Et si on consommait moins d'eau ?

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ET SI on ConSoMMAIT

MoInS d'EAU

co-design de la transformation des pratiques d'usage de l'eau à l'échelle du territoire : une preuve de concept dans la métropole lilloise — Coordination : François Jégou Co-auteurs : Thomas Delahais, Thibaud Griessinger, François Jégou, Selam Mebrahtu Kidanemariam, Dométhilde Majek, Marc Tevini, Grégoire Wallenborn

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atelier de lancement avec les ménages participant à l'expérimentation vasymoll'eau. crédit photo : strategic design scenarios

ISBN 978-2-9601314-4-4

Édition : ©Strategic Design Scenarios Publishing Dépôt légal : D/2022/14.661/1

Date de dépôt : 10/2022

Création de la mise en page et distribution du livre : Strategic Design Scenarios

Strategic Design Scenarios Publishing Rue Dautzenberg 36-38 BE-1050 Ixelles, Belgique

Tel. +32.2.318.89.16

Email info@strategicdesignscenarios.net Site www.strategicdesignscenarios.net Blog www.strategicdesignscenarios.net/lab

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Les caractéristiques de cette licence sont disponibles sur ce lien : https://creativecommons.org/licenses/ by-nc-nd/4.0/deed.fr

Équipe éditoriale :

Coordination : François Jégou, Co-auteurs :

Thomas Delahais, Quadrant Conseil Thibaud Griessinger, Acte Lab François Jégou, Strategic Design Scenarios Dométhilde Majek, Rives Nord Selam Mebrahtu Kidanemariam, Strategic Design Scenarios

Marc Tevini, Quadrant Conseil Grégoire Wallenborn, IGEAT, Université Libre de Bruxelles

Design graphique : Fiora Noël, Selam Mebrahtu Kidanemariam, Marie-Ange Dubreuil

Traduction anglaise : Selam Mebrahtu Kidanemariam

Cette publication a été réalisée à partir de l’expérimentation :

Démarche design (POC) pour favoriser un usage économe de l’eau par les particuliers : Vasymoll’eau, Marché subséquent n°24 de l’Accord cadre : Lille Métropole 2020 Capitale Mondiale du DesignPrestations de design et de conception participative.

Les prénoms des membres des familles participantes au projet ont été substitués par des prénoms fictifs afin de conserver l’anonymat.

Pouvoir adjudicateur : Métropole européenne de Lille (MEL) – Direction Eau et Assainissement - 1 rue du ballon – CS 50749 – 59 034 Lille cedex.

Représentant dans l'exécution du marché : Yannick Van Es, Directeur de l’eau et de l’assainissement, MEL

Chef de projet : Jérôme Klimsza, Direction eau et de l’assainissement, MEL et animateur de RES’eau

Accompagnement : Silvère Mercier, Chargé des programmes d’incubation, Laboratoire de design des politiques publiques, MEL

Cofinancement de la FNADT, Fond National d’Aménagement et de Développement du Territoire Comité de suivi du projet Vasymoll’eau :

Pour la Métropole Européenne de Lille : Jérôme Klimsza Chef de projet Direction eau et de l’assainissement, MEL Isabelle Butez, Pilotage et contrôle des opérateurs, MEL

Estelle Herledan, Direction R&D, Sciences compor tementales Yann Longin, Pilotage et contrôle des opérateurs, MEL Silvère Mercier, Chargé des programmes d’incubation, Laboratoire de design des politiques publiques, MEL Fabien Pfister, Unité fonctionnelle animation péda gogique, MEL Luther Quenum, Directeur, Laboratoire de design des politiques publiques, MEL

Pour ILEO :

Charlotte Dewitte, ILEO Island Hocq, Cheffe de projet communication, Veolia Karen Lespinasse, Directrice clientèle ILEO Hafida Lahlali, Chargée d’action et d’innovation ILEO

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ET SI on ConSoMMAIT MoInS d'EAU ?

co-design de la transformation des pratiques d'usage de l'eau à l'échelle du territoire : une preuve de concept dans la métropole lilloise — Coordination : François Jégou Co-auteurs : Thomas Delahais, Thibaud Griessinger, François Jégou, Selam Mebrahtu Kidanemariam, Dométhilde Majek, Marc Tevini, Grégoire Wallenborn

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le grand chantier de la transition se heurte toujours à la transformation de nos pratiques de consommation : comment remettre en question des décennies d’ad diction au confort ? comment rendre appétants des modes de vie plus parcimo nieux ? comment engager la transition dans un jeu collectif à somme nulle ? etc.

Dépasser Des approches De transformation Des pratiques trop ponctuelles

les recherches et les avancées sur ces questions font trop souvent l’impasse de leur dimension systémique et se concentrent en général sur une seule partie du problème.

• en termes opérationnels : les sciences comportementales et l’évaluation des poli tiques publiques excellent à expliquer les raisons, les freins, les mécanismes qui empêchent la transformation des pratiques mais ont du mal à tirer de ces explica tions des recommandations actionnables. a l’opposé l’écoconception et le design soutenable identifient des solutions ponctuelles qui fonctionnent mais qui peinent à s’articuler en véritables modes de vie durables sans provoquer d’effets collatéraux négatifs ou rebond.

• en termes d’échelle : les politiques publiques durables fixent des grands objectifs sans s’intéresser à comment les atteindre. elles produisent des grands principes plus ou moins contraignants qui souvent se heurtent aux spécificités des contextes individuels... a l’inverse, l’analyse des pratiques et l’écodesign prennent en compte ces spécificités mais peinent à passer à l’échelle et à construire à partir de ces micro-interventions dans le fil du quotidien, des politiques publiques cohérentes.

EdITo

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co-construire une politique De l'eau avec les usagers

le projet vasymoll’eau commandité par la direction eau et assainissement de la métropole européenne de lille accompagnée de son labo de design des politiques publiques fait l’expérience de combiner toutes ces dimensions : produire pour ce territoire en stress hydrique fréquent, une politique de l’eau qui parte des pratiques des usagers dans chaque foyer mais qui ne s’y limite pas pour autant; combiner compréhension des usages de l’eau au quotidien et capacitation des familles à transformer leurs modes de vie.

cette publication présente les enseignements de cette expérience à différents niveaux :

• La « preuve de concept » d’un « kit d’accompagnement » des familles qui réduisent effectivement de 30% leur consommation d’eau, d’une politique publique de l’eau afférente qui puisse être portée et financée par un acteur public comme la métropole européenne de lille en partenariat avec son délégataire, des entreprises productrices de produits et services utilisateurs d’eau et le tissu d’acteurs du terri toire engagés dans la transition et la réduction de la consommation d’eau ;

• L’approche méthodologique d’un consortium interdisciplinaire intégrant finement le design des systèmes produits, services et politiques publiques (agences Strategic Design Scenarios et Rives Nord), les sciences cognitives et sociales (labos de recherche actelab et igeat, université libre de Bruxelles) et l’évaluation des politiques publiques (cabinet Quadrant Conseil).

comment utiliser cette publication ?

si vous représentez un pouvoir public engagé dans la transition, une collectivité ou un acteur local en butte au stress hydrique de son territoire, arrêtez-vous sur cette expérimentation initiée par la Métropole Européenne de Lille p.11 (#1), la manière de déjouer les effets rebonds p.45 (#6), le « kit d’accompagnement » public des ménages qui en émerge p.93 (#9) et sautez directement aux conclusions pour voir comment atterrir sur une politique territoriale de l’eau soutenable pour les foyers p.115 (#12) comme pour les pouvoirs publics p.121 (#13) et p.135 (#14).

si vous êtes une agence nationale, un institut de recherche, un acteur de la so ciété civile impliqué dans une approche interdisciplinaire de la transformation des pratiques ou de la production de politiques publiques durables intégrées, plongezvous dans les points-clés de la méthode : l’auto-diagnostic p.17 (#2), le pair-à-pair p.31 (#4), la déconstruction collaborative des normes sociales p.39 (#5), l’approche collective des usages p.83 (#8) et l’inscription des pratiques économes dans les équipements utilisateurs d’eau du logement p.107 (#11).

si vous êtes un acteur économique en transition, une entreprise à la recherche de produits et services limitant l’utilisation domestique d’eau, privilégiez l’analyse des secteurs porteurs de réduction des consommations d’eau p.25 (#3), la remise en question de l’usage de l’eau dans nos manières d’habiter p.75 (#7), les produits manquants sur le marché pour soutenir la réduction des consommations d’eau p.55 (catalogue) et la conception d’équipements hydro-économes pour éviter les effets rebonds p.101 (#10).

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#1 une expérimentation qui a permis de réduire de 30% la consommation d'eau des ménages — p.11

#2 l'auto-diagnostic, imprécis mais désagrégé : une aide à la prise de conscience de la surconsommation d’eau — p.17

#3 trois pratiques où le po tentiel de réduction est le plus important pour les ménages — p.25

#4 le pair-à-pair pour en courager les changements de pratiques au sein des ménages — p.31

#5 confronter les pratiques d'hyper-hygiène avec le point de vue d'un médecin — p.39

#6 inciter les ménages à réduire leur consommation d'eau et, surtout, à maintenir cette réduction pour éviter un effet rebond — p.45 Catalogue d'aides au défi eau -30% — p.55

#7 il est temps de repenser la configuration des logements qui nous poussent à consommer toujours plus d’eau — p.75

SoMMAIRE

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#8 la famille comme point d'entrée pour déclencher et faciliter un processus de trans formation collective — p.83 #9 Le kit d’accompagnement vasymoll'eau : un dispositif qui active la délibération collective et le pair-à-pair pour faire évoluer les pratiques — p.93 #10 le potentiel d’amélioration de l’efficacité des équipements domestiques renforcent les efforts des ménages — p.101

#11 mettre l'accent sur les services rendus par l'eau permet de mieux comprendre les actions à mener — p.107

#12 un service public pour réduire la consommation d’eau, générateur d’économies pour les ménages — p.115 #13 Un effort multi-partenarial pour relever le défi hydrique dans la métropole européenne de lille — p.121

#14 Relever le défi -0,5% d'eau par an sur le territoire de la mel peut être atteint et même rentable — p.135 equipe projet — p.141 auteur.rice.s — p.143

MMAIRE

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UnE ExpéRIMEnTATIon qUI A pERMIS dE RédUIRE dE

dES MénAgES

les réductions de consommation atteintes par les foyers sont distribuées autour de cet objectif de -30%, supérieures et inférieures, validant la faisabilité d’une réduction moyenne de 0,5% sur toute la métropole.

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30% LA ConSoMMATIon d'EAU
atelier de lancement avec les ménages participant à l'expérimentation vasymoll'eau. crédit photo : strategic design scenarios

1 - UFC Que Choisir : ufc-quechoisir-lille.org/ fr/nos-actions/environ nement/eau-manquerregion-haut-de-francepenurie-secheresse

2 - Hauts-de-France : « Nous allons manquer d’eau dans la région ! ». La Voix du Nord, 15 mars 2021.

3 - Consommation de référence pour un ménage avec deux en fants en France (source: INSEE).

4 - Le projet “Mac Eau” en Gironde a distribué environ 80 000 kits hydro-économes pour la douche, les robinets et les WC. Suite à une enquête, 80% des foyers ont indiqué les avoir installés, mais peu d’hab itants ont répondu à l’enquête, ce qui amène à supposer que le taux réel d’installation est plus faible. Le projet MAC Eau met en évidence une baisse moyenne de la consommation située entre 8 et 12%, et tire notamment comme enseignement que l’installation de matériels hydro-économes doit être accompagnée d’une formation à son entre tien et un engagement à le remplacer.

5 - L’effet rebond désigne l’augmentation des usages qui suit la mise en place d’un dispositif de réduction de la consommation, par adaptation des compor tements. Par exemple, “je prends des douches plus longues maintenant que ma douche consomme moins d’eau”.

#1 UnE ExpéRIMEnTATIon qUI A pERMIS dE RédUIRE dE 30% LA ConSoMMATIon d'EAU dES MénAgES

Cela semblera incroyable à tous celles et ceux qui ont appris à ap précier son crachin rafraîchissant, mais Lille manque d’eau1. Depuis 2016, les principaux aquifères qui alimen tent la métropole ne se reconstit uent plus, faute de précipitations suffisantes, et la situation ne va faire qu’empirer dans les prochaines années2. Pour pouvoir y faire face, et entre autres actions, la Métropole Européenne de Lille (MEL) et ses partenaires se sont accordées sur un objectif de stabilité de la consommation de l’eau des particuliers pour les 10 prochaines années : pas si facile quand les usages augmentent tendanciellement de 0,5% chaque année. Comment s’y prendre ?

0,5% par an, ce n’est pas grand chose. Pour le ménage français qui consomme annuellement en moy enne3 120m3 (Consommation de référence pour un ménage avec deux enfants en France (source: INSEE), c’est 600 litres… trois ou quatre bains, quelques douches un peu trop longues, ou une semaine de chasses d’eau !

Une première stratégie consiste rait alors à essayer de réduire la consommation du plus grand nom bre de ménages, en cherchant des

mécanismes indolores tels que les nudges, des incitations légères à ré duire l’usage de l’eau : par exemple un SMS quand la consommations d’eau augmente fortement ou dé passe un certain plafond. Une autre possibilité serait de distribuer des kits de réduction de la consomma tion d’eau, économiques et efficac es : une pomme de douche adaptée peut ainsi réduire le débit de 50% dans certains cas.

Oui, mais… Ces solutions rencontrent des limites importantes. Les nudges comptent sur des petites économies répétées sur un grand nombre de foyers, mais leur efficac ité n’est assurée ni à grande échelle, ni sur le long terme. Quant aux kits, il ne suffit pas de les envoyer : encore faut-il que les gens les instal lent, comme l’a montré l’évaluation du projet MAC’EAU en Gironde4.

Et gare à l’effet rebond5 !

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Atelier de lancement de la semaine du défi -30%. Les ménages ont été invités à signer un contrat d'engagement pour réduire leur consommation à l'aide d'artefacts qui facilitent les changements d'habitudes. crédit photo : strategic design scenarios

6 - L’Agence européenne pour l’environnement souligne qu’un bouquet de mesures : politiques de tarification pour économiser de l’eau, réduire les fuites, installer des dispositifs économ iseurs d’eau et des appareils ménagers plus efficients, pourrait permettre d’économiser jusqu’à 50 % de l’eau captée - Source : EEA, 2018 : “Gros plan: l’eau dans la ville”

7 - Pour 4 ménages, les données sont issues d’un comp teur d’eau en temps normal et pendant l’engagement Vasymoll’eau. Pour 3 ménages, les données sont issues d’un autodiagnostic de consommation en temps normal et des compteurs d’eau pendant l’engage ment Vasymoll’eau. Pour 5 ménages, les données sont issues d’un autodiagnostic de consommation en temps normal et des estimations d’écon omies réalisées sur la base des actions déclarées par les ménages pendant l’engagement Vasy moll’eau.

8 - La preuve de concept est une validation de principe, ou encore démonstration de faisabilité : https:// fr.wikipedia.org/ wiki/Preuve_de_ concept

De fait, au niveau des ménages, les usages de l’eau peuvent être vus comme une combinaison de trois éléments :

1) des modes de vie plus ou moins consommateurs d’eau (taille du logement, travail manuel, activi té sportive…), qui s’adaptent aussi aux évolutions du climat (piscines saisonnières…),

2) des évolutions de la cellule famil iale : la consommation augmente avec l’arrivée des enfants, le pas sage à l’adolescence, et descend à leur départ, avant de remonter au grand âge,

3) des pratiques propres aux ménages, qui ont tendance à être très stables dans le temps et peu interrogées.

Une autre stratégie part du postulat, assez bien étayé, qu’il est peu prob able que des interventions légères prises isolément fassent évolu er durablement les pratiques des ménages6. Pour relever le défi de la consommation, le pari est fait que, pour atteindre une baisse moyenne de 0,5% par an, il faut envisager que certains ménages puissent baisser leur consommation de 30, 40, voire 50% et plus. Pour cela, il faut une in tervention qui permette :

1) aux ménages d’interroger leurs propres pratiques et d’identifi er eux-mêmes leurs marges de manœuvre, et pour les exploiter ces marges,

2) de les accompagner et les équi per pour les exploiter.

De la théorie à la pratique, est-ce qu’un dispositif de ce type peut réel lement faire évoluer les pratiques ?

C’est ainsi qu’est né le projet Vasmoll’eau : un dispositif centré autour de groupes de ménages, ac compagnés en plusieurs étapes à

s’intéresser aux usages de l’eau ; à réfléchir en groupe à leurs pratiques, à déconstruire les normes et les croyances qui les sous-tendent ; et à mettre en place des actions concrètes, dans un esprit d’émula tion collective, pour réduire leurs consommations, avec l’aide d’équi pements dédiés.

Les réductions observées chez la douzaine de ménages partici pant à une semaine d’engagement « Vasymoll’eau » pour réduire leur consommation d’eau sont de 27% en moyenne et de 19% en médiane7, avec une amplitude extrêmement forte de gains (les 3 baisses les plus faibles sont de 0,2%, 7% et 15%, les 3 baisses les plus fortes sont de 39%, 66% et 66%). Ces gains montrent qu’il existe pour certains ménages un potentiel très important, sans même parler des équipements col lectifs défaillants repérés dans de nombreux logements (chauffe-eau long à chauffer l’eau pour la douche, fuites, etc.).

La preuve de concept8 « -30% d’eau » est ainsi possible et atteignable à l’échelle de plusieurs ménages. Toutefois, il convient de noter que ces réductions ont été constatées sur une semaine où les ménages se savaient observés et se sont forte ment impliqués. La baisse réelle et à plus long terme des consommations d’eau des ménages ayant participé à cet engagement est encore mal con nue.

Mais l’enjeu de Vasymoll’eau, au-delà des économies d’eau, était de montrer qu’une telle démarche pouvait être étendue pour permettre à la MEL d’atteindre son objectif de -0,5%/an. De fait, et en ciblant des ménages ayant une surcon sommation importante, l’objectif peut être atteint en accompagnant 1 000 à 1 500 ménages en 10 ans. Bref, c’est possible et atteignable !

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les foyers ne s’étaient pas vraiment préoccupés d’économiser l’eau avant de participer au projet : ils découvrent beaucoup d’excès constituant un potentiel de réduction mobilisateur et plus facilement atteignable.

