Liquidation : programme de salle

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Côté public Séances spéciales • Audiodescription Mercredi 11 décembre • Surtitrage français Vendredi 13 décembre • Surtitrage allemand Samedi 14 décembre THÉÂTRE EN PENSÉES « Du roman à la scène » avec Julie Brochen, rencontre animée par Gabrielle Napoli, docteure en littérature comparée, Lundi 2 décembre à 20h au TNS Réservation recommandée au 03 88 24 88 00 LECTURE à la Librairie Kléber Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas d’Imre Kertész par Fred Cacheux, comédien de la troupe Samedi 7 décembre à 14h30 Entrée libre - Réservation recommandée au 03 88 24 88 00 BORD DE PLATEAU Mercredi 18 décembre à l’issue de la représentation c

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> Création avec les comédiens de la troupe du TNS

liquidation

D’après le roman d’Imre Kertész Mise en scène Julie Brochen Traduction du hongrois Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba Scénographie Julie Brochen et Lorenzo Albani Lumière Olivier Oudiou Costumes Lorenzo Albani et Élisabeth Kinderstuth Coiffures et maquillage Catherine Nicolas Création musicale et sonore Fred Cacheux, Marie Desgranges, Hans Kùnze Assistanat à la mise en scène Hans Kùnze Stagiaire à la mise en scène Mathilde Delahaye (élève metteur en scène du Groupe 42 de l’École du TNS) Stagiaire Coiffures et maquillage Élise Feuillade Avec Pascal Bongard Keseru˝ Julie Brochen L’inspecteur Fred Cacheux* B. Marie Desgranges* Sára Antoine Hamel* Ádám Ivan Hérisson* Obláth David Martins* Kürti Fanny Mentré Judit André Pomarat Le directeur de la maison d’édition, le clochard, le médecin légiste * comédiens de la troupe du TNS

Équipe technique du TNS Régie générale Stéphane Descombes Régie lumière Patrick Descac, Christophe Leflo de Kerlau (en alternance) Régie son Sébastien Lefèvre, Thibault Thaunay (en alternance) Régie plateau Arthur Plath Machinistes Pascal Lose, Daniel Masson, Étienne Maurer, Karim Rochdi, Lionel Roumegous Régie accessoires Olivier Tinsel Habilleuse Bénédicte Foki Lingère Angèle Maillard Du vendredi 29 novembre au jeudi 19 décembre 2013 Horaires : du mardi au samedi à 20h Relâche : les lundis et dimanches Salle Koltès Durée : 2h15 environ Production Théâtre National de Strasbourg > Les décors et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS. > Liquidation est publié aux Éditions Actes Sud, 2004. > Rowohlt Theater Verlag (Reinbek) est agent théâtral du texte représenté Remerciements : Zsuzsa Fejér, Christian Burges, Laurent de Montalembert, Marie-Madeleine Hamel, Théo Defert

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Otto Dix TranchĂŠe

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Keseru” à Judit : Je lui demandai comment elle était entrée en possession du manuscrit. Quel manuscrit ? Encore ce roman ? Pourquoi ne voulais-je pas croire qu’il n’existait aucun roman ? Parce que, dis-je, il devait exister. D’où me venait cette idée fixe et pourquoi n’étais-je pas capable de m’en défaire ? Écoute-moi, Judit : on ne peut pas mourir comme ça. N’importe qui d’autre, mais pas lui. De deux choses l’une : ou bien je ne crois pas qu’il soit mort, ou bien je ne crois pas qu’il n’ait rien laissé. Le fait est qu’il est mort. Reste l’autre hypothèse : le testament n’est pas complet. Il manque quelque chose. La synthèse, le LIVRE. Sans cela, il ne serait pas parti. Un tel dilletantisme ne serait pas digne d’un véritable écrivain. Ressaisis-toi, Keserű. Ce que tu dis est de la folie. Je ne crois pas que ce soit de la folie. Judit, j’ai tenu dans ce métier parce que j’avais la foi. Que serait un éditeur sans la foi, sans le sentiment d’avoir à accomplir un devoir spirituel ? Dans un monde censuré, méchant et analphabète ? Il ne serait rien ni personne. Un esclave qui s’abîme les yeux à corriger des copies ou des épreuves. Mais je crois en l’écriture. En rien d’autre, seulement en l’écriture. L’homme vit comme un ver mais écrit comme un dieu. Autrefois, on connaissait ce mystère oublié de nos jours : le monde se compose de tessons qui s’éparpillent, c’est un obscur chaos incohérent que seule l’écriture peut maintenir. Si tu as une idée du monde, si tu n’as pas oublié tout ce qui s’est passé, alors sache que c’est l’écriture qui a créé pour toi le simple fait que tu as un monde et qu’elle continue à le faire, elle est la toile d’araignée invisible qui relie nos vies, le logos. Il y a un vieux mot biblique : le scribe. Il ne s’emploie plus depuis longtemps. Qui dit scribe ne dit pas talent, qui dit scribe ne dit pas bon écrivain. Ni philosophe, ni linguiste, ni styliste. Même s’il bégaie, même si on ne le comprend pas de prime abord : on reconnaît immédiatement un scribe. Bé était un scribe. Ce qu’il a laissé ne peut se perdre, parce qu’il l’a laissé pour nous. C’est là que réside son secret. Pas seulement le sien, mais aussi le nôtre.

Imre Kertész

Liquidation, Trad. Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, Éd. Actes Sud, 2004, pp. 96-97

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En 2002, j’ai eu la chance d’entendre à Toulouse une « conférence » que donnait Imre Kertész sur son écriture… J’en suis sortie avec l’impression que je venais de rencontrer un homme qui serait très important dans ma vie, sans que je puisse dire pourquoi. J’éprouvais le besoin que cette parole que j’avais entendue se prolonge, m’accompagne : j’ai acheté tous les livres édités en français à l’époque. Ce dont je me souviens particulièrement, ce qui m’a le plus frappée, c’est qu’Imre Kertész disait que « la valeur de l’humanisme a brûlé avec l’holocauste »… J’ignore si ce sont les mots exacts qu’il a prononcés, mais c’est ce dont je me souviens, comme d’une parole qui a créé en moi une béance. Une question essentielle. Si la valeur de l’humanisme avait brûlé, alors comment vivre ? Comment être, en soi et ensemble ? Comment et sur quoi travailler ? La seule chose claire pour moi, est qu’il fallait, qu’il faut, travailler. La question du travail me renvoyait évidemment à celle de ma relation au théâtre, où « l’obsessionnel » est essentiel, où il est nécessaire de « s’enfermer » dans une œuvre pour, sur les quelques mètres carrés du plateau, dire un monde impossible à contenir en soi. Trouver l’espace de dire ce qu’on ne peut pas contenir, ce qu’aucun espace ne peut contenir… Pour moi, Kertész a fait de ce qu’il ne pouvait pas dire, de ce qu’il est impossible de dire, un art. Pas un objet d’art, mais un art vivant, bouillant, brûlant, dangereux… et salvateur. Il a choisi d’être écrivain, ce qui fait de lui un témoin impossible au sens strict où on l’entend. Toute son œuvre témoigne non pas de ce qu’il a vécu à Auschwitz puis Buchenwald, mais de ce que cela a mis en travail en lui. Pour moi, il témoigne de la nécessité de mettre l’art au centre de la vie, la vie au centre de la vie. De trouver ou retrouver en nous cette nécessité impérieuse de fierté et d’élégance. Son œuvre ressemble à l’image que je garde de lui : une présence essentielle, simple, chaleureuse et qui ouvre, avec simplicité et chaleur, des gouffres. Ou plutôt, non, il ne les ouvre pas, il nous les montre. Et on le regarde comme un guide précieux et fort dans les bras duquel on se sent en sécurité, tout en ayant conscience qu’il nous mène au bord, tout au bord du gouffre. Il nous fait entendre et voir ce qu’on ne veut ni entendre ni voir, mais dont on se rend compte en l’entendant, en le voyant, à quel point c’est constitutif de notre vie, notre désir de vie, à quel point nous en avons besoin pour continuer à vivre… 6


