Surexposer #2

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interpeller

Préférant l’anonymat à la lumière, on ne sait pas grand chose de Ludo. Une trentaine d’années, une école d’art à Milan et des collages sauvages sur les murs de nos villes. Connu aussi sous le nom de Nature’s Revenge, Ludo placarde ses insectes mutants et ses végétaux carnivores ou armés avec une signature bien à lui : un vert devenu sa couleur identitaire. Loin de tout discours écologique facile, l’essence du travail de Ludo est à chercher ailleurs, dans une réflexion plus globale sur notre réalité comme en témoigne son projet « co-branding ». Un détournement malin et non autorisé de publicités de grandes marques que certains ont peut-être eu la surprise de découvrir sur les abribus. Questions/réponses avec un artiste de notre temps.

Pourquoi ces créatures hybrides mi-organiques, mi-technologiques ? J’aime ce « mix » entre le côté froid, métallique, industriel et le côté végétal, organique de mes créatures. Elles se situent quelque part entre le film Crash de David Cronenberg et un herbier naïf de collège… Certains dessinent des petits chats mais moi, ce n’est pas mon univers… Je préfère dessiner des créatures qui me permettent de donner une réalité à mes idées et à mon sens critique. Que voulez-vous montrer à travers vos collages ? L’idée est-elle de redonner à la nature l’espace qu’elle a perdu au profit de la ville ? Non, ce n’est pas mon but. Cela peut paraître simpliste mais si j’imagine ces créatures, c’est d’abord parce que je ne me sens pas en adéquation avec notre société et son sens du respect. Ainsi, par exemple, on continue de penser que l’on peut maîtriser la nature pour l’adapter et satisfaire notre quête sans fin de confor t… Face à ça, je m’amuse en aidant celle-ci à se réapproprier l’espace. Pas dans son 54


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