à redistribuer les excédents aux plus démunis sur le Territoire.

les personnes, mais aussi leurs communautés sur leur territoire, dans la mesure où l’alimentation joue un rôle fonctionnel, social et culturel. La mauvaise gestion engendre une injustice alimentaire. En effet, 14% de la population vivent en-deçà du seuil de pauvreté, ce qui conduit à un fort taux de prévalence de l’obésité. Cette lutte est aussi sociale et économique. Rappelons que l’aide alimentaire concerne environ 3,5 millions de personnes en France. La question du gaspillage passe aussi par une interrogation - de manière systémique - sur l’organisation de la chaîne agroalimentaire sur le Territoire.

Une prise de conscience européenne et française • Au plan européen, la notion de gaspillage alimentaire n’a pas encore reçue de définition officielle et commune parmi les pays de l’Union européenne.

• Pourtant l’Union européenne a bien recensé 89 millions de tonnes de déchets alimentaires annuels produites par secteur économique, soit 179kg par habitant par an.

La lutte contre le gaspillage alimentaire se situe dans le cadre des quatre piliers du développement durable, qui permettent en effet d’associer des enjeux culturels, économiques, sociaux et environnementaux. Cet enjeu concerne 36

• En France, il a été retenu, dès le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, que le gaspillage alimentaire désignait « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée, dégradée » (définition retenue par le


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ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie).

• On estime que les résultats, entre les collectivités étudiées, varient de 17 à 43 kg par an d’aliments gaspillés rapportés à l’habitant21.

Des ressources disponibles mais des pratiques culturelles persistantes On estime que 30% des aliments produits sont perdus ou gaspillés, alors que les ressources naturelles disponibles (eau, sols fertiles, biodiversité, énergie) sont rares et partiellement compromises. Cela engendre des problèmes pour la bonne consommation : problématique de la privatisation des semences et de la terre, des prix excessifs, et des brevets par exemple.

Certes, diverses alternatives sont proposées : réduction à la source ; redistribution des produits ou revente ou transformation ; priorité donnée aux plus démunis dans le cadre de la redistribution ; alternatives pour envisager d’autres types de réutilisation et transformation ; ou valorisation organique et énergétique des biodéchets par exemple. Ces alternatives ne doivent pas être considérées comme des solutions reproductibles, mais être adaptées aux différentes problématiques rencontrées par les acteurs dans leur domaine et sur leur territoire. Les définitions et les perceptions du gaspillage alimentaire La notion de gaspillage alimentaire reste subjective. Il existe plusieurs définitions proposées par les acteurs et les organisations concernés sur leur territoire.

21

- Par exemple, pour un hypermarché, un article est gaspillé dès lors qu’il est invendu.

- Pour une association, un produit qui est donné, mais qui n’est pas consommé, est gaspillé.

- Pour une commune, le gaspillage concerne aussi la gestion des déchets.

La pratique montre que le gaspillage alimentaire apparaît comme étant une utilisation sous-optimale de ressources pour un acteur donné.

Ressort aussi une notion de « pyramide » ou de « hiérarchie » des différentes actions à mettre en œuvre – nourrir des humains, des animaux, produire de l’énergie - générant des tensions entre elles. Par exemple, si un produit est consommé par des individus, il n’est pas gaspillé. Mais qu’en estil s’il se transforme en compost ?

*** Cette note vise à proposer une vision globale des enjeux, afin de comprendre les priorités des acteurs, mais aussi les contraintes sur le territoire, et leurs possibilités, ce qui fait débat parmi eux (I). Ceci suppose d’encourager les approches pluri-sectorielles en réseau (II). ***

Gaspillage alimentaire : les bonnes pratiques européennes, étude réalisée par l’ORDIF en juin 2013, Pre-waste.

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1° De la transformation au conditionnement a. Les lieux de gaspillage alimentaire

I.

Les grands enjeux liés au gaspillage alimentaire sur le Territoire

La mise ne place de la lutte contre le gaspillage alimentaire est soumise aux contraintes vécues par les acteurs sur leur territoire.

L’objectif est donc ici de comprendre les enjeux locaux spécifiques liés au gaspillage alimentaire, en fonction du type d’acteurs et sur leur territoire.

Cette note n’a donc pas de visée exhaustive. Elle représente surtout un point de départ - support à la réflexion près le secteur éducatif, les autorités locales et les acteurs engagés.

Elle aborde les contraintes rencontrées d’une part par les producteurs et acteurs de l’industrie alimentaire (A) et d’autre part, par ceux de la redistribution (B).

A. Les producteurs et acteurs de l’industrie agroalimentaire Dans l’industrie agro-alimentaire, la lutte contre le gaspillage alimentaire passe par la bonne gestion des lieux de transformation, mais aussi de conditionnement (1°).

La mutualisation logistique constitue un enjeu crucial (2°).

38

La lutte contre le gaspillage alimentaire se situe notamment sur les lieux de transformation et de conditionnement. Aux nombreux endroits où les denrées alimentaires sont non consommées, s’ajoute la situation de nombreux émetteurs dispersés, qui ne proposent parfois que des petites quantités de ces denrées.

La possibilité de pouvoir transformer et conditionner des produits locaux constituerait un bon moyen pour lutter activement contre le gaspillage alimentaire, en donnant aussi une seconde vie aux produits, ou en permettant plus facilement leur réutilisation.

Ce point de vue évident se heurte néanmoins à de nombreuses difficultés : dispersion des denrées ; lacunes concernant la mutualisation des lieux de transformation ; difficultés liées au modèle économique des organisations. b. La question des outils logistiques Certes un grand nombre d’outils existent déjà, mais ils ne sont pas utilisés pleinement. Il existe de nombreux gisements qui nécessitent des lieux de transformation.

Les acteurs de la redistribution ne possèdent pas toujours les équipements et les ressources pour transformer ou (re)conditionner les surplus.

Le gaspillage alimentaire est justement souvent lié à l’absence ou au manque d’infrastructures de transformation sur les lieux de production de « surplus alimentaires », comme par exemple les marchés de gros, les marchés alimentaires, ou même les exploitations agricoles.


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d. Clarifier les objectifs communs Plusieurs objectifs peuvent être repérés pour lutter contre le gaspillage alimentaire :

I.

Mutualiser les outils de transformation

II. Concilier sensibilisation et récupération

En outre, la petite taille des entreprises agro-alimentaires peut expliquer certaines failles limitant la bonne gestion de la filière. Ceci est aussi lié à la mauvaise collaboration qui peut exister avec la grande distribution.

III. Combiner lieux de stockage et lieux de transformation

IV. Créer un modèle de micro transformation viable économiquement

V. Distribuer aux bénéficiaires de l’aide alimentaire, ainsi qu’au grand public.

c. Des idées à développer Pourraient ainsi être développés, à plus grande échelle, des lieux de transformations qui seraient inclus dans les lieux de production.

Il pourrait aussi être intéressant d’encourager la micro-transformation sur les exploitations agricoles par exemple.

Il serait intéressant d’identifier les outils compatibles et le maillage pertinent à la mise en œuvre de la valorisation des surplus de la restauration collective, en associant les acteurs de la restauration de secours, les propriétaires de sites de restauration collective et les prestataires de la restauration collective.

Cette dynamique bénéficierait aux acteurs de la restauration de secours. Elle serait potentiellement encouragée par les collectivités territoriales.

Ce système suppose l’existence de lieux possédants déjà du matériel de stockage et de transformation, et une étude de faisabilité économique et technique.

Voici un recensement des quelquesmoyens concrets imaginables : • Mutualiser les outils de transformation :

- Encourager la micro transformation directement sur les lieux de production (agricoles), ou encore sur les marchés.

- Centraliser les denrées sur des lieux de transformation proches des lieux de production de surplus.

- Réaliser une première massification avant la transformation.

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- Ouvrir des cuisines partagées, où des

- Proposer des activités de transforma-

stocks de surplus sont mis à disposition gratuitement, pour que chacun puisse venir cuisiner.

tion et de vente dans le réseau d’épiceries solidaires, tel que l’exemple proposé par l’ANDES, réseau d’épiceries solidaires.

- Utiliser des lieux de transformation existants : cantines scolaires lors des congés scolaires ou le soir, restaurants d’entreprises quand ils ne sont pas utilisés par exemple.

- Utiliser les outils de transformation

- Délivrer des activité sociales et pédagogiques, telles les Disco soupes, afin d’apporter une sensibilisation globale mais aussi potentiellement développée à grande échelle.

d’autres acteurs de l’industrie agroalimentaire.

- Favoriser les contrats d’insertion pour

- Amener les agriculteurs à mettre à dis-

- Améliorer la visibilité des actions exis-

position leurs outils de transformation/ de stockage. Dans ce cas, le lieu de transformation est rapproché des gisements de surplus - au lieu de chercher à centraliser ces surplus sur des lieux de transformation.

- Conjuguer collecte, transformation et redistribution grâce à des dispositifs mobiles comme les food trucks.

• Des modèles économiques adaptés :

- Dépasser le fait que la transformation représente des investissements ou un coût important.

- Tro u v e r u n m o d è l e é c o n o m i q u e viable, en valorisant le don ou la vente des produits transformés par exemple;

- Encourager le don de « compétence », par exemple avec la défiscalisation de l’activité de transformation.

- Lever des freins avec des produits proposés gratuitement par les uns et ensuite revendus par d’autre une fois transformés ; ceux-ci pourraient aussi être dé-fiscalisés.

• Communiquer sur la transformation et le conditionnement :

40

les cuisiniers de l’aide alimentaire.

tantes.

- Développer des cafés solidaires et des ateliers de cuisine.

- Récupérer des fruits sur les arbres fruitiers par une association.

- Multiplier les conserveries dans les vergers, comme celle de Marcoussis (91) par exemple, avec des outils de transformations financés par la collectivité.

- Enseigner la technique de la conservation, tels les Disco-bocaux.

2° La mutualisation logistique La question de la logistique est une question centrale de la thématique du gaspillage alimentaire. De la collecte à l’acheminement des denrées vers un lieu de stockage, puis leur redistribution, la chaîne logistique est le point névralgique de la lutte contre le gaspillage alimentaire et de la redistribution aux publics démunis.

Cela s’explique en partie par la multitude d’acteurs en présence, venant de secteurs différents comme le commerce, la distribution, les entreprises de l’économie sociale et solidaire, ou les associations caritatives par exemple, à la culture et aux pratiques diverses.


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De plus, les contraintes législatives et les règles d’hygiène et de sécurité complexifient la mise en lien de ces acteurs. Par exemple, sur le territoire du Grand Paris, le manque d’espace de stockage et le prix du foncier sont aussi des freins.

De manière générale, les difficultés rencontrées sur le terrain (a) incitent à développer des initiatives permettant d’encourager la mutualisation logistique (b).

tiques et de ressources humaines dédiées.

• Le transport :

- Gestion non concertée des camions. -

Par exemple, les camions assurant la redistribution rentrent souvent à vide.

Manque de personnel et de matériel pour assurer les liaisons de transport du donateur à la structure de redistribution.

Il serait donc envisageable de penser à:

- Intégrer les coûts de la transformation et du conditionnement dans la fiscalité du don et dans la construction de nouveaux modèles économiques ;

- Développer la transformation via des équipements mobiles installées sur des lieux de production telles que les exploitations agricoles, ou sur les lieux de vente tels que les marchés ;

a. Difficultés rencontrées sur le terrain La mutualisation logistique permet aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire, en développant des moyens adaptés de la collecte à l’acheminement et au stockage.

- Utiliser des équipements existants, telles les cuisines de restauration collective, pour des activités de reconditionnement ou de transformation.

Cependant, quelques difficultés logistiques peuvent apparaître aux différents stades d’acheminement du produit :

• La collecte :

• Le stockage et la redistribution :

- Les commerces alimentaires sont de

- Temps généralement trop long, confor-

-

mément aux normes, entre la collecte et la redistribution.

Difficulté des associations à gérer les quantités reçues. Parfois les espaces de stockage et la main d’œuvre ne sont pas disponibles de manière suffisante ou le sont d’une façon adaptée.

Insuffisance des infrastructures disponibles, notamment des cuisines dans les structures d’accueil des associations caritatives, qui manquent de logis-

41

-

petite taille, et potentiellement mal gérés.

Les points de collecte sont très divers et dispersés.

Différentes pistes d’amélioration de ces zones de gaspillage existent, via la bonne gestion de la logistique, la mutualisation, ou la création d’un réseau de coopération et de partage d’informations.


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• A connaître les alternatives proposées, et à envisager leur réplicabilité ou non sur le territoire ;

• Les autorisations administratives adaptées. Par exemple, les cuisines ouvertes aux bénéficiaires ne posent pas de problème, car l’on ne cuisine pas pour un tiers. En revanche, cuisiner pour des tiers requiert des autorisations particulières et une formation ;

Quelques précisions doivent aussi être apportées afin d’aboutir à une gestion logistique de qualité, compte tenu de difficultés : • Pour bénéficier de lieux de transformation primaire à grande échelle, souvent compte tenu du prix du foncier ; pour trouver des locaux disponibles et adaptés pour la transformation de surplus en grande quantité. Sur le territoire du Grand Paris par exemple, la micro-transformation est souvent privilégiée ;

• A assumer le coût de la transformation, à être dans une démarche viable économiquement, à trouver un business model viable ;

• A adopter une bonne règlementation sur la vente des produits : le fait de récupérer une matière gratuitement et de la revendre ensuite peut poser problème ;

• Encourager la micro transformation sur les lieux de production : marché, exploitation agricole, comme les foods truck ;

b. Vers l’amélioration de la mutualisation logistique La logistique et la mise en place d’une mutualisation des moyens de collecte et d’acheminement des denrées peuvent être améliorées en fonction de plusieurs objectifs :

• Assurer la formation en logistique et hygiène et sécurité des professionnels du secteur associatif et des bénévoles des petites structures ;

• Adapter les modes de transport à l’urbanisme et aux quantités disponibles chez les commerçants : épicerie, restauration, marché, petite et moyenne surface par exemple ;

• A préciser les responsabilités de chaque acteur dans la démarche de transformation ;

• Diversifier les modèles économiques du coût de la logistique : quelle prise en charge et par qui ? Par le secteur privé, le secteur public ou les associations ? ;

• A prêter attention aux normes sanitaires, qui sont souvent des freins à la cuisine de certaines denrées ;

• Adapter le modèle de collecte et de redistribution aux spécificités territoriales ;

• A gérer les questions sanitaires dans la gestion d’une large diversité de produits ;

42

• Expérimenter de nouvelles formes de dépôt et collecte ;

• Privilégier des chaînes logistiques de proximité, en adaptant et diversifiant les modes de transport en fonction du terri-


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toire : zone urbaine dense - camion, voiture, vélo, fluvial, piéton par exemple ;

• Mutualiser via une plateforme unique la collecte de dons, afin d’éviter la concurrence entre structures, tout en veillant à en assurer l’animation humaine ;

• S’appuyer sur les compétences et réseaux existants afin de répondre aux problématiques liées à la mutualisation des moyens et à la logistique (ARIA, pôle de compétitivité) ;

• Analyser et clarifier les différents modèles économiques actuellement développés en matière de logistique.

• Privilégier les circuits courts de la collecte à la redistribution à un niveau micro-territorial ;

Bien que des dispositifs de mutualisation logistique existent, ils sont peu nombreux. Ils ne suffisent pas pour répondre à la problématique.

• Adapter le modèle de collecte et de redistribution aux spécificités territoriales, par exemple point de dépôt unique sur un arrondissement ou à l’échelle d’un quartier, en utilisant les locaux associatifs existants ;

Plusieurs moyens matériels et humains peuvent être proposés :

• Développer des emplois dans le cadre de l’IAE pour ce type de missions ;

• Proposer des modes de transports innovants ou adaptés répondant à un besoin territorial : camion, voiture, vélo, fluvial, piéton par exemple ;

• Assurer la veille des innovations : Benchmark des bonnes pratiques sur le Grand Paris et suivi des initiatives européennes ;

• Penser à une animation humaine des plateformes de don, par exemple via des télévendeurs, comme à Rungis ;

• Connaître les initiatives existantes : Chaine de food trucks qui permet d’assurer la récupération des invendus, et de les transformer immédiatement, puis de les redistribuer selon un système non stigmatisant ;

• Développer l’expérimentation des frigos citoyens hébergés dans des associations ;

• Encourager le développement de plateformes mutualisées de collecte de dons ;

• Eviter la concurrence entre structures, via une plateforme commune combinant l’animation humaine et le portage politique ;

• Organiser des partenariats innovants avec des transporteurs privés : par exemple « le camion qui remplit le magasin peut aussi le vider » ;

43

• S’inspirer de starts up comme : Le Chaînon manquant, Eqosphère, Phénix, Artisan bio-cycle, ou le Réseau Ernest favorisant le troc entre associations (échanges de produits) ou l’association Revivre.

Il existe aussi quelques alternatives pour lutter spécifiquement contre le gaspillage alimentaire : Concernant la collecte, il est possible de :


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1/ Augmenter la collecte par la législation : • Taxer davantage les déchets pour les acteurs de la grande distribution ;

• Augmenter les contraintes sur la gestion des déchets : clause anti gaspillage, label anti gaspillage pour ceux qui veulent ouvrir un nouveau commerce ;

• Intégrer des clauses en faveur de la redistribution dans les marchés publics.

2/ Optimiser la collecte par la mutualisation : • Réaliser des collectes intra-urbaines dans les supérettes par quartiers ; • Développer une plateforme mutualisée de dons, afin de connaître en temps réel la disponibilité des produits. Concernant les transports, il est possible de : • Mutualiser les moyens de transport pour garantir davantage d’efficacité ; • Optimiser les passages de camion de collecte ; • Eviter que des camions repartent à vide, en faisant le lien entre le ramassage de déchets et les surplus alimentaires. Concernant le stockage, il est possible de : • Mutualiser des locaux : cuisine, lieu de stockage. • Mutualiser les outils et affecter un local géré par la collectivité publique ou une organisation privée pour le groupage et dégroupage des invendus. B. La redistribution La redistribution comporte des enjeux à la fois techniques ou de logistiques. Elle doit aussi être perçue sous l’angle humain (1°). En effet, il s’agit notamment d’améliorer l’image du don (2°).

44

1° De la bonne logistique aux enjeux plus humains a. La redistribution via les associations La question de la redistribution, notamment via les associations caritatives, interroge certes sur des enjeux de logistiques, mais aussi sur ceux propres aux ressources humaines. Ceux-ci peuvent en effet engendrer une mauvaise gestion des ressources alimentaires. Au niveau de la grande distribution, le don est aussi souvent perçu comme un modèle d’organisation compliqué et contraignant. b. La réévaluation des politiques de redistribution des associations Par ailleurs, certaines associations sont en train de réévaluer leur politique de redistribution - privilégiant par exemple la notion de « Personne », qui est « capable » et non plus seulement « vulnérable ». Insérée dans la communauté en tant que Personne, c’est-à-dire avec ses spécificités personnelles, psychologiques et culturelles, et dotée de désirs, elle peut ainsi être aidée, agir et s’insérer. Elle n’est plus seulement considérée comme être un « individu », qui serait comme désincarné, semblable aux autres, en recevant passivement les colis alimentaires. Il est parfois difficile d’accompagner les bénévoles à changer leurs pratiques et leurs approches, pour passer d’une notion d’aide à celle d’accompagnement. Les représentations mentales et sociétales associées au don peuvent être stigmatisantes pour les publics qui pourraient en bénéficier. Celui-ci n’est également que très peu ou insuffisamment perçu comme moyen de lutter contre le gaspillage alimentaire.


