SLAB magazine issue 7

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LES LOIS DE L’ATTRACTION

STOP, TU DIVAGUES.

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NE VA PAS CROIRE QU’IL S’AGIT LÀ D’UN HOMMAGE TREMBLANT À LA FORCE DE LA DESTINÉE AMOUREUSE, GRAND FAN QUE TU ES DE MARC LEVY ET CONSORTS QUI DEPUIS DES ANNÉES RENDENT LA VIE IMPOSSIBLE AUX JEUNES DON JUAN EN BOURRANT LE MOU AUX FILLES, MÈRES ET GRANDS-MÈRES, LEUR FAISANT CROIRE QUE LE PRINCE CHARMANT EXISTE ET QU’EN PLUS IL SAURA SE PRÉSENTER DE LUI-MÊME. FAUX. NUL. ZÉRO. TU N’Y ES PAS DU TOUT ! ICI, COMME DIRAIT CETTE BONNE VIEILLE POTE DE FAC AUX MŒURS PLUS QUE LÉGÈRES ET À LA LIBIDO PROCHE DE CELLE D’UNE JUMENT EN RUT, « ON TAPE DANS LE DUR ! ». CE CONCEPT, IL FAUT LE PRENDRE AU SENS STRICT DE SA DÉFINITION SCIENTIFIQUE : CE QUI MONTE DEVRA INEXORABLEMENT REDESCENDRE. ET, DANS NOS ESPRITS PERVERS, LA MONTÉE EST AUSSI INTÉRESSANTE QUE LA DESCENTE. DÉFENDRE UNE PLACE DE N°1 EST DIFFICILE, ENCORE PLUS DANS UN SPORT COMME LE BODYBOARD. C’EST POURQUOI, DANS CE NUMÉRO, ON A SOUHAITÉ INTERROGER PIERRE-LOUIS SUR SON ACTUEL TITRE DE CHAMPION DU MONDE MAIS ÉGALEMENT EN SAVOIR PLUS SUR SA GESTION DE «L’APRÈS». ON A ÉGALEMENT ÉTÉ CHERCHER LE NUMÉRO UNO DE L’ANTENNE, L’ANIMATEUR DE NOS NUITS SOUVENT TROP COURTES EN PÉRIODE D’ÉPREUVE GSS, J’AI NOMMÉ MANNY « BOOM » VARGAS. BREF, UN PROGRAMME DENSE, SANS PARLER DU RESTE. DANS CES MOMENTS LÀ, ON SENT NOTRE CERVEAU PRÊT À IMPLOSER. ON BOUILLONNE, LITTÉRALEMENT. LA SOLUTION APPARAÎT ALORS COMME MIRACULEUSE ET POURTANT SI SIMPLE. ON RETOURNE FINALEMENT À NOS PREMIERS AMOURS : L’EAU. L’EAU, CELLE DE LA MER. NOS MAINS COMME RÉCIPIENTS, ON EN PREND JUSQU’À CE QU’ELLES N’EN PUISSENT PLUS CONTENIR. AINSI, LES MAINS SE REFERMENT. LES DOIGTS ALORS RECROQUEVILLÉS SUR EUX-MÊMES NOUS DONNENT L’IMPRESSION DE LA FILTRER. ALORS QU’EN RÉALITÉ, C’EST TOUT LE CONTRAIRE. TOUT COMME ELLE EST LE FILTRE DU MONDE, ELLE EST AUSSI CELUI DE NOTRE UNIVERS, DE NOS ÉMOTIONS. COLÈRE, RESSENTIMENT, HAINE, JALOUSIE, TRISTESSE ; L’EAU NE FILTRE QUE NOS VILES PENSÉES POUR NE LAISSER EN TÊTE QUE LE SENTIMENT LE PLUS PUR : LE BONHEUR. BONHEUR D’AVOIR PRIS UNE BONNE VAGUE, D’AVOIR BIEN SURFÉ, D’AVOIR PASSÉ UNE MANOEUVRE PARFAITE, D’AVOIR DES IMAGES PLEIN LA TÊTE. COMME VOUS AVEZ AFFAIRE À DES PROFESSIONNELS, EN PLUS DU FILTRE, ON VOUS FAIT LE PLEIN. LE PLEIN DE BONHEUR AU TRAVERS DE SES PAGES, CAR DEPUIS LES PREMIERS NUMÉROS DE SLAB, VOUS SAVEZ PERTINEMMENT QUE VOUS NE VENEZ PLUS CHEZ NOUS PAR HASARD !


Pics / Etienne Hus

Damien Martin survole la section. Pics / Zac Eiffert


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DOSSIER N˚1

MANNY (BOOOOOOM) VARGAS

ON A DONNÉ LA PAROLE À CELUI QUI LA MONOPOLISE ; ET ALORS ? PAS MALIN DIRONT CERTAINS, SAUF LORSQUE CETTE PAROLE EST DONNÉE À LA VOIX DE L’IBA, J’AI NOMMÉ MANNY « BOOM » VARGAS. L’HOMME INTARISSABLE AU MICRO, FACE CAMÉRA, L’EST ÉGALEMENT EN « OFF ». NÉ LE 3 DÉCEMBRE 1971, MANNY EST UN ENFANT DE LA MER. IL A GRANDIT À IMPERIAL BEACH, EN CALIFORNIE ET N’A CESSÉ DEPUIS 30 ANS D’OEUVRER DANS ET POUR L’UNIVERS QUI EST LE NÔTRE. Interview / S. Da Silva -- Trad / L. Bory


POUR NOS LECTEURS LES PLUS JEUNES QUI N’ONT PAS SUIVI TA CARRIÈRE DE RIDER PRO, PEUX-TU NOUS RÉSUMER TON PARCOURS DEPUIS TES DÉBUTS JUSQU’À TA PROFESSIONNALISATION ? QUELLES SONT LES EXPÉRIENCES MARQUANTES DE CETTE PÉRIODE DE TA VIE ?

