Programme - Le Système de Ponzi de David Lescot

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Le système

de ponzi


Directrice de la publication Julie Brochen Réalisation du programme Fanny Mentré avec la collaboration de Éric de La Cruz, Quentin Bonnell et Lorraine Wiss Crédits Photos du spectacle : Béatrice Logeais Illustrations : p.5 Jean Dubuffet La Route aux hommes, 1944 • p.6 Menno Baars • p.9 Pieter Bruegel l'Ancien Les jeux d'enfants • p.12 Constant À Nous la liberté, 1949. Graphisme Tania Giemza Édité par le Théâtre National de Strasbourg Kehler Druck/Kehl – Mars 2012

Abonnements / Location 03 88 24 88 24 1, avenue de la Marseillaise BP 40184 F-67005 Strasbourg CÉdex Téléphone : 03 88 24 88 00 Télécopie : 03 88 37 37 71 tns@tns.fr www.tns.fr

Côté public 2

Rencontre • Surtitrage français Mercredi 18 avril Rencontre • Théâtre en pensées avec David Lescot, rencontre animée par Olivier Neveux (département des Arts du spectacle de l’Université de Strasbourg) Lundi 16 avril à 20h - salle Gignoux • Bord de plateau à l’issue de la représentation mercredi 18 avril ri

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SAison 11-12

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LE SYSTEME DE PONZI > Coproduction du TNS Texte, mise en scène et musique David Lescot

Assistanat à la mise en scène Laïs Foulc • Arrangements et direction musicale Virgile Vaugelade • Scénographie Alwyne de Dardel • Assistanat à la scénographie Claire Gringore • Lumières Paul Beaureilles • Costumes Sylvette Dequest • Assistanat aux costumes Gwendoline Bouget • Accessoires Philippe Binard • Stagiaire à la mise en scène Vincent Thépaut (École du TNS) Avec, par ordre alphabétique Scali Delpeyrat Charles Ponzi Marie Dompnier L’infirmière Pearl Gossett, un avocat de Gnecco Brothers, Lucy Meli, secrétaires Clément Landais Le marchand de meubles Daniels, contrebasse, tuba David Lescot Mac Masters, un vendeur de rues, JR Pool, trompette, guitare Odja Llorca Donna Zarossi, un avocat de Gnecco Brothers, le propriétaire Engstrom, James Francis Morelli, une infirmière Elizabeth Mazev Imelde Ponzi, Miss Lombard, Mac Masters, Simona Bozzi, Mussolini, une guichetière Céline Milliat-Baumgartner Rose Ponzi Charlie Nelson Oreste Ponzi, le banquier Zarossi, Charles Morse, le docteur Thomas, le prêtre Père Cortese, John Gnecco, le banquier Chmielinski, l’inspecteur des finances Franck Pope, le cousin Dondero, une vieille femme, l’avocat général Abbott, le lieutenant Mahoney, clarinette basse, saxophones, flûte, accordéon Jean-Christophe Quenon L’oncle, un client de café, le détective Mac Call, Cassulo, le banquier De Masellis, l’épicier Giberti, le commissaire Edwin Curtis, l’oncle Dondero, Percy Lamb, l’avocat général Hurwitz, trombone, batterie Virgile Vaugelade le prêteur sur gages Rosenberg, Renato Bozzi, un représentant de voitures, l’expertcomptable Pride, saxophones et François Gauthier-Lafaye Équipes techniques Compagnie du Kaïros Régie générale François Gauthier-Lafaye • Régie lumière Victor Egéa • Régie son Michaël Schaller du TNS Régie générale Bruno Bléger • Régie plateau Arthur Plath • Régie lumière Christophe Leflo de Kerleau • Régie son Sébastien Lefèvre • Habilleuse Joëlle Gitchencko • Lingère Charlotte Pinard-Bertelletto Du mardi 11 au jeudi 26 avril 2012 Horaires : du mardi au samedi à 20h, les dimanches à 16h • Relâche : les lundis Salle Hubert Gignoux • Durée : 2h10 Coproduction de la Compagnie du Kaïros, le Théâtre de la Ville-Paris, La Manufacture-CDN de Nancy, le Théâtre National de Strasbourg, le Théâtre de l’Union-CDN de Limoges, la Halle aux Grains-Scène nationale de Blois. Avec le soutien de l’aide à la création de textes dramatiques du Centre National du Théâtre, de l’aide à la production et à la diffusion du Fonds SACD, de la SPEDIDAM et du Théâtre de Nanterre-Amandiers Compagnie du Kaïros : Administratrice Véronique Felenbok Chargée de production Clara Prigent Chargé de diffusion Antoine Blesson Attachée de presse Nathalie Gasser Les costumes et les décors ont été réalisés par les ateliers du TNS sous la direction d’Elisabeth Kinderstuth et Hervé Cherblanc. > Le texte Le Système de Ponzi est publié aux éditions Actes Sud-Papiers, janvier 2012. > Remerciements au Jeune Théâtre National et à Flavien Gaudon Spectacle créé au Théâtre de l’Union-CDN de Limoges le 17 janvier 2012.

