Surexposer #2

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composer

“je reste persuadée que l’énergie et la motivation que nous mettons dans un projet viennent aussi des contraintes auxquelles nous sommes confrontés.”

Aujourd’hui je ne m’en soucie plus. Je ne suis plus dans l’attente mais dans l’action, et après, advienne que pourra ! En tant qu’indépendante, il est vrai que je dois faire face seule au financement de la production de mes albums ou de mes clips. Mais pour connaître d’autres musiciens qui ont, eux, été signés, je me rends compte que ce n’est pas forcément plus simple… J’aimerais certes trouver un label qui me corresponde mais ce n’est plus un but. Pour l’instant, je veux juste enregistrer et faire des concerts. Vous écrivez en anglais et votre façon de composer est également très anglo-saxonne. Pensez-vous que c’est un handicap pour convaincre un label ? Je pense que oui. Aujourd’hui si tu ne chantes pas en français ou si tu n’as pas au moins une chanson en français dans ton album, les labels ne s’intéressent pas beaucoup à toi… Mais il est, pour moi, bien plus naturel d’écrire en anglais qu’en français, sûrement de par ma culture et mes influences. L’anglais est une langue fantastique pour écrire des chansons. C’est aussi une manière de moins faire face à ce que j’écris et de garder une certaine distance notamment avec les personnes qui m’entourent et qui ne comprennent peut-être pas mes textes dès la première écoute. Pendant deux ans, j’ai débuté tous mes concerts par une chanson Trapdoor qui commence par « You probably don’t know me that well » : une manière de me poser sur scène en gardant une certaine distance avec le public. Vous avez fait beaucoup de scène notamment des premières parties de Pete Doherty, d’Emilie Simon ou de Peter von Poehl. Les critiques à vos égards sont plutôt élogieuses. Cela reste néanmoins 12

difficile de se faire une place sur la scène musicale française en tant que jeune artiste ? Oui, ça reste difficile… L’offre est grande et les gens sont très sollicités. Cela peut décourager mais, d’une façon générale, je reste persuadée que l’énergie et la motivation que nous mettons dans un projet viennent aussi des contraintes auxquelles nous sommes confrontés. Aujourd’hui, il est plus facile pour un artiste d’exister via Internet que de vendre des disques, le public - les plus jeunes notamment - n’étant désormais plus prêt à payer pour une musique qu’il considère normal d’écouter gratuitement. Comment vous positionnez-vous par rapport à cette évolution ? Je n’ai pas d’avis vraiment tranché sur la question. En tant qu’auditrice, je ne télécharge pas mais il m’arrive de récupérer chez des amis des morceaux qui l’ont été. En tant qu’artiste, qui dépense de l’argent pour enregistrer et qui ne rentre pas dans ses frais parce qu’elle ne vend pas assez d’albums, j’aurais envie que les gens reviennent à un mode de consommation moins effréné, qu’ils retrouvent le plaisir d’écouter un vinyle ou un CD. A ne posséder que des fichiers mp3, ils en oublient l’investissement et le travail que nécessite la création d’un album entre les démos, les répétitions, la production, le mixage, etc. Le coté positif de cette évolution est que la musique dématérialisée voyage plus, touche donc un public plus large - ce qui reste l’objectif - et permet potentiellement de faire venir plus de monde aux concerts. Pour ma part, sortir un EP, puis un album ou mettre un titre en téléchargement gratuit, vient surtout d’une nécessité personnelle de diffuser ces morceaux sur lesquels je travaille depuis deux ans. Après, j’ai


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