En fait, c’est assez flippant de regarder en arrière et compter le nombre d’années depuis lesquelles je ride. Parce que j’ai grandi dans une ville côtière, j’ai toujours été proche de la plage depuis mes 6 ans. Mon frère Tony a acheté un jour un Morey 139 Red Edge avec deux dérives. Il m’a laissé l’amener à la plage quand j’avais 10 ans et c’est comme ça que tout a commencé. Ceci, mes amis, c’était en 1981. Dès mes 13 ans, j’étais à 100% dans le boogie : les premières compétitions, mes premières boards, la plage tous les jours, des posters sur tous les murs de ma chambre… Bref, tout ce que fait un gamin accro. Puis Toobs m’a appelé lorsque j’avais 18 ans pour me proposer un contrat pro. C’était le plus beau jour de ma vie ! J’étais payé pour rider un bodyboard. Heureusement pour moi, c’était l’époque où les « majors » lorgnaient sur l’argent du bodyboard et sponsorisaient des bodyboardeurs en retour. Je le dis tout le temps et je vais le répéter une fois de plus, c’est le seul moyen pour moi de passer le message : aidez ceux qui soutiennent le bodyboard. En cas de doute, regardez votre t-shirt. Si cette marque de tish n’injecte pas d’argent dans le bodyboard (non seulement en sponsorisant quelques riders mais également en montant des contests, en payant des pages de pub dans les médias boogie, etc) alors peut-être que vous ne devriez pas acheter ce t-shirt. Plutôt simple non ! Je sors de mes gonds quand je vois les bodyboardeurs arborer ces marques de surf. Argh ! Okay… prochaine question. AU COURS DE TA CARRIÈRE TU ÉTAIS VRAIMENT IMPLIQUÉ DANS LE DÉVELOPPEMENT DU BUSINESS, TRAVAILLANT AVEC DES MARQUES « CLÉ » TELLES QUE NO FRIENDS. PEUX-TU NOUS EN DIRE PLUS SUR CES AVENTURES ?

No Friends n’est que l’un des nombreux projets autour du boogie dans lequel j’étais impliqué. Avec l’aide de Lee en France, nous avons également lancé une marque de leash appelée Boarding Snax. C’est drôle, mais partout où je vais dans le monde, beaucoup de gens me demandent encore des nouvelles de Boarding Snax. Si mon agenda me le permet, nous pourrions peut-être la relancer un jour ! La deuxième meilleure chose qui m’est arrivée en matière de bodyboard fut de devenir rédac’ chef de Bodyboarding Magazine de 2000 à 2002. Je dois l’avouer : ce fût le job le plus difficile que j’ai eu dans l’industrie. « Une deadline ? C’est quoi ça ? » Je l’ai découvert très vite à mes dépends ! Du coup, je me dois de rendre hommage à tous les éditeurs de médias bodyboard du monde pour le travail acharné qu’ils font pour notre sport. Actuellement, mis à part le travail pour l’IBA, je propose également des bodyboard trips et il y a aussi le Cabo Freak Fest, un trip génial à Cabo San Lucas au Mexique, qui va célébrer son 10e anniversaire le 23 juillet ! Pour en savoir plus direction www.ffattrips.com.

EN DEHORS DU BOOGIE, IL ME SEMBLE QUE TU AS EU PLUS D’EMPLOIS QUE J’AI DE DOIGTS. COMMENT VOIS-TU TA CARRIÈRE ?

Tu as raison, j’ai eu beaucoup d’emplois et je continue à avoir beaucoup d’activités, mon but ultime étant d’éviter la vie « métro-boulotdodo ». J’ai de la peine pour les gens prisonniers de cette vie là. J’ai entendu cette phrase récemment et je l’aime bien : « si vous aimez votre travail, vous ne travaillerez pas un seul jour de votre vie ». Je vis selon ce précepte maintenant ! Une autre idée qui m’est restée, un conseil délivré par un prof ’ plutôt cool : « tout ce que vous pouvez imaginer de fun à faire, il y a quelqu’un qui est payé pour le faire ». Imaginez, puis agissez. Mais attention, cela prend du temps et il faut rester concentré sur son objectif pour y arriver. TON DERNIER JOB EN DATE ET NON DES MOINDRES, EST D’ÊTRE LE SPEAKER OFFICIEL DE L’IBA. COMMENT EST VENUE L’OCCASION DE DEVENIR SA VOIX ET SON VISAGE ?

Ça reste presque un mystère. J’étais sur le point d’entrer dans le monde de l’emploi « de bureau ». Je venais de terminer mes études de multimédia et mon pote Adrian, de Viejas Entertainment (société de prod’ audiovisuelle d’un casino situé dans une réserve indienne), m’avait offert de rejoindre son équipe de vidéastes. J’adore la photo/vidéo donc c’était tout bon. Mais en octobre 2010, j’ai reçu un appel de Gregg Taylor. Il m’a dit avoir un projet pour le boogie et qu’il aimerait que j’en fasse partie. Dans le monde du bodyboard, c’était la troisième meilleure chose qui me soit arrivée ! J’en profite pour saluer Gregg qui apporte beaucoup à notre sport. TU FAIS PLEINS D’AUTRES CHOSES POUR L’IBA EN DEHORS DE TON TEMPS D’ANTENNE. DU COUP, COMMENT GÉRES-TU LA PRÉPARATION DES « LIVES » ?

Oh que oui ! En 2012, vous verrez plus de Manny V. J’ai un clip hebdomadaire (chaque lundi) qui se télécharge sur ma propre playlist www.youtube.com/ibaworldtour, entre chaque event. De plus, j’ai un podcast audio qui sera dispo tous les vendredis sur iTunes. La chose importante que j’ai apprise à l’école n’était pas juste sur la façon d’utiliser les technos mais également que le résultat final dépend avant tout de la préparation. La planification et l’organisation sont essentielles. Donc je suis hyper organisé avec un agenda à jour, des « to do lists », etc. J’utilise un soft gratuit pour m’aider à gérer mes projets, celtx.com essayez-le et vous ne le lâcherez plus (non non, je ne bosse pas pour eux !).


COMMENT EST VENUE L’IDÉE DE LA WEB TV MANNY VARGAS ? QUELS SONT LES DOMAINES QUE TU VAS DÉVELOPPER, SURTOUT SUR LES COULISSES DU GSS ?