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La première fois que j'ai entendu le nom de Ponzi, c'était dans la bouche de Bernard Madoff, l'escroc qui possède sans doute le plus beau palmarès de tous les temps (50 Milliards de dollars détournés et 150 années de prison). « Mon système, c'était une Chaîne de Ponzi » disait Madoff. Alors je me suis renseigné sur Ponzi. Charles Ponzi était un Italien immigré aux Etats-Unis au début du XXe siècle, et qui après 15 années de galères inimaginables, monta à Boston une escroquerie financière, garantissant 50% d'intérêts en 45 jours, qui le rendit millionnaire pendant un an. Surtout, à travers lui, c'est le siècle à venir qui se raconte, d'un point de vue qui n'est ni celui des utopies, ni celui des régimes politiques, ni celui des guerres, mais celui de l'argent. Ponzi ne croit en rien, sinon qu'il est destiné à faire de l'argent, ce qui est relativement vrai. Après la crise de 2008 (les crises sont fatales aux escrocs, 2008 a fait tomber Madoff), on se mit à parler plus que jamais de capitalisme sauvage, de moralisation des banques. Alors remontons à l'âge du far-west financier, 1920, l'époque de Ponzi, figure tutélaire de Madoff et peut-être aussi créature à l'image du système lui-même, et engendrée par lui. Durant l'aventure de Ponzi, on assiste à une crise financière diagnostiquée dans des termes qui annoncent déjà celle qui aura lieu cent ans plus tard, un ouragan dévaste la Nouvelle-Orléans, les devises européennes encaissent des dévaluations record... Hasard ou bégaiement de l'histoire ? Élément de comparaison en tout cas, non pour constater que tout est toujours identique, mais pour mesurer ce qui nous sépare de notre passé, et mieux nous voir à travers cette lentille-là.

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Je crois en un théâtre qui soit conscient de son histoire, et qui soit conscient de l'Histoire. Et qui sache inventer les formes nouvelles propres à l'exprimer. Le Système de Ponzi n'est pas une reconstitution. C'est une pièce musicale, un opéra parlé, et pas seulement parlé, un récit épique qui convoque tous les moyens propices au récit. Du chœur jaillissent les personnages, une kyrielle, qui rejoignent à nouveau le chœur, d'où jaillissent d'autres personnages. Seul moyen de couvrir un temps, un espace, une foule, une action si épique car si étendue. J'avoue que j'aime bien les escrocs. Ils sont nécessaires, comme les crocheteurs au monde de la serrure. À travers eux, le système apparaît plus distinct. On peut l'améliorer. Encore que je me soucie peu d'améliorer le système capitaliste. Mais les escrocs, les usurpateurs, les affabulateurs, les charlatans réussissent bien au théâtre (Le Menteur de Corneille, Le Revizor de Gogol, Le Baladin du monde occidental de Synge, et même Peer Gynt d'Ibsen). Condamnons-les (dans la vie), mais rendons-leur grâce (sur la scène) de savoir gripper la machine, d'introduire une brèche poétique dans le réel. Et rappelons-nous que le système de Ponzi, après tout, c'est le nôtre. David Lescot


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Si les souteneurs et les voleurs étaient toujours et partout condamnés, les honnêtes gens se croiraient tous et sans cesse innocents, cher monsieur. Et selon moi… c’est surtout cela qu’il faut éviter. Albert Camus

