Pulvérisés A. Badea / A.Guillet,J.Nichet 2013-2014 TNS

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Côté public Séances spéciales Audiodescription Vendredi 21 février Surtitrage français Vendredi 14 février Sutitrage allemand Samedi 15 février Du théâtre à l'écran La question humaine Nicolas Klotz, 2007, 143’ Lundi 10 février à 20h, au Cinéma Star

Tarif préférentiel : 5,50 € sur présentation de la carte d’abonnement du TNS ou d’un billet du spectacle

Regards croisés Quels types d’individus nos sociétés fabriquent-elles à l’ère de la globalisation ? Débat avec Alexandra Badea et Michèle Drida, psychosociologue du travail. Soirée animée par Barbara Engelhardt, journaliste et programmatrice. Lundi 17 février à 18h45, Librairie Quai des Brumes, 120 Grand'Rue Les personnages de Pulvérisés et les artistes en création sont sur Facebook Devenez ami(e) avec Ana Martin, Abba NDiar, Vincent Pantone et DaXia We : les quatre personnages de la pièce partagent leur vie quotidienne sur le réseau social.

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Rejoignez toute l’équipe du spectacle, dont les acteurs, et suivez leurs réflexions, interrogations et instants de création sur la page « Pulvérisés : le travail de création » www.facebook.com/Pulverises > Vidéos sur www.tns.fr

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> Coproduction et création au TNS

Pulvérisés

Texte Alexandra Badea • Mise en scène Aurélia Guillet et Jacques Nichet Scénographie Philippe Marioge Musique originale Nihil Bordures Création vidéo Mathilde Germi Création lumière Jean-Pascal Pracht Costumes Élisabeth Kinderstuth Assistante à la mise en scène Ariane Boumendil Avec Stéphane Facco, Agathe Molière Voix off Dominique Baux, Marta Cases, Sarah Chaumette, Adama Diop, Martha Evonuk, Jérôme Ferchaud, Rui Gao, Cécile Garcia-Fogel, Bénédicte Guérin, Nina Jankovic, Laila Khaidouri, Martina Klausmann, Sabrina Kouroughli, Wayan Lenoir, Xiaofan Molinier, Nina NKundwa, Valérie Ollivier, Jeanne Piponnier, Pierre-François Pommier, Magda Radecka, Marie-Cécile Remy, Marion Trémelot, Laszlo Trouillet, Nathalie Trouvé, Hélène Schwaller, Olivier Werner, Zhuoer Zhu, Sabine Zovighian. Équipes techniques De la compagnie Régisseur général Alain Bibos Du TNS Régie générale Bruno Bléger Régie lumière Patrick Descac / Olivier Merlin (en alternance) Régie son Thibault Thaunay Régie plateau Denis Schlotter Habilleuse Bénédicte Foki Lingère Angèle Maillard Du mardi 4 au vendredi 21 février 2014 Horaires : du mardi au samedi à 20h, dimanche 16 février à 16h Relâche : les lundis et dimanche 9 février Salle Koltès Durée : 1 heure 30 environ Production Compagnie L’inattendu Coproduction Théâtre National de Strasbourg, Théâtre de la Commune-CDN d’Aubervilliers, Compagnie Image 1/2 • Photographies projetées de Alfredo Caliz / Rea, Denis Darzacq / Agence Vu, Toru Ukai. • La commande du texte a été passée à Alexandra Badea par Anne Courel (Théâtre Théo Argence de Saint-Priest). • Pulvérisés a reçu le Grand Prix de littérature dramatique 2013 du Centre National du Théâtre. • La Compagnie L’inattendu est subventionnée par la DRAC d’Ile-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication. Production / Administration : Scènarts / Rémi Jullien, Louise Jullien-Tamisier. Remerciements : au Théâtre National de Toulouse et plus particulièrement, à Jean-Marc Boudry, Joan Cambon et Aline Loustalot ; à l’Atelier Volant et à Caroline Chausson, Clément Durand, Antoine Raffalli et Matthieu Tune ; à l’Alliance Française et à Astrid Delaloy ; au Collectif MXM ; et aussi à Nello Bartolucci, Jean-Clemens Battesti, Basile Fauconnier, Owen Montaudié, Marc Susini. > Les décors et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS > L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté. www.arche-editeur.com > Tournées 2014 : Vire, Préau, Centre Dramatique Régional : 25 février ; Roanne, Théâtre Municipal : 28 février ; Aubervilliers, Théâtre de la Commune, Centre Dramatique National : 19 mars au 5 avril

