Tout l'Ufc / n°145 - Le travail

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Des loisirs pour tous? « Le loisir, au départ, n'est pas un terme à consonance populaire. Historiquement, dans les classes laborieuses, le temps libre servait plutôt à récupérer sa force de travail », affirme Gilles Vieille-Marchiset, sociologue. Dans le cadre d'une étude menée avec quatre de ses collègues et quatre doctorants1, il a recensé et cartographié précisément l'offre d'animation sportive et culturelle dans sept quartiers populaires de plusieurs villes de la région. Les chercheurs ont interrogé les habitants de ces banlieues sur leur façon d'occuper leur temps libre et sur leurs envies de loisirs. L'influence des médias et du marketing culturel est claire : beaucoup rêvent d'une journée dans un grand parc d'attraction.

Les collectivités cherchent à dynamiser leurs quartiers populaires en y installant des infrastructures sportives de qualité. Pour évaluer l'efficacité de cette politique en termes d'accès aux loisirs, huit sociologues ont mené l'enquête auprès des habitants. Gilles Vieille Marchiset est enseignantchercheur au Laboratoire de sociologie et d'anthropologie (LASA) et à l'U-Sports.

« On a souvent une image de quartiers délabrés, ghettoïsés, où il ne se passe rien. Les banlieues sont au contraire très dynamiques, il y règne une vraie effervescence récréative qui n'a rien à voir avec la représentation extrêmement restreinte qu'on en fait dans les médias ».

Discrimination médiatique Est-ce un hasard si, quand on présente un fait-divers, on ne mentionne le nom de l'auteur du délit que quand celui-ci est d'origine maghrébine ? Pourquoi les commentateurs sportifs sont-ils aussi prompts à commenter la plastique d'une sportive plutôt que ses performances d'athlète ? Comment se fait-il que, lorsqu'une personnalité n'a plus la cotte, on s'intéresse soudain à son homosexualité ? Les journalistes sont-il conscients de traiter l'information de façon discriminatoire ou sont-ils victimes de leurs propres préjugés ? 26

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L'offre sportive et culturelle s'est beaucoup développée dans les quartiers populaires depuis les années 1970-1980. Si les dispositifs socio-sportifs sont mis en place à l'intention de ceux qui en ont le plus besoin, c'est souvent la fraction la plus favorisée de la population du quartier qui en profite le plus, voire même les classes moyennes d'autres quartiers. Les plus âgés, les plus démunis, souvent les

Radio campus invite les acteurs de la presse régionale, mais aussi leur public, à réfléchir ensemble au problème de la discrimination dans les médias et aux moyens de la combattre.

Pour réfléchir à cette question et poser les premières bases d'un code de bonne conduite au niveau régional, la rédaction de Radiocampus organise, le mercredi 8 décembre, une journée de lutte contre la discrimination dans les médias. Des représentants des journaux, télévisions et radios du grand Est, mais aussi des personnels du conseil de l'Europe, des universitaires, des philosophes, des écrivains, des lecteurs et des auditeurs débattront ensemble lors d'une journée rythmée par des conférences et des ateliers. Leur objectif :

réfléchir aux pratiques médiatiques pour déterminer comment elles entretiennent les stéréotypes liés à certaines catégories de population, ou comment, au contraire, elles peuvent relayer la lutte contre les discriminations. « En promouvant la diversité culturelle, on donne aux auditeurs l'ouverture d'esprit nécessaire » explique Aurélien Bertini, journaliste à Radio campus et animateur de l'émission « Stéréotypes» . Son confrère, Claude Gouin, également impliqué dans le projet, renchérit : « Nous croyons à un journalisme qui ne fait pas du fait divers le


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