SOMA #9

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NumĂŠro Neuf / Ice

ice baby




Ici : Mikey Mahut se cache dans la forêt pour échapper

à Passi ! Un Rock to fakie hivernal et surtout très, très glissant (le rocher était givré) capturé par the one and only (heureusement) Nohan Ferreira AKA « Mister Peucré » !

février

&

Dir. de la publication

Fred Demard Rédaction

David Turakiewicz tura@somaskate.com Fred Demard fred@somaskate.com Graphistes/Illust.

David Lanaspa (Da) Publicité

David Turakiewicz tura@somaskate.com Rédacteurs

Scott Bourne Sylvain Tognelli Eric Antoine Pierre Prospéro

mars

2009

Photographes

Pierre Dutilleux Vincent Coupeau Bertrand Trichet Loïc Benoît Alexandre Pires Nicolas Huynh Alex Irvine David Manaud Nohan Ferreira Hendrik Herzman Eric Antoine Jonathan Peters Nicolas Schneider Scott Bourne Cédric Crouzy Guillaume Anselin Ian Reid Marc Gérard Davy Van Laere

Soma est édité par Les éditions du garage SARL au capital de 8000 euros SIRET : 499687200 ISSN : 1959-2450 Contact info@somaskate.com Impression Tuerlinckx, Belgique.

Ce magazine est imprimé sur papier recyclé. Toute reproduction partielle ou intégrale en dehors du mariage est interdite et condamnée par le pape. Hallelujah !

WWW.SOMASKATE.COM 14 LE JEUNE

32 Blueprint sous le soleil...

16 LE VIEUX

40 MAX FRION...

20 ABC

44 ARTHUR DERRIEN...

22 ORGY PORGY

48 REMY TAVEIRA

24 SHUT UP AND SKATE

52 MICKEY MAHUT

Samy Idri, qui est né le jour de l’anniversaire de Tura ! 28 ans qu’il tient debout sur une skate ! Le retour de la rublrique qui ne sert à rien. La première fille à poil dans le mag ! Les simples en courbe ! 5

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... de Barcelone. Peu original mais efficace. ... préfèrait Sugar que Freestyler !

... en a marre qu’on lui parle de son père pilote ! Le jeune élevé par Le Vieux de ce mois-ci. Le droit de réponse (or die).


58 UNE TOURNEE DC EN EUROPE Mais où est Danny Way ?

66 SHUT UP AND SKATE Les séquences en plan-incliné !

76 TRAFFIC

Une humeur d’Eric Antoine.

80 HOME SWEET HOME Ce sont les voisins qui vont être contents.

82 LE MATOS

La rubriuqe obligatoire.

86 LE VRAC

Des chiffres et des lettres.

#9

Couv' : Quand Davy Van Laere a gagné ce gros concours de photo de Skateboard à Amsterdam il y a quelques années, les autres photographes participants avaient plus ou moins crié au scandale. Davy à l’époque n’avait que peu d’années de photographie derrière lui, il était un ex-semi pro de skateboard (il a longtemps skaté pour Deathbox en Belgique) qui s’essayait à la photo et les vieux pros de la photo de skate avaient eu du mal à accepter de se faire botter le cul par « un bleu » (et il y avait beaucoup d’argent à gagner dans ce concours…). Aujourd’hui, Davy est sans conteste l’un des meilleurs photographes de skate en Europe et il se paye sa troisième couv’ d’affilée avec cette incroyable photo d’un des plus prometteurs skateboarders européens du moment. Phil Zwijsen, BS nose grind par grand froid, en attendant son interview dans le prochain numéro ! - FD

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skate.vans.com - Š2008 Vans, Inc. - photo: mike burnett


gsm europe: +33 (0)5 58 700 700 - V7 distribution: +33(0)1 56 739 777

PHIL ZWIJSEN I SKATEBOARDER Photo by Davy Van Laere elementskateboards.com powertotheplanet.tv



INTRO

Texte et collage fredd

Salut les amis, quel bonheur, quelle joie de vous retrouver. Soyez les bienvenus dans ce numéro neuf. Mais ne restez pas comme ça, rentrez donc, laissez vous envahir par nos vibrations positives. Soma est grand, Soma est amour, mais Soma a quand même méchamment galéré à trouver un bon sujet d’édito ce mois-ci. Au bout de seulement neuf numéros, c’est presque flippant, si on a déjà plus rien à dire, ça promet… Heureusement, l’actualité brûlante de ce début d’année nous a sauvé au dernier moment, grâce à cette merveilleuse guerre opposant les cinglés du Hamas aux tarés d’Israël, on a eu l’idée géniale de se moquer de nos guéguerres à nous, celles du skate, un peu moins destructrices peut-être, mais tout aussi débiles bien sûr. Permettez-nous donc, chers amis, de jouer les donneurs de leçons, étant nousmêmes irréprochables comme chacun le sait, et donc attribuer un carton rouge (comme sur M6) à ces gens vivants côte à côte, skatant côte à côte, mais qui pour d’obscures et absurdes raisons ne se parlent pas, ou alors simplement par blogs interposés, et qui donc se détestent. Comme Le Dôme et Bastille à une époque, comme une moitié de Lyon contre l’autre moitié de Lyon (ça, c’est de toute époque), comme tous les mags versus Thrasher France (bon eux, ils cherchent), comme Nicolas Levet contre le reste du monde (lui aussi), etc, etc. Bref, à vous tous messieurs, béh… En fait non, continuez comme ça, continuons comme ça, parce qu’on s’ennuierait si les gens se mettaient à communiquer, à se comprendre, à s’aimer… Allez, restons nous-même et continuons de nous détester dans la joie et la bonne humeur.

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LE JEUNE SAMY IDRI

Date de naissance 12 juillet 1990 (jour où la France a gagné la coupe du monde au sport de type collectif…) Lieu de naissance Ales (30) Lieu de résidence actuel Anduze (30) Skateur de référence Andy Roy haha ! Non, Julien Stranger Années de Skate Depuis le 25 décembre 1980 Vidéos de référence Krooked « Naughty » ou la vidéo de Pontus. Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ? A San Fransisco, cette ville a l’air magique, ou quelque part en Oregon Première board Je me rappelle avoir fait 20 bornes en stop pour acheter la board que j’avais vu sur un prospectus trouvé par terre, sinon la première vraie board, c’est Choup qui m’a donné sa Trauma 13

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© C. crouzy

Five-o en repartant entre les deux tubes ! © cédric «patatos» crouzy


THE VEGA ERIK ELLINGTON PRO MODEL CHAD MUSKA / ERIK ELLINGTON / JIM GRECO / TERRY KENNEDY / TOM PENNY / ANTWUAN DIXON / FURBY ERIK ELLINGTON SWITCH FRONTSIDE FLIP

SU PRAFOOTWEAR.COM


LE VIEUX

MATHIAS THOMER

Date de naissance 10 Avril 1973 Lieu de naissance Aubervilliers (93) Lieu de résidence actuel Chelles (77) Skateurs de référence Julien Bachelier, Stéphane Desjardins, Remy Taveira, Stéphane Larance, Etienne Pinon, Sam Partaix, John Reeves, John Cardiel, Dennis Busenitz, MFdoudou, Olive. Années de Skate Depuis le 25 décembre 1980 Vidéos de référence Full Power Trip, Estern Exposure, Art Bars, Cash Money Vagrant, Naughty Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ? Bac en poche, je rentre en BTS maintenance industrielle à Créteil... Au bout d’un mois de cours, je comprends que le BTS va être un poil chiant, résultat je me retrouve chaque jour à découvrir les spots et la scène skate de Créteil… Cela a duré deux ans, tous les jours, et à partir de 9h du matin ! Heureusement qu’il y avait des jours de pluie pour reprendre les cours manqués !

© V. Coupeau

Première board Noël 1980, une board en plastique gris avec des roues bleues. J’ai appris mon premier ollie dessus, 6 ans plus tard.

Feeble grind, Paris / © Vincent Coupeau 15

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BecauseBecause deepBecause down deepevery down deep human every downknows human every human knowsknows WhyWhy do Why you do do you think you think think that thethat bestthe thing that best the about thing best usabout thing hairless us about hairless us hairless monkeys monkeys is ourmonkeys will is to ourteam will is our to upteam will and toup do team andup doand do it’s called it’s it’s called called a party? a party? a party? things together. things things together. Gathering together. Gathering a crowd Gathering amight crowd a crowd might might not always not make always not things always makeeasier things makebut things easier it’s aeasier but it’sbut a it’s a water proof waterguarantee proof waterguarantee proof for more guarantee forfun more and forfun more andfun and a betterashow. better aAbetter show. simpleshow. A and simple stimulating A simple and stimulating and stimulating truth, celebrated truth, celebrated truth, here celebrated by here Weactivists byhere Weactivists by Weactivists Ray Barbee, Ray Barbee, Wieger Ray Barbee, Wieger Van Wageningen, Wieger Van Wageningen, Van Wageningen, Tony Manfre, Tony Manfre, Love Tony Eneroth, Manfre, Love Eneroth, Love MarkEneroth, Baines, Mark Baines, Mark Baines, Ben Nordberg, Ben Nordberg, Ben Cooper Nordberg, Cooper Wilt and Cooper Wilt Ricky and Wilt Ricky and Ricky Sandström. Sandström. Sandström. – Go team, – GoGo! team, – Go team, Go! Go!


PJLADD

BLABAC PHOTO.


PJ’s wearing the match s + cross tee dcskateboarding.tv


ABC

LE KFBSNBS (kick flip backside nose blunt slide)

Photos Nicolas Schneider / Texte Tura

Si vous faites partie des 15 000 bienheureux à avoir mis la main sur le premier numéro de ce magazine, peut-être vous souvenez-vous alors d’une rubrique indispensable et incontournable que nous avions lourdement nommée “ABC, l’art et la manière”. Celleci décomposait le ollie en une séquence accompagnée d’un texte moyennement pertinent mais pas dénué d’humour cependant. En toute logique, donc, et à la suite de multiples réclamations quant au maintien du niveau de bon goût de ce magazine, cette rubrique fut rapidement supprimée. Et puis un jour, la séquence que vous avez sous les yeux est tombée dans notre boîte aux lettres. En un instant, le passé a ressurgi et l’évidence nous a sauté à la figure : un an et demi après le ollie, ce KFBSNBS s’inscrivait parfaitement dans la progression actuelle du skate. Il a donc fallu ressortir des cartons le fameux “ABC” que l’âge et la raison nous ont fait amputer du pompeux “l’art et la manière” pour en remplir cette page, en faisant fi des éventuelles nouvelles protestations qui pourraient une nouvelle fois nous parvenir.