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Gerhard Richter Self Portrait

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Alexandra Badea : Le monde du travail m’a toujours obsédée, c’est vrai, j’en ai toujours eu peur. Je me dis que j’ai de la chance d’être en dehors de ce monde. Mais quand j’écris, j’essaye toujours de me projeter dans la situation de mes personnages et d’imaginer quelles seraient mes réactions dans ce système. Éric Demey : Votre travail est donc celui d’une dénonciation du système ? Alexandra Badea : Non. Je ne veux pas critiquer le système mais voir comment l’individu peut naviguer là-dedans et également poser la question de sa part de responsabilité, examiner quelles sont ses marges de manœuvre. Éric Demey : Quelles sont-elles ? Alexandra Badea : Elles sont minces. Dans Pulvérisés, j’essaye de surprendre mes personnages dans des moments de crise, qui sont aussi des moments de prise de conscience. Là, ils se rendent compte qu’ils ont été piégés. La prise de conscience est un premier pas important.

Extrait d’un entretien réalisé pour Mouvement, le 26 novembre 2013 5


La course effrénée au profit, la folle circulation des capitaux se ruant sur la main-d’œuvre la moins payée, le dérèglement du marché financier multipliant les faillites d'entreprises et accroissant la dette de pays entiers, nous les subissons comme de mauvais rêves. Alexandra Badea a donné forme à un tel cauchemar : elle raconte une journée et une nuit de quatre personnes étrangères les unes aux autres. Pourtant la « mondialisation » les relie à leur insu. Elles n'en sont que des pions. On ne connaît même pas leur nom, seulement leur différente fonction sur un organigramme, leur ville, leur sexe : « Responsable Assurance Qualité Sous-traitance Lyon H » « Superviseur de Plateau (Team leader) Dakar H » « Opérateur de fabrication Shangaï F » « Ingénieur d'études et développement Bucarest F » L'auteur suit successivement chacun de ces inconnus, depuis leur réveil, tout au long d'une journée sans date et d'une interminable nuit. Elle les accompagne sur leurs lieux de travail et jusque dans leurs chambres ou leurs dortoirs. Elle a choisi quatre vies anonymes parmi des millions, des millions et des millions qui se brûlent pour faire tourner la gigantesque roue de l'Économie Mondiale. À la manière de Georges Perec dans L'Augmentation, Alexandra Badea délaisse les canons du théâtre traditionnel, la fable, la division en actes et en scènes, l'affrontement de personnages incarnés par des acteurs, costumés et maquillés… Au lieu d'écrire de brillants dialogues, l'auteure préfère s'adresser à mivoix à ceux qu'elle vient rejoindre : elle les tutoie familièrement, leur parle en toute franchise, sans aucune pudeur. Elle dit à chacun ce qu'il est en train de vivre, de faire ou de penser, à l'instant même où elle le dit. Ce poème narratif bascule constamment du monologue au dialogue. Une voix plurielle traverse la solitude d'un corps, entourée d'autres solitudes… Nous nous réjouissons de pouvoir commencer à imaginer le premier « mode d'emploi » possible de ce texte qui, dès la

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première lecture, nous a saisis par sa force et son originalité. Sa forme même nous invite à explorer une autre manière d'aborder le théâtre. Écrite en vers libres, la voix intérieure de ces personnages prendra corps à travers la performance d'Agathe Molière et de Stéphane Facco accompagnés par le son composé par Nihil Bordures. Les deux acteurs se chargent de porter une parole fragmentée, divisée, déchirée par cette crise qui traverse les têtes, transperce les corps ; les variations rythmiques, l’énergie, l’organicité des mots prendront leur ampleur en s’appuyant sur les sons, la musique. À chaque séquence, le visage d'un des quatre personnages apparaît projeté, et animé par Mathilde Germi, chacun écoutant silencieusement sa voix intérieure, dévoilée publiquement. Chaque portrait semble ainsi se parler à lui-même pour mieux saisir ce qu'il est en train de vivre, de subir le plus souvent ou de faire subir à un inconnu sans même vouloir le savoir. Pour ressaisir une part de son être qu'il ne parvient plus à reconnaître. Tous se sentent pris au piège d'un filet de contraintes. Chacun aspire à s'en délivrer pour partir vers une vie meilleure, ailleurs, quelque part, où ? Sur ces grands portraits rebondit et se répercute une langue parlée, rude, rapide, répétitive, parfois, non sans humour, proche d'un sabir technique. Le rythme râpeux des mots, des notes de musique et des matières sonores, nous l'imaginons se déployer dans l'espace dépouillé dont Philippe Marioge a le secret. Au cours de cette traversée, les portraits de ces quatre pions anonymes de mondialisation perdent inexorablement de leur éclat, de leur netteté, se dissolvent lentement sous l'effet de l'acide de ce récit. Nous ressentons l’urgence à donner à entendre cette pièce qu'Alexandra Badea a écrite « comme on appelle une ambulance ». Aurélia Guillet et Jacques Nichet