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c. La qualité des produits donnés Concernant les produits donnés, il est nécessaire de prêter attention à l’équilibre et à la diversité des produits redistribués. Il ne faut pas négliger non plus les habitudes socio-culturelles. La lutte contre le gaspillage alimentaire suppose donc que les modes de redistribution et de sensibilisation et d’éducation soient respectueux de la dignité des personnes en situation de précarité alimentaire et sociale.

commerçants. La réglementation de la vente des fruits et légumes et les critères esthétiques gagneraient à être révisés. Certaines grandes surfaces ont déjà commencé à assouplir leurs normes sur l'aspect visuel des fruits, en vendant des articles vilains, ou dits moches, à prix réduit, contribuant ainsi à faire prendre conscience aux consommateurs que le produit déformé ne signifie pas dire qu’il soit mauvais. c. L’image des structures de don

2° Améliorer la redistribution et l’image du don a. Auprès de l’ensemble des publics Lutter contre le gaspillage alimentaire suppose de changer l’image du don auprès de l’ensemble des publics et en particulier des bénéficiaires, et d’encourager le développement de lieux de redistribution en tant que lieux de vie sociale. Ceci passe notamment par le développement de la mixité sociale dans les lieux de redistribution. b. Les produits eux-mêmes Avant la redistribution, il s’agit avant tout de limiter le gaspillage qui se situe dans le choix des produits. Il faut encadrer la vente au détail, dans un esprit plus soucieux de l’environnement - par exemple, en abandonnant la pratique d'exposer en rayon de gros volumes de nourriture sous prétexte que cela contribue à accroître les ventes, ou de jeter la nourriture dès qu'elle approche de la date limite de consommation. L'élimination de denrées alimentaires sur la base de facteurs esthétiques ou de sécurité sanitaire est souvent une autre cause principale de pertes et de gaspillages alimentaires. Dans certains cas, les agriculteurs jettent entre 20 et 40% de leurs produits frais, car ils ne correspondent pas aux critères esthétiques des 45

Enfin, les structures pour les personnes exclues sont stigmatisées. Elles restent aussi peu nombreuses. En outre, se multiplient les formes de pauvreté (diversification). De nouvelles problématiques d’intégration des personnes précaires à la frontière de l’exclusion sociale apparaissent. Enfin, il manque de lieux mixtes. Il faut disposer de cuisines et de bonnes logistiques adaptées. Il est préférable de coordonner les acteurs publics et privés, car parfois certaines associations ne parviennent pas à écouler les dons qu’elles reçoivent. Voici par exemple quelques actions concrètes qui peuvent être menées : Concernant le don lui-même : • Désacraliser l’image du don, lié à la vision de l’assistanat, et mettre en lumière la plus-value de cette pratique en lien avec la lutte contre le gaspillage alimentaire ;

• Valoriser l’image du don comme une pratique économique et sociale, en particulier dans le monde de l’entreprise ;

• Communiquer positivement sur le don et la convivialité à table : aide alimentaire, tous à table, fêtes des voisins… ;


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• L’alimentation ne doit pas être au centre de la démarche. Elle doit être une porte d’entrée vers d’autres services ou prises en charge (sociale, emploi, parentalité, etc). Concernant en particulier la relation avec les personnes elles-mêmes : • Ne pas limiter l’image du don aux SDF ; • Favoriser la participation des bénéficiaires, et leur posture active dans une dynamique d’échanges, dans les projets d’aide alimentaire, ou dans la participation financière envisagée ; • Favoriser les repas partagés, et faire se rencontrer donateurs et bénéficiaires ; • Intégrer les personnes bénéficiaires ainsi que les donateurs dans la démarche de redistribution et dans la réflexion sur l’image du don ; • Favoriser les réseaux citoyens ; • Impliquer les bénévoles dans la collecte.

de favoriser la mixité sociale et lutter contre le non recours. Concernant la forme du don : • Sortir du don direct pour aller vers une forme de contribution des bénéficiaires qui peut être financière ou marchande (vente d’intérêt général), et associer gratuité et service ; • Aller progressivement du don vers l’échange avec des structures d’insertion ou des contrats limités dans le temps, et de la participation à la manutention dans les épiceries sociales. C. La sensibilisation et l’éducation à la lutte contre le gaspillage alimentaire Il est aussi important d'accroître la sensibilisation au problème du gaspillage alimentaire dans le domaine de la distribution ou de la consommation. Les entreprises et les ménages doivent aussi s'efforcer de surveiller leurs habitudes pour améliorer les données sur l'ampleur du gaspillage. Il s’agit donc à la fois de tenir compte de la large palette d’acteurs à sensibiliser (1°), et de s’adapter aux personnes et à leurs écosystèmes, sous différents angles (2°). 1° Une large palette d’acteurs à sensibiliser

Concernant les lieux de redistribution : • Intégrer des épiceries solidaires au sein de lieux de vie, de confort et d’accompagnement ; • Rendre les lieux de redistributions attractifs pour l’ensemble de la population afin 46

Le besoin de sensibilisation concerne l’ensemble des publics, qu’ils soient prédisposés à des difficultés ou à des contraintes liées au changement de pratiques. Le « public » reste une entité difficile à définir compte tenu des diversités présentes dans notre société. Toutes les personnes doivent être sensibilisées-éduquées au gaspillage alimentaire, mais cela ne doit pas être réalisé d’une façon standardisée. Ceci concerne donc à la fois les pratiques professionnelles et celles en matière de consommation.


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• D’une part, les acteurs de la restauration scolaire peuvent certes être bien informés de l’existence de bonnes pratiques. Mais ils restent confrontés à certains freins, notamment en matière de gestion des ressources humaines. Ils peuvent aussi par exemple avoir d’autres priorités dans leur gestion quotidienne, ou ne pas ressentir de contraintes assez fortes, ou encore ne pas se sentir encore suffisamment concernées personnellement. • D’autre part, les personnes bénéficiaires de l’aide alimentaire peuvent ellesmêmes gaspiller des produits, par ignorance, compte tenu de leur éducation, de leur origine sociale ou cultuelle, et enfin de leur mode de consommation. Il s’agit donc de : • Sensibiliser les professionnels aux enjeux du gaspillage alimentaire les concernant à leur niveau de la chaîne. • Sensibiliser les personnes bénéficiaires des dons sur les lieux de redistribution • Adapter la sensibilisation-éducation à bien faire ses courses et à cuisiner selon la composition du ménage (célibataire, couple, famille). 2° Une démarche conceptualisée et personnalisée S’adapter aux personnes et à leurs écosystèmes, sous différents angles suppose donc d’envisager quelques points : • s’assurer qu’un diagnostic du gaspillage alimentaire (quantité, qualité) est réalisé ; • identifier les freins et leviers du public, qui trouve par exemple que la qualité de la nourriture n'est pas bonne ou que les portions servies sont trop grandes ; • impulser des actions en conséquence (nouvelles procédures, formation des 47

cuisiniers, ateliers de sensibilisation au gaspillage alimentaire... ). II. Une approche pluri-sectorielle en réseau L’organisation de réseaux permet d’améliorer la lutte contre le gaspillage alimentaire. Par exemple, rassembler les agriculteurs au sein de coopératives ou d'associations professionnelles peut contribuer grandement à réduire les pertes alimentaires en renforçant leurs connaissances des marchés, en permettant une programmation plus efficace, des économies d'échelle et en améliorant leurs capacités à commercialiser leurs productions. En outre, il est crucial d'améliorer la communication entre tous les acteurs de la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Il existe, en particulier, une grande marge d'amélioration dans la communication entre fournisseurs et distributeurs pour mettre en adéquation l'offre et la demande. Les écarts entre l'offre et la demande sont en effet une cause principale de gaspillage alimentaire. Par exemple, certains agriculteurs ne trouvent pas de débouchés pour leurs produits et les laissent pourrir en plein champ. De grandes surfaces réduisent parfois les quantités commandées à la dernière minute, laissant les producteurs avec des produits invendables dans leurs stocks. De nombreux acteurs publics et privés engagés dans la lutte contre le gaspillage


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alimentaire pourraient ainsi mutualiser leurs connaissances et implications (A), dès lors qu’ils ont déterminé des objectifs partagés (B). A. L’importance du lien entre les différents acteurs impliqués 1° L’intérêt du réseau La logique de réseau peut être intéressante, mais elle soulève de nombreuses questions. Et son application sera différente en fonction des objectifs associés. La mutualisation des ressources et le travail coopératif sont des éléments essentiels pour assurer un fonctionnement en réseau.

remption des produits. Ces coordinations supposent toutefois des outils techniques pour assurer le bon fonctionnement de ces réseaux.

Ceci suppose surtout d’accepter d’intégrer une dynamique de réseau, de partager des savoirs, et de collaborer de façon harmonieuse au plan humain. Ainsi par exemple, le Food Surplus Entrepreneurs Network organise tous les mois des rencontres et temps d’échanges autour des invendus.

2° L’intérêt des plateformes de mutualisation Dans ce contexte, il ressort que des plateformes mutualisant les efforts des acteurs pourraient être envisagées sur le territoire. De surcroît, une autre plateforme de partage des dons permettrait de connaître plus rapidement la disponibilité des produits en temps réel. La question des différents modèles économiques qui existent ou qui pourraient être trouvés est aussi une préoccupation cruciale pour les acteurs. Enfin, la création de ces réseaux implique la nécessité de réfléchir à l’Open Data, par exemple pour inclure les dates de pé48

B. Des objectifs partagés Rappelons qu’en France, en 2012, l'Etat s’est engagé à diviser par deux le gaspillage d'ici 2025, à travers cinq actions auprès de la grande distribution, des industriels, des associations et des consommateurs.

Et dans son sillage, de nombreuses actions locales ont ainsi été lancées, tel le RÉGAL - Réseau pour éviter le gaspillage


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alimentaire - qui aide les acteurs de la filière alimentaire à se rencontrer, échanger et agir.

Cet enjeu s’étudie en intégrant plusieurs plusieurs possibilités : 1/ Des alliances au plan opérationnel : • Une mise en commun des moyens ;

• Une mutualisation logistique et une optimisation du fonctionnement ;

• Une mise en relation des ressources.

• Trouver des alternatives face aux contraintes règlementaires ou logistiques en identifiant des enjeux et zones de blocages, en les mettant en lumière et en trouvant des solutions, en proposant des innovations ;

• Affirmer une forme d’engagement commun, avoir un langage commun et une sémantique idoine ; diffuser des bonnes pratiques et faire vivre une dynamique lancée ; être un organe de communication, de sensibilisation rassemblant tous les acteurs.

3/ Intégrer les différents réseaux existants : • Concevoir des réseaux organisés par fonctions ou par « métiers » ;

• Organiser des réseaux territoriaux, avec des commissions thématiques, des groupes de travail organisés sur des plages horaires longues permettant un temps de production ;

2/ Une réflexion commune : • Proposer un lieu d’interface neutre ;

• Connaître les contraintes différentes selon chaque activité dans un esprit pragmatique, afin d’être force de propositions ;

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• Monter des comités locaux, par exemple au niveau des communautés d’agglomération.

4/ Mutualisation logistique : de la collecte à l’acheminement et au stockage • S’appuyer sur les compétences, réflexions et réseaux existants pour répondre aux problématiques liées à la


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mutualisation des moyens et à la logistique (pôles de compétitivité par exemple) ;

• Développer une ou des plateforme(s) mutualisée(s) de collecte de dons, afin d’éviter la concurrence entre structures, tout en veillant à en assurer l’animation, par la création de postes ou par la professionnalisation par exemple ;

• Privilégier des chaînes logistiques de proximité en adaptant et en diversifiant les modes de transport en fonction du territoire (zone rurale, ou zone urbaine dense avec des flux de camions, voitures, vélos, réseau fluvial, piétons) et de la nature du don.

5/ L’image de l’aide alimentaire • Faire évoluer le vocabulaire lié à l’aide alimentaire, en considérant les invendus alimentaires comme des ressources enc o re c o n s o m m a b l e s e t n o n d e s déchets ;

• Développer des lieux de distribution favorisant la mixité sociale et inter-générationnelle ; valoriser les donateurs et leurs produits et favoriser la participation des bénéficiaires de l’aide alimentaire à la réflexion sur l’accès à tous à l’alimentation.

6/ Sensibilisation-éducation du public • Mettre en place des actions de sensibilisation et d’éducation, en particulier par et pour les jeunes, avec les parties prenantes, par des actions concrètes ;

• Tenir compte des paramètres socioculturels du rapport à l’alimentation et réfléchir à une catégorisation des publics (données sociologiques, rapport à l’alimentation par exemple) ;

• Développer des actions de sensibilisation différenciées en fonction des publics (canaux et outils de sensibilisation différents); Répertorier et donner plus de visibilité aux actions de sensibilisation existantes et réfléchir aux conditions de massification de ces actions.

7/ Animation de réseaux • Penser les réseaux par type d’action, ou par type de fonction et métier, afin d’optimiser et de mieux mutualiser les pratiques et l’organisation existante ;

• Croiser et analyser les données existantes sur le gaspillage alimentaire comme ressource afin de mieux comprendre les enjeux ; favoriser des réflexions et développer des projets plus aboutis et transversaux ;

• Réfléchir aux conditions de mise en place d’un réseau transversal local ou européen (portage politique, gouvernance, membres, régularité, organisation, sujets traités) de réflexion, d’échanges et de travail des acteurs du gaspillage alimentaire.

Dans cette perspective, le projet DWOF a cherché à mettre en relation professionnels, autorités locales et secteur éducatif pour sensibiliser à ces besoins.

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BRIDGE-BUILDER

DON’T WASTE OUR FUTURE! Par Alessandro Mancini, Felcos Italie - Coordinateur européen du projet DWOF

ment humain durable. L’objectif du projet consiste en l’amélioration de la compréhension critique et du sens des responsabilités des Jeunes européens et des Autorités Locales, vis-à-vis des thématiques du droit global à l’alimentation et du gaspillage alimentaire, afin de promouvoir des modes de consommation responsables et durables, à la fois localement et globalement.

A. Une alliance européenne Pour atteindre ces objectifs, le projet a impliqué les jeunes, en tant qu’ « agents de changement », et les Autorités Locales (A.L.), en créant un lien substantiel pour promouvoir les politiques locales et les bonnes pratiques liées au développement durable. Grâce à la dimension européenne de l’Alliance, le projet s’est situé sur les différents territoires, en reliant les dimen-

sions locale et globale.

I. Un projet européen « DON’T WASTE OUR FUTURE ! » est un projet financé par l’Union Européenne et coordonné au plan européen par FELCOS Umbria – le Fond des Autorités Locales pour la Coopération décentralisée et le Développe-

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« DON’T WASTE OUR FUTURE ! » a impliqué plus que 4300 étudiants et 230 enseignants de 108 écoles primaires et secondaires, de même que 113 représentants de 53 Municipalités de 7 pays européens (Belgique, Chypre, France, Italie, Portugal, Espagne, Royaume-Uni).


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B. Une charte sociale

D. La plus-value du projet

Au cours de la première année, les activités du projet ont porté sur un parcours de sensibilisation et de formation aux thématiques du droit global à la nourriture et du gaspillage alimentaire, adressé aux lycéens et représentants des autorités locales, visant à la création d’un Alliance contre le gaspillage alimentaire.

Le projet a promu une approche orientée vers la responsabilisation des jeunes, en relation à la participation active à la vie politique, en les sensibilisant au rôle qu’ils peuvent jouer dans la société à travers leurs choix quotidiens.

L’étroite collaboration entre lycéens et représentants des autorités locales a été la plus-value du projet : d’une côté, les autorités locales ont ouvert leurs portes afin de permettre la participation publique et, de l’autre, les étudiants ont accru leur confiance envers les institutions, en devenant eux-mêmes des acteurs locaux actifs.

Ceci a mené à la rédaction de la « Charte Européenne DON’T WASTE OUR FUTURE ! ».

La Charte a été ensuite diffusée à travers deux activités principales, comme l’« Education par les pairs » et les campagnes de communication locales.

C. L’autonomisation des jeunes et la collaboration active avec les représentants des autorités locales La stratégie de base du projet se fonde sur l’autonomisation des jeunes et la collaboration active avec les représentants des autorités locales. Le projet a donc favorisé la participation et l’engagement des jeunes à la vie publique et démocratique de la société où ils vivent.

Le projet a en fait construit un dialogue structuré, et un parcours intégré entre jeunes et autorités locales, qui a mené à la création de cette alliance stratégique. Une étape essentielle pour faire face à deux grands problèmes de la société contemporaine : d’un côté, la difficulté des institutions à comprendre la mentalité et les nouveaux types de participation des jeunes ; de l’autre côté, le détachement fréquent de la part de la politique et de la vie publique, compte tenu du climat d’insécurité économique et professionnelle typique de ces dernières années.

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II. Un parcours éducatif sur le gaspillage alimentaire en Italie A. Le parcours de sensibilisation et d’éducation mis en place sur notre territoire italien FELCOS Umbria a expérimenté avec succès la collaboration stratégique entre lycéens et représentants des Autorités Locales dans 6 différentes villes : Pérouse, Terni, Foligno, Città di Castello, Todi et Orvieto.

Le parcours éducatif adressé aux étudiants a été conçu afin qu’ils assument le rôle d’« agents du changement ».

Il a visé à : 1) Sensibiliser et éduquer sur les thématiques du gaspillage alimentaire et du droit global à l’alimentation ;

2) Responsabiliser les étudiants à travers la promotion de modèles de consommation alimentaire responsables et durables ;

3) Analyser le gaspillage alimentaire dans leur contexte de vie quotidienne ;


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4) Élaborer et partager idées et propositions ;

5) Changer leurs comportements et promouvoir le changement auprès de leurs entourages.

B. Comment avons-nous agi ? Pendant la première partie du projet, nous avons mis en place en Italie 5 ateliers didactiques dans chaque classe impliquée, représentant au total 52 ateliers dans 8 écoles secondaires, et représentant 266 étudiants et 13 enseignants. Les ateliers étaient fondés sur une méthodologie participative et inductive, qui a impliqué activement les étudiants à travers des activités de groupe, de discussion et l’utilisation de matériaux multimédias.

Chaque atelier a duré deux heures. Il a été mené par FELCOS Umbria, en collaboration avec les associations locales engagées dans l’Education à la citoyenneté mondiale et/ou ayant des expériences sur les thématiques liées au gaspillage alimentaire et au droit à l’alimentation. Le choix d’impliquer d’autres acteurs dans ce processus est dû a la volonté de créer une synergie avec eux, avec le but d’accroître la culture du développement durable au niveau local.

Dernier atelier du parcours éducatif sur le gaspillage alimentaire avec les lycéens de Terni. À gauche, leurs engagements à « diffuser les notions et informations apprises pendant le parcours éducatif » (janvier 2017).

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Il est intéressant de mentionner l’activité de « Recherche-Action », menée par les étudiants avec un engagement substantiel. Cette activité consistait aussi à réaliser une enquête au niveau local, afin d’analyser les comportements et les règles internes des entreprises, tels que restaurants, cantines et supermarchés, en relation avec la question du gaspillage alimentaire.

À travers une approche cognitive et la méthodologie de « l’apprentissage par la pratique », les étudiants ont élaboré un questionnaire. Puis, successivement, ils ont mise en place eux-mêmes les entretiens durant leur temps-libre, en impliquant plus de cent répondants.

En plus, les étudiants ont tenu un « Journal sur le gaspillage alimentaire » pendant une semaine, en enregistrant la qualité et la quantité de nourriture gaspillée quotidiennement au niveau domestique.

Grâce à cet outil, chacun a pu approcher, et comprendre davantage le problème du gaspillage alimentaire.

Pendant le dernier atelier du parcours éducatif, les données collectées et élaborées ont été présentées aux étudiants, qui ont discuté et proposé des solutions permettant de réduire les déchets alimentaires. Toutes les propositions ont été présentées dans six conseils municipaux aux représentants institutionnels. Elles ont constitué le point de départ de l’élaboration de la proposition régionale de la charte européenne contre le gaspillage alimentaire, finalisée pendant l’atelier régional selon la structure de charte européenne définie par le partenariat au début du projet.


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tives et des tables rondes entre jeunes, représentants institutionnels et associations.

Les jeunes ont finalement décidé de participer au processus décisionnel. Les décideurs politiques ont « ouvert leurs portes » pour écouter leurs propositions. La présence des étudiants dans les bâtiments gouvernementaux reste rare et représente un clair signe d’engagement des deux parties.

Le Forum a été organisé par les partenaires du projet, sous le patronage du Programme des Nations Unies pour le Développement et le Réseau Citoyenneté Active, le 21 et 22 octobre 2015, dans le cadre de l’EXPO Milan. Il a impliqué 114 étudiants et 45 enseignants des écoles secondaires, 32 représentants des autorités locales, et 31 représentants des partenaires et des autres associations.

III. La création de la charte Européenne contre le gaspillage alimentaire A. Un parcours participatif en amont Le parcours participatif de la première partie du projet a abouti à l’élaboration d’une proposition de charte européenne sur chaque territoire impliqué.

Les neuf propositions ont été partagées et discutées pendant le « 1er Forum européenne des jeunes et des autorités locales contre le gaspillage alimentaire et pour le droit mondial à l’alimentation », à travers des séances de travail participa54

Étudiants italiens avec Paolo Maurizio Talanti, représentant de la municipalité de Orvieto, pendant le « 1er Forum européen des Jeunes et des autorités locales contre le gaspillage alimentaire et pour le droit mondial à l’alimentation » (octobre 2015)

L’Alliance Européenne des Jeunes et des Autorités Locales a mené à la création de la « Charte DON’T WASTE OUR FUTURE - A Joint European Manifesto of young people and Local Authorities to promote food waste reduction and the global right to food ».

La charte est le résultat d’un cheminement commun, démocratique et participatif qui inclut : engagements individuels et collectifs, recommandations aux gouvernements nationaux et aux institutions européens et internationaux.

La version finale de la charte, présentée officiellement aux décideurs politiques et aux parties prenantes européennes, a été


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traduite en italien, français, espagnol, portugais et néerlandais.

B. La dissémination de la Charte Européenne 1° L’éducation par les pairs Pendant la deuxième année du projet, la « Charte DON’T WASTE OUR FUTURE ! » a été diffusée dans le cadre de plusieurs activités :

- Éducation par les pairs, dans 14 écoles primaires ;

- Campagnes de communication locales sur le gaspillage alimentaire dans l’ensemble des territoires impliqués ;

- Promotion des politiques et bonnes pratiques par les autorités locales ;

- Evénement final à Bruxelles pour présenter officiellement la Charte et les résultats du projet.

L’éducation par les pairs vise à garantir aux jeunes impliqués par le projet un rôle fondamental dans le changement. La méthodologie de l’éducation par les pairs est basée sur la conviction que des jeunes du même âge, ou juste un peu plus âgés, peuvent représenter une source d’information valide et crédible pour leurs pairs.

Cette méthodologie éducative nécessite une préparation, avec des contenus solides et approfondis. Grâce aux activités réalisées pendant la première année et grâce aux deux ateliers de formation mis en place début 2016 par l’équipe de FELCOS, les jeunes ont acquis les connaissances nécessaires pour pouvoir aborder avec succès ce nouveau défi.

Les deux ateliers ont analysé les objectifs éducatifs et les contenus sur lesquels baser l’éducation par les pairs – en lien bien évidemment avec le gaspillage alimentaire et le droit mondial à l’alimentation – afin d’améliorer leurs connaissances sur les sujets et les responsabiliser en insistant sur l’importance du rôle d’éducateur.