17 L'AUTo-dIAgnoSTIC, IMpRéCIS MAIS déSAgRégé : UnE AIdE à LA pRISE dE ConSCIEnCE dE LA SURConSoMMATIon d’EAU

#2 L'AUTo-dIAgnoSTIC IMpRéCIS MAIS déSAgRégé :

UnE AIdE à LA pRISE dE ConSCIEnCE dE LA SURConSoMMATIon d’EAU

« Comme il pleut souvent dans le nord, je ne pensais pas que la nappe phréatique était si basse et je ne suis pas la seule à ne pas le savoir ! » commente une participante au pro jet Vasymoll’eau. Le fait que les res sources en eau soient limitées sur le territoire de la Métropole Eu ropéenne de Lille (MEL), au point de devenir un véritable enjeu dans les prochaines années pour ses habit ant.e.s, a été un véritable choc pour les ménages participant à l’atelier de démarrage de Vasymoll’eau.

Pour la plupart d’entre eux, les restrictions d’eau dont il.elle.s ont fait l’expérience étaient dues à des incidents sur les installations ou des pénuries causées par la sécheresse réservées aux villes du sud de la France. Si certain.e.s ont pu entendre parler de sécheresse ou de pénurie d’eau à Lille9, c’était de manière ponctuelle. Avec tant de jours de pluie, comment pour rait-on manquer d’eau potable ? ; ou alors à cause d’un problème d’in frastructure inefficace peut-être ? Une fois le principe physique énon cé et le mécanisme connu, l’impor

tance d’agir sur les consommations d’eau devenait évidente. Le constat a fait l’unanimité : l’eau est une ressource précieuse, et trop souvent nous la gaspillons. De plus, l’eau est rare mais son accès n’est pas limité. Contrairement à l’électricité où le prix sert de référence et où un gros travail a été fait ces dernières années pour sensibiliser et rendre visible l’importance de la consom mation, il n’existe pas de repères ou de points de comparaison pour la consommation d’eau. D’autant plus qu’une grande partie de celle-ci est considérée comme essentielle pour chaque membre du foyer, et sou vent incompressible.

Pour inciter les ménages à agir, il a été nécessaire de s’assurer qu’ils comprennent comment ils utilisent l’eau, à quels points d’eau ils sur consomment, quelles sont les croy ances ou les normes sociales qui les poussent à consommer davantage à tel ou tel point d’eau ? En effet, la seule information dont ils disposent sur leur consommation d’eau est la facture, qui pour certains n’arrive que deux fois par an et pour d'autres (les

9 - Besse, A-G. (2021). La nappe phréatique du sud de Lille est toujours en danger, voici pourquoi. La Voix du Nord.

https://www.lavoix dunord.fr/1049823/ article/2021-07-27/ la-nappe-phrea tique-du-sud-delille-est-toujoursen-danger-voicipourquoi

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locataires), la facture n'arrive pas du tout, ou pas présentée comme telle.

La facture d’eau est rarement consultée en raison de son faible montant par rapport à l’énergie, quand elle est accessible puisque les per sonnes vivant en habitat collectif n’y ont pas accès (inclus dans les charg es). De plus, comme il n’existe pas de compteurs intelligents comme pour l’électricité, les compteurs d’eau sont rarement consultés (et sont souvent plus difficiles d’accès).

La facture ne suffit manifestement pas à faire prendre conscience de comment et où les familles peuvent apporter des améliorations pour ajuster leur consommation d’eau.

L’auto-diagnostic : une étape clé dans la prise de conscience

Les ménages ont donc été invités à réaliser un auto-diagnostic de leur consommation d’eau à l’aide d’un kit de diagnostic conçu spéciale ment pour le projet Vasymoll’eau.

Cet auto-diagnostic a 2 vertus, d’abord de le réaliser soi-même, ce qui leur a permis de repérer les principaux points de consomma

tion et de tout simplement pren dre conscience de leurs usages de l’eau au quotidien. Par ailleurs, le diagnostic impliquant l’ensem ble des membres du foyer, l’eau est de fait devenue un sujet de conversation dans la plupart des foyers participant au diagnostic ! En effet, les différentes fiches dis séminées dans la maison ont posé le sujet, et ouvert le débat entre les membres de la famille La seconde vertu est d’avoir accès à une représentation de la consom mation de son foyer. La photogra phie de la consommation qu’elle permet est appréciée de tou.te.s car ils et elles visualisent pour la première fois l’eau potable qu’utilisent leur foyer sur plusieurs jours.

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les ménages découvrent l'article de la voix du nord décrivant la crise de l'eau sur le territoire de la métro pole européenne de lille lors de l'atelier de lancement. crédit photo : strategic design scenarios Fiches de kit d'autodiagnostic installées à des endroits stratégiques de la maison. crédit photos : strategic design scenarios

Concrètement, comment l’autodiagnostic fonctionne-t-il ? Les fiches du kit permettent aux foyers de noter leur consommation d’eau pour l’ensemble des usages de la maison : tirer la chasse d’eau, prendre une douche, se brosser les dents, arroser les plantes, etc. Pour chaque usage, ils doivent barrer une icône, qui représente une quantité de litres prédéfinis. L’auto-diagnostic n’est pas précis au litre près mais permet cependant de bien comprendre la répartition des usages de l’eau dans le logement.

Une fois l’auto-diagnostic complété, les foyers reçoivent un document visuellement parlant qui montre la consommation de chaque foyer en différenciant les différents us ages (chasse d’eau, douche, boisson, cuisine, etc.). Le document permet notamment aux participants de comparer leur propre consomma tion avec celles d’autres ménages.

« J’ai été choqué quand j’ai vu le diag nostic de consommation d’eau d’au tres familles similaires à la mienne. En fait, je m’en sors plutôt bien par rapport à eux ! » commente un par ticipant en découvrant le résultat de son auto-diagnostic. Pour de nom breux ménages, ce fut un choc : ils ne s’attendaient pas à consommer autant d’eau, en particulier sur cer tains postes comme les toilettes ou encore la douche. « Déjà, que je ne réalisais pas que 1 min sous la douche c’était 13L. J’ai halluciné ! » témoigne une participante. Il faut dire que pour certains foyers, le nombre de bulles bleues représentées sur leur feuille (comptant chacune pour 10 L) est impressionnant. Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est lorsque chacun commence à regarder les résultats de ses voi sins, et inévitablement à en discuter, pour comprendre mais aussi pour partager sa surprise, chercher du soutien ou se rassurer. Les échanges

qui s’ensuivent sont éclairants et ouvrent une discussion sur ce qui est inévitable, hélas, en fonction de la situation de chacun, et ce qui relève, de leur propre aveux, claire ment de la négligence et parfois de l’abus (« les douches et le robinet, nous on fait pas gaffe » confie une participante à sa voisine). Les discussions sont empathiques, on cherche à faire sens de ces résultats, ensemble, et sans jugement. Après tout, avec Vasymoll’eau, on est tous dans le même bateau.

Il s’agissait d’une première étape dans la sensibilisation des ménages à la consommation d’eau. Ils ont découvert d’importants gise ments d’économies (utilisation presque sans limite, peu d’atten tion aux excès, inattention, zone de tolérance dans la famille, etc.) et surtout l’eau est devenue un sujet de conversation pour le ménage et leur entourage. Maintenant qu’ils se connaissent, qu’ils ont collec tivement partagé un constat, un objectif commun et individuelle ment une représentation des dif férents points d’eau sur lesquels ils doivent concentrer leurs efforts, ils sont outillés pour l’étape suivante : comprendre ce qui entraîne cette surconsommation au quotidien et trouver les moyens d’agir sur celle-ci.

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atelier de lancement avec les ménages participant à l'expérimentation vasymoll'eau. crédit photos

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strategic design scenarios
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les ménages ont une marge de manœuvre importante sur un nombre limité de pratiques : laver le corps, tirer la chasse, laver le linge.

25 TRoIS pRATIqUES où LE poTEnTIEL dE RédUCTIon EST LE pLUS IMpoRTAnT poUR LES MénAgES

la salle de bain, les toilettes et la machine à laver, les trois dispositifs utilisateurs d'eau qui présentent un grand potentiel de réduction de la consommation. crédit photos : strategic design scenarios

#3 TRoIS pRATIqUES où LE poTEnTIEL dE RédUCTIon EST LE pLUS IMpoRTAnT poUR LES MénAgES

L’eau est utilisée à la maison pour de multiples tâches, au travers d’une série de points d’eau disponibles grâce à tout un réseau (souvent in visible) d’adduction : dans la salle de bains, pour l’hygiène des corps ; dans les toilettes, pour tirer la chas se et se laver les mains ; dans la cui sine, pour nettoyer la vaisselle, la ver les aliments, cuisiner, boire… et encore d’autres robinets, parfois à l’extérieur, pour arroser les plantes et nettoyer la voiture par exemple. Il n’existe pas de configuration standard, mais il existe des récur rences car nous partageons un ensemble de pratiques qui ne sont possibles que par la présence d’eau à volonté.

Les différents postes de consom mation d’eau sont relativement bien documentés dans la littéra ture, même si leur importance varie assez fortement d’une étude à l’autre. Néanmoins, nous ne dis posons pas de beaucoup de chif fres pour les ménages en France. On note cependant que les bains et les douches consomment en moy enne la part relative la plus impor tante d’eau (39% selon un rapport publié par le Centre d'Information de

l'Eau C.I.Eau en février 2007), suivis par les sanitaires, le lavage du linge, le lavage de la vaisselle, la cuisine, la voiture et jardin, et quelques autres usages. Les chiffres moyens varient d’une étude à l’autre, mais générale ment il n’existe pas de chiffres sur la distribution autour de cette moy enne. Or, on peut supposer que ces chiffres sont très différents d’un ménage à l’autre. Dans telle famille, on fera des économies relatives à l’hygiène des corps mais moins sur le lavage du linge. Tandis que dans une autre ce sera l’inverse. En outre, la consommation totale d’eau varie aussi fortement d’un ménage à l’au tre - ce qu’a montré le relevé fait par les participants à Vasymoll’eau.

L’enjeu est donc de réussir à identifier les pratiques qui présentent le plus de potentiel de réduction. Pour le déterminer, on peut identifier 3 critères de priorisation.

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Le premier : le potentiel d’impact. Autrement dit, cibler les usag es pour lesquels le volume d’eau utilisé est le plus important. De manière intéressante, ce sont sur les 3 principaux postes de consom mation d’eau (douche, sanitaires et lavage) que l’écart entre le volume d’eau consommée et le besoin réel est le plus important et donc qu’il y a sur les pratiques associées le plus grand «potentiel de réduction de la consommation»

Vasymoll’eau a cependant révélé un manque de conscience du potentiel de réduction de la consommation des ménages impliqués dans Vasy moll’eau : « Choc total, notamment la douche. C’est une claque que je me suis prise, on ne se rend pas compte, c’est choquant ! », « Stupéfaite, c’est assez conséquent, il faut faire des efforts sur les postes importants : douche et WC. » commentent des participantes du projet Vasymoll’eau.

Or cette représentation déformée des ordres de grandeur concernant les volumes d’eau consommés par poste, conduit à une sous-estima tion du potentiel de réduction que chaque pratique renferme10.

Un second critère essentiel à pren dre en compte dans l’estimation du potentiel de réduction de la con sommation d’eau des foyers est la marge de manœuvre dont disposent chacun et chacune pour réduire ses dépenses en eau. Cette marge de manœuvre peut-être restreinte soit parce qu’il n’existe pas d’alternative, car en effet la possession d’un jardin et d’une voiture n’est pas le fait de tous les ménages, soit parce que les pratiques en question ne peuvent être changées aisément, comme il est difficile de se passer d’eau pour laver la vaisselle et cuisiner par ex emple. On peut également noter que certains usages ne s’accomplis sent qu’à certaines périodes. L’ex périmentation Vasymoll’eau s’étant notamment déroulée en hiver, les 3 pratiques suivantes furent ainsi re tenues : laver le corps, tirer la chas se et laver le linge, qui présentent toutes des possibilités de réduction et sur lesquelles les participant.e.s ont réalisé avoir suffisamment de prise pour les modifier.

On notera par ailleurs que ces pratiques présentent aussi l’avantage de ne pas être conditionnelles à d’autres personnes ou à d’autres changements. En effet, le niveau de contrôle personnel est plus im portant et donc ces pratiques sont plus aisément modifiables car elles n’impliquent principalement que les personnes concernées (porteuses du changement).

10 - On peut souligner ici que ce décalage de perception peutêtre dû au fait que ces pratiques sont considérées, de manière normative, comme nécessaires et inscrites dans le quotidien au point de passer inaperçues et de les sous-es timer. Notons qu’à ce phénomène de “normalisation”, s’ajoute le fait que des “heuristiques” sont mobilisés par les usagers lorsqu’ils essayent eux même d’estimer “à la louche” le volume d’eau consommée pour chaque poste de consommation. Ces approximations peuvent conduire à des approxima tions erronées. Par exemple, si c’est le temps d’écoule ment plutôt que le débit qui est pris comme référence pour l’estimation, alors la quantité d’eau considérable qui s’écoule dans la cuvette en si peu de temps peut être sous-estimée.

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Un troisième critère pour estimer la marge de réduction, est celui de la capacité de changement. Celleci peut être restreinte non pas par la marge de manœuvre réelle, mais par la prise que chacun estime pouvoir avoir sur le changement. Bien souvent, le contrôle perçu sur des pratiques ancrées est souvent sous-estimé, et nécessite d’être in terrogé, ou mis à l’épreuve, comme le souligne un participant : «au final j’ai réussi alors que je ne m’en sentais pas capable».

D’autres facteurs peuvent déter miner cette notion de capacité de changement : des facteurs davan tage cognitifs comme la force des habitudes et de l’attention portée sur le changement au quotidien, mais aussi des facteurs plus sociaux comme les dynamiques propres au foyer, la nature des relations entre les membres, mais aussi les normes qui les régissent (comme celles aut our de l’hygiène, génératrices de gêne ou de tabous). à noter que ces normes sont par ailleurs inscrites dans les objets et figées dans la matérialité du quotidien, en plus de ne pas être adressées au quotidien par les membres du foyer (c’est un non sujet, pour différentes raisons, l’espace personnel, les tabous, les rituels familiaux qui « naturalisent » ces comportements) ou - et c’est lié - les normes morales qui en décou lent (comme la « bienséance »).

On constate d’ailleurs que les trois types de pratiques mentionnées précédemment, impliquent des normes importantes d’hygiène, qu’il faut questionner. Si l’on veut faire évoluer ces pratiques, il s’agit d’interroger une série de représentations sur les microbes, sur leurs rôles, leur possible no civité, toutes idées préconçues qui empêchent de considérer une autre manière d’« être propre ».

Ainsi, en croisant marge de réduc tion acceptable, marges de manœu vre réelle, capacité de changement, et impact sur la consommation, des postes de consommation apparais sent alors comme leviers « évidents » de changement et mettent en év idence des usages « absurdes » de l’eau.

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LE pAIR-à-pAIR poUR EnCoURAgER LES ChAngEMEnTS dE pRATIqUES AU SEIn dES MénAgES

Des petits groupes de foyers (déjà économes ou pas) qui se comparent, se conseillent, s’influencent dans un climat de confiance, d’écoute, de bienveillance favorable à l’émulation et la remise en question des normes sociales.

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un groupe de discussion sur un service de messagerie instantanée incluant les ménages et l'équipe du projet pour poursuivre les échanges sans trop de contraintes a été mis en place. crédit photo : strategic design scenarios

#4 LE pAIR-à-pAIR poUR EnCoURAgER LES ChAngEMEnTS dE pRATIqUES

AU SEIn dES MénAgES

On a bien souvent tendance à op poser changement individuel et changement collectif. Or le pre mier ne peut aller sans le second, tant nos comportements sont conditionnés par nos interactions sociales : des représentations dont nous sommes pétris, aux normes que nous suivons, en passant par la dépendance de certains de nos choix et à ceux des autres. Les deux niveaux de changement doivent donc être pensés de concert, pour potentialiser leurs effets.

Le parti pris de l’expérimentation Vasymoll’eau était de s’appuyer sur l’échange de pair à pair pour créer une dynamique de groupe suscep tible de favoriser les changements de pratiques et d’usages de l’eau à l’échelle du foyer. Afin de s’assur er que les échanges soient les plus fructueux possibles, une attention particulière a été portée à la consti tution du groupe, ainsi qu’aux mo dalités d’échange.

Un groupe d’habitant.e.s curieux, vi vant dans des situations très divers es, avec des niveaux de concerne ment et des intérêts différents, pour la problématique de l’eau a ainsi été

constitué. Pour ce faire, un double processus de recrutement a été mis en place.

Sur la base de critères de diversité, une quarantaine de foyers volon taires ont été contactés, puis chacun s’est vu proposé de participer à un questionnaire interactif sous forme de dialogue fictif pour les familiar iser avec la problématique et initi er une première phase de réflexion sur leurs consommation d’eau, et les possibilités de changement.

Les foyers partants pour l’expéri mentation participative se sont al ors vu réunis, en présentiel, pour un premier atelier d’échange autour de leurs propres consommations d’eau et de discussion quant aux pistes de solutions envisageables à l’échelle de chacun.

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Les échanges entre familles ont permis l’émergence d’une prise de conscience plus importante puisqu’un point de référence et la comparaison étaient alors possible. Fréquentes furent les interroga tions conjointes sur ce qui permet tait d’expliquer de telles disparités. Le nombre d’enfants ? La gestion des lessives ? L’attention portée par la famille au gaspillage au quotidi en ? La qualité des équipements ? Et à mesure des échanges, et réal isant qu’il était possible d’y arriver puisque certains le faisaient déjà, des premières pistes de réflexion purent alors émerger.

Pour poursuivre les échanges sans trop de contraintes, un groupe de discussion sur un service de mes sagerie instantanée, ainsi que des sessions de discussion en ligne, dédiées à la question des pratiques et des normes, ont été mis en place. Au fil des discussions, chaque par ticipant venait apporter son expéri ence, donner son avis, partager des conseils. Un dispositif qui a permis à chacun de s’exprimer, de com prendre les contraintes de chacun, dans lesquel chacun pouvait d’une manière ou d’une autre s’y retro uver, et de manière aussi bienveil lante que constructive monter en compétence et en concernement.

Pour certains qui ne se sentaient pas forcément concernés, voir ain si le sujet posé et approprié par le groupe a rendu évidente sa dimen sion publique, au point de s’éton ner que les citoyens ne soient pas consultés sur ces sujets essentiels qui viendront tôt ou tard les touch er étant donné les sécheresses ac crues qui s’annoncent. Pour d’au tres, qui n’étaient pas encore passés à l’action, ces échanges ont permis de récolter un ensemble de conseils pratiques pour réduire la consom mation d’eau au quotidien.