Car à la cadence de progression actuelle du skate (celle dont je vous parlais plus haut), le KFBSNBS s’inscrit logiquement juste après le ollie. C’est devenu un trick de base autant qu’il a pu être une référence il y a des siècles de ça. Ah ah ça y est ! Je vous entends protester, vous n’êtes pas d’accord ! Pourtant c’est aussi vrai que les lignes qui suivent, la preuve en est que celui que vous admirez ici-même est réalisé par Jean Feil, frère de quivous-savez, photographe et Ebayeur professionnel, crépu notoire et capable de publier une photos du sosie son employeur en train d’enfiler un véhicule tout-terrain sur leblogdesoma. Alors si même un photographe de skate y parvient, c’est que c’est vous qui avez des lacunes. D’ailleurs chez Soma, tout le monde sait le faire depuis bien longtemps, mais on n’allait pas se mettre dans le mag non-plus, la prétention a ses limites. Un trick de base, qu’on vous dit, si facile qu’il ne nécéssite que ces simples explications pour vous permettre de vous remettre à niveau :

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faites un flip, posez-vous en BS noseblunt slide, glissez, replaquez sur les vis et roulez.

NB : cette page et son contenu ont reçu l’agrégation de la fédé. Toutefois, toute réclamation pourra être adressée à : Soma – prévenez au moins quand vous faites usage de l’ironie, 13 rue de l’Isère, 38 000 Grenoble 19

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COTT BOURNE S E D E U Q I N LA CHnRenO page 90) (Traductio

The places I go ! The trouble I find myself in ! Paris ! It’s a circus and somehow I always seem to find myself in the center ring. One would think that the new experiences would halt at some point but they just don’t. Dennis and I have met for a beer over music at a blues bar in the Paris suburbs. We drink and talk as we often do on Monday nights. Since my dismissal from my apartment I have moved in with my girlfriend. Her flat is located on Rue Sainte Croix de la Bretonnerie. Anyone with any knowledge of Paris knows that this puts one directly in the centre of the Marais, which is of course Paris’ gay neighborhood. Dennis having lived in San Francisco for a number of years laughs as I begin to relay some of the recent events of my new neighborhood. We have a couple of beers then leave the blues bar at a little after 11 and head back into the city. When we rise at Hotel de Ville I begin to tell Dennis of my new local bar. Anyone who knows me and my habits, knows that no matter where I live I have a knack for finding a local drinking spot. Paris’ gay neighborhood is no exception. I must meet the local characters and often I seem to become one myself. Le Feeling bar is almost directly across the street from Caroline’s flat. It’s a piece of lost history. The past brought into the future, retro 1980’s disco computer attire, flashing lights that look as if they were stolen from a skating rink, and a long bar that is placed in no more than a narrow store front. There is a single bathroom with a door that has to be forced closed.

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Dennis shakes his head as I describe the joint, but when he sees it... He cannot resist, “Come on Scott, we gotta go in... no really... I’ll buy you a drink !” Of course I accept and we laughingly enter the bar, take two stools, two Stella’s and begin to exchange old stories of our lives back in San Francisco. In a matter of moments a young man approaches the two of us and introduces himself. He appears to have been with 3 other men and soon we are introduced to the others, one of which is a rather beautiful Latino transvestite. She locks her eyes into mine then holds out her hand in an over played elegant way. I am charmed and she can see that she has captured me. A beautiful brown, her skin appears soft and hairless. Long wavy locks fall around her face arranged in a sexy seductive way. All the other boys roll their eyes as she and I stop for a moment in the stare of introduction. I pause with her hand in mine held high as if I am an old Southern gentleman helping a young lady from a Carriage. I am completely caught of guard by the sensation she has set off in me and only partially brought back to reality by Dennis’ laughter. Still holding my hand, she turns and introduces herself to Dennis but without passion or attention. It is clear that she is out to seduce me and I am strangely flattered by the game she plays. She continues, “You know I am a real woman !” With that she pulls


her blouse down and across her chest to reveal one of the most beautiful breast I have ever seen, a top it, a wonderful little nipple. Dennis, without thinking, says out loud, “Oh my god you have a beautiful nipple !” She smiles at him, turns to me and says, “Would you like to touch it ?” Without thinking, almost as if in a trance, I lift my hand and place it on this fabulous sculpture. It’s warm and soft, a perfect round breast. When I run my finger over her nipple she smiles, makes eyes at me, then gently slips it back into her blouse. “I told you I was a real woman !” She pauses for a few seconds, then says, “Wanna see my pussy ?” Without hesitation I blurt out, “Do you really have a pussy ?” She repeats herself, “I told you I was makes me feel as that away in lips her moves me, at a real woman.” Then throws eyes in a normal ues contin and if I have just been kissed, turns back towards the boys Lady of Our is She Genet. of cloth lady-like manner. She is poetry cut from the piece of ful beauti A Paris. of soul l sensua soft the is the Flowers circa 2008. She ! man architecture, built by human hand, a woman cut from a October 18 2008 Paris S.H. Bourne

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John Rattray Airwalk to fakie Oregon Š Alex Irvine

quelque part en


Julien Mérour Wallie tuck knee over Fabien Zufo, Montpellier © Marc Gérard 27

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Kevin Wenzke Fakie stale fish, Cologne Š Hendrik Herzman

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Adrien Blanc Switch ollie, Lyon Š Nicolas Huynh 29

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Guillaume Dulout Kickflip, Bordeaux Š David Manaud

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Fredrik Gustafsson FS rock’n roll, Barcelone © Bertrand Trichet

Mehdi Salah BS boneless, Valmente © Guillaume Anselin > 31

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Photos par Loïc Benoît Texte par Sylvain Tognelli

L'automne anglais est humide, sombre et mélancolique. C'est une

période favorable pour pleurer, penser à la mort ou tuer quelqu’un, mais

pas vraiment pour aller faire des images de skate. Les ingénieurs de chez Blueprint skateboards ont donc solutionné ce problème en envoyant le team à Barcelone une dizaine de jours, une destination low-cost sûre au niveau des spots et de la météo. Certes, ce n'est pas très original mais c'est la crise, alors on se contente de ce qu'on a, ceci vaut aussi pour ce texte.

Mark Baines, switch crooked grind.

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Soleil low-cost pour Blueprint

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" avant notre départ, le patron en personne est venu nous serrer la main, c'est pour dire... "

LeMoonBar

Même si ce bar était plutôt « high cost » (voir même « upper class ») c'était le seul à moins de 30 mètres de notre appartement, ce qui fut une raison suffisante pour y passer le plus clair de notre temps, c'est à dire tous les soirs. Ajoutez à cela les serveuses les plus ouvertes, des vendeuses d'art quadragénaires et chaleureuses, un groupe de jeunes américaines innocentes, des tournées de triples shots à 19h.... La liste est longue mais vous connaissez la règle : « what happens on tour... ». J'ai passé dans ce bar une des meilleures soirées de ma vie, et avant notre départ, le patron en personne est même venu nous serrer la main, c'est pour dire...

DannyBradv

Danny est très productif en tournée. Dès qu'il essaie plus d'une fois le même trick, on sait déjà qu'il n'arrêtera pas avant de l'avoir rentré parfaitement, et en général cela ne dure pas très longtemps. Le spot du ollie up to lipslide a été « découvert » par Nick et moi lors d'une mission nocturne à la recherche de nouveaux spots. Je nous vois encore devant la barre à nous féliciter réciproquement de cette trouvaille et à imaginer tous les tricks possibles... Le lendemain matin, de retour sur les lieux, on n’arrivait même pas à faire grind. En 15 minutes, Brady décochait une flèche de lipslide de son arc à tricks et transperçait nos cœurs. Bon exemple de division du travail au sein de l'équipe.

MarkBaines

Mark étant le plus âgé et l'instigateur du voyage, il aurait dû se sentir responsable et ne pas saouler la plus jeune des américaines pour la culbuter toute la nuit. Hmmm… Peut-être que je devrais trouver un autre truc à raconter pour Mark ? Surtout qu’on ne peut pas lui reprocher grand chose étant donné qu’il a tout géré du début à la fin, et qu’il a skaté à fond malgré une blessure au pied.

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Danny Brady, ollie up to FS lipslide.

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Nick Jensen, ollie.

NickJensen

Nick n'est pas resté très longtemps avec nous puisqu'il s'est bloqué le dos peu après notre arrivée. Nous avons fait cinq hôpitaux différents avant qu'on ne daigne lui faire une radio, j'essayais donc à chaque fois d'expliquer à l'accueil la situation en mauvais espagnol, devant des hôtesses ébahies par mon histoire. J'ai réalisé plus tard qu' au lieu de dire « mon ami a sauté d'un muret et s'est bloqué le dos » je disais « mon ami est tombé d'une falaise sur le dos ». J'imagine qu'en le voyant marcher les hôtesses devaient penser qu'on se foutait d'elles. Jensen a quand même eu le temps de passer cette barrière super haute en ollie. Même si d'après lui ce type de spot est devenu un cliché et donc à éviter, c'est joli à voir... même si c'est tellement 2006.

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" Celui qui a envie d'un thé doit en faire pour tout le team, et bien le faire [...] une seule erreur de dosage et la journée est foutue."

Morph'

Morph' (le filmeur) a 20 ans et c'est la nouvelle recrue du team. Tous ses repas sans exceptions sont à base de hamburger. Il tolère malgré tout les chips, les Maltesers et les pommes. Si il n'y a pas de fast food dans le coin, Morph ne mangera pas de la journée et filmera sans se plaindre, avec le sourire aux lèvres.

Teason!

Le thé est une tradition chez Blueprint. Celui qui a envie d'un thé doit en faire pour tout le reste du team, et bien le faire, c'est à dire avec un temps d'infusion et des doses de lait et de sucre précises et différentes pour chacun. Etant le premier levé le matin j’occupais une position stratégique : une seule erreur de dosage et la journée est foutue.

y Smithv

Neil Smith a un rôle difficile au sein de l'équipe puisque c’est le seul à se jeter là où le reste de l’équipe va directement s’asseoir. Ainsi, dès que le spot devient assez gros, tout le monde se tourne vers lui et s'exclame : « c'est pour toi Smithy ! », « quel trick Smithy ? » ou juste « Smithy ! ». Ensuite on s’assoit et on attend sagement que le spectacle commence. Mais il n'a aucun problème avec ça je crois, il doit s’y être habitué. Il a aussi réussi à gratter 400 euros à Carhartt pour payer une partie de notre loyer. Bien joué Smithy !