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* Pendant le premier atelier, les jeunes ont activement raisonné sur les caractéristiques de la méthodologie à travers des activités de brainstorming et un travail en groupe. En réfléchissant sur la cible de l’activité éducative – les élèves de 10-13 ans – les objectifs du projet et l’importance du rôle d’éducateur Pair-àPair (Peer Educator), les étudiants ont exprimé leurs doutes. Ils ont aussi discuté des bons et mauvais points résultant de leur manque d’expérience en tant qu'éducateur.

* La sélection des étudiants qui devaient assumer le rôle de Peer Educator a été assumée par les jeunes et leurs enseignants. Les candidats ont été finalement choisis par les enseignants sur la base de qualités, comme la capacité en matière de communication, de leadership et de responsabilité.

* Le deuxième atelier était dédié à la structuration des ateliers à réaliser dans les écoles primaires. Les lycéens ont fait leur choix, avec le soutien de l’équipe de FELCOS Umbria qui a proposé plusieurs exemples d’activité, afin de garantir une bonne cohérence vis-à-vis des objectifs du projet. Ils ont testé leur capacité à gérer un atelier avec leurs camarades de classe.

Finalement les ateliers d’Education par les pairs réalisés dans le neuf écoles primaires avaient la même structure. Ils se sont composés de trois parties :

une introduction visant à « briser la glace » ; une partie principale, dans laquelle les Peer Educators ont transmis leurs messages à travers des jeux et activités en groupe, en reliant le droit mondial à l’alimentation et le gaspillage alimentaire avec les comportements individuels et le respect de l’environnement ; une partie conclusive, pour résumer les informations reçues, et laisser une marque dans les esprits des élèves, devenus eux-mêmes capables de sensibiliser leurs familles.


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2° La campagne de communication locale

Atelier d’Education par les pairs à Foligno (février 2017)

Après la réalisation des activités dans les écoles primaires, gérées par les lycéens avec le support de leurs enseignants, nous avons pu confirmer les avantages découlant de cette nouvelle méthodologie.

D’une côté, les Peer Educators ont amélioré leurs connaissances sur les sujets liés au projet et développé leurs capacités à les transmettre aux autres. De l’autre côté, les élèves des écoles primaires ont réagi positivement. Ils ont considéré les jeunes éducateurs comme une source crédible d’information, en établissant une connexion avec eux, et en devenant un puissant « outil de changement ».

Dans le but d'accroître leur engagement et leur sens des responsabilités, en utilisant la méthodologie « Apprentissage par la pratique », les étudiants ont participé à la campagne de communication locale contre les déchets alimentaires, nommée Campagne « Save food, Love the world ». Pour l'élaboration de cette campagne, nous avons réalisé, dans chaque école, au moins deux ateliers de formation de deux heures, et deux ateliers pour créer ensemble les initiatives en matière de communication.

Dans le premier atelier, les étudiants, soutenus par l’équipe de FELCOS Umbria et des experts externes, ont analysé les éléments de base de la communication et les principaux outils pour évaluer l'impact de la campagne sur les destinataires ciblés.

En encourageant la participation des étudiants, via des questions et des activités de groupe, ils ont amélioré leurs compétences en matière de communication.

Pour atteindre l’objectif de la campagne, ils ont réfléchi à l'importance d'utiliser des images à fort impact et un langage clair et direct, possiblement viral, capable d'atteindre un grand public, respectant toujours les valeurs éthiques, et s'appuyant sur des éléments tels que l’esprit positif et la créativité.

Les étudiants ont également analysé en profondeur le fonctionnement des médias, afin d'accroître l'impact de la campagne.

Dessins des élèves après les deux ateliers d’Education par les pairs à Foligno (février 2017)

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- le « Riciclettario de la tradition de l’Ombrie » : un livre de recettes rassemblant plusieurs plats traditionnels de l'Ombrie et visant à lutter contre les déchets alimentaires ;

- deux vidéos de sensibilisation ;

- deux spots radio de sensibilisation ;

- le « Pledge » : un formulaire d’engagement pour inviter les citoyens à rejoindre la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Les lycéens de Foligno travaillant sur le Foody bag - une des initiatives de la Campagne « Save Food, Love the World » (mars 2016)

Dans le deuxième atelier, les étudiants se sont concentrés sur l'identification de l'initiative la meilleure pour diffuser le message de la campagne aux destinataires sélectionnés, en tenant toujours compte du contexte, des ressources humaines et financières à disposition, et des objectifs principaux du projet.

Afin de promouvoir une relation étroite entre tous les étudiants impliqués dans les huit écoles de notre Région, le personnel de FELCOS a utilisé les plates-formes de réseaux sociaux les plus communes. Il s’agissait de créer un environnement de travail collaboratif et bien coordonné.

Après la fin de cette phase préparatoire, les étudiants ont commencé à réaliser les produits avec le soutien d'experts externes ayant des compétences techniques spécifiques, en particulier dans le domaine du design graphique et de la communication.

Les initiatives crées ont notamment été : - le « Foody Bag » : normalement connue sous le nom de doggy-bag, cette pratique a été renommée afin de lutter contre l’assimilation entre les déchets alimentaires et la nourriture qui seraient donnés plutôt aux animaux ;

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Une image du backstage de la vidéo promotionnelle créée par les lycéens de Pérouse pour la campagne de communication « Save Food, Love the World » (avril 2016)

Bien que chaque école ait finalement opté pour la création d'une initiative différente, les objectifs communs de la campagne et la coordination de FELCOS ont permis de créer des liens étroits entre les initiatives. Ceci a permis un soutien mutuel pendant la phase de diffusion.

3° Les résultats du projet Après plus de deux ans, le projet « DON’T WASTE OUR FUTURE! » a terminé son cheminement mené grâce à un grand nombre de personnes impliquées et sensibilisées, y compris les étudiants, les jeunes, les enseignants, les représentants des organisations et les autorités locales, les citoyens. Tous les résultats ont été présentés aux acteurs européens et aux décideurs politiques lors de l'événement


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final organisé à Bruxelles, au siège social du Comité des régions, le 20 avril 2017.

Evénement final du projet dans le quartier général de la Comité des Régions, Bruxelles (avril 2017)

Dans ce cadre, les partenaires européens ont convenu que l'un des aspects les plus fructueux de ce projet avait été la participation active des jeunes aux problèmes liés au développement durable et à la citoyenneté, et notamment grâce à la collaboration étroite avec les représentants des autorités locales.

Grâce à la méthodologie participative, les jeunes ont pu être actifs, et prendre conscience des sujets, mais aussi élaborer et partager activement les informations reçues au sein de la famille et, en général, par des concitoyens. La mobilisation active des étudiants semble être l'un des aspects les plus réussis de cette approche. Par exemple, au cours de l'activité « Recherche-Action », les étudiants se sont mobilisés indépendamment, sans la supervision des enseignants ou la sur-protection du milieu scolaire. Ils ont utilisé leur créativité et ont tenté de diffuser leurs idées avec beaucoup d'intérêt et de sérieux.

Un autre succès du projet repose certainement dans l'effet multiplicateur de l'action. En plus de leur niveau d'éducation obtenu grâce aux questionnaires et aux « Journaux sur le gaspillage alimentaire », 58

les jeunes ont pu impliquer leurs familles et sensibiliser plus largement à l'urgence du problème.

Finalement, l'adoption de la charte européenne par les municipalités impliquées, ainsi que sa diffusion auprès d'autres autorités locales, a contribué à élargir à un public non directement concerné par le projet. Même dans le processus de présentation et d'adoption, la coopération entre les jeunes et les représentants des Autorités locales a été un signe concret de l'engagement commun face aux défis globaux et locaux, soulignant la nécessité d'être des citoyens actifs afin d’encourager nos sociétés à atteindre les Objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030.

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FELCOS Umbria – Fond des Autorités Locales pour la Coopération Internationale et le Développement humain durable est une association d’autorités locales de la région de l'Ombrie, un réseau territorial qui favorise le développement durable - tant au niveau international qu'au niveau local - grâce à des projets de coopération internationale, des partenariats pour l'éducation à la citoyenneté mondiale, et des relations entre les territoires et dans les territoires.

À cette fin, FELCOS mobilise et relie les acteurs, les expériences, les connaissances, les excellences et les innovations du système régional. Cela doit permettre à l'Ombrie de participer aux défis mondiaux contre la pauvreté, et à un développement durable basé sur un usage responsable et conscient des ressources et sur un marché équitable, en reconnaissant la dimension locale comme principale force de développement et de croissance responsable.


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Au niveau international, FELCOS réalise des projets de coopération pour le développement avec d'autres pays, créant des échanges et des opportunités de dialogue sur le développement durable et la promotion d’opportunités pour les débats multiniveaux et l'internationalisation des territoires.

En Ombrie, FELCOS réalise des projets de sensibilisation, de développement et d'éducation à la citoyenneté mondiale dans les écoles et la société, des activités d'information et de formation adressées aux autorités locales et des activités d'inclusion, de participation et d'intégration, en promouvant les bonnes pratiques locales et la politique du développement durable. En outre, FELCOS réalise la conception, la mise en œuvre et la gestion de projets.

FELCOS mobilise des ressources économiques et humaines importantes dans le cadre d'une approche territoriale du développement. Il implique acteurs privés et associatifs sur le territoire, en établissant des alliances multi-niveaux et multi-acteurs, et en articulant les actions locales avec les stratégies de développement plus larges promues par les gouvernements nationaux, les organismes internationaux et l'Union européenne, en collaboration avec d'importants acteurs internationaux tels que le PNUD (Programme des Nations Unies).

L'histoire d'une alliance entre les jeunes et les Autorités Locales Dans notre territoire, la région de l'Ombrie (IT), FELCOS a impliqué 266 étudiants et 17 représentants des Autorités Locales, afin de créer un lien étroit entre les jeunes et les décideurs politiques. Ce lien a conduit à la création de la proposition territoriale de la « Charte DON’T WASTE OUR FUTURE ! », présentée et discutée à Milan lors du «1er Forum Européen des 59

Jeunes et des Autorités Locales contre le gaspillage alimentaire et le droit mondial à l’alimentation ». La collaboration entre les jeunes et les autorités locales a continué après l'élaboration de la Charte. L’objectif consistait à promouvoir un changement sur notre territoire, à travers la campagne de communication locale, composée de six initiatives différentes bien qu’étroitement liées - une pour chaque territoire impliqué en Ombrie.

Les six municipalités impliquées ont soutenu l'engagement des jeunes en organisant des événements de sensibilisation pour des nouveaux modèles de consommation responsables et durables, adressés aux citoyens. L'un d'entre eux a été organisé dans la ville de Terni, où les étudiants ont eu l'opportunité de présenter leur propre initiative, appelée « Riciclettario de la tradition de l’Ombrie », un livre de recettes rassemblant plusieurs plats traditionnels de notre Région contre les déchets alimentaires.

Les lycéens avec le Chef Giorgio « Giorgione » Barchiesi lors de l’événement « Riciclettario de la tradition de l’Ombrie », realisé à Terni dans le cadre de la campagne « Save Food, Love the World » (décembre 2016)

Le maire de la ville a également participé à cet événement organisé au sein de l'école professionnelle de cuisine impliquée dans le projet. Le Chef Giorgio « Giorgione » Barchiesi a participé à la campagne. En plus d'aider les jeunes cuisiniers à prépa-


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rer le déjeuner pour leurs invités - en fonction des recettes du livre de cuisine dédié, le Chef Giorgione a également sensibilisé tous les participants afin de promouvoir la réduction des déchets alimentaires, en invitant chacun à utiliser le « Foody Bag » permettant d’emporter chez eux les restes de nourriture. Le « Foody Bag », généralement connu sous le nom de Doggy-Bag, est l'une des autres initiatives mises en œuvre et créés par les étudiants. Ils ont décidé de renommer le doggy-bag afin de changer l'association commune des déchets alimentaires avec la nourriture donnée animaux, et de surmonter la stigmatisation sociale liée à l’action d’emporter à la maison les aliments non consommés. Le Foody Bag et tous les matériels d’information ont étés adoptés par deux municipalités, Foligno et Città di Castello, qui se sont engagées à promouvoir le Foody Bag. Elles ont diffusé ce message dans les restaurants de leurs territoires et auprès des associations engagées sur ces thématiques.

Conférence de presse dans les locaux de l'Hôtel de Ville pour promouvoir le Foody Bag, Città di Castello (mai 2017)

Conférence de presse dans les locaux de l'Hôtel de Ville pour promouvoir le Foody bag, Foligno (avril 2017)

En présentant l'initiative Foody Bag, et en expliquant le projet aux visiteurs, les étudiants ont recueilli de nombreuses souscriptions de la Charte. Ils ont reçu des commentaires très positifs qui ont renforcé leur volonté d'être « agents de changement ».

Au-delà des activités du projet, les jeunes impliqués dans la campagne "Save Food, Love the World" ont activement contribué à diffuser leur message contre les déchets alimentaires en participant lors de plusieurs événements visant à mobiliser d'autres acteurs et parties prenantes. À 60

titre d'exemple, les étudiants ont participé à l'exposition Experimenta, dans le cadre de la « VII édition du Festival de la Science et de la philosophie » tenue à Foligno, montrant leurs initiatives de sensibilisation sur les déchets alimentaires et le droit international à la nourriture, et invitant les gens à dire # NoToFoodWaste.

Les étudiants et le chef de la police municipale qui vient de souscrire la « Charte DON’T WASTE OUR FUTURE ! » lors du « Festival de la Science et de la Philosophie », Foligno (avril 2017).


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BRIDGE-BUILDER DON’T WASTE OUR FUTURE! BUILDING A EUROPEAN ALLIANCE OF YOUNG PEOPLE AGAINST FOOD WASTE AND FOR NEW MODELS OF DEVELOPMENT AND CONSUMPTION

By Alessandro Mancini, Felcos, Italy “DON’T WASTE OUR FUTURE!” is a project funded by the European Union and promoted by FELCOS Umbria – the Fund of Local Authorities for Decentralized Cooperation and Sustainable Human Development.

It aims to improve the critical understanding, the sense of responsibility of European young citizens and Local Authorities about food waste reduction and global right to food, in order to promote more responsible models of consumption and sustainable development both at local and global level.

To reach these goals, the project involves and creates a link between young people, as “Agents of change”, and Local Authorities, by promoting

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local policies and sustainable development practices. Thanks to the European dimension of this Alliance, the project works inside and among territories and connects the local dimension to the global one.

DON’T WASTE OUR FUTURE! has involved more than 4300 students and 230 teachers from 108 primary and secondary schools, as well as 113 representatives of 53 municipalities across 7 European Countries (Belgium, Cyprus, France, Italy, Portugal, Spain, United Kingdom).

In the 1st year of activities the project realized an awareness raising path about global right to food and food waste addressed to secondary schools’ students and Local Authorities, with the final goal of building an alliance against food waste that led to the creation of the “European Charter DON’T WASTE OUR FUTURE!”.

In the 2d year, this Charter has been disseminated in all the involved territories through two main activities, the Peer Education in primary schools and the local communication campaigns.

The core-strategy of the project is based on youngsters’ empowerment and active collaboration with the local political representatives. The project promoted, in fact, young people’s participation in public life and increased their democratic engagement with local ins-


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The project in fact built a structured dialogue and an articulated path of collaboration between the involved Local Authorities and Young people. This has lead to the creation of a Strategic Alliance.

This step is essential because, on one hand, institutions face difficulty in understanding young people, what the new forms of youth participation are, and also the issues that mobilise young people.

On the other hand, there is a generalized lack of trust in politics, in particular from young people, who are facing unemployment, job insecurity, difficult transitions to work and adult life. That makes youngsters increasingly disenchanted and cynical and feel marginalised from the political process.

The project promoted a more responsible approach of youngsters to the political world, making them more aware about the role they can play in the society trough their choices.

The added value of the project is indeed the very close collaboration, between involved the Local Authorities and Students. While the Local Authorities have opened themselves to the participation of students in the public life, the students have increased their trust in public policies, and have started becoming active territorial actors.

Didactic path on food waste

In the educational and awareness-raising process carried out in our region, FELCOS Umbria successfully experimented the strategic collaboration among students of secondary schools and the representatives of Local Authorities in 6 different towns (Perugia, Terni, Foligno, Città di Castello, Todi and Orvieto).

By promoting the importance of becoming “Agents of change”, the didactic path with students aimed to the following goals:
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1) to raise awareness and to educate upon the themes of food waste and right to food;

2) to make students responsible for the sustainable consumption of food;

3) to know the food waste in their own everyday life context;

4) to elaborate and share ideas and proposals;

5) to change their behaviour and to promote changes in their entourage.

This process aimed to bring young people closer to the decision-makers and Institutions and, at the same time, to raise awareness in local politicians about the potential of young people and the opportunities to involve them, to listen their proposals and to learn from their points of view.

How we did it?

During the first phase of the Project we realized 5 didactic workshops per classroom, amounting to a total of 52 workshops in 8 secondary schools, targeting 266 students and 13 teachers. These workshops were baed on a participatory and inductive methodology that actively involved students through group activities, discussions and use of multimedia materials.

Each workshop lasted 2 hours and was conducted by FELCOS Umbria, in collaboration with the local associations committed in Global Citizenship Education and/or with a great expertise in the topics related to food waste and right to food. The choice to involve other actors in this step was related to the creation of a synergy with them, aiming to support the growth of a culture of sustainable development at the local level.


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Last workshop of the didactic path against food waste with secondary students in Terni. On the right, their pledges in “spreading all the notions and information gained during the didactic path”, January 2017.

It is worth it to mention in particular the “Action-Research” activity, conducted with high commitment by the students during the workshops. This phase foresaw a local research to investigate the behaviour and policies of local enterprises in relation with food, such as restaurants, cafeterias, canteens, and supermarkets, also in order to promote the food waste reduction.

Within a cognitive approach, starting from the bottom, and using the methodology of “learning by doing”, students drew up a questionnaire, and later on they conducted autonomously the interviews to the above mentioned categories on their own free time. They reached more than 100 people.

In the last workshop of this didactic path, the qualitative and quantitative data collected through the questionnaires have been presented and discussed. On the basis of these information, students created proposals to concretely reduce food waste. All the ideas, presented in 6 City Councils to the representatives of their own municipalities, represented the starting point for the elaboration of the Umbrian proposal of the European Charter against food waste.

The six ideas were afterwards discussed during the Regional workshop of students and Local Authorities and organized according to the structure of the European Charter, already defined by all the project’s partnership, respecting the 5 main items:

Moreover, due to the high level of their commitment, students accepted to experiment our proposal to keep a “Food Waste Diary” for almost a week where they registered the quality and quantity of domestic food waste.

Thanks to this tool, everyone was able to feel and touch the problem.

The presence of students in the Government buildings is quite a rarity and represents a real sign of commitment of both the actors: youngsters finally decided to actively participate in the decision-making process and, on the other hand, politicians

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

“opened the door” to listen and get involved with the younger part of their citizenship.

In fact, the European Alliance of Young and Local Authorities has led to the creation of the

The creation of the European Charter against food waste

“DON’T WASTE OUR FUTURE! CHARTER 2015 - A Joint European Manifesto of young people and Local Authorities to promote food waste reduction and the global right to food”.

The participative didactic path of the first phase of the project led to the elaboration of a proposal for the European Charter against food waste in each territory involved.

All the 9 Territorial Proposals for the Charter have been discussed during the “1st European Forum of Young and Local Authorities against Food Waste and for the Right to Food” through participatory working sessions and High-Level Panels with Youngsters, Local Authorities and associations. The Forum has been organized by the project partnership, with the patronage of United Nations Development Program and Active Citizenship Network, on st nd 21 and 22 October 2015 in the framework of EXPO Milano, involving 114 students and 45 teachers of secondary schools, 32 representatives of LAs and 31 representatives of Partners and associations.

The Charter is the final outcome of a common, democratic and participated path and includes individual commitments, collective and institutional engagements and recommendations to governments and other national, European and international institutions. The final version of the Charter, officially delivered to European Policy Makers and stakeholders, has been translated in Italian, French, Spanish, Portuguese and Dutch.

The dissemination of the European Charter

Peer-to-peer education

nd In the 2 year of the Project, the “DON’T WASTE OUR FUTURE! CHARTER 2015” started to be disseminated through several activities:

- Educational activities in 14 primary schools through the Peer-to-peer Education methodology;

- Local Communication Campaigns on food waste in all involved territories;

- Promotion of policies and practices from Local Authorities;

Italian students and Local Authorities representative at the “1st Forum of Young and Local Authorities against food waste and for global right to food” (October 2015) 64

- Final Event in Brussels to deliver the Charter and the results of the Project. 
 The Peer Education aimed to ensure that youngsters involved by the project “DON’T WASTE OUR FUTURE!” will play


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a crucial role in pushing for change. The method of Peer-to-peer is based on the logic that young with the same age, or a little bit older, could represent a trusted and credible source of information for their peers.

communicative skills, leadership and responsibility.

- In the second one, youngsters reflected and structured the Peerto-peer laboratories to be realized in primary schools, with the support of their teachers and FELCOS’ staff that proposed and showed many example of activities that they could do or revise, in order to guarantee a coherence and consistent of the structure. 
 Finally, all the Peer-to-peer education laboratories realized in primary schools have foreseen three phases:

- an introduction activity, aimed to “break the ice”;

- a central one, in which Peer Educators tried to transmit key messages of the 
 project through role-plays and games, linking the global right to food and food 
 waste with the human’s behaviours and respect of the environment.

