Whistling Psyche - Programme

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Côté public Séance spéciale • Audiodescription Jeudi 24 janvier Bord de plateau à l’issue de la représentation • Jeudi 24 janvier Conversation de la Librairie Kléber avec Julie Brochen et les comédiens • Samedi 26 janvier c


3  CRÉATION DU TNS

Whistling psyche

De Sebastian Barry Mise en scène Julie Brochen assistée de David Martins Traduction de l’anglais (Irlande) Isabelle Famchon Vidéo Alexandre Gavras Scénographie Julie Brochen en collaboration avec César Godefroy* Lumières César Godefroy* Son Madame Miniature Dramaturgie Thomas Pondevie* Costumes Élisabeth Kinderstuth Coiffures, maquillage Catherine Nicolas * élèves du Groupe 41 de l’École du TNS

Avec Catherine Hiegel Docteur Barry Juliette Plumecocq-Mech Miss Nightingale et David Martins, comédien de la troupe du TNS Équipe technique Régie générale Stéphane Descombes Régie lumière Bernard Cathiard/Patrick Descac (en alternance) Régie son Maxime Daumas Régie vidéo Hubert Pichot Régie plateau Arthur Plath Machiniste Marc Puttaert Habilleuse Carole Lacroix Lingère Charlotte PinardBertelletto Maquilleuse Catherine Bloquere > Le décor et les costumes ont été réalisés par les ateliers du TNS. Du jeudi 10 janvier au samedi 2 février 2013 Horaires : du mardi au samedi à 20h, les dimanches à 16h Relâche : les lundis et dimanche 13 janvier Salle Gignoux Durée : 1h15 environ Production Théâtre National de Strasbourg > Whistling Psyche (En appelant Psyché) est publié aux éditions Voix Navigables, 2011 Le texte est traduit avec le soutien du Ireland Literature Exchange La pièce Whistling Psyche de Sebastian Barry est représentée dans les pays de langue française par l'agence Drama - Suzanne Sarquier www.dramaparis.com en accord avec Independent Talent Group Limited à Londres.

> Vidéo sur www.tns.fr > Remerciements au Théâtre Edouard VII, à Henri Demilecamps et au Théâtre National de Chaillot.

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Charlotte Salomon Leben oder Theater [4720]


J’ai découvert Sebastian Barry en 1997 en jouant dans Le Régisseur de la chrétienté, mis en scène par Stuart Seide, le premier de ses textes monté en France. Les thèmes, la langue, l’intensité des propos et des phrases de cet auteur m’ont immédiatement fascinée. Sebastian Barry s’intéresse aux « laissés pour compte » de l’Histoire. Ses personnages sont irlandais, comme lui, des passionnés qui ont consacré leur vie à une cause, se sont sacrifiés pour elle mais ne firent l’objet d’aucune reconnaissance. Ses textes mêlent souvent la grande Histoire à l’intimité familiale. S’inspirant de son arbre généalogique, il s’approprie l’histoire des morts qu’il n’a pas connus et leur redonne la parole. C’est un drôle de processus : ses personnages, avant d’être des personnages, ont été des êtres vivants mais dont il ne reste que des dates, des lieux, des faits… Sebastian Barry leur invente une pensée, une langue. Il leur donne la sienne. Il leur « rend » une vie fictionnelle pour remplacer la vie et la mémoire dont on les a dépossédés. Dans Whistling Psyche, c’est à James Miranda Stuart Barry qu’il a choisi de donner la parole, un de ces lointains ancêtres né vraisemblablement en 1795… Whistling Psyche : tout est contenu dans ce titre, à tel point qu’il était impossible de le traduire sans l’appauvrir. Nous aurions pu dire littéralement En sifflant Psyché, ou En attendant Psyché mais Barry construit plusieurs strates de sens. Une psyché est un miroir mais c’est aussi « l’âme », la sensibilité et l’intelligence, l’essence même de l’esprit. C’est encore et surtout, dans la pièce, le nom qu’a donné le Dr. Barry à son caniche ou plutôt aux caniches qui se sont succédés auprès de lui quand il vivait au Cap. Dès le départ, dès le titre donc, le trouble identitaire existe. Et la pièce ne parle que de ça. Whistling Psyche, c’est la rencontre improbable entre deux figures de l’histoire de la médecine : Florence Nightingale et James Miranda Barry mais toutes deux ont connu des destins bien différents. Florence Nightingale a eu son heure de gloire : décorée de la Royal Red Cross par la reine Victoria en 1883, elle a aussi été la première femme décorée de l’Ordre du mérite, en 1907, trois ans avant sa mort. Dès 1856, à son retour de la guerre de Crimée, tous les journaux relatent ses « exploits » et aujourd’hui encore un musée londonien porte son nom. James Miranda Barry fut quant à lui l’un des premiers chirurgiens à avoir pratiqué l’accouchement par césarienne et il atteignit le grade d’inspecteur général des hôpitaux de l’armée, le plus important de la hiérarchie. Cependant, malgré les réformes essentielles qu’il réussit à mettre en place, toute son œuvre fut effacée à sa mort et toute « reconnaissance » lui fut refusée par la découverte de sa « véritable » identité… Une génération sépare les deux personnages. De la naissance de l’infirmière en 1820 à la mort du Dr Barry en 1865 il est donc tout à fait possible qu’une rencontre ait eu lieu. C’est ce qu’imagine Sebastian Barry. Le récit croisé de cette rencontre dans la pièce est passionnante. La haine réciproque des deux figures et les préjugés qui l’accompagnent laissent à penser qu’aucun dialogue n’est possible. Il adviendra pourtant envers et contre tout.