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Le préalable, la condition de l’écriture théâtrale – je ne parle ici que de ma propre expérience –, c’est l’observation, c’est l’étude du réel. L’écriture théâtrale est pour moi sollicitée, comme interpellée, par la vie sociale, politique, historique, par l’actualité parfois, plus généralement par les activités ou manifestations humaines dans leurs dimensions les plus techniques. C’est ainsi qu’il m’est arrivé d’écrire « sur » le commerce d’objets d’artisanat exotique (L’Association, 2002) ou sur l’apprentissage d’un instrument à vent (L’Instrument à pression, 2004). Je ne saurais pas, par exemple, faire théâtre de « rien », transcrire les mouvements de ma vie intérieure, écrire du théâtre purement idéaliste. J’ai besoin de projeter une parcelle du monde sur la scène, de découper, d’isoler dans le continuum de la vie réelle un aspect, un fragment, un phénomène, et d’en faire théâtre. J’ai donc besoin d’un contenu, d’un thème, je dis parfois « un sujet », mais c’est probablement impropre tant la notion sous-entend non seulement une matière mais aussi un discours déjà constitué. C’est pourquoi avant même d’écrire, je me documente, et ce travail de documentation occupe la plus grande part de mon temps d’écriture, environ deux tiers pour ce qui concerne mes pièces. […] À quoi bon vouloir mêler l’archive et la fable, l’authentique et l’inventé ? Pourquoi postuler un théâtre documentaire « impur » ? Ça relève d’une sorte de fonctionnement naturel. Parti sur des bases scientifiques, rigoureuses, celles de l’étude et de la documentation, mon projet se perd en route, ou plutôt s’arrête en chemin sur des détails auxquels il prête une attention et un temps qui rendent ensuite impossible toute description totale de son objet. […] Tel est mon usage du document, adossé à un besoin toujours grandissant de puiser à la source du réel le plus concret. Je ne le théorise pas. Je peux seulement dire que cet usage du document n’est pas d’ordre scientifique, comme il pouvait l’être dans le théâtre documentaire, ou chez Brecht, ou qu’il ne l’est plus in fine, même s’il était placé au commencement sous le signe de l’étude et de la recherche. Disons simplement qu’il est comme une soif de réalité, de réalité humaine, étanchée par le théâtre.

David Lescot

Extraits de Un théâtre presque documentaire, paru dans Théâtre/Public n° 188, mars 2008

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La « pyramide de Ponzi », une technique qui remonte aux Années Folles.

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Madoff dit s’être inspiré d’un Italo-Américain qui a entourloupé des dizaines de milliers de crédules. Reconnaissant pour la première fois que son business ne reposait que sur du mensonge, Bernard Madoff aurait, selon le New York Times, tout de suite donné la clé de son système : « Pour résumer, c’était un système de Ponzi. » Dit autrement, une « pyramide de Ponzi », du nom de Charles Ponzi, un Italo-Américain resté dans l’histoire pour avoir escroqué des dizaines de milliers de personnes à qui il offrait des rendements intenables, en utilisant l’argent des derniers déposants. En 1920, Charles Ponzi découvre qu’il existe un moyen simple de faire de l’argent avec la Poste grâce au système des International Postal Reply Coupon (les coupons réponses internationaux). Ces bons servent alors à affranchir le courrier depuis n’importe quel endroit sur la planète. Mais leur valeur dépend du pays où on les achète. Et, à cette époque, du fait de l’inflation qui a cours en Europe, un coupon acheté en Italie vaut moins cher qu’aux États-Unis. Il peut même être échangé à la Poste américaine contre un timbre d’une valeur supérieure. Il suffit ensuite de vendre le timbre et de toucher sa plus-value. Et le tout est parfaitement légal. Bouche à oreilles. Ponzi monte alors à Boston une entreprise d’investissement, la Securities Exchange Company, et promet, grâce à sa méthode, d’offrir un taux de 50 % de retour sur investissement en quarante-cinq jours. Au début, son système fonctionne. Les premiers clients sont satisfaits et alimentent le bouche à oreille. En quelques mois, l’argent afflue par dizaines de millions de dollars. Charles Ponzi devient millionnaire et célèbre. Mais sa réussite fulgurante rend suspicieux. La presse calcule alors que pour pouvoir offrir les rendements promis, il faudrait qu’existent 160 millions de coupons réponses internationaux. Or, seulement 27 000 sont en circulation. Ponzi ne peut donc offrir de tels rendements qu’en trichant. On découvre également que l’intéressé a déjà fait de la prison, au Canada, pour avoir participé à un système pyramidal équivalent. La police arrête alors Charles Ponzi. Ce dernier, après avoir été condamné et envoyé pendant plusieurs années en prison, finira sa vie dans la pauvreté.


Cette histoire est devenue emblématique des fausses promesses offertes par la finance. Une « chaîne de Ponzi » repose sur la croyance que l’on va réaliser des profits inédits. Attirée en masse par les promesses financières, la clientèle accourt et les capitaux affluent, permettant de respecter l’engagement initial. Jusqu’à ce que quelqu’un crie « le roi est nu » et que la bulle spéculative explose. Dans une telle histoire, il faut un escroc et, surtout des clients crédules. De fait, de nombreuses pyramides de Ponzi ont prospéré dans des pays de l’ex-bloc soviétique qui découvraient le capitalisme. En Albanie, un système de banques pyramidales s’est effondré en 1997, causant des émeutes qui ont fait des milliers de morts. Récemment, en Colombie, des centaines de milliers de personnes ont été arnaquées par des sociétés qui promettaient « argent facile, rapide et en liquide ». Subprimes. Mais il ne faudrait pas croire pour autant que le système ne fonctionne que dans des pays où le capitalisme financier est peu développé. L’affaire Madoff le prouve : les plus grandes banques de la planète ont été touchées. Surtout, toute bulle financière, ainsi que son éclatement, obéit à la même logique. Par certains côtés, la crise des subprimes a été le résultat d’une arnaque à laquelle le monde de la finance dans son ensemble s’est laissé prendre : croire qu’on pourrait construire des produits financiers sans risque à partir des crédits immobiliers de ménages américains pauvres.

