L’agribusiness pour la prospérité de l’Afrique

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L’agribusiness au secours de la prospérité de l’Afrique

le temps. La restructuration des chaînes de valeur peut également rapidement annuler des bénéfices antérieurs, tandis que les avantages acquis par certains intervenants peuvent être synonymes de pertes pour d’autres. Cela implique que la politique industrielle soit basée sur un système souple regroupant le secteur privé, les associations industrielles, les régulateurs et les acteurs de la société civile. Bien que de nombreuses recherches portant sur les chaînes de valeur agroalimentaires et agro-industrielles soient actuellement en cours en Afrique, ce continent ne dispose pas encore de compétences suffisantes en vue de conduire une politique industrielle par le biais d’évaluations stratégiques permettant de savoir quels types de chaînes de valeur encouragent la modernisation et/ou permettent d’augmenter les gains des producteurs, des courtiers et des industriels, en fonction des pays. À partir des enseignements tirés de 10 études de cas menées sur les chaînes de valeur de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie en Afrique, ce chapitre développe des propositions de politiques industrielles qui pourraient aider les pays africains à prendre une direction stratégique en vue de se moderniser via la chaîne de valeur.

4.3 Les différentes facettes des chaînes de valeur de l’agro-industrie En Afrique, le fait de s’engager dans différentes chaînes de valeur agroalimentaires et agro-industrielles a abouti à des voies de développement très inégales (Gibbon et Ponte 2005). Dans certains cas, les acteurs de la chaîne de valeur ont abouti à une intégration accrue au sein de l’économie mondiale; dans d’autres, ils ont fini par avoir tendance à être encore plus marginalisés. Comme c’est le cas à l’échelle mondiale, la majorité des chaînes agroalimentaires africaines sont devenues, ces vingt dernières années, de plus en plus soumises aux exigences des consommateurs. Tout comme dans le secteur de la revente, les marques commerciales et industrielles internationales appartiennent à un nombre toujours plus faible de propriétaires; les intermédiaires sont de plus en plus aptes à régir les chaînes de valeur dans leur ensemble – en décidant qui fait quoi, quand et comment, et en fixant les normes en matières de prix, de volume, de modes opératoires et de qualité du produit. Ce processus a été accéléré par le démantèlement des monopoles d’exportation au sein des pays producteurs et par celui des accords internationaux concernant les marchandises. Différents types d’entreprises intermédiaires règnent sur ces chaînes de valeur – revendeurs de vins, d’habillement ou de fruits et légumes frais; grandes marques commerciales qui traitent ou transforment le café et le cacao. Dans d’autres chaînes de valeur, comme les filières du coton et de la pêche, aucun groupe ne domine. Dans les chaînes soumises aux exigences du consommateur, immédiatement en amont des entreprises intermédiaires (donc plus près du site de production), on trouve généralement d’autres acteurs puissants qui effectuent le travail quotidien de gouvernance de la chaîne pour les entreprises intermédiaires, et qui conservent des contacts relativement étroits avec les acteurs plus en amont dans la chaîne de valeur (Gibbon et Ponte 2005). Malheureusement, il n’existe aucune entreprise intermédiaire africaine au sein des chaînes mondiales de valeur de l’agroalimentaire, et il n’existe que quelques fournisseurs puissants. C’est pourquoi, au sein de nombreuses chaînes mondiales de valeur, la gouvernance est généralement hors de portée des 99


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