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La pièce retraverse la vie de ces deux pionnières de la médecine moderne. Pionnières en effet car l’on découvre que James Miranda Barry est une femme. J’ai l’impression, pour la première fois, de construire un spectacle ancré dans un propos et une intention féministes. Le texte résonne pour moi comme l’éloge d’être une femme dans un monde exclusivement masculin, dans un monde d’une cruauté et d’une laideur qu’on juge insoutenables pour les femmes… Je crois qu’on peut difficilement se représenter ce qu’étaient les hôpitaux militaires de l’époque : le manque total d’hygiène, la pénurie de moyens, la mort incessante des soldats empilés dans des salles inadaptées, les cris, les plaies ouvertes… Ce que ces deux femmes ont vu dépasse l’entendement. Elles ont pourtant fait le choix d’être au cœur des évènements. Elles ont même dû se battre pour y parvenir. Cependant, la façon dont elles ont chacune mené bataille est fondamentalement différente. Pour James Miranda Barry, être médecin et militaire voulait nécessairement dire être un homme. Je m’imagine cette toute jeune adolescente qu’elle était et qui, au moment où on la tue – où l’on tue son identité, son corps de femme – trouve la force et les ressources de s’inventer une nouvelle vie. Florence Nightingale a elle aussi dû lutter des années pour devenir infirmière, contre ses parents et contre la société, mais sans « enlever ses jupes » comme le dit Sebastian Barry. Pour parvenir à leurs fins, il leur a fallu surpasser tout le monde dans leur domaine de prédilection : elles ont été obligées d’être des surhommes pour avoir le droit d’être des femmes. Quand je pense que James Miranda Barry a dû, pendant près de soixantecinq ans, cacher son identité féminine, cela me donne le vertige.

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Cette chose qu’on tait, c’est évidemment ce qu’on cherche au théâtre et ce qui, depuis toujours, est au centre de mon travail. C’est ce qui m’importe : le secret, ce qu’on ne dit pas directement, ce qu’on ne verra jamais mais qui est l’essentiel. Et l’écriture de Sebastian Barry ne parle presque que de ça. Dans son œuvre, chaque parole semble testamentaire comme s’il cherchait à recomposer ce qui constitue les êtres, tout en ayant conscience que la mémoire humaine est faillible et s’abime et que les manques, les oublis, les raccourcis et les non-dits sont aussi importants que ce qui parvient à s’affirmer. Ainsi la scène centrale, celle qui bouleverse tout selon moi, est le récit de l’accouchement de James Miranda Barry. Cette femme a en effet connu un homme dans sa vie, le gouverneur du Cap : Lord Charles Somerset. Mais les rumeurs ne donneront aucune chance à cette relation : Barry est surnommée « la petite épouse du gouverneur » et le couple est accusé d’homosexualité, ce qui met fin à leur amour. Là encore, le trouble identitaire et les préjugés sont au centre de tout. Sebastian Barry imagine alors, bien que rien ne l’atteste dans les faits, que le docteur Barry est tombée enceinte. C’est peut-être ce qui me trouble le plus dans ce texte car c’est ce qui transcende tout le reste. Dans


cette scène, James Miranda accouche dans le plus grand secret, en présence de Nathaniel, son fidèle « majordome » et seul compagnon humain. Pour ce dernier cependant, qui partage le toit et la vie du Docteur depuis des années, Barry est un homme. Il vit donc l’accouchement comme une chose surnaturelle, démoniaque même. À partir de là, toutes les limites sont repoussées et tout vacille pour laisser place à la dimension poétique et mythologique du récit. L’essentiel quant à lui n’est pas exprimé, jamais avoué. La mort de l’enfant : c’est le secret. De cette femme cachée et niée qu’a été James Miranda Barry, de celle qui a consacré sa vie à l’égalité de traitement des colons et des colonisés dans les soins médicaux, il ne reste que l’anecdote finale : la découverte, le jour de sa mort, par une infirmière irlandaise qui a monnayé « l’information », de sa véritable identité. Cette « tricherie » mise à jour, loin d’éveiller les consciences, a rendu toute reconnaissance publique impossible… Dans Whistling Psyche, les temps se superposent, les espaces se mêlent. La pièce elle-même est à la fois une plongée dans l’intime et une véritable épopée où il s’agit de guerre et du devenir des peuples. Dans le spectacle, le dispositif scénique sera constitué de voiles translucides pour troubler l’image et figurer le passé et de voiles sur lesquels projeter des images afin de brouiller et d’éclairer à la fois présent et passé, de créer des superpositions et de rendre compte de la notion de « conquête » qui existe dans le parcours des deux femmes, à l’image de celles de Napoléon et de la reine Victoria. Je pense notamment à la mort de Florence Nightingale car la pièce se situe la même année, en 1910, et c’est comme si James Miranda Barry, morte quarante-cinq ans plus tôt, venait la « visiter ». Nous travaillerons, avec le réalisateur Alexandre Gavras, à rendre compte de ce trouble, à rendre visible la mémoire accidentée, à la fois poétique et douloureuse, comme un songe dont on se demande s’il s’agit d’un rêve ou d’un cauchemar. Julie Brochen

