SOMA #24

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NumĂŠro vingt-quatre / Bandes de cons




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SKATE.VANS.COM/ROWLEYSPV © 2011 VANS, INC. / PHOTO: ACOSTA


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SKATEBOARDING


Le Sommaire

10 L’intro

38 Julien Béchet

Brassens nous a écrit un petit truc en passant. Merci vieux !

Mais alors, c’est un streeteur ou un skateur de bowl le gars ?

14 Le jeune

Tura est parti en vacances avec des jeunes qui avaient tous des Converse aux pieds. Ça devait être des hippies, forcément.

Hydroponic Clothing ?

26 Le vieux

50 Une bande de jeunes (en) cons 60 Mocquin et le Prado

Né au même endroit que le Jeune, 22 ans plus tôt.

Des chaussures pour Mocquin, merde !

18 Le clash

72 Contes et légendes Oregoniennes

Comment ça marche ?

Des vraies bonnes vacances. Rien que d’y repenser j’en ai la larme à l’œil.

20 Le far’n high

Si même Tura se met à faire des blagues racistes…

22 Annecy Concrete Week-end

Eux ils ont gagné le gros lot : deux pages ! Tout ça pour avoir une paire de Vans gratuite…

24 Le jour du skate Belle brochette…

32 Shut Up And Skate 1

Deux spots géniaux et un autre… Béh, pas du tout.

88 Shut up and Skate 2

Un peu de street dans un mag de courbe !

96 le cercle

Benjamin Deberdt et Mark Gonzales, main dans la main, regardant le soleil se lever sur le parvis du Trocadero...

Jérémie Garcia, BS 180 one foot over the rail. Photo : Tura 8

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100 le Vrac

Des documentaires, le meilleur contest de skate au monde, un mea culpa et un fanzine.



L’ intro

Mon dieu, qu’il ferait bon sur la terre des hommes Si on y rencontrait cette race incongrue’, Cette race importune et qui partout foisonne : La race des gens du terroir, des gens du cru. Que la vi’ serait belle en toutes circonstances Si vous n’aviez tiré du néant ces jobards, Preuve, peut-être bien, de votre inexistence : Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part. - Georges Brassens

D’façon, il est pourri, ce bowl de Guéthary... Photo : Tura 10

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Nick g arcia frontside ollie – Colorado Photo By element advoCate: Brian GaBerman elementskateBoards.Com

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NUMERO VINGT-QUATRE Directeur de la publication David Turakiewicz Rédaction en chef Fred Demard [fred@somaskate.com] & Tura [tura@somaskate.com] Publicité David Turakiewicz [tura@somaskate.com] Mise en page Jad Hussein (pages 60 à 83) / le reste par Tura Secrétaire de rédaction Valéry Blin Photographes Loïc Benoît / David Manaud / Eric Antoine / Zander Taketomo / Christophe Piquard / Benoît Renaux / Max Verret / Kévin Metallier / Clément Le Gall / Fred Ferand / Benjamin Deberdt / Bertrand Trichet / Fred Ferand / Rémi Issaly

Soma est édité par Les éditions du garage SARL 13, rue de l’Isère 38000 Grenoble info@somaskate.com

ISSN : 1959-2450

Impression Tuerlinckx, Belgique. Toute reproduction, même partielle, publication, édition, ou sous n’importe quelle autre forme est interdite sans autorisation préalable. Pour les petits malins, les photos du mag sur internet aussi. Alors faites gaffe !

Max Géronzi, switch crooked grind. Photo : Zander Taketomo 12

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Smith grind © Christophe Piquard

LE JEUNE Thomas Le clair

Date de naissance

Le 13 février 1995 à Evry. Lieu de résidence actuel

St Geneviève des Bois (91). Années de skate

Quatre.

Vidéos de référence

Zero « Strange World » & « Not Another Transworld Video » Skateurs de référence

Mihiel Guerhane (hé hé) et Shane O’Neill. Première board

Une Décathlon puis une Powell mini logo.

Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ? © B. Renaux

C.Piquard

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En train de galérer dans le jardin avec Yallah Yallah familly et les MIP ! Sponsors

Tribute skateshop et Hydroponic Clothing.


black nubuck c h a d m u s k a s i g n atur e m odel

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Rock’n roll slide © Tura

LE vieux Luidgi Gaydu

Date de naissance

25 avril 1973, à Evry, dans l’Essonne. Lieu de résidence actuel

Paris, 12ème.