Manny Vision est juste une autre manière pour diffuser le plus d’infos sur le Tour. J’ai filmé et édité plus de huit clips déjà. Mon but est de présenter les choses que vous ne voyez pas dans les autres super clips vidéo que produisent Seamus Makim et les équipes de Snakes & Ladders. Pour le reste, je n’ai pas encore mis en exergue les spécialités culinaires des étapes. Si je commence, je ne m’arrêterai pas, ahaha ! Attendezvous à de nouveaux visages, des interviews à la cool et donc…, de la bouffe !! 2011 A ÉTÉ ÉPIQUE POUR NOUS, HUMBLES SPECTATEURS. IL A CERTAINEMENT ÉTÉ ENCORE PLUS FOU POUR TOI, QUI FAIS PARTIE INTÉGRANTE DE LA MACHINE. PEUX-TU NOUS FAIRE UNE PETITE REVUE DE L’ANNÉE DERNIÈRE SUR LE TOUR ? COMMENT A-T-ELLE ÉTÉ VÉCUE PAR LES DIFFÉRENTS PROTAGONISTES (SPONSORS/ PROS/ORGANISATEURS) SELON TOI ?

2011 a été clairement dingue ! Pour l’essentiel, nous apprenons en cours de route. Chacun de nous a voulu offrir le meilleur à chaque fois. Pour ce faire, il a fallu beaucoup de travail. L’équipe de production (www.snakesandladders.tv) était géniale, ainsi que l’équipe de prises de vues aquatiques. Nous avons changé d’équipe cette année mais au vu du résultat d’Hawaii et des autres events, je ne suis pas inquiet pour le reste de la saison. Pour 2011, c’est clair que personne ne peut se plaindre, ni les riders, ni les sponsors, ni les organisateurs qui étaient contents également du déroulement du Tour. BEAUCOUP DE BONS ET DE MOINS BONS CHANGEMENTS EN CETTE ANNÉE 2012. DOIT-ON EN ATTENDRE D’AUTRES ?

Il faut savoir qu’après chaque event on débriefe, on brainstorme, et les idées dingues ne manquent pas ! Ce qui empêche ces idées de devenir réalité, c’est bien souvent le problème de l’argent. Je livre à ‘Slab un exemple (attention, ça reste une idée). Nous aimerions équiper les riders avec une unité gps et avoir un accès instantané à l’information : quelle hauteur de vol au-dessus du niveau de la mer pour Jeff Hubbard, combien de temps a passé Ben dans le tube, combien de temps Mitch Rawlins s’est fait brasser sous l’eau ou à quelle vitesse Ryan Hardy ride. Si vous avez des idées pour mettre ça en forme, déposez le brevet et vendez le sur des manifestations sportives.

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TU PASSES TES JOURNÉES AVEC LES PROS LORS DES ÉVÉNEMENTS DU GRAND SLAM : ONT-ILS DES ATTENTES PRÉCISES ?

La première attente de chaque rider à qui je parle est évidemment… de GAGNER. Et comme tous les concurrents hardcore, ils veulent vraiment que la notation soit fiable et à la hauteur. En général, les riders sont contents des juges qui participent au Tour. Bien sûr, il y a des vagues sur-notées ou sous-notées de temps en temps, mais nous sommes humains après tout. On peut m’entendre dire que nous avons les meilleurs juges du surf business et je le maintiens. Mais personnellement, ma plus grande attente, elle est vis-à-vis de chaque pratiquant dans le monde entier. Regardez ! C’est votre sport et nous voulons diffuser le meilleur du meilleur. Peu importe si il est 2h00, 3h00 ou 4h00 du mat’ chez vous. Regardez ! Avec de bons scores d’audimat, nous (IBA + riders) pouvons aller voir les sponsors et se payer plusieurs angles de caméra supplémentaires et même un jour, qui sait, les fameux appareils gps. Donc s’il vous plait, pour le bien-être de votre sport : regardez www.ibaworldtour.com

MERCI MANNY !

Merci pour cette opportunité ‘Slab ! Bon, allez, je retourne à mon travail. Attend… Non, en fait je ne travaille pas ! Ahah!

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* Booooooooom




S

Pour ta fiche de révision du bac, faudra repasser mon grand. Des chiffres, on t’en aura mis plein la tête au cours de la journée et ce n’est surement pas sur nous qu’il faudra compter pour en rajouter dans ces lignes qui sentent bon l’encens et le saké. D’ailleurs, on pourrait se contenter de ce cliché mais c’est justement au travers de sujets comme celui-ci que l’on rompt avec ce qu’on nous répète à longueur d’années. Le Japon ne peut se limiter à un chapelet de données géographiques, ni à l’image qu’ont pu donner par le passé certaines conditions des étapes GOB.

L


A

B

ARTICLE réalisé par / Laurent BORY


La réalité du surf japonais est plus complexe: une activité hédoniste, un peu en marge du rythme moderne, dans une société que l’on imagine souvent hyper laborieuse et productiviste. D’ailleurs toutes les formes de glisse ont été adaptées à la sauce japonaise: plus d’introspection, plus de connexion avec la Nature, moins d’exploit. Il suffit de comparer en snowboard le très ricain “The Art of Flight” et le très nippon “Signatures” pour s’en convaincre. Concernant le boogie, un rapide coup d’œil aux mags et aux blogs de boogie locaux, reflets d’une beach culture fluo en pagaille, suffit à repérer que là aussi les japonais se sont appropriés le sport à leur manière, dans un trip qui leur est propre, faisant une grosse place aux filles (avec d’ailleurs des compétitrices présentes depuis longtemps sur le tour, bien avant que quelques riders commencent à montrer aussi le bout de leur palme sur le tour masculin). Forts de notre notoriété intergalactique, nous avons réussi à se faire croiser les regards d’un local et d’un étranger sur la scène surf japonaise (exploit d’autant plus remarquable que le japonais reste assez insulaire et peu anglophone). Au final d’ailleurs, ces regards croisés seront -une fois n’est pas coutume- féminins ce qui tombe bien pour explorer le boogie nippon. Meiko Shinomyia, surfeuse, bodyboardeuse, skieuse, ambassadrice Hoalen, rédac’ chef de Flipper, le boogie mag japonais et de SurferGirls magazine (ouf !) et Marie-Eve Gougeon, surfeuse globetrotteuse quebécoise (oufffe!!) nous offrent un portrait singulier du surf au Japon; qui donne envie de braver les distances.