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BNF Autoportrait d'Émile Zola avec son chien Pimpin

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En fin de compte, une âme devait être une bien petite chose puisqu’on en sacrifiait tant sans compter, et légère comme une plume. Pour un roi, un empire et un pays promis. Ce pays devait être en soi un endroit sans valeur, puisqu’on ne tenait pas compte de tous les rêves et de toutes les convictions qui l’habitaient. Tout en lui disparaissait rapidement. Rien ne valait la peine d’être conservé. Quelque trente mille âmes de ce pays cruel ne s’inscrivaient pas sur les registres de Dieu. Sous cette vague boursouflée de l’histoire étaient enterrés Willie et tous les soldats qui lui ressemblaient, dans un cimetière oublié sans ifs ni pierres. Il vit quatre anges, mais à cette époque, les anges étaient une vision banale.

Sebastian Barry

Un long long chemin, trad. Florence Lévy-Paoloni, Éd. Joëlle Losfeld, 2006, pp. 315-316


Dans une période de l’histoire humaine où toute l’énergie disponible est consacrée à l’étude de la nature, on ne fait guère attention à l’essence de l’homme, c'est-à-dire à sa psyché. Sans doute, beaucoup de recherches sont consacrées aux fonctions conscientes de l’esprit, mais les régions réellement complexes et peu familières de la psyché où germent les symboles demeurent encore pratiquement inexplorées. Il semble presque incroyable qu’avec les signaux qui nous parviennent toutes les nuits, le déchiffrement de ces messages paraisse si ennuyeux que presque personne ne veuille s’en occuper. Le plus grand instrument de l’homme, sa psyché, jouit de peu de considération, et est souvent ouvertement traité avec méfiance ou mépris : « ce n’est que psychologique » signifie trop souvent : « ce n’est rien ». D’où est venu ce préjugé considérable ? Nous avons manifestement été si occupés de ce que nous pensons que nous oublions complètement de nous demander ce que notre psyché inconsciente pense de nous. […] Désormais, elle est devenue un dépôt à ordures morales. Ce point de vue moderne est certainement borné et injuste. Il ne s’accorde même pas avec les faits connus. Notre connaissance actuelle de l’inconscient montre qu’il est un phénomène naturel et que, comme la Nature elle-même, il est au moins neutre. Il contient tous les aspects de la nature humaine, la lumière et l’ombre, la beauté et la laideur, le bien et le mal, la profondeur et la sottise.

Carl Gustav Jung

Essai d’exploration de l’inconscient, trad. Laure Deutschmeister, Éd. Denoel, coll. Folio/Essais, 1989, pp. 180-181

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Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu’ils étaient ballottés de ça et de là, jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable. Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur propre intérieur, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses qualités repoussantes et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières. En Angleterre, on crie à celui qui ne se tient pas à distance : Keep your distance ! Par ce moyen, le besoin de chauffage mutuel n’est, à la vérité, satisfait qu’à moitié, mais en revanche on ne ressent pas la blessure des piquants. Celui-là cependant qui possède beaucoup de calorique propre préfère rester en dehors de la société pour n’éprouver ni ne causer de peine.

Arthur Schopenhauer

Aphorismes et insultes, trad. Auguste Dietrich, Éd. Altéa, 2010, pp. 137-138


Orlando était devenu femme – inutile de le nier. Mais pour le reste, à tous égards, il demeurait le même Orlando. Il avait, en changeant de sexe, changé sans doute d'avenir, mais non de personnalité. Les deux visages d'Orlando – avant et après – sont, comme les portraits le prouvent, identiques. Il pouvait – mais désormais par convention nous devons dire elle au lieu de il – elle pouvait donc, dans son souvenir, remonter sans obstacle tout le cours de sa vie passée. Une légère brume, peut-être, en noyait les contours comme si, dans le clair étang de la mémoire, quelques gouttes sombres se fussent diffusées ; certaines apparences en étaient plus obscures ; mais c'était tout. […] elle passa une paire de pistolets à sa ceinture et enfin enroula autour de son corps plusieurs rangs d'émeraudes et de perles du plus bel orient qui avaient fait partie de sa garde-robe d'Ambassadeur. Ceci fait, elle se pencha à sa fenêtre, siffla doucement une seule fois, descendit l'escalier […] et sortit ainsi dans la cour. Là, juché sur un âne, à l'ombre d'un figuier géant, un vieux bohémien attendait. Il tenait un second baudet par la bride. Orlando l'enfourcha ; et, dans cet équipage, avec un chien maigre pour suite, un âne pour monture, un bohémien pour compagnon, l'Ambassadeur de Grande-Bretagne à la cour du Sultan quitta Constantinople.