- a conclusion, based on practical activities like drawings and posters, important to synthetize the information received and to make a mark in the children’s 
 conscience, as well as to extend the scope of the project to their families.

Being an educative method, Peer Education need a solid preparation and knowledge of the contents. Thanks to all the project’s activities made in 2015, including the realization of the “DON’T’ WASTE OUR FUTURE Charter”, and thanks to the 2 training workshops realized in early 2016, youngsters acquired the preparation and responsibility needed to successfully face this new challenge.

More specifically, the two training workshops have deeply analysed all the specific objectives of the project, the global right to food and the fight against food waste, in order to improve their knowledge of the issues.

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- In the first workshop, youngsters have actively reflected about the peculiarities of the methodology through brainstorming and working groups. Thinking about the target of the education - children between 10-13 years - the objectives of the project, in addition to the importance of taking over the role of Peer Educators, students discussed about good and bad points, doubts and concerns related to their inexperience in the field of education. 
 - The students chosen to become Peer Educators have been selected between the two training workshops: starting by their self-application, the final selection has been made jointly by teachers and students, taking into account some important personality trait like


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Our Local Communication Campaign

Peer-to-peer education workshop in Foligno, February 2017.

After the realization of the Peer Education activities we can affirm all the expected benefits of this innovative method. Youngsters improved their knowledge on the issues and their capability to transmit it to their pairs. On the other hand, the “Peer educated” reacted very positively to the signals provided by their peers.

Thanks to the ability of youngsters to create a stress-free environment, children identified them as a trustable source of information, establishing positive links and becoming a powerful means of change.

Aiming at increasing their engagement and accountability, even by using the “learning-by-doing” methodology, students have been involved in the local communication campaign against food waste, renamed by themselves "Save food, love the world" Campaign.
 For the elaboration of this Campaign, we realized in each school at least two training workshops lasting two hours each and two workshops for co-creating the communication initiatives.

In the first workshop students, supported by the staff of FELCOS Umbria and external experts, analysed the basic elements of communication and the main tools to evaluate the impact of a campaign on the selected target. Encouraging the participation of students with questions and group activities, they received important notions of what is a communication campaign, the main elements composing it make the Campaign well- organized and effective. To reach this goal, they reflected about the importance of using high impact pictures and a clear and direct language, possibly viral, able to reach a great audience, always respecting the ethical values and relying on elements such as the positivity and creativity. Students also deeply analysed the functioning of medias in order to increase the impact of the Campaign.

Students of Foligno work on the Foody bag, one of the initiatives created for the “Save food, love the world Campaign” (March 2016)

Drawings made by primary school students after the Peer-to-peer education laboratories in Foligno (February 2017)

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In the second workshop students focused on the identification of the initiative considered the best one to address the desired message to the selected target, always taking into account the context, the available financial and human resources and the key objectives of the


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project. In order to promote a close connection between all the students involved in the 8 schools of our Region, FELCOS staff used the most common social network platforms to create a collaborative and coordinated working environment. After the end of this preparatory phase students started to realize the products with the support of external experts with specific technical skills, especially in the field of graphic design and communication.

- raising awareness radio spots;

- a pledge to invite people in joining the fight against food waste.

The initiatives created are:
 - the Foody bag, generally known as doggy-bag, renamed in order to change the common association of leftover food with that to be used for pets;
 - the “Riciclettario della tradizione umbria”, a cookbook collecting several Umbrian tradional dishes against food waste;
 - two raising awareness video spots;

A picture from the backstage of the promotional video created by the students of Perugia for the local communication campaign “Save food, love the world”, April 2016.

Although each school has finally opted for the creation of a different initiative, the same campaign goals and the co-ordination by the FELCOS’ staff ensured a close links and a mutual support during the dissemination phase.

The Results of the Project

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After more than 2 years, the Project “DON’T WASTE OUR FUTURE!” ends its path with a great number of involved and sensitized people, including students,


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young people, teachers, representatives of organizations and Local Authorities, citizens. All the results have been presented to the European stakeholders and decision-makers during the final event in Brussels, in the headquarter of the Committee th of the Regions, on 20 April 2017.

Final event of the Project in the Headquarter of the Committee of the Regions, Brussels, April 2017.

In that framework, all the partnership agreed that one of the most successful side of this project is the active participation of young people in citizenship issues, also thanks to a close collaboration with the representatives of Local Authorities.
 The participatory methodology made young people effectively active and aware of the topics, allowing them to elaborate and actively share all the information received within the family and, in general, within the citizenship.

The active mobilization of the students seems to be one of the most successful side of this approach. For example, during the “Action-research” activity students mobilized independently without neither the supervision of the teachers nor the "protection" of school environment, using their creativity and trying to spread the assimilated notions in the best way. In conducting the surveys, youngsters have been activated with great interest and se68

riousness, they felt to be activists and they interviewed adult people in their workplaces, presenting the issues and requiring their attention to subject some "uncomfortable question".

Another successful issue is surely the multiplier effect of the action. In addition to their gained educational level, through the questionnaire and the Wasting Diary youngsters have been able to involve their families and raise awareness about the urgency of the problem.

An other tangible success of the whole process is surely the adoption of the European Charter by the involved municipalities as well as its dissemination to other local authorities not directly affected by the project. Even in the presentation and adoption process, the cooperation between young people and representatives of LAs has been a concrete sign of joint commitment in facing the common challenges, pointing out the need to be all Active Citizens in order to push our societies toward achieving the Sustainable Development Goals.

FELCOS Umbria Fund of Local Authorities for Decentralized Cooperation and Sustainable Human Development- is an Italian association, established in 2007, composed of Local Authorities and public, private and associative actors of the regional territory of Umbria.

FELCOS is a network that promotes sustainable human development - both at international and the local level - through the international cooperation and global citizenship education, and awareness raising activities in our territory.

With this aim, FELCOS Umbria mobilizes and connects actors, experiences, knowledge, excellences and innovations of the Umbrian regional system, enabling the Umbria region to participate to global challenges against poverty and for a sus-


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tainable development based on a fair and aware usage of the resources, on a fair wealth distribution and that will recognize the local dimension as main force for the development and responsible growth.

At the international level, FELCOS Umbria realizes development cooperation projects with other territories, by creating exchange and dialogue opportunities on common issues, such as environment, food waste, integration, education, respect of differences and many other challenges related to the Sustainable Development Goals of the Agenda 2030.

FELCOS mobilizes important economic and human resources within the framework of a territorial approach to development, establishing multi-level and multiactors’ alliances and articulating local actions with wider development strategies promoted by national governments, international bodies and the European Union, in collaboration with important international actors, such as UNDP – the United Nations Development Program.

At the local level, FELCOS Umbria carries out global citizenship education activities in schools and awareness raising projects in the society, as well as informative and training activities addressed to the representatives of Local Authorities.

of Youngsters and Local Authorities against food waste and for global right to food”.

The close collaboration between Youngsters and LAs continued also after the elaboration of the Charter with the aim of promoting a change in our territory through the local communication campaign, composed by 6 different but closely linked initiatives, one for each Umbrian involved territory.

The six municipalities involved supported the commitment of youngster by organizing raising awareness events for a more responsible and sustainable consumptions models, addressed to the citizens. One of them has been held in the city of Terni, where students had the opportunity to present their own initiative, titled “Riciclettario della tradizione umbra”, that is a cookbook containing many traditional recipes of our Region against the wasting of food.

Students with the Chef Giorgio “Giorgione” Barchiesi during the event “Il Riciclettario della tradizione umbra” hold in Terni within the “Save food, love the world” Campaign (December 2016)

The story of an alliance between youngsters and Local Authorities

In our territory, the Umbrian region (IT), FELCOS involved 266 students and 17 Representatives of Local Authorities, aiming at creating a strong link between young people and decision-makers. This link has led to the creation of the territorial proposal of the “Charter DON’T WASTE OUT FUTURE!”, presented and discussed st in Milan during the “1 European Forum 69

In this event, organized within the professional school for cooking involved in the project, also participated the Mayor of the city and one of the testimonials of the “Save food, love the world” Campaign, the


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Chef Giorgio Barchiesi. Besides helping the young cooks prepare the lunch for their guests - based on the recipes of the cookbook - the Chef Giorgione also raised awareness among all the participants in order to promote the food waste reduction, also by inviting people to use the “Foody bag” to take the leftover food. The Foody bag, generally known as doggybag, is one of the other initiatives created and implemented by the students, in this case those from Foligno. They decided to rename the doggy-bag into Food Bag, in order to change the common association of leftover food with that for pets and to overcome the social stigma linked with the action of taking home the leftover food. The Foody bag and all the related dissemination materials, have been supported by 2 municipalities, Foligno and Città di Castello, which committed themselves to promote the Foody bag and the related message to reduce food waste-amongst the restaurants of their own territory, also involving the related category associations in order to increase the impact of the action.

Students and the Head of Municipal Police who has just subscribed the “Charter DON’T WASTE OUR FUTURE!” during the Festival of Science and Philosophy in Foligno – IT, April 2017.

participating in several events aimed to involve other actors and stakeholders. As an example, students participated in the showroom experimenta, in the framework of the “VII edition of the Festival of Science and Philosophy” held in Foligno, showing their raising awareness initiatives on food waste and global right to food and inviting people to say #NoToFoodWaste. By presenting the Foody bag initiative and explaining the project to the visitors, students collected many subscriptions of the Charter and of the pledge receiving very positive feedbacks that reinforced their own willingness to be “Agent of change”.

Alessandro Mancini, Felcos Italy, at the Unesco Forum in Paris, DWOF Project, mai 2016.

Press conference to launch the Foody bag at the premises of the City Hall, Città di Castello IT, May 2017.

Beyond the project activities, the youngsters involved in the local campaign “Save food, love the world” were actively committed in spreading their message against food waste among the citizenship also by

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FOOD WASTE AND LEARNING FOR SUSTAINABILITY IN SCOTLAND By Dr Alan Britton, University of Glasgow, School of Education The University of Glasgow is one of the oldest higher education institutions in the UK, having been founded in 1451. The School of Education is a much more recent entity, formed in the late 1990s through a merger with St Andrew’s College, a pedagogical institution. Nowadays, the School is involved in initial and postgraduate teacher education, lifelong learning, and community education, serving both local and global communities.

One of the particular research and teaching strengths of the School is a focus on learning for sustainability. It also concerns itself with education for citizenship. The Don’t Waste our Future (DWOF) project was a perfect fit for these interests. The City of Glasgow Council was approached at an early stage to seek the support of their Education Department. In recent years 71

there has been an especially close cooperative relationship between the two institutions in relation to education; many of the teachers in Glasgow’s schools have undergone their initial teacher education and continuing professional development at the University.

Glasgow is Scotland’s largest city, with around 600,000 inhabitants. Recent census data indicates that there are around 65,000 pupils in Glasgow City Council schools. Glasgow itself has undergone a major transformation in the post-industrial era, with many modern businesses, leisure and tourist attractions, however there are a number of very deep-rooted social, economic and health issues that have proven difficult to resolve despite many interventions.

Almost half (47.3%) of Glasgow’s residents reside in the 20% of most deprived areas in Scotland, and around 34% of all children in the city are classified as living in poverty. The citizens of Glasgow have the lowest life expectancy in Scotland. Only 13% of children and young people in the Glasgow area eat enough fruit and vegetables, which is similar to the Scottish average. These issues around health and poverty provided a very important context for the DWOF project in Glasgow. We understood that food waste had to be considered as an issue that involved global factors (food security; extended supply chains; seasonality,


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etc), but also quite localised factors (access to fresh fruit and vegetables; food culture; food quality in schools and outlets close to schools, etc.).

Another particular contextual factor that the Glasgow DWOF team identified at the outset of the Project was the wider political and constitutional backdrop in Scotland, and the introduction of votes at the age of 16 in Scottish elections and in the Referendum on Independence in 2014. We believed that one of the keys to addressing food waste in the context of the DWOF project was a form of political-environmental literacy. The young participants had to understand food waste as an issue of environmental sustainability. However they also had to understand the multiple layers of power and decision-making around food waste, in order to learn how they might influence policy at the local level and beyond. This became a key strand in the DWOF work in Glasgow.

The training sessions undertaken with the young participants prior to the Milan event therefore provided a focus both on the basics of food waste (led by Keep Scotland Beautiful, a major environmental education organisation, and the leader of the Eco-Schools Programme in Scotland), and on this political understanding. They also learned about effective campaigning through workshops led by our contracted communications organisation (999 Design). Thanks to this training programme, they produced a national Charter that proved to be very influential on their peers in Milan – many of the key demands in the Milan Charter can be attributed to the details proposed by the Glasgow participants. Their proposals were clearly lin22

ked to the idea of possible, realistic actions at different political levels.

After Milan, the route of political influencing continued at a municipal level. The group of students who had been to Milan led peer-to-peer workshops with younger pupils in Glasgow schools, and also made direct presentations to two Committees of the City Council. In January 2016 the students presented the Charter to the Environmental Services Committee, during which the elected officials committed themselves to introducing food waste triage bins to the schools attended by the participants (as a first step).

The group subsequently prepared a formal paper (with some support from the DWOF Team in Glasgow) to present to the Children and Young People Policy Development Committee in October 201622 . This was a high-level policy event attended by senior officials and elected members for the City. The young people presented their case for local actions arising from the Milan Charter, leading to policy changes across the City; including an ongoing commitment to promote awareness of food waste in the City’s schools; separate bins for food waste in all of the City’s schools; addressing issues around wasteful packaging; and exploring and tackling food waste in other locations belonging to the City, such as libraries and offices.

This presentation to the Council attracted very positive media coverage, and reflected very well on the knowledge and commitment of the young participants from the DWOF project in Glasgow. In subsequent research interviews, some of the young people commented on these aspects of the DWOF project. One suggested that

https://www.glasgow.gov.uk/councillorsandcommittees/submissiondocuments.asp?submissionid=81287

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working with the City council had been very positive in terms of impact, because

“doing that, like we were coming up with a plan and our main ideas and it really felt like we were involved and we were in control when we were doing that.” However the point about political literacy was important too, as they had learned about some of the barriers to tackling food waste around bureaucracy, the sometimes slow pace of political change, and the influence of private contracts in food provision, etc.

For the Scottish participants this was one of the most critical learning points to emerge from DWOF – in order to tackle the global problem of food waste, young people (and all citizens) need to understand the political dimensions to food waste at a local as well as national and global level.

The legacy of the DWOF project will continue. The DWOF Charter, and the peer-topeer approach, have been adopted by a cluster of primary schools alongside one of the participating secondary schools. More broadly, the DWOF team are working with other stakeholders in Scottish Food and education policy to maintain the momentum towards more sustainability-minded, and politically engaged, young people.

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LE PROJET DWOF ET LE GASPILLAGE

Créer et animer un réseau d’échange d’informations sur la prévention, la collecte sélective et le recyclage des déchets.

ALIMENTAIRE EN BELGIQUE

Pour renforcer les connaissances et les compétences du réseau, ainsi que pour promouvoir l'innovation dans le domaine de la gestion des ressources matérielles, ACR + est également engagé dans plusieurs projets au niveau européen et dans la région méditerranéenne, en coopération avec ses membres. Pour plus d’informations : http://www.acrplus.org

Par Philippe MichaudNaudet, ACRPlus, Belgique Les missions de ACRPlus ACR+ (Association des Cités et Régions pour la gestion durable des Ressources) est un réseau international de villes et de régions partageant le but de promouvoir une gestion durable des ressources et d'accélérer la transition vers une économie circulaire sur leurs territoires et au-delà.

ACR+ a plusieurs missions : Contribuer au niveau européen et international à la prévention des déchets et à leur gestion rationnelle en termes écologique et économique ;

Contribuer à fermer la boucle des matières premières primaires et secondaires ;

P ro m o u v o i r l a t r a n s i t i o n d ’ u n e économique linéaire à une économie circulaire ;

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Les actions mises en œuvre par les LAs ou les étudiants dans le cadre de DWOF Le projet Don’t Waste Our Future (DWOF) a pour but de construire une alliance européenne de jeunes contre le gaspillage alimentaire et pour de nouveaux modèles de développement et de consommation durable dans le cadre de l’année européenne du développement 2015. Ce projet est un exemple de coopération contribuant à l’objectif de développement durable des Nations Unies (Sustainable Development Goal) visant à la réduction de 50% du gaspillage alimentaire d’ici 2030.

ACR+ est en charge de la coordination du projet en Belgique, en particulier de la campagne de communication, visant à promouvoir les activités menées durant le projet et en particulier la Charte DWOF sur la lutte contre le gaspillage alimentaire (accessible sur le site ACR +).


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ACR+ a travaillé en collaboration avec des autorités locales belges et des acteurs locaux pour sensibiliser à la thématique du gaspillage alimentaire. Pour ce projet, ACR+ a recruté deux écoles secondaires (Maria-Boodschaplyceum à Bruxelles et l’Athénée Royal de Ganshoren). Elles sont impliquées dans le projet et aident au développement des méthodes et du matériel. Plusieurs activités ont eu lieu : training peer-to-peer des élèves du secondaire à destination du primaire et des actions de communication développées par les élèves du secondaire. Les élèves ont aussi créé des courtes vidéos, disponibles en ligne qui traitent de manière humoristique des dates d’expirations, des doggy-bags et de l’alimentation locale. Ils ont également participé à une vidéo promotionnelle en donnant des informations clés sur le gaspillage alimentaire et en encourageant les citoyens à suivre leur exemple.

Des actions de communication réalisées au-delà des acteurs impliqués

- Une campagne Thunderclap, coordon-

-

-

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née par ACR+, a été organisée à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation le 16 octobre 2016, touchant environ 180 000 personnes sur les réseaux sociaux.

Un événement « Belgian Campaign Happening» a également été organisé le 25 novembre 2016 à Bruxelles, pendant la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets 2016 (SERD). Durant cet évènement, un ensemble d’acteurs locaux (autorités publiques, ONGs, professeurs et élèves) étaient présents afin d’échanger leur expérience dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.

La conférence finale du projet du 20 avril 2017, à Bruxelles : les résultats du projet DWOF ont été présentés. Une attention particulière a été apportée au sujet plus général des systèmes d’alimentation durable au niveau local.


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THE DWOF PROJECT IN SPAIN, By Yolanda Ramirez, FAMSI, Spain Presentation of FAMSI

and the North and with communities dealing with socioeconomic development processes.

The final objective of FAMSI is to promote a fairer world from the cooperation of the local governments and the Andalusian solidarity, by means of coordination, participation and network articulation processes.

The Andalusian Fund of Municipalities for International Solidarity, FAMSI, is a regional Network of Municipalities and Provinces and other private and public institutions founded in 2.000 to coordinate and promote the public decentralized international cooperation carried out by local governments in the region of Andalusia, in the south of Spain.

FAMSI groups more than 150 institutions in Andalusia, 86 local authorities being partners of the network and 66 organizations from civil society (universities, foundations, NGOs, private companies, public societies) that collaborate with the partner ones.

As usual activities,

FAMSI promotes the institutional strengthening and the capacity building in the South countries as a result of the decentralized cooperation experience in Andalusia.

FAMSI participates in the elaboration of regional, national and international development cooperation strategies with the support of the regional government.

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FAMSI participates in networking processes and links the Andalusian decentralized cooperation actors with other ones in other countries in the South

FAMSI has two offices in Andalusia, one in Seville and one in Cordoba and delegations abroad in Morocco, Mauritania-Senegal and Dominican Republic-Haiti.

The main topics or working fields for this network are migration, equal opportunities, local economic development, food security and responsible consumption, environment protection, human rights and education for development.

Website of FAMSI…


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Actions promoted before the students and/or LAs realized before the Milan gathering All the secondary students that participated in the training workshops on food waste were involved in a participatory process to work in the contents for a territorial proposal for the Charter, first individually, in each of the five secondary schools during the training workshops carried out in each secondary centre. A total of 242 students were mobilised to make proposals.

After the workshops on food waste for Local Authorities and once the selection procedure of the students for Forum in Milano attendance had been closed, FAMSI organised meeting with a smaller students´ participation to share ideas and to exchange different point of views based on the conclusions each secondary school had reached individually as a result of the training workshops.

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This meeting took place last 24/09/15 in San Jose de la Rinconada, province of Seville, in the library of the Carmen Laffon Secondary Centre. The selected participants were: 15 students selected from five secondary schools, 5 teachers, three representatives from Local Authorities, the project coordinator in FAMSI. The meeting was facilitated by two external experts responsible for the training workshops.

Through participatory methodologies the students discussed in groups with Local Authorities and a common proposal for a Local Charter was concluded. This was a successful activity since we consider it an example of collaborative work among both students and Las. In addition, a local Charter with our commitments to be discussed in Milano was provided. We are proud of it.

After the Milan gathering, FAMSI started an awareness campaign called “Before wasting, take your “doggy bags” home” in a municipality of 20.000 habitants called Alcala la Real, province of Jaen. In the Municipality, a double need was identified: on the one hand, the restaurant sector was aware of the large amount of food that was wasted in their establishments, and on the other, the citizenship in general, was also aware of the numerous occasions in which they had leftovers in these establishments and even knowing that it was going to be thrown away, they did not take it home, mainly for shame to demand it or because the restaurants did not offer them proper solutions.