REGARD D’UNE “GAIJIN”.

Marie-Eve salut, comment t’es venue l’idée d’aller surfer au Japon? Un ami, Naki (photographe professionnel pour Donovan Frankenreiter et aussi surfer) m’avait parlé d’une île au Japon superbe pour le surf. Depuis 2 ans ça me trottait en tête. Il m’a organisé un séjour sur cette île en me trouvant une hôte (Mika) et même quelques heures de travail le soir dans un bar pour financer tout ça au besoin. Lorsqu’est venue le moment de ma migration hivernale, je ne pouvais pas refuser! Parle-nous de cette fameuse île. J’ai passé quelques semaines sur l’île de Amami Oshima, une petite île de 150 km de long, à deux heures d’avion au sud de Tokyo et juste au nord d’Okinawa. C’est une Mecque du surf nippon, même si elle accueille peu d’étrangers. L’île est constituée à 80% de forêts tropicales infestées de Habu (un gros serpent à la morsure mortelle) et seulement 20% de l’île est habitée. Les plages sont de sable blanc ou débris de corail et les vagues brisent presque toutes sur du récif. Il n’y a que 1 ou 2 beach break. Ta première sess’ au Japon ? A peine débarquée de Tokyo, un climat subtropical m’attend avec de gros nuages gris. La saison des typhons bat son plein au japon et le swell qui rentre le jour de mon arrivée s’annonce gros. Ma guide Mika m’amène direct sur la plage et là il y a 3 mètres et je vois un surfer japonais se caler un tube de 3 secondes juste sous mes yeux: ma première vision de surf au Japon! Nous nous sommes mises à l’eau, mais j’étais rouillée après 4 mois sans surf et ce n’était pas super clean, donc pas mémorable de mon côté. Au retour, Mika a acheté 5 DVD en prévision de la “journée Typhon” à venir; effectivement nous passerons le lendemain barricadées chez elle, à mater des films et se régaler des petits plats de sa grand-mère.


ALL Pics / Ruy SANO

La suite fut meilleure non ? Clairement! Dès le lendemain, le temps était clair et la houle était au rendez-vous. Nous avons tracé à Yadori au sud de l’île pour surfer 8 pieds parfaits, seulement 15 à l’eau. Durant une semaine, nous avons surfé plein de reefs partout autour de l’île, avec 2 ou 3 sessions par jour. Puis un second typhon est passé, mais plus au large, on n’a pas eu besoin de clouer les volets cette fois! Le lendemain la houle était énorme, 3 à 4 mètres, du soleil, personne à l’eau sur les spots exposés et la perfection à moitié de taille sur Yadori, à 2h de route, qui s’avère être un spot de repli. Ce sera ma meilleure session au Japon, un jour qui restera gravé dans ma mémoire, l’eau était tellement claire, j’avais l’impression d’être en train de vivre une expérience unique perdue dans un environnement tropical et sauvage, toujours la seule “gaijin” à l’eau avec une vingtaine de Japonais qui déchirent la vague. Et les locaux ? Adorables, peu habitués à voir des étrangers, parlant peu anglais mais ils forment une communauté très soudée, plutôt sympa et ouverte (heureusement, car il y a du monde à l’eau le week-end!). Le jour de mon départ, plusieurs viendront par exemple me dire au revoir à l’aéroport. Ceux qui surfent assidument sur l’île ont souvent des petits boulots (serveurs, musiciens, animateurs de karaoke, confection de wetsuit, informatique) et la vie est beaucoup moins stressante que sur le “continent”. Le niveau et l’ambiance à l’eau ? Le niveau est plutôt bon, on s’en rend compte quand ça prend de la taille, et ils connaissent super bien leurs spots. Même quand il y a du monde les week-ends, ça reste correct, en dehors des snobismes que l’on trouve partout dans le monde, une bonne cohabitation surfers/bodyboarders. Il faut dire que parmi les bodyboarders, il y a vraiment beaucoup de nanas, ça peut aider à apaiser l’ambiance au pic. Et le lifestyle ? Je citerais les matchs de sumo locaux, les petites maisons simples, un homard vivant qui revient 5 minutes après en sushi, la bière Asahi pour délier les langues et faire se parler un japonais ne parlant pas anglais et une étrangère mimant à peu près tout les mots, quelques typhons par-ci par là pour faire venir la houle… Je suis partie conquise par cette vie de surf authentique, sans chichis, au rythme de la nature, qui n’est qu’un aspect du surf au japon, car il y a aussi des spots à 1h30 de route de Tokyo!