Nicolas Cori

Article paru dans Libération le 15 décembre 2008

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Le principe de la perte.

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L'activité humaine n'est pas entièrement réductible à des processus de production et de conservation et la consommation doit être divisée en deux parts distinctes. La première, réductible, est représentée par l'usage du minimum nécessaire, pour les individus d'une société donnée, à la conservation de la vie et à la continuation de l'activité productive : il s'agit donc simplement de la condition fondamentale de cette dernière. La seconde part est représentée par les dépenses dites improductives : le luxe, les deuils, les guerres, les cultes, les constructions de monuments somptuaires, les jeux, les spectacles, les arts, l'activité sexuelle perverse (c'est-à-dire détournée de la finalité génitale), représentent autant d'activités qui, tout au moins dans les conditions primitives, ont leur fin en ellesmêmes. Or, il est nécessaire de réserver le nom de dépense à ces formes improductives, à l'exclusion de tous les modes de consommation qui servent de moyen terme à la production. Bien qu'il soit toujours possible d'opposer les unes aux autres les diverses formes énumérées, elles constituent un ensemble caractérisé par le fait que dans chaque cas l'accent est placé sur la perte qui doit être la plus grande possible pour que l'activité prenne son véritable sens.

Georges Bataille

La Notion de dépense, Les Éditions de Minuit, 1949, pp. 23-24


Plus impérieuse peut-être que la soif de posséder, d'accumuler, plus forte que la libido habendi, je me demande s'il n'y a pas en l'être humain une pulsion de tout perdre. Je suis très intrigué par ce vertige de l'âme humaine. Et peut-être que c'est ça qu'il nous permet, l'escroc : tout jeter, tout claquer. Parce que je suis sûr qu'on le reconnaît, quand il se présente à nous. Il ressemble à un escroc, il vient nous vendre de la perte. À mots même pas couverts, il nous propose ça : tout perdre. Et cette tentation-là, elle est beaucoup plus exaltante, et beaucoup plus irrésistible que celle de tout gagner. David Lescot

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L'avocat général adjoint ABBOTT : Ça ressemblait trop à une arnaque... L'avocat général adjoint HURWITZ : ... pour ne pas être une arnaque. ABBOTT : Une vraie arnaque HURWITZ : ... doit ressembler à une arnaque ABBOTT : Autrement les gens n'y vont pas. HURWITZ : Si ça ressemble à une arnaque ABBOTT : Les gens y vont. HURWITZ : Les gens sont attirés par l'odeur de l'arnaque. ABBOTT : Si ça sent l'arnaque HURWITZ : Ils y vont. ABBOTT : Sinon HURWITZ : Ils n'y vont pas. ABBOTT ET HURWITZ : C'est comme ça on ne sait pas pourquoi. David Lescot

Le Système de Ponzi, Éd. Actes Sud - Papiers, 2012, p. 96

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L’escroquerie emporte après elle l’idée d’une certaine finesse, d’un esprit subtil, d’un caractère adroit. Balzac

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My house of cards had collapsed! The bubble had busted! I had lost! Lost everything! Millions of dollars. Credit. Happiness. And even my liberty! Everything, except my courage. I needed that to take my medicine like a man. To meet the future. Unquestionably, I was licked. For the time being. But no man is ever licked, unless he wants to be. And I didn't intend to stay licked. Not so long as there was a flickering spark of life left in me. Like there was then. And there is now. Life, hope and courage are a combination which knows no defeat. Temporary setbacks, perhaps, but utter and permanent defeat, never! Mon château de cartes s’était effondré ! La bulle [ financière ] avait éclaté ! J’avais perdu ! Tout perdu ! Des millions de dollars. Ma réputation. Ma joie. Et même ma liberté ! Tout, sauf mon courage. Il m’en fallait pour avaler la pilule comme un homme. Pour affronter le futur. J’étais liquidé, incontestablement. Sur le moment. Mais aucun homme n’est liquidé pour toujours, à moins de le vouloir. Et je n’avais pas l’intention que ça dure. Pas tant qu’il restait en moi une petite étincelle de vie. C’était le cas. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. Tant qu’il y a de la vie, de l’espoir et du courage, la défaite n’existe pas. Les revers de fortune, peut-être, mais la défaite totale et définitive, jamais !

Charles Ponzi

The rise of Mr. Ponzi, Digital mammouth éditions, 1936. Trad. Fanny Mentré

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