Après 2002, j’ai continué à acheter tous ses livres édités depuis, dont Liquidation, paru en 2004 en français. L’an dernier, un soir, j’ai frôlé de trop près ma bibliothèque, et Liquidation en est tombé… Et je l’ai lu ce soir-là comme un signe, et le texte m’est apparu comme une « déflagration lumineuse » dont j’avais essentiellement besoin. Dont nous avons tous essentiellement besoin, à mon sens. De cet « accident », est née la nécessité impérieuse de le faire, de se mettre au travail. De partager cette « déflagration lumineuse » qui m’avait atteinte… avec la Troupe, d’abord, car, en le lisant, j’entendais les voix de chacun d’eux. Liquidation au théâtre, c’est impossible, c’est ce que je me disais. Et plus je me répétais ça, plus j’avais envie de le faire. Pour moi, Liquidation est un écrit au centre de toutes les formes possibles de narration pour raconter l’inracontable. Un livre inracontable. J’ai convoqué l’équipe à travailler avec moi sur cet « inracontable », à en faire le centre de nos vies, à partager mon désir de cette œuvre qui nous impose un devoir de lui être fidèle en même temps qu’une liberté vertigineuse à laquelle il invite. ˝ l’éditeur, est obsédé par la nécessité Dans Liquidation, Keseru, de transmettre l’œuvre de B., B. l’écrivain qui a transformé ou plutôt « formé » sa vie… Cela me renvoie à la nécessité d’être acteurs. Acteurs et écrivains de notre propre vie. Liquidation est une enquête, une quête, une invitation à chercher, rechercher, trouver peut-être enfin « la liberté d’être soi ». Julie Brochen Propos recueillis par Fanny Mentré en septembre 2013

P.S. : À une semaine de la première représentation, j'ai envie d'ajouter que ce que dit Keseru˝ sur sa « foi » en tant qu'éditeur a été la clé de voûte de notre travail. Et il me semble aussi essentiel d'ajouter que cette notion de foi est vitale dans le travail, dans la vie en général. En ce sens, je tiens à saluer chaleureusement Catherine Trautmann qui m'a permis de préserver la mienne.

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Anselm Kiefer Sulamith

Le vol arrêté (La fin du bal) Comme le fruit tombe sans avoir pu mûrir La faute à l´homme, la faute au vent Comme l´homme qui sait en se voyant mourir Qu´il n´aura plus jamais le temps Un jour de plus : il aurait pu chanter Faute au destin, faute à la chance Faute à ses cordes qui s´étaient cassées Son chant s´appellera silence Il peut toujours le commencer Nul ne viendra jamais danser Nul ne le reprendra en chœur Il n´aura jamais rien fini À part cette blessure au cœur Et cette vie Pourquoi ? J’voudrais savoir pourquoi… Pourquoi ? Elle vient trop tôt la fin du bal C´est les oiseaux, jamais les balles Qu´on arrête… en plein vol 8


Comme ces disputes commencées le soir Faute à la nuit, faute à l´alcool Et dont il ne restera rien plus tard Que quelques mégots sur le sol Il aurait tant voulu frapper pourtant Faute au couteau, faute à la peur Il n´aura fait aucun combat au sang Juste le temps d´un peu de sueur Lui qui aurait voulu tout savoir Il n´aura même pas pu tout voir Lui qui avait l´amour au corps à corps Pour la seule qu´il aurait gardée Il a rendu sa barque au port Sans l´embrasser, sans la toucher Juste y penser jusqu´à la mort Pourquoi ? J’voudrais savoir pourquoi… Pourquoi ? Elle vient trop tôt la fin du bal C´est les oiseaux, jamais les balles Qu´on arrête… en plein vol Il écrivait comme on se sort d´un piège Faute au soleil, faute aux tourments Mais comme il prenait pour papier la neige, Ses idées fondaient au printemps Et quand la neige recouvrait sa page Faute aux frimas, faute à l´hiver Au lieu d´écrire, il essayait, courage, D´attraper les flocons en l´air Mais aujourd´hui, il est trop tard Il n´aura pas pris le départ Et son souvenir ne sera Que la chanson d´avant la lutte De l´évadé qui n´aura pas Atteint... son but Pourquoi ? J’voudrais savoir pourquoi… Pourquoi ? Elle vient trop tôt la fin du bal C´est les oiseaux, jamais les balles Qu´on arrête en plein vol. Vladimir Vissotsky

Adaptation française : Maxime Le Forestier

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Fugue de mort Lait noir de l'aube nous le buvons le soir le buvons à midi et le matin nous le buvons la nuit nous buvons et buvons nous creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d'or écrit ces mots s'avance sur le seuil et les étoiles tressaillent il siffle ses grands chiens il siffle il fait sortir ses juifs et creuser dans la terre une tombe il nous commande allons jouez pour qu'on danse Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit te buvons le matin puis à midi nous te buvons le soir nous buvons et buvons Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d’or Tes cheveux cendre Sulamith nous creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré II crie enfoncez plus vos bêches dans la terre vous autres et vous chantez jouez il attrape le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus enfoncez plus les bêches vous autres et vous jouez encore pour qu'on danse Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit te buvons à midi et le matin nous te buvons le soir nous buvons et buvons un homme habite la maison Margarete tes cheveux d'or tes cheveux cendre Sulamith il joue avec les serpents II crie jouez plus douce la mort la mort est un maître d'Allemagne il crie plus sombres les archets et votre fumée montera vers le ciel vous aurez une tombe alors dans les nuages où l'on n'est pas serré Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit te buvons à midi la mort est un maître d'Allemagne nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons la mort est un maître d'Allemagne son œil est bleu il t'atteint d'une balle de plomb il ne te manque pas un homme habite la maison Margarete tes cheveux d'or il lance ses grands chiens sur nous il nous offre une tombe dans le ciel il joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne tes cheveux d’or Margarete tes cheveux cendre Sulamith. Paul Celan

dans Choix de poèmes, Pavot et mémoire, Trad. Jean-Pierre Lefebvre, Éd. Gallimard, coll. Poésie, 1998, p. 53

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Anselm Kiefer Dein goldenes Haar Margarethe