In this context and in the framework of “Don’t Waste Our Future” project, a successful awareness campaign among 38 restaurants was carried out that included the restaurants´ commitment to the awareness campaign and identification with posters outside the establishments and the distribution of 4.000“Doggy bags” among them with the following objectives:


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To offer the restaurant customers the possibility of taking leftovers home in a “doggy bag” to be able to enjoy the food later. The idea was that restaurants might offer these bags to clients without having to ask for them.

To reduce the obstacles that prevent citizens from asking the food they have not consumed, taking advantage of the dissemination of the campaign in mass media. The idea was that the citizens might consider this habit as normal in their daily life.

To raise awareness about the importance of adopting changes in individual and collective consumption habits that supposed a reduction of the amount of food that was wasted.

Citizens, although they have always been aware of this situation, had not yet demanded to the restaurants some initiative that could allow them to take the food left home, either for shame or to avoid starting a debate in this regard.

The involvement, coordination and teamwork from different areas of the city council, as well as from all the local agents involved (local businesses, secondary schools, press media,...) allowed the success of this campaign. Once finished, the City Council intends to reactivate this campaign every year during the same months to continue creating social consciousness on the part of the restaurants, supermarkets and the general population.

What could others learn from this experience? Food waste in the restoration sector is a universal fact, while the needs and demands of the citizens coincide in time and form. The economic cost of this initiative is minimal compared to the significant impact it can cause. In addition, it is a campaign that easily adapt to the means and available technical and human resources of any other institution.

Our territory

The issue of food waste is an issue that has been and is present in the social conscience of the people. Lots of establishments had detected the need to create an initiative that would allow them to reduce the large amount of food that is wasted, especially in those events such as weddings, celebrations or company/family dinners.

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In addition, this initiative can be extrapolated to other sectors, such as the butchers and fishmongers, where reusable containers can be offered in these establishments to reduce the consumption of plastic bags. Finally, for a collaborating establishment, to be able to offer this type of service is an indicator of prestige and added quality, as well as the great environmental benefit it causes at a very low economic cost.


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

BRIDGE-BUILDER

LE SIOM, UN SYNDICAT ENGAGE Par Clémence Mondiet, France, Vallée de Chevreuse

Le Siom a fait partie des acteurs engagés dans le cadre du projet DWOF, - en tant qu’« autorité locale partie prenante ».

Clémence Mondiet au aussi participé au projet DWOF, et notamment au forum à l’Unesco en mai 2017, associant l’ensemble des acteurs engagés, sur le territoire de l’Essonne notamment. Le territoire du Siom de la Vallée de Chevreuse compte 21 communes, en Essonne et dans les Yvelines, avec en partie des communes semi-rurales, principalement pavillonnaires et de communes urbaines denses, avec près de 93% d’habitats collectifs. Le SIOM se compose d’un comité syndical 79

comprenant 42 élus titulaires et leurs suppléants.

Présentation des actions du SIOM en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire Le Siom de la Vallée de Chevreuse a collecté en 2016 plus de 73 000 tonnes de déchets ménagers. Les emballages et le verre ont été recyclés, et les déchets verts ont été compostés, tandis que les encombrants et les ordures ménagères ont permis de produire de la chaleur. Ceci a été la source de la production de l’électricité et de l’eau chaude sanitaire grâce à l’usine de valorisation énergétique du SIOM. Depuis 2010, la quantité des déchets a diminué de 6%, effort qu’il sera nécessaire de poursuivre pour atteindre une réduction de 10% d’ici 2020. Le SIOM, est engagé dans un Programme Local de Prévention des déchets depuis 2011, permettant de mettre en œuvre de nombreuses actions de réductions, autour de la lutte contre le gaspillage alimentaire, du jardinage naturel (broyage-paillage, compostage-lombricompostage), du ménage naturel.


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

Parmi les actions de lutte contre le gaspillage alimentaire, l’animation Top’chefs anti-gaspi’, organisée à deux reprises lors de la Fête de la Récup’ annuelle du SIOM, a connu un certain succès. Plusieurs dizaines de kilos de fruits, légumes et pain s sont récupérés auprès des supermarchés, fermes et associations partenaires, destinés à être jetés.

Des paniers de produits identiques sont mis à disposition des huit équipes composés d’élèves et d’habitants pour cuisiner une entrée, un plat ou un dessert, avec l’aide d’un chef cuisiner.

Les habitants repartent de cette animation, avec des idées de recettes anti-gaspi’ à reproduire à la maison.

Pour davantage d’informations, voir le site du SIOM…

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Common Good Forum/Bridge-Builder#11




INTELLECTUELS THINKERS

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

THINKER

POUR SORTIR DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE : CONSIDERER L’ALIMENTATION COMME UN BIEN COMMUN ? Pr Jean-Louis Rastoin, fondateur et conseiller scientifique de la chaire UNESCO en « Alimentations du monde », Montpellier SupAgro Ingénieur agronome, docteur d’État ès sciences économiques et agrégé des universités en sciences de gestion, Jean-Louis Rastoin est p ro f e s s e u r é m é r i t e à Montpellier SupAgro, fon82

dateur et conseiller scientifique de la chaire UNESCO en « Alimentations du monde ».

Co-fondateur et ancien directeur de l’Unité mixte de recherche CiheamIamm/Cirad/Inra/SupAgro « Marchés, organisations, institutions et stratégies d’acteurs » (MOISA), il anime le comité de rédaction de la revue « Systèmes alimentaires / Food Systems » publiée par les Editions Garnier à Paris.

Expert associé du Think Tank Ipemed, il est membre de l’Académie d’Agriculture de France. Son enseignement et ses recherches portent sur les systèmes alimentaires, les marchés agricoles agroalimentaires, la prospective et les stratégies d’entreprises.

Publications récentes Rastoin J.L., Ghersi G., 2010, Le système alimentaire mondial : concepts et méthodes, analyses et dynamiques, éd. Quae, Paris : 584 p.

Lien web….

Rastoin J.-L., Bouquery J.-M., dir., 2015, L’Industrie agroalimentaire en France, La Documentation Française, Etudes, Paris : 253 p.

Lien web…

Rastoin J.-L., Ferault C., dir., 2017, La sécurité alimentaire mondiale, Etat des lieux et prospectives, L’Harmattan, Paris (à paraître).


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

Les références politiques, scientifiques et médiatiques à l’objectif de sécurité alimentaire sont multiples depuis la première conférence mondiale sur l’alimentation tenue à Rome en 1974. Il y a cependant beaucoup d’incompréhensions sur le concept et donc des interprétations contradictoires et souvent discutables des résultats obtenus. En conséquence, les stratégies mises en œuvre pour assurer la sécurité alimentaire à l’échelle nationale et internationale — lorsqu’elles existent — restent à ce jour peu efficaces.

Cette communication sera organisée en 3 temps : compréhension, bilan, et action stratégique.

Que doit-on entendre par « sécurité alimentaire  » ? Pour avoir une vision globale de la situation aujourd’hui, il faut se référer à la définition du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA)23, instance internationale siégeant auprès de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), dont le bureau est composé d’institutions intergouvernementales, d’organisations non gouvernementales (ONG) représentant la société civile, d’institutions financières internationales (telles que la Banque Mondiale), de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), d’associations professionnelles et de fondations philanthropiques.

Pour le CSA, «  La sécurité alimentaire est assurée lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité phy23

sique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, salubre et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Les quatre piliers de la sécurité alimentaire sont la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la stabilité. La dimension nutritionnelle fait partie intégrante du concept de sécurité alimentaire et des travaux du CSA »24 . Cette définition intègre trois composantes fondamentales et complémentaires d’une bonne alimentation : la quantité de nourriture et sa qualité, faisant référence aux critères nutritionnels, mais aussi le critère des préférences alimentaires renvoyant à des paramètres culturels et historiques.

Cependant, la définition est muette sur la manière de produire les aliments requis. C’est pourquoi elle doit être insérée dans une approche plus globale, celle «  d’alimentation durable ». Là encore, on peut se référer aux travaux de la FAO retenant le terme de régimes alimentaires durables, régimes qui «  … ont de faibles conséquences sur l’environnement, et contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations présentes et futures. Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, nutritionnellement sûrs et sains, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines »25 .

On retrouve ainsi les différents éléments du cadre conceptuel de «  système alimentaire  » qui seul permet de considérer de façon théorique et opérationnelle dans ses différentes facettes la question de la sécu-

Comité de la sécurité alimentaire mondiale, Voir le rapport du CSA…

24

Tel que défini dans le document « Cadre stratégique mondiale pour la sécurité alimentaire et la nutrition » du CSA (5e version, 2016), lien web... 25

Lien vers le site web de la FAO...

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

rité alimentaire : «  le système alimentaire est la façon dont les hommes s’organisent, dans l’espace et dans le temps, pour obtenir et consommer leur nourriture »26.

En effet, se préoccuper du seul volet «  consommateurs  », comme dans la définition de la sécurité alimentaire, serait vain sans considérer l’adéquation de l’offre aux besoins alimentaires. Cette incomplétude est malheureusement fréquente en raison du cloisonnement des disciplines scientifiques, des pratiques bureaucratiques en «  silo  » des administrations publiques et des dérives de la société de consommation imputables aux techniques de harcèlement du marketing et plus généralement à la financiarisation de l’économie. Un système alimentaire, c’est aussi un ensemble complexe d’acteurs interdépendants intervenant depuis la production de molécules d’intrants agricoles jusqu’à la gestion des déchets alimentaires des consommateurs27 .

Le degré de sécurité alimentaire d’une région, d’un pays ou du monde doit donc s’apprécier selon les dimensions du développement durable appliquées aux systèmes alimentaires, dimensions qui sont au nombre de 4 : -

26

La dimension sociale qui comprend 1) la santé individuelle et publique en relation avec la production (maladies professionnelles) et la consommation (maladies infectieuses et chroniques) alimentaires, dans une approche psychosomatique de «  bien-être  »  ; 2) le niveau d’emploi dans le système alimentaire ;

-

La dimension environnementale, avec 1) la préservation des ressources naturelles telles que la terre, l’eau, la biodiversité  ; 2) l’impact sur le changement climatique ;

-

La dimension économique incluant 1) l’utilisation optimale des facteurs de production et la capacité à dégager des marges  ; 2) la contribution à l’équilibre économique des territoires ;

-

Le mode de gouvernance qui doit avoir un caractère démocratique et participatif, incluant l’ensemble des parties-prenantes, et respecter des règles éthiques dans le partage de la valeur créée et les modes d’information.

Un monde en état d’insécurité alimentaire Il n’existe à ce jour aucun dispositif d’évaluation des systèmes alimentaires incluant ces différents critères28 .

En recoupant différentes sources, on peut néanmoins tenter un bilan partiel et aboutir à la conclusion d’une situation d’insécurité alimentaire mondiale, avec d’importantes disparités entre les pays.

Le bilan du système alimentaire contemporain, qui voit une prédominance des modèles agro-industriel et traditionnel (environ 50 % de l’humanité pour le premier et 35 % pour le second, contre 15 % pour les formes intermédiaires), est celui d’un échec de grande ampleur si on le mesure à l’aune du droit à l’alimentation inscrit dans la Déclaration universelle des droits

Malassis, L., 1994, Nourrir les hommes, Flammarion.

27

Rastoin J.L., Ghersi G., 2010, Le système alimentaire mondial : concepts et méthodes, analyses et dynamiques, éd. Quae, Paris : 565 p. Lien web... 28

La FAO a créé une base de données sur l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde, très utile, mais incomplète par rapport au référentiel du développement durable des systèmes alimentaires. Lien web...

L’IFPRI a construit un « Indice global de la faim », axé sur les critères de sous-alimentation. Lien web Ifrpi… Et Article sur Dataverse

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

de l’homme de 1948 et à celle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle telle que définie par le CSA. En effet, plus de 50 % de la population mondiale est mal nourrie : plus de 2 milliards de personnes en état de sous-alimentation ou de carences alimentaires (donc près de 800 millions en déficit calorique, selon la FAO29 ) et près de 2 milliards souffrant de surpoids et d’obésité, avec leur cortège de maladies non transmissibles d’origine alimentaire (maladies cardio-vasculaires, diabète, cancers) expliquant plus de 50 % de la mortalité mondiale selon les statistiques de l’OMS. Par exemple, le diabète de type 2 connaît une croissance exponentielle dans de nombreux pays du monde, au Nord comme au Sud30.

La sous-alimentation correspond à une insuffisance de la ration calorique et provoque une sensation de faim. Lorsqu’elle est de grande ampleur, on parle de famine. Les plus grandes famines de l’histoire sont imputables à des causes naturelles (sécheresse, inondations, accidents telluriques) et surtout à des causes humaines (guerres, décisions politiques31).

En juillet 2017, la sous-alimentation frappait 30 % de la population de la Corée du Nord : désastre imputable à la fois à une sécheresse exceptionnelle et à des causes institutionnelles.

L’insécurité alimentaire comporte de nombreux autres paramètres, et l’on peut considérer aujourd’hui que le problème majeur est pathologique, et résulte d’une mauvaise qualité de l’alimentation, consé-

quence de l’absence de politiques alimentaires adéquates.

À cette crise sanitaire s’ajoutent les problèmes très préoccupants du réchauffement climatique (impact sur les récoltes pouvant aller jusqu’à des baisses de rendement de 30 %), des nuisances écologiques (pollutions chimiques, physiques et organiques), du chômage croissant (particulièrement celui issu de l’exode rural), de la montée des disparités économiques au sein des pays et entre les pays (entrainant une précarité alimentaire), de l’extrême volatilité des marchés et donc des revenus des agriculteurs et des chefs d’entreprises agroalimentaires, particulièrement des PME et TPE, des distorsions de concurrence avec des oligopoles très puissants dans l’agro-fourniture et la grande distribution.

De la nature des biens alimentaires Le constat de «  non-durabilité alimentaire mondiale  » que nous venons d’établir invite à s’interroger sur la nature de l’alimentation en tant que bien.

La typologie des biens établie par l’économiste Paul Samuelson distingue 4 catégories de biens selon 2 principes :

1) rivalité : un bien rival ne peut être utilisé simultanément par plusieurs agents économiques, par exemple une pomme  ; un bien non-rival peut l’être, par exemple la télévision ;

29 Lien sur le site de la FAO… 30

Selon une étude publiée par The Lancet Diabetes & Endocrinology (July 2017), le nombre d’adultes diabétiques en Afrique est passé de 4 millions en 1980 à 25 millions en 2014, entrainant des coûts de 17 milliards d’euros, somme qui pourrait tripler d’ici à 2030. Lien web… 31

Comme celles de Staline dans l’Union soviétique avec le « Grand tournant » des années 1930 et de Mao Tse Toung en Chine lors du « Grand bond en avant » dans les années 1960. Dans les 2 cas, il s’agissait d’une politique économique de transfert massif de travailleurs de l’agriculture vers l’industrie. Bilan : au moins 6 millions de morts par « génocide de la faim » en URSS et 30 millions en Chine.

Voir sur ce sujet : Devereux S., 2002, Famine in the Twentieth Century, IDS Working Paper, n° 105, University of Sussex, Brighton.

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

2) exclusion : un bien exclusif ne peut être utilisé qu’avec l’accord du détenteur des droits de propriété, par exemple une automobile ou un brevet  ; un bien non-exclusif est utilisable par tous, par exemple l’eau de pluie).

Il résulte de ces principes 4 catégories de biens. Typologie des biens selon la théorie économique

Caractère

Exclusif

Non-exclusif

Rival

Bien privé

Bien commun

Non-rival

Bien club

Bien public

Les biens alimentaires se retrouvent dans 2 des 4 catégories :

• bien privé (les produits achetés par les clients des commerces alimentaires),

• bien commun (les fraises des bois dans les parcs nationaux ou régionaux, lorsque la cueillette est autorisée), selon le principe de rivalité (tout bien consommé par X vient diminuer le stock de produits et donc la consommation potentielle des autres individus).

Par contre, on ne peut trouver de produits alimentaires obéissant au principe de nonrivalité, puisque la quantité de nourriture disponible à un moment donné sera conditionnée par les ressources productives.

Un bien alimentaire étant privé, il serait nécessaire, dans une optique d’alimentation durable des consommateurs, que des normes soient spécifiées afin que les autres attributs que la valeur marchande des produits puissent être intégrés dans le

32

processus de production et de commercialisation (et donc dans le prix).

Ceci est aujourd’hui le cas pour certains aspects sanitaires (normes toxicologiques par exemple), mais encore faiblement pour de nombreux composants et résidus nocifs, pour l’impact environnemental et la protection de l’origine, et pas du tout en ce qui concerne les aspects nutritionnels et le dumping social. Il en résulte des distorsions de concurrence entre territoires et des niveaux de sécurité alimentaire très hétérogènes.

L’alimentation/bien commun se réfère à une production à partir de ressources collectives. La très médiatisée «  Tragédie des communs  » énoncée par le biologiste et sociologue Garett Hardin en 1968 stipule que lorsqu’une ressource est en libre accès, ses utilisateurs vont la surexploiter ne se souciant que de leur intérêt particulier, ce qui conduira à une destruction de la ressource.

L’exemple donné par Garett Hardin concerne indirectement l’alimentation puisqu’il s’agit de pâturages communaux ouverts à tous les éleveurs. Pour Hardin, il n’y a que 3 solutions pour sortir de cette impasse : limiter la taille des troupeaux, nationaliser ou privatiser la ressource foncière32 .

Elinor Ostrom, économiste américaine, prix «  Nobel  » en 2009, a contesté cette interprétation à partir d’études empiriques (monographies sur l’irrigation en Espagne, les terres communales au Japon, l’exploitation des forêts en Asie du Sud-est, etc.).

Elle a montré que des formes de gouvernance basées sur une co-gestion du bien commun par ses différentes parties-prenantes (producteurs, responsables politiques locaux, associations d’usagers) conduisaient à une auto-régulation de la ressource. La co-gestion signi-

Hardin G., 1968, « The tragedy of the commons », Science, vol. 162, n° 3859, pp. 1243-1248. Lien web…

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

fie l’édiction de règles institutionnelles et la mise en place de dispositifs de contrôle et de sanction33.

En dépit de critiques sur les faibles performances de 8 des 14 cas étudiés et sur l’inévitable imbrication entre les cadres institutionnels locaux, nationaux et internationaux34 , les travaux d’Elinor Ostrom constituent un apport majeur à un moment où les contestations du modèle capitaliste industriel, globalisé et financiarisé s’amplifient, et où des formes de gouvernance génératrices d’un développement durable sont recherchées.

Outre la dimension des ressources collectives, une seconde justification pour considérer l’alimentation comme bien commun — au-delà de son acception économique — se trouve dans la notion politique et juridique de droit à l’alimentation qui étaye le concept de sécurité alimentaire.

C’est lors de la Conférence internationale de Hot Springs aux États-Unis en 1943, qu’est apparue l’ambition de «  mettre l’humanité à l’abri du besoin alimentaire ». Cette Conférence devait conduire à la création de la FAO en 1945 et à une mention, dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, du droit à l’alimentation :

«  Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bienêtre et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation… » (Article 25)35.

En 1966 a été ratifié par l’assemblée générale des Nations Unies un Pacte international relatif aux droits économiques,

sociaux et culturels36 , qui comporte une définition du droit à l’alimentation et indique les obligations qui en résultent pour les États membres : respecter l’accès à la nourriture de leurs citoyens et le faire respecter par les entreprises et les individus, faciliter l’exercice de ce droit et donner — lorsque les individus en sont privés — effet directement à ce droit par la distribution de nourriture.

En 1979, l’ONU a créé une fonction de rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation chargé de suivre ce thème37 .

Force est de constater, en dépit des efforts louables des rapporteurs spéciaux, que peu de pays dans le monde appliquent aujourd’hui le droit à l’alimentation dans toutes ses dimensions, notamment qualitatives.

Fondements stratégiques pour une sécurité alimentaire durable Comme nous l’avons établi, l’alimentation est à la fois un bien privé de par une consommation nécessairement individuelle et un bien commun de par sa production à partir de ressources collectives limitées (principalement la terre, l’eau, la biodiversité) et sa nature institutionnelle, même si le cadre juridique du processus de production et de commercialisation relève majoritairement du droit de propriété.

Le seul critère du prix de marché ne peut donc s’appliquer à l’aliment qui n’est pas un bien comme les autres. Vouloir l’assimiler et le gérer comme un smartphone ou une paire de baskets est une erreur politique et managériale.

33

Ostrom E., 1990, Governing the Commons: The Evolution of Institutions for Collective Action, Cambridge: Cambridge University Press. Lien web… 34

Cf. par exemple Harribey J.-M., 2011, Le bien commun est une construction sociale. Apports et limites d'Elinor Ostrom, L'Économie politique 2011/1 (n° 49), p. 98-112. Lien web… 35

Déclaration universelle des droits de l’Homme, Lien web…

36

Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Lien web....

37

Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, voir son mandat, lien web….

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

L’alimentation est par essence de nature polysémique : biologique, psychologique, culturelle, sociale, économique.

En conséquence, tout système alimentaire subit une double contrainte, celle de la spécificité du bien concerné, la nourriture, et celle de la finitude des ressources productives.

La stratégie qui consiste à poursuivre le mouvement d’artificialisation des aliments (par exemple avec des boissons nutritionnelles synthétiques) et d’intensification de leur production (par exemple avec des fermes verticales) constitue probablement une impasse et surement pas une solution pour réduire l’insécurité alimentaire mondiale du fait du poids encore considérable de la population vivant de l’agriculture et des filières agroalimentaires.

Une telle stratégie s’inscrit pourtant dans ce que l’on peut qualifier de «  scénario tendanciel  », car adoptée par les firmes hégémoniques du système.