Virginia Woolf

Orlando, trad. Charles Mauron, Ed. Stock, Le livre de poche, 1974, pp. 155-157

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Qu'est-ce qui peut ainsi ronger le cœur d'une femme comblée par la vie sinon la vie elle-même qui ronge et qui use et qui fatigue ? Le cheminement secret de la vieillesse que toutes les femmes ressentent profondément depuis la première rencontre avec les émois de l'amour et contre quoi, contre toute raison, toutes les femmes se défendent en secret. Des jeunes, des belles, des vaines, des glorieuses, des aimées font subitement de la neurasthénie. Qu'est-ce qui gonfle le cœur des femmes et le rend si lourd à porter ? N'estce pas, inhérente à la nature féminine, la marque de la bête, la déperdition, le sang, le sang qui circule plus ou moins impur et les travaille selon les lunaisons ? Se sentir périodiquement freinée et par ce frein à la merci d'un corps étranger qui vous pénètre et vous cloue et dont on n'est libérée que par un accouchement, en expulsant l'étranger, beaucoup de femmes succombent à ce sentiment, à cette humiliation, surtout parmi les modernes, les toquées qui veulent « vivre leur vie », comme elles disent, et comme si les femmes avaient une vie propre ! les autres ne pouvant perdre l'esprit puisqu'elles n'en ont jamais eu, accomplissant leur fonction passivement, d'où le faciès stupide de la plupart des femmes quand on sait le dépouiller de ses attiferies, de ses minauderies, de ses grâces empruntées, de son maquillage à la mode et que l'on ferme l'oreille à leur babillage, les yeux à leur étourderie. Qu'est-ce que c'est ça, qui reste ? Un sac congestionné, une outre percée. Que font-elles sur terre ? Elles attendent. Elles attendent quoi ? Elles ne savent pas, qu'on les choisisse, qu'on les prenne. Elles chient des gosses. Et quoi encore ? Elles saignent.… Ce sont des chiennes. Pas une qui ne le soit pas. Même la plus discrète, Véronique, qui montrait l'empreinte de la face du Christ sur son linge ensanglanté comme après une noce juive on expose le drap souillé des traces de la virginité perdue... Mais on peut aimer une chienne et elle vous le rend bien, et avec usure et soumission. Même Schopenhauer avait un caniche.

Blaise Cendrars

L’Homme foudroyé, Éd. Gallimard, coll. Folio pp. 407-408


J'ai un caniche, et quand il fait une bêtise, je lui dis : fi, tu n'es pas un chien, tu n'es qu'un homme. Oui, un homme ! Tu devrais avoir honte. Alors il est tout honteux et va se coucher dans un coin. Arthur Schopenhauer

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Wilhelm Busch Schopenhauer et son caniche


CORALINE : […] Qu’ils viennent à présent ces prétendus sages qui disent du mal des femmes ; qu’ils viennent, qu'ils viennent, ces messieurs les poètes qui croient ne pouvoir être applaudis qu'à nos dépens. Je les ferai rougir de honte mais tant d’autres le feront mieux que moi : tant de femmes nobles et courageuses qui surpassent les hommes en vertu et n’arrivent jamais à leur cheville dans le vice. Vive notre sexe, et que crève sur l’heure qui ose en dire du mal.

Carlo Goldoni

La Serva amorosa/La Servante aimante, trad. Ginette Herry, Éd. Imprimerie nationale, ComédieFrançaise, 1992, p.140

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FLORENCE NIGHTINGALE : […] Jamais de ma vie je n’avais rencontré quelqu’un de si endurci, même à l’armée, et je suis restée sous ce soleil tapant à le regarder, vraiment comme s’il était une apparition si curieuse et si inattendue que nous n’appartenions pas à la même sphère sur cette terre. Je suis sûre qu’il s’agissait d’un de ces hommes affreusement ignorants qui, par leurs habitudes et leurs pratiques avaient mené l’armée d’Angleterre à cette impasse épouvantable. Il avait l’air d’un véritable démon, une vilaine bête, et il était ratatiné et rétréci dans son assez splendide uniforme, les traits impitoyables et hargneux aussi tranchants que des couteaux, la peau blanche comme une pomme pelée sous son bicorne pointu. Grotesque, mal élevé, ou pire sans aucune manière, de basse naissance et bizarre, déguisé en monsieur comme pourrait l’être un acteur sans talent, bien trop propret et ridiculement impeccable, avec le col qui lui rentrait dans son cou de poulet comme deux dagues blanches, comme s’il avait l’intention de se suicider avec sa chemise, et ces petites chaussures vernies crispées de rage, comme deux épées elles aussi et luisant sinistrement, et, courant derrière son cheval haut sur pattes, un petit chien noir avec des poils qui avaient l’air de lui pousser des globes oculaires, aboyant hystériquement, et un serviteur africain épuisé qui trottait derrière lui comme une ombre, ainsi qu’une chèvre qu’il avait, je crois le mettre à son crédit, acquise pour profiter des bonnes qualités de son lait. Je me suis laissé dire plus tard, lorsqu’il finit par mourir voici quelque soixante ans, que cet indescriptible personnage était en fait une femme à l’origine. Qu’est-ce que vous dites de ça ?