MEIKO, DIGNE REPRÉSENTANTE ET BONNE OBSERVATRICE DU SURFING SPIRIT NIPPON…

En premier lieu, dis-nous quelques mots sur toi. J’ai découvert le bodyboard lors d’un entrainement d’été lorsque j’étais en équipe de ski universitaire vers 20 ans, et que très vite j’ai abandonné mes montagnes pour une vie au contact de l’océan. Par la suite le boogie et le surf ont complètement dicté ma vie, puisque je suis passée des salles de rédaction de magazines de mode japonais au rôle de redac’ chef de magazines de glisse, dont Flipper, le plus gros mag’ japonais de boogie, qui a 20 ans d’existence, et dont je suis redac’ chef depuis 2003. J’ai vraiment pu voyager, rencontrer plein de riders grâce à cette vie. En tant que locale, comment décrirais-tu les lieux et saisons propices au surf au Japon ? Comme Marie-Eve l’a vu, il y a de nombreuses îles et configurations au Japon. Presque toutes les îles ont des vagues, avec les swells les plus puissants durant la saison des typons ( Juillet-Octobre). Marie-Eve a testé nos reefs, mais il y aussi quelques bons beach-breaks, tels que Miyazaki et Chiba. Il y a aussi quelques vagues spéciales, par exemple à l’embouchure d’une rivière sur l’île de Shikoku, qui a été pas mal médiatisée dans des mags internationaux, ou encore un spot de gros à Wakayama, qui a notamment accueilli un Big Wave Contest sponsorisé par une grande marque de boissons énergisante à cornes. Au fait, comment est arrivé le boogie au Japon ? Pour ce qui est du bodyboard moderne, c’est arrivé au début des années 80, dans les valises d’un groupe de surfers de ma région (le Shonan) qui ont commencé à en importer. Maintenant, pour ce qui est de glisser dans les vagues, j’ai des photos de 1909 qui montrent les gens le faire, non pas avec de vrais paipos mais tout simplement avec leurs planches de bois pour laver le linge… Le bodyboard japonais est spécifique, avec une grosse présence de filles à l’eau, à tous les niveaux y compris au niveau mondial IBA (il y a eu une japonaise en finale dans les 5 dernières éditons du Pipe Pro). Comment expliques-tu cela ? C’est simple: ceux qui ont introduit le boogie des U.S dans les années 80 ont tout de suite visé le marché féminin, et ça a marché! Le boogie était l’accessoire indispensable de la “girl on the beach” et quand Flipper est arrivé, son positionnement était “le plaisir de la plage pour les filles”; et avec un très bon contexte économique, il y a eu l’émergence d’icones locales, dont beaucoup de filles, dont certaines très fortes, et ça s’est auto-entretenu jusqu’à aujourd’hui. Bien sûr, il y a eu des garçons tout de suite, mais ils sont rentrés dans un trip “core-riding” qui a mis plus de temps à percer. Au Japon, les icônes féminines sont importantes en mode ou en sport, alors combiné à une bonne économie, ses années étaient vraiment un âge d’or pour le boogie féminin ici. Ca explique aussi le côté décalé, fun, fluo, presque “kawaii culture” (mignon) du boogie japonais ? Surement! Les filles japonaises ont une coquetterie bien à elles!! Et c’est clair que les médias, alignés sur le marché, visant les filles, ont adopté des contenus et des chartes graphiques assez colorés et féminins, qui à leur tour ont influé sur la culture boogie japonaise. Les

médias shapent donc la réalité, en créant des icônes ou un style, mais cette réalité devient “ce que les gens veulent et imitent”. Du coup tant que les médias relaient un style, l’écosystème fonctionne ; en revanche, c’est difficile pour un média d’évoluer et il peut subir les critiques, ne plus savoir qui il est, et qui il représente. Dans ce cas, il peut décliner. Moralité: il doit savoir qu’il est et qui sont ses lecteurs, ses valeurs et s’y tenir, sans trop sur-réagir aux critiques ou pressions! Il y a une vraie communauté bodyboard et surf au Japon ; comment ces sports sont-ils médiatisés en général ? Bon, ce ne sont pas des “sports nationaux” au Japon car en réalité, beaucoup semblent trouver compliqué le fait de se mettre au surf ou au bodyboard, à moins de vivre près des côtes ou dans certains endroits qui sont nos Mecques locales du surf. Cela dit, on estime à 2 millions le nombre de pratiquants et même si c’est un peu plus dur aussi pour les médias surf ces temps-ci avec la crise, on édite tout de même Flipper à 20 000 exemplaires. On comprend mieux la présence des filles sur le Tour. Quelques riders masculins commencent à percer comme Hayato Enokido ou d’autres. Que peux-tu nous dire sur lui ? Il est né en 1990, c’est une super-star dans la communauté boogie ici. Il est “pro” et c’est le vainqueur de notre tour national 2011. Il ride depuis 10 ans environ et il a bien marché sur quelques compets’ depuis 2010-2011, en Europe (Sintra) et en Australie aussi sur le Rebel Sport Pro Tour (Soldiers Beach Pro, QAB Pro à Duranbah, etc.). Son objectif est clairement de monter dans le classement IBA! Y-a-t-il également des marques nippones de matériel (boards, palmes) ? Oui plein, et de qualité japonaise! Mais elles ne sont pas exportées. On peut citer plusieurs marques de boards: V-bodyboards, Fruits, Kavw, Cleave, Rock Wave, Linx. Plusieurs marques de palmes: Zebec, Ceedex, Naiad, TLS, Helm. Et plusieurs marques de combis dédiées au boogie: BBS, Cleave… Pour finir, on a le sentiment d’une connexion particulière des japonais par rapport à la nature et au passage des saisons… Oui, c’est vrai. Initialement, c’est dû à notre religion, qui stipule que Dieu est en toute chose (mer, air, arbres, vent, etc.). Maintenant, nous sommes moins croyants mais le sentiment de foi en la nature et l’adaptation aux saisons qui passent reste très fortement dans notre ADN. Du coup, les sports de glisse et le mode de vie surf sont parfaitement adaptés à la mentalité japonaise. // Remerciements et liens: Marie-Eve Gougeon et Benjamin Rochette – www.ouisurf.ca/tag/marie-eve-gougeon Meiko Shinomiya – www.surfinglife.jp






PLC en plein vol à la Tortue. Pics / A.Allano

POUR CERTAINS, CELA REPRÉSENTE LA QUÊTE D’UNE VIE. POUR LUI, À 22 ANS, CETTE QUÊTE A PRIS FIN UN JOUR DE DÉCEMBRE 2011 AU FRONTON, CANARIES. DÈS LORS, LA QUESTION SE POSE D’ELLE-MÊME : ET APRÈS ? DU VIDE ABYSSAL OÙ LE SILENCE EST ABSOLU SURGIT UN MURMURE, SIMILAIRE À CELUI QUI SUIT LA JOUISSANCE, CELUI DES DRAPS QUE L’ON FROISSE PAR DES CORPS DEVENUS LÉGERS, SUR LESQUELS L’APESANTEUR N’A PLUS DE PRISE. CE MURMURE OU PLUTÔT CE REFRAIN, C’EST LE MÊME QUE DANS LA CHANSON DE GILBERT BÉCAUD «ET MAINTENANT»... «QUE VAIS-JE FAIRE ?». IL EST LÀ SON NOUVEAU REFRAIN. LES CHOIX, IL Y EN A PAS 100. EN FAIT, IL Y EN A 2 : S’ENDORMIR PAISIBLEMENT SUR SES LAURIERS AVEC LE SENTIMENT D’AVOIR FAIT LE BOULOT OU BIEN REMETTRE LE COUVERT POUR UN DEUXIÈME RUN, PARFOIS (VOIR MÊME SOUVENT) ENCORE PLUS HÉROÏQUE ?