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" l'adresse que vous m'avez laissĂŠ est celle d'une maison close... "

Smithy, 50-50 acid drop.

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Comme prévu ce voyage fût productif, nous avons ajouté quelques secondes au montage final de la prochaine vidéo Blueprint qui devrait sortir cet été, ou jamais, ou sous un autre nom, on verra bien. Selon Baines, le team n'a jamais été aussi soudé et fonctionne maintenant comme une bande d'amis, et c'est vrai qu'on a bien rigolé. Barcelone reste une bonne destination, même si le skateboard y est de moins en moins toléré. Leo Sharp, notre photographe des 4 premiers jours peut en témoigner puisqu'il a passé 2 jours en cellule pour avoir refusé la confiscation des boards par la police... Place maintenant à quelques messages personnels : merci à Erika et Silvia pour leur accueil et leur compréhension ; toutes mes excuses à Sara et Jade, quant à la dame de 49 ans vendeuse d'antiquités, sa copine et le « mari », l'adresse que vous m'avez laissé est celle d'une maison close, alors bon je commence à me poser des questions...

Sylvain Tognelli, nose bonk.

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Photos par Nicolas Huynh (sauf indiquĂŠ) Texte par Tura Titres Da 41

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Wallride to fakie / © David MANAUD

Je ne pense pas qu’il soit nécéssaire de présenter Max, les autres mags l’ont déjà fait pour nous. D’ailleurs, si vous lisez ces quelques lignes, c’est que vous faites partie du peu de gens qui lisent les textes dans ce genre de magazines, donc vous êtes au courant de ce qu’il se passe dans le skate et de qui l’on parle. Ou alors c’est que vous êtes coincé quelque part et que ceci est votre dernière cartouche en matière de distraction. Vous lisez donc Soma pour la première fois et vous vous dites que les types qui écrivent dans ce mag ont du culot pour en étaler des lignes entières pour ne rien dire. En même temps, c’est pas comme si vous l’aviez payé ce mag… C’est ce que je disais : si vous en achetiez, des mags de skate, vous sauriez déjà qui c’est ce Max ! Tu pars à Barcelone pour l’hiver il paraît ? Oui, Jart

a un nouveau projet de vidéo et ils m’ont proposé de faire une part’ avec les pros… Donc je pars 5 mois là-bas… Tu te souviens de ta première paru ? Grave ! C’était une couverture de Freestyler en back nosegrind, sur un rail. C’est fou d’avoir sa première paru en couverture d’un magazine ! Ouais, en plus c’était un Freestyler de janvier, juste pour la nouvelle année, le méchant cadeau ! A l’époque t’étais plus dans le Freestyler ou dans Sugar ? Je crois que j’étais plus dans Sugar… Sugar

c’était le mag plus tech ! Oui, mais je ne pense pas être un méchant techos non-plus ! D’ailleurs tu avais eu une paru en varial heel à Meriadeck, et sur la légende on avait mis que c’était en switch. Ca t’avait emmerdé ?

Oui, ça m’avait fait chier, mais après, la photo était cool, elle était passée, c’était pas si grave… Je me souviens

que tu portais des chaussures QIX sur la photo. D’où tu sortais ça ? C’était un sponsor brésilien, au

début c’était cool et puis leur business a évolué… Enfin, avec moi ils ont toujours été réglo. Comment tu t’étais

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Switch ollie !

retrouvé à skater pour une marque brésilienne ? Le type m’avait appelé, j’avais un peu plus d’avantages que ce que j’avais avec Osiris chez Templar, donc j’y suis allé. Ca a duré un an et puis que crois que ça a coulé… Ils m’ont quand même payé mon premier voyage aux EtatsUnis, c’était cool ! T’es pas allé au Brésil ? Non, mais je devais. Et aujourd’hui, c’est quoi tes sponsors, je pense que c’est bien de les citer, parfois. J’ai Lakai en shoes, Matix pour les fringues, Jart pour les boards, Von Zipper, Trigone skateshop et une marque de roulements de Paris : Edyaoner, c’est un mec qui s’appelle Tanguy qui fait ça, un gars trop cool ! Le fait d’avoir autant de sponsors, ça te fout la pression ? Ils te poussent à faire des photos, à avoir des parutions ? Ca motive,

mais je sais très bien que je ne deviendrais pas milliardaire

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avec le skate, donc je prends ça à la cool, je fais de mon mieux, tranquillement… Je me souviens quand on a

lancé le mag, tu nous avais contacté pour faire une interview, c’est que tu avais besoin de t’exprimer ou c’est que tu avais de la pression dérrière ? Non, c’est

juste que parfois, quand tu n’es pas dans les mags tous les mois, on te fait des réfléxions… Alors toi tu te dis « faut que je me réveille », donc oui, ça fout un peu la pression… Et maintenant, tu relativises. Oui, je sais comment ça marche, je me dis que c’est comme ça et pas autrement… Tu fais quoi sinon ? Tu travailles ? Non, je fais du skate, un peu d’intérim de temps en temps… Ca paye les factures ? Bah… je me démmerde ! Comme tout le monde ! Ah ah !


BS Bluntslide / Š Alex PIRES

Nose wheeling nollie heelflip wheeling 180 out !

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Je ne connais pas très bien Arthur, on se croise assez régulièrement pourtant, mais on n’est jamais allé bien plus loin que le « Salut, ça va ? Bien et toi ? Oui pareil. », et non, on n’a jamais couché ensemble. Je ne sais donc que peu de choses de ce jeune homme, mais je me suis quand même fait une opinion plutôt positive sur sa personne. Il est discret, poli, souriant et force est de constater qu’il skate bien. Bon, comme beaucoup de jeunes aujourd’hui, il est incapable d’enfiler son bonnet correctement sur sa tête, c’est un peu énervant, mais ça n’est pas, à mon avis, un argument suffisant pour le haïr totalement. Bref, cet Arthur Derrien m’a l’air d’être un garçon tout à fait recommandable et je suis content de lui accorder ces quelques pages dans le magazine. Après, c’est peut-être un dangereux psychopathe complètement fou à lier prêt à mettre n’importe quel Nicolas Levet dans un duvet bio pour le rouer de coups, mais dans ce cas-là, il cache sacrément bien son jeu. À la place de Nico, je ferais gaffe quand même.

Portrait par Loïc Benoît Texte par Fredd Titres Da 45

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Gap to five-o / © Pierre Dutilleux

Qu’est ce que tu faisais avant que je te dérange ?

Je révisais pour mes partiels de demain.

Qu’est ce que tu fais comme école et dans quel but ?

LCE anglais (Langue, littérature et civilisation anglaise), justement parce que je ne sais pas quoi faire plus tard. Il fallait que je trouve quelque chose qui m’intéresse après le bac, et voilà. Sinon, tu as pris ton abonnement au stade cette année ?

Non, pas tout à fait non.

Ha bon ? Pourtant tu es lyonnais, tu dois être fier de ton club non ?

Je ne suis pas vraiment Lyonnais. Je suis né à Paris et de un an à dix ans j’ai vécu à Londres… Donc même si je voulais vraiment être un beauf, je pense que je serais

même pas supporter de Lyon…

Ce n’est pas un peu difficile de faire son trou dans une ville comme Lyon ? Peut-être me trompe-je, mais je dirais qu’il y a deux grands groupes à Lyon, d’abord les équipes de première division, Cliché, Antiz et Wall Street, ceux dont on parle dans les magazines et qu’on voit en vidéo, et puis il y a les autres, la ligue 2, dont tu fais parti, qui sont nettement moins bruyants, nettement moins médiatiques… ça doit être un peu frustrant non ?

C’est-à-dire que le but ça n’est pas trop de « faire mon trou » donc je sais pas trop. C’est vrai que la scène à Lyon est énorme. Mais je ne vois pas ça comme un problème, au contraire. Quand j’étais un peu plus jeune, il y avait Mortagne qui faisait la (vidéo) Flip, c’était fou, parfois on

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Switch BS noseblunt revert / © Pierre Dutilleux

les croisait et quand t’es jeune et que tu vois les Appleyard et compagnie, c’est complètement fou... Et c’est quoi le truc le plus fou que tu aies vu alors à Lyon ?

(Il réfléchit…) Le flip back de Fouine sur les marches à Hôtel ! Je crois que c’était un samedi après midi, juste avant la rentrée des classes, il y avait vraiment beaucoup de monde. Il tombait à deux pas des poussettes, les cailleras faisaient la circulation, il y avait une foule hallucinante autour, c’était vraiment marrant. C’est vrai que c’est fou, pourtant ça rend vraiment rien en photo… (cf. Soma #1)

En vidéo non plus. En fait, c’est tellement gros qu’au fisheye, ça rend rien. Il y a un gars qui a fait hard flip aussi il paraît, c’est fou. Qui ça ?

Un gars de Dijon je crois, je ne le connais pas.

En tout cas c’est marrant que tu aies choisi Fouine au milieu de tous les pros qui ont pu skater Lyon.

Franchement, voir skater Fouine à Hôtel tous les jours, c’est vraiment dingue. Il est tellement incroyable qu’on a du mal à croire qu’il existe vraiment…

Ha ha, très bon choix oui. Sinon, qui sont tes sponsors ? Il paraît que c’est important de le dire… ABS skateshop, Plex, Mabasi et DC. Et Kingpin, ce n’est

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pas un sponsor, mais j’écris pour eux tous les mois, du coup je veux les remercier. Il skate toujours ton frère ?

Oui, toujours. Tout va bien, il travaille bien à l’école, il skate bien, il mène une vie de jeune adolescent normal qui ne vit pas que pour le skate.

En général, les petits frères sont meilleurs que les grands frères, ça ne te fait pas peur ?

Non, c’est vrai et c’est bien comme ça non ?

Heu, je ne sais pas. Me suis laissé dire que ton père était pilote de ligne, tu en profites un peu ?

Ça c’est la question qu’on me pose à chaque fois ! Dès que j’ai un truc dans un magazine, ou que je parle plus de cinq minutes avec quelqu’un, j’y ai droit ! Ha ha désolé. Je sais plus qui m’a dit ça. Je retire alors. Et la mini dans le jardin c’est parce que t’avais pas de potes ?

Non, c’est parce qu’on a de la place dans le jardin, qu’on s’est dit que ce serait cool et surtout parce que Régis Caillol (du Skatepark de Lyon) est venu nous la faire. On a juste payé le bois et on l’a aidé à le porter, c’est tout. Il a tout fait tout seul ! C’est génial la mini dans le jardin.

Je te l’accorde, on va d’ailleurs terminer sur cette note joyeuse si tu le veux bien.

