Métamorphose : Programme de salle

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Côté public c

Séances spéciales • Surtitrage français Vendredi 25 janvier • Surtitrage allemand Samedi 26 janvier Du théâtre à l’écran Vendredi 18 janvier au Cinéma Star • 19h Mulholland Drive de David Lynch, 2001, 150’ > Suivi d'une rencontre avec Sylvain Maurice, animée par Estelle Dalleo (UdS) • 22h La Mouche de David Cronenberg, 1987, 96’ 2

- En collaboration avec Les Films du Spectre -

Tarif spécial 5,50 € par séance sur présentation de la carte d’abonnement du TNS ou d’un billet pour Métamorphose.

Bord de plateau à l’issue de la représentation Mardi 22 janvier Atelier de critique animé par Barbara Engelhardt Jeudi 24 janvier à 19h

Librairie Quai des Brumes, 120 Grand'Rue Strasbourg

Théâtre en pensées Rencontre avec Sylvain Maurice animée par Emmanuel Béhague (UdS) Mardi 29 janvier à 20h au TNS En partenariat avec l’Université de Strasbourg

> Vidéo sur www.tns.fr


3  Coproduction & création

métamorphose

Très librement inspiré de la nouvelle de Franz Kafka Adaptation et mise en scène Sylvain Maurice Assistanat et collaboration mise en scène Nicolas Laurent Scénographie Éric Soyer Lumières Yann Loric assisté de Camille Mauplot Costumes Marie La Rocca Création vidéo Renaud Rubiano assisté de Lois Drouglazet Création sonore François Leymarie assité de Jean de Almeida Création masques et maquillages Élise Kobisch-Miana Conseiller pour la musique Manuel Peskine Avec Nadine Berland La mère Marc Berman Le père Émilie Bobillot La sœur Arnault Lecarpentier Le chef de service, le locataire, la vieille femme Philippe Rodriguez-Jorda Gregor Équipes techniques de la Compagnie [Titre Provisoire] Régie générale Thierry Lacroix Régie lumière Camille Mauplot Régie vidéo Loïs Drouglazet Régie son Jean De Almeida Régie plateau Éric Den Hartog, Yunick Vaimatapako Habilleuse Carmen Bagoe du TNS Régie générale Bruno Bléger Régie lumière Christophe LeFlo de Kerleau Électricien Alexandre Rätz Régie son Thibaud Thaunay Régie plateau Denis Schlotter Machiniste Daniel Masson, Étienne Maurer Accessoiriste Olivier Tinsel Habilleuse Bénédicte Foki Lingère Charlotte Pinard-Bertelletto Du jeudi 17 au jeudi 31 janvier 2013 Horaires : du mardi au samedi à 20h, dimanche 27 à 16h Relâche les lundis et dimanche 20 Salle Koltès Durée : 1h15 environ Production Compagnie [Titre Provisoire] Administration Cécile Leroy • Diffusion Fadhila Mas • Presse Nicole Czarniak

Coproduction avec le Théâtre National de Strasbourg, le Théâtre de Sartrouville et des Yvelines-CDN, Le Nouveau Théâtre-CDN de Besançon, DSN-Dieppe Scène Nationale, le Théâtre Jean Arp-Scène Conventionnée de Clamart avec le soutien du DICRéAM, du Théâtre de la Commune-CDN d’Aubervilliers, de didascalie.net, et du Théâtre Gyptis. La Compagnie [Titre Provisoire] est conventionnée avec le Ministère de la Culture et de la Communication/ Direction Générale de la Création Artistique.

Les décors et les costumes ont été réalisés par les ateliers du TNS. Remerciements à Aurélie Hubeau, Yann Richard, Anne Vergoli

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J’ai souvent pensé que la meilleure façon de vivre pour moi serait de m’installer avec une lampe et ce qu’il faut pour écrire au cœur d’une vaste cave isolée. On m’apporterait mes repas et on les déposerait toujours très loin de ma place, derrière la porte la plus extérieure de la cave. Aller chercher mon repas en robe de chambre en passant sous toutes les voûtes serait mon unique promenade. Puis, je retournerais à ma table, je mangerais avec ferveur et je me remettrais aussitôt à travailler. Que n’écrirais-je pas alors ! De quelle profondeur ne saurais-je pas le tirer ! Sans effort ! Car la concentration extrême ne connaît pas l’effort. Sauf que je ne pourrais peut-être pas le faire longtemps, et qu’au premier échec, peut-être inévitable même dans de pareilles conditions, je serais contraint de me réfugier dans un accès grandiose de folie. Qu’en dis-tu chérie ? Ne te dérobe pas à l’habitant de la cave !