Interview recueillie et réalisée par :


PIERRE LO UNE TELLE VICTOIRE, ÇA SE FÊTE ! COMMENT AS-TU FÊTÉ LA TIENNE ?

Je l’ai fêtée une première fois aux Canaries, le jour de ma victoire, avec tous les français et avec ma copine. En fait, il y avait pas mal de potes présents qui ont suivi toute ma carrière, donc ce fût assez mémorable. Je l’ai fêtée une deuxième fois lors de mon retour au Portugal, de manière plus tranquille, avec ma copine. Comme c’était la période de Noël, puisque je suis rentré des Canaries le 20 décembre, j’ai vite enchainé avec les fêtes, et du coup j’ai concilié les deux : j’ai célébré Noël avec ma famille donc c’était super et on a fêté ça une troisième fois, dignement. UNE FOIS LA VICTOIRE SAVOURÉE COMME IL SE DOIT, QUELS SONT LES PREMIERS CHANGEMENTS ET COMMENT SONT-ILS INTERVENUS DANS TA CARRIÈRE SPORTIVE ?

Déjà, le statut. J’ai accédé au statut de Champion du Monde de Bodyboard, un statut dont j’ai toujours rêvé. Ensuite, il y a eu du changement au niveau des contrats. Les négociations sont plus faciles et ça apporte aussi un peu plus de moyens financiers, je dois l’admettre. Et puis il y a le regard des gens dans l’eau, là aussi je sens qu’il y a eu un changement. MALHEUREUSEMENT, LE CALENDRIER DU TOUR A REPRIS SES DROITS TRÈS RAPIDEMENT ET LA COMPÉTITION EST REPARTIE POUR UNE ANNÉE. COMMENT AS-TU ABORDÉ CETTE NOUVELLE ANNÉE EN TANT QUE N°1 DU GSS ?

Ça aussi, ce fût un grand changement de commencer la compétition en tant que numéro 1 mondial. Je ne m’étais jamais retrouvé dans une situation comme celle-ci. Ça a commencé plutôt bien à Pipe, avec une demi-finale. J’étais assez content. Ensuite, ça s’est très très mal passé à The Box ; le pire résultat que j’ai eu depuis très longtemps. J’étais déçu de ce résultat mais j’en ai un peu profité pour faire d’autres choses pendant que j’étais en Australie, d’autres projets sur lesquels je voulais travailler. Et de côté là, tout c’est bien passé.

Ensuite, j’ai enchainé sur Port Macquarie où j’ai fait une finale, ça m’a un peu redonné confiance. Puis j’ai fait 3ème au Chili, et jusque là tout se passait très très bien. Je suis également content de ma performance au Brésil avec une 5ème place. Le problème, c’est que Dave Winchester est très consistant et constant cette année ce qui m’a enlevé pas mal de chances de gagner le titre. Et comme l’étape du Mexique vient d’être annulée, mes chances de gagner le titre se sont envolées, mathématiquement c’est fini. Il n’y a que Tamega et Mitch qui peuvent gagner et c’est très très décevant. Mais bon, c’est comme ça, ça fait partie du jeu. C’est surtout dommage pour le sport, car pour moi c’était la meilleure étape de l’année dernière. Je suis d’autant plus déçu que ma quête du titre en 2011, avait vraiment commencé au Mexique. Mais au final, être tête de série, signifie qu’il n’y a qu’une direction : la descente. C’est très difficile de rester au top, de défendre son titre, parce que tout le monde veut battre le champion du monde. Je suis tout de même satisfait de mes résultats : je reste assez constant et j’ai perdu à chaque fois de très peu, donc tout se passe bien. COMME LE TOUR EST UN PEU SCELLÉ EN CETTE FIN D’ANNÉE, QUELS SONT TES OBJECTIFS ?

Je continuerai à faire les étapes qui seront confirmées, pour l’instant Sintra et Puerto Rico. Je pense que je vais faire un bon surf trip cet été, et j’essaye de travailler sur d’autres projets, notamment des projets vidéos, et ça se résume à ça... Et peut-être aller faire le GQS à New York aussi. LORS DE L’ARICA, TU AS TERMINÉ TON PARCOURS EN DEMI-FINALE CONTRE UN GT PLUS QUE DÉTERMINÉ. COMMENT AS-TU VÉCU CE HEAT ?

Ouais, c’était assez serré ! Les deux dernières séries que j’ai perdu sur le Tour ont été très serrées, voire même les 4 dernières d’ailleurs. C’est frustrant de perdre de si peu à chaque fois. Mais bon, durant cette demi-finale notamment, j’ai fait une erreur sur une gauche, une bonne vague de série que je n’ai peut-être pas surfé à 100%. Je regrette un peu


OUIS maintenant. Et puis je pense que j’ai aussi manqué d’un peu de réussite à la fin. Il ne restait plus que 2 minutes, Tamega avait besoin d’un gros score ; il l’a eu durant les 2 minutes restantes. Ça aussi, ça fait partie du jeu, surtout que j’avais des points à prendre sur cette étape. C’était assez primordial pour rester dans la course. Tamega a lui aussi très bien surfé et c’était certainement la série la plus difficile pour moi cette année. Je prendrai ma revanche la prochaine fois ! LE TOUR FAIT POUR LA PREMIÈRE FOIS (SOUS SON NOUVEAU FORMAT) ESCALE AU BRÉSIL, SUR UN SPOT DONT LA RÉPUTATION DÉPASSE LES FRONTIÈRES. AS-TU PRÉVU UNE PRÉPARATION SPÉCIFIQUE À CET EVENT ET CONNAISSAIS-TU DÉJÀ CETTE VAGUE ?