Le constat de «  non-durabilité alimentaire mondiale  » que nous avons fait plus haut invite donc à concevoir et construire un système alimentaire «  alternatif  ».

L’apport d’Elinor Ostrom est particulièrement utile pour proposer quelques pistes dans cette perspective.

Le scénario alternatif fait l’hypothèse d’un changement de paradigme, avec la prise en compte équilibrée des 4 composantes du développement durable (cf. supra), en substituant une gouvernance partenariale à une gouvernance actionnariale, avec un renforcement de

la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et de l’éthique alimentaire. Dans ce scénario, les technologies sont orientées vers une meilleure intégration dans l’écosphère. La production d’aliments est basée sur une triple proximité entre agriculture, élevage et forêt par l’agroécologie, entre matières premières et transformation par l’artisanat et les industries agroalimentaires, entre producteurs et consommateurs par les circuits courts, dans le cadre d’une bioéconomie circulaire territorialisée limitant les pertes et gaspillages. La diète alimentaire, privilégiant les produits locaux et à valeur organoleptique, nutritionnelle et culturelle, est diversifiée.

Ce scénario est porté par les organisations de l’économie sociale et solidaire et vient consolider les très nombreuses initiatives pour une alimentation responsable et durable (IARD) aujourd’hui observées à travers le monde38.

Une de ses manifestations est la croissance exponentielle du marché des produits agricoles et agroalimentaires bios, une autre est la multiplication des circuits courts de commercialisation.

Ce scénario conduit vers une nouvelle forme de système alimentaire qualifié de territorialisé (SAT) par les chercheurs et certaines instances administratives et professionnelles39 .

En terme stratégique, on est en présence de deux figures contrastées : * d’une part, dans le scénario agro-industriel, une stratégie de domination par la

38

Voir Journal Resolis, n° 5 (France), n° 7 (Québec), n° 10 (Costa Rica), n° 12 (Méditerranée) sur les systèmes alimentaires territorialisés. Lien web… 39

Rastoin J.-L., 2015, Les systèmes alimentaires territorialisés : considérations théoriques et justifications empiriques, Economies et Sociétés, Tome XLIX, (11/2015), Série « Systèmes agroalimentaires », AG, N° 37, Isméa Les Presses, Paris : 1155 – 1164. Lien web...

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Common Good Forum/Bridge-Builder #15

La troisième transition s’opère avec l’apparition des grandes cités et de la division du travail entre agriculteurs, artisans et commerçants, il y a environ 5 000 ans.

Quatrième transition : la révolution industrielle s’empare des chaînes agricoles et alimentaires — de la production d’intrants à l’assiette du consommateur — aux XIXe et XXe siècles et constitue le modèle hégémonique contemporain.

La cinquième transition a débuté avec le Sommet de la Terre de Rio en 1992, elle résulte de la prise de conscience des externalités négatives de ce modèle, des aspirations de la société civile à un nouveau mode de gouvernance alimentaire et des innovations issues de la bio-économie circulaire et du numérique.

massification des volumes, la réduction des coûts et l’accumulation financière ;

* d’autre part, dans le scénario des SAT, une stratégie basée sur des ressources territoriales spécifiques humaines et patrimoniales et la différenciation des produits par la qualité40 .

* Des scénarios hybrides sont probables du fait du nombre de systèmes alimentaires existants et de leur contingence à des environnements géographiques et institutionnels variés41. Les trajectoires stratégiques doivent néanmoins se garder de tout mimétisme historique au nom de prétendues « étapes du développement ». Ainsi, pour les pays du sud, l’accès à une sécurité alimentaire durable peut se faire en construisant des SAT, sans passer par un stade agro-industriel.

La cinquième transition : vers plus de sécurité alimentaire  ?

Dans les transitions alimentaires, analyses historiques et visions prospectives montrent le rôle clé joué, d’un côté par la chaîne des savoirs (recherche, innovation et formation) et, de l’autre, par les dispositifs institutionnels. Les transitions alimentaires et les controverses qu’elles génèrent interpellent finalement sur les notions de «  progrès  » et de «  civilisation  ».

L’économiste, diplomate et homme d’affaires John Meynard Keynes suggérait à ce sujet dans sa «  Lettre à nos petitsenfants », publiée en 1930 : « Il serait temps pour l’humanité d’apprendre comment consacrer son énergie à des buts autres qu’économiques  ».

L’histoire de l’alimentation se confond avec celle de l’humanité. Elle a été jalonnée par des transitions, avec une accélération des changements tant technologiques et économiques que sociaux et culturels au cours des temps42 .

La première rupture est constituée par l’usage du feu pour préparer la nourriture, il y a plus de cinq cent mille ans. Le feu annonce la cuisine (technique de transformation des produits de la cueillette et de la chasse) et le repas (moment social).

Deuxième transition : voici douze mille ans, la domestication des premières espèces végétales et animales donne naissance à l’agriculture, à l’élevage et à la sédentarisation des groupes humains.

Les systèmes alimentaires pourraient constituer à cet égard un laboratoire pour un futur plus durable.

40

Voir à ce sujet les travaux pionniers de Edward Chamberlin (début des années 1930) et à sa suite Michael Porter. Porter, M. E., 1985, The Competitive Advantage: Creating and Sustaining Superior Performance. NY: Free Press, New York, 557 p. Lien web Holis+ de Harvard University… 41

Cf. Claquin P., Martin A., Deram C., Bidaud F., Delgoulet E., Gassie J., Hérault B., 2017, MOND’Alim 2030, Panorama prospectif de la mondialisation des systèmes alimentaires, Paris, La Documentation française, 228 p. Lien web… 42

PRATICTIONERS

Harari Y. N., 2015, Sapiens. Une brève histoire de l’humanité, Albin Michel, Paris.

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PRATICIENS PRACTITIONERS

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PRATICIEN

LA VILLE COMESTIBLE : ENJEU MAJEUR POUR L’AGRICULTURE. ENTRE BIEN COMMUN & BIEN MARCHAND Par Antoine Lagneau, Naturparif La ville comestible L’agriculture urbaine peut transformer la ville jusqu’à la rendre généreuse, accueillante, ouverte, inclusive et finalement comestible. La notion de ville comestible permet alors de repenser la cité, en faisant converger les questions alimentaires, agricoles, environnementales et sociétales.

Cultiver l’espace urbain, c'est ré-ensemencer des territoires guettés par l'imperméabilisation à toute forme de nature et de culture. Dans les métropoles toujours plus tentaculaires qui se développent à la surface du globe, la bétonisation engloutie le moindre brin d’herbe tandis que le système économique mondialisé et ses réseaux ultra connectés finit d’uniformiser les cultures et les esprits. L’artificialisation de nos villes et de nos vies requiert au91

jourd’hui toute notre attention alors que l’urbanisation du monde s’étend inexorablement. Le 21ème siècle sera celui de la ville : du futur que nous imaginons pour celle-ci dépendra en partie le futur de l’Homme.

Face à un avenir de tensions et de fractures urbaines, la ville comestible propose un futur qui tourne le dos à des modèles de société et des système politiques comptables, par leurs dérives autoritaires, individualistes, mercantiles et technologiques, des désordres à venir.

La ville comestible, c’est la possibilité de retrouver la ville refuge, ouverte aux hommes et à l’ensemble des êtres vivants, à cette biodiversité dont nous faisons collectivement partie. La ville comestible accueille, soulage, soigne et renoue aussi avec son environnement immédiat, son hinterland nourricier et les campagnes proches. Elle offre une reconnexion à la nature et à la culture où l’agriculture urbaine occupe une place centrale.

L’agriculture urbaine : une force de mobilisation et de réinvention des usages Assurément. Mais en étant accompagnée d’autres mouvements convergeant comme elle, vers plus de justice sociale et environnementale. L’originalité de cette forme d’agriculture, et ce qui en fait un formidable instrument de transformation de nos vie et de nos villes, réside dans sa force de mobilisation et de réinvention des usages de l’espace public, des bâtiments et


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et des infrastructures, vertes et grises, qui composent le paysage de nos métropoles.

culturels et sociaux, nourrit du brassage des populations qui font la ville.

C'est la manière de penser, concevoir et gérer le territoire urbain qui est ainsi questionnée, à travers un ensemble de notions transversales qui inspirent ce mouvement, que sont la permaculture, l'économie sociale et collaborative, les savoirs et savoir-faire manuels, la gestion circulaire des flux de matières…

Des populations qui, précisément, aspirent de plus en plus à reprendre le contrôle de leur alimentation et à jouer un rôle dans cette forme de revitalisation territoriale.

A l’heure où certaines villes préfèrent encager leur espace public pour ne pas voir des campements précaires se former ; au moment où des quartiers se résidentialisent pour s’abriter derrières des grilles et autres caméras de sécurité ; alors que s’immisce dans les consciences, la certitude de ne pas pouvoir vivre ensemble, ces communs urbains que sont les espaces cultivés peuvent offrir aux habitants une ville ouverte, faite de partage et d’inclusion.

Le mouvement des communs urbains au XXIème siècle Les communs urbains du 21ème siècle puisent leur inspiration dans l’histoire de paysans anglais du 16ème siècle qui résistèrent à la politique des Enclosures menée par de riches propriétaires fonciers, les privant de l’accès aux terres jusque-là gérées collectivement.

Mais c’est aussi, plus proche de nous, l’idée des Incroyable Comestibles, venus là aussi d’Angleterre, qui propose aux habitants légumes et fruits en accès libre, dans les rues de nos villes.

L’agriculture urbaine est un mouvement qui se nourrit de mouvements sociaux, humaniste, altruistes et écologiques.

En s'infiltrant dans tous les interstices de la ville, cette forme d’agriculture reconnecte les habitants à la faune, à la flore et à la terre vivante pour finalement développer de multiples rhizomes, politiques,

92

Ce que constate Christophe Bonneuil, chercheur au CNRS pour qui « face à la standardisation du vivant du modèle Révolution verte, face à son appropriation par des monopoles privés et face à la perte du lien direct avec le vivant et l’autonomie alimentaire en milieu urbain, s’est levé un puissant et multiforme mouvement de réappropriation citoyenne des savoirs sur les semences et la biodiversité alimentaire et de relocalisation alimentaire »

[In Antoine Lagneau et al, Agriculture urbaine, vers une réconciliation ville-nature, Le Passager Clandestin, 2015.]

Ce mouvement se caractérise donc aussi par l’attachement à une autonomie d’actions et de décisions.

En partie cependant, car pour les acteurs de l’agriculture urbaine marchande, l’objectif est bien avant tout de trouver des débouchés commerciaux, ce qui implique des relations soutenues avec le monde politique et économique.

Pour les autres, la « réappropriation citoyenne » évoquée par Christophe Bonneuil se traduit par une indépendance revendiquée vis-à-vis des élus, mais bien plus encore, vis-à-vis d’un système économique dont ils entendent sortir.

Des exemples C’est ce que l’on peut par exemple observer à Liège, en Belgique, où un groupe d’habitants travaille depuis 2012 sur un projet baptisé « Ceinture Aliment-terre ». Leur objectif est de transformer le système de production alimentaire régional


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afin de le rendre plus local, plus écologique et plus démocratique. Il s’agit ici de « se réapproprier collectivement les enjeux de la filière alimentaire et construire des alternatives crédibles contribuant à récupérer la marge économique captée par les acteurs de la grande distribution via ses centrales d’achat, afin de rendre un véritable pouvoir économique aux producteurs et aux consommateurs ».

Une démarche que l’on retrouve également en Allemagne, près de Fribourg, avec la création en 2006 d’un Community Land Trust reposant sur un système de financement citoyen pour acheter des terres périurbaines et ainsi s’affranchir des banques. Cette idée, initiée par un agriculteur biologique, Christian Hiss, a débouché sur la mise en œuvre d’une filière alimentaire de production, de transformation et de distribution autonome, permettant d’échapper à l’emprise du système agroalimentaire.

Ces deux exemples se caractérisent par une dimension certes davantage périurbaine qu’intra-urbaine, mais rejoignent aussi cependant la volonté d’une grande partie de celles et ceux qui souhaitent, avec l’agriculture urbaine, reprendre le contrôle de leur alimentation et ne plus dépendre de la grande distribution.

La revendication d’autonomie dans la pratique de l’agriculture urbaine se retrouve également dans les rapports aux institutions politiques. À Paris, la municipalité n’échappe pas aux critiques d’habitants pour qui les actions mises en œuvre relèvent d’une volonté de « récupération », mais aussi de « confiscation » des initiatives individuelles ou collectives.

Le mouvement Guerilla Gardening a ainsi vivement dénoncé le « Permis de végétaliser » institué par la Ville à l’été 2015. Ce permis autorise, après signature d’une charte, l’occupation à titre gratuit du do93

maine public par les Parisiens afin de végétaliser la capitale sous diverses formes, notamment fruitières et potagères. Dans un tract distribué lors de réunions publiques sur le sujet, les militants rejettent « une nouvelle règlementation [faite] pour limiter l’appropriation spontanée, pour éviter que l’on puisse négocier le changement (…) qui agit comme autant de freins à la participation, à l’action, à la créativité et à l’engagement réel de chaque individu ».

La question de l’espace public marchandisé et standardisé.

La privatisation de l’espace public est aussi à l’origine d’une interpellation écrite, intitulée « Manifeste des Espaces Collectifs et Partagés » et publiée en 2012 par des associations de jardins partagés et de culture en ville. Celles-ci y font le constat d’un espace public « marchandisé, standardisé », devenu selon elles, avec l’aval de la mairie parisienne, « un lieu de passage, de consommation, exclusif et ségrégatif alors qu’il devrait être un bien commun ».

Une réflexion que l’on retrouve dans un autre projet emblématique mais cette fois au cœur de la Bourgogne, à Dijon. Dans l’ex Cité des Ducs, des collectifs d’habitants s’opposent depuis 2010 à la municipalité autour de la construction d’un futur éco-quartier sur une ancienne friche maraichère. Un conflit qui a abouti à la création d’une ZAD (Zone à Défendre) baptisée « Les Lentillères » du nom du quartier où elle se situe. Sur cet espace de plus de 6 hectares, les occupants y ont créé, comme ils l’écrivent sur leur blog…

« 3 fermes, autour desquelles s’organisent des cultures maraîchères, un jardin collectif tenu par une trentaine de personnes, un rucher et plusieurs dizaines de parcelles jardinées seul, en famille ou entre ami-e-s ainsi que des habitats légers ».


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Face à un projet municipal qui prend la forme d’une logique de plus-value financière basée sur la spéculation foncière, l’agriculture urbaine s’affirme une fois encore ici, comme l’élément catalyseur d’un projet de société social et écologiste, tournant le dos au capitalisme.

Au-delà du fait que l’issue de ce conflit risque d’être peu favorable aux collectifs des Lentillères, la municipalité a par ailleurs choisi de jouer sur le même terrain que ses opposants.

Le développement durable, un concept dévoyé

Ainsi, ce futur éco-quartier, baptisé dès le départ « Eco cité-jardin des maraichers », est comme toujours pour ce type de projet, paré de toutes les vertus environnementales.

Devenue une formule marketing, une fois avalée malaxée et digérée plus globalement par le système capitaliste, celle-ci a définitivement perdu toute crédibilité pour prétendre initier un quelconque changement de paradigme.

Mieux encore, il offrira en son sein, selon cet exercice de style si caricatural que sont les plaquettes des promoteurs immobiliers, des espaces de culture en ville, ce qui permettra aux futurs habitants de « Vivre « la campagne à la ville grâce la conservation du passé maraicher, avec la mise en place de jardins maraichers communs mais aussi de jardins privés » (lien web…).

Ainsi, comme l’a très justement décrit en 2016 Maud Chalmandier dans son mémoire intitulé « Le renouvellement urbain conflictuel d’une ancienne zone maraichère à urbaniser (Dijon) : Etude d’une controverse sur l’aménagement et le développement durables des villes », on voit se dessiner autour de l’agriculture urbaine, une tendance de fond : face à des groupes d’habitants et de militants qui font de celle-ci un levier majeur de transformation politique, des acteurs publics (maires, élus régionaux, départementaux…) et privés (promoteurs, enseignes d’hypermarchés…) tentent d’en utiliser les codes pour s’approprier et donc détourner à leur profit, ce mouvement.

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Ceci n’est pas sans rappeler les débats engendrés depuis plusieurs années par la popularisation du concept de développement durable, lequel concept est d’ailleurs systématiquement mis en avant dans ces fameux « éco-quartiers »... Point d’orgue d’une prise de conscience écologiste qui a irrigué les années 70 et 80, cette notion a très vite été récupérée par le monde politique et économique.

Ainsi, ce qui est advenu du développement durable nous éclaire sur la capacité d’un modèle dominant, le capitalisme, à changer la nature d’un concept. Sa plasticité lui offre une capacité d’adaptation et de détournement quasiment illimitée, et ce d’autant plus que malheureusement la plupart des appareils politiques se refusent à le remettre en cause.

C’est sans doute l’un des écueils majeurs qui guette dans les prochaines mois l’agriculture urbaine et sur lequel devront veiller celles et ceux qui adhèrent à ce qui constitue sans doute l’essence même de l’agriculture urbaine : l’échange et le partage.

La ville comestible, défi pour l’agriculture Alors que les prévisions annoncent, à l’horizon 2050, que 75% de l’humanité sera citadine, il est encore temps de concevoir la ville comestible, et d’échapper au cauchemar urbain qui se dessine, à ce monde artificiel et emmuré.


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C’est un immense défi que nous pouvons, que nous devons, imaginer pour cette agriculture : celui d'alléger les maux de la ville, de réconcilier l’homme avec son environnement et avec ses semblables, de ramener les citadins dans l’espace public pour qu’ils en redeviennent acteurs, de ralentir pour redonner le temps de vivre au rythme des saisons.

Biographie de Antoine Lagneau :

Direction et co-rédaction d’ouvrages : Agriculture urbaine, vers une réconciliation ville-nature, aux éditions Le Passager Clandestin (2015) ;

A travers champs et villes, regard sur les natures cultivées d’Ile-deFrance, publié par Natureparif en juin 2017.

Enseignement :

- A la FASSE Paris en Master 1 « Politique de l’Environnement et Développement Durable », cours « Agriculture et alimentation durable »

Chargé de mission « Agriculture urbaine » à Natureparif, Agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France, je coordonne l’Observatoire régionale de l’agriculture urbaine et de la biodiversité.

- A l'IUT de Bobigny (Paris XIII) au sein du DUT « Carrières sociales option Gestion urbaine », comme chargé de cours Écologie/agriculture urbaine.

Recherche : Chercheur-associé au centre belge Barricade, je participe à la réflexion autour du mouvement des Villes en transition. ».

- Observatoire régionale de l’agriculture urbaine et de la biodiversité…

- « A travers champs et villes, regard sur les natures cultivées d’Ile-de-France »…

- Barricade…

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PRACTITIONER

THE FOOD COMMONS By Jamie Harvie, Director My definition of the Commons

The commons is a very old idea — that some natural or created resources belong to all of us, and that these commonwealth resources must be actively protected and managed for the good of all.

The commons are the things that we inherit and create jointly, and that will (hopefully) last for generations to come.

The commons consists of natural resources such as air, water and wildlife as well as shared social creations such as libraries, public spaces, many aspects of the internet and creative works.

By recognizing certain resources as common assets, it becomes natural to ask: Are the common assets being responsibly managed on behalf of the general public or a distinct community of

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interest? Is the capital being depleted or poorly maintained?

Economists tend to regard “value” as a quantifiable object with a price tag. But in the commons “value” can also be something intangible and not available for sale. An example is the social satisfaction of belonging to a community and contributing to a shared goal. A commons can also create economic value as efficiently as a market; examples include Wikipedia, the online user-generated encyclopedia, and Craigslist, the online advertising service.

The conversion of commons into private property, termed enclosure, refers historically to the privatization of common grazing lands beginning in 15th Century England which impoverished many peasants.

Enclosure entails not just the privatization of a resource, but also the introduction of money and market exchange as the prevailing principles for managing that resource.

Enclosure shifts ownership and control from the community at large to private companies. This in turn changes the management and character of the resource because the market has very different standards of accountability, responsibility and transparency than a commons.

A corporation is a self-perpetuating legal entity whose mission is


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to maximize returns to shareholders (usually in as short a term as possible).

In market logic, expanding output by corporations while minimizing expenses is typically regarded as “progress,” “productivity” and “wealth,” but the commons paradigm recognizes that, in its aggressive pursuit of this shareholder primacy mission, the corporation not only produces new innovations and efficiencies, it also displaces costs onto the environment, our communities and our personal lives, and typically via an extraction process that leaves little wealth back in the communities that it is operating in.

These externalities — social or ecological costs of market activity that are not paid by their creators — are producing more and more “illth”, or the opposite of wealth. Author Peter Barnes (Who Owns the Sky) has popularized this term, coined by John Ruskin in the 19th century, to describe the unintended but increasing destruction of nature, social disruptions, health problems and other (unacknowledged, unintended or disguised) costs of market activity.

In contrast to a corporation, a trust is a legal institution designed to protect the commons and to manage any assets that may arise from it. If the corporation is the preeminent institution of the market, the trust is the premier institution of the commons.

The managers of a trust, the trustees, have clear legal responsibilities to manage its resources on behalf of the beneficiaries. This includes strict fiduciary responsibilities, transparency and accountability. In our model, of interlocking components, the trust plays the primary role in managing our long-term "gifts" as a commons.