Déjà ? Ok…


"même si je voulais vraiment être un beauf, je pense que je ne serais même pas supporter de Lyon"

Kickflip drop in / © Loïc Benoît

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Portrait par Vincent Coupeau Texte par Tura Titres Da

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Half cab flip drop in / © Vincent COUPEAU

Rémy est né le 23 décembre 1991. Cette annéelà sortait « Video days », la fameuse vidéo Blind qui a révélé Guy Mariano, élevé Mark Gonzales au statut de légende du « street », et démontré que l’on peut avoir une moustache tout en ayant la classe quand on s’appelle Jason Lee. Sauf que Jason Lee, à l’époque n’avait pas de moustache, eh oui, si vous suiviez un peu, ça m’arrangerait. Malgré des origines portugaises, Rémy n’a pas de moustache. Enfin si, ça pousse, forcément, mais pas une vraie moustache rasée autour, comme mon père. Donc, Rémy, lui, il est né sans moustache, comme tout le monde, l’année de Vidéo Days, on l’a déjà dit, à Montreuil (93). Ah ! Ça on ne l’avait pas dit, et ça a son importance car ce détail fait de lui un authentique banlieusard, mais pas le genre à tenir les murs et à fumer des spliffs toute la journée. Rémy,

il a autre chose à faire. Du skate par exemple ou encore aller à l’école, comme tous les jeunes de son âge qui ont la tête sur les épaules. Je dis ça parce que mes multiples tentatives (via MSN) de l’envoyer se balarguer en BS 360 sur les plus gros gaps parisiens ont toutes échouées et se sont même finalisées par un très inattendu « Arrête de me parler de skate, là, il faut que je travaille ». Cette petite phrase m’a d’ailleurs laissé sur le cul. Encore un jeune qui croit que l’école va le mener quelque part !** Quoi qu’il advienne, Rémy a de l’avenir. Mais ça, difficile d’en parler. Alors parlons plutôt du passé, de tout ce temps passé à skater le park des vieux pap’s à Chelles. Parce que Rémy a tellement traîné là-bas qu’il fait un peu partie des meubles. Bon, c’est pas l’école de la rue, mais avec les Chellois au moins, il a été bien éduqué.

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Five-O to switch crooked grind / © TURA

Il y a un plus d’un an, j’ai croisé Rémy sur la grande vague parisienne, cet incroyable spot aujourd’hui à moitié perdu. Ce jour-là je me suis dit « tiens, c’est le jeune de Chelles », ça me faisait bizarre de le voir ailleurs qu’au skatepark. Et puis quand il a commencé à skater, là je me suis dit que quand-même, il avait sacrément progressé. Je me suis même surpris à penser que les jeunes parisiens ont plus la classe qu’à mon époque... Mais le plus étonnant, dans toute cette histoire, c’est que sa vidéo de référence est « Z-Movie », la deuxième

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vidéo Antiz, chef d’oeuvre de diverstité et de déconnade. Tout s’explique donc, inutile de chercher plus loin. Ah si, et sa référence comme pro, c’est Kenny Anderson. Un sans faute pour Rémy, quoi. J’aurais très bien pu faire une interview, un truc classique, mais qu’est-ce qu’on a à dire quand on a 17 ans, hein ? Et à 32 ? En vérité, je pense que des interviews, il en aura un jour, dans d’autres magazines, ou même ici, tiens, y’a pas d’raison, mais que c’est pas la peine d’aller trop vite. C’est ce que j’ai compris à force de


BS Bluntslide / © Alex PIRES

le croiser sur les spots. Il veut prendre son temps, toutes ces histoires de gloire, de gros sponsors et de filles brandissant des banderolles « Rémy I love U », ça arrivera quand ça arrivera ; pour l’instant, il faut qu’il travaille, le Bac, ce sera toujours ça de pris. Et puis quand on lui demande où il sera et ce qu’il fera dans 15 ans, il répond : « Dans une forêt avec Oscar Candon, on mangera des écorces ! ». Pourquoi des écorces ? J’en sais trop rien mais ça me plaît comme réponse, parfait pour conclure.

* Pour ceux qui n’ont pas suivi, ceci est une tentative de faire rire le lecteur, en faisant référence à Jason Lee en tant qu’acteur dans la série « My name is Earl ». Cependant il semblerait que cette tentative ait échoué… ** Merci de veiller à prendre cette phrase sur le ton de l’ironie, les jeunes.

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Photos par Nohan Ferreira Texte par Tura Titres Da

Le droit de réponse ?

Pour ceux qui auraient relégué « Skate or die » au fiasco cinématographique et ainsi oublié l’existence même du film, voici de quoi vous rafraîchir la mémoire. Mickey a joué dans le film, tout le monde s’est bien foutu de lui pendant un moment et puis le temps a fait le tri. Sauf que Mickey, il aurait bien aimé se justifier un peu, et nous, on était curieux de savoir ce qu’il avait à dire.

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FS tail slide to fakie

avec le réalisateur c’était plus compliqué… Ca se voit à l’image, ils auraient dû écouter le conseiller skate... Rémy Juste après le film, j’ai lu des trucs sur internet, des a fait ce qu'il a pu, mais ce n'est pas passé avec la prod commentaires hallucinants ! Ca disait qu’on avait vendu dès le départ..., enfin, y’avait Rémy Walter mais ça s’est notre âme avec Idris, que c’était terminé le skate pour mal passé, donc il y a eu une barrière dès le début… Le nous… J’ai fait ce film parce que j’ai envie de travailler réalisateur c’était : « moi je fais un film, toi tu fais du skate. dans le cinéma. Ce que je voudrais faire plus tard, c’est Point. » Les gens ne se rendent pas compte qu’on a fait réaliser des films. J’ai eu cette opportunité donc j’y suis le maximum avec Idris. C’est vraiment les commentaires allé… C’est même pas le skate qui m’a décidé, je n’y des types cachés derrière des pseudos qui m’ont fait chier, pensais même pas, c’était pour rencontrer surtout que j’ai commencé à répondre, des gens, me faire des contacts et voir "je suis sûr que mais j’ai rapidement laissé tomber… comment ça se passe sur un tournage. J’ai tenté d’expliquer à tout le monde plein de gens C’était la bonne occasion, j’ai fait les l’auraient fait" pourquoi on a fait ce film, ce qui s’est castings, ça a marché… passé, et au final, je suis sûr que plein de Surtout que t’es dans la vidéo déjà, tu réalises des gens l’auraient fait ; il y avait beaucoup de skateurs pour courts-métrages, tu avais une petite boîte de prod... les doublures aussi, des beaux noms du skate français, Oui, mais moi ce qui m’intéresse c’est la réalisation, faire dont certains ont craché sur le film après sa sortie, alors l’acteur ça ne m’intéresse pas vraiment, ça me fait marrer que pendant le tournage ils étaient à bloc d’être là et de se de le faire avec mes potes dans ces courts-métrages mais faire des thunes… Maintenant, le film est ce qu’il est, il y jouer dans ce film ça m’a fait flipper, autant que de faire a des trucs qui m’ont super déçus, c'est peut-être un peu un contest de skate ! Quand tu as toute l’équipe qui te trop commercial, ça visait surtout les kids… regarde, avec un réalisateur super tendu, c’est trop de Ca a marché commercialement ? pression. Autant les gens de la production étaient super Non, pas trop comme ils voulaient. A l’étranger plus cools, j’ai fait plein de rencontres intéressantes, mais parcequ'ils ont filmé Paris sous tous les angles, ça a plus Je pense que t’as mérité un droit réponse, après tout ce qui a été dit sur le film…

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plu. Et sinon il fonctionne pas trop mal en DVD et VOD. [...] Moi ça m’a vachement aidé rien qu’au niveau de la réalisation, j’ai pris plein de leçons, je posais plein de questions à l’équipe technique, j’étais reulou je le sais ! J’ai fait ce film pour ça, et aujourd’hui ça me fait chier d’entendre des phrases du style « fini le skate pour Mickey et Idris », « ils ont fait ça pour l’argent », alors qu’on a été payé le prix d’un premier rôle d’un enfant de 4 ans ! Enfin, c’est pas vraiment utile de parler de ça… Donc voilà, je ne regrette rien ! Comme je disais dans ma chronique, j’ai trouvé le film nul, mais que tu t’en étais bien sorti…

Moi je ne me supporte pas dans le film, et puis pour le skate, on n’a rien pu démontrer… De toute façon avec la pression que je me mettais… Surtout que là c’était de la pellicule, on m’aurait dit c’est du DV, ok, alors que là, si tu rates, il faut refaire toute l’installation. Il y a cette ligne

mets trop vite la pression. Ca me bloquera toute ma vie !

Tu bosses en free-lance ? Ta boîte, elle est devenue quoi ?

Je suis intermittent, là, ma boîte je l’ai fermée pendant le tournage, les charges continuaient à courir, je me suis fait assassiner ! Tu vois, pratiquement tout l’argent du film a servi à régler ça… Donc là, il me reste une centaine d’heures à faire et je serai intermittent. Après je compte vraiment réaliser des films. [...] D’ailleurs, c'est là que j'ai rencontré Vincent Desagnat, (de la télé et de Dude skateboards - ndlr) qui m'a vraiment réconforté après le film, sur le tournage, il parlait de monter sa marque déjà… Il est à bloc de skate, il est super ouvert à tout, il joue une petite scène dans le dernier court métrage que j'ai fait. Il kiffe le skate à fond, c’est pareil, il s'est déjà fait tailler sur des trucs, comme tous les gens qui s'exposent, et m'a appris gérer ça...

"on n’a pas pu vraiment montrer du skate, et de toute façon ça ne les intéressait pas vraiment non-plus." sous le pont où je finis par un FS boardslide sur une barre de CRS, je savais que si je ratais le trick, ça leur prenait 20 minutes pour tout réinstaller. Ca m’a tellement mis la pression que j’ai raté cinq fois ce rock front ! J’étais tout blanc, j’avais même pas réussi à manger le midi à cause de ça ! Tout ça pour dire qu’on n’a pas pu vraiment montrer du skate. Ils voulaient des ollies sur des marches ou des lignes de flat… Mais avec la pression je ratais un trick sur deux… C’est pour ça que je fais pas de compétition de skate aussi. Donc c’est vraiment pas le skate qui m’a amené à faire ça, c’était connaître un plateau de tournage et discuter avec des gens du cinéma. Donc au final, ça t’a ouvert des portes ?