Années de skate

1985... donc vingt et quelques années... Vidéos de référence

Wow... La vidéo Life « this is a soldier’s story » et « animal chin ». Skateurs de référence

Lilian Cukrowski, Stéphane Dupuis et toute la bande de Guyane, où j’ai commencé le skate. Et bien évidemment Ray Barbee, Brian Lotti, Jovantae Turner... y’en a un paquet... Première board

C’était un jouet, une Rollet avec des roues jaunes fluo, et la première vraie board, c’était la Lester Kasai de chez Tracker. © B. Renaux

Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ?

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En 96, j’étais à New-York, je venais de rencontrer Shirley qui est aujourd’hui la mère de ma fille, et je bossais dans l’import-export entre la Guadeloupe et New-York.


RZA LOGOS: R ZA SHOT BY K A I R EG A N w w w. w es c . c om/ c ha m b e r s


le Clash

par Tura

Depuis quatre ans que Soma existe, on n’a pas raté un épisode du Clash, le fameux contest berlinois. En tant que lecteur assidu, vous avez forcément remarqué. Et là, vous commencez à vous dire : « mais pourquoi est-ce qu’ils nous font le coup chaque année ? Il ne se passe rien en France, ou quoi ? »

Eh bien, pour répondre à la seconde question, effectivement, il ne se passe pas grand-chose en France en matière de compètition internationale, à part le Far’n High, dont on vous parle à la page suivante. Pour ce qui est du coup du Clash un numéro sur six, c’est parce que lorsqu’on nous propose de nous payer le billet et l’hôtel pour un week-end à Berlin, on n’arrive pas à refuser... C’est ce qu’on appelle un partenariat, on leur offre une page de pub pour leur evènement, eux apposent notre

logo sur leurs affiches et leurs flyers, et tout le monde est content. Eux s’assurent de la visibilité de leur contest dans un magazine, et nous, on s’assure un bon week-end aux frais de la princesse à l’étranger. Par contre, cette année, je ne vais pas vous faire le coup du « Berlin, c’est vraiment génial, c’est pas cher, tout ça... », ça, je crois savoir que vous avez fini par comprendre. Une fois n’est pas coutûme, je vais vous parler du contest. Ça vous intéresse, ça, hein ? Savoir qui a fait le plus gros transfer du week-end, le plus long grind, le meilleur run... Non ? Si ? De toute façon, j’ai plus de place, le bas de cette page arrive trop vite pour moi. Allez, promis, je vous raconte tout l’année prochaine ! 18

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Pete Eldridge, switch BS nose bluntslide

Park 1. Axel Cruys­berghs 2. Louie Lopez 3. Lem Villemin Bowl 1. Cur­ren Caples 2. Jür­gen Hor­rwarth 3. Julien Beno­liel Vert’ 1. Ren­ton Mil­lar 2. Jür­gen Hor­rwarth 3. Jussi Kor­rho­nen


Remy taveira / Backside nosepick / Photo : David t.

MUS BENNACER × AKIM CHERIF × GREGOIRE CUADRADO × lIONEl DOMINONI lISA jACOB × MARtIN KEllER × MAtHIEU lEBAIl × jON MONIé SAMUEl PARtAIx × KEvIN RODRIGUES × RéMY tAvEIRA ♠ ♦ ♣ ♥ nozbone skateshop 295, rue du faubourg st antoine 75011 paris. metro nation 01 43 67 59 67 le shop en ligne nozbone.com / le blog nozbone-skateshop.com


le Far’n high

par Tura

Comme je vous l’annonçais à la page précédente, je vais vous parler du Far’n High, le plus gros contest ‘international’ ayant lieu en France. Gros comme un chèque de dix-mille euros. De quoi faire rappliquer du monde...

Forcément, avec autant de pognon à la clé, du monde, il y en a eu. Des Russes, des Allemands, des Portugais, des Espagnols, des Suisses, des Autrichiens, des Tchèques, des Anglais, des Belges, des Norvégiens, des Hollandais, ça, y’en avait... A croire qu’un bus de chaque pays avait été affrété. Et les français, au milieu de tout ça, on les comptait sur les doigts de la main. On n’est plus chez nous, moi j’dis. En plus de nous piquer le boulot, ils nous piquent notre argent, ces étrangers. Heureusement, ceux-là, ils sont rentrés dans leur pays... Ah ah ah, rions, c’était de l’humour, une petite dédicace à tous nos lecteurs racistes. Enfin bref, si comme pour le Clash vous vous attendiez à un report complet de tout ce qu’il s’est passé pendant le contest, c’est rappé pour vous. Chez Soma, on est plus du genre à remuer le purin, pour rester poli, qu’à jouer les commentateurs sportifs. Faudra aller chez Thrasher France, pour les détails techniques. Moi je peux juste vous dire que tout le monde a bien skaté et que tout s’est bien passé. J’aurais juste pas aimé être à la place des juges