Quant aux participants les plus économes, avoir une communauté variée de personnes avec qui en par ler les aura finalement confortées dans leurs efforts, et même encour agés à en parler autour d’eux davan tage. Certains mentionnent même avoir retiré de ces échanges une ca pacité à argumenter et convaincre de l’importance de se saisir de ces enjeux. Le dispositif permettait ainsi à chacun.e de venir chercher ce qui l’intéressait...

Les sessions d’échange autour des pratiques comme la douche ou la lessive ont quant à elles permis d’aborder des sujets délicats, voire tabous, comme le rapport à l’hy giène, ou les difficultés inhérentes aux relations au sein même du foy er. Un groupe de discussion dédié fut d’ailleurs mis en place pour ten ter de dégager un consensus autour des usages de l’eau jugés néces saires, optionnels et superflus, en période de restriction, ou non. Les ménages sont ainsi parvenus à identifier les postes de consommation à limiter pour convenir d’une consommation en eau raisonnable et à faire évoluer leurs modes de consommation.

Des nuances et des dissensus sont également apparus à mesure des échanges, comme par exemple sur les types d’usages qu’ils seraient prêts à restreindre dans le cas d’une situation de « ressource en eau lim itée » par rapport à un contexte de « sécheresse estivale ».

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Élaboration de scénarios d'usage de l’eau de manière équitable

En situation d’une ressource en eau limitée sur le territoire de la MEL

En situation d’une sécheresse estivale

En situation d'utilisation de l'eau de pluie

résultats d'un schéma réalisé par l'équipe projet et les foyers lors d'un atelier d'élaboration de scénarios d'usage de l'eau de manière équitable. Les trois scénarios représentés sont : #1 en situation d’une ressource en eau limitée sur le territoire de la MEL; #2 en situation d’une sécheresse estivale ; #3 en situation de collecte et d'utilisation de l'eau de pluie. crédit photo : strategic design scenarios

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Nécessaire Optionnel Superflu Nécessaire Optionnel Superflu Nécessaire Optionnel Superflu Nécessaire Optionnel Superflu Salle #1 #1
#2
#3

« Toutes les réunions et ateliers ont musclé mon argumentation, m’ont aidé aussi dans la mise en pratique, et ont permis de poser une façon de faire. Je n’avais que les arguments avant. L'étude m’a permis d’avoir la pratique, ça m’a outillé. Comprendre par quel biais ça passe l'économie d’eau. »

Charles, participant

« C’est toujours bien de pouvoir se comparer, voir comment font les autres, chez eux. Et voir qu’on avait pas tout faux, ça m'a permis de continuer, de voir qu’on était sur la bonne voie aussi. »

Lucas, participant

« Ça m'a permis de mettre plus le pied dans le changement. On se dit finalement mais « qu’est-ce qui va se passer si je ne lave pas les vêtements tous les jours, ou les cheveux » en fait rien. On fait des liens qu’on ne faisait pas avant, des choses font sens. Quand on se croise, qu’on en parle, on se dit que oui on abuse. Ça remet les idées en place aussi ... Ça pose un sujet voilà. »

Louise, participante

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Une des 5 séries de discussions en ligne autour des normes sociales liées à l'usage de l'eau et à l'hygiène avec les ménages participants. crédit photo : strategic design scenarios

Un Conseil de l’eau expérimental a même été mis en place pour tenter d’aller au-delà de la réflexion col lective sur les pratiques individu elles, et d’aborder la question de l’action collective en réponse à la limite d’impact que pose l’engagement individuel. Certains partici pants ont partagé leurs expériences de concertations, de réunions de quartier. La place de la Métropole Européenne de Lille (MEL) ainsi que de l’État pour aller plus loin encore dans les économies d’eau ont alors été soulevées. Le groupe d’échange, se connaissant davantage et famil iarisé avec le cadre de discussion pourvu par Vasymoll’eau s’est alors vu doté d’un autre rôle, d’une autre perspective de contribution.

à l'issue de ces différentes phases d’échange, tous ont souligné la nécessité de faire preuve de bienveillance et salué la posture adoptée. La décomposition dans le temps et par thématique des discussions a égale ment permis à chacun de trouver sa place, et de contribuer à la hauteur de sa disponibilité ou de son intérêt.

Au final, en s’appuyant sur l’échange pair-à-pair guidé par une réflexion structurée la plus complète possible autour des usages de l’eau, l’expéri mentation Vasymoll’eau apparaît comme un dispositif de participa tion citoyenne pertinent.

Toutes et tous sont unanimes sur l’intérêt de ce type de dispositif participatif, nouveau pour la plupart d’entre eux et salué sur les questions jugées essentielles et d’intérêt collectif que sont les problématiques écologiques

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ConfRonTER LES pRATIqUES d'hypERhygIènE AvEC LE poInT dE vUE d'Un MédECIn

les nouvelles pratiques imaginées par les foyers ont tendance à leur faciliter la vie quotidienne (moins de linge à laver, moins de temps pour se laver, moins de pression hygiéniste sur les sanitaires…) mais questionnent les normes d’hygiène.

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#5 ConfRonTER LES pRATIqUES d'hypER-hygIènE AvEC LE poInT dE vUE d'Un MédECIn

Il y a une ou deux générations, il était normal de prendre un bain par semaine. Aujourd’hui, la douche quotidienne est la règle. D’une part, la salle de bains a évolué d’une pièce fonctionnelle à une pièce de « bi en-être » dans laquelle on aime pas ser plus de temps. Les infrastruc tures ont ainsi évolué pour offrir des douches-plaisir (plutôt que des baignoires et des bidets), transfor mation soutenue par la publicité des gels douche notamment.

Mais ce sont surtout les normes de propreté qui ont changé : au jourd’hui, bien des personnes qui ne prennent pas leur douche quo tidienne se sentent sales. Nos grands-parents ne se considéraient pas comme sales avec leur « toilette de chat » quotidienne et leur bain hebdomadaire, mais aujourd’hui la tolérance envers les odeurs cor porelles a fortement diminué et surtout les normes d’hygiène ont poussé à un sur-lavage des corps qui a tendance à délaver la peau et ôter la pellicule de bactéries utiles qui protège l’épiderme.

Lors des discussions avec les foyers de nombreuses questions se sont posées sur l’hygiène. Outre les ef fets néfastes du sur-lavage de la peau, nous nous sommes demandés si le fait de laisser de l’urine dans la cuvette pouvait présenter un danger sanitaire, ou encore si des vêtements sales ou tachés ne sont pas susceptibles d’être des « nids de bactéries ».

Les conversations ont montré que les foyers avaient des pratiques très différentes. Par exemple, certains prétendaient qu’il est indispensable de changer les draps de lit toutes les semaines : « Chez moi enfant, on a toujours lavé le linge de lit une fois par semaine alors je continue de le faire aujourd’hui avec mes enfants ».

D’autres le font une fois par mois et ça ne leur pose pas de problème. Des participants ont aussi explicite ment signalé combien les normes d’hygiène avaient évolué, reposant parfois sur de simples croyances : « Quand j’étais petite je prenais le bain avec ma mère, mais ça ne me viendrait pas à l’idée de prendre le bain avec mes enfants ».

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une réunion interactive en ligne pilotée par l’équipe projet et un médecin comprenant un quiz pour mener une enquête en direct sur ce que pensent ou croient les ménages sur les questions d'hygiène liées à l'utilisa tion de l'eau. crédit photo : strategic design scenarios

Certains foyers disaient que les bactéries ne sont pas forcément néfastes et que nos corps sont euxmêmes des écosystèmes remplis de milliards de bactéries nécessaires à l’équilibre de notre biotope.

Ainsi la question de l’hygiène s’est imposée à nous pour savoir si la diminution de la consommation d’eau (tirer moins la chasse, remet tre plusieurs fois les vêtements, se laver moins fréquemment…) était susceptible de présenter un risque sanitaire.

Nous avons alors invité un médecin qui pourrait répondre à nos ques tions lors d’une séance en ligne. Nous avons regroupé l’ensemble des questions que se posaient les foyers concernant les conséquences sur la santé d’une réduction de la consom mation d’eau et les avons soumises à l’avance au médecin. Cette rencon tre avec un médecin dans l’aventure Vasymoll’eau a été essentielle pour faire la part des choses à propos des diverses croyances et aider les par ticipants à se positionner vis-à-vis de ces questions.

Lors de l’introduction, le médecin s’est présenté comme une per sonne d’expérience, non seulement en vertu de sa pratique médicale mais aussi comme père de famille nombreuse. Il a tout d’abord clari fié le vocabulaire utilisé : microbes, germes (termes anciens), bactéries (entités autonomes qui vivent dans un milieu nutritif), virus (qui doivent entrer dans la cellule pour se repro duire).

Il a ensuite commenté les répons es apportées par les participants aux questions que nous leur avions posées.

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Le médecin a donné des explica tions simples et claires en adoptant un point de vue sanitaire:

• Pour être propre, il n’est pas nécessaire de se laver partout à chaque fois avec du savon. Un us age trop intensif du savon fragilise la barrière protectrice naturelle de la peau. Celle-ci n’est pas “une toile cirée” mais un organe vivant. Il vaut donc mieux se laver quand on est sale et là où c’est sale.

• Il n’existe pas de danger sanitaire de ne pas se laver suffisamment. Le seul risque est d’avoir des odeurs désagréables.

• Les taches visibles sur un vête ment ne contiennent pas forcément plus de bactéries que les autres parties.

• Les microbes se transmettent très peu par le contact entre vête ments.

• Le pipi est stérile (sauf si on a une infection urinaire).

Le médecin a parfois été surpris par le manque de connaissanc es des participants, des croyanc es erronées, des affirmations sans base scientifique claire : « Pour moi c’était tellement acquis que les urines sont stériles, que je ne pouvais pas m’imaginer que les gens pouvaient penser que ça représentait un danger pour la santé ». Cela montre à quel point notre société est hygiéniste, à quel point les discours publicitaires inci tent à des pratiques qui n’ont pas de fondement rationnel.

Cependant la discussion ou verte a permis de faire évoluer les représentations de l’hygiène chez certains participants.

qUESTIonS poSéES

LoRS dE LA SéAnCE En LIgnE

majorité des bactéries sont

dangereuses

la santé humaine

Inoffensives pour la santé humaine

pour la santé humaine

une douche tous les jours avec du savon est

Bon pour la santé

mauvais pour la santé

Ça dépend

se laver trop souvent provoque des allergies

vrai

faux

un vêtement déjà porté ne doit pas être remis une seconde fois, il peut contaminer les autres vêtements propres si on le remet dans l’armoire

vrai

faux

lorsqu’on est malade ou contagieux, doit-on laver le linge plus souvent au cas où des microbes seraient présents sur les vêtements

oui

non

tirer la chasse un pipi sur deux, multi plie considérablement le nombre de mi crobes dans la cuvette et est dangereux pour les usagers

vrai

faux

42
pour
• Bénéfiques
la
prendre
•••

Des foyers ont modifié leurs pratiques suite à ces nouvelles con naissances. Mais pour certaines personnes, les normes en vigueur chez elles sont difficiles à changer car elles s’inscrivent dans un en semble de routines et les bénéfices perçus du changement ne sont pas suffisamment forts pour expéri menter des comportements qui demeurent jugés risqués. Il faudrait toutefois analyser si les modifica tions des pratiques sur base de nou velles représentations de l’hygiène perdurent dans le temps, si on peut observer une sorte de réaction en chaîne (de nouvelles pratiques sont expérimentées, qui n’impliquent pas forcément une consommation d’eau). En effet, entre l’idée qu’une norme peut être interrogée et la transformation d’une pratique, il peut se passer beaucoup de temps.

Nous avons observé dans la suite de Vasymoll’eau de nombreuses références à cette discussion avec le médecin. Il apparaît donc que le recours à un point de vue expert permet de désamorcer certaines représentations, mais à la condi tion que l’expert adopte une pos ture ouverte et non de sachant en surplomb de telle sorte que les gens ne se sentent pas heurtés par leur non-connaissances, contradictions, etc.

Le fait que l’expert se soit présenté comme médecin de famille, proche des gens, parlant du point de vue de sa longue expérience pratique (« de toute ma carrière je n’ai jamais vu ce problème ») et de son expérience familiale personnelle, a certaine ment permis de gagner la confiance des participants.

Dès lors, il apparaît qu’à côté du rôle bien connu de l’échange entre pairs dans la transformation des pratiques, la présence d’un point de vue d’expert humble et ouvert a

contribué à interroger les routines des participants.

Nous en tirons les préconisations suivantes pour les expérimentations à venir :

• Il faut pouvoir accueillir les craintes, les questions des foyers comme légitimes : « si vous pensez cela, que ce soit scientifiquement vrai ou faux, c’est important pour vous et donc parlons-en. »

• Organiser une discussion ouverte avec des « experts-pairs » qui an crent leur expertise profession nelle dans une expérience personnelle reconnaissable par les foyers : « je me suis lavé moins alors que je suis médecin, je ne me suis pas mis en danger à mes propres yeux ».

• Installer un processus de co-investigation laissant le temps à l’appropriation : « posons ensemble les questions sans préjugés et écoutons les réponses. »

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Les foyers identifient les réductions de consommation qui font sens pour eux et qui leur semblent atteignables. des accessoires viennent après pour les aider à mettre en place, maintenir et multiplier ces nouvelles pratiques.

45 InCITER LES MénAgES à RédUIRE LEUR ConSoMMATIon d'EAU ET, SURToUT, à MAInTEnIR CETTE RédUCTIon poUR évITER Un EffET REbond

J’utilise un pommeau de douche économiseur d’eau

46 «
donc je peux prendre plus de douches plus longtemps… » Anna, participante

#6 InCITER LES MénAgES à RédUIRE LEUR ConSoMMATIon d'EAU ET, SURToUT, à MAInTEnIR CETTE RédUCTIon poUR évITER Un EffET REbond

La surprise des participants à Vasy moll’eau, face aux détails de leur consommation en eau, témoigne d’un manque de conscience de leurs usages. Manger, se laver, s’ha biller, c’est finalement un ensemble de pratiques du quotidien qui con stitue notre rapport à l’eau. La plu part de ces usages, parce qu’ils sont au cœur de nos modes de vie, sont ancrés dans des routines du quotidien. C’est cette dépendance inconsciente à l’eau qui fait que cette consommation passe bien souvent inaperçue.

Cette difficulté à prendre con science de notre consommation, et des usages associés, explique en partie l’efficacité limitée des solutions techniques d’économie d’eau (mousseurs, réducteurs, etc.).

Si la dépense en eau est mécan iquement réduite, une fois l’effet de nouveauté passé, leur impact sur la consommation réelle s’érode rapidement s’ils ne sont pas accompagnés de changements de pratiques.

Ce simple relâchement de l’atten tion portée à la consommation peut

même aller plus loin, et provoquer un véritable effet rebond. Par un phénomène de « compensation mo rale », les usagers peuvent se re poser entièrement sur le dispositif technique et prêter encore moins d’attention qu’avant à leur consom mation. Typiquement « j’utilise un pommeau de douche économiseur d’eau donc je peux prendre plus de douches plus longtemps…».

L’économiseur d’eau, par l’effet qu’il provoque sur l’usager, peut alors ac croître la consommation d’eau. Pour s’assurer que l’économie d’eau est réelle, il faut donc porter attention aux usages, aux comportements.

C’est en faisant évoluer les pra tiques qu’une véritable réduction de la consommation d’eau est pos sible. Mais alors comment inciter les usagers à réduire le temps de la douche, le nombre de chasses d’eau tirées ou encore le rythme de lavage des vêtements ? Le levier d’action le plus répandu est la sensibilisation.

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Une personne convaincue qu’il est impératif de changer son comportement, sera en mesure de transformer ses usages. Chaque situation de vie étant différente, si la motiva tion est là, alors la mise en œuvre suivra. Seulement aussi convaincu et motivé soit-on, le raz de marée du quotidien emporte au large nos bonnes résolutions. Car en effet, nombre d’obstacles au changement viennent se dresser entre nos in tentions et nos actions : on ne fait pas attention à tout, notre esprit est volatile et les buts qu’on pour suit sont nombreux, sans compter l’environnement de vie dans lequel nous évoluons qui ne nous facilite pas la tâche.

Fort de ce constat, des approches complémentaires, prenant comme point d’entrée notre psychologie, ont vu le jour ces dernières années, prenant bien souvent la forme ré ductrice de « nudges ». Ces disposi tifs, physiques ou virtuels, enten dent intégrer dans leur conception des propriétés de l’esprit humain, des mécanismes « cognitifs », sus ceptibles dans certains contextes de constituer un frein au passage à l’action. S’appuyant sur les régu larités dans les environnements de vie - ce qui est commun malgré la diversité des modes de vie - ces dis positifs viennent s’insérer dans le quotidien, dans le but d’être au plus près de la prise de décision. L’objec tif est ainsi de réduire l’écart entre l’intention générale et le comporte ment effectif.

Les leviers mobilisés sont variés. Il peut s’agir par exemple de met tre en avant les comportements à favoriser, de jouer sur des leviers ludiques et des formes engageantes pour motiver l’action, ou à l’inverse d’ajouter de la friction pour rompre les automatismes. Ces dispositifs sont qualifiés d’incitatifs, dans la mesure où ils ont pour ambition,

délicate, de favoriser le changement sans pour autant priver la personne de la possibilité de faire autrement. Pourtant, si ces dispositifs peuvent induire des changements notables (lorsqu’ils prennent réellement en compte la réalité du quotidien et les connaissances de la cognition hu maine) leur portée reste restreinte à des actions bien circonscrites, et pour la plupart finissent inexorable ment par s’émousser avec le temps.

L’objectif de Vasymoll’eau était donc de s’appuyer sur ces approches ex istantes pour tenter de les croiser. Pour tirer profit de leurs avantag es respectifs aussi bien que de leur complémentarité (et d’en contourn er les principaux écueils), une méth odologie de co-design appuyée par les sciences cognitives et sociales a été testée.

Une vingtaine de foyers volontaires s’est embarquée sur plusieurs mois dans une expérimentation partici pative, sous la forme d’un parcours pré-établi sur la base d’une revue de littérature des déterminants au changement de pratiques, et sur un état des lieux des dispositifs existants.