Sebastian Barry

Whistling Psyche / En appelant Psyche, trad. Isabelle Famchon, Éd. Voix navigables, 2011


LE DOCTEUR BARRY : Sur l’autre face de cette petite pièce de six pence, il y a les traits de cette soi-disant réformatrice, Florence Nightingale. Miss Nightingale lève les yeux. Elle n’a pas fait plus que ce que je faisais depuis trente ans, et ça sans devoir enlever ses jupes. Au pire de la guerre de Crimée, ce sont ses critiques des hôpitaux militaires qui m’ont amené à Scutari. Je me suis senti obligé de défendre les choses telles qu’elles étaient, ce qui n’était pas mon habitude. Je ne pouvais pas chanter sa chanson. J’avais peut-être tort. Mais quelque chose en elle me mettait en fureur, quoi, je ne sais. Un jour que je traversais le champ de parade sur mon étalon noir, j’ai aperçu une femme convaincue de son importance avancer dans la chaleur accablante de midi, avec seulement un petit bout de bonnet sur la tête. Tout autour s’affairait la noire soldatesque. Je savais que c’était elle. Quelque chose de désagréable et d’inexplicable s’est emparé de moi. Je me suis mis à l’invectiver, la clouant sur place devant tous ces cœurs et ces âmes rudes, lui hurlant dessus qu’elle se risquait dans ce déluge de soleil et de chaleur au mépris de règlements clairs. Se déplaçant dans un lieu masculin comme si elle avait le droit divin de s’y déplacer, indépendante et austère. Quand elle a levé les yeux vers moi, elle m’a peut-être pris pour un sauvage endurci, une simple bouffée de rigorisme militaire sur un cheval plus sensé que son cavalier. Je lui ai donné le sermon de sa vie avant d’éperonner mon cheval pour partir. Je ne sais pas ce qui m’a pris, sauf que c’était une rage si brûlante, si sauvage et si pleine de ressentiment, qu’elle a bien failli stopper ma vieille gorge comme une mine qui s’effondre. Elle n’avait pas dû enlever ses jupes pour devenir le personnage qu’elle était, et elle était jeune encore alors, et elle se servait de son joli visage pour obtenir ce qu’elle voulait.

Sebastian Barry

Whistling Psyche / En appelant Psyche, trad. Isabelle Famchon, Éd. Voix navigables, 2011

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Presque toutes les maisons, qui s’écroulent, ont, en façade, un petit porche : et là… je me trouve face à l’un des faits les plus impressionnants de l’Inde. Tous les porches, tous les trottoirs regorgent de dormeurs. Ils sont étendus à terre, contre les colonnes, les murs, les chambranles de portes. Leurs chiffons les enveloppent complètement, cireux de saleté. Leur sommeil est si profond qu’ils ressemblent à des morts dans leur suaire déchiré, fétide. Ce sont des jeunes gens, adolescents, vieillards, femmes avec leurs enfants. Ils dorment recroquevillés ou sur le dos, par centaines. Certains sont encore éveillés, en particulier des garçons : ils font une halte dans leurs flâneries ou conversent à mi-voix, assis à la devanture d’une boutique fermée, sur les marches d’un auvent. Certains se décident à s’étendre et s’entourent de leur drap, en se recouvrant la tête. La rue est tout entière saisie dans leur silence. Et leur sommeil est pareil à la mort, mais une mort qui serait, à son tour, aussi douce qu’un sommeil. Pier Paolo Pasolini

L’Odeur de l’Inde, trad. René de Ceccatty, Éd. Denoël, coll. Folio, 1984, pp.24-25.

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THOMAS : […] Un matin de bonne heure, alors qu’il avait neigé, je suis sorti briser la glace sur la citerne pour me débarbouiller, et j’ai vu les traces de notre chien dans la neige, elles remontaient le pré pentu, jusqu’à l’orée du bois, et j’avais très peur parce qu’il y avait des gouttes de sang jalonnant son passage. […] j’y ai trouvé notre chien avec la carcasse d’une brebis bien entamée déjà : il n’en restait que l’arrière-train. Sur la laine, j’ai vu la marque bleue de mon père et j’ai compris que c’était la catastrophe. Car un chien tueur de mouton à son tour devait mourir. Alors, dans mon innocence, je suis redescendu le dire à mon père et il m’a donné l’ordre, comme il convenait, de remonter avec une corde et de lui ramener Berger en laisse pour qu’il soit mis à mort. La perte d’une brebis : un désastre, un désastre ! Avec elle, c’était plein d’argent qu’on perdait. Mais j’avais pour le chien un tel amour, j’ai hésité quand j’ai eu la corde attachée à son cou, et finalement je l’ai emmené encore plus haut sur notre montagne, on a traversé les pins chétifs, puis on s’est enfoncé dans le bois assombri de neige et de mousse. […] Comment la désolation de l’hiver ne m’a-t-elle pas transi et anéanti pour prix de ma folie ? L’amour du chien m’a permis de rester planté là, comme seuls les enfants savent le faire, immobile, tout pensif, le pauvre chien pleurnichard de froid. Vers cinq heures du matin, je me suis remis en chemin, parce que j’entendais appeler ici et là sur la montagne […] Et nous voilà enfin redescendus dans la cour, le chien avait la queue entre les pattes et tirait sur la corde, comme au jour de son arrivée, et mon père est sorti de la maison, dans ses habits massifs. Masse brune d’habits et de cheveux. J’ai eu l’impression de ne l’avoir encore jamais vu, jamais regardé tout entier, de la tête aux pieds. Et alors j’ai compris que ce serait le massacre, pour le chien et pour moi. Mes pieds m’ont transporté jusqu’à l’endroit où mon père se tenait, comme immortel au seuil de la maison. Et il a posé sa main droite sur l’arrière de ma tête et m’a tiré vers lui, et j’avais la joue contre la boucle du ceinturon. Et, à son tour, il a levé les yeux, vers le ciel pâlissant, et a loué quelqu’un, d’une voix étranglée. Dieu peut-être, de m’avoir gardé sain et sauf, et il m’a caressé les cheveux. Et plus jamais on n’a reparlé du crime du chien et il est mort de vieillesse. Et je parlerai de la miséricorde des pères, quand l’amour qui gît en eux aussi profondément que la face scintillante d’un puits est trahi par l’imprévu, et l’enfant voit enfin qu’on l’aime, qu’on l’aime et qu’on a besoin de lui et qu’on ne saurait vivre sans lui, immensément.