Oui un peu, en ce moment je fais du montage pour la télé grâce à quelqu’un que j’ai rencontré sur le tournage et à qui j’ai montré mes vidéos de skate. Ca ne durera pas très longtemps, c’est de la télé, ça va super vite, tant que je bosse avec des gens cool ça va, mais le jour où je vais bosser avec un journaliste horrible ça va me bloquer, je me

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Alors qu’il skate depuis très longtemps, tout le monde croit que c’est un opportuniste…

Il a une collection de boards de malade chez lui, c’est abusé ! Il me disait que lui aussi, il avait vu des commentaires sur les sites internet, mais que ça servait à rien de les lire. Moi j’ai eu du mal à me détacher de ça ! Mais dire de la merde gratuitement, ça sert à rien, mieux vaut dire fermer sa gueule ou dire que tu n’aimes pas et surtout pourquoi… Ca s’est calmé là, non ? On te pointe toujours du doigt ?

Non, ça va, d’autant plus que je suis discret, et depuis le film, je n’ai pas vraiment bougé sur des spots ou des parks où il y a du monde, surtout parce que je suis bien occupé avec mes courts-métrages et on skate tout le temps à la piste, vers chez nous, c’est un spot super tranquille… Je sais qu’on a un peu fait chier Idris au début, parce que lui bouge beaucoup, mais lui est dans un autre délire, plus


One footed wall ride to fakie

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démonstratif… et il a beaucoup plus l’esprit de compétition que moi ! Vous avez fait d’autres trucs depuis ?

dans le métro, nous, les deux jeunes sans expérience ! Toute l’équipe attendait, il voulait de l’émotion, c’est un truc de malade quand t’as jamais fait ça ! Au final la scène a été coupée…

Non. Mais grâce au film on a eu des agents, qui nous mettent sur des castings. J’en ai fait d’autres mais le Pourtant c’est un type qui a fait d’autres films plus seul qui s’est bien passé, ils m’ont juste pris parce qu’ils sérieux juste après, non ? aimaient bien ma tête, y’a pas eu d’audition. C’était pour un Oui “Gal”, mais ça n’a pas très bien marché non-plus, téléfilm sur Canal +, je devais faire le fils de De Gaulle, et j’ai surveillé et il se fait pas mal tailler aussi… Il a fait puis finalement je suis parti en vacances ! C’était juste une un bon truc avant, il avait eu plein de récompenses en Espagne, et encore, c’était « meilleur journée de tournage… Enfin ça c’est montage », « meilleur second rôle », mais le bon côté, j’ai fait aussi des castings "Moi je NE suis jamais « meilleur réalisateur » ! Autant ça catastrophe, des trucs horribles ! C’est pas comédien" s’est super bien passé avec le producteur, encore de la pression, tu sais qu’ils vont te juger, regarder ta gueule… Moi je ne suis pas comédien, autant avec lui… Enfin bon, c’est quand même une je suis limite autodidacte ! Je ne crois pas que je sois fait super expérience, et des bons souvenirs aussi. [...] Moi pour ça, ou faudrait que le réalisateur me mette vraiment le casting, au début je ne voulais pas le faire. En fait, je à l’aise, ce que le réalisateur n’a pas su faire sur le film… suis le premier skateur sur qui le gars est tombé, et je lui Un jour il nous a même demandé d’improviser une scène avais dit « ok, je peux te donner des contacts », et puis il a insisté pour me faire passer les essais. Je l’ai fait et ça s’est bien passé, alors j’ai appelé Joseph Biais, mais lui a eu le nez fin, il a senti le risque, lui il mène vraiment une carrière dans le skate, surtout par rapport à moi, donc c’était peut-être mieux qu’il laisse tomber… Moi je n’avais rien à perdre, j’avais même tout à gagner, je sais que je n’irai jamais très loin dans le skate, je m’endors un peu… Tu as vu la série dans laquelle joue Anthony Marocco ?

Oui, et je pense qu’ils ont vécu exactement la même chose que nous, les types n’y connaissent rien non-plus, quand on lui a demandé de mettre un casque et de faire un slalom, il l’a fait parce qu’il savait qu’il avait quelque chose à gagner. Maintenant il a sûrement un agent et peut-être qu’il deviendra comédien !

Mickey remercie DUDE SKATEBOARDS, NIKE SB, SKATE CREW, OTHER SKATESHOP, MADA. http://www.dailymotion.com/yabox

BS smith grind

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Texte par Fredd Mise en page par Da Photos DR

DIX ANS PLUS TARD soma 59


Colin McKay mixe street, vert’ et pool. Half cab nose grind revert sur le pool coping de l’énorme rampe de Champigny-sur-marne.

Un tour DC en Europe, c’est pas tous les jours. C’est même plutôt rare, voire même permettezmoi l’expression, putain d’rare. Et les choses rares étant précieuses, nous sommes contents d’avoir pu récupérer, tant bien que mal, quelques photos de leur dernier passage sur notre vieux continent. Parce que oui, c’est juste « les restes », ce qui n’a pas été utilisé par les magazines américains, mais le 3-6 flip à Bercy par un quasi inconnu, Colin McKay sur la rampe de Champigny-sur-Marne et les autres tricks de ces huit pages, c’est le genre de reste que je veux bien bouffer tous les jours, pas vous ?

Antony Lopez n’est pas le skateur français qu’on voit le plus souvent, et à vrai dire, je ne m’attendais pas à le voir faire un 3-6 flip to fakie dans un skatepark Suisse.

Quand j’ai entendu parler de ce Tour, je n’ai pu m’empêcher de repenser avec nostalgie aux deux premiers tours européens de DC, ceux qui avaient rempli deux Big Brother à l’époque. Je me souviens assez bien du deuxième, en 1998, pour la bonne raison que j’aie justement le Big Bro sous les yeux là, et que je le relis pendant que j’écris ceci. C’est l’année où ils avaient tous un maillot de basket bleu et orange à leur nom. C’était un peu ridicule en effet, mais bon, ça ne m’avait pas plus choqué que ça à l’époque. Ils n’avaient pas pensé aux Pom Pom girls par contre… J’aime bien relire ces vieux mags de temps à autre, là, j’en suis à l’interview de Mike Carroll (oui les jeunes, il skatait pour DC, comme Rick Howard, Scott Johnston et Keith Hufnagel, entre autres), c’est amusant parce qu’il y parle de Soma, la drogue, apparemment, ils en ont usé et abusé en 1998. J’y apprends d’ailleurs que c’est un puissant décontractant musculaire, c’est donc une drogue qui rend mou… ça fait plaisir ! Hé les jeunes, c’est les vieux mags qui sont drôles, pas la drogue ok ? Maintenant que j’y repense, c’est peut-être pour ça qu’ils n’avaient pas pris de Pom Pom girls, ils avaient trop ramolli pour assurer… Pardon pour cette mauvaise blague, c’est sorti tout seul. soma 60


Mais parlons plutôt de cette année. Pas de Mike Carroll donc, pas de Moses Itkonen non plus, ni même de maillots nominatifs et toujours pas de Pom Pom girls, mais l’équipe ne faisait vraiment pas rire : il faut dire qu’ils ont débarqué avec la quasi-totalité du team U.S. ainsi que, nouveauté, la quasi-totalité du team européen. Ça par exemple, le mélange des teams européens et américains, en 1998, c’était complètement impensable. Comme quoi, on a fait du chemin depuis et je trouve ça plutôt chouette, le rapprochement des peuples, tout ça... Non, je plaisante… Mais hé, ça faisait quelque chose comme 17 riders, sans compter les 3 filmeurs et 2 photographes à trimballer à

Pendant un moment, Josh Kalis s’est cru au Love Park par-dessus la poubelle, là. BS nollie heel, loin de chez lui mais toujours sur le même spot... 61

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travers l’Europe pendant trois semaines. C’est ce qu’on appelle un bon cauchemar pour team manager. C’est pourquoi Ruben Garcia, le TM européen a eu l’idée de couper la poire en deux, une équipe pour couvrir le nord : Oslo, Londres et Stuttgart avec Ryan Smith, Wes Kremer, Jani Laitiala, Jaime Fontecilla, Henning Braaten, Javier Paredes, Michael Sommer, Laurent Gehin, Manuel Margreiter. Et une équipe pour le sud : Turin, Malaga et Zurich avec Greg Myers, Antony Lopez, Jody Smith, Josh Kalis, Lindsey Robertson, PJ Ladd, Ruben Garcia et Colin Mc Kay. Voilà pour les listes, vous pouvez souffler un peu, aller vous chercher un truc à boire…

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Michael Sommer est norvégien et il a un 3-6 flip de malade. Le mieux c’est de le voir sur les quatre blocs de Bercy parce qu’on a bien le temps de voir le mouvement…

Ce jour-là, PJ Ladd était à fond ! Limite relou… Switch flip nose manny fakie flip.

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Bon, ça y est, tout le monde est là ? Je reprends. Après les deux « demi-tours », tout le monde se retrouverait donc à Paris pour festoyer et faire du skate en se tapant dans la main, parce qu’on est tous des potes, mon frère. Aux dires de Stéphane Larance, notre indic’ sur place (je pense qu’a ce moment du texte il n’est plus nécessaire de préciser que je n’ai pas assisté à ce Tour et que je parle donc de faits qui m’ont été rapportés…) (À moi le Pulitzer !). Aux dires de Stéphane Larance donc, à Paris, tout le monde était à bloc et toujours

Manuel Margreiter est vraiment capable de tout. Alley oop caballerial sur un mini volcan comme de la m... heu, vachement bien.

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surmotivé pour skater, après deux semaines de Tour, c’est remarquable. Je ne parle pas de Ryan Smith qui s’est défoncé dès le premier jour, ni de Jody Smith qui a fait pareil à peine plus tard (c’est quoi leur problème aux Smith ?) et qui sont donc tous deux rentrés chez eux, aux U.S. pour jouer à la console vidéo en mangeant des glaces Ben&Jerry’s.

À Paris donc, tout le monde était là (non, pas Rudy Johnson ni Carl Shipman arrêtez avec ‘98) et PJ Ladd était même content de skater le Dôme. Attention, un PJ Ladd, même très content, ça reste assez raisonnable. C’est pas vraiment Dustin Dollin le gars ! Oui, en même temps, vous aviez remarqué, oubliez donc cette dernière remarque. Bon, en cinq jours, ils sont allés un peu de partout, Bercy, Créteil, la mairie d’Ivry, rien n’a été épargné et ce fut à chaque fois une occasion pour PJ Ladd de sautiller de joie comme une puce sous acid. Il s’est quand même calmé quand la troupe est arrivé à Champigny-sur-Marne pour y skater la gigantesque rampe en compagnie de son gardien, Marc Haziza. Bien-sûr, c’est surtout Colin McKay qui était content ce coup-ci. Tiens, Colin McKay, en voilà un qui était déjà là en 1998, je me demande s’il s’est autant marré en 2008 ? Et est-ce qu’il avait du Soma ce coup-ci ? C’est con, j’aurais dû y aller à ce Tour, j’aurais pu vous en raconter de bien bonnes, c’est sûr.