L’objectif est de les amener à s’ap proprier les enjeux et la probléma tique, en vue de trouver les moyens les plus adaptés à leur situation, pour tenter, en fin de parcours, de relever le défi de réduire de 30% leur consommation d’eau durant une semaine. L’ambition était de s’appuyer sur leur exper tise (variée) pour identifier les difficultés qu’ils étaient suscep tibles de rencontrer, les marges d’amélioration possibles, et les changements qui leur semblaient alors acceptables et possibles de réaliser au sein de leur foyer.

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Entretien individuel avec l'équipe de projet afin de guider les ménages dans le choix du type d'artefacts de soutien au changement des habitudes correspondant à leurs besoins. crédit photo : strategic design scenarios

Atelier où les ménages ont été invités à signer le contrat d'engagement à réduire de 30% leur consomma tion d'eau et à co-définir et récupérer les artefacts qui les aideront à changer leurs pratiques durant ce défi. crédit photo : strategic design scenarios

Atelier où les ménages ont été invités à signer le contrat d'engagement à réduire de 30% leur consommation d'eau et à co-définir et récupérer les artefacts qui les aideront à changer leurs pratiques durant ce défi. Crédit photo : Strategic Design Scenarios

Ont ainsi été mises en place des sessions de réflexion autour des usages, des besoins et des solu tions existantes, qu’il s’agisse de dispositifs techniques ou d’aide au changement ainsi que des ateliers d’échange et de questionnement des normes qui façonnent les pra tiques au quotidien. Les foyers ont également été impliqués dans la co-conception d’objets plus adaptés pour les aider à réduire la consom mation d’eau.

Il ressort que si on fournit aux foyers des moyens de tenir leurs engagements (contrôler le temps de douche, tirer la chasse un pipi sur deux, gérer le linge qui peut être remis, etc.), autrement dit, si l’on ancre les normes sociales frugales

dans le design des équipements quotidiens, alors l’érosion des nouvelles pratiques économes en est considérablement réduite.

Au final cette méthodologie a permis aux foyers de s’impliquer activement dans le processus de changement, et de tirer profit des multiples approches pour les aider à tenir leur engagement, et leur faire prendre con science de la capacité qu’ils avaient à réduire de manière impor tante leur consommation d’eau, et ce de manière acceptable, et du rable.

extrait des vidéos des participant.es expliquant les artefacts qu’il.elle.s ont choisis pour les aider à changer leurs pratiques durant ce défi. Crédit photos : Strategic Design Scenarios

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CATALogUE d'AIdES AU dEfI EAU

aides au changement co-créées par les familles pour les aider à tenir leur engagement de réduction de consommation d’eau et maquettages correspondant à choisir pour l’expérimentation.

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-30%

DOUCHE-minUTE

La particularité de ce pommeau de douche est d’être muni d’une minuterie. Il permet aux utilisateurs de sélectionner parmi trois pro grammes de durée pour se doucher.

À la fin de la minuterie, l'eau réduit d'abord son débit puis s'arrête au tomatiquement.

Les 3 modes de programmation : 3 min : douche rapide 5 min : durée "suggérée" d’une douche « normale »

8 min : douche avec lavage de chev eux longs

Innovation par rapport à ce qui existe déjà :

• Obligation de se questionner sur son temps de douche nécessaire en tournant la minuterie du pommeau pour pouvoir faire couler l’eau

• Durées types liées à des usages spécifiques suffisamment longues pour ne pas excéder l’utilisateur. trice mais quand même limitées

• Système qui évite un arrêt bru tal, le débit de l'eau courante qui sera progressivement réduit pour indiquer la fin du temps de douche souhaité.

•Un objet qui ancre un usage parci monieux de l’eau dans les objets et les pratiques de lavage du corps •Une solution tout-en-un pour supporter une réduction de la con sommation d'eau lors de la douche, l'une des pratiques les plus gour mandes en eau

3 MIn 5 MIn 8 MIn

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56 nOUVELLE AiDE CO-CRÉÉE PAR LES FAmiLLES

VIDÉO TIMER

MINUTEUR DE DOUCHE

Comment ça marche ?

§ Fixez la minuterie dans la douche (bien mouillerla ventouse qui n’est pas très efficace) ;

§ Sélectionnez le temps de douche 3 min., 5 min., 7min. ou 9 min. ;

§ Une fois le temps écoulé, la minuterie sonne (pastrès fort, tendez l’oreille) et la diode rouges’allume.

Qu’est ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir si un robinet de douche avec untimer intégré permettrait de contrôler/réduire sontemps de douche.

Ici une minuterie externe pour tester :

Si l’on arrive à contrôler/réduire son temps dedouche ?

Comment ça marche ?

§ Sélectionnez la vidéo correspondant à votre temps de douche souhaité (3 min., 5 min. ou 8 min.).

§ Posez votre smartphone en vue et pas trop loin pour bien l’entendre ;

§ Les vidéos vous indiquent le temps écoulé, la dernière minute, quand commencer à vous rincer.

Qu’est ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir si une application sur un smartphone comme pour le sport ou la relaxation pourrait nous aider à réduire le temps de douche.

Ici, une simple vidéo simule les principales fonctions de l’application : chronomètre visuel, annonce du temps écoulé, quantité d’eau consommée, etc. pour tester :

§ Si l’on arrive à contrôler/réduire son temps de douche ?

§ Décider à l’avance un programme de douche et s’y tenir ?

§ Choisir le temps en fonction des besoins (par exemple, douche courte 3 min., normale 5 min., lavage des cheveux longs ou plaisir 8 min.) ?

§ Quelles informations visuelles et sonores sont utiles pour réguler sa douche ?

d’attention :

ne pas mouiller

Décider à l’avance son temps de douche et s’ytenir ?

Choisir le temps en fonction des besoins (parexemple, douche courte 3 min., normale 5 min.,lavage des cheveux longs 7 min. etc.) ?

Points d’attention :

La ventouse de fixation est un peu faible ;

La sonnerie n’est pas assez forte avec le bruit dela douche.

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Points
§ Attention à
le smartphone ! VIDÉO 3 MIN. VIDÉO 5 MIN. VIDÉO 8 MIN. https://vimeo.com/664237526 https://vimeo.com/664235905 https://vimeo.com/664231296 mAQUETTAGE PROPOSÉ POUR L’EXPÉRimEnTATiOn 57

RÉCUP'DOUCHE

Récupérateur d'eau de douche gaspillée en attendant que la douche devienne chaude.

Pour éviter de gaspiller l'eau froide en attendant que l'eau chaude arrive dans la douche, le Récup'douche permet de la récupérer. Le volume d'eau récupéré peut varier de 3 à 5 litres selon le cadre et les besoins du foyer.

Transportable par les enfants, l’eau récupérée peut être utilisée pour arroser les plantes, nettoyer la maison, constituer une chasse d'eau, etc.

La capacité du récupérateur de douche visible sur les photos est de 5 litres.

nOUVELLE AiDE CO-CRÉÉE PAR LES FAmiLLES & mAQUETTAGE PROPOSÉ POUR L’EXPÉRimEnTATiOn 58

PALET CHASSE / PASSE

Comment ça marche ?

§

Palet double face à poser sur la chasse d’eau ou àaccrocher par la ficelle ;

§ A chaque pipi on tire la chasse ou pas selon ce que lepalet indique et on le retourne pour le prochainutilisateur ou utilisatrice.

Qu’est-ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir comment se coordonner et ne pasoublier de tirer la chasse.

Ici le palet double face à retourner permet de tester :

§ Si l’on arrive à réduire le nombre de chasses d’eau dans la journée ?

§

Si l’on change notre routine de tirer la chasse àchaque usage des toilettes ?

§ Coopérer et se coordonner avec les autres membresde la famille ?

§ Signifier aux amis/visiteurs la pratique d’économie dechasse d’eau de la famille ?

Points d’attention :

§ Placez ou accrochez le palet bien en vue sans qu’il nerisque de tomber dans les WC

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PASSE CHASSE

Ce palet à retourner permet de se coordonner à minima entres les membres de la famille et de signifier la pratique aux visiteurs.

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PALET CHASSE / PASSE

Comment ça marche ?

§ Palet double face à poser sur la chasse d’eau ou àaccrocher par la ficelle ;

§ A chaque pipi on tire la chasse ou pas selon ce que lepalet indique et on le retourne pour le prochainutilisateur ou utilisatrice.

Qu’est ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir comment se coordonner et ne pasoublier de tirer la chasse.

Ici le palet double face à retourner permet de tester :

§ Si l’on arrive à réduire le nombre de chasses d’eaudans la journée ?

§ Si l’on change notre routine de tirer la chasse àchaque usage des toilettes ?

§ Coopérer et se coordonner avec les autres membresde la famille ?

§ Signifier aux amis/visiteurs la pratique d’économie dechasse d’eau de la famille ?

Points d’attention :

§

Placez ou accrochez le palet bien en vue sans qu’il nerisque de tomber dans les WC

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CACHE-CHASSE

Un message imprimé sur un support semi-transparent fait obstacle et casse la routine de tirer la chasse machinalement. L'affichage rend explicite/publique la posture du foyer de ne pas tirer la chasse systématiquement lors de la visite de tiers.

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CACHE-CHASSE

Comment ça marche ?

§ Placez le « cache chasse » pour recouvrir lebouton de la chasse d’eau (choisir la meilleuredes 2 tailles) ;

§ Soulevez ou appuyez directement sur la cachepour actionner la chasse d’eau.

Qu’est-ce qu’on veut tester ?On cherche à savoir si l’on peut interroger/freinernotre automatisme de tirer la chasse à chaque usage.

Ici le petit écriteau sert d’obstacle à nos routinespour tester :

§ Si l’on arrive a réduire le nombre total de chassesd’eau dans la journée ?

§ Si l’on change notre routine de tirer la chasse àchaque usage des toilettes ?

§ Signifier aux amis/visiteurs la pratiqued’économie de chasse d’eau de la famille ?

§ Comment ce dispositif « reconscientise » notregeste de tirer la chasse systématiquement.

Points d’attention :

Le « cache chasse » est fixé avec un simple adhésif,attention qu’il ne se décolle pas à l’usage !

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LE JEU : CHASSE OU PASSE ?

Ce jeu en forme de boulier permet à l'utilisateur d'indiquer à la personne suivante que c'est son tour de tirer la chasse d'eau en déplaçant un jeton. Les jetons « chasse » et « passe » s'alternent.

Progressivement, le nombre de jetons « passe » indique la quantité d'eau économisée. À la fin de la journée, le boulier-compteur est remis à zéro.

Les règles du jeu:

Décidez d'abord du défi à relever : souhaitez-vous tirer la chasse d'eau après deux pipis, trois ou quatre ? Mettez-vous d'accord sur ce défi avec les membres de votre famille. Ensuite, en fonction de votre choix, construisez votre boulier en ajoutant le jeton « chasse » bleu pour quand il faut tirer la chasse et un ou plusieurs jetons « passe » couleur bois pour quand il ne faut pas tirer la chasse.

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nOUVELLE AiDE CO-CRÉÉE PAR LES FAmiLLES & mAQUETTAGE PROPOSÉ POUR L’EXPÉRimEnTATiOn 64

BOULIER COMPTE CHASSE

Comment ça marche ?

§ Décidez en famille si vous souhaitez passer la chasseun pipi sur deux, ou sur trois, ou quatre... ;

§ Préparez votre boulier en conséquence (voir la règledu jeu pour plus de détails) et placez votre bouliercompte chasse sur la chasse d’eau ou à coté ;

§ Un petit pipi, faites glisser un jeton vers la gauche : sic’est un jeton bleu, tirez bien la petite chasse ! Sic’est un jeton bois, passe ton tour et économisez unechasse d’eau !

§ A la fin de la journée, remettre le boulier à zéro.

Qu’est-ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir si l’on peut économiser des chassesd’eau inutiles et les compter.

Ici, le boulier permet cherche à tester :

§ Si l’on arrive à réduire le nombre total de chassesd’eau dans la journée ?

§ Comment un boulier « compte chasses » est unesorte de jeu en famille impliquant les petits commeles grands ?

§ Si compter les chasses tirées et économisées aide àdonner envie de changer d’habitudes ?

Points d’attention :

§ Posez le boulier sur une surface plane pour qu’il soitfacile d’usage et qu’il ne tombe pas.

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CinTRE

DÉSODORiSAnT

Les vêtements perdent parfois leur fraîcheur lorsqu'ils ont déjà été portés. Le cintre désodorisant, équipé de bras-diffuseurs parfumés aux endroits stratégiques (aisselles), peut éliminer les mauvaises odeurs et donner un parfum frais aux vêtements.

Les bras-diffuseurs sont fabriqués avec des matériaux inactifs, et à l'intérieur se trouve un actif rafraîchissant composé de produits naturels à base d'huiles essentielles

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CINTRE DÉSODORISANT

Comment ça marche ?

§

Placez un vêtement déjà porté sur un cintre désodorisant ;

§ Laissez le une nuit pour le rafraichir et lui redonner un parfum de frais ;

§ Le désodorisant dans les 2 sachets bleus doit être changé quand vous constatez qu’il a perdu son odeur.

Qu’est ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir si désodoriser et redonner un parfum de frais aux vêtements déjà portés permet de les laver moins souvent.

CINTRE DÉSODORISANT

Comment ça marche ?

Placez un vêtement déjà porté sur un cintre désodorisant ;Laissez le une nuit pour le rafraichir et lui redonner un parfum defrais ; Le désodorisant dans les 2 sachets bleus doit être changé quandvous constatez qu’il a perdu son odeur.

Qu’est-ce qu’on veut tester ?cherche à savoir si désodoriser et redonner un parfum de fraisvêtements déjà portés permet de les laver moins souvent.

Ici, le désodorisant est associé à un cintre pour tester :

§ Si l’on peut remettre plus les vêtements et réduire le nombre de lavages ?

§

Le principe d’un désodorisant placé sur les extrémités du cintre pour rafraichir les zones des aisselles, plus sujettes à la transpiration (plus que l’efficacité des huiles essentielles elles mêmes)?

§

Quels vêtements on peut remettre (sweat shirts, pulls, jeans, robes, etc.) et combien de fois ?

Points d’attention :

§ Le cintre désodorisant utilise des huiles essentielles sélectionnées pour leurs propriétés assainissantes et

Ici, le désodorisant est associé à un cintre pour tester :

§ Si l’on peut remettre plus les vêtements et réduire le nombre delavages ?

§

Le principe d’un désodorisant placé sur les extrémités du cintrepour rafraichir les zones des aisselles, plus sujettes à latranspiration (plus que l’efficacité des huiles essentielles ellesmêmes)?

§ Quels vêtements on peut remettre (sweat shirts, pulls, jeans,robes, etc.) et combien de fois ?

Points d’attention :

§ Le cintre désodorisant utilise des huiles essentiellessélectionnées pour leurs propriétés assainissantes etrafraichissantes.

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mAQUETTAGE PROPOSÉ POUR L’EXPÉRimEnTATiOn 67

CinTRE SÉPARATEUR

Ce cintre sépare les vêtements qui ont déjà été portés de ceux qui sont propres.

Les personnes qui ne veulent pas mélanger des vêtements déjà portés avec des vêtements propres ont souvent tendance à les laver. Pour réduire la fréquence des lavages, ce séparateur de cintres permet de ranger dans une armoire les vête ments déjà portés mais pas encore sales pour les porter à nouveau.

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nOUVELLE AiDE CO-CRÉÉE PAR LES FAmiLLES & mAQUETTAGE PROPOSÉ POUR L’EXPÉRimEnTATiOn 68

SÉPARATEUR DE PENDERIE

Comment ça marche ?

§ Accrochez le séparateur sur le coté de votre penderie ;

§ Regroupez du côté indiqué les vêtements que vous pouvez portez une seconde foisen les séparant ainsi des vêtements propres.

Qu’est-ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir comment faciliter la gestion des vêtements déjà portés une fois pour les remettre avant de les laver.

Ici, le séparateur ne fonctionne que pour une penderie et permet de tester :

§ Si l’on peut remettre plus les vêtements et réduire le nombre de lavages ?

§ Si le séparateur permet d’identifier/distinguer les vêtements propres/déjà portés ?

§

Quels vêtements on peut remettre (sweat shirts, pulls, jeans, robes, etc.) et combien de fois ?

Points d’attention :

§ Attention, fragile !

§ Ne laissez pas vos enfants jouer avec.

§ Le séparateur de penderie risque de casser s’il reçoit un coup (principalement le crochet).

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RAFRAÎCHiSSEUR

Spray pour rafraîchir votre linge !

Le linge déjà porté n’est souvent pas sale mais avant de le porter une nouvelle fois, un spray aux huiles es sentielles lui donne le petit coup de frais qui donne envie de le porter !

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nOUVELLE AiDE CO-CRÉÉE PAR LES FAmiLLES & mAQUETTAGE PROPOSÉ POUR L’EXPÉRimEnTATiOn 70

SPRAY RAFRAICHISSEUR

Comment ça marche ?

§ Vaporiser un peu de produit sur vos vêtementsjuste avant de les remettre ;

§ Conserver le spray bien en vue pour ne pasl’oublier.

Qu’est ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir si un petit rafraichissement auxhuiles essentielles permet de limiter les lessives.

Ici, le désodorisant est en spray pour tester :

§

Si l’on peut remettre plus les vêtements etréduire le nombre de lavages ?

§

§

Le principe de redonner un petit pschitt defraicheur (plus que l’efficacité des huilesessentielles elles mêmes)?

Quels vêtements on peut remettre (sweat shirts,pulls, jeans, robes, etc.) et combien de fois ?

Points d’attention :

§

La recette du rafraichisseur a été sélectionnéepour ses propriétés assainissantes etrafraîchissantes.

§ Ne pas pulvériser sur la peau et attention auxpersonnes allergiques.

§

Le bouchon du rafraichisseur peut être difficile àretirer.

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PATÈRE À AÉRER

Les espaces réduits ne permettent pas toujours aux usagers d’aérer le linge, ce portant ne prend pas de place et permet de visualiser les vêtement qui ont été portés.

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nOUVELLE AiDE CO-CRÉÉE PAR LES FAmiLLES & mAQUETTAGE PROPOSÉ POUR L’EXPÉRimEnTATiOn 72

§

§

PATÈRE À AÉRER

Comment ça marche ?

§

Placez cette patère derrière une porte(chambre, salle de bain...) ;

§ Suspendez y les vêtements que vous avezdéjà portés pour les aérer avant de lesremettre.

Qu’est-ce qu’on veut tester ?

On cherche à savoir comment faciliter lagestion et l’aération des vêtements déjàportés une fois pour les remettre avant de leslaver.

Ici, la patère ne fonctionne que pour unependerie et permet de tester :

§

§

Si l’on peut remettre plus les vêtementset réduire le nombre de lavages ?