Sebastian Barry

Le Régisseur de la chrétienté, trad. Jean-Pierre Richard, Éd. Théâtrales, 1996, pp. 69-71


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Ronan Barrot La Main


BiogrAphies Sebastian Barry Sebastian Barry est un auteur de théâtre et de romans. Il est né à Dublin en 1955 et a fait ses études au Trinity College. Il a écrit 12 pièces dont Boss Grady’s Boys/Les Fistons (trad. Émile-Jean Dumay, Éd. L’Harmattan, 2008), Prayers of Sherkin (1990), The Steward of Christendom/ Le Régisseur de la chrétienté (trad. Jean-Pierre Richard, Éd. Théâtrales, 1996), Our Lady of Sligo/Notre Dame de Sligo (trad. Isabelle Famchon,1998), Whistling Psyche/ En appelant Psyche (trad. Isabelle Famchon, Éd. Voix navigables, 2010), The Pride of Parnell Street/La Fierté de Parnell Street (trad. Isabelle Famchon, Éd. Voix Navigables), et Tales of Ballycumber (2009). Il a reçu les prix suivants pour son œuvre théâtrale : BBC/Stewart Parker Trust Award, Christopher Ewart-Biggs Memorial Prize, Ireland/America Literary Prize, Critics' Circle Award pour « meilleure nouvelle pièce », Writers' Guild Award, Lloyds Private Banking « Auteur de théâtre de l’année » et le Peggy Ramsay Play Award, ainsi que des nominations aux Olivier Awards et le Irish Times Theatre Award. Il a écrit les romans suivants : The Whereabouts of Eneas McNulty/ Les Tribulations d’Eneas McNulty (trad. Robert Davreu, Éd. Plon, coll. « feux croisés », 1999), Annie Dunne (trad. Florence Lévy-Paolini, Éd. Joëlle Losfeld, 2005), A Long Long Way/Un long long chemin (trad. Florence LévyPaolini, Éd. Joëlle Losfeld, 2006) qui a reçu le prix Kerry Group Fiction Award, a été nominé au Man Booker Prize et sélectionné pour le « Dublin: One City, One Book ». Son roman The Secret Scripture/Le Testament caché (trad. Florence LévyPaolini, Éd. Joëlle Losfeld, 2009) a reçu les prix : The Costa Book of the Year, « roman de l’année », The James Tait Black Memorial Prize, The Cezam, Prix Littéraire-Inter-CE, The Independent Booksellers’ Book Prize, The Hughes and Hughes Irish Novel of the Year, et a été nominé au Man Booker Prize. 28

Son dernier roman On Canaan’s Side/ Du côté de Canaan (trad. Florence Lévy-Paolini, Éd. Joëlle Losfeld, 2012) a été nominé au Man Booker Prize et a reçu le prix Walter Scott Prize en 2012. Sebastian Barry a été Writer Fellow au Trinity College à Dublin en 1996, Professeur invité à Heimbold, Université de Villanova en 2006. Il a reçu un prix pour « services rendus à la littérature » en 2009 du Maire de Dublin et un doctorat honoraire de l’université de East Anglia en 2010 et de l’université de Galway en 2012. Il est membre de la Royal Society of Literature. En France, il a été révélé au théâtre par Le Régisseur de la chrétienté, mis en scène par Stuart Seide en 1997. Pièce dans laquelle jouait Julie Brochen.


Sebastian Barry © Lisa Brownlee

Isabelle Famchon Traductrice de théâtre contemporain, elle s’est attachée notamment à faire connaître des auteurs irlandais comme Tom Murphy, Vincent Woods, Frank McGuinness et surtout Sebastian Barry, dont elle a traduit, entre autres : Notre Dame de Sligo (Our Lady of Sligo) : Lecture-spectacle, Festival Regards Croisés, Troisième bureau, Grenoble. En appelant Psyché (Whistling Psyche) : Éd. Voix Navigables, 2010. Création dans une mise en scène de Julie Brochen, en janvier 2013 au Théâtre National de Strasbourg puis représentations au Théâtre Gérard Philipe Centre Dramatique National de Saint-Denis. La fierté de Parnell Street (The Pride of Parnell Street) : Éd. Voix Navigables, Le texte a obtenu l’Aide à la création du Centre National du Théâtre.