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Thibault « Boulbi » Lenaerts Kickflip, Paris © Tura


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Michael Mackrodt Caballerial, Chelles Š Tura

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Jan Hofer Pole jam to tail slide, Zurich Š Eric Antoine

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Jérôme Chevallier FS wall ride to fakie, Barcelone © Tura

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Manu Venancio FS wall ride revert, New York Š Nicolas Huynh



par Eric Antoine (sauf indiqué) illustrations Da

Eric Antoine vous incite à prendre des risques inutiles, n’en faites rien, c’est dangereux et stupide. Mais nous ne saurions que trop vous recommander de lire ce qui suit, et de taper « Ricky Oyola Underachievers » sur Youtube (mettez le volume à fond !)… - FD Je devais avoir 8 ans la premiere fois. La 305 familiale roulait sur le chemin de mes grands parents ou bien alors sur la route des vacances (15 années d’île d’Oléron, comment oublier), je jouais avec mon Playmobil preferé et, alors que mes parents avaient détourné leur attention de moi, j’ai ouvert la fenêtre, j’ai sorti mon poing qui serrait le bien aimé personnage, et à un moment j’ai relaché la pression, et j’ai gardé les doigts écartés tant que la force centrifuge faisait tenir le fragile bout de plastique. Le vent s’engouffrait dans l’habitacle, les voitures nous croisaient dans un vacarme effrayant, je sentais la vitesse dans ma main, je vérifiais du coin de l’œil que ma mêre ne

me voyait pas dans son rétroviseur et je me sentais bien. Je ne comprenais pas nécessairement pourquoi je faisais tout ça, mais la montée d’adrénaline due à la peur de perdre mon jouet me me poussait à le faire encore et encore. Ce fut un Playmobil, puis, un Musclor (largement mieux placé dans les castes des jouets), et enfin mes lunettes ou même des objets qui appartenaient à ma sœur (l’équivalent de la piste noire pour le ski). La peur, le risque, la vitesse, l’addiction peut commencer très jeune. Les cas les plus graves finissent habillés de vêtements collants fluo et battent des records accrochés à des falaises ou derrière une voile sérigraphiée « extrême kite »… Je m’en suis bien sorti.

Enis Fazilov, BS lipslide


Boris Proust, BS tailslide


Mathieu Dubost, rock to fakie.

Quelques années plus tard, mes occupations ont évolué et je passais le plus clair de mon temps à parcourir les rues de Strasbourg sur mon skateboard. Ce que j’aimais pardessus tout c’etait zigzaguer dans la foule du samedi après midi, claquer mon tail en ollie ou en firecracker, le racler contre les plaques d’égouts en fonte, effrayer les passants en me dirigeant droit sur eux pour les éviter au dernier moment. Le bruit, la vitesse par rapport aux piétons lents et maladroits, et un léger sentiment de puissance (si difficile à ressentir à l’adolescence (à moins de raquetter le petit Gaetan Morin à chaque récré)) comblaient mes virées au centre ville. A 20 ans (il y a 130 ans), j’étais à New york, une autre 79

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dimension. Là c’est immergé dans le trafic dense de la ville immense que nous dévalions en bande les avenues gigantesques. Absorbés par la vitesse de la circulation, nous nous accrochions aux taxis jaunes ou aux camions de livraison pour accélerer sur la route au goudron lissé par les passages incessants des véhicules. D’Astor Place à la 50e en un temps record, quelques ollie pour éviter les trous ou monter les trottoirs, aucun trick, juste la sensation grisante de vitesse, croiser des bolides, dompter le stress de la ville, ses klaxons et ses insultes. Les accélérations, les moteurs, notre fragilité dans ce chaos de béton et de métal, tout ces éléments s’ajoutaient pour que cette activité devienne notre drogue. Pousser plus vite,


Maxim Rosenbauer, kickflip / © Jonathan Peters

aller plus loin. Réaliser à quel point tout peut basculer d’un coup, facilement, rapidement. Le soir c’est devant des images de Ricky Oyola et sa bande de toréadors des boulevards que nous rêvions, seulement eux ne se contentait pas de rouler, je me souviens d’un 360 flip en plein milieu d’une route, face à une voiture... Les vidéos de skateboard sont pleines de ces flirts avec le trafic. Souvenez vous de Ray Barbee dans Public Domain qui pose les bases du street skating sur des trottoirs encombrés, dans « Vidéo Days » Mark Gonzales allongé au milieu des autos sur une grande avenue californienne, les skateurs de San Fransisco lancés comme des boulets de canon dans les rues pentues, oubliant les stops et feux

rouges, sans compter les atterrissages où l’on se dit « à 1 seconde prêt il se faisait couper en 2 ». L’homme s’adapte à toutes les situations, en Turquie j’ai vu un enfant de moins de 10 ans faire la manche, en pleine nuit, pied nu au milieu d’une route sur un gros rond-point très fréquenté d’Izmir. Les véhicules le frôlaient, il n’avait plus peur depuis longtemps, il les évitait sans problème comme par miracle. Je me demande s’il en tirait quelconque satisfaction. Jouer avec plus fort que soi, taquiner une force supérieure, jouer avec le danger, on y a finalement tous droit, d’une manière ou d’une autre. A un moment ou un autre de notre vie. soma 80


© bansky.co.uk

Lance Mountain skatant son salon dans son plus beau pyjama rouge, ça ne vous a jamais donné des idées à vous ? Qui a dit que ça ne lui disait rien ? C’était dans la vidéo Firm « Can’t Stop », souvenez-vous un peu là, oh ! Il avait es out et il passait de pièces en pièc mis des quar ter-pipes de part et age pass au n salo e basse du en skatant, nosegrindant la tabl effet spécial du plus bel effet (le il finissait par une cascade avec eà du balcon) et soudain, qui sonn coup du mannequin qui tombe petit tremplin sous son avec rque déba qui der, la porte ? Neil Blen leur part commune dans « Ban le bras, références évidentes à culture là, merde ! de peu un , gars This »… Oh les ? Comment ça je suis un nerd

Photos de Will par Loïc Benoît Texte par Fredd

Comme tout skateboarder qui se respecte un peu, j’ai toujours eu en n’a vie de faire pareil, et je ne parle pas du pyjama. Mais bizarrement, ma copine re. Heucomprend Allez r. d’intérieu déco de matière en goûts mes partagé jamais mienne reusement, tout le monde n’a pas une copine aussi psycho rigide que la petite (j’en connais un qui va se faire tuer quand le mag va sortir…). Anaïs, la er leur transform Agnès Will coloc son laissé a exemple, par amie de Sam Partaix de la colsalon en mini rampe sans le moindre esclandre. En fait, le dernier tiers 81

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location étant occupé par un certain Julien Bachelier, il est probable que la pauvre Anaïs n’ait pas vraiment eu d’autre choix que d’acc epter qu’un salon en forme de mini rampe était une idée merveilleuse. Mais ce genre de détails ne nous regarde pas vraiment, le fait est qu’il y a une mini incroyable dans le salon de Will et que dans la plus pure tradition lyonn aise, elle est à la limite du skatable tellem ent elle est rad. Petite précision pour les quelques privilégiés qui ont eu la chance de skater la mini Cliché ou la Antiz/ Wall-Street, sachez messieurs (mesdames ?) que celle-ci est encore plus rad… Voilà c’est dit. Au moment où sortira ce magazine, nos trois amis se seront sûrement déjà faits expulsés de leur appartement, il y a donc peu de chance que vous puissiez skater la chose un jour.

Informations complémentaires mais néammoins indispensables Will a décidé de transformer son salon en skatepark quand il a appris que l’immeuble dans être réhabilité et que ses colloc’ et lui-même, allaient de toute façon devoir rendre l’appart’ lequel il habitait allait d’ici quelques mois. Donc avant de faire pareil chez vous, assurez-vous que vos voisins et votre proprio approuvent votre projet (effectivement, vous n’avez aucune chance). Will est parqueteur de profession. Il a donc récupéré la quasi-totalité de la matière première par ce que Julien Bachelier a réussi à escroquer à son équipementier pour pieds, Adidas. et le reste a été financé Les petites photos sur cette page sont des spots privés, dans le jardin, la grange, le garage, le salon… Pour la grande majorité, ils se trouvent en France et en Belgique, peut-être même juste à côté de chez vous. Will tient à dédier cet article à tous ceux qui se sont fait une mini dans le jardin, dans la grange, ou dans le salon et tout particulièrement ceux qui l’ont laissé skater chez eux… Voilà qui est fait. soma 82


LE FUTUR 1

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1 une board Muki Rüstig co-brandé par Yama et Carhartt 2 une casquette « respirante » Nike SB 3 un sweat à capuche de vélo Ambiguous 4 un autre sweat à capuche, de marque Nike SB cette fois 5 une planche Trauma “one life one chance” 6 un t-shirt Cell DVSN bien comme il faut 7 un sweat à capuche Insight zippé jusqu’en haut 8 une chaussure gauche Nike SB Dunk mid 9 un t-shirt Ambiguous de bonne facture 10 un cruiser 5Boro en 8 pouces de large 11 une chemise Element 100% reversible 12 un jean Cell DVSN en taille 34 13 une chemise Insight à la mode 14 une chaussure DVS J-Dub (Jeron Wilson) 15 un t-shirt Element « old bones series » 2

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le magasin en ligne

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L'hiver

1 une casquette Volcom avec de la couleur et des trous 2 un T-Shirt Hixsept avec des pigeons qui se bourrent la gueule 3 des DC « Match WC » de couleur bleue et rose et verte et blanche et... 4 Johnny Layton a aussi un pro-model de bonnet chez Vans ! 5 un pull Carhartt à rayures aussi, mais pas les mêmes 6 un polo Volcom pour ne pas passer inaperçu 7 le pantalon de Marc Jonhson de chez Matix 8 un tish Carhartt pour aller tagger au Brésil 9 un cuir Volcom avec des chatons dedans 10 un tish Kr3w qui dégouline 11 un jean de marque Kr3w 12 un pull Volcom à rayures 13 les J-Lay de chez Vans 14 des Supra de type Jim Greco pour âme suicidaire 15 un tish Element avec la nature qui reprend ses droits 16 un larfeuille Kr3w pour aller avec les DC en haut

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A l’heure qu’il est, enfin, rien n’est moins sûr, un nouveau site devrait avoir été mis en ligne. Un an et demi après le lancement de la première version, on s’est dit que ce serait pas mal de changer un peu, le rendre plus vivant, et surtout, de mettre des epaces pour vendre de la pub ! On ne va pas vous mentir non-plus… Alors oui, ça sera un peu moins joli, mais le fait qu’il soit tout en HTML va nous permettre de faire les mises à jour plus facilement, et donc plus régulièrement. Par contre, il n’y aura pas de forum, quand on voit les conneries qui s’y disent sur ces trucs, on préfère faire l’impasse dessus !