Si la patère permet de mieux gérer lesvêtements sans qu’ils trainent avantd’être remis ?

Quels vêtements on peut remettre(sweat shirts, pulls, jeans, robes, etc.) etcombien de fois ?

Points d’attention :

§

;

La patère doit être installée sur desportes d’une épaisseur de 4 cm maximum

En usage normal, la patère doit être fixéeavec deux vis dans l’épaisseur de la portepour assurer une stabilité parfaite.

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IL EST TEMpS dE REpEnSER LA ConfIgURATIon dES LogEMEnTS qUI noUS poUSSEnT à ConSoMMER ToUJoURS pLUS d’EAU

les logements continuent à être pensés dans une logique d’abondance illimitée de la ressource en eau. une remise en question structurelle du design des lieux domestiques d’usage de l’eau est nécessaire pour induire des comportements parcimonieux.

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#7 IL EST TEMpS dE REpEnSER LA ConfIgURATIon dES LogEMEnTS qUI noUS poUSSEnT à ConSoMMER ToUJoURS pLUS d’EAU

Le design de « l’environnement ménager moderne » produit dans les dernières décennies, tend à magnifier l’abondance de l’eau : la salle d’eau comme son nom l’an nonce tout particulièrement est un bon exemple. Elle apporte l’eau de la nature à tous les étages, les baignoires de luxe sont des thal assothérapies domestiques, l’eau coule sans considération du débit... Elle célèbre les plaisirs de l’eau : le bain reproduit la baignade à la maison, les douches-pluies déten dent comme une pluie équatoriale chaude et abondante… Elle impose aussi l’hygiène parfaite : la céram ique blanche, immaculée permet de détecter la moindre souillure, la trace qui n’a pas été frottée culpa bilise…

En bref, le design de nos salles de bain nous incite à consommer de l’eau11. On nomme « affordance12 » cette caractéristique par laquelle un environnement ou un objet qui suggère à son utilisateur son mode d’usage. Le design de nos salles de bain contemporaine est donc car actérisé par ce que l’on pourrait

appeler des « affordances inappro priées » qui nuisent à la réduction des consommations domestiques de l’eau.

Pire, elles incitent à la surconsommation, elles l’inscrivent dans les plis de notre quotidien, elles rendent encore plus difficiles nos efforts pour changer nos pratiques vers des pratiques plus parcimo nieuses et responsables : comment résister aux salles de bain à vivre, aux vasques et aux douches relax antes, à laver plus blanc, etc. ?

L’intervention d’un design souten able vise en particulier à trans former finement ces affordances et à changer les pratiques de consommation inscrites dans les artéfacts qui nous entourent.

Comment faire le design d’une « salle de bain 10 litres » ? Une salle de bain qui économise l’eau mais surtout qui ne magnifie plus l’eau ? Comment repenser le lavage du corps en évoquant le désert et les zones arides où chaque goutte d’eau est précieuse ? Comment s’inspirer

11 - En effet, si l’environnement ne nous “contraint” pas un minimum, c’est à nous de le faire, or notre capacité de retenue, notre “contrôle cognitif”, est limité, et il demande de l’effort. Plus on est fatigué ou distrait, plus on est sensible à l’affordance. Tenir ses engagements, ne pas se laisser aller à la surconsomma tion, nécessite donc un équilibre entre l’environnement qui rend difficile ce comportement, et notre volonté. Il y a là un impératif de cohérence de l’environnement.

12 - L’affordance, ou potentialité, est la caractéristique d’un objet ou d’un envi ronnement qui sug gère à son utilisateur son mode d’usage ou autre pratique. Le terme, emprunté à l’anglais, provient de la psychologie et est utilisé en ergonomie par glissement de sens https://fr.wiki pedia.org/wiki/

Affordance

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13 - ENSAV La Cambre, Ateliers Architecture d’intérieur, Design industriel et Textile, Cours master 1 « Écoconception et développement durable » : Emma Beyaert, Maud Brun stein, Sarah Carestia, Louisa Carmona, Josephine Charles, Hae Jin Cho, Claire Crastes de Paulet, Josephine Gemsch, Lucas Laurent, Laetitia Lequertier, Axelle Manguila, Clara Martini, Josephine Mas, Eden Million, Alizee Rubino, Alexandra Van Leeuw

des recommandations des derma tologues qui préconisent de se laver un jour sur deux pour préserver la santé de la peau et les cheveux une fois par semaine pour ne pas les abîmer ? Comment repenser le lava bo, la douche en référence aux pra tiques parcimonieuses du camping ou des sports de randonnée ?

Un groupe d’étudiant.e.s en première année de master de l’école de design de La Cambre13 se sont prêtés à un exercice de design « d’affordances frugales » appliqué à la salle de bain et qui vise à in scrire les normes sociales frugales dans les dispositifs utilisateurs d’eau de la salle de bain.

L’objectif de cet exercice n’est pas tant de repenser les sanitaires act uels pour qu’ils consomment moins d’eau mais d’imaginer une salle de bain 10 litres où il sera naturel de ne consommer que quelques litres d’eau par jour...

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LA SoURCE

Josephine Charles, Josephine Gemsch, Laetitia Lequertier, Axelle Manguila.

La source est un projet qui vise à réduire notre consommation d’eau pendant le moment de la toilette. Cette source est symbolique et per met de prendre conscience de la préciosité́ de l’eau.

L’aménagement de la salle de bain vise à nous faire nous rendre compte des volumes d’eau que nous utilisons. L’effort constitue le point important de cette prise de con science. Chaque personne d’un foy er dispose d’un volume d’eau de 10 litres qu’il viendra pomper à la seule source d’eau de la pièce.

Ce mouvement mécanique fait couler l’eau puisée dans un fût qui est réceptionnée dans un récipi ent. Cette pièce d’eau dispose aussi d’une collection d’ustensiles pour la toilette : un bol, une éponge... Le bol aide à doser la quantité d’eau versée pour humidifier notre corps.

Ainsi il empêche de tout utiliser d’un coup. Il permet aussi de voir l’évolu tion du niveau d’eau. Le gant permet de nettoyer le corps et faire mouss er le savon sans avoir à utiliser trop d’eau. La salle de bain est constituée d’un bain central où l’on peut venir s’accroupir pendant la toilette afin de garder sa propre chaleur. Ce bain sera utile aussi pour accueillir l’eau savonneuse de la douche. Cela per mettra à l’utilisateur de réutiliser l’eau pour son gant.

Pour ce qui est du lavage des dents, un réceptacle est disposé du côté de la toilette. Il faudra aller à la source pour récolter de l’eau dans un ré cipient qui permettra de se laver les dents ou les mains. Tous les disposi tifs mis en place pour accueillir l’eau sont reliés par un réseau de cana lisations dans le sol qui terminent leur chemin dans le réservoir des tiné à la chasse d’eau.

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bRUME

Brume est un projet proposant un lavage alternatif qui se distingue des points d’eau classiques par l’utili sation d’embouts brumisateurs. Ce système permet de réduire le débit d’eau et d’apporter à l’utilisateur une sensation de bien-être proche d’une séance de hammam. L’espace con finé de la cabine de douche permet une rapide condensation même si l’utilisation de brume est courte. Il a toutefois à disposition un robinet avec une option brume et une sortie d’eau traditionnelle. Il lui suffit de tourner les boutons pour faire sor tir la brume ou l’eau dans ce cas. Des plantes jouent le rôle de régulatrices d’humidité́ en entourant l’espace. Un chauffage au sol et au mur est installé afin de garantir une chaleur quotidienne dans chaque partie de la salle de Brume. Les murs et le sol sont en pierre car c’est un bon conducteur thermique. La pierre étant chaude, cela réduit les chocs thermiques ainsi tout contact avec les parois n’est plus désagréable

tant pour les pieds que pour le reste du corps. De plus, la pièce serait idéalement placée au centre du foy er afin de valoriser les déperditions de chaleur de la pièce.

Si le foyer se trouve au dernier étage, il pourrait y avoir un puits de lumière, sinon des LEDS pour ront éclairer la salle de brume et nourrir les plantes de lumière arti ficielle. Enfin, les eaux déjà utilisées sont récupérées par un système de tuyauterie et remplissent la chas se d’eau des sanitaires, puis sont évacuées. L’affordance de cette salle de brume nous incite à un usage réduit de l’eau. L’environnement de BRUME induit l’utilisateur à réduire sa consommation d’eau par la visi bilité́ qu’il porte sur la graduation du chauffe-eau visible. Ce réservoir répond à tous les besoins de l’uti lisateur (brossage de dents, lavage local ou intégrale), toutes ces pos sibilités sont réalisables par les dif férentes sorties d’eau. Une fois les 10 litres épuisés, le chauffe-eau se remplit automatiquement prenant un certain temps pour de nouveau chauffer.

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14 - Le design pourrait être moins radical et proposer une alternative. Des ateliers et entretiens émerge l’idée que la douche c’est un mo ment de détente, de plaisir. Deux options peuvent en être tirées : d’une part on peut imaginer des objets / pièces qui répondent à ce besoin, cette envie, d’avoir un temps pour soi, d’être bien sans eau (et aussi si possible avec peu de consommation d’énergie !), d’autres part on peut imagin er une pièce qui soit pluri fonctionnelle, tantôt frugale, tantôt non frugale, en fonc tion de ses envies, car on n’a pas tous les jours envie de prendre des douches courtes.

15 - Ces emprunts multi-culturels ont la capacité d’évoquer et convoquer des représentations existantes autour desquelles s’art iculent d’autres normes qui sont donc susceptibles d’induire d’autres comportements. Ce n’est plus la matière qui déclenche directement l’action, mais qui déclenche des représentations qui elles même évoquent d’autres référentiels pour les comportements (et donc d’autres comportements).

Au-delà des 2 exemples présentés ici et choisis parmi les esquiss es produites par les étudiant.e.s, quelles sont les orientations de de sign ou « patterns » émergeant de cet exercice ?

Exit la salle de bain très blanche et froide : à la place des couleurs sombres qui évoquent les architec tures de terre, un environnement plus organique, des matières plus chaudes... L’eau chaude est rem placée par la chaleur du lieu, la température de la pièce de dimen sion réduite, une brume tiède qui emplit l’espace faire couler des litres d’eau14.

La posture du corps est inspirée des pratiques d’hygiène au Japon15, replié sur lui-même pour mieux conserver sa chaleur. L’eau ne coule pas en abondance. Elle est précieuse. Comme dans les lieux arides on la puise avec une écuelle, la recueille dans une vasque pour finir par la réutiliser toute dans les toilettes si celles-ci ne sont pas sèches. Le savon est très dilué pour réduire l’eau de rinçage.

Enfin, la quantité d’eau réduite uti lisée chaque jour pourrait presque être compatible avec l’utilisation de plantes filtrantes qui participent à créer l’atmosphère de ces nou velles salles « presque sans eau » !

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d'EnTRéE

un processus de participation ludique où parents et enfants sont engagés ensemble dans une série d’activités domestiques avec un bénéfice d’éducation et de cohésion familiale.

83 LA fAMILLE CoMME poInT
poUR déCLEnChER ET fACILITER Un pRoCESSUS dE TRAnSfoRMATIon CoLLECTIvE

maman, tu as oublié de mettre la musique pour la douche

de Louise, participante

84 «
! » Enfant

#8 LA fAMILLE CoMME poInT d'EnTRéE poUR déCLEnChER ET fACILITER Un pRoCESSUS dE TRAnSfoRMATIon CoLLECTIvE

«

Maman, tu as oublié de mettre la musique pour la douche ! » Pour les enfants de Louise, la participation à la recherche-action Vasymoll’eau semble intégrée dans les pratiques quotidiennes. Pourquoi ?

Certainement parce que la limitation du temps de douche par une petite vidéo musicale est un pro cessus ludique : choisir la musique de 3 minutes ou celle de 5 ou 8 minutes, voir le niveau d’eau con sommé qui monte progressivement, suivre les instructions pour com mencer à se rincer, s’arrêter avec la musique qui diminue, etc. Mais on peut douter de l’efficacité de cet effet ludique dans le temps. En re vanche, la dimension d’interaction familiale semble plus prometteuse : prendre une douche, c’est solliciter maman pour qu’elle mette de la mu sique dans la salle de bain. Limiter la consommation d’eau, c’est discuter quelle musique mettre si aujourd’hui on prend juste une douche rapide ou si on doit se laver les cheveux...

L’ensemble du processus d’accom pagnement Vasymoll’eau est en tièrement conçu comme une série d’actions à faire en famille ou stim

ulant les échanges entre les mem bres de la famille. L’autodiagnostic initial de la consommation consiste en un kit de suivi de consommation à afficher dans toute la maison.

Cette « invasion » transforme l’uni vers domestique habituel et trans forme pour 3 jours toute la famille en une équipe d’enquêteurs qui cherchent où passe toute l’eau que l’on consomme ?

« Tu es sûr que tu as bien marqué toutes les chasses d’eau » ; « c’est papa qui passe le plus de temps sous la douche, la honte ! » ; « ouf, déjà la sixième machine en 3 jours » ; « disdonc, y’a pas assez de place sur la fiche WC pour marquer toutes nos chasses d’eau... » ; etc.

Émulation, connivence, conflits parfois..., Vasymoll’eau fait parler de l’eau en famille. L’eau, commodité banalisée et disponible à volonté, devient un des sujets de conversation dans le foyer.

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atelier de lancement avec les ménages participant à l'expérimentation vasymoll'eau. crédit photo : strategic design scenarios

La plupart des actions visant la transformation des comportements de consommation sont centrées sur l’individu. Elles se situent en droite ligne d’une société centrée sur l’in dividu et de décennies d’un market ing visant à toucher les spécificités de chaque consommateur.

Le design « centré utilisateur » luimême est empreint de ce biais indi vidualiste qui lui fait parfois négliger les dynamiques de groupe qui peu vent constituer des obstacles ou au contraire des opportunités dans la transformation des pratiques.

C’est pourquoi l’accompagnement Vasymoll’eau est ouvert aux familles : « C’est moi qui me suis inscrite, dé clare Anna, mais comme mes par ents étaient intéressés, ils sont venus aussi à l’atelier ». In fine, le premier atelier de lancement avec 25 adul tes se double d’un second avec 14 enfants âgés de 4 à 11 ans ! Il a été question de l’utilisation de l’eau au quotidien à travers la construction d’une fresque collective sur les us ages de l’eau dans la maison.

« Chez moi l’hiver c’est une douche tous les deux jours et une douche par jour en été parce qu’il fait chaud c’est normal » nous explique Tim. Les en fants ont pu débattre sur les ques tions d’hygiène.

Finalement ils se sont lancés dans une session d’invention de dis positifs pour aider les grands et les petits à économiser l’eau. Au-delà d’alimenter les débats autour des notions d’économies d’eau, l’intention de mobiliser aussi les en fants a permis de faciliter l’adop tion du projet en famille : à deux on est plus fort pour convaincre ! Cette dynamique doit être ren forcée pour permettre aux ambas sadeurs du foyer qui participent aux processus de délibération Vasy moll’eau en présentiel et en ligne

d’en relayer l’effet transformateur vers leur famille. En outre, la par ticipation des enfants à cet atelier a permis de pallier aux problèmes de garde qui font souvent obstacle à la participation des familles en début de soirée.

Enfin, les solutions d’aide à la mise en œuvre des pratiques parcimo nieuses sont elles aussi vecteur de dialogue intrafamilial : « mon mari n’était pas très enthousiaste au début, raconte Laura, mais comme c’est lui qui a relevé le compteur d’eau, il avait envie de continuer pour faire baisser la facture ».

Les dispositifs plus tangibles comme Récup’douche permettent d’incarner l’ensemble du processus pour toute la famille. Récupérer l’eau de chauffe de la douche dans un broc de 5 litres n’est pas généra teur de beaucoup d’économies pour la plupart des foyers mais cette nouvelle pratique est tangible et son bénéfice est constaté immédi atement : la gêne de gâcher de l’eau qui était jetée sans même avoir été utilisée se transforme en un broc qui se remplit et arrose les fleurs ou remplace une chasse d’eau. C’est moins pratique mais ça a plus de sens. Le résultat est limité mais il rend visible l’économie d’eau.

Les enfants en particulier les plus jeunes d’entre eux sont une bonne « porte d’entrée » pour installer le processus Vasymoll’eau dans la famille. Le boulier Passe-Chasse qui permet de compter les chas ses économisées un pipi sur deux « ...c’est assez ludique et coloré et ce serait un bon support de discussion… cela permet aussi de visualiser les quantités utilisées »

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Un atelier parallèle à l'atelier de lancement a été organisé spécialement pour les enfants afin de cartogra phier leur représentation de l'eau dans leur maison. crédit photo : rives nord

Pour Marie comme pour bon nom bre de foyers les supports de di alogues parents-enfants sont appréciés. En particulier, les tendances des enfants (oublier de tirer la chasse, ne pas avoir envie de se laver, de changer de vêtements…) interrogent les principes habituels d’éducation des enfants de manière très stimulante dans une perspective de réduction des consommations des foyers…

In fine, le design de l’accompagne ment Vasymoll’eau recouvre une dimension de dialogue intrafa miliale d’échange sur des sujets non-discutés comme l’eau, voire tabous comme l’hygiène, de négociation parents-enfants, d’éducation collective en famille et peutêtre de cohésion du foyer... Et Louise de conclure : « Pour nous ça a été un peu comme une thérapie fa miliale. Ça a été un choc au début de voir combien on consommait d’eau. A la fin j’ai l’impression qu’on avait tous maigri ! »

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Un atelier parallèle à l'atelier de lancement a été organisé spécialement pour les enfants afin de cartographier leur représentation de l'eau dans leur maison. crédit photos : rives nord

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Un accompagnement léger, efficient et économe, basé sur un autodiagnostic de consommation, un atelier d’installation de la dynamique de pair-à-pair en présentiel, un processus de délibération entre foyers en ligne et par messagerie.

93 LE kIT d’ACCoMpAgnEMEnT vASyMoLL 'EAU : Un dISpoSITIf qUI ACTIvE LA déLIbéRATIon CoLLECTIvE ET LE pAIR-àpAIR poUR fAIRE évoLUER LES pRATIqUES

Brochure

kit

strategic design

présentant le
d’accompagnent vasymoll’eau. crédit photo :
scenarios

#9 LE kIT d’ACCoMpAgnEMEnT vASyMoLL'EAU : Un dISpoSITIf qUI ACTIvE LA déLIbéRATIon

CoLLECTIvE ET LE pAIR-à-pAIR poUR fAIRE évoLUER LES pRATIqUES

Pour faire évoluer les pratiques, nous nous appuyons sur deux princ ipes essentiels, la responsabilité des ménages, qui prennent conscience des enjeux de leur consommation d’eau et trouvent eux-mêmes les solutions adaptées à leur situation ; et la force du collectif, pour com parer, échanger, trouver des idées et avancer ensemble, avec à la clé des économies d’eau et d’argent !