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© Giovanni Cittadini Cesi

Catherine Hiegel Docteur Barry Catherine Hiegel se forme auprès de Raymond Girard et Jacques Charon. Elle entre au Conservatoire national d’art dramatique, concours 1966, où elle suit les classes de Jean Marchal puis de Lise Delamare. Elle entre à la Comédie-Française le 1er février 1969 et devient sociétaire le 1er janvier 1976, puis Sociétaire honoraire le 1er janvier 2010. À la fois metteur en scène, comédienne au théâtre, au cinéma et à la télévision, la carrière de Catherine Hiegel est riche, foisonnante et longue. Quelques repères dans ces différents domaines : En janvier 2012, elle met en scène Le Bourgeois Gentilhomme de Molière avec François Morel au Théâtre de la Porte Saint-Martin où elle avait déjà mis en scène en 1987 Les Femmes savantes de Molière. À la Comédie-Française, elle signe sa première mise en scène aux côtés de Jean-Luc Boutté avec Le Misanthrope puis Georges Dandin en 1999, Le Retour de Harold Pinter en 2000 et L’Avare en 2009.

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Au théâtre : En 2012, elle joue dans Moi je ne crois pas de Jean-Claude Grimberg mis en scène par Charles Tordjman au Théâtre du Rond-Point et Le Fils de Jon Fosse sous la direction de Jacques Lassalle au Théâtre de la Madeleine. En 2011, De Beaux lendemains de Russel Banks mis en scène par Emmanuel Meirieu au Théâtre des Bouffes du Nord. En 2010, La Mère de Florian Zeller dans la mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo au Petit Théâtre de Paris (elle obtient pour ce rôle le Molière de la meilleure comédienne 2011). Toujours avec Marcial Di Fonzo Bo, elle joue en 2008 dans La Petite fille dans la forêt profonde de Philippe Minyana au Studio Théâtre, en 2007 au Vieux Colombier dans Les Précieuses ridicules sous la direction de Dan Jemmet, en 2005 dans La Maison des morts de Philippe Minyana dirigée par Robert Cantarella. Au Vieux Colombier, en 2004, elle joue sous la direction de Joël Jouanneau dans Embrasser les ombres de Lars Norèn, en 2002 Savannah Bay de Marguerite Duras dans la mise en scène d’Éric Vigner, en 2001 Le Malade imaginaire de Molière mis en scène par Claude Stratz, Les Bonnes de Jean Genet mis en scène par Philippe Adrien à la Comédie Française. Avec Joël Jouanneau, elle joue dans Les Reines de Normande Chaumette en 1997 au Vieux Colombier, La Serva amorosa de Goldoni, en 1992, dans la mise en scène de Jacques Lassalle à la Comédie Française. En 1990, elle participe à la création de Greek de Bercoff mis en scène par Jorge Lavelli au Théâtre de la Colline et à celle du Médecin malgré lui de Molière dirigé par Dario Fo à la ComédieFrançaise. Toujours sous la direction de Lavelli, elle participe à la création, en 1989 de La Veillée de Lars Norèn et de Une Visite inopportune de Copi en 1988 au Théâtre de la Colline. Elle crée Quai Ouest de BernardMarie Koltès avec Patrice Chéreau en 1985 au Théâtre des Amandiers-Nanterre. En 1983, elle joue dans La Locandiera de Goldoni mis en scène par Jacques Lassalle et en 1978, du même auteur, La Villegiature sous la direction de Giorgio Strehler à la Comédie-Française. En 1968, elle joue dans L’Amour propre de Marc Camoletti mis en scène par l’auteur et dans Gugusse de Marcel Achard dans la mise en scène de Michel Roux au Théâtre de la Michodière. Au cinéma, elle a été dirigée notamment par Bruno Podalydès dans Adieu Berthe, l’enterrement de Mémé en 2012, Bertrand Blier dans Les Côtelettes en 2002, Dominique Cabrera L’autre côté de la mer en 1996, Josiane Balasko Gazon maudit en 1994, Étienne Chatillez La Vie est un long fleuve tranquille en 1988. Elle s’est produite dans de très nombreux téléfilms, notamment réalisés par Claire Devers Mylène en 1995, Bernard Stora La Corruptrice en 1994 ,Yves-André Hubert George Dandin en 1971, La Locandiera en 1984. Avec Pierre Badell, elle a tourné Le Bourgeois Gentilhomme en 1969, Le Roi se meurt en 1976, La Villégiature en 1979.