WWW.SOMASKATE.COM

Furby

3 choses que tu apprécies en Europe

Les spots,les crèpes, et les gens. Les riders locaux sont cools ! 3 endroits où tu rêves d’aller

Tokyo. Je voudrais bien aller en Afrique, mais ça peut être dangereux ! Et au Mexique. J’y suis déjà allé, mais pas pour skater… 3 tricks que tu es incapable de faire

Je ne peux pas faire les inward heelflips, varial flips, et ces putains de hardflips ! Pourtant j’essaye ! 3 personnes qui pourraient avoir la dernière part’ dans la (prochaine) vidéo Deathwish

Chris Haslam

Combien de boards as-tu skaté ces 4 dernières semaines ?

Trois. Non, en fait, quatre, j’en ai cassé deux récemment.

Conbien de photos as-tu fait ces 4 dernières semaines ?

Trois. Dont deux pendant cette tournée Independent. Combien de fois es-tu venu en Europe ?

Plus de 20 fois… Au moins !

Combien de fois par jour tu penses “je veux rentrer chez moi” ?

Jamais.

Combien de fois par jour est-ce qu’on te réclame un autographe ? Ca dépend. Sur une journée normale, une fois

ou même pas du tout, mais en tournée… trop !

La plus grosse somme que le skate t’ait rapporté.

25 000 dollars, sur un trick !

Double flip foot plant sur la vague avec la barrière à Barcelone, pour un truc organisé par 411. Sinon pour un contest normal, j’ai reçu 8000 dollars une fois. C’était un step up avec un rail en haut, et j’avais fait five-o varial flip out, aux Gravity Games ou un truc comme ça, en 2003. Combien de sponsors as-tu ? Oh man… je crois que j’en ai cinq.

En moyenne, combien tu penses que tu fais de kickflips en une journée ? Pfff… probablement une vingtaine. Combien de jours en 2008 as-tu passé sur la route ?

Oh my God ! Je peux plutôt te dire combien de jours je suis rentré chez moi : trois ou quatre semaines en 2008. Combien de démos as-tu fais en 2008 ? Peut-être quinze, pas tant que ça… A combien de contests as-tu participé en 2008 ? Aucun ! 87

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Ca pourrait se jouer entre Greco, mon pote Lizard King ou peut-être bien Ellington… 3 personnes avec qui aller faire la fête

D’abord Antwuan, Lizard King… Manuel (Palacios) doit être bon en soirée aussi ! 3 prochains achats

Peut-être une voiture, un ordinateur portable, et puis un appareil-photo.

3 objets indispensables à emporter en voyage

Mon pyjama ! Des chaussettes et beaucoup de weed ! 3 choses à faire quand il pleut

Chiller avec ma copine, mes potes, et skater le park de Steve Berra.

3 choses que tu apprécies dans les mags de skate

Le fait de voir les homies, les nouveaux tricks, les interviews… C’est important d’écouter ce qu’ils ont à dire ! 3 vidéos que tu apprécies particulièrement

Modus Operandi, Chomp On This, et Baker 3.

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L A V I D E O E X P E R I M E N T A L E

« The Scrum Tilly Lush »

D’où tu viens ? D’une chouette petite ville appelée Bray, au sud de Dublin, la ville du premier sex shop en Irlande et de l’incroyable Al Collins. D’où t’es venue l’idée de faire une vidéo qu’en Super8 ? J’en avais déjà fait une il y a quelques années… En fait, j’ai commencé à faire du Super8 le jour où ma copine m’a offert une petite Canon310. J’étais tellement content du rendu que j’ai fini par laisser tomber ma VX1000. J’aime mieux le film ! Comment ont réagi les skateurs lorsque tu leur as parlé de faire une vidéo qu’en Super8 ? Je crois que c’est ce qui les a intéressé, en fait, je leur ai envoyé des trucs que j’avais fait avant, parlé du projet de couvrir une petite scène en Super8 et ça les a branché. Je ne pense pas que cette vidéo aurait pu voir le jour si je l’avais faite en numérique. Tu les connaissais tous ? Non, juste les irlandais et les mecs de Malmö. J’ai rencontré les autres le jour où on a commencé à filmer. Des bons gars ! Tu leur donnais combien d’essais pour chaque trick ? Ca dépendait du spot, de la lumière et du genre de trick. Les lignes sont ce qui coûte le plus cher donc ils n’avaient que quelques essais… Les longs manuals pouvaient aussi poser un problème, mais Janne (Saario) était efficace ! Quel trick a pris le plus de temps ? Sans commentaire ! Combien de temps ça a pris, pour tout filmer ? J’ai commencé en juin 2008 à Londres avec Jensen et j’ai fini en novembre à Belfast avec les frères Lynn, donc un peu moins de six mois. Ca aurait été beaucoup plus vite si je n’avais pas de boulot à côté et si j’avais eu dès le départ de l’argent pour les billets d’avion. J’ai aussi dû envoyer faire développer mes films en Hollande, ce qui prend généralement trois semaines, donc en attendant je faisais du montage. Combien de films as-tu eu besoin, en tout ? Aucune idée, je suis mauvais pour me souvenir de ce genre de trucs, mais tous les riders ont été assez économiques ! Combien coûte chaque bobine ? En comptant le transport et le développement, environ 30 livres (40 euros). Et tu peux filmer combien de minutes sur un rouleau ? En 18 images par seconde, trois minutes. Quand et où sera disponible la vidéo ? Je vais faire les copies rapidement et je pense que ce sera disponible début février. On pourra en commander sur le blog.

© Michel THOMER

A l’heure du jpeg et du mpeg, il existe encore quelques irréductibles du film, le vrai, celui qui existe vraiment (pas celui qui disparaîtra lors d’un prochain crash de disque dur) dont Philip Evans fait partie. Un type assez cinglé pour aller jusqu’à réaliser une vidéo entièrement en Super8 ! - DT

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Voici une photo de Mathias, le Vieux de ce numéro, c’était aux alentours de 1981, fallait qu’on la case quelque part !

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Le record du monde de flip consécutifs. On attend encore l’annonce officielle du skate aux JO, et on aura plus qu’à se faire racheter par l’Equipe !

V olatile

Kris Markovich, rarement plus d’un an au même endroit : Dogtown, G&S, 101,

Color, Prime, Blind (deux fois), Element, Foundation, Hollywood, Crimson, Given… (Liste non-exhaustive, pas forcément dans l’ordre, et ne concernant que ses sponsors board.)

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life

Steve Caballero : depuis trente ans chez

Powell, son premier sponsor. Mention honorable pour Rob Dyrdek, depuis bientôt 20 ans chez Alien Workshop (pourtant vous savez ce qu’on en pense de Dyrdek...).

Après l’Europe, tu as l’intention de faire la même chose avec des skateurs américains ? J’ai

parlé à quelques personnes aux U.S, mais j’attends le feu vert de quelques sponsors. Mais le concept sera différent et pas seulement filmé aux U.S. Je suis impatient de commencer à bosser dessus ! Avec Vieger VW, Soy Panday, Vi-

vien Feil, Nick Jensen, Al Collins, Janne Saario, Love Eneroth, Conhuir Lynn, Lennie Burmeister, Danny Wainwright…

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http://thescrumtillylush.blogspot.com soma 88


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Ian Reid, la ville qui parle

Sur l’autoroute de l’information, tout geek que vous êtes, vous avez certainement regardé des bouts du DVD éponyme de Ian Reid (« sex, hood, skate and videotape »), skateboarder surnommé « king of New York » vivant dans un quartier chaud de Brooklyn. Cet étrange film mêle scènes urbaines de courses de voitures, sessions de skate, filles nues dans des cuisines, le crash des Twin Towers, et surtout beaucoup de violence. En pleine nuit des règlements de comptes au revolver, des bagarres de clochard, du racket et toutes les petites choses qui pimentent sa vie dans le ghetto. Le montage Ian & Pierre 1999 d’un non-sens total est à la hauteur de la qualité des images…

Ian devance sa réputation en parlant fort avec les bras, le hip hop déborde des fenêtres de son 4x4, et « shit » et « fuck » lui servent principalement de ponctuation… Parfois donc un monde nous sépare. J’ai eu la chance de passer voir Ian une dizaine de jours, avec dans les premiers temps, la forte impression que moi-même et mes 61 kilos de premier de la classe allions nous faire tuer à chaque coin de rue de Harlem. Au cours de nombreuses conversations, dans le traffic chargé de la ville, j’y ai finalement re-découvert un garçon conscient de son « personnage », de sa personnalité, et de tout ce qu’il devait affronter quotidiennement. Sa fascination pour la ville, son respect pour elle et la permanente envie d’en découvrir tous ses recoins lui donne une incroyable énergie. Il a toujours une caméra à portée de main pour filmer « la rue », et il se jette dessus lorsqu’il veut capturer une ac-

Queens Bridge / © Ian Reid Prospect Park, Brooklyn/ © Ian Reid

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tion sans vraiment se soucier d’un réglage quelconque. Son deuxième DVD sort en 2009, et devrait surenchérir le premier. Interdit aux mineurs, à vos parents et tous ceux qui ont un goût pour l’esthétisme visuel. L’avant-dernier jour de mon voyage, il m’a envoyé un lien vers des photos. Des Skylines de la ville surprenantes, des ruelles aux couleurs irréelles et des paysages urbains très soignés. Un travail de pro. Il a tourné longtemps autour du pot avant de m’avouer que ces photos étaient les siennes… Surveillez bien ce gars, il est capable de tout. Tout ! - Pierre Prospéro

Wonder Wheel, Coney Island / © Ian Reid 5AM by my window / © Ian Reid


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« Il m’est arrivé, à une certaine époque, de skater en jogging. » - Da

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Skater avec un Ipod (avec ses potes) Des T-shirts manches courtes par dessus le T-shirt manches longues Des slims déchirés au niveau du cul Les tailslide FS 270° out