Franz Kafka

Lettres à Félice, Tome 1, trad. Marthe Robert, Éd. Gallimard, coll. Du monde entier, 1972, correspondance du 14 au 15 janvier 1913

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Dorothea Tanning Family Portrait


Jean Rustin Près de la porte verte

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Métamorphose est un spectacle qui s’inspire librement du chef d'œuvre de Franz Kafka. Il en garde la trame narrative et les thèmes, mais il s'en émancipe complètement du point de vue de la représentation. Métamorphose a pour sujet la famille et ses névroses. En se transformant, Gregor met au jour les contradictions, les secrets et les mensonges familiaux : le père, qui vit grâce au dur labeur du fils ; la mère, dépossédée de son destin, rongée par l'angoisse ; la sœur, tendrement aimée, qui trahit son frère... Mais plutôt que de mettre en scène un huis clos psychologique, selon les règles de la dramaturgie traditionnelle, je propose une plongée dans l'étrangeté. Grâce à la vidéo, je veux mettre en scène ce que voit Gregor, sur le mode de la caméra subjective : il observe, scrute et dévoile ce qui est caché, affirmant sa singularité. Le spectateur observe le monde à travers le regard de Gregor – un regard où les rapports d'échelles sont décalés et modifiés. Ce nouveau point de vue n'est pas simplement subversif dans son rapport à l'espace, mais également dans son rapport au monde : la paresse plutôt que le travail, des nourritures fortes plutôt qu'aseptisées, et une sexualité qui se révèle envahissante. Gregor est-il un insecte, un monstre... ou un être humain ? Kafka avait en effet interdit qu'on illustre sa nouvelle par une image de cancrelat. Il voulait que le lecteur soit actif et élabore sa propre représentation. Il voulait sans doute laisser chacun imaginer en fonction de sa sensibilité et de ses fantasmes. C'est pourquoi dans notre version scénique j'ai souhaité qu'on découvre Gregor à travers le regard des autres. C'est un changement de point de vue, nécessaire quand on passe d'une nouvelle à une représentation théâtrale : Kafka écrit un récit qui se rapproche d'un monologue ; nous présentons des dialogues et des situations, sans aucune narration. Dans ce singulier huis clos, les objets sont le médium du fantastique. Ainsi d'une armoire, « machine à jouer », où Gregor est enfermé : elle est autant un refuge, un lieu secret qu'une carapace. Elle peut aussi devenir une matrice inquiétante, travaillée par ses instincts, qui ingurgite et régurgite la nourriture et avale les personnages qui veulent en forcer l'accès. Peu à peu, tout l'appartement se métamorphose : la scénographie est un labyrinthe où la famille déambule dans une chorégraphie décalée. Porter à la scène La Métamorphose permet de proposer un théâtre très réel, ancré dans la banalité du quotidien et en même très fantastique, « inquiétant et étrange » pour toucher l'au-delà du miroir. Sylvain Maurice

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On lui a découpé dans le derrière de la tête un morceau de crâne affectant la forme d'un segment. Avec le soleil, le monde entier regarde à l'intérieur. Cela le rend nerveux, le distrait de son travail et il se fâche de devoir, lui précisément, être exclu de ce spectacle. Franz Kafka






Rêve (II) J’ai fait la nuit dernière un rêve sans joie, un triste rêve. J’ai bien dû m’en réveiller six fois, mais à chaque fois, comme s’il eût fallu constamment subir à nouveau l’épreuve, je retombai sous l’emprise des sombres imaginations de ce rêve semblable à un délire. J’ai rêvé que j’avais été placé dans une espèce d’institution, une société ésotérique, dans une clôture très fermée et très artificielle, régie par des règles très austères et très singulières. Je me sentais misérable et une sueur glacée me ruisselait sur l’âme transie, épouvantée qui tentait vainement de se faire comprendre. Tout me semblait incompréhensible, mais le plus cruel était qu’ils me voyaient. Je jetais de tous côtés des yeux implorants pour découvrir un seul regard amical mais je ne voyais que l’impitoyable sarcasme me jaugeant de sa froide prunelle. Robert Walser

Petits textes poétiques, trad. Nicole Taubes, Éd. Gallimard, 2005, p. 105.