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Why the Food Commons? In the main, the economic model for the U.S. food and agricultural industry has for decades been evolving into one that is often predicated on scale, technology, and centralization/consolidation serving large enterprises and global markets. This model is now exported across the globe.

A natural casualty of that evolution seems to have been the formerly close connection of local or regional food enterprises with their related communities. This disconnection can lead to the undesired effect of stunting local opportunities for market entry and entrepreneurship, not to mention providing better match of local needs with local resource as well as the extraction of wealth from the community in which it was created.

Through the work of the International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development (IAASTD) and others, it has become wellrecognized that food and health are inextricably linked, and that a healthy ecosystem and dependable food access and affordability are critical links for any community.

If a portion of the local or regional agricultural value chain is predicated on uniquely meeting local needs and opportunities, it will not only benefit that segment, and its many stakeholders, but also the durability and viability of the industry as a whole.

The concept of Food Commons was born to better meet not only local or regional challenges, but also to provide new opportunities for local interests and to introduce a new economic model based on the stewardship of the commons.


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increase food security, food access, and health, and to re-establish land stewardship and food culture. Farmers markets and CSA’s (community-supported agriculture) have been instrumental in raising local food awareness, but these two marketing mechanisms are not sufficient to establish a thriving, robust local food system. Research shows that the dominant narrative works to perpetuate the idea of food as a commodity.

What is ‘The Food Commons’? The Food Commons model is a new economic paradigm and whole system approach for regional food developed as an alternative path by envisioning a re-creation of the local and regional food systems that preceded the current global industrial food systems, updated to reflect 21stcentury advances in information systems, communications, community-based organizational and economic models, the science and practice of sustainable agriculture and the changes in culture and demand.

The Food Commons model sits at the nexus of three growing trends: • Agriculture-of-the-Middle (AOTM) – A growing movement to save and expand the number of small and mid-sized family farms by creating new value chains and marketing mechanisms to bring their differentiated food products into the marketplace. Aggregating these scales of family farms reduces transaction costs.

• Local Food and Food Sovereignty Interest in the development of localized food systems has emerged out of recognition that the current global food system may present local challenges, and that localized food systems have the potential to 98

New Economy – Global inequality, ecosystem collapse and other indicators make apparent the design flaws in our current global economic paradigm, and invigorate thinking about new, more sustainable economic models that take into account the world’s finite resources, growing population, and need for greater balance in terms of wealth and influence. Much of this new thinking centers on the rebuilding of local economies to foster economic resilience, job creation, entrepreneurship, stewardship and accountability. The food production, distribution and retail/food service sectors are particularly ripe for local experimentation and economic renaissance.


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The Food Commons model locally: •

Makes healthy and sustainably produced food accessible, and perhaps more affordable, to all.

Enables food enterprises within and across foodsheds to efficiently produce and exchange goods and services that meet high common standards.

Captures benefits of scale in infrastructure, asset management, financing, information systems, marketing, and learning, while preserving local identity, ownership, control, diversification and accountability.

Transparently seeks to equitably distribute common benefits along the value chain from farmers, ranchers, and fishers to distributors, processors, retailers, workers, consumers, and communities.

Harnesses underutilized foodshed assets and protect and steward those assets for current and future generations.

Fosters and celebrates regional foodshed identities that generate widespread consumer awareness, participation and buy-in.

Creates a wealth of new small businesses and jobs and build a skilled and respected 21st-century food system workforce.

More widely, the Food Commons has designed a model that will connect local and regional food system enterprises in a cooperative national federation that enhances their profitability and sustainability while creating and supporting a robust system of local community financing, ownership, management and accountability.

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The Food Commons model has three integral components:

The Food Commons Trust, a nonprofit, quasi-public entity to acquire and steward critical foodshed assets

The Food Commons Financing Arm, a community-owned financial institution that provides capital and financial services to foodshed enterprises

The Food Commons Community Corporation, a locally-owned, vertically integrated business enterprise that builds and manages f o o d s h e d - b a s e d p h y s i c a l i nfrastructure and facilitates the complex logistics of aggregation and distribution at different scales among all the moving parts of the s y s t e m , a n d p ro v i d e s s c a l e economies, business services, technical assistance and training to new small food businesses.


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necessary to substantively improve the health, the environment and local economic opportunities.

Shifting some fraction – even just 5% or 10% – of the global food economy into localized food systems will require development of a new, efficient and high performing infrastructure that enables small, independent food and farming enterprises to offer a competitive alternative to the current system. This then, is the challenge and the opportunity of the Food Commons model.

We are in a time of extraordinary opportunity. Across the globe citizens and communities are hungry for a new way of being. Each of the three legs of sustainability – the environment, the economy, and social balance in our communities – is in crisis.

Yet through this time a movement has grown which brings great hope for a healthier, more sustainable and prosperous future. It is the movement to produce, access, secure and consume good and healthy food. People are re-awakening to the fact that food is not only the basis of our health but it is also at the basis of traditions, customs and culture that bind us together as family and community.

Currently, less than 3% of the food Americans eat is grown with 100-200 miles of where they live. While a few regions have retained or re-established some of the pieces of a thriving local food system, these scattered small enterprises collectively represent a tiny fraction of the total food economy, and serve a small but very dedicated food base. Though exciting and inspirational, they are mostly isolated, undercapitalized, and sub-scale, and as such they cannot be expected to achieve the food system changes which may be 100

Key principles which we are working to embed in our organizational DNA include: 1) Fairness: Across the entire value chain all participants’ needs, from farmers and food business owners to agricultural and retail workers, are met in a balanced way, and all get a fair deal. Throughout the food system, the value of human labor is fairly recognized and appreciated. Individuals and institutions shall return to their communities fair measure for what they receive.

2) Sustainability and Stewardship: In all aspects of food production and distribution, stewardship of our land and marine ecosystems is required to ensure that succeeding generations will have an equal or better opportunity to flourish from its resources. With respect to human relationships, active stewardship is also required to ensure a holistic vision of sustainability that includes ecological, social, and economic components. The true costs of food production should be reflected in market pricing to the fullest extent possible, though not all social, environmental or ethical values can be monetized.

3) Economic Opportunity: Create economic opportunities that facilitate the pursuit of Right Livelihood, so that people


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may earn a living without compromising the underlying principles of the Food Commons. Expand ownership opportunities for those who may not have access due to the high cost of infrastructure and expand career opportunities and access to good jobs with benefits and security, restoring hope to the unemployed and restoring craft and pride to labor.

model will provide structures for overall coordination to allow decentralized management structures to operate efficiently and develop network linkages for formal and informal connections at the local and regional levels.

4) Food Sovereignty: All people have the right to have access to quality, healthy food that is produced and distributed through environmentally and socially sustainable methods.

11) Representation and Decision-making: Equitable participation of the Food Commons stakeholders shall be present at all levels and entities of governance throughout the Food Commons, from farmers, to workers, to consumers. Decisions and deliberations must fairly represent the diversity of affected views and interests and not be dominated by any single view or interest.

5) Holism and Integration: Create an integrated value chain, from farm to table, in order to achieve economic efficiency and fairness. Think systemically.

6) Transparency: Openly and honestly share costs and pricing information essential to the equitable functioning of the value chain. Facilitate traceability of products, procedures and other relevant information throughout the value chain.

7) Ethics and Accountability: Governing bodies maintain the highest standards of credibility and ethical conduct, fair and accurate dissemination of information and full disclosure and accountability for their affairs. Representatives are accountable to the environment, to workers, to the general public, and to future generations. Representatives set policies, but do not have any personal ownership in participating businesses.

8) The Commons: The segment of the food system that falls within the Food Commons is based on the establishment of shared and collectively managed infrastructure and resources, operating for the benefit of communities.

9) Subsidiarity: Decisions should be made at the most local level possible. Regional and national decisions should involve only those matters that are relevant to that level of governance, coordination and representation. The Food Commons 101

10) Reciprocity: The whole is responsible to all of the parts as well as the parts being responsible to the whole.

My role within the Food Commons I serve as the Coordinating Director of The Food Commons, the “outward facing” leadership. In this capacity I take the lead on network development and relationshipbuilding with national and international organizations, funders and investors that are like-minded in their pursuit of more equitable social-economic-environmental systems that promote community wellbeing.

As part of this role, I work to explain our vision, our rationale and support investment in the development of Food Commons prototypes and a Food Commons community of practice. My background lies at the intersection of health and wellbeing, healthcare and food systems, all complex systems. I like to think I'm helping foster emergence.


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For this reason, we were excited, when in 2012 leaders of Fresno, California's business, academic and social communities embraced the Food Commons vision and invited the Food Commons to adopt Fresno as our first prototype site.

Where better else to prototype our model, than in Fresno, California, the heart of the industrial food industry, home to a nearly $8 billion agriculture industry, but also which hosts the zip codes with some of the highest rates of persistent poverty, pollution, obesity and diabetes, and food insecurity in the country.

A concrete example Our vision has always been that we would test and iteratively improve our model through the development of prototypes. Theory and conceptual frameworks are nice but in the current global context we have limited time to act, and after all, we really only learn by doing. Of course, moving from theory to practice provides a host of challenges including existing legal and regulatory frameworks, dominant narratives around food and economics and that at the core, our model is a business which links us to the influence of existing economic models. And finally, the concept of subsidiarity requires local interest and control. We can't and shouldn't impose our model. It is an offering.

102

We are now operating and building a “fractal” of the Food Commons system in Fresno as a proof of concept to better inform not only ourselves but others

Following completion of the initial feasibility study and business plan Food Commons Fresno (FCF) incorporated in 2013, and we launched our first business operations in May 2015.

The Food Commons Fresno Community Trust wholly owns our subsidiary benefit community corporation through which we run a CSA-like distribution operation that has delivered over 35,000 boxes of organic produce from small local farms to nearly 1,500 customers throughout the region.

Our wholesale hub delivers fresh produce, dairy and other local food products to more than 30 local restaurants and to schools, universities and hospitals.

We quickly outgrew our original facility and expanded in 2016 to a larger facility in downtown Fresno, and are in the process of converting our original hub into a commissary kitchen to serve local food trucks and bicycle-powered food carts in partnership with another local organization.


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mic paradigm as an alternative system to our existing industrial food model. We don't pretend to suggest that our model is the only way forward but clearly we need models that work and provide a new path forward and a new operating system that differs from business as usual.

Perhaps one of the most difficult challenges is in creating and maintaining a new culture. Amongst our interlocking organizations we need to do a better job at training and supporting our many associates and representatives and embedding our principles and ethos.

This is very difficult when we have dominant narratives reinforcing competition, hierarchies and externalizing social and environmental costs.

In 2017, FCF acquired the landmark 75acre organic T&D Willey Farm operation in Madera and is integrating the farm and its employees into our overall operations. With the acquisition of the farm, FCF has created a value chain from farm to fork.

The process is a tremendous learning experience. We were not naive in thinking a business would be easy work but building a business with a different narrative and raison d'etre has added significant complexity and challenge. Lenders and funders typically work in the existing economic paradigm, we are creating the language of the new economy.

We are building a holistic system, rather than only parts of the system. This has been similarly challenging for funders and lenders used to thinking about parts, rather than the whole. Moreover, we are working to create an entirely new econo103

What is heartening is that we know we are not alone. People and communities across the globe are looking for new ways of being. This spring we were invited to help facilitate and train a meeting of community and healthcare professionals that are using our model to create a Health Commons, a new place-based health and wellbeing clinical paradigm. We are excited to be able to provide one path forward and look forward to connecting and linking with those that want to learn more.

For more information, please visit us at www.thefoodcommons.org

Or readers can contact me directly at harvie@thefoodcommons.org


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PRACTITIONER

COMMUNITY CROFT A NEW MODEL OF LAND MANAGEMENT FOR FOOD PRODUCTION IN SCOTLAND

By Fergus Walker, Common Good Food

posits that communities have a right to control how their food is produced, traded and consumed, under the following principles:

• • • • • •

Provides food for people

Values food providers

Localises food systems

Makes decisions locally

Builds knowledge and skills

Works with nature

The Community Croft model has the potential to put several of the principles of Food Sovereignty into action, functioning as a microcosm that can build community, economic capacity and ecological resilience.

“Food for people”

We propose the community croft as a collectively managed land holding that links urban and rural populations while growing a significant amount of food for the benefit of local food systems and local economies. Global Context The Community Croft is a model which is being developed by Common Good Food, a new organisation in Scotland that is a practical advocate of the principles of food sovereignty. Food sovereignty is a powerful concept that has emerged from the Global South that 105

In our current economic system, food is seen primarily as a tradable commodity, an asset which can boost GDP through export; food poverty and rapid rise of food banks are a symptom of this approach.

Food sovereignty instead takes a holistic approach, that of ‘food for people’. This is a world-view that sees food, community and health as being interconnected and asserts that access to healthy, ecologically produced and culturally should be an inalienable right. In short, food should be considered as part of the common good.

Background: Commons and Crofting All the activities we do on this planet


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are a compromise – a balance of shifting interests and forces interacting with abundant but finite resources – and land management for food production is no exception. Despite the current dominant narrative of free market economics, we as human beings have been very good at commons-based land management, and there are many contemporary examples of this all over the world43 , including here in Scotland with the crofting system.

Crofting is a system of land tenure unique to the Highlands and Islands of Scotland, with a long and complex history. In the crofting system, a croft is a relatively small agricultural holding (usually about 5 hectares) held in tenancy by an individual crofter. Crofts are usually grouped together within a crofting township, usually with a dwelling house on or associated with each croft.

The croftland (also known as the in-bye) is usually the most fertile land in the township and was traditionally used for garden and field crops, winter grazing and keeping hens or pigs. A key part of the crofting township is the common grazings. This is typically less fertile hill ground, comprising of a much larger area than the crofts, and is traditionally used for grazing sheep and cattle. This land is held in common, with each croft having a share in grazings, and is managed by an elected grazings committee.

A crofting township was traditionally owned by a private landlord, to whom the tenant crofters paid rent, however since 1976 crofters have been able to buy their crofts which has variable take up in the different areas of the crofting counties. Since the Land Reform (Scotland) Act of 2003, there are also now a number of

43

townships which have undergone a community buyout, and the landlord is now a

community company. Crofting is regulated by crofting law, administered by the Crofting Commission, a state-appointed regulator. Crofting legislation only applies in the crofting counties in the north-west of Scotland. Under crofting law, security of tenure and a fair rent is a statutory right, as well as the right to pass on the tenancy to a new tenant.

The community croft The community croft concept is an adapted model of a crofting township intended for implementation on a smaller scale (1 20 hectares/ 2 - 40 acres) in an urban or peri-urban context, with community ow-

E. Ostrom, Governing the Commons: the evolution of institutions for collective action, Cambridge, 1990.

106


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

nership and co-operative management as a foundation.

This model is seen as a path to allow more people to move back on the land while not being required to rely solely on agriculture for a living.

The community croft has the potential to: 1. Provide a replicable model that would allow much needed access to land, and strengthen the case for a right to land.

2. Bridging the gap in food production in lowland Scotland between gardens and large-scale farms. (Land management)

3. Bridging the gap between the urban and rural (Demographics)

4. Bridging the gap between hobby gardening and purely commercial agriculture. (Economics)

Why crofting can work - Diversity over homogeneity This adaptation of crofting is being proposed because it combines a dynamic interplay between individual and collective land management, which when it is working well, fosters social, agricultural and ecological diversity, thus building a resilient system.

The Community Croft consists of a similar apportioning of land as a crofting township and consists of:

• plots (managed individually or by a family or group of friends)

• common land (managed collectively by all plot-holders)

The plots and the common land are suited to different forms of agriculture and social dynamics:

107

PLOTS

Managed individually or by a family or group of friends

COMMON LAND

Managed collectively by shareholders via an elected Commons Committee

Suited to:

Example:

Suited to:

Example:

SmallVegetable scale growing intensive agriculture

Larger scale, lower maintenance agriculture

Orchards

One person or small group working

Continuous small harvest – e.g. courgettes

Shared workload where many hands make light work

Single harvest crops – potatoes, apples, grains Planting days & harvest days

Flexibl e commitment

Perennial fruit and veg, seasonal crops.

Yearround, inflexible but lowlevel commitment.

Tending livestock e.g. hens, sheep, pigs, bees

PersoVegetables, nal use hens for or small eggs scale commercial

Collective Grains use or Cows for social micro-dairy. enterprise

The traditional crofting township, when functioning well, affords multiple opportunities for building community, relationships and trust – an environment where skills, knowledge, workload and responsibility can be shared – but the relatively small income of rural crofting, combined with fewer job opportunities, can make it difficult to make ends meet. The community croft, if established in a peri-urban context, could allow a flexible lifestyle that combines part-time city employment with a supplementary income from agriculture, building personal economic resilience.


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DWELLINGS – part time dwellings for part time agriculture.

The main barrier to access to land is the high prices due to speculation in the property market. In the traditional crofting system, crofts generally have a house built on them, and much good agricultural land is being lost to new housing with attendant driveway and parking, as well as sales of croft tenancies becoming prohibitively priced.

The ideal situation for the community croft would be within easy travelling distance (less than 30 minutes) of population centres, but combined with part time dwellings on the croft. If combined with the growing hutting movement, the community croft could function like the Schrebergarten of Germany, where allotment plot-holders are permitted to be part-time residents in huts built on their plots, facilitating a healthy interaction between the rural and urban.

Community Croft Management Making decisions locally A resilient human system is one which works socially first and foremost, as well as ecologically and economically. A good social structure can foster co-working, colearning and shared responsibility. The right balance is one between individual and collective, freedom and responsibility, public and private. A system of individual plots only (such as allotments) can result in territoriality and disconnection; a system of completely communal land (such as a community garden) can result in a lack of a sense of ownership or commitment.

There is an opportunity to take inspiration from the recent community buyouts of crofting townships, and indeed whole estates, happening across the crofting counties – and make cooperative management 108

a foundation of the Community Croft. For example:

A cooperative or other social enterprise membership model would suit the management of the community croft.

The croft would be managed by a Croft Committee elected from the membership, and would regulate distribution and tenancy of plots, common land and buildings. In very large crofts, it may be necessary to establish a separate Commons Committee, Social Enterprise Committee, etc.

Each plot holder would hold a share in the common land, and would be required to take an active part in its maintenance.

Membership could also include a number of non plot-holders (cottars) who could take part in the management/use of the commons.

In establishing the community croft as an effective system of land management, members would need to be willing to experiment to refine the system. There is very good reference work done by Elinor Ostrom on the Governing of the Commons, and incorporate recent developments in collective decision making (Art of Hosting, Occupy, Sociocracy, Consensus Decision Making, NVC).

Putting the culture in agriculture Valuing food producers The heart of the Community Croft is the Ceilidh House - a gathering space for cooking and eating together, holding cultural evenings, arts and education workshops, preserving and seed saving, and holding meetings.

It is essential, in building a resilient community of producers, to create a gathering space which allows the reaffirmation of


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the values that underpin the Croft–coworking, mutual support, sharing of risks, responsibilities and benefits.

secondary production, such as a preserve-making business, micro-dairy, juicing plant or indeed a craft brewery.

Farming today is a lonely way of life, and can be perceived as being a very difficult one to enter, with very high costs of land and machinery, cripplingly low prices and high debts. The poor deal that farmers get in the current food system is a knock-on effect of the way we treat food itself. If we begin to value every aspect of our food, from soil to plate and back again, the people who bring the food on that journey will also be valued.

A community croft would be an attractive destination for eco-tourism, including holiday experiences of the ‘good life’. If combined with hutting, the Community Croft could provide a valuable source of income in the form of short holiday lets, as well as running paying summer courses.

In beginning to understand seasonality again we need to celebrate food right from the source – and the agrarian calendar has plenty of opportunities for a party. Therefore, the ceilidh house is the essential community hub of the Community Croft, putting the culture back in agriculture.

Building a sustainable local economy Localising food systems The Community Croft has the potential to provide a part-time income for a community of producers as part of a social enterprise model. The success being enjoyed by the boom in micro-breweries could be extended to small-scale food production, building on Scotland’s growing reputation as a ‘good food nation’.

A co-operative of small producers in a Community Croft could tap into the growing demand for local, organic and sustainable produce, selling into restaurants as well as capitalising on the pioneering model of online pre-ordering being led by FarmDrop, Food Assembly, and Open Food Network. The Community Supported Agriculture model would suit the Community Croft well.

With the right start-up funding, the Community Croft could be an ideal base for 109

Building knowledge and skills With the right political backing, the Community Croft could function as an incubator for a new generation of farmer-entrepreneurs, bringing fresh life into Scottish agriculture.

The proposed division of the community croft, with a gradation in growing plots from single raised beds in a community garden environment to medium plots and larger market-garden sized plots should provide fertile ground for informal peer to peer learning from beginner to expert. Providing the opportunity for a number of diverse food growers and producers to set up in close proximity, combined with the communal management element, encourages a cross-pollination of knowledge and skills.

Working with Nature The Community Croft would facilitate High Nature Value Farming practices. The agricultural diversity, human connection with the land, and social enterprise governance would promote biodiversity and discourage damaging industrial farming practices.

A diverse agricultural system also fosters biodiversity. With advancing climate chance there is an urgent need for greater resilience in seed development and supply, particularly considering the increasing reduction in diversity of commercially avai-


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lable seeds. The Community Croft would be a natural site to establish a Community Seed Library, promoting producer-saved seeds, selecting and exchanging openpollinated seed varieties.

• • • •

See the document/image below: This document will be followed up by a detailed action plan, however, here is a summary:

Access to land. Ideally 3 hectares or more.