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[…] Et cessez enfin de répéter, dis-je vraisemblablement, qu’Auschwitz ne s’explique pas, qu’Auschwitz est le fruit de forces irrationnelles, inconcevables pour la raison, parce que le mal a toujours une explication rationnelle, il se peut que Satan en personne, ou bien Iago, soit irrationnel, mais ses créatures sont des êtres parfaitement rationnels, on peut déduire tous leurs actes, comme une formule mathématique ; on peut les expliquer par l’intérêt, la cupidité, la paresse, la volonté de puissance, la concupiscence, la lâcheté, telle ou telle satisfaction instinctive, ou en dernier lieu, en désespoir de cause, une folie quelconque – paranoïa, manie dépressive, pyromanie, sadisme, masochisme, mégalomanie démiurgique ou autre, nécrophilie, que sais-je encore, par laquelle des nombreuses perversités, et peut-être toutes à la fois, en revanche, dis-je vraisembleblement, écoutez-moi bien, ce qui est réellement irrationnel et qui n’a vraiment pas d’explication, ce n’est pas le mal, au contraire : c’est le bien. Voilà pourquoi il y a longtemps que les dictateurs, chanceliers et autres usurpateurs attitrés ne m’intéressent plus, quoi que vous puissiez dire d’intéressant à propos de leur monde spirituel, non, au lieu de la vie des dictateurs, il y a très longtemps que m’intéresse exclusivement la vie des saints, parce que c’est cela que je trouve intéressant et inconcevable, c’est à cela que je ne trouve pas d’explication simplement rationnelle ; et Auschwitz, même si cela sonne comme une sinistre plaisanterie, Auschwitz s’est avéré de ce point de vue une entreprise carrément fructueuse, si bien que même si cela vous ennuie, je vais vous raconter une histoire, et après, vous me l’expliquerez si vous pouvez. Je serai bref, parce que je suis en présence de vieux renards, et je dis des mots comme camp, hiver, transport de malades, wagons à bestiaux, une seule portion de nourriture froide par tête bien que nul ne sache combien de jours durera le voyage, la distribution des portions se fait par groupes de dix, et moi, couché sur quelques planches clouées ensemble en guise de brancard, je

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regarde fixement un homme, ou plutôt un squelette qu’on appelait, je ne sais pas pourquoi, « monsieur l’instituteur », et qui avait ma portion, puis la montée dans les wagons, l’effectif n’est jamais le bon, bien sûr, les cris, la confusion et un coup de pied, ensuite je sens qu’on me soulève et qu’on me met dans un autre wagon, il y a longtemps que je ne vois plus « monsieur l’instituteur » ni ma portion : en voilà assez pour que vous imaginiez exactement la situation. Et aussi ce que je ressentais : pour commencer, je n’avais pas pu donner à manger à mon éternel bourreau, la faim, cet animal féroce et exigeant qui m’est étranger depuis longtemps, et alors a rugi l’autre fauve, l’espoir, qui jusqu’alors n’avait fait que me répéter dans un ronronnement sourd, étouffé, certes, mais constant, qu’en dépit de tout, il y a toujours une chance de rester en vie. Mais comme je n’avais pas reçu ma portion, cela paraissait excessivement douteux, par ailleurs, et je le constatais froidement, ma portion doublait exactement les chances de « monsieur l’instituteur » – voilà pour ma portion, pensaisje, comment dirais-je, sans grande joie mais avec d’autant plus de lucidité. Mais qu’est-ce que je vois quelques minutes plus tard ? Criant et me cherchant fébrilement des yeux, « monsieur l’instituteur » titube vers moi avec dans la main une portion de nourriture froide, et dès qu’il me voit sur mon brancard, il me la pose vite sur le ventre ; je voudrais dire quelque chose et la surprise doit se lire sur mon visage parce que, bien qu’il regagne sa place en courant – si on ne l’y trouve pas, on le tuera tout simplement –, donc, l’indignation peinte clairement sur son petit visage qui se préparait déjà à mourir, il me dit : « Qu’est-ce que tu t’imagines ?!... »

Imre Kertész

Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas, Trad. Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, Éd. Actes Sud, coll. Babel, pp. 52-54

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Victor Brauner Le Feu et l'eau de l'amour

C’est curieux un écrivain. C’est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. C’est reposant, un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup. Ça ne parle pas beaucoup parce que c’est impossible de parler à quelqu’un d’un livre qu’on a écrit et surtout d’un livre qu’on est en train d’écrire. C’est impossible. C’est à l’opposé du cinéma, à l’opposé du théâtre, et autres spectacles. C’est à l’opposé de toutes les lectures. C’est le plus difficile de tout. C’est le pire. Parce qu’un livre, c’est l’inconnu, c’est la nuit, c’est clos, c’est ça. C’est le livre qui avance dans les directions qu’on croyait avoir explorées, qui avance vers sa propre destinée et celle de son auteur, alors anéanti pas sa publication : sa séparation d’avec lui, le livre rêvé, comme l’enfant dernier-né, toujours le plus aimé.

Marguerite Duras

Écrire, Éd. Gallimard, coll. Folio, 1995, p. 28

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C’est si étrange, un amour qui meurt. Le monde devient soudain gris autour de toi, froid, compréhensible, sobre et lointain. Imre Kertész – Liquidation

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MARS Ô pleurs d'amour, fureur ! D'eux-mêmes – jaillissant ! Ô la Bohême en pleurs ! En Espagne : le sang ! Noir, ô mont qui étend Son ombre au monde entier ! Au Créateur : grand temps De rendre mon billet Refus d'être. De suivre. Asile des non-gens : Je refuse d'y vivre Avec les loups régents Des rues – hurler : refuse. Quant aux requins des plaines – Non ! – Glisser : je refuse – Le long des dos en chaîne. Oreilles obstruées, Et mes yeux voient confus. À ton monde insensé Je ne dis que : refus.

Marina Tsvetaïeva 15 mars-11 mai 1939

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[...] je tiens à vous dire combien il est difficile pour un Juif d'écrire des poèmes en langue allemande. Quand mes poèmes paraîtront, ils aboutiront bien aussi en Allemagne et – permettez-moi d'évoquer cette chose terrible –, la main qui ouvrira mon livre aura peut-être serré la main de celui qui fut l'assassin de ma mère... Et pire encore pourrait arriver... Pourtant mon destin est celui-ci : d'avoir à écrire des poèmes en allemand.

Paul Celan

extrait d'une lettre de 1946

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Charlotte Salomon Je ne tiendrai pas une nuit de plus comme celle-ci. [4893]

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MADAME ZITTEL […] à peine elle est dans la salle à manger elle entend les clameurs de la Place des Héros Elle n’a pas cessé de le supplier de quitter l’appartement mais ça il ne l’a pas fait Je ne peux tout de même pas quitter l’appartement pour la simple raison que tu entends ces clameurs sur la Place des Héros disait-il sans cesse cela signifierait que ce Hitler me chasse pour la deuxième fois de mon appartement il a pensé que ça servirait à quelque chose si elle se bouchait les oreilles mais naturellement ça n’a servi à rien même la nuit elle entend les clameurs de la Place des Héros elle se bouche les oreilles et puis elle est obligée de sortir de la salle à manger dix ou douze ans que ça dure déjà ils auraient pu en fait transporter la salle à manger dans leur chambre mais ça le professeur ne l’a pas fait à titre d’essai jugeait-elle il l’a toujours refusé là tu ne dormirais plus la moindre nuit a-t-il dit d’abord ils ont pensé que ça suffirait si elle se bouchait les oreilles mais ça n’a pas suffi naturellement vous n’avez comme possibilité que de quitter l’appartement leur a dit le professeur Schober tant que vous ne quitterez pas l’appartement aucune guérison ne sera possible si vous quittez l’appartement la maladie se retirera a dit le professeur Schober Tu verras quand nous serons à Oxford tu n’entendras plus les clameurs dix ans elle ne les a pas entendues maintenant elle entend les clameurs depuis plus de dix ans Ça ne détruit pas les conduits auditifs a dit le professeur Schober mais il est tout à fait possible que votre femme un jour perde la raison a dit le professeur Thomas Bernhard

Place des Héros, Trad. Claude Porcell, L’Arche, 1990, pp. 29-31

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Ça va très loin, l’écriture… Jusqu’à en finir avec. C’est quelquefois intenable. Tout prend un sens tout à coup par rapport à l’écrit, c’est à devenir fou. Les gens qu’on connaît on ne les connaît plus et ceux qu’on ne connaît pas on croit les avoir attendus. C’était sans doute simplement que j’étais déjà, un peu plus que les autres gens, fatiguée de vivre. C’était un état de douleur sans souffrance. Je ne cherchais pas à me protéger des autres gens, surtout des gens qui me connaissaient. Ce n’était pas triste. C’était désespéré.

