Rapport sur le développement humain 2013

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les effets négatifs que cela implique, en particulier pour les femmes. L’insécurité alimentaire et nutritionnelle est étroitement liée à celle des moyens de subsistance. Dans les pays en développement, de nombreux foyers font face à des prix alimentaires élevés et sont incapables de se permettre deux simples repas par jour, ce qui freine les progrès en nutrition infantile. Une autre cause majeure de l’appauvrissement de nombreux pays, riches et pauvres, réside dans les inégalités en termes d’accès à des soins de santé abordables. Les problèmes de santé dans le foyer (en particulier pour le chef de famille) sont l’une des causes les plus courantes d’appauvrissement, du fait de la perte de revenus et des dépenses médicales à engager. Il est donc urgent de modifier les perspectives en matière de sécurité, pour passer d’une mise en avant de la force militaire à une conception équilibrée et centrée sur les personnes. Les progrès de cette transition peuvent être constatés en partie dans les statistiques concernant le crime, surtout les homicides, et les dépenses militaires.

Crime La liberté face à la peur devrait se refléter dans les faibles taux de criminalité, en particulier les homicides. Certaines études ont également utilisé les taux d’homicide pour évaluer l’engagement et la confiance civiques.55 Le Rapport du développement humain dans les Caraïbes 2012 a notamment signalé que les crimes violents sapent la confiance mise dans le développement futur, réduisent la compétitivité des industries et des services en imposant des coûts importants en matière de sécurité, et portent préjudice au climat d’investissement. Le crime peut également entraîner une fuite des cerveaux depuis le pays ou la communauté concernés. De plus, l’affectation de ressources au contrôle de la criminalité réduit les fonds disponibles pour investir dans la santé et l’éducation, freinant ainsi l’intégration sociale et le développement.56 Ces dernières années, le taux moyen d’homicide à l’échelle mondiale dans 189 pays disposant de données s’élevait à 6,9 pour 100 000 personnes,57 avec un taux proche de zéro à Monaco et un niveau très élevé de 91,6 au Honduras (consulter le tableau statistique 9). Il existe une légère corrélation négative entre les taux d’homicide et les valeurs d’IDH :

TABLEAU 1.3 Inégalités et satisfaction vis-à-vis de la liberté de choix et de la communauté Pertes globales de l’Indice de développement humain dues aux inégalités, 2012

Satisfaction vis-à-vis de la liberté de choix, 2007-2011a (en %)

IDH très élevé

10,8

81,5

85,9

IDH élevé

20,6

66,3

76,1

IDH moyen

24,2

77,8

79,9

IDH faible

33,5

61,8

72,2

Afrique subsaharienne

35,0

69,1

65,2

Amérique latine et Caraïbes

25,7

77,9

79

Asie de l’Est et Pacifiquec

21,3

78,7

80,1

Asie du Sud

29,1

72,9

83,2

États arabes

25,4

54,6

67,6

Europe et Asie centrale

12,9

58,5

76,5

Monde

23,3

73,9

79,0

Groupe et région de l’IDH

Satisfaction vis-à-vis de la communautéb, 2007-2011a (réponses « oui » en %)

Groupe de l’IDH

Région

a. Données relatives à l’année la plus récente disponible pendant la période spécifiée. b. D’après la question de l’enquête Gallup portant sur la satisfaction globale vis-à-vis de la ville. c. La valeur n’est pas affichée dans les tableaux statistiques car les données ne sont pas disponibles pour au moins la moitié des pays couvrant au moins deux tiers de la population du groupe. Source: pertes globales de l’indice de développement humain dues aux inégalités, calculs du BRDH basés sur l’indice de développement humain ajusté aux inégalités ; calculs du BRDH d’après Gallup (2012).

dans les pays à faible IDH, le taux est de 14,6 pour 100 000 personnes, dans les pays à IDH élevé 13 et dans les pays à IDH très élevé 2,1. Le taux d’homicide le plus élevé est détenu par l’Amérique latine et les Caraïbes (22,2 pour 100 000 personnes), suivi de l’Afrique subsaharienne (20,4), l’Europe et l’Asie centrale (5,5), les États arabes (4,5), l’Asie du Sud (3,7) et l’Asie de l’Est et le Pacifique (2,8). Un examen des taux d’homicides dans les villes peut également s’avérer instructif. Contrairement à l’opinion courante, le crime n’est pas toujours plus élevé dans les villes pauvres. Amartya Sen remarque que Calcutta « n’est pas seulement l’une des villes les plus pauvres de l’Inde, voire du monde. Elle est également la ville indienne affichant le taux de crimes violents le plus faible ».58 Ceci est également vrai pour les homicides : à Calcutta, le taux moyen de meurtres, 0,3 pour 100 000 personnes, est plus faible que dans les villes plus riches comme Londres (2,4) et New York (5,0).59 Selon Sen, Calcutta bénéficie d’une très longue tradition de ville « métissée », sans séparations liées Chapitre 1  État du développement humain | 41


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