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L’animal se livre à un fantastique combat pour assurer sa tranquillité, combat dont les stratégies se contredisent sans cesse : J’écoute en dix endroits différents et je remarque nettement l’illusion, le sifflement est resté identique, rien n’a changé. […] L’animal a beau déployer la plus fine des stratégies, entre le danger et lui il n’y a pas d’arrangement possible, pas de transaction. Il n’y a qu’un face à face. Les bruit est partout et nulle part, il se fait entendre où que l’animal se trouve. L’animal a beau construire et défaire, reconstruire et refaire, entasser ici pour creuser ailleurs : il est bordé par le bruit. Il peut tout voir et tout entendre, mais à partir d’un centre sans bords qui le borde partout, il n’est que sa propre présence ; origine et aboutissement, il est à la fois la proie et le prédateur. Avec virtuosité, cette virtuosité que confère la tentation de l’impossible, l’animal, à force de craindre un intrus qui n’existe pas, justifie aujourd’hui ce qu’il a défait la veille et creuse les galeries qu’il comblera demain : Mais il ne vient personne et je reste voué à moi seul […] et je n’évite même plus réellement l’entrée, en faire le tour par cercles successifs devient l’occupation de ma vie, c’est presque comme si c’était moi l’ennemi et que j’épiais la bonne occasion pour entrer par effraction.

Georges-Arthur Goldschmidt

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Celui qu’on cherche habite juste à côté, Éd. Verdier, 2007, pp. 83-84.


Bonheur de se retrouver en compagnie des ĂŞtres humains. Franz Kafka

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Karel Appel 167/200


Enrico Baj Trois personnages

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La famille n’a que des portes, auxquelles frappent dès le début les « puissances diaboliques » qui se réjouissent terriblement de s’introduire un jour.

Gilles Deleuze et Félix Guattari

Kafka, Pour une littérature mineure, Les Éditions de Minuit, 1975, p. 22


BiogrAphie Sylvain Maurice Ancien élève de l'École de Chaillot, Sylvain Maurice fonde en 1992 la compagnie L'Ultime & Co, puis dirige le Nouveau Théâtre – CDN de Besançon et de Franche-Comté de 2003 à 2011. Parmi une vingtaine de mises en scène, on notera en particulier ses mises en scène de De l'aube à minuit de Kaiser (1994), Un fils de notre temps d'Horvath (1995), Thyeste de Sénèque (1999), Kanzlist Krehler de Kaiser (2002, Berlin), Œdipe de Sénèque (2004), L'Apprentissage de Lagarce (2005), Les Sorcières de Roald Dahl (2007), Peer Gynt d'Ibsen (2008), Richard III de Shakespeare (2009). La pratique de Sylvain Maurice s'oriente actuellement sur les relations entre les disciplines artistiques : la marionnette, les arts visuels, la musique dans ses différentes formes. Il adapte et met en scène pour le théâtre musical La Chute de la maison Usher d'après Edgar Poe (création en octobre 2010 au Nouveau Théâtre – CDN de Besançon et de Franche-Comté et repris en avril-mai 2011 à la Maison de la Poésie-Paris), et crée également Dealing with Clair/Claire en affaires, d'après un texte inédit de Martin Crimp (création en février 2011 au Nouveau Théâtre – CDN de Besançon et de Franche-Comté). Au 1er janvier 2013, Sylvain Maurice prendra la direction du Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – Centre dramatique national.

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Dessin de Franz Kafka

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Directrice de la publication Julie Brochen Réalisation du programme Magali Mougel avec la collaboration de Fanny Mentré, Éric de La Cruz et Quentin Bonnell Crédits Photos de répétitions : Franck Beloncle Graphisme Tania Giemza Édité par le Théâtre National de Strasbourg Kehler Druck/Kehl – Janvier 2013

Abonnements / Location 03 88 24 88 24 1, avenue de la Marseillaise BP 40184 F-67005 Strasbourg Cedex Téléphone : 03 88 24 88 00 Télécopie : 03 88 37 37 71 tns@tns.fr www.tns.fr


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SAison 12-13


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