Marguerite Duras

Écrire, Éd. Gallimard, coll. Folio, 1995, p. 25

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Mais moi, en 1955, par un beau jour de printemps, j'ai compris d'un coup qu'il n'existait qu'une seule réalité, et que cette réalité, c'était moi, ma vie, ce cadeau fragile et d'une durée incertaine que des puissances étrangères et inconnues s'étaient approprié, avaient nationalisé, déterminé et scellé, et j'ai su que je devais la reprendre à ce monstrueux Moloch qu'on appelle l'histoire, car elle n'appartenait qu'à moi et je devais en disposer en tant que telle. Imre Kertész

Extrait du discours prononcé à Stockholm à l’occasion de sa remise du Prix Nobel de littérature, le 10 décembre 2002, Trad. Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba

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Théodore Géricault Étude de pieds et de mains

Dément. Il trébuche, il s’affale, se relève, et chemine en peinant. Il actionne chevilles et genoux en une douleur errante. Puis s’élance soudain, comme soulevé par une aile. Et quand le fossé l’invite, n’ose pas consentir. Et si vous demandez pourquoi, Il répondra peut-être Une femme m’attend, une mort plus sage, Plus belle que celle-ci.

Miklós Radnoti

Derniers vers retrouvés avec son cadavre, dans La Marche forcée (1930-1944), Trad. Jean-Luc Moreau, Éd. Phébus, 2000

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Monsieur le Ministre, Vous tous qui êtes ici présents, Il n’y a rien à exalter, rien à condamner, rien à accuser, mais il y a bien des choses risibles ; tout est risible quand on pense à la mort. On traverse la vie, on en reçoit des impressions, on n’en reçoit pas d’impression, on traverse la scène, tout est interchangeable, on reçoit une formation plus ou moins bonne dans le magasin des accessoires : quelle erreur ! On comprend un peuple qui ne se doute de rien, un beau pays – ce sont des pères morts ou consciencieusement sans conscience, des hommes avec la simplicité et la bassesse, la pauvreté de leurs besoins. Tout est pré-histoire hautement philosophique et insupportable. Les siècles sont pauvres d’esprit, le démonique en nous est la perpétuelle prison du pays des pères où les composantes de la bêtise et de la brutalité la plus intransigeante se sont faites quotidienne nécessité. L’État est une structure condamnée en permanence à l’échec, le peuple une structure condamnée sans cesse à l’infamie et à la faiblesse d’esprit. La vie est désespoir auquel s’appuient les philosophies, dans lesquelles tout, finalement, est promis à la démence. Nous sommes autrichiens, nous sommes apathiques ; nous sommes la vie, la vie comme indifférence, vulgairement partagée, à la vie ; nous sommes, dans le processus de la nature, la folie des grandeurs, le sens de la folie des grandeurs comme avenir. Nous n’avons rien à dire, sinon que nous sommes pitoyables, que nous avons succombé par imagination à une monotonie philosophico-économicomécanique. Instrument de la décadence, créature de l’agonie, tout s’éclaire à nous, nous ne comprenons rien. Nous peuplons un traumatisme, nous avons peur, nous avons bien le droit d’avoir peur, nous voyons déjà, bien qu’indistinctement, à l’arrière-plan, les géants de l’angoisse. Ce que nous pensons a déjà été pensé, ce que nous ressentons est chaotique, ce que nous sommes est obscur. Nous n’avons pas à avoir honte, mais nous ne sommes rien non plus et nous ne méritons que le chaos. Je remercie, en mon nom personnel et au nom de ceux que l’on distingue aujourd’hui avec moi, ce jury, et très expressément tous ceux qui sont ici présents.

Thomas Bernhard

Discours prononcé le 22 mars 1968 à l’occasion de la remise du Prix national autrichien, dans Ténèbres. Textes, discours, entretien, sous la direction de Claude Porcell, Éd. Maurice Nadeau, Paris, 1986, pp. 43-44

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Bien que mon discours touche à sa fin, j'avoue sincèrement que je n'ai toujours pas trouvé d'équilibre apaisant entre ma vie, mon œuvre et le prix Nobel. Pour l'instant, je ne sens qu'une profonde reconnaissance – pour l'amour qui m'a sauvé et me maintient encore en vie. Mais admettons que dans le parcours à peine visible, la « carrière », si j'ose m'exprimer ainsi, qui est la mienne, il y a quelque chose de troublant, d'absurde ; une chose qu'on peut difficilement penser sans être tenté de croire en un ordre surnaturel, une providence, une justice métaphysique, c'est-à-dire sans se leurrer, et donc s'engager dans une impasse, se détruire et perdre le contact profond et douloureux avec les millions d'êtres qui sont morts et n'ont jamais connu la miséricorde. Il n'est pas simple d'être une exception ; et si le sort a fait de nous des exceptions, il faut se résigner à l'ordre absurde du hasard qui, pareil aux caprices d'un peloton d'exécution, règne sur nos vies soumises à des puissances inhumaines et à de terribles dictatures. Pourtant, pendant que je préparais ce discours, il m'est arrivé une chose très étrange qui, en un certain sens, m'a rendu ma sérénité. Un jour, j'ai reçu par la poste une grande enveloppe en papier kraft. Elle m'avait été envoyée par le directeur du mémorial de Buchenwald, M. Volkhard Knigge. Il avait joint à ses cordiales félicitations une autre enveloppe, plus petite, dont il précisait le contenu, pour le cas où je n'aurais pas la force de l'affronter. À l'intérieur, il y avait une copie du registre journalier des détenus du 18 février 1945. Dans la colonne « Abgänge », c'est-à-dire « pertes », j'ai appris la mort du détenu numéro soixante-quatre mille neuf cent vingt et un, Imre Kertész, né en 1927, juif, ouvrier. Les deux données fausses, à savoir ma date de naissance et ma profession, s'expliquent par le fait que lors de leur enregistrement par l'administration du camp de concentration de Buchenwald, je m'étais vieilli de deux ans pour ne pas être mis parmi les enfants et avais prétendu être ouvrier plutôt que lycéen pour paraître plus utile. Je suis donc mort une fois pour pouvoir continuer à vivre – et c'est peutêtre là ma véritable histoire. Puisque c'est ainsi, je dédie mon œuvre née de la mort de cet enfant aux millions de morts et à tous ceux qui se souviennent encore de ces morts. Mais comme en définitive il s'agit de littérature, d'une littérature qui est aussi, selon l'argumentation de votre Académie, un acte de témoignage, peut-être sera-t-elle utile à l'avenir, et si j'écoutais mon cœur, je dirais même plus : elle servira l'avenir. Car j'ai l'impression qu'en pensant à l'effet traumatisant d'Auschwitz, je touche les questions fondamentales de la vitalité et de la créativité humaines ; et en pensant ainsi à Auschwitz, d'une manière peut-être paradoxale, je pense plutôt à l'avenir qu'au passé.