En quoi consiste le kit d’accom pagnement Vasymoll’eau ? Un dispositif léger, efficace et reposant fortement sur le principe du pair à pair permettant d’accompagner un projet familial qui a pour ob jectif de changer les pratiques et les comportements afin de réduire la consommation d’eau. L’accom pagnement se déroule sur 2 mois et se divise en plusieurs étapes, détaillées dans les pages suivantes.

#1 Constitution de collectifs d’hab itants du territoire de la Métropole Européenne de Lille (MEL)

Il faut d’abord constituer des groupes de 10 ménages aux profils complémentaires qui puissent s’in fluencer. En effet, il est souhaita ble que les familles comparent leur consommation d’eau à celle de familles similaires à la leur. Si non, le fait d’avoir une famille plus nombreuse, d’avoir un jardin, une grande maison ou encore d’avoir une piscine justifie toutes sortes de surconsommations.

De plus les familles qui ont une faible consommation d’eau ont un effet d’entraînement sur les autres. En même temps, elles bénéfi cient d’une reconnaissance sociale pour leurs efforts et sont motivées pour faire encore mieux. Il faut donc réussir à créer ce groupe hétérogène mais avec suffisamment de points de similitude afin d’avoir un groupe de ménages ouverts à apprendre les uns des autres.

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La brochure présentant le kit d’accompagnent Vasymoll’eau fait office d’affiche à mettre à sa fenêtre pour prévenir les visiteurs que cette famille expérimente de nouvelles pratiques d’usage de l’eau et susciter l’émulation entre voisins. crédit photo : strategic design scenarios

#2 La sensibilisation à la pénurie d’eau sur le territoire de la MEL

« Les étés secs successifs et la con centration des pluies sur de courtes périodes n’ont pas permis de re charger correctement la principale nappe phréatique de la métropole. Même en période d’été pourri, ça reste compliqué. » (Besse, A-G16, 2021)

Dès le début du processus d’ac compagnement, les ménages sont informés du problème actuel de pénurie d’eau sur le territoire de la MEL. Le fait de démarrer par une prise de conscience de l’impor tance du problème et de la néces sité d’une action urgente nous permet de s’assurer que les ménages adoptent une posture de participant actif (co-designeur), désireux de chercher des solutions et de faire de réels efforts pour améliorer leur pratique de consommation d’eau.

#3 Mieux comprendre sa consom mation

Un autodiagnostic de chaque point

d’eau du logement permet de com prendre si les efforts doivent être concentrés sur la salle de bain, la cuisine ou sur les règles d’hygiène du foyer ? Pour les ménages, l’ob jectif de ce premier diagnostic est de les aider à comprendre leur consommation, à identifier les marges de manœuvre et à prioriser les domaines où il serait intéressant de faire un effort pour avoir un impact significatif.

#4 Comparer sa consommation à celle des autres

Après l'analyse des auto-diagnos tics, les foyers sont invités à par ticiper à un atelier en face à face pour découvrir leurs résultats. L'at elier permet également aux partic ipant.e.s d'interagir entre eux, de partager leurs idées et leurs astuces. La visualisation des résultats de l'autodiagnostic sur des fiches imprimées contribue largement à animer la discussion et à susciter l'étonnement, ainsi que la com paraison de la consommation entre les ménages. Ensuite, les ménages sont amenés à discuter des normes

16 - Besse, A-G. (2021). La nappe phréatique du sud de Lille est toujours en danger, voici pourquoi. La Voix du Nord. https://www.lavoix dunord.fr/1049823/ article/2021-07-27/ la-nappe-phrea tique-du-sud-delille-est-toujoursen-danger-voicipourquoi

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En pratique, comment fonctionne l’autodiagnostic ?

Les ménages participant au projet reçoivent le kit d'autodiagnos tic par courrier et par e-mail pour qu'ils puissent les imprimer si besoin. Ensuite, les ménages installent les fiches à côté de chaque point d'eau (une fiche machine à laver à côté de la machine à laver, par exemple) dans toute la maison. Pendant 3 jours, les ménag es sont alors invités à compléter les fiches pour chaque usage du point d'eau. A la fin du diagnostic de 3 jours, ils transmettent les fiches sur une plateforme internet pour analyse. Après analyse, les fiches sont visualisées pour indiquer les proportions de con sommation entre les différents points d'eau. Celles-ci sont ensuite transmises aux foyers lors d'un atelier en face à face avec tous les participants.

sociales qui influencent leurs pra tiques de consommation d'eau et à explorer des solutions pour aider à la transformation des pratiques et réduire le gaspillage d'eau.

À la fin de l'atelier de deux heures, les ménages repartent inspirés de nombreuses idées à mettre en œu vre et à discuter avec les membres de leur famille. Peu après l'atelier, les ménages seront ajoutés à un groupe de messagerie pour pour suivre une discussion qui durera 15 jours. Au cours de cette discussion, les foyers examineront ensemble les pratiques à changer et les solutions à mettre en œuvre qui leur permettront de pérenniser ces pratiques et de réduire au mieux leur consommation d'eau.

#5 Constituer son projet familial -30% d’eau

Les pratiques à changer et les solu tions identifiées, lors des 2 semaines de discussions collectives, en ligne et de manière asynchrone, pour réduire la consommation d’eau sur les points prioritaires (chasse d’eau,

douche et machine à laver) permet tent aux ménages d’élaborer leur propre projet familial pour atteindre l’objectif de -30% d’eau. Les ménages ont un rôle de premier plan dans l’élaboration de leur propre projet familial. C’est à eux de choisir ce qui leur semble réalisable tout en restant ambitieux. Concrètement, les foyers remplissent un contrat d’engagement familial où ils définis sent leurs objectifs et les moyens par lesquels ils pensent y arriver.

#6 Mettre en œuvre le change ment grâce à des modules de sup port au changement

Pour réussir le défi, les ménages doivent adapter leurs habitudes et introduire de nouvelles pratiques pour éviter le gaspillage de l’eau. Pour accompagner cette adapta tion et faciliter l’ancrage des nou veaux comportements, ils recev ront les accessoires/équipements qu’ils ont choisi pour accompagner le changement de comportement.

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Ils appuient le changement sur des points critiques : le temps de la douche, la fréquence de la chas se d’eau, le rythme de la lessive, etc. Ces aides au changement sont conçus pour être adaptables aux besoins de chaque foyer.

Une fois qu’ils ont choisi et reçu ces aides au changement, les partici pants commenceront leur Défi -30 %.

Les discussions par messagerie se poursuivront afin qu’ils puissent partager leurs réflexions sur ce qui fonctionne ou non dans leur foyer.

#7 Évaluer l’impact

Pour mesurer l’impact, il est impor tant d’avoir des points de repère comme les relevés de compteurs ou la comptabilisation de différentes actions qui nécessitent l’utilisation d’eau.

Enfin, pour s’assurer de l’impact de ces changements à long terme, nous estimons qu’il est nécessaire de faire un bilan en ligne avec chaque ménage sous la forme d’un ren-

dez-vous après 3 mois et 6 mois. La démarche du kit d’accompagne ment Vasymoll’eau s’apparente à des pratiques telles que « les familles à énergie ou alimentation positive » pour ce qui est de l’aspect collectif.

Cependant, le kit Vasymoll’eau con tient des solutions de mise en œuvre plus légères et plus économiques, tout en restant efficace grâce à la dynamique de pair à pair et à l’équili bre des discussions en présentiel et en ligne. Soit, au total, un travail de modération réduit à environ 4 heu res pour 10 ménages pendant les 2 mois d’accompagnement.

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la semaine Vasymoll’eau

RÉCUP’DOUCHE

facture d’eau.

99semaine du défi des 30% de réduction d'eau. Crédit photos: Strategic Design Scenarios LES ARTEFACTS UTILISÉS PENDANT LE DÉFI EAU -30% PORTANT À AÉRER VIDÉO TIMER CINTRE RAFRAICHISSEUR Je porte des vêtements plusieurs fois avant de les laver. Ce portant me donne un endroit où les mettre pour les aérer avant de les ranger ou de les porter à nouveau. Plus difficile de trouver une place pour le cintre. Foyer : 4 personnes Propriétaire d’une maison La Madelaine FICHE RÉSULTAT DU DÉFI EAU -30% 1 “ Je considère que ma consommation est assez basse et je suis rassurée de savoir que ce que je fais pour réduire ma consommation d'eau est une bonne chose ! ” CONSOMMATION MOYENNE DU PANEL (10 FOYERS) CONSOMMATION DE MARIE L’ÉVOLUTION DE SA CONSOMMATION D’EAU Sur une semaine en L/jour 428,5 614,0 256,4 136,4 -47% MARIE CACHE CHASSE Plus pratique pour des invités, SPRAY Il apporte de la fraîcheur aux vêtements déjà portés. C'est génial ! “Onadéjàdebonnespratiquespourlimiternotreconsommation d'eau,maisces objets facilitent mes efforts pour continuer à réduire ma consommation d'eau.” " Pratiqueettrèssimple à mettre en place dans la maison ! " Si la semaine Vasymoll’eau durait 1 an : -175,9€ sur la facture d’eau. Porte ses vêtements plusieurs fois Unebonne pratique chez Gaëlle … AVANT LE DÉFI APRÈS LE DÉFI LES ARTEFACTS UTILISÉS PENDANT LE DÉFI EAU -30% Foyer : 7 personnes Locataire d’un appartement Lille Centre FICHE RÉSULTAT DU DÉFI EAU -30% " ... le fait de dédier l'utilisationuniquement àlarécupérationde l'eau estpratique ! " 1 " On a envie de tester des solutions car avec une grande famille comme la nôtre, chaque petit effort que nous faisons peut avoir un grand impact ! " CONSOMMATION MOYENNE DU PANEL (10 FOYERS) CONSOMMATION DE JEANNE L’ÉVOLUTION DE SA CONSOMMATION D’EAU Sur une semaine en L/jour 428,5 614 1260 1000 -20% AVANT LE DÉFI PALET PASSE/CHASSE Personne n'y a prêté attention. JEANNE APRÈS LE DÉFI
Pas assez grand mais reste assez pratique. CACHE CHASSE Il nous permet de communiquer à nos invités l'engagement de notre famille. Tout le monde se pose la question ou du moins y pense. Uneparticularité chez Sabrina … Une famille de 7 pers. Si
durait 1 an : -373 € sur la
VIDEO TIMER C’est utile mais un timer plus simple peut faire l’affaire.
100

poTEnTIEL d’AMéLIo-

dE

dES éqUIpEMEnTS

dES MénAgES

Les réductions d’environ 1/3 de la consommation obtenues par les foyers peuvent être encore augmentées par l’ajout d’accessoires économiseurs d’eau et par des mesures d’éco-rénovation des logements.

101 LE
RATIon
L’EffICACITé
doMESTIqUES REnfoRCE LES EffoRTS
102 « J’ai compté : sept minutes et demie avant que ma douche ne soit chaude !16 »

17 - Quelques min utes d’eau qui coule avant que la douche ne soit chaude, c’est plusieurs dizaines de m3 par an utilisés pour rien.

18 - Une chasse d’eau qui fuit toute l’année, c’est plus de 100m3 par an de perdu.

#10 LE poTEnTIEL d’AMéLIoRATIon dE L’EffICACITé dES éqUIpEMEnTS doMESTIqUES

REnfoRCEnT LES EffoRTS dES MénAgES

« J’ai compté : sept minutes et demie avant que ma douche ne soit chaude17! » Une partie importante des foyers rencontrés font état de dysfonc tionnements dans les appareils uti lisateurs d’eau de leur logement : robinet sans limiteur de débit, lave-linge vétuste, temps important avant d’accéder à l’eau chaude, WC sans double chasse, facture d’eau non détaillée dans les charges ou globalisées entre les colocataires, robinet qui fuit18, etc. L’environ nement matériel et serviciel n’est pas à la hauteur ! Les usagers sont empêchés d’avoir une consomma tion qu’il.elle.s considèrent comme « normale ».

Ce déficit en termes de « qualité négative » c’est à dire, la qualité que l’on ne perçoit qu’en négatif, quand elle fait défaut dans les disposi tifs utilisateurs d’eau du logement, tend à disqualifier la mise en place d’équipements économiseurs d’eau innovants : «  avec un pommeau de douche économe ça va être pire, je vais devoir attendre l’eau chaude pendant une demi-heure ! ». Elle démotive ou rend irrecevable tout changement de pratiques dans l’us age de l’eau : « Il faudrait une ma

chine à laver ou une chasse d’eau normale et mes habitudes quotidi ennes ne seraient pas si consomma trices d’eau… ». Dans la conception commune du “confort domestique moderne” les produits et services sont censés suppléer à nos efforts. L’inverse serait un retour en ar rière : « ma grand-mère faisait une toilette de chat parce qu’elle devait aller chercher l’eau au puits ! » ou une injustice sociale : « je devrais faire plus d’efforts parce que je ne peux pas me payer un logement qui fonctionne correctement… ».

Les conditions d’amélioration de ces déficits en termes de qualités négatives passent par une mobili sation des usagers : « ce qui relève de mes compétences, responsabilités et que je peux faire moi-même », des moyens « ce qui est hors de portée pour mon budget, pour mes capacités à mettre en œuvre » et des appuis : « ce qui relève de mon bailleur et d’une question de recours individuel ou collectif ».

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Les politiques publiques de sou tien à l’éco-rénovation des logements sont en général nées pour faire face à des graves problèmes de déperdition énergétique (simple vitrage, passoires thermiques, loge ments insalubres, etc.). Certaines intègrent le volet eau en particulier via l’eau chaude dont l’économie im pacte considérablement la facture énergétique. Mais ces dispositifs sont rarement mobilisés en partant des économies d’eau et en couvrant des problématiques d’amélioration touchant un plus large éventail de ménages.

Un dispositif d’éco-rénovation oserions-nous dire « d’éc’eau-rénovation » ?visant la réduction des consomma tion d’eau pourrait couvrir depuis les dysfonctionnements matériels (temps de chauffe de la douche, fuites non réparées par le bail leur, équipementS vétustes, etc.) jusqu’aux situations démotivantes ou décapacitantes (absence de compteurs d’eau par foyer, globali sation de la consommation entre locataires, compteurs d’eau inac cessibles, etc.) qui nécessitent une action de rénovation tournée vers les bailleurs, petits propriétaires ou gestionnaires de grandes résidences.

Enfin, les réductions prometteuses d’environ 30% de la consommation d’eau obtenues par les foyers durant l’expérimentation, peuvent être en core augmentées par des dispositifs et accessoires économiseurs d’eau. L’acteur public peut intégrer au même dispositif de rénovation la mise à disposition pour les foy ers de mousseurs pour les robinets, douchettes hydro-économes, dis positifs doubles chasses, etc. qui peuvent être mis en place par les locataires eux-mêmes, des chèques d’aide à l’achat d’électroménagerS plus performants ou de subventions pour inciter au placement de cit

une douche qui goutte vous fait perdre 4 à 5 litres d'eau par heure

environ 141 à 176€/an

un robinet qui goutte vous fait perdre 4 à 5 litres d'eau par heure

environ 141 à 176€/an

une chasse d'eau qui fuit laisse s'écouler environ 15 litres d'eau par heure

environ 530€/an

ernes de récupération d’eau de pluie pour le jardin.

Ces mesures n’ont de sens que si elles sont couplées avec une ac tion de sensibilisation aux enjeux de l’eau, au risque de produire autrement un effet rebond. Par exemple : « si mes équipements do mestiques consomment moins, alors je m’autorise à les utiliser plus ! ».

Ici, ils viennent en complément d’un processus d’accompagnement au changement des pratiques, aug mentent l’économie réalisée et con fortent les foyers dans la pertinence de leurs efforts !

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Simulation d'un prospectus d'encouragement et d'une offre d’économie financière par le potentiel de réduction de consommation qui serait envoyé avec la facture d’eau aux ménages ayant un fort potentiel de réduction de consommation d'eau. crédit photo : strategic design scenarios

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METTRE L 'ACCEnT SUR LES SERvICES REndUS pAR L 'EAU pERMET dE MIEUx CoMpREndRE LES ACTIonS à MEnER

l’approche par les pratiques met la focale sur certaines activités quotidiennes (et non sur les individus) composées d’éléments variés (objets matériels, infrastructures hydriques, valeurs, significations, compétences, règlements…).

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#11 METTRE L'ACCEnT SUR LES SERvICES

REndUS pAR L'EAU pERMET dE MIEUx CoMpREndRE LES ACTIonS à MEnER

Lorsque les ménages reçoivent leur facture d’eau, ils sont bien en peine d’identifier les usages qu’ils pourraient réduire ou modifier. Quel lien faire entre un volume d’eau et un ensemble de points d’eau dans la maison ? Pour les ménages, l’eau coule de source, et est utilisée sans penser à son origine, à l’ensemble des infrastructures nécessaires à son puisage, sa purification, son adduction, son évacuation et son épuration lorsqu’elle est devenue impropre à la consommation. Tout a été conçu pour que la vie mod erne repose sur un accès aisé à l’eau potable chez soi et que les foyers ne s’interrogent pas sur les divers coûts liés à cet accès.

Cette non-représentation du sys tème hydrique explique en partie la surprise des participants quand ils apprennent que la Métropole est en stress hydrique.

La plupart des analyses de la réduction de la consommation d’eau se concentrent sur l’efficacité des dispositifs matériels, mais peu sur les services et les expériences qu’ils rendent possibles. Or, l’us

age de l’eau au domicile est associé avant tout à l’hygiène et au plaisir, et correspond en fait à une série de pratiques de la vie quotidienne. L’eau n’est pas utilisée pour ellemême, mais est un ingrédient de l’accomplissement des pratiques quotidiennes : la consommation d’eau est le résultat de ce que les gens font pour des tas de raisons. L’eau est un ingrédient essentiel de pratiques tout autant essentielles pour vivre dignement. L’approche par les pratiques sociales permet de replacer les usages de l’eau dans la vie quotidienne.

Qu’est-ce qu’une pratique sociale ?