Pas vraiment, non car il n’y a pas beaucoup de vagues qui ressemblent à Itacoatiara. C’est un beach break très puissant, limite plus puissant que le Mexique ; moins parfait mais plus puissant. En fait, ça ressemble à la Gravière quand c’est très gros et comme c’était assez similaire aux conditions que j’ai pu surfer auparavant, je suis arrivé assez confiant sur l’étape. Surfer un gros beach break c’est vraiment différent de surfer un gros reef break, et le fait d’avoir grandi sur des beach breaks landais comme à Hossegor ou Capbreton m’aide beaucoup quand j’arrive sur les beach breaks du Tour. Et ça a bien marché, mais j’étais tout de même un peu déçu d’avoir échoué de peu devant Ben Player pour 0,25 points...

Séquence Hors cadre lors du Nazaré Pics / Droits Réservés

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ON T’A VU SUR UNE GROSSE SÉQUENCE CET HIVER À ERICEIRA. ASTU DÉJÀ EU L’OPPORTUNITÉ DE SURFER TOUS LES REEFS DE CETTE ZONE ? JE PENSE ÉGALEMENT À LA FAMEUSE DROITE, THE CAVE. ASTU DÉJÀ ENTENDU PARLÉ DE CETTE VAGUE ET AS-TU EU L’OPPORTUNITÉ DE LA SURFER ?

Bah The Cave justement, je m’étais fait une promesse de ne plus jamais surfer là-bas parce que le premier surf que j’y ai fait, je me suis cassé le genou. Donc ce n’est pas une vague que j’ai essayé de surfer à nouveau mais il y a d’autres vagues aux alentours qui sont bien mieux, bien plus surfables et qui font parti des vagues world class. J’ai eu la chance d’avoir de très bonne session à Ericeira où The Cave se trouve. Et sinon, il y a plein de variété, des beach breaks comme Supertubos, des gros beach breaks comme Nazaré, des gros wedges sur Costa da Caparica. Finalement le spot que je surfe le moins ici, c’est Sintra. //// Merci Pierre Louis! Bon courage pour la fin de saison!




Que dire? Lewy Finnegan en pleine maitrise de son sujet Pics / Cahal Dahmn


Shooting Gallery. Pan.



Elliot Morales va repousser les limites du boogie. 720 à Nazaré Pics / Droits Réservés



Jo Clarke en pleine rĂŠvision de ses gammes Pics / Health Lawless


Alan L’helgouach’ dans la piscine.. euh au mexique. Pics / Julien Le Prevost




La première image de Tow out dans SLAB. Timing parfait Pics / Jack Sherrif


Derek Crater n’est pas australien mais à bien assimilé l’inv à la sauce Ozzie. Pics /Patrice Damestoy



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Se louper au drop à The Zone rime très souvent avec fin de session Pics / Cahal Dahmn



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«Celui là, il est pour les sponsors, Pas vrai Mitch? Pics / Cahal Dahmn



Là, y’a vraiment rien à dire. Nick Gornall dans l’excellence. Pics / Tayt Hycling


Lewy Finnegan est finalement plus souvent en l’air que dans l’eau. Pics / Droits Réservés




Leigh Huard sur le bowl d’une vie. Pics / Health Lawless


Kim Feast Ă la maison. Fat Box, normal. Pics / Julien Le Prevost

Pics / Dylan Chaplin


Le fronton sous un angle assez effrayant. Pics / Jack Johns






DOSSIER N˚2

ETUDE De MARCHE

Après le succès (d’après vos nombreux retours) de notre article «technique» sur l’histoire du Pipe, on a demandé à nos deux experts en chiffre, Arnaud Frene et Laurent Bory de s’y recoller et de se pencher sur le sujet de l’inflation et du pouvoir d’achat dans le milieu du Boogie. Je vois déjà la pâle figure des plus jeunes d’entre vous, sortis fraichement de leurs révisions du bac Eco et qui nous maudissent de leur resservir cette soupe. Calme toi jeune, on fait les choses bien chez ‘Slab. Textes et recherches : Arnaud Frene et Laurent Bory


A moins d’avoir passé les derniers mois isolé sur une île du pacifique, avec votre bodyboard comme seul compagnon, vous ne pouvez pas ignorer deux des plus importantes informations de l’année 2011/2012 : la crise économique mondiale et la sortie de la NMD Parabolic ! Quel est le rapport ? Disons qu’entre la perte du fameux triple A, les mesures économiques qui seront prises en cette année électorale, la confirmation d’une mondialisation inévitable du marché et la sortie de nouveaux modèles de planches, la corrélation, même si elle est loin d’être évidente au premier abord, est réelle.

Au vu des interrogations glanées ici ou là concernant le prix du matériel de notre sport fétiche, il nous a paru intéressant de faire un diagnostic sur les réalités économiques du bodyboard. Cet instantané passe d’abord par un comparatif. En effet, il revient souvent la même complainte des riders (consommateurs !) sur le prix excessif et en constante augmentation du matériel. Mais qu’en est-il vraiment? Pour cela nous avons converti en euros les francs de l’époque (corrigés des effets de l’inflation). Notre échantillon se base sur quatre planches sorties entre 1990 et 1992 et qui connurent un franc (sic) succès. Si le choix de ces huit planches peut paraître subjectif, nous les avons choisies pour leur notoriété mais aussi car elles font (ou furent) partie des meilleures ventes du marché.


Les équivalences de ces planches pourraient être aujourd’hui :

Première constatation : le prix des boards n’a pas augmenté, voire même baissé quand on regarde ce qui apparaît être le très haut de gamme, à savoir la BZ SEVERSON et la NMD PARABOLIC. Si on ajoute à ça le choix de différentes tailles disponibles sur le même modèle, les coloris qui peuvent varier et le choix des matériaux (car même si le PP coûte plus cher que le PE, la différence est souvent de l’ordre de 20 €), le prix de vente de nos planches n’est pas plus élevé qu’en 1991. Qu’en est-il du reste du matériel? Une paire de palmes Churchill était affichée en magasin en 1991 à 390 FF soit 83 €, pour 59 € aujourd’hui. Une paire de Scott Hawaii (palmes qui se vendaient énormément dans les années 80-90) revenait à 290 FF soit 62 €, contre 72 € pour des Viper en 2011 mais dont le confort et la durée de vie sont sans commune mesure avec les Scott.