Imre Kertész

Extrait du discours prononcé à Stockholm à l’occasion de sa remise du Prix Nobel de littérature, le 10 décembre 2002, Trad. Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba

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Anselm Kiefer, Lots Frau

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Les petits pavés Las de t'attendre dans la rue J'ai lancé deux petits pavés Sur tes carreaux que j'ai crevés Mais tu ne m'es pas apparue. Tu te moques de tout, je crois (bis) Demain je t'en lancerai trois. Par devant ta porte cochère Pour faire tomber tes amis Trois et quatre pavés j'ai mis. J'exècre tes amis, ma chère. Demain je recommencerai (bis) Et tes amants je les tuerai. Si tu ne changes pas d'allure J'écraserai tes yeux, ton front Entre deux pavés qui feront À ton crâne quelques fêlures. Je t'aime, je t'aime bien pourtant (bis) Mais tu m'en as fait tant et tant. Les gendarmes en cavalcade M'arrêteront après ce coup Pour me mettre la corde au cou. Je me construis ma barricade Et sur les pavés je mettrai (bis) Mon cœur durci par le regret. Autant de pavés par le monde De grands et de petits pavés Autant de chagrins encavés Dans ma pauvre âme vagabonde. Je meurs, je meurs de tout cela (bis) Et ma chanson s'arrête là.

Paroles Maurice Vaucaire, Musique Paul Delmet Version chantée par Serge Gainsbourg en 1962

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22 mai 2001 Je reprends le roman. À mon grand âge, dans ce monde usé, tant qu’il existe et que je suis en vie, il n’y a plus que le roman qui m’intéresse, rien d’autre. Étonnant, non ? Cette obsession qui régit ma vie et en fait une vie bienheureuse ! Imre Kertész – Sauvegarde

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Charlotte Salomon Au revoir. [4655]

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Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage. Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
 Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
 Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
 Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage. La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau
 Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes. Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
 Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
 Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

Pierre de Marbeuf

Recueil des vers, Rouen, 1628

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24 mai 2001 Ô les magnifiques lettres que Gisèle envoyait de Rome, comme des sonates tristes de la solitude. – Cette nuit, je me plonge dans la vie de Celan, cette vie grande et triste. La judéité l’imprègne si profondément sous une forme telle que tantôt je n’arrive pas à la suivre, tantôt j’y vois une vision du monde opiniâtre, une chose dont le poète, l’homme, a besoin pour être fidèle à la grande misère du monde et au grand miracle de la vie. Tant de finesse, tant de charme émane de cette femme que Paul a probablement détruite, sachant que, sur cette terre, le destin de l’homme se résume à détruire toute tendresse, toute beauté, tout ce qui est plus faible ou plus fragile que lui. Je ne connais personne qui ait résisté à cette fatalité. Et tout cela simplement pour pouvoir ensuite se retourner contre lui-même. Que de désirs indicibles se révoltent en moi – contre quoi ? J’ai l’impression de n’avoir jamais vécu ; il y a des aspects de la vie que je n’ai pas connus. Je n’ai jamais été apatride, je n’ai jamais été loin de ma famille, tourmenté par le sentiment d’être responsable de cet éloignement. Cette vie, la vie de Celan, je la connais si bien, la femme qui l'aime, qui se fait juive pour lui et que cet amour vain détruit. – À présent, je vis très loin de toute vie, je m’abîme dans la fabrication de textes que je lis avec bonheur et étonnement – je ne les comprends pas toujours, mais ils sortent de ma plume, cette petite boîte qui répond au nom d’ordinateur. Le jour se lève, les oiseaux commencent à chanter. Que de nuits blanches j’ai passées autrefois à Szigliget, que d’aurores de mai j’y ai vues. Je ne suis pas heureux. Mais si, je suis heureux.

Imre Kertész

Sauvegarde, Journal 2001-2003, Trad. Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, Éd. Actes Sud, 2012, pp. 41-42

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Christian Boltanski Personnes

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BIOGRAPHIE Imre Kertész Imre Kertész est déporté à Auschwitz en 1944, à l'âge de 15 ans, puis transféré à Buchenwald. Revenu à Budapest en Hongrie, en 1945, il se retrouve seul, tous les membres de sa famille ayant disparu. En 1948, il commence à travailler comme journaliste. Mais le journal dans lequel il travaille devient l'organe officiel du Parti communiste en 1951, et Kertész est licencié. Il travaille alors quelque temps dans une usine, puis au service de presse du ministère de l'Industrie. Congédié à nouveau en 1953, il se consacre dès lors à l'écriture et à la traduction. À partir de la fin des années 1950 et tout au long des années 1960, il écrit des comédies musicales pour gagner sa vie. Il traduit de nombreux auteurs de langue allemande, tels que Nietzsche, Hofmannsthal, Schnitzler, Freud, Roth, Wittgenstein et Canetti. Dans les années 1960, il commence à écrire Être sans destin, récit d'inspiration autobiographique sur la vie d'un jeune déporté hongrois. L'ouvrage ne peut paraître qu'en 1975 et c'est seulement après sa réédition, en 1985, qu'il connaît le succès. Après Être sans destin, il écrit : Le Chercheur de traces ; Roman policier ; Le Refus ; Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas ; Le Drapeau anglais ; Journal de galère ; Procès verbal ; L'Holocauste comme culture ; Un autre, chronique d'une métamorphose ; Sauvegarde, Journal 2001-2003 ; Liquidation ; Dossier K. Ces œuvres sont publiées en français chez Actes Sud. Tenu à l'écart par le régime communiste, Kertész ne commence à être reconnu comme un grand écrivain qu'à la fin des années 1980. Il obtient en 2002 le prix Nobel de littérature, « pour une œuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire ». Il est élu membre de l'Académie des arts de Berlin en 2003 et reçoit en 2004 la croix de grand officier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne (Großen Bundesverdienstkreuz mit Stern).

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Alors je rentrai dans la maison, et j’écrivis, Il est minuit, la pluie fouette sur les vitres. Il n’était pas minuit. Il ne pleuvait pas. Samuel Beckett – Molloy

Alberto Giacometti L'Homme qui marche

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Charlotte Salomon Vie ? ou Théâtre ? . [4925]