Park 1. Douwe Macare 2. Axel Cruysberghs 3. Max Kruglov Filles 1. Candy Jacobs 2. Sophie Poppe 3. Ianire Elorriaga

Antony Lopez, nollie 270 heelflip

tellement tout le monde faisait les mêmes runs... Sauf deux Français : Julien Mérour et Julien Béchet. Cocorico. Bon, ça n’a pas vraiment payé, mais au moins, ils faisaient plaisir à regarder ces deux-là. Et Nicolas Eustache, aussi, qui n’a rien perdu de son pop et de sa bonne humeur. A part ça, j’aurais bien fait la blague du type qui débranche l’ampli du DJ, mais je n’ai pas eu le courage. La techno/house (peu importe ce que c’était), les gars, c’est interdit sur un contest de skate (même à la fédé, ils le savent, ça), d’autant plus à un tel niveau sonore. Bon, j’ai un peu remué le purin, comme prévu. Cela dit, organiser un contest de skate de cette envergure, c’est du boulot, et je me dois de féliciter ceux qui ont bossé dessus, remercier les bénévoles qui ont retourné des merguez tout le week-end, et tous les autres qui ont dépensé de l’énergie pour faire que tout se passe du mieux possible. Ouais, c’est pas terrible comme conclusion, mais sans tous ces gens, il n’y aurait pas eu de contest, et vous ne seriez pas en train de lire ces lignes... On se voit là-bas l’année prochaine. Pensez à prendre des boules Quiès. 20

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Best Trick EASTPAK Robbin De Witt crooked grind nollie flip out (sur le gros rail) Best Trick JART Adrien Bulard bigspin flip transfert Best Trick DC Adrien Bulard 3-6 flip over the box MONSTER Ollie Ricardo Paterno et Nico Eustache : 1,04 m


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annecy concrete week-end À quoi tient un bon contest ? Malheureusement, la recette principale, qui marche presque à tous les coups, consiste en un gros prize money. C’est un peu triste, mais à moins que la trottinette vienne définitivement enterrer le skateboard et que le nombre de skateboarders retombe au même niveau qu’au début des années 90, on ne peut rien y faire.

Joris Brichet, BS air

Il y a bien sûr d’autres facteurs de réussite, comme un choix de date judicieux (pas pendant deux autres évènements), une promo de malade, un concept/format révolutionnaire, un skatepark génial… Mais parfois, il suffit aussi d’un week-end ensoleillé, d’un superbe lac à deux pas, du meilleur DJ au monde, d’un speaker qui tienne la route et d’un skatepark original. C’est la recette retenue par Vans pour ce deuxième volet du Vans Concrete Week-end à Annecy. Oui, bon, il y avait aussi 5000 euros à gagner… On ne peut pas vraiment dire qu’il y avait la crème du skateboard européen pourtant (le gros contest de Copenhague tombait le même jour, et la « coupe du monde » à Marseille aussi…), mais ça skatait quand même drôlement bien, grâce aux locaux qui sont quand même incroyables (Nabil, Werner, Pierre Favre, Joris Brichet et le phénoménal Florent Viart entre autres), à Max Genin, à Junior Mérour, au team Vans France venu en renfort et quelques autres encore. Y’avait un Suisse incroyable aussi, Manu Lopez, qui faisait fakie flip sw nose grind sur le gros ledge (pas celui de la photo quand même, on est en France, hein…). Mais celui qui a calmé tout le monde en Street et qui a donc gagné s’appelle Victor Pellegrin. Signalons qu’il partait avec un handicap de taille, des dread locks de blanc agrémentées d’un bonnet d’été… Saluons donc ici une bien belle performance, puisque séduire les juges dans ces conditions demande un sacré savoir-faire. 22

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texte par Fredd photos par Loïc Benoît

Nabil Slimani, flip BS fifty-fifty

En Bowl, Joris Brichet a sorti la grosse artillerie comme on dit (si, ça se dit)(dans les mags de merde), il connaît ce bowl (de merde aussi) par cœur et il a très justement gagné même si Pierre Favre, juste derrière, est quand même un putain de champion. Et puis il y a le cas Florent Viard. Il est juste incroyable. Il ne skate plus vraiment aujourd’hui à ce que j’ai compris, il s’y remet un peu tous les ans avant le contest et il fait des airs gigantesques un peu de partout, c’est