Les combinaisons, elles aussi connaissent un fléchissement niveau coût. Si l’on s’en tient aux 4/3, les prix varient entre 189 € et 280 €, avec un milieu de gamme aux alentours de 229 €. Et ce, chez les trois « historiques » : Billabong, Rip Curl et Quiksilver. En 1991, il fallait dépenser bien plus pour une qualité vraiment médiocre en comparaison de nos combinaisons d’aujourd’hui. Les plus anciens se rappelleront des difficultés d’enfiler sa combi dans les années 90, l’épaisseur de celles-ci et les nombreuses irritations qu’elles engendraient. Surfer sans lycra sous sa combi était inimaginable à l’époque. Le bémol, vient des marques « core », qui elles, affichent des tarifs plus élevés : 319 € pour une Dune ou 330 € pour une Agent 18. Cela s’explique entre autre par un volume de production beaucoup moins important que chez les majors du surf, ce qui implique certainement des prix de matières premières, de production et de distribution beaucoup moins attractifs que ceux dont peuvent bénéficier les


grandes marques. Conséquence, des prix de vente plus élevés. Cependant ils contribuent à l’indépendance du boogie vis-à-vis des majors et pour certains, cela n’a pas de prix… Alors, pourquoi ce sentiment de payer toujours plus cher ? Les matériaux sont de meilleures qualités, les gammes beaucoup plus larges, les points de distribution bien plus importants. Entre 1991 et 2012, notre mode de vie et de consommation a été bouleversé. Pour s’en rendre compte il faut comparer le temps de travail nécessaire pour acquérir un produit (par exemple, au SMIC, qui est revalorisé de l’inflation chaque année). Par exemple, un litre de sans plomb pouvait s’acheter grâce à 9 minutes de temps de travail en 1992 contre 10’6 minutes aujourd’hui. Fumeur ? Et bien quand en 1992, 22’5 minutes de travail étaient nécessaire pour un paquet de cigarettes, maintenant c’est 40’4 minutes. Cela dit, tout n’a pas non plus augmenté, et bizarrement on se rend compte qu’un billet Paris- New-york nécessitait 124 heures de temps de travail, en 2012 ce n’est plus que 90 heures. Une Clio, c’était 10,5 mois, à l’heure actuelle c’est 10,2 mois de SMIC. Ce calcul de la valeur temps de travail reportée sur nos planches laisse apparaître que pour acquérir une planche moyenne de 1000 FF en 1991 nous devions travailler 29,8 heures. Aujourd’hui, pour une planche à 200 € ce n’est plus que 21,7 heures. En temps de travail pour l’acquérir, elle est donc moins chère de 27 % ! Alors, pourquoi ce sentiment de payer plus ? Parce qu’en fait, bien que cela soit votre passion, le bodyboard ne fait pas partie de vos postes de consommations essentiels qui eux ont augmenté fortement (loyer, carburants…) et sur lesquels se sont grevés de nouveaux biens qui nous semblent indispensables (deux télés par foyer, entre 2 et 4 téléphones portables, deux ordinateurs, vos abonnements opérateurs, etc). Le contre argument évident serait de dire que les marques ont (pour la plupart) délocalisé leur production, en Asie notamment, donc elles ont des prix de revient nettement inférieur à ceux d’il y à 20 ans donc, à elles de baisser leur marge. Mouais, pas vraiment... La fabrication d’une board en usine suppose l’acquisition de la matière première, la production, le transport (le prix du pétrole ayant flambé depuis la fin des années 90), les frais de douane. Et on doit rajouter à ça la communication et le marketing que le modèle a engendré, les contrats et devoirs de la marque vis-à-vis du rider s’il s’agit d’un pro-model, et les frais de structures propres à l’entreprise. Attention, il ne s’agit aucunement de signer un blanc-seing les yeux fermés aux marques et distributeurs, mais juste un constat, qui nous fait dire que des efforts peuvent être fait par tous pour rendre accessible du matériel de qualité au plus grand nombre.

D’ailleurs cet effort commence à porter ses fruits, notamment en direction des nouveaux pratiquants. Les planches, combinaisons, palmes en entrée de gamme sont de bien meilleure qualité que les planches à pain irritantes (et souvent pliables ou dures comme du fer) qu’ont pu connaître les plus de 30 ans. Une entrée de gamme de chez Pride ou un modèle de shop bodyboard premier prix aurait fait rêver en 1988 ! Le tout à des prix abordables notamment au regard de la durée de vie. De même qu’il existe depuis très longtemps la formule pack (planche, leash, palme) favorisée par les shop. A une différence près : les planches, les leash et les palmes sont vraiment de meilleure qualité. Qu’en déduire ? Que deux mots doivent nous rester à l’esprit lors de nos achats : passion et raison. L’offre est vaste, elle couvre divers niveaux de ride et fréquence d’usage, chacun peut y trouver son compte et soutenir l’industrie du boogie. Sources statistiques : Mags d’époque, INSEE, Les Echos

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OURS SLAB Magazine Contact: contact@slabmagazine.net Site: www.slabmagazine.net Pub: contact@slabmagazine.net -------------------------------Responsable de publication: Jérémie Barlog / jeremie@slabmagazine.net Rédacteur en chef: Sérgio Da silva / sergio@slabmagazine.net -------------------------------Direction Artistique: L’atelier30b www.atelier30b.com Words: Arnaud Frene, Sandy Rabiaza, Laurent Bory, Sérgio Da Silva, Jérémie Barlog --------------------------------

Traduction: Laurent Bory, Patrice Carlean-jones xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx Imprimé en France / Slab 2012 /2013.


Dans l’eau Pics / Thomas Jaud

SIMPLE PAGE BOARD DISRICT



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