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BIOGRAPHIE Julie brochen Comédienne et metteur en scène, Julie Brochen dirige le Théâtre National de Strasbourg et son École supérieure d’art dramatique depuis le 1er juillet 2008, après avoir dirigé le Théâtre de l'Aquarium de janvier 2002 à juillet 2008. Julie Brochen a fondé sa compagnie Les Compagnons de Jeu en 1993. Comédienne de formation, au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris et au cours de maîtrise du Théâtre de Moscou dirigé par Anastasia Vertinskaia et Alexandre Kaliaguine, elle débute dès 1988 avec Le Faiseur de théâtre de Thomas Bernhard mis en scène par JeanPierre Vincent ; puis Faust de Pessoa mis en scène par Aurélien Recoing ; Comment faire vivre le dit de Stuart Seide ; Tchekhov acte III (Oncle Vania, Les Trois Sœurs et La Cerisaie) de Tchekhov mis en scène par Alexandre Kaliaguine et Anastasia Vertinskaia ; Trézène mélodies, fragments chantés de Phèdre de Racine mis en scène par Cécile Garcia-Fogel ; Hortense a dit « Je m’en fous !» de Feydeau mis en scène par Pierre Diot ; La Rue du château mis en scène par Michel Didym ; Le Régisseur de la chrétienté de Sebastian Barry mis en scène par Stuart Seide ; Chapitre un avec Mathilde Monnier ; L’Échange de Claudel mis en scène par Jean-Pierre Vincent. Au cinéma, Julie Brochen a joué sous la direction de Jalil Lespert, Paul Vecchiali, J. Abecassis, Hélène Angele, Louise Thermes, Andrzej Zulawski et Olivier Assayas ; et à la télévision sous la direction de Paul Vecchiali, Jacques Renard et Luc Beraud. Elle signe sa première mise en scène, en 1994, La Cagnotte de Labiche et Delacour ; puis Penthésilée de Kleist, Naissances nouveaux mondes, courtes pièces de Rodrigo Garcia et Roland Fichet, Le Décaméron des femmes de Julia Voznesenskaya au Petit Odéon. En 2000 aux côtés d’Hanna Shygulla, elle signe la mise en scène de Brecht, Ici et maintenant et Chronos kaïros. En 2001, elle monte son premier opéra Die Lustigen Nibelungen d’Oscar Straus au Théâtre de Caen. En 2002, elle participe à la mise en scène de Père de Strindberg aux côtés de François Marthouret. Elle créé au Festival d’Aix-en-Provence La Petite Renarde rusée, opéra de Leos Janaćek ; puis à L’Auditorium du Louvre Des passions, avec Emilie Valantin et Jean Sclavis. Elle monte, en 2003, Oncle Vania de Tchekhov puis Le Cadavre vivant de Tolstoï en diptyque au Théâtre de l’Aquarium, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. En 2005, elle reprend le rôle d’Elena dans Oncle Vania au Théâtre de l’Aquarium. La même année, elle crée Je ris de me voir si belle ou Solos au pluriel de Charles Gounod et Franck Krawczyk puis Hanjo de Mishima joué au Théâtre de l’Aquarium dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, et pour lequel elle reçoit le Molière de la compagnie 2006. Elle crée au Festival d’Aix-en-Provence L'Histoire vraie de la Périchole, d’après La Périchole d'Offenbach sous la direction musicale de Françoise Rondeleux et Vincent Leterme, repris au Théâtre de l’Aquarium puis en tournée. En 2007, elle crée L’Échange de Claudel pour le Festival d’Avignon où elle joue le rôle de Marthe. Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris de 2007 et à l’initiative de l’ADAMI et de l’opération Talents Cannes, elle crée Variations / Lagarce -Paroles d'acteurs au Théâtre de l'Aquarium. Ces deux spectacles sont présentés au TNS à l’automne 2008 à la suite de sa prise de fonction. En 2008, elle crée Le Voyage de monsieur Perrichon de Labiche et Martin au Théâtre du VieuxColombier et en 2009, La Cagnotte de Labiche et Delacour, au TNS d'après la mise en scène de 1994, puis La Cerisaie de Tchekhov en mai 2010 (repris à l’Odéon-Théâtre de l’Europe), Dom Juan de Molière en avril 2011 (en tournée en 2011-2012 puis repris au TNS). Cette même année, elle se lance dans l’aventure du Graal Théâtre avec Christian Schiaretti, directeur du TNP. En juin 2011, ils montent le prologue du Graal Théâtre, Joseph d’Arimathie au TNP, puis en 2012 Merlin l’enchanteur. Après Gauvain et le Chevalier Vert en 2013 au TNS, Christian Schiaretti créera l’épisode suivant Perceval le Gallois en avril 2014 au TNP avec la complicité de Julie Brochen. En janvier 2013, Julie Brochen met en scène Whistling Psyche de Sebastian Barry au TNS, puis au TGP en février 2013. 45


Les comédiens *Troupe du TNS

© Georges Lambert

Pascal Bongard Keseru˝ Pascal Bongard a été élève de Michel Bouquet et Claude Regy au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Au théâtre, il a travaillé avec Bernard Sobel (L’Homme inutile ou La Conspiration des sentiments, Amphitryon, Un homme est un homme, Innocents coupables, Le Pain dur, La Fameuse Tragégie du juif de Malte, Nathan le sage, La Charrue et les étoiles, La Ville) ; Luc Bondy (La Seconde Surprise de l’amour) ; Jérémie Lippmann (Hiver) ; David Lescot (Un homme en faillite) ; Marie-Louise Bischofberger (Le Viol de Lucrèce) ; Éric Lacascade (Hedda Gabler) ; Lucas Hemleb (Titus Andronicus) ; Gérard Watkins (Dans la forêt lointaine) ; Bernard Bloch (Les Paravents) ; Jean-Pierre Vincent (Homme pour homme) ; André Engel (Woyzeck, La Force de l’habitude, Les Légendes de la forêt viennoise) ; Olivier Borne (Mademoiselle Julie) ; Matthias Langhoff (Philoctète, Les Trois Sœurs) ; Étienne Pommeret (Léonce et Léna) ; Benno Besson (Cœur ardent, Mille francs de récompense) ; Peter Zadek (Mesure pour mesure) ; Klaus Michael Grüber (La Mort de Danton) ; Patrice Chéreau (Le Retour au désert) ; Pierre Guyotat (Bivouac). Au cinéma, il a tourné notamment avec Guillaume Nicloux, Michel Placido, Olivier Torres, Eva Ionesco, Delphine Kreuter, Mathieu Amalric, Michel Spinoza, Benoît Jacquot, Olivier Assayas…

© Franck Beloncle

Fred Cacheux* B.

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Formé au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris (promotion 98), il débute sur scène en 1999 dans Les Colonnes de Buren, texte et mise en scène d'Alexandre Semjonovic, puis se produit la même année dans Le Decameron de Boccace mis en scène par Jean Boillot, La Tête dans les nuages de Delaruelle mis en scène par Jean Bouchaud et Alors, Entonces, atelier franco-mexicain dirigé par Catherine Marnas. En 2000, il joue dans Le jour se lève, Léopold de Valletti mis en scène par Jacques Nichet, Le Corps et la fable du ciel de Supervielle mis en scène par Marc Le Glatin, Loué soit le progrès de Motton mis en scène par Lukas Hemleb et dans Guybal Velleytar de Witkiewicz mis en scène par David Maisse, puis en 2001 dans deux spectacles dirigés par Anne Alvaro : L'Île des esclaves et L'Épreuve de Marivaux. La même année, il chante, danse et joue dans le spectacle musical C'est pas la vie ? de Laurent Pelly. Entre 2002 et 2007, il travaille sous la direction de Isabelle Janier (Roméo et Juliette de Shakespeare), Jorge Lavelli (Le Désarroi de M. Peters de Miller), Dominique Léandri (L'Ombre de la vallée de Synge), Vincent Primault (Pourquoi mes frères et moi on est parti de Hédi Tillette de Clermont Tonnerre), Alain Françon (Ivanov de Tchekhov, E. Roman dit de Danis). Sous la direction de Julie Brochen, il joue et chante dans L'Histoire vraie de la Périchole d'après Offenbach (Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence), puis au Festival d'Avignon 2007 dans L'Échange de Paul Claudel. Depuis septembre 2009, il est comédien de la troupe du TNS. Il y interprète Iacha dans La Cerisaie de Tchekhov (repris à l'OdéonThéâtre de l'Europe), Dom Carlos dans Dom Juan de Molière mises en scène de Julie Brochen, Slee dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011. Il joue dans Merlin l’enchanteur (Graal Théâtre) de Florence Delay et Jacques Roubaud en 2012. Il incarne Leslie, le frère du Rouquin, dans Sallinger de Bernard-Marie Koltès, mis en scène par Catherine Marnas, en 2012. Il joue dans Gauvain et le Chevalier Vert, nouvel épisode du Graal Théâtre, créé en mai 2013 au TNS. Également metteur en scène, il crée la comédie anglaise de Jez Butterworth, Mojo, puis Port du casque obligatoire de Klara Vidic. En 2008, il met en scène, produit et joue avec David Martins un spectacle pour jeune public Mammouth Toujours !, et L'Histoire du tigre de Dario Fo en 2011.