Proximity to a town of 5000 people or more.

Incorporation as a social enterprise

A pool of aspiring community crofters, with suitable knowledge, time and energy.

A pool of interested consumers.

Pilot

Future Development

Common Good Food is seeking to work with a community group, development trust, social enterprise or private landlord in order to prove the principle of the Community Croft over a three year trial period.

Access to land is currently the greatest barrier to establishing a viable model of smaller scale agriculture.

We will be seeking core funding in order to support this work.

This partner group will need:

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The Scottish Government’s Community Empowerment Bill and Land Reform Act provide an opportunity to identify underused fertile land outside our towns and cities for a new model of networked land use.

Our aim is to establish the Community Croft in law as a new type of land holding,


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subject to regulations and able to benefit from subsidies.

wish to make my future, but realise that it is not for everyone.

The Food Belt

Food and the agriculture that produces it should be central to everything: our health, environment, education, culture, work and community. It is the essence of life.

The Community Croft is an ideal complement to a radical new proposal to transform the urban fringe from a Green Belt with conservation status which is continuously threatened by large footprint development into an integrated, multiple use Food Belt.

Testimonies: Why is it Appealing? Two testimonies in support of the Community Croft from young aspiring food producers.

Cheryl Mackintyre, Isle of Skye I am a 26 year old primary school teacher and aspirant crofter. I was born in the city of Glasgow but I now live on the Isle of Skye in a caravan in the small township of Struan while I build a tiny house and search for a croft. For me Skye is the limit; it is where I wish to make my home and be part of the community - specifically the crofting community in order to help preserve this unique form of agriculture and its way of life along with the traditions and culture that it is steeped in. There are many challenges which face young people who wish to make a life crofting in the Highlands of Scotland; access to housing, money, jobs, education and training - but as I have found recently there is a whole crowd of young people who are willing to try. I have been involved in starting up a Young Crofters movement which seeks to provide a voice for active and aspirant young crofters through political advocacy, training, support, and networking to ensure the future of crofting. We wish to engage with all generations to promote active crofting and sustain its legacy, tradition, and culture. It is a history I 111

Over the years we have experienced fundamental changes to our agricultural systems and our future food security. It is in these traditional models of community based agriculture that we need to look to communicate to a global population who have become absolutely disconnected from the source of our food. One of the ways to make this happen is the Community Croft. For me I see this as a way in which rural and urban can work together to bridge the divide. If young people can get a taste of crofting life in the city then they will be able to best judge if they wish to pursue things further and take on a croft in the rural highlands already being equipped with many of the basic skills necessary or remain in the city with the best of both worlds. In either situation a connection can be made, skills can be shared, and a way of life can evolve and thrive. Ashley Robinson, Stirling Personal motivation for wanting to see this happen: The idea of a Community Croft really appeals to me for several reasons. I am a relatively young woman, who doesn’t come from a farming background, but I have a keen passion in becoming involved in small scale, sustainable agricultural production. I currently work for an environmental charity doing community engagement around local food, and enjoy the wider public outreach opportunities this affords me. The traditional farming narrative is that farming is unrelenting, lonely, underpaid work. We are told that it will take a lifetime


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of being completely tethered and entrenched solely to the farm to reach modest success. Diversified, small-scale farming models are rarely encouraged – the common path to agricultural success is usually identified as bigger is better, high-input, monocultures, and commodity-driven crops and livestock. The Community Croft model offers an alternative – a model that not only creates food for people, rather than food as a commodity, but also is a thoughtful balance of community and the individual, rural and urban, and intensive and less intensive production. The idea of a Community Croft is so appealing for me personally, as I see within it a lot of avenues of lessening the barriers to farming that many young, new entrant farmers like myself face. This includes location, the communal aspect, and the diversified nature of the croft. I believe that diversity, which is an inherent part of the Community Croft model, is what is missing from narrow-focus, monoculture approaches to modern farming. Increased diversity – both biodiversity and variety of enterprises – creates a more resilient system that will be better able to withstand the present and future pressures of climate change and volatile markets.

Site web Twitter Facebook

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PRATICIEN

LA LUTTE CONTRE LE GASPILLAGE, UN ACCELERATEUR D ' I M PAC T P O S I T I F POUR LA SOCIETE Pa r J e a n M o re a u , Phénix, France Chez Phenix nous percevons évidemment l´alimentation comme un bien commun, et c’est pourquoi nous consacrons notre énergie depuis plus de trois ans à la réduction du gaspillage. Nous mettons ainsi en place des circuits numériques et logistiques pour les invendus, au service de la solidarité, et ce en collaboration avec plusieurs parties prenantes privées, publiques et associatives. La prise de conscience collective autour de la raréfaction des ressources, et l’avènement de l’économie circulaire, que nous percevons comme un modèle d’avenir, nous motivent à redoubler d’efforts sur le terrain aux côtés de nos partenaires associatifs - au premier rang desquels La Banque Alimentaire ou les Restos du Cœur, dont le travail quotidien des bénévoles doit être salué et sans qui nos activités n’auraient pas le même impact. 113

Notre entreprise sociale s’est construite autour de cette activité porteuse de sens et de valeurs fortes. Toute l’équipe est fière d’appartenir à cette nouvelle génération d’acteurs tournés vers la création de solutions innovantes et à impact positif pour le plus grand nombre. Celles-ci traduisent notre engagement au jour le jour : mettre en permanence notre détermination au service d’une cause noble et vertueuse : la lutte antigaspi. Ce qui nous motive ? Notre vision optimiste d’une économie circulaire, guidée par l’intérêt général, et la satisfaction de contribuer concrètement à un monde meilleur. Une multitude d’acteurs, et des emplois créés grâce à des modèles gagnant – gagnant pour les parties prenantes Car tous : consommateurs, industriels, associations et Etat ont en effet intérêt à soutenir la solidarité et la lutte contre le gaspillage. Les « consomm’acteurs » peuvent dorénavant s’engager à leur niveau, en achetant à tarif préférentiel des fruits et légumes moches et hors calibres, auparavant jetés, et désormais commercialisés sous le label « Les Gueules Cassées » ou encore via les marques « Bon et Bien » ou « Confiture Re-belle ». Les producteurs de surplus bénéficient avec ces solutions de plusieurs briques d’expertise dans leur mécanique de gestion des produits en fin de vie.


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Des acteurs pionniers comme nos amis de Zéro Gâchis les accompagnent pour mieux vendre à prix réduit des produits en date courte. Les applications mobiles d’Optimiam et de TooGoodTooGo permettent de réduire le gâchis en récupérant à petit prix les restes des commerçants à la fermeture.

PHENIX arrive en renfort, en proposant une solution clé en main de valorisation des invendus auprès des acteurs de l'aide alimentaire. D’autres viennent encore après nous pour collecter les biodéchets résiduels et les valoriser sous forme d’énergie : Moulinot Compost ou Love Your Waste sont deux acteurs pionniers sur ces sujets.

Cette nouvelle et prometteuse brigade antigaspi, dont nous avons l’honneur d’être l’une des têtes de file, incarne l’ambition d’une génération qui aspire à faire bouger les lignes, en s’attaquant à des problématiques régaliennes d’intérêt général, et en faisant du business autrement.

Ces initiatives se multiplient, et c’est la raison pour laquelle nous avons souhaité fédérer ces énergies au sein d’un incubateur de projets antigaspi : le PHENIX Lab,

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dont la vocation est de soutenir et propulser ces initiatives innovantes contre le gâchis. Parmi la première promotion figurent entre autres :

KOLECTOU, qui offre une nouvelle vie au pain rassis ; GREEN G, dont la fondatrice fabrique de délicieuses gaufres à partir de pulpes, épluchures et résidus de fruits et légumes disqualifiés, ou encore CŒUR DE COULEURS, une technologie révolutionnaire permettant de transformer les invendus en pigments de coloration naturels pour l’industrie cosmétique.

Nous souhaitons inventer collectivement le futur du déchet alimentaire, et espérons que notre trajectoire en inspirera d’autres, il y a encore tant à faire sur ces sujets comme sur bien d’autres, au service de l’utilité publique.

Car les entreprises y trouvent leur compte. En ayant recours à ces solutions, les avantages sont nombreux : une réduction évidente du volume de déchets jetés à la poubelle, une augmentation du chiffre d'affaires par la vente promotionnelle des denrées à DLC proche, et une participation active à la lutte contre la précarité par le don aux associations, récompensée par une réduction d'impôt à la fin de l'année. Le tout autour d’un projet positif et fédérateur pour les équipes en magasin et bénéfique pour l’image des enseignes, en venant concrétiser leurs politiques « RSE » parfois taxées de « Green Washing ».

L'engagement de l'Etat, un levier pour tous, qui fait rayonner la France Du point de vue l’Etat, l’intérêt peut sembler à première vue moins évident, mais il

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pourtant très réel. En effet, selon une étude menée en 2016 par la Banque Alimentaire de Gironde, l'impact de l'aide alimentaire s’avère tout à fait significatif d'un point de vue économique, au-delà même de l'aspect social.

Prenons l'exemple de l'action de PHENIX : en tenant compte de l’emploi et des charges liées à la masse salariale de notre entreprise sociale (50 salariés), des frais de déchets économisés pour la collectivité (3500 tonnes) et du nombre d'équivalents repas distribués (4,2 millions) PHENIX a généré, en 2016, 15.5 millions d'euros d'impact social positif pour l'Etat !

C'est donc bel et bien un investissement qui rapporte pour la Collectivité. Et qui place la France en pionnière et en référente exemplaire sur un sujet ayant pris une ampleur mondiale.

Des économies au service de la transition alimentaire

La lutte antigaspi rime donc avec réduction de coûts, créations d’emplois et impact social et environnemental vertueux. Ce qui n’est déjà pas si mal en termes d’externalités positives.

Mais en poussant le raisonnement plus loin, et c’est l’une de nos ambitions pour les années à venir, nous défendons la vision selon laquelle les économies collectives réalisées via la lutte antigaspi permettront de réallouer les budgets achats des consommateurs et des cantines de restauration collective, de consommer moins mais mieux, et d’accélérer ainsi la transition alimentaire vers une nourriture bio et locale de meilleure qualité.


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PRATICIENS

LE BABA FOOD MARKET : LE MARCHE-CANTINE DES CHEFS MIGRANTS Par la co-Fondatrice et co-Président e de Le Baba, Lou Blanco Le Baba est un projet de marché-cantine citoyen. Créé en 2016, il réunit des chefs cuisiniers réfugiés et immigrés qui souhaitent partager les bons petits plats de leurs pays avec les franciliens.

Son objectif est simple : faire connaître la richesse des cultures de l’immigration, et encourager la rencontre et l’échange entre des communautés qui se connaissent trop peu.

Le marché se déplacera à Paris de quartier en quartier pour aller au plus près des habitants : lors d'évènements et grâce à des roulottes itinérantes par exemple.

Le projet est original. En effet, en plus de travailler avec des migrants autour de la cuisine afin de permettre la création d’emploi, la véritable originalité du 116

Baba Food Market se trouve dans la volonté d’aller au-delà de l’achat d’un plat. Il s’agit de faire se rencontrer des chefs et des mangeurs en utilisant la cuisine, de la préparation à la dégustation, comme interface d’échange.

Le Baba Food Market est accompagné par ENACTUS France sur tous les sujets relatifs à l’entrepreneuriat social, ainsi que par Makesense et Animafac, étant arrivé finaliste de leur concours. Au niveau des soutiens financiers, il a obtenu le soutien de la Fondation VINCI pour la Cité dans le cadre du programme Enactus France (fonds d’amorçage de 1000€) et de la Société Saint-Vincent-de-Paul en étant lauréat du concours Innovate! Pour la Solidarité (3e prix, 1000€).

L’histoire à l’origine du projet A la suite d’un échange en Afrique du Sud, moi et Mathilde, étudiantes à Sciences Po, avons découvert les food markets - lieux de vente de plats cuisinés, espaces de vie et d’échange.

Nous avons aussi vécu à la même époque les attentats de Novembre 2015 depuis l’étranger. C’est la superposition de ces deux expériences qui nous a donné la volonté de répliquer le modèle du food market.

Nous voulions montrer la richesse de l’immigration dans un contexte de crispation autour de cette dernière par l’intermédiaire de la cuisine. Nous avons cherché à minimiser l’aspect commercial tout en valorisant le modèle autrement.


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tuel. Nous voulions donner de la visibilité et de la crédibilité au projet. Ces évènements prennent principalement place dans des festivals, des bars-restaurants, des évènements associatifs.

En parallèle, le démarchage de partenaires et de potentiels chefs est également constant à cette étape du projet.

Les objectifs du programme Sur le court terme, il s’agit de permettre la rencontre entre chefs migrants et mangeurs, afin de promouvoir la cuisine, la culture, les traditions, les parcours personnels. L’objectif est de favoriser les liens sociaux et les échanges culturels.

A moyen terme, nous cherchons à renforcer la singularité de l’échange. Nous aimerions construire et utiliser des roulottes dédiées et aménagées sur mesure - audelà du modèle basique du food truck.

Sur le long terme, notre organisation devrait fournir un accompagnement vers l’emploi pérenne des chefs. L’idée est de permettre aux intéressés de créer et de consolider un emploi dans la restauration. Ce rôle de tremplin se fondera sur la création d’une coopérative d’activité et d’emploi, structure de l’ESS. Ce statut devrait permettre aux chefs d’acquérir simultanément le statut de salarié et d’entrepreneurs. Ceci aurait pour intérêt d’allier sécurité du salariat et flexibilité de l’entrepreneuriat durant la création et la mise en œuvre de leurs projets personnels.

Les actions pour le Développement du Baba Les principales actions mises en œuvre ont été l’organisation d’évènements expérimentaux. Il fallait déjà solidifier le modèle d’activité ainsi que le business model ac117

A l’heure actuelle, il est encore complexe d’isoler les impacts des actions menées. Toutefois, nous avons obtenu une grande visibilité grâce aux évènements. De plus, des acteurs divers et variés ont démarché l’association. Ceci a permis la concrétisation de plusieurs collaborations et évènements à venir (cinq en tout), en plus de celui déjà réalisé et de ceux encore en cours de discussion. Nous sommes en train de concrétiser une relation durable avec quatre chefs partenaires : deux afghans, une algérienne et une érythréenne. Nous développons aussi des possibilités de travailler avec des chefs supplémentaires.

L’Idée du projet est souvent en décalage avec son efficience réelle sur le terrain. Depuis l’idée du projet jusqu’à sa réalisation, des difficultés et/ou obstacles ont été rencontrés durant la mise en oeuvre du programme. Nous devons faire face à de nombreuses difficultés sur le terrain comme : - le respect de la législation en vigueur assez contraignante : hygiène du fait du


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fomat peu conventionnel de préparation de la nourriture, droit du travail du fait du statut de migrants, sécurité du fait de l’état d’urgence. Il est impossible à l’heure actuelle de concrétiser un modèle de food-market fixe du fait de l’indisponibilité de lieux à Paris.

la recherche complexe d’équilibre entre la liberté des chefs et les exigences de l’association. Il est difficile de concilier les envies des chefs et leur processus créatif avec des règles précises : traçabilité, aspect sanitaire, restriction budgétaire par exemple.

De façon étonnante, il a fallu convaincre l’un des principaux chefs d’accepter d’être payé pour son labeur, car il ne concevait au départ sa cuisine que comme un don fait aux mangeurs.

S’ajoute la barrière de la langue dans le contact avec les chefs potentiels.

socle de règles sur les différents sujets qui serait adopté par tous les chefs.

Nous nous reposons aussi sur quelques facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou une transposition du programme par :

notre capacité à rencontrer et à s’entourer d’acteurs extérieurs à l’association qui soient ouverts, ainsi que la disposition de ces derniers à collaborer en toute bienveillance sur des sujets pourtant complexes et dans un contexte de moyens limités.

Plus d’informations :

- Présentation du projet dans la chroIl faut donc déterminer des opportunités et opter pour des choix pour faire face à ces réalités. Au plan organisationnel, nous avons dépasser les blocages juridiques ou réglementaires par le rapprochement avec des personnes expertes sur ces sujets. Il faudra aussi consolider le budget, notamment par l’intermédiaire d’une campagne de financement participatif à venir.

Au plan humain, il faut encore décomplexer les échanges avec les chefs, en instaurant un dialogue clair entre toutes les parties, et en établissant pour cela un

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nique L’Esprit d’Initiative de France Inter, animée par Emmanuel Moreau...

- Sur le parcours Enactus…

- Sur le premier événement…

- Sur leur participation au concours Innovate! Pour la Solidarité de la Société Saint-Vincent de Paris (nous avons obtenu le 3e prix)…

- Vidéo de présentation…

- Suivez la Page Facebook !….


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NEWS

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COMMON GOOD FORUM & LA CHARTE DE LA TERRE Common Good forum est l’Affilié Charte de la Terre pour la France. Une histoire globale et locale

La Charte de la Terre est une déclaration de principes éthiques fondamentaux visant à construire une société globale juste, durable et pacifique au XXIème siècle. Elle cherche à inspirer chez tous les peuples un nouveau sens de l’interdépendance globale et de la responsabilité partagée pour le bien-être de ĺ’humanité, la grande communauté de la vie et des générations futures. C’est une vision d’espoir et un appel à l’action. La Charte de la Terre est particulièrement centrée sur la transition vers des modes de vie et de développement humain durables. L’intégrité écologique en est l ́ un des thèmes principaux. Cependant, la Charte de la Terre reconnaît également que les objectifs de protection écologique, d’élimination de la pauvreté, de développement économique équitable, de respect des droits humains, de démocratie et de paix sont interdépendants et indivisibles. Par conséquent, ce document offre un nouveau cadre éthique intégral et inclusif cherchant à orienter la transition vers un avenir durable.

La Charte de la Terre est le résultat d’un dialogue inter-culturel long d’une décennie mené à travers le monde, au sujet d’objectifs communs et de valeurs partagées. Le projet de la Charte de la Terre débuta comme initiative des Nations-Unies mais s’est développé et est finalement devenu initiative de la société civile. En l’an 2000, le texte final fut adopté et la Commission de la Charte de la Terre, entité internationale indépendante, le fit connaître publiquement comme charte des peuples. La 121

rédaction de la Charte de la Terre implique un processus particulièrement inclusif et participatif lié à la création d’une déclaration internationale. Ce processus est la source première de sa légitimité en tant que cadre éthique directeur.

Ethique, droit et développement durable La Charte constitue un excellent outil pour échanger entre praticiens et intellectuels sur divers sujets traitant des enjeux de développement durable et de la pensée du Bien commun.

La légitimité du document a été renforcée davantage encore par le soutien de plus de 6000 organisations, parmi lesquelles de nombreux gouvernements et organisations internationales. A la lumière de cette légitimité, un nombre croissant de juristes internationaux reconnaît que la Charte de la Terre est en phase d’acquérir le statut de document de « Soft Law », norme juridique non contraignante. Les textes composant ce corpus, tels que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, sont moralement mais non légalement contraignants, pour les gouvernements acceptant d’appliquer leurs principes. En général, ces documents conduisent au développement du droit international contraignant (« Hard Law »).

Lire le dernier Bridge-Builder #14 sur la Charte de la Terre Page Facebook Groupe Facebook


Common Good Forum/Bridge-Builder #15

COMMON GOOD FORUM & THE NESI FORUM A NEW ECONOMY MOUVEMENT A New Economy Mouvement Common Good Forum is happy to partner with the network of the NESI Forum.

The so-called New Economy models (NEMs) are trying to demonstrate that other economic model is feasible. Models such as Social & Solidarity Economy, Economy for the Common Good, Sharing Economy (based on values), Circular Economy, Fair Trade, Social Enterprises, Transition Town or Degrowth are demonstrating both theoretically and practically that there are alternatives.

International Forum NESI Forum 2017 started as a Global Forum on New Economy and Social Innovation bringing together for the first time in history the main international representatives of the so-called New Economic Movements (NEMs).

NESI also organized an international forum in Malaga, Spain, in April 2017, thanks to the support of Ayuntamiento de Málaga and Diputación de Málaga, and a wide range of organizations and networks working together for a New Economy. See the speakers…

The network also worked during the whole year, and met in Brussels at the European Social and Economic Committee in 2017.

Co-creating a common narrative Despite the good intentions of the Sustainable Development Goals, we are still co122

ping with problems such as poverty, inequality or the violation of human rights. Under the current economic system new problems have arisen such as the climate change or forced migration. It is time to create a new narrative and to set up the principles of a new economy.

For all the above, our aim is to strengthen collaboration among all the NEMs and the organizations, movements and people who dream and work for a new democratic and people-oriented Economy. A Social Charter Common Good forum has contributed to the writing of the NESI Charter. The NESI Charter advocates a rights-andvalues-based economic system as the only way to eradicate global issues such as wars, forced migration and resource competition. The document has been co-created by over 600 citizens and representatives from new economy movements from all over the world. A Social Charter is not just a basic formal document. It has the power of a Soft Law. Therefore, now it is time to implement actions at global and local levels! All the partners are preparing a 2017-2018 campaign in that respect. …Stay Tune!


Common Good Forum/Bridge-Builder#11

Merci à nos amis Bridge-Builders, Intellectuels et Praticiens de nous aider à penser par le Bien commun pour repenser le Territoire ! Une confrontation des perceptions et Expériences, nécessaire pour penser par le Bien commun !

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Common Good Forum/Bridge-Builder#11

INFOS & CONTACT www.commongoodforum.eu

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