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Le langage est en nous et nous sommes dans le langage. Nous faisons le langage qui nous fait. Nous sommes, dans et par le langage, ouverts par les mots, enfermés dans les mots, ouverts sur autrui (communication), fermés sur autrui (mensonge, erreur), ouverts sur les idées, enfermés dans les idées, ouverts sur le monde, fermés au monde.

Edgar Morin

La Méthode, tome 4, Éd. Points, p. 172

Image du film Persona de Ingmar Bergman

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Maintenant, on s’aperçoit que la machine démocratique, tout en fonctionnant à peu près, n’est pas par elle-même porteuse de l’émancipation. Tout passe par la politique, mais rien ne peut s’y accomplir. La politique est toujours « pour demain » (maintenir des équilibres, ouvrir des possibilités de négociation), mais c’est en dehors de la politique que les choses s’accomplissent, dans l’art, dans la pensée, dans l’amitié, l’amour, dans tout ce par quoi l’homme sent et ressent. […] Les crises actuelles ont quelque chose à voir avec cinq siècles de ratage ou de maldonne, de confusion ou d’aveuglement, voire de tricherie dans l’« émancipation de l’humanité » (malgré toutes les réussites et créations de ces mêmes siècles). Il est aussi urgent de penser sérieusement à l’enjeu de notre civilisation « humaniste » que d’empêcher enfin sérieusement les plus riches de multiplier leur richesse par le nombre de pauvres qu’ils créent. Car ils ne volent pas seulement l’argent : ils volent le présent, ils volent l’existence réelle.

Jean-Luc Nancy

« Le Sens de l’histoire a été suspendu » (entretien), Libération, 4 juin 2009

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Entre les cris de la douleur physique et les chants de la souffrance métaphysique, comment tracer son mince chemin stoïcien, qui consiste à être digne de ce qui arrive, à dégager quelque chose de gai et d’amoureux dans ce qui arrive, une lueur, une rencontre, un événement, une vitesse, un devenir ? « À mon goût de la mort, qui était faillite de la volonté, je substituerai une envie de mourir qui soit l’apothéose de la volonté. » À mon envie abjecte d’être aimé, je substituerai une puissance d’aimer : non pas une volonté absurde d’aimer n’importe qui n’importe quoi, non pas s’identifier à l’univers, mais dégager le pur événement qui m’unit à ceux que j’aime, et qui ne m’attendent pas plus que je ne les attends, puisque seul l’événement nous attend, Eventum tantum. Faire un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire. Aimer ceux qui sont ainsi : quand ils entrent dans une pièce, ce ne sont pas des personnes, des caractères ou des sujets, c'est une variation atmosphérique, un changement de teinte, une molécule imperceptible, une population discrète, un brouillard ou une nuée de gouttes. Tout a changé en vérité. Les grands événements, aussi, ne sont pas des concepts. Penser en termes d’événement, ce n’est pas facile. D’autant moins facile que la pensée ellemême devient alors un événement.

Gilles Deleuze

Dialogues – Entretiens avec Claire Parnet / 1977-1996, Éd. Flammarion, coll. Champs, pp. 79-80

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Francis Bacon Triptyque

Quant au choix de la langue française, j’ai l’habitude de dire qu’il s’agit pour moi d’une langue de la liberté. Parce que j’ai appris le roumain avec les méthodes du temps communiste, quand tout passait par la mémorisation et la reproduction, rien par la réflexion personnelle et la créativité. Alexandra Badea 11


Sur le talus de chemin de fer recouvert d'herbe deux gamins bricolent un bâtard de machine à vapeur et de locomotive, qui se trouve là sur un tronçon de voie ferrée. En européen, je vois au premier regard que c'est peine perdue : ce véhicule ne roulera pas, mais je ne le dis pas aux enfants, le travail c'est l'espoir, et je poursuis ma route dans le paysage qui n'a d'autre tâche que d'attendre la disparition de l'homme. Je sais à présent ma destination. Je me débarrasse de mes vêtements, l'apparence n'importe plus. Un jour L'AUTRE viendra à ma rencontre, l'antipode, le double avec mon visage de neige. L'un de nous survivra. Heiner Müller

La mission, trad. Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger, Les éditions de Minuit.

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Lou Reed Magic and Loss – The summation When you pass through the fire You pass through humble You pass through a maze of self-doubt When you pass through humble The lights can blind you Some people never figure that out You pass through arrogance you pass through hurt You pass through an ever-present past And it's best not to wait for luck to save you Pass through the fire to the light As you pass through the fire Your right hand waving There are things you have to throw out That caustic dread inside your head Will never help you out You have to be very strong 'Cause you'll start from zero Over and over again And as the smoke clears There's an all consuming fire Lying straight ahead They say no one person can do it all But you want to in your head But you can't be Shakespeare And you can't be Joyce So what is left instead You're stuck with yourself And a rage that can hurt you You have to start at the beginning again And just this moment This wonderful fire started up again

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When you pass through humble When you pass through sickly When you pass through I'm better than you all When you pass through Anger and self deprecation And have the strength to acknowledge it all When the past makes you laugh And you can savor the magic That let you survive your own war You find that that fire is passion And there's a door up ahead not a wall As you pass through fire as you pass through fire Try to remember its name When you pass through fire licking at your lips You cannot remain the same And if the building's burning Move towards that door But don't put the flames out There's a bit of magic in everything And then some loss to even things out


Lou Reed Magie et perte – La rÉcapitulation Quand vous traversez le feu Vous traversez avec humilité Vous traversez un dédale de doutes sur vous-même Quand vous traversez avec humilité Les lumières peuvent vous aveugler Certains n’arrivent jamais à le comprendre Vous traversez l’arrogance vous traversez la souffrance Vous traversez un passé toujours présent Et il vaut mieux ne pas compter sur la chance pour vous sauver Traversez le feu vers la lumière Quand vous traversez le feu En saluant de la main droite Il y a des choses dont vous devez vous débarrasser Cet effroi mordant dans votre crâne Ne vous aidera jamais Il vous faut être très fort Parce que vous redémarrerez à zéro Encore et encore Et au fur et à mesure que la fumée se dissipe Il y a un feu qui dévore tout Là droit devant On dit que personne ne peut y arriver seul Mais vous le voulez dans votre tête Mais vous ne pouvez pas être Shakespeare Et vous ne pouvez pas être Joyce Alors que reste-t-il à la place Vous êtes encombré de vous-même

Et d’une rage qui peut vous faire mal Il faut que vous recommenciez au début Et juste à ce moment Ce merveilleux feu a redémarré Quand vous traversez avec humilité Quand vous traversez avec malaise Quand vous traversez Je suis meilleur que vous tous Quand vous traversez Colère et autodénigrement Et que vous avez la force de le reconnaître Quand le passé vous fait rire Et que vous pouvez savourer la magie Qui vous a permis de survivre à votre propre guerre Vous découvrez que ce feu est passion Et il y a une porte en face pas un mur Tandis que vous traversez le feu tandis que vous traversez le feu Essayez de vous souvenir de son nom Quand vous traversez le feu qui lèche vos lèvres Vous ne pouvez pas rester le même Et si la maison brûle Allez vers cette porte Mais n’éteignez pas les flammes Il y a un peu de magie en toute chose Et puis de la perte pour harmoniser les choses

Traverser le feu (intégrale des chansons), trad. Sophie Couronne et Larry Debay, Éd. du Seuil, 2008

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Stéphane Facco

Je suis à la recherche d'une langue. Les hommes ont beaucoup de langues : celle dans laquelle on parle aux enfants, celle dans laquelle on parle d'amour... Et puis la langue dans laquelle nous nous parlons à nousmêmes, celle dans laquelle nous nous tenons des conversations à nous-mêmes. Dans la rue, au travail, en voyage – partout, on entend autre chose, ce ne sont pas seulement les mots qui changent, c'est aussi quelque chose d'autre. Même le matin et le soir, un homme ne parle pas la même langue. Quant à ce qui se passe la nuit entre deux personnes, cela disparaît complètement de l'histoire. Nous avons affaire uniquement à l'histoire des hommes diurnes. Le suicide, c'est un thème nocturne, l'homme se trouve à la frontière de l'être et du néant. D'un état de rêve. Svetlana Alexievitch

La fin de l'homme rouge, trad. Sophie Benech, Éditions Actes Sud, 2013, p. 23

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Le silence, le temps où rien ne se passe. Tous sont totalement épuisés. Pareille situation apporte souvent un éveil extrême, plus il fait sombre, plus vous devenez lumineux, plus la pupille est éveillée – hiboux. Regardez à travers l’obscurité, fixement. Chacun rêve de sa révolution, de sa rédemption, les yeux dirigés vers l’intérieur. Phrases de l’obscurité. […] Ce que nous cherchons, c’est le rien. […] L’anarchie est exacte, légitimité et liberté. […] Mais c’est un équilibre. Quoiqu’il en soit, nous devrions plus bâtir à partir de la non-connaissance que du savoir. Il devrait être possible de faire quelque chose sans interprétation, cela se passe, simplement. Laissez un grand espace au hasard. Cette pièce est dominée par une totale méconnaissance qui en sait long.

Klaus Michael Grüber

Extrait des notes de répétition recueillies par Annette Rosenfeld, trad. Jean Torrent

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BIOGRAPHIE Alexandra Badea Alexandra Badea est metteure en scène, scénographe et auteure roumaine. Née en Roumanie en 1980, elle suit une formation de metteur en scène à l’Ecole nationale supérieure d’Art dramatique et cinématographique I. L Caragiale à Bucarest. Depuis 2003, elle vit à Paris et travaille entre la Roumanie et la France avec des comédiens français, roumains, polonais. En 2002, elle est assistante à la mise en scène de Radu Penciulescu pour le spectacle L'Autre Cioran (Théâtre National de Timisoara). En 2003, elle reçoit pour la mise en scène de Lebensraum d’Israël Horowitz, le Prix du Meilleur Spectacle au Festival de Pietra Neamt et le Prix Virtuosité dans l'Expression d'une Idée Contemporaine au Festival des Jeunes metteurs en scène de Buzau en Roumanie. Depuis 2005, elle est artiste associée à la Compagnie Europ'artes à Paris. Sélectionnée par la Commission internationale du théâtre francophone, elle participe à la Mission Pépinière à Projets qui réunit dix-huit artistes et créateurs de la Francophonie en Avignon en juillet 2007. Elle crée, en mars 2008, 69 d’Igor Bauersima (Théâtre National de Timisoara), et en avril 2008 Le Complexe Roumanie de Mihaela Michailov (Théâtre National I. L Cargiale à Bucarest) qui reçoit le Prix Uniter 2007 pour la meilleure pièce. Elle participe aussi en qualité d'artiste associée à la résidence-rencontre Des voix. Des mots lors de la célébration du 400e anniversaire de la ville de Québec. Elle est artiste en résidence d'écriture et de création au Tarmac des Auteurs au Congo-Kinshasa où elle écrit Immigration jetable en août 2008 et à Iasi en Roumanie où elle écrit 4*4 en septembre 2008. À l'automne, elle est artiste en résidence, section arts de la scène, au Centre International d'Accueil et d'Échanges des Récollets subventionnée par le ministère des Affaires Étrangères et la Mairie de Paris. En mars et septembre 2009, elle crée respectivement Comment Barbie traverse la crise économique de Mihaela Michailov (Théâtre National de Timisoara) et son texte Contrôle d'identité (TARMAC de la Villette à Paris). Ses textes Mode d'emploi, Contrôle d'identité et Burnout sont publiés en septembre 2009 chez l'Arche Éditeur. Son dernier texte, Pulvérisés, a reçu le Grand Prix de littérature dramatique 2013 du Centre National du Théâtre.

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Edward Hopper, Morning Sun

Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur - devenir des lucioles et reformer par là une communauté de désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de dire le non de la lueur qui nous aveugle.

Didi Hubermann

Survivance des Lucioles, Les Éditions de Minuit, 2009, p. 133

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Efrath Bouana Y a-t-il quelque chose dehors ?

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BIOGRAPHIE Aurélia Guillet Après un DEA d’Études théâtrales et différents cours d’interprétation, elle joue avec Célie Pauthe, Lucie Nicolas, Serge Pauthe. Puis elle entre dans la section mise en scène de l’école du Théâtre National de Strasbourg. Elle est ensuite assistante de Daniel Jeanneteau, Stéphane Braunschweig, Frédéric Fisbach et de Jacques Nichet avec qui elle noue une étroite collaboration (Le Collectionneur d’instants de Quint Buchholz, La Ménagerie de verre de Tennessee Williams et Tous ceux qui tombent de Samuel Beckett). Elle est aussi collaboratrice artistique de Claude Duparfait, Antoine Gindt, Blandine Savetier et Célie Pauthe. Elle anime de nombreux ateliers. Elle est également chargée de cours pratiques en Études théâtrales et dirige depuis 2009, l’Atelier Théâtre de l’université Paris I en partenariat avec La Colline-théâtre national. Elle met en scène L’Ours et la Lune (Claudel – Théâtre aux Mains Nues), La Mission (Müller – Ecole du TNS), Paysage sous surveillance (Müller – Festival Premières du TNS), Penthésilée Paysage (Kleist / Müller – TNS, Théâtre Gérard Philipe de SaintDenis – Prix du Souffleur meilleure mise en scène), La Maison brûlée (August Strindberg – TNS) et Déjà là (Arnaud Michniak – Comédie de Reims, Théâtre National de La Colline, Festival Neue Stücke aus Europa-Wiesbaden).

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BIOGRAPHIE Jacques Nichet En 1964, alors qu’il est encore étudiant à l’École normale supérieure, Jacques Nichet fonde une troupe universitaire : le Théâtre de l’Aquarium. En 1972, un collectif d’une quinzaine d’artistes (parmi lesquels Jean-Louis Benoît et Didier Bezace) s’installe à la Cartoucherie de Vincennes sur l’invitation d’Ariane Mnouchkine et crée le lieu homonyme qui existe encore aujourd’hui. Ensemble, ils tentent d’y inventer un théâtre politique à la fois joyeux et expérimental, toujours à la recherche d’un nouveau langage. Jusqu’en 1980, Jacques Nichet participe à douze réalisations, dont Marchands de ville (1972), Ah Q de Jean Jourdheuil et Bernard Chartreux, d’après Lu Xun (1975), La Jeune Lune tient la vieille lune toute une nuit dans ses bras (1976), Correspondance (1980). Il réalise également deux films : un court métrage – Le Collectionneur (1981) – et un long-métrage, La Guerre des Demoiselles (1983). En 1986, Jacques Nichet est appelé à diriger le Théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de la région Languedoc-Roussillon à Montpellier, où il met en scène des auteurs aussi différents que Federico García Lorca (La Savetière prodigieuse), Denis Diderot, Javier Tomeo (Monstre aimé), Pedro Calderón de la Barca (Le Magicien prodigieux), Eduardo De Filippo (Sik-Sik, Le Haut-de-forme) ou Serge Valletti (Domaine ventre). Il présente La Tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire au Festival d’Avignon 1996. De 1998 à 2007, Jacques Nichet prend la direction du Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées (TNT) avec l’aide de Richard Coconier, puis de Jean Lebeau. Il y poursuit son travail de mise en scène d’auteurs contemporains ; il présente Le Jour se lève, Léopold ! de Serge Valletti (1998), Silence complice de Daniel Keene (1999) et Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès (Paris, Théâtre de la Ville, 2001). En janvier 2003, il met en scène Les Cercueils de zinc de Svetlana Alexievitch (création). En 2004, il met en scène Antigone de Sophocle qui sera reprise à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. En 2008, il fonde la compagnie L’inattendu et monte trois spectacles : Le Collectionneur d’instants (2008) d’après Quint Buchholz, La Ménagerie de verre (2009) de Tennessee Williams et Tous ceux qui tombent (2012) de Samuel Beckett.

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Denis Darzacq – Agence Vu. Photo travaillée par Mathilde Germi pour Pulvérisés

Directrice de la publication Julie Brochen Réalisation du programme Fanny Mentré avec la collaboration de Éric de La Cruz, Caroline Strauch, Quentin Bonnell Crédits Photos de répétitions : Franck Beloncle Graphisme Tania Giemza Édité par le Théâtre National de Strasbourg Kehler Druck/Kehl – Janvier 2014

1 avenue de la Marseillaise BP 40184 67005 Strasbourg Cedex Téléphone : +33 (0)3 88 24 88 00 Fax : +33 (0)3 88 37 37 71 tns@tns.fr 27


SAison 13-14


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