© Jean-Christophe Quenon

Marie Desgranges* Sára Après une formation au CNSAD (1992 /1995) sous la direction notamment de Madeleine Marion, Daniel Mesguich, Stuart Seide, elle rencontre Julie Brochen avec laquelle elle entamera un véritable compagnonnage : La Cagnotte de Labiche (1994), Penthésilée de Kleist, Le Décameron des femmes d’après Voznesinskaya (1998), L’Histoire vraie de la Perichole d'après Offenbach (2006), Hanjo de Mishima (2007) et la reprise de La Cagnotte au TNS en 2009. Comédienne de la troupe du TNS, elle joue Viviane dans Merlin l’enchanteur (Graal Théâtre) de Florence Delay et Jacques Roubaud en 2012 puis la même années au TNS elle joue sous la direction de Catherine Marnas le rôle de Carole dans Sallinger de B.M. Koltès. En 2013, elle joue Ceux qui restent, témoignages de Paul Felenbock et Wlodka Blit-Robertson mis en scène par David Lescot. Elle travaille également sous la direction de Pierre Diot dans Hortense a dit « J’m’en fous ! » de Feydeau, avec Robert Cantarella dans Oncle Vania de Tchekov (1996) et avec Cecile Garcia-Fogel dans Trézene mélodie ainsi que Le Marchand de Venise de Shakespeare (2000) ; avec Bernard Sobel dans Zakat de Babel (1997) et à plusieurs reprises avec Gerard Watkins auteur et metteur en scène de Suivez-moi (1999), Dans la forêt lointaine (2001), Icône (2004) et sous la diction de Simon Abkarian Titus Andronicus de Shakespeare et de Véronique Bellegarde Cloud tectonics de Rivera (2003). Elle joue Guenièvre avec Jorge Lavelli dans Merlin de Tankred Dorst, puis Phèdre dans Phèdre de Sénèque au Théâtre des Amandiers sous la direction de Julie Recoing et elle rejoint le groupe Incognito pour Le Cabaret des Utopies (2010).
Au cinéma, elle tourne avec Bertrand Tavernier dans Laissez-passer (2000), Dante Desarthe dans Cours toujours, Pascal Lahmani dans Terre promise et Monsieur Bourel, Charlotte Erlih dans Eaux troubles (2008), Louis Becker dans Les Papas du dimanche (2011).
À la télévision, elle tourne avec Cathy Verney dans Hard, Thierry Petit, Fabrice Cazeneuve, Jacques Renard, Philippe Triboit, Christian Faure...
 Marie Desgranges est également chanteuse du groupe « Marie et Les Machines » ; elle compose des chansons pour les « Sea girls » et la musique pour le théâtre, notamment pour Dans la foret lointaine de Gérard Watkins.
 Elle crée lors d'une carte blanche au TNS un spectacle musical inspiré du conte Barbe Bleue intitulé "Concert Barbe Bleue". Elle est également en court de réalisation d'une collection documentaire sur la direction d'acteur au cinéma.

© Franck Beloncle

Antoine Hamel* Ádám Formé au sein du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, il reçoit parallèlement une formation musicale auprès d'Alain Zaepfel, Vincent Leterme et Françoise Rondeleux. Durant ses trois années de formation, il joue dans Prométhée enchaîné d'Eschyle et La Nuit des Rois de Shakespeare mis en scène par Andrzej Seweryn à la Comédie-Française, La Manie de la villégiature de Goldoni mis en scène par Muriel Mayette, Les Labdacides autour de Sophocle mis en scène par Joël Jouanneau, Je danse comme Jésus sur le vaste océan autour de Musset mis en scène par Catherine Hiégel, Le Chant du cygne de Mario Gonzales, Un songe de Shakespeare mis en scène par Georges Lavaudant. À sa sortie, il joue dans Célébration et Le Monte-Plats d'Harold Pinter mis en scène par Alexandre Zeff, Variations-Martin Crimp dans le cadre de la 12e édition de « Paroles d'acteurs » organisé par l'ADAMI et mis en scène par Joël Jouanneau. Sous la direction de Julie Brochen, il joue dans Brecht, Eisler, Weill, Le Condamné à mort de Genet, L'Histoire vraie de la Périchole d'après La Périchole de Jacques Offenbach (Festival d'Aix-en-Provence de juillet 2006), L'Échange de Claudel, la reprise de La Cagnotte de Labiche au Festival international de Séoul et Dom Juan de Molière. Il est comédien de la troupe du TNS depuis septembre 2011. Il interprète Hergood et Il Signor dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011 et joue dans Merlin l’enchanteur (Graal Théâtre) de Florence Delay et Jacques Roubaud dans la co-mise en scène de Julie Brochen et Christian Schiaretti , créée en 2012 au TNS. Il interprète Le Rouquin la même année dans Sallinger de Bernard-Marie Koltès mis en scène par Catherine Marnas. Il joue dans Gauvain et le Chevalier Vert, mis en scène par Julie Brochen, avec la complicité de Christian Schiaretti, créé au TNS en mai 2013. Il se produit aussi dans des courts et moyens métrages tels que Enculées de Laetitia Masson et Ma Belle Rebelle de Jean-Paul Civeyrac (Talents Cannes 2006-ADAMI), ainsi que dans des pièces radiophoniques diffusées sur France Culture (La Décennie rouge de Michel Deutsch, Les Nouvelles Confessions de William Boyd, Peter Pan de J. M. Barrie). À la télévision, il travaille avec Alain Tasma et Christophe Douchand (Les Bleus-saisons 3 et 4), Stéphane Clavier (L'Épervier), Rodolphe Tissot (Ainsi soient-ils qui reçoit le prix de la meilleure série française en 2012) et Edwin Bailly (Quatre garçons dans la nuit, série pour laquelle il reçoit le prix d'interprétation masculine du Festival de Luchon 2010).

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© Franck Beloncle

Ivan Hérisson* Obláth Né le 25 mai 1984, Ivan Hérisson a été édité en 2001 puis 2005 à la N.R.F sous la recommandation de Maurice Nadeau. Il débute son parcours théâtral au Théâtre du Jour, direction Pierre Debauche. En 2006, il travaille sous la direction de François Wastiaux, de Christophe Maltot puis David Géry (l’Orestie) au théâtre de la commune à Aubervilliers. Il intègre en 2008 l’École du TNS sous la direction de Julie Brochen, où il travaille notamment avec Jean-Pierre Vincent, Claude Régy, Krystian Lupa, Valère Novarina. Lors de sa formation, à l’occasion d’une carte blanche, il adapte et met en scène La Douce un récit de Dostoïevski. En 2011, il joue dans Dom Juan mis en scène par Julie Brochen et devient comédien de la troupe du TNS. Il travaille notamment avec Julie Brochen et Christian Schiaretti sur Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud, Fanny Mentré sur Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker, Guillaume Delaveau sur Torquato Tasso de Goethe.