Depuis une vingtaine d’années, la sociologie de la consommation a développé diverses versions de la « théorie des pratiques sociales », mais toutes considèrent que l’unité d’analyse est la pratique, dont les habitudes constituent l’aspect routinier, répétitif, souvent inconscient.

Une pratique est l’unité de sens de la vie quotidienne, ce qui fait que les personnes sont particulière

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ment loquaces à leur sujet : travail ler, cuisiner, se laver, se déplacer, se divertir, dormir, etc. Le regard ne porte plus sur un individu et son comportement plus ou moins guidé par des attitudes et des valeurs. Le chercheur peut facilement observ er les actions visibles (comporte ments), et recueillir ce qu’ils disent (attitudes), mais il s’agit ici de comprendre ce que les gens font : leurs habitudes et routines qui peuvent être difficiles à changer.

Les pratiques sociales désignent la structure de ce que nous voyons et entendons. L’attention est attirée vers tous les ingrédients qui com posent ces activités routinières : règles, significations, compétences, savoir-faire, objets matériels, infra structures, normes sociales…Dans la mesure où ces ingrédients peu vent être très variés, il est dès lors compréhensible que les pratiques soient « compartimentalisées », c’est-à-dire qu’elles obéissent à des logiques propres. Du point de vue des ménages, l’eau n’est pas un lien spontanément évident entre « tirer la chasse » et « laver la vaisselle » par exemple. Si on désire accom

pagner les ménages, il faut partir de là où ils se trouvent, de leurs activi tés et pratiques quotidiennes.

L’analyse porte également sur la manière dont les pratiques s’en chaînent ou s’articulent les unes aux autres, ce qui permet d’expliquer les formes de routinisation – desquelles on cherche précisément à les sortir pour en instaurer de nouvelles.

Il est important de souligner que les ménages n’ont pas forcément choisi leurs pratiques, qu’ils dépendent d’infrastructures et de normes so ciales notamment. En ce sens, on peut dire que les individus sont re crutés par les pratiques (et non l’in verse).

Les approches traditionnelles qui visent à promouvoir un « usage ra tionnel » des ressources divisent le monde en individus (dont il faut changer le comportement) et tech nologies (dont il faut améliorer l’ef ficacité). Mais les deux sont toujours en interaction, toujours liées dans l’accomplissement des pratiques.

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photos prises par les foyers des aides au changement installés chez eux pour les aider à tenir leurs intentions de réduction de consommation d’eau pendant l’expérimentation. crédit photos: charles, noémie, amir, marie, inès, paul, anna, Jeanne, Naya, Ahmed, Louise, Martin (prénoms modifiés).

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« Les normes sociales (...) traduisent les valeurs et les idéaux dominants de la société ou du groupe auquel appartient l’individu. Et le non-respect des normes est souvent un sujet de stigmatisation. »

En se concentrant sur les pratiques sociales, plutôt que sur la consommation des ressources et l’efficacité, il devient possible de s’intéresser aux évolutions de la consommation ordinaire, des at tentes et des normes sociales. Les pratiques évoluent car elles ne sont jamais accomplies exactement de la même manière, mais aussi parce que leurs ingrédients peuvent chang er. La transformation des pratiques passe en effet par la modification ou la substitution de leurs ingrédients plutôt que via des signaux-prix ou des informations uniquement (ces derniers éléments pouvant servir de déclencheurs au questionnement des pratiques ordinaires).

Ainsi, les usages de l’eau compor tent les ingrédients suivants : - Infrastructures d’adduction et d’évacuation; - Robinets et bassins (ou récupéra teurs d’eau); - Normes sociales d’hygiène et de propreté (des corps, des vêtements, etc.);

- Représentations de soi; - Valeur accordée à l’eau, potable ou usagée; - Confiance envers la qualité de l’eau.

L’hétérogénéité de ces ingrédients requiert une approche interdisci plinaire afin que diverses spécialités puissent apporter leurs connais sances respectives sur ce qui con stitue les pratiques.

Ainsi, les designers considèrent les dispositifs matériels comme ayant des capacités d’action, des affor dances. La maîtrise des ménages sur ces dispositifs peut être lim itée selon les situations, mais une intervention via des objets permet de redessiner les pratiques, d’attirer l’attention des usagers sur des éléments autrement moins visibles ou perceptibles.

Le poids des normes sociales est également très important dans les usages de l’eau, et ces normes sont difficilement interrogées puis qu’elles ont comme caractéristique de ne pas être visibles dans le cours ordinaire de la vie quotidienne. D’où l’intérêt d’une approche socio-psy chologique. En effet, les normes sociales disent ce qui est attendu d’un individu, ce qu’il peut ou ne peut pas faire, dans certaines situ ations. Elles traduisent les valeurs et les idéaux dominant de la société ou du groupe auquel appartient l’individu. Et le non-respect des normes est souvent un sujet de stigmatisation.

La consommation d’eau est façonnée par les infrastructures et les institutions : la consommation renvoie à un système de produc tion-distribution que des approch es systémiques et institutionnelles permettent de mettre en évidence. Les systèmes hydriques reproduis ent les représentations de ce qu’est un mode de vie normal : les notions de besoin et de confort ne sont pas interrogées. Il s’agit alors de pouvoir se projeter dans d’autres modes de vie, tout aussi plaisants mais plus sobres en ressources. Enfin, les politiques modifient et modulent, délibérément ou non, la demande d’eau, et il convient dès lors de pou voir procéder à une évaluation des politiques publiques et privées de l’eau.

En résumé, l’approche par les pra tiques permet d’aborder les ménag es à partir de ce qu’ils font, mais aussi d’offrir un cadre d’interprétation commun à diverses disciplines.

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Un SERvICE pUbLIC poUR RédUIRE LA ConSoMMATIon d’EAU, généRATEUR d’éConoMIES poUR LES MénAgES

les ménages engagés dans un processus de délibération entre eux, accèdent à des accessoires de mise en place de pratiques économes, leur participation est dédommagée et leur engagement peut générer des économies sur leurs factures d’eau.

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« Avant la réunion d'information de la mEL, je ne savais pas qu'il y'avait des problèmes d'eau, surtout dans le centre-ville. » Paul, participant

19 - Source : Les Échos (2017). “Peu de Français connaissent le prix de l’eau”. Une majorité de ménages participant à Vasy moll’eau ignoraient leur consommation en mètres cubes d’eau à l’année et à combien s’élèvent leur facture d’eau.

20 - La première motivation des ménages participant à Vasymoll’eau à économiser l’eau est de pouvoir faire des économies sur la facture d’eau (citée par 74 % des ménages partici pants). La volonté de réduire son impact écologique arrive en seconde position (42 % des ménages).

#12 Un SERvICE pUbLIC poUR RédUIRE LA ConSoMMATIon d’EAU, généRATEUR d’éConoMIES poUR LES MénAgES

En comparaison à d’autres factures telles que l’électricité ou la télépho nie, peu de ménages connaissent et suivent précisément le montant de leur facture annuelle d’eau19. Cela peut être lié à des difficultés à in dividualiser le montant d’eau dans ses charges collectives, ou bien à un faible intérêt en raison d’un prix de l’eau qui peut être considéré comme relativement bas par rapport à d’au tres charges. Dès lors, pourquoi et comment permettre au plus grand nombre de ménages de réaliser des économies d’eau et d’euros ?

L’expérimentation Vasymoll’eau montre que :

• L’autodiagnostic des consomma tions d’eau permet à de nombreux ménages d’identifier ou bien con firmer l’intérêt personnel qu’ils ont à réaliser des économies d’eau : à la fois sur le plan financier et en vironnemental20.

Le premier atelier Vasymoll’eau détaillant les problématiques d’eau du territoire de la Métropole Eu ropéenne de Lille (MEL) et les con sommations d’eau sur 3 jours des participant·es a permis une prise de

conscience forte de la consommation d’eau réelle et des potentielles économies, de l’ordre de dizaines d’euros par mois, notamment pour les familles les plus nombreuses : « Ça permet d’ouvrir les yeux sur le gaspillage et toutes les économies non faites ». Plutôt que d’inviter les ménages à regarder simplement leur compteur d’eau, l’autodiagnos tic a permis de visualiser et prendre conscience de l’eau consommée, et notamment le poids écrasant de certains postes (douche, chass es d’eau, parfois le lavage du linge) dans leur consommation.

• Changer ses habitudes en termes de consommation d’eau, ce n’est pas rien.

Le simple fait de devoir réfléchir à des actes enracinés, qu’on réalise habituellement, comme tirer systématiquement la chasse d’eau demande un effort important. S’engager dans un processus de transformation en profondeur de ses pratiques demande du temps et de la disponibilité de la part des familles qu’il est possible et normal de dédommager.

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En effet, ces changements de pra tiques et de normes impliquent de se rendre disponible, d’échanger avec d’autres ménages, d’introduire dans son foyer de nouveaux équi pements ou de nouvelles normes.

Les entretiens réalisés avec les familles montrent que le dédom magement est essentiel au moins au démarrage de l’expérimentation. Après la première rencontre, de nombreuses familles voient l’intérêt de continuer l’expérimentation, audelà même du dédommagement21 pour une partie d’entre elles, en rai son des solutions d’économies d’eau et d’argent qu’elle permet.

• Enfin, l’accompagnement aux changements de pratiques est facilité par la mise à disposition gratuite d’équipements d’aide au changement des pratiques peu coûteux et efficaces, avec en prior ité : la réduction du nombre de li tres par douche, et la réduction du nombre de litres par chasse d’eau (soit les deux premiers postes de

consommation d’eau des ménages).

La mise à disposition gratuite d’équi pements est à la fois une source de motivation pour les ménages et une source directe d’économies fi nancières annuelles.

L’interaction avec l’accompagne ment Vasymoll’eau en présentiel (ateliers) et en distanciel (mes sagerie, réunions en visio, appel téléphonique) est également es sentielle pour faciliter pour le plus grand nombre la bonne mise en place et l’utilisation à domicile de ces équipements.

L’expérimentation Vasymoll’eau a ainsi testé en conditions réelles 3 outils clefs pour imaginer un « ser vice public pour réduire sa consom mation d’eau, générateur d’écono mies pour les ménages » :

1) aider à la prise de conscience de sa consommation et ses potentielles réductions via un autodiagnostic discuté collectivement,

21 - Le dédommage ment s’élève en moyenne à 20 euros pour un atelier de 2 heures.

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« Le broc m’a permis de faire de grosses économies. Tous les jours c’était minimum 5 litres de récupérés, ça fait 150 litres économisés par mois ! » Charles, participant

les participants partagent ce qu'ils ont trouvé de plus intéressant dans l'ensemble du processus vasymoll'eau. crédit photos : strategic design scenarios

2) dédommager le temps passé par les familles pour leur participation et leur engagement à réduire leur consommation et

3) mettre à disposition et accom pagner gratuitement la mise en place d’équipements d’aide au changement des pratiques à domicile.

Dans la perspective d’un déploie ment à plus grande échelle de l’ex périmentation, l’enjeu du suivi à moyen-long terme des réductions d’eau générées sera central pour continuer de suivre, pour évaluer l’efficacité de la démarche et con tinuer à l'améliorer.

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« Avec les discussions whatsapp, c’était important de prendre conscience que tout le monde ne consommait pas pareil ! » marie, participante
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EffoRT

dE LILLE

un engagement dans une démarche territoriale collective et innovante où foyers, pouvoirs publics et délégataire sont partenaires (effort de changement, investissement financier, accompagnement au changement, etc.)

121 Un
MULTI-pARTEnARIAL poUR RELEvER LE défI hydRIqUE dAnS LA MéTRopoLE EURopéEnnE

« Au début, je pensais que j'allais être tout seul dans cette situation [de ne pas avoir accès facilement à mon compteur d'eau pour estimer ma consommation], mais j'ai réalisé que pas du tout en fait ! » Diego, participant

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#13 Un EffoRT MULTI-pARTEnARIAL poUR

RELEvER LE défI hydRIqUE dAnS LA MéTRopoLE EURopéEnnE dE LILLE

Le contexte dans lequel s’inscrit le projet Vasymoll’eau est celui d’un appauvrissement des ressources en eau disponibles, accéléré par les sécheresses provoquées par le dérèglement climatique. Face à une situation de moins en moins soutenable pour les habitant.e.s de la métropole (précarité hydrique, inégalités d’accès à la ressource, etc.), la transformation progres sive des pratiques de consomma tion d’eau doit commencer dès à présent pour éviter d’arriver à une situation ingérable (ruptures d’ap provisionnement, dégradation de la qualité, etc.) d’ici à 10 ans.

La question de la gestion d’une ressource commune comme l’eau potable présente un réel défi pour la collectivité, car à l’échelle des habitants, sa représentation est brouillée : d’une part par l’invisibili sation opérée par l’enterrement des systèmes d’approvisionnement et d’évacuation de l’eau, et d’autre part par la confusion avec l’eau visible, non potable, comme l’eau de pluie, ou d’ornement.

Comment alors éviter ce qu’on ap pelle une « tragédie des communs »,

une situation où la myopie des us agers dans leur utilisation de la res source partagée finirait par l’épuiser au détriment de tous ? En prenant appui sur le projet Vasymoll’eau, trois pistes ont été explorées avec la Métropole Européenne de Lille (MEL).

La première a consisté en une rétrospective éclairée, sous forme d’au todiagnostic, pour tenter de dress er un état des lieux des stratégies et modes d’action déployés jusqu’al ors pour favoriser une convergence des pratiques individuelles vers une économie commune de la ressource hydrique. La seconde avait pour am bition d’aborder plus directement la problématique de la gestion commune, de la coordination des usagers, et de l’action collective. La troisième avait pour ambition de s’appuyer sur les deux premières pour interroger le rôle de la collectivité dans la mobilisation des parties prenantes déterminantes pour opérer les changements qui permettraient de développer les conditions propices au changement important et durable de pratiques.

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atelier de diagnostic et d'analyse de toutes les actions de soutien à la réduction de la consommation d'eau qui existent déjà sur le territoire de la Métropole européenne de Lille (MEL) avec les agents de la MEL, ILEO et l'équipe projet. crédit photo : strategic design scenarios

Dans un premier temps, un autodiagnostic des actions en cours visant à réduire la consomma tion d’eau des ménages a donc été mené. L’objectif de cet atelier avec les agents de la MEL en charge des politiques liées à la consommation d’eau était double. D’une part dével opper une culture partagée autour de l’approche centrée usagers et en particulier de ce que les sciences cognitives et sociales, sont sus ceptibles d’apporter aux politiques publiques environnementales, et notamment sur la problématique de l’eau. D’autre part d’adopter une vision d’ensemble de ce qui as été initié par la MEL ces dernières années dans l’optique de faire évoluer et protéger la ressource en eau dans les foyers, et d’en dresser collec tivement un bilan pour tenter de développer de nouveaux dispositifs, complémentaires, dans une posture à la fois réflexive et constructive.

Afin de faciliter l’autodiagnostic des actions menées par la MEL pour ten ter de réduire les consommations d’eau des ménages un référentiel a été développé à partir des apports de connaissances en sciences com portementales. L’objectif était par le

biais de cet outil de tenter de car actériser les forces et faiblesses, au regard du changement de comportement des foyers, des dispositifs mis en place jusqu’à présent.

A l’issue de cet état des lieux délibératif le constat était clair : la plupart des actions engagées sont en effet des actions d’information et de sensibilisation des usagers, dans une perspective engageante pour un certain nombre d’entre elles, mais qui en elles-même ne suffisent pas à faire changer les consommations. L’emphase doit donc être mise sur l’accompagne ment au changement des ménages. Une perspective dans laquelle s’in scrit pleinement l’approche Vasy moll’eau, qui couvre l’ensemble des catégories d’action du référentiel.

Les échanges autour de ce travail d’autodiagnostic ont ainsi permis d’aborder la question du rôle joué par la collectivité dans l’accompagnement au changement de pratique, et des stratégies à explorer pour y parvenir.

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« J’ai réalisé ce week-end la que les gens ils veulent apprendre, ils veulent être en capacité de pouvoir répondre à leurs enfants, à leurs neveux etc, sur les sujets importants, et y prendre part. Aussi pour en parler aux voisins, leur expliquer, à ceux qui n’ont pas le temps, qui ne parlent pas suffisamment français, etc. On a eu durant ce week-end de la reconnaissance, et on a été écouté par les décideurs (...) j’étais fier, on n’avait pas fait tout ça pour rien, on n’avait pas perdu notre temps. On veut se faire entendre. » Sonia, participante

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Affiche co-créée avec les ménages participant à l'expérimentation vasymoll'eau lors d'une séance de simulation d'un conseil de l'eau. crédit photo : strategic design scenarios

« pour les conseils de quartier, est-ce que la présence devrait être obligatoire pour tout le monde pour forcer les gens à s’impliquer ? Je n’y vais au conseil de quartier que quand c’est ma rue qui est concernée, et que j’ai quelque chose à dire, mais on reçoit systématiquement les comptes rendus dans notre boîte mail (...) la mel pourrait aller dans les conseils de quartier, passer par eux pour diffuser des informations. »

William, participant

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Afin d’amorcer le second axe de ré flexion, un atelier de discussion aut our d’une simulation d’un conseil citoyen de l’eau a été mis en place. L’objectif était de se concentrer sur les changements à opérer en dehors des foyers. Soit sur ce qu’il serait nécessaire de mettre en place pour soutenir ou faciliter le changement et accroître la marge de manœu vre des ménages, soit sur ce qui ne concerne pas la consommation des ménages à proprement parler. Les foyers engagés dans Vasymoll’eau étaient cette fois invités à endoss er non plus (uniquement) le rôle d’usager mais celui de citoyen.ne pour réfléchir aux modes d’action collectifs qui pourraient permettre de provoquer des changements à plus grande échelle. Les échanges ont été organisés autour d’un pre mier temps d’inspiration et de dis cussion libre, puis d’un second de co-construction d’un scénario de gouvernance partagée de l’eau et un de mode d’action collective.

Est ressorti de ces temps de discus sion collective, une volonté forte de faire entendre sa voix, que ce soit pour partager des expérienc

es de contraintes subies, pointant la responsabilité d’autres acteurs comme les bailleurs (sur la (non) gestion de la vétusté des équipe ments et des fuites notamment), ou encore les pouvoirs publics sur le prix de l’eau, ou des exemples de structures de gouvernance citoyenne (à l’échelle du quartier en particulier), ou d’acteurs locaux à mobiliser pour accroître la capacité d’action collective des ménages.