”La première fois que je suis allé skater avec mon skate large (les skate américains comme on disait). Je savais pas comment m’habiller, mais je savais que je devais faire quelque chose de spécial, alors j’ai mis un bermuda par dessus un bas de survet’ en satin, un t-shirt par dessus un sweat shirt, une sacoche «banane» autour de la taille, une casquette plus ou moins de baseball, et je crois même que j’avais des gants. J’étais un putain de clown ! Mais oh, c’était en 1985.” - Fredd « Et c’est parti pour 45 secondes ! hurle Pouchtouf ou je ne sais plus quel speaker de l’époque (vers 97 je

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C fait

pense). Je m’élance, et au premier flip, j’écarte les jambes un peu trop brusquement, et je sens que la boucle de ma ceinture pourrie de marque de skate américaine éclate en mille (ou peu être 3) morceaux. Du coup, mon froc (de type trop grand pour moi) se barre, et je poursuis tant bien que mal mon run en tenant mon froc d’une main, sous les rires du public. Bien la honte ! » - Nico Malino « Pour avoir un baggy short encore plus large (c’était l’époque des premiers baggies), j’avais demandé à ma mère de repriser une jupe-culotte à elle, que ça ait moins la forme d’un cône, quoi ! Le pire c’est qu’elle avait accepté ! » - Tura

LA CHRONIQUE DE SCOTT BOURNE Traduction : Aurélia Ruetsch fairplay.translation@gmail.com

Je me retrouve toujours dans de ces endroits ! Et de ces histoires ! Ah, Paris ! C’est un vrai cirque mais curieusement, c’est toujours moi qui me retrouve au milieu de la piste. Parfois je me dis qu’à force ces nouvelles expériences vont s’arrêter, mais non. Dennis et moi nous sommes retrouvés devant une bière dans un bar de blues en banlieue parisienne. Généralement le lundi soir nous allons boire un coup et discuter. Depuis que je me suis fait expulser de mon appartement, j’ai emménagé avec ma copine. Son appartement se trouve Rue Sainte Croix de la Bretonnerie. Quiconque connaît Paris, sait que cela se situe en plein cœur du Marais, le quartier gay de Paris. Ayant vécu à San Francisco pendant plusieurs années, Dennis rit des anecdotes que je commence à lui raconter depuis mon installation dans ce nouveau quartier. Après deux bières, nous quittons le bar de blues. Il est 23h passées de peu. Nous retournons sur Paris. Lorsque nous émergeons en surface à Hôtel de Ville, je commence à parler à Dennis de mon nouveau bar local. Ceux qui me connaissent et qui sont rompus à mes habitudes savent que quel que soit l’endroit où je vis, j’ai toujours le don de trouver un endroit que je fréquente régulièrement pour aller boire des verres. Peu importe qu’il s’agisse du quartier gay de Paris, je veux rencontrer les personnages locaux et bien souvent, je finis par me faire une place à leurs côtés. Le Feeling bar est presque en face de l’appartement de Caroline. C’est un vrai voyage dans le temps perdu. Un morceau de passé ramené dans le futur avec une décoration rétro disco axée sur le monde digital qui date des années 1980, des lumières qui clignotent – comme celles que l’on voit dans les patinoires, et un long comptoir encastré à l’avant d’une boutique étroite. Il n’y a qu’un seul WC avec une porte qu’il faut pousser fort pour la fermer. Dennis secoue la tête alors que je lui décris l’endroit, mais voilà qu’il l’aperçoit… La tentation est trop forte : « Allez, viens Scott, il faut qu’on y aille… sérieusement… je te paye un coup ! » Évidemment, j’accepte. Nous entrons dans le bar en rigolant. Nous nous installons sur des tabourets, commandons des Stella et commençons à échanger de vieilles histoires datant de l’époque où nous vivions à San Francisco. Rapidement, un jeune homme nous aborde et se 91

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présente. Apparemment, il est avec trois autres amis dont nous faisons également très vite la connaissance. L’un d’entre eux est un très beau travesti latino. Elle me fixe des yeux puis me tend sa main d’une façon élégamment exagérée. Je suis sous le charme, et elle a bien vu qu’elle m’a captivé. Sa peau d’un joli brun paraît toute douce et glabre. De longues mèches bouclées arrangées d’une manière sexy et séduisante entourent son visage. Les autres garçons roulent des yeux alors qu’elle et moi faisons les présentations plongés dans le regard de l’autre. Je me fige en tenant sa main en hauteur, comme si j’étais un vieux gentleman du Sud aidant une dame à descendre d’une calèche. Je suis complètement pris de court par ce qu’elle a déclenché chez moi, il n’y a que le rire de Dennis que me ramène partiellement à la réalité. Sa main dans la mienne, elle se tourne pour se présenter à Dennis, mais sans passion ni aucune attention particulière. Clairement, elle a l’intention de me séduire et curieusement je suis flatté par son jeu. Elle poursuit : « Tu sais, je suis une vraie femme ! » Sur quoi, elle ouvre son chemisier pour me montrer un des plus beaux seins que j’ai jamais vus, surmonté d’un magnifique petit téton. « Tu veux le toucher ? » Je ne réfléchis plus, je suis presque en transe. Je place ma main au sommet de cette splendide sculpture. C’est chaud et mou, un sein parfaitement arrondi. Quand je passe ma main sur son téton, elle sourit et me fait les yeux doux avant de gentiment le recacher sous sa blouse. « Je te l’avais dit : je suis une vraie femme ! » Elle se tait pendant quelques secondes puis me dit : « Tu veux voir ma chatte ? » Aussitôt je m’exclame : « Tu as vraiment une chatte ? » Elle se répète : « Je te l’ai dit : je suis une vraie femme. » Ensuite, elle me refait les yeux doux, bouge ses lèvres d’une manière qui me donne l’impression qu’elle vient juste de m’embrasser avant de se retourner vers les autres garçons et de se comporter normalement, comme une femme. Elle semble sortie tout droit d’un poème de Genet. Une Notre Dame des Fleurs de 2008. Elle est l’âme douce et sensuelle de Paris. Une merveille architecturale bâtie par une main humaine, une femme créée à partir d’un homme ! Le 18 octobre 2008, Paris S.H.Bourne



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Rénato, prince de la jet-set, ça vous dit quelque chose ? Si la réponse est non, c’est que vous avez des lacunes en culture skateboardistique mais rassurez-vous, nous sommes précisément là pour y remédier. Si par contre, Rénato évoque en vous des souvenirs liés à Freestyler magazine, ce qui suit pourrait vous intéresser. Car à un moment, la vérité doit surgir, telle la main gisante d’un cadavre de sa tombe dans un film de Romero. Rénato n’a jamais éxisté. Ah, vous vous en doutiez ? Mais est-ce que vous saviez que ce personnage odieux et ultra-prétentieux qui répondait au courrier des lecteurs était incarné par un certain Alexandre Deron ? Alex a bossé chez Freestyler comme rédacteur pendant un long moment, et il est aujourd’hui team-manager Vans France, donc ça n’a pas été compliqué de le retrouver… - DT A quoi ressemblerait Rénato, s’il avait existé ? A un gros connard prétentieux et donneur de leçons. Le chaînon manquant

entre Alain Delon et Jake Phelps.

Mais physiquement, qu'on voit si tu te faisais la même image de lui que nous, les lecteurs ? Moi, par exemple, je voyais bien un genre de gros porc dégoulinant fumant un cigare... On avait fait une sorte de photo-montage pour un numéro.

Rénato était assis sur un siège léopard, un verre à la main avec 2 bimbos à ses côtés. Il ressemblait à un James Bond cheap.

Combien de lettres Rénato recevait-il chaque mois ? Je ne sais plus trop... entre le courrier et les e-mails, une

vingtaine peut-être.

Quelle est la lettre qui restera à jamais gravée dans la mémoire de Rénato ? Bizarrement aucune en particulier. Faut

dire qu'à cette époque, j'ai perdu pas mal de barrettes de mémoire vive à cause de la Chartreuse bleue et des dauphins verts. A moins que ça soit l'inverse.

Est-ce que la lettre du skateur homosexuel frustré était authentique ? Parce que moi, j'y ai cru...

Je me suis longtemps demandé si la personne qui nous l'avait envoyé n'avait pas inventé tout ça. Quoiqu'il en soit, ça a fait pas mal parler de ce tabou. Combien de lettres d’insultes Rénato a-t’il reçu ?

Pas assez.

Selon toi, quel pourcentage des lecteurs a cru que Rénato existait ?

A part un ou deux pré-ados dégénérés issus de mariages consanguins et lobotomisés à la Star Academy, qui peut être assez naïf pour croire en l'existence d'un « Prince de la Jet Skate » qui parle de lui à la troisième personne, et qui après avoir révolutionné le skateboard et tout appris à Tony Hawk, s'est modestement retiré à St Tropez pour écrire ses mémoires ? Beaucoup de gens prennent tout au premier degré, mon vieux... Que penserait Rénato aujourd'hui de la Sheckler mania ?

Quand on a créé Rénato, c'était l'époque où le skate (re) devenait énorme : X-games, arrivée en force de Nike, Danny Way sautait la grande muraille... On entrait dans l'ère du Bling-Bling et Rénato était la caricature de cette mouvance. Aujourd'hui on nage en plein dedans ! Et Scheckler n'est rien d'autre que le fils de son temps. Notre société a les icônes qu'elle mérite. De qui on parle aujourd'hui ? Sheckler ? Sarkozy ? Mickaël Vendetta ? Haha ! Monde de merde... « I love it so much i want it to die again. »

Rénato, plus connu sous le nom d'Alex Deron, execute ici un britney comme il aime à l'appeler lui-même, un mini madonna, quoi, dans le bowl d'Amiens.

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Donc, prochainement, vous aurez droit à la fameuse tournée Kr3w dont on vous annonçait déjà qu’elle serait dans ce numéro la dernière fois. Sauf que les américains nous ont gentiment demandé de patienter un peu, histoire que ça ne sorte pas avant l’article dans Transworld et que ça ne ruine pas la carrière de certains comme Furby qui paraît-il devrait finir en couv’ avec son switch heelflip à Bercy… C’est qu’on doit être devenu au moins aussi gros que Transworld nous, maintenant ! Ah ah ah ! Enfin bref, ce sera dans le prochain, prévu pour arriver en shop aux alentours du 6 avril. Surveillez le site pour les dates exactes, ça part vite d’après ce qu’on nous a dit ! - DT 93

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INSIGHT / DOPAMINE

Skater, Daniel Shimizu Jungle Bank, Installation Bali 2008 photography John Bradford copyright Š insight51.com



david martelleur - wallride to fakie • photos: ian dykmans retrouvez david dans

exclusivement sur





« À mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s’accroître en compensation. » Aldous Huxley / « Le Meilleur des Mondes »


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