© Johannes Von Saurma

Juliette Plumecocq-Mech Miss Nightingale Après trois années au Conservatoire de Bordeaux, Juliette Plumecocq-Mech travaille avec Django Edwards, les Colombaïoni, puis intègre la troupe du Théâtre du Soleil sous la direction d’Ariane Mnouchkine. C’est à l’issue de cette aventure qu’elle crée avec Christophe Rauck la compagnie Terrain Vague (Titre Provisoire). Sous la direction de ce dernier elle interprète de 1995 à 2012, le juge Azdack dans Le Cercle de craie Caucasien de B. Brecht au Théâtre du Soleil, Jacques le mélancolique dans Comme il vous plaira de W. Shakespeare au Théâtre de Choisy, Philippe dans Le Théâtre ambulant Chopalovitch de Lioubomir Simovitch, Lancelot dans Le Dragon de Evgueni Schwartz, Klestakhov dans Le Revizor de Nicolas Gogol au Théâtre du Peuple de Bussang, La marquise, Le loup dans Le Rire des asticots de Pierre Cami au Théâtre Vidy-Lausanne, Aristarque dans Cœur ardent de Alexandre Ostrovski, Misséna, l'avocat dans Têtes rondes et têtes pointues de B. Brecht, Franck dans Cassé de Rémi Devos créé au TGP Saint-Denis. Dans le même temps, elle croise d’autres metteurs en scène parmi lesquels, Thierry Roisin pour Dialogues têtus d'après Giacomo Leopardi, Omar Porras pour Maître Puntila et son valet Matti de B. Brecht et aussi, Ricardo Lopez-Munoz avec lequel elle fait plusieurs créations en résidence au Théâtre d’Aulnay-sous-bois, Visiblement préoccupé par la conscience de l'existence de D. Lemahieu, Roméo et Juliette de W. Shakespeare. Elle travaille aussi avec Isabelle Ronayette pour On ne badine pas avec l’amour de A. Musset, Esther André pour Le Génie de la forêt et Orénoque de Emilio Carballido. Elle a tourné dans de nombreux courts et longs métrages, notamment, en 2011 et 2012 : Radiostars réalisé par Romain Lévy, Mon arbre réalisé par Bérénice André ou Scènes de ménage, série TV de M6.

© Franck Beloncle

David Martins Assistanat à la mise en scène et comédien Dès sa sortie du Conservatoire national supérieur d'Art dramatique, en 1999, il travaille sous la direction de Stuart Seide, Jacques Lassalle, Patrice Chéreau, Catherine Hiegel, Victor Gauthier-Martin, Yannis Kokkos, David Géry, Fred Cacheux... Il navigue comme acteur entre répertoire classique et théâtre contemporain, théâtre musical et théâtre de rue, au sein du Collectif des Fiévreux. Depuis 2008, il est très actif au sein de la compagnie FC, dont il est directeur artistique avec Fred Cacheux. Il crée et interprète Mammouth Toujours ! en 2009, puis Histoire du Tigre de Dario Fo en 2011. Il est comédien de la troupe du TNS depuis septembre 2011. Il interprète Toonelhuis dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011 et joue sous la direction conjointe de Julie Brochen et Christian Schiaretti dans la deuxième partie de Graal Théâtre : Merlin l’enchanteur de Florence Delay et Jacques Roubaud. Au cinéma, il est dirigé par Philippe Garrel dans Sauvage innocence, Olivier Dahan dans La Vie promise, Antoine de Caunes dans Les Morsures de l'aube et Coluche, Pascal Deux dans Émilie, Catherine Corsini dans Mariée mais pas trop et à la télévision par Pierre Aknine dans Ali Baba et les 40 voleurs, Josée Dayan dans Deuxième vérité, Gérard Marx dans Blessure secrète, Éric Summer dans La Tête haute et Cavale. Parallèlement, il écrit et met en scène Laissez venir à moi les petits enfants en 1999, et Hop et Rats en 2003 avec le compositeur Thierry Pécou au Théâtre du Châtelet. Créateur et Agitateur du collectif Cinéma les Fennecs, regroupement d'acteurs et réalisateurs, il écrit et produit des courts-métrages et des documentaires.

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© Franck Beloncle

Alexandre Gavras Vidéo

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Entre 1989 et 2005, Alexandre Gavras a étudié le cinéma à l’Université de NewYork. Il sort premier de sa promotion avec son film de fin d'étude La Plante. De retour en France, il fait tous les postes du plateau (caméra, déco, régie, machinerie, électricité...) et finit assistant réalisateur pour Jean Teulé, Liria Bgeja et Tony Gatlif au cinéma et David Fincher, Tarsem, Peter Smilie en publicité. Il réalise son premier court-métrage Tueur de petits poissons qui cumule plus de cent sélections en festivals et trente récompenses. Cela l'amène à réaliser plusieurs publicités, principalement en Belgique. Depuis 2006, Alexandre Gavras travaille avec la compagnie « Oh Oui » pour laquelle il crée les vidéos de leurs spectacles joués à la Filature de Mulhouse, aux Subsistances à Lyon, à L'Échangeur de Bagnolet, au Sylvia Monfort à Paris, à la fondation Cartier et au Performing Live Arts de New-York. En 2010, il réalise un film d'après La Cerisaie et un autre en 2012 d'après Dom Juan, deux spectacles mis en scène par Julie Brochen et créés au TNS. En 2012, il produit son premier court-métrage : Avant que de tout perdre de Xavier Legrand avec Léa Drucker, Denis Ménochet, Anne Benoit, financé par Canal +, le CNC, la région Franche-Comté et la fondation Beaumarchais-SACD.


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Charlotte Salomon Leben oder Theater [4290]


Portrait de James Miranda Barry

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Directrice de la publication Julie Brochen Réalisation du programme Fanny Mentré avec la collaboration de Éric de La Cruz Crédits Photos des répétitions : Franck Beloncle Graphisme Tania Giemza Édité par le Théâtre National de Strasbourg Kehler Druck/Kehl – Janvier 2013

Abonnements / Location 03 88 24 88 24 1, avenue de la Marseillaise BP 40184 F-67005 Strasbourg Cedex Téléphone : 03 88 24 88 00 Télécopie : 03 88 37 37 71 tns@tns.fr www.tns.fr


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SAison 12-13


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