Les échanges ont malgré tout révélé une difficulté à dépasser l’échelle de réflexion individuelle, pour penser l’action d’un point de vue collectif et à identifier les leviers d’action mobilisables au sein de la collectivité. Cette difficulté à s’empar er de nouveaux modes ou espaces d’action renvoie au phénomène bien connu « d’impuissance acquise », provoquée par une expérience répétée d’absence de contrôle sur des possibilités de changement qui tend à ne pas considérer des options pourtant réellement actionnables.

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atelier de diagnostic et d'analyse de toutes les actions de soutien à la réduction de la consommation d'eau qui existent déjà sur le territoire de la Métropole européenne de Lille (MEL) avec les agents de la MEL, ILEO et l'équipe projet. crédit photo : strategic design scenarios

Il ressort pourtant des échanges une volonté très nette de prendre part aux décisions de la collectivité sur les problématiques liées à l’eau, puisque le problème touche en pre mier lieu les habitants et qu’il s’ac centue dangereusement.

Ces deux axes de travail complé mentaires à l’expérimentation Vasy moll’eau ont permis de dessiner le contour d’un nouveau rôle pour la collectivité : la nécessité d’adopter une posture d’accompagnateur et de facilitateur du changement en collaboration avec les habitant.e.s. Pour ce faire, la fabrique des poli tiques publiques doit être pensée à partir des usagers, en prenant comme point d’entrée de la réflex ion l’accompagnement au change ment.

L’enjeu est de se donner les moy ens de développer des politiques publiques axées sur le passage à l’action, en réduisant les frictions dans l’environnement, et accom pagner le changement de pratique dans la durée. Plusieurs pistes ont émergé au cours de différents at eliers avec les agents de la MEL et

les foyers mobilisés. D’abord le rôle d’appui et de coordinateur entre les parties prenantes doit être dévelop pé, ensuite celui d’orchestrateur de nouveaux modes d’action.

Concernant le rôle de comman ditaire, deux idées ont vu le jour du rant ces sessions de discussion. La première consiste à imaginer des partenariats stratégiques avec des acteurs privés, et ce de manière proactive et dirigée, pour dévelop per des dispositifs techniques plus adaptés et répondant à un besoin réel de soutien au changement. La seconde consiste en l’inscription dans les cahiers des charges des marchés publics d’une dimension d’offre de service centrée sur l’ac compagnement au changement, afin que les délégataires de service public en charge de la gestion de l’eau puissent orienter leur modèle autour de la réduction de la con sommation d’eau, et ne soient plus incités à l’inverse.

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« on devrait être mis au courant des risques qu’on court avec des nappes phréatiques qui baissent. c’est un changement de culture à ancrer progressivement, sinon ça nous arrivera et ce sera trop tard ! J’ai l’impression qu’on nous a caché tout ça, qu’on allait aller dans le mur... » Layla, participante

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Une économie de plusieurs millions de m3 d’eau sur 10 ans, un coût estimé du m3 d’eau économisé inférieur au prix du m3 sur le même temps.

135 RELEvER LE défI -0,5% d'EAU pAR An SUR LE TERRIToIRE dE LA MEL pEUT êTRE ATTEInT ET MêME REnTAbLE

#14 RELEvER LE défI -0,5% d'EAU pAR An SUR LE TERRIToIRE dE LA MEL pEUT êTRE

ATTEInT ET MêME REnTAbLE

Comment avoir une idée du coût d’une expérimentation telle que Vasymoll’eau, et surtout, dans quelle mesure s’agit-il effectivement d’un coût pour la société en général ?

La Métropole Européenne de Lille (MEL) fait face à un véritable défi : économiser 0,5% de consommation d’eau chaque année pour laisser la place à l’accroissement de sa pop ulation et de ses activités, et ainsi rester à consommation constante. D’où l’idée : combien ça coûterait, Vasymoll’eau, pour réaliser cette économie ? Est-ce que c’est tout bonnement de l’ordre du faisable ? Comme dans toute démarche de quantification, ce qui compte dans ce type de calcul c’est tout autant les hypothèses que le résultat :

• D’abord, nous nous plaçons dans une période de 10 ans, qui est la période de la Délégation de Service Public (DSP) et de la stratégie sur l’eau de la métropole. C’est 2,5 mil lions de m3 qu’il faut économiser sur cette période.

• L’expérimentation a fourni un

gain moyen par ménage (estimé entre 40 et 50 m3 l’année de partic ipation pour une famille), mais ce gain correspond à des familles motivées, entourées par toute l’équipe de Vasymoll’eau. Est-il représentatif ? En même temps, le projet mon tre d’une part que des gains très im portants peuvent être obtenus avec certaines familles, mais que des gains peuvent aussi être obtenus avec des personnes déjà économes : c’est prometteur.

• Dans tous les cas, il est peu probable que ce gain se maintienne dans le temps, il faut donc estimer une érosion annuelle. Parce que Vasymoll’eau vise à s’inscrire dans les pratiques, nous proposons un taux d’érosion de 5% par an, qui est un taux hypothétique mais qui fixe dans les esprits que les gains ne se maintiennent pas s’ils ne sont pas renouvelés.

• Cela signifie qu’une famille qui aurait réduit sa consommation de 40m3 ne réduirait plus ses usages que de 38m3 la 2e année… et 25m3 la dernière.

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• Cela donne enfin des indications en termes de déploiement : il est intéressant d’essayer les premières années de cibler des familles avec un gros potentiel de gain (puis qu’elles existent !), mais on peut imaginer que les gains seront plus marginaux ensuite.

Un premier résultat est qu’avec ces hypothèses, il est possible de dire que Vasymoll’eau peut répondre à l’objectif de réduction des usages à partir de 135 ménages par an pen dant 10 ans économisant 40 m3 la première année, ou bien un peu plus de 200 ménages par an économis ant chacun 25m3… soit un chiffre atteignable à l’échelle de la MEL et ses 1,1M d’habitants.

Il faut ensuite estimer le coût d’un déploiement. Dans un projet ex périmental, toute une équipe plu ridisciplinaire s’agite autour des participants… Il n’est plus question d’avoir un dispositif pareil en situa tion réelle.

En même temps, il reste des cho ses à expérimenter (en particulier

des objets du quotidien à adapter), il faudra évaluer les gains en situation réelle… Comment procéder ? À ce stade il faut décomposer le coût de l’expérimentation en différentes parties : le recrutement des foyers, le coût de l’accompagnement (avec des accompagnateurs/rices qu’il faudra recruter, former, etc.), le dédommagement des partici pant·es, les coûts d’équipement, et enfin les coûts d’expérimentation/ évaluation, en particulier les trois premières années.

Au total, sur une expérimentation de 3 ans et pour 1000 ménages, le coût par ménage est estimé à 450€. Élevé ? On peut aussi réfléchir au prix du m3 économisé. Nous l’estimons entre 1,55€ et 3,11€ sur 3 ans et 0,32€ et 0,81€ sur 10 ans (four chette de gain entre 25 et 50m3 la 1re année). Soit bien moins que le prix public dans tous les cas, et probablement moins que le coût de production dans les meilleurs scénarios.

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temps

'EAU

schéma de synthèse de la logique vasymoll’eau sur l’axe vertical de la réduction des consommation au cours du temps : « l’éco-rénovation des logement » pour réduite les dysfonctionnements et fuites, l’engagement à « changer les pratiques et les normes sociales » qui comme toutes les bonnes résolutions subissent une forte érosion, « l’ancrage des pratiques dans les équipement quotidiens » pour limiter cet effet d’érosion dans le temps, et enfin l’ajout de « dispositifs économiseurs » d’eau qui alors sont moins sujets aux effets rebonds. crédit : strategic design scenarios

139 pRInCIpE d'ACTIon pRopoSé pAR vASyMoLL
140 STRATEgIC dESIgn SCEnARIoS LAbo dE TRAnSfoRMATIonS pUbLIqUES ET SoCIALES dESIgn RIvES noRd dESIgn dES poLITIqUES pUbLIqUES CoMMAndITAIRES MéTRopoLE EURopéEnnE dE LILLE dIRECTIon EAU ET ASSAInISSEMEMéTRopoLE EURopéEnnE dE LILLE LAboRAToIRE dE dESIgn dES poLITIqUES pUbLIqUES éqUIpE
141 LILLE ISSEMEnT pRoJET évALUATIon SCIEnCES SoCIALES qUAdRAnT ConSEIL évALUATIon dES poLITIqUES pUbLIqUES ACTE LAb SCIEnCES CognITIvES IgEAT , UnIvERSITé SoCIoLogIE MEL, pILoTAgE ET ConTRÔLE dES opéRATEURS MEL, dIRECTIon R&d, SCIEnCES CoMpoRTEMEnTALES MEL, UnITé fonCTIonnELLE AnIMATIon pédAgogIqUE AgEnCE dE L’EAU ARToIS-pICARdIE CdE2 - ACCéLéRATEUR dE L’éCo-TRAnSITIon MRES - MAISon dE L’EnvIRonnEMEnT ET dES SoLIdARITéS ILéo véoLIA CoMITé dE SUIvI dE pRoJET

Thomas DELAHAiS

qUAdRAnT ConSEIL évALUATIon dES poLITIqUES pUbLIqUES

Urbaniste de formation, Thomas Delahais est depuis 15 ans évalua teur de politiques publiques, d’abord au sein du cabinet Euréval, avant de co-fonder en 2013 la SCOP Quadrant Conseil (www.quadrant.coop). à ce titre, il évalue des actions, politiques, programmes, initiatives, expérimen taux ou non, à l’échelle locale, na tionale, européenne ou internation ale. Dans ses travaux d’évaluation ou de recherche, Thomas vise en par ticulier deux exigences : Comment impliquer autant que possible dans l’évaluation ceux qui sont directe ment concernés, soit parce qu’ils sont visés par l’action publique (éval uation participative), soit parce qu’ils la mettent en œuvre au plus près du terrain (évaluation émancipatrice) ? Et comment rendre compte des ef fets de l’action publique, dans des contextes toujours plus complexes ? C’est ce qui l’a amené à s’intéresser en particulier à l’évaluation des nou velles formes d’innovation publique, avec l’évaluation de la Transforma tion écologique et sociale régionale en Nord-Pas-de-Calais (2013), et en particulier à l’évaluation des pra tiques de design, en partenariat avec Strategic Design Scenarios.

Thibaud GRiESSinGER

ACTE LAb SCIEnCES CognITIvES

Docteur en sciences cognitives, chercheur indépendant, co-fon dateur d’ACTE lab (www.acte-lab. com), un collectif de chercheur.e.s en sciences cognitives et social es qui s'est donné pour mission de mettre ces connaissances au service de la transformation écologique des modes de vie, des organisations et des territoires.

Sous la formule "comprendre pour mieux agir, et agir pour mieux com prendre", le collectif entend con tribuer à la transition écologique et sociale des territoires en accom pagnant les acteurs de la transition et en produisant des réflexions pour ouvrir des perspectives nouvelles.

Dans le cadre de leurs activités de consultants, les chercheur.se.s im pliqués dans le collectif mènent des projets de recherche-action et ac compagnent des acteurs de la tran sition (principalement collectivités et services de l’état) avec comme ambition de mettre la recherche acédémique sur le comportement humain, à l’échelle de l’individu mais aussi du collectif, à contribu tion pour permettre une meilleure compréhension des freins cognitifs et sociaux qui se posent à la trans formation des pratiques comme des

AUTEUR.

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organisations. L’ambition à plus long terme est de contribuer à mieux caractériser ce facteur humain, et de permettre de comprendre ce qu’il est nécessaire de faire évoluer pour faciliter les changements à dif férentes échelles d’organisation de la société, et ainsi éviter les injonc tions contradictoires.

François JÉGOU STRATEgIC dESIgn SCEnARIoS LAbo dE TRAnSfoRMATIonS pUbLIqUES ET SoCIALES

Designer Industriel de formation, François Jégou est fondateur de l’agence de recherche sur les modes de vie durables Strategic Design Sce narios basée à Bruxelles. François a 25 ans d’expériences de recherche, d’intervention en tant que con sultant pour des entreprises et des pouvoirs publics et de formation sur les questions de modes de vie durables, innovation sociale, dével oppement de systèmes complexes products-services-policies, la con struction participative de scenari os prospectifs. Il intervient sur les processus de transitions écologique locaux au travers différents projets de développement, de prospec tive et d’évaluation des Agenda 21 en France et en Belgique ainsi que comme partenaire de multiples pro jets de recherche européens H2020

sur l’innovation sociale, la transi tion vers le développement durable des territoires, le futur de l’innova tion ou la construction de proces sus délibératifs, etc. Francois Jégou coordonne des réseaux de villes européennes URBACT (Sustainable Food in Urban Communities ; Social Innovation in cities, REFILL Usage temporaire des espaces vacants ; BIOCANTEENS). François intervient aussi dans des projets locaux et fait par exemple partie de l’équipe de la Transfo à la Métropole Européenne de Lille.

François est professeur de design à La Cambre, Bruxelles, Design man ager du Laboratoire des Usages et Pratiques Innovantes de la Cité du Design de Saint-Etienne et co-fon dateur du réseau international DE SIS d'écoles de Design pour l'Inno vation Sociale et le Développement Durable. Il est également enseignant à Sciences Po Lille et formateur à l’Institut National des Études Terri toriales à Strasbourg où il enseigne le Design des politiques publiques.

Selam mebrahtu KiDAnEmARiAm

STRATEgIC dESIgn SCEnARIoS LAbo dE TRAnSfoRMATIonS pUbLIqUES ET SoCIALES

Designer de formation, Selam est chargée de projet chez Strategic

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AUTEUR. TRICE.S

Design Scenarios. Elle s’est spécial isée dans le design pour l’innovation sociale à l’Université de Nîmes, puis dans l’entrepreneuriat social et de la gestion stratégique à travers des formations en ligne de l’Université Bocconi de Milan, de l’ESSEC Par is et de la Copenhagen Business School. Selam a travaillé pour ACPF, un institut panafricain de recherche et de dialogue sur les politiques pour les enfants en Afrique. En tant que chargée de projet InfoHub, elle a pu contribuer à améliorer la connais sance des droits de l’enfant avec la conviction de faire des enfants une priorité dans les politiques pub liques, faire respecter leurs droits et d’assurer leur bien-être. Chez SDS, Selam coordonne le projet H2020 ECO2 qui vise à aider les citoyen.ne.s à prendre conscience de leur con sommation d’énergie et à améliorer leur efficacité énergétique à travers une plateforme d’apprentissage en ligne. Selam se passionne pour l’in novation sociale, la co-création de scénarios prospectifs et la concep tion de services centrés sur l’utilisa teur. Dans sa dernière publication, Participatory Design and Gamifi cation (2017, Université de Nîmes), elle explore comment les disposi tifs à caractère ludique peuvent stimuler les processus de design co-produits avec les utilisateurs.

Dométhilde mAJEK RIvES noRd dESIgn dES poLITIqUES pUbLIqUES

Diplômée de l’École Supérieure d’Art et de Design de Valenciennes en 2014, Dométhilde Majek a dans un premier temps travaillé dans l’as sociation Design for Change afin d’accompagner des étudiants en de sign à réaliser leur projet au sein de la métropole Lilloise. Elle a ensuite été chargée de projets design pour les collectivités au sein de l’associ ation Lille—design jusqu’en 2016. Dométhilde Majek s’attache aujo

urd’hui à aider les acteurs privés et publics de la métropole Lilloise à recentrer leur méthode autour de l’usager en apportant expertise et méthode de travail collaboratif : de la prospection à la mise en oeuvre, l’ensemble des parties prenantes d’un projet est associé au dévelop pement de produits et de services en adéquation avec les besoins des usagers. Cet objectif passe par une enquête du territoire en lien avec les différents acteurs du dit projet. Temps d’échanges et de rencon tres avec les usagers potentiels, observation et concertation appor tent une indéniable valeur ajoutée. Une fois l’enquête réalisée, il s’agit de synthétiser, identifier la ou les problématiques et de définir les enjeux du projet. Sur cette base, le dialogue reprend : c’est le temps des propositions et de l’écriture du cahier des charges qui devront d’emblée assurer la nécessaire et ac tive implication des futurs usagers dans la conception des produits et des services qui leur sont destinés. La transmission tient une place es sentielle dans sa pratique de design er. Dométhilde Majek enseigne le process design auprès d’enfants et d’adultes dans divers lieux culturels et éducatifs (écoles du territoire, Fab Lab de la Condition Publique, etc) de la Métropole Lilloise.

marc TEVini

qUAdRAnT ConSEIL évALUATIon dES poLITIqUES pUbLIqUES

Marc Tevini est consultant et asso cié à la SCOP Quadrant Conseil. Il participe à des missions d’évalua tion de politiques publiques auprès des administrations françaises et européennes. Il s’intéresse notam ment à l’évaluation des politiques de transition (énergie, transport, agri culture) et aux démarches de con certation citoyenne. Il est diplômé

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depuis 2017 du Master Erasmus Mundus « Développement durable des territoires » et a fondé en 2018 le groupe thématique des jeunes éval uateurs·ices émergent·es (JEEunes) au sein de la Société Française de l’Évaluation.

Sociologie et philosophie, chercheur à l’IGEAT, Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire, ULB, Université Libre de Bruxelles.

Chercheur à l’Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire (IGEAT-ULB) depuis 2002, Grégoire a construit ses re cherches en croisant les questions qui portent sur l’environnement, la technologie et la vie quotidienne. Il a coordonné et participé à de nom breux projets de recherche interdis ciplinaire relatifs à la consomma tion domestique d’énergie. Il étudie notamment comment les pratiques sociales évoluent avec les dispositifs techniques, et cherche des manières d’intégrer les usages et les usagers (ou consommateurs) dans les anal yses des modes de production et de consommation, et notamment dans les « smart grids » et au sein des « communautés d’énergie ».

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strategicdesign scenarios.net

atelier de lancement avec les ménages participant à l'expérimentation vasymoll'eau. crédit photo : strategic design scenarios

Un travail de co-design de la transformation des pratiques d'usage de l'eau à l'échelle du territoire : une preuve de concept dans la métropole lilloise.

Le grand chantier de la transition se heurte toujours à la transformation de nos pratiques de consommation : comment remettre en cause des décennies d'addiction au confort ? Comment rendre palpables des modes de vie plus frugaux ? Com ment engager la transition dans un jeu collectif à somme nulle ? Etc.

Profitez de cette lecture pour découvrir une transformation des pratiques d'usage de l'eau à l'échelle du territoire au-delà des approch es ponctuelles et la co-construc tion d’une politique de l'eau avec un panel de 29 foyers.

strategi c design scenario s publishing

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