© Franck Beloncle

David Martins* Kürti Dès sa sortie du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, en 1999, il travaille sous la direction de Stuart Seide, Jacques Lassalle, Patrice Chéreau, Catherine Hiégel, Victor Gauthier-Martin, Yannis Kokkos, David Géry, Fred Cacheux... Il navigue comme acteur entre répertoire classique et théâtre contemporain, théâtre musical et théâtre de rue, au sein du « Collectif des Fiévreux » avec Juan Cocho, ou de la compagnie « Les Petits Chantiers » avec Bertrand Renard. Depuis 2008, il est très actif au sein de la compagnie FC, dont il est directeur artistique avec Fred Cacheux. Il crée et interprète Mammouth Toujours ! en 2009, puis Histoire du Tigre de Dario Fo en 2011. Il intègre la troupe du TNS en septembre 2011. Il interprète, la même année, Toonelhuis dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Barker, mis en scène par Fanny Mentré, il est Gauvain dans Merlin l’enchanteur dans le Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud (2012). Il joue dans la reprise de Dom Juan (2012) et il est assistant à la mise en scène et joue dans Whistling Psyche de Sebastian Barry (2013), spectacles mis en scène par Julie Brochen. Il interprète Gauvain dans Gauvain et le Chevalier Vert, mis en scène par Julie Brochen, avec la complicité de Christian Schiaretti, créé au TNS en mai 2013. Au cinéma, il est dirigé par Philippe Garrel Sauvage innocence, Olivier Dahan La Vie promise, Antoine de Caunes Les Morsures de l'aube, Coluche, Pascal Deux Émilie, Catherine Corsini Mariée mais pas trop et à la télévision par Pierre Aknine Ali Baba et les 40 voleurs, Josée Dayan Deuxième vérité, Gérard Marx Blessure secrète, Éric Summer La Tête haute, Cavale. Parallèlement, il écrit et met en scène Laissez venir à moi les petits enfants en 1999, et Hop et Rats en 2003 avec le compositeur Thierry Pécou au Théâtre du Châtelet. Créateur et Agitateur du collectif Cinéma les Fennecs, regroupement d'acteurs et réalisateurs, il écrit et produit des courts-métrages et des documentaires.

© Franck Beloncle

Fanny Mentré Judit

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Fanny Mentré a été élève au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Pour le théâtre, elle a écrit Un paysage sur la tombe, qu’elle a créé au Festival d’Avignon avec France Culture et repris au Théâtre de la Bastille à Paris ; Le dernier vol de la cigogne ; Chabada (bada), Le Festin pendant la peste et Le Festin où s’ouvrent les cœurs, trois textes créés par Alain Milianti au Volcan ; Histoire de Petit-bonhomme par lui-même ; puis deux textes pour le comédien/metteur en scène/magicien Thierry Collet, inspirés de Maître Zacharius de Jules Verne et L’Ombre d’Andersen ; Un jour mon prince viendra co-écrit avec Christophe Bouisse (à l’origine du projet) et Tatiana Goussef, qu’elle a créé à la Comédie Caumartin ; Lisa 1 et 2, qu’elle a mis en scène au Théâtre du Nord puis au Théâtre de l'Aquarium ; Des astres et Déchute (lus au TNS en déc. 2010). Elle a également écrit des textes courts : Chambre 68 ; Le Silence de mon frère ; Vieillir ; Le Parler des ogres ; D'un ventre et L’Idole (trois d’entre eux lus au TNS par les élèves section jeu du Gr. 40 en déc. 2011). Elle est aussi l’auteur d’un texte intitulé AVD, d’un recueil de poésie Une année sans mourir et d’un roman Journal d’une ménagère de moins de 50 ans. Outre ses propres textes, elle a mis en scène Andromaque de Jean Racine Couples et paravents d’Eduardo Manet, et Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker, créé au TNS en novembre 2011.


André Pomarat Le directeur de la maison d’édition, le clochard Né en janvier 1930 à Metz, André Pomarat effectue l’essentiel de son parcours au sein du Centre dramatique de l’Est et du Théâtre national de Strasbourg (CDE/TNS). Dès 1954, il est élève de la première promotion de l’École supérieure d’art dramatique de Strasbourg, fondée par Michel Saint-Denis. En 1957, engagé par Hubert Gignoux dans la troupe permanente, il participe à la création et à la diffusion jusqu’en 1973, d’une quarantaine de spectacles, dont, mis en scène par Hubert Gignoux : Mille francs de récompense de Victor Hugo (Glapieu), La Visite de la vieille dame de Dürrenmatt (Le proviseur), Le Singe velu de O’Neill (Paddy), Comment naît un scénario de cinéma de Zavattini (Le Scénariste), Nekrassov de Sartre (Jules Palotin), Joël Brant de Kipphardt (Joël Brant), Toussaint Turelure de Claudel (Le Pape Pie) ; et mis en scène par Pierre Lefèvre : Notre petite ville de Thornton Wilder, Le Canard sauvage de Ibsen (Le vieil Ekdal), La Bonne Âme du Se-Tchouan de Brecht (Wang)… ; avec René Jauneau : L’Avare et Les Femmes savantes de Molière (Harpagon et Trissotin), Les Anabaptistes de Dürrenmatt (Le Prince évêque de Münster, Osnabrück et Münster), et Le juge dans Le Balcon de Genet mis en scène par André Steiger… Parallèlement à son travail de comédien, il participe de 1961 à 1973 à la formation d’élèves dans des ateliers d’interprétation. Il quitte le TNS en 1973, après le départ d’Hubert Gignoux. En 1974, il dirige la M.A.L. (Maison des Arts et Loisirs) de Strasbourg, qui soutient le développement de formes d’expression s’imposant aux lisières du spectacle vivant, où se produisent et se côtoient comédiens, conteurs, poètes et chanteurs à texte, mimes et clowns, nouveau cirque et spectacles de rue, et où il crée en 1976 « Les Giboulées de la marionnette ». En 1978, il développe les activités en direction du jeune public, installe dans un ancien cinéma, réaménagé à cet effet, le « Théâtre Jeune Public » de Strasbourg. Avec l’appui des autorités locales et territoriales, le TJP deviendra Centre dramatique national pour l’enfance et la jeunesse. En 1997, André Pomarat quitte toutes fonctions « officielles » et se met par intermittence au service des compagnies régionales : Théâtre du marché aux grains, Théâtre Lumière, OC and CO, Cie Actes premiers… En 2010, il retrouve les planches de la grande salle du TNS quittées trente-six ans plus tôt, pour le rôle de Firs dans La Cerisaie de Tchekhov mis en scène par Julie Brochen. Puis, en 2011 et 2012, il joue Dom Louis dans Dom Juan, mis en scène par Julie Brochen, au TNS et en tournée.

© Pascal Bongard

et Hans KÙnze Assistant à la mise en scène Après une enfance au bord des plateaux, il entame une formation de constructeur de décors chez Prélud, tout en s'initiant aux régies plateau, son et vidéo. Il a travaillé avec Jean-Paul Wenzel sur Judith ou le Corps séparé ; l'Opéra National de Bordeaux ; Anne-Laure Liégeois sur Les Loups ; Frédéric Kùnze sur Woyzeck 1313 et Un obus dans le cœur ; Pierre Meunier sur Du fond des gorges. Au cinéma, il a travaillé avec Stéphanie Murat comme constructeur sur le film Max en 2012 et avec Pierre Meunier sur Léopold En L'air en 2011. Il fait aussi partie de la troupe de théâtre équestre Werdyn de 2011 à 2013 et réalise la création sonore du spectacle.

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Otto Dix Aube

Directrice de la publication Julie Brochen Réalisation du programme Fanny Mentré avec la collaboration de Éric de La Cruz, Caroline Strauch, Quentin Bonnell Crédits Photos de répétitions : Franck Beloncle Graphisme Tania Giemza Édité par le Théâtre National de Strasbourg Kehler Druck/Kehl – Novembre 2013

1 avenue de la Marseillaise BP 40184 67005 Strasbourg Cedex Téléphone : +33 (0)3 88 24 88 00 Fax : +33 (0)3 88 37 37 71 tns@tns.fr 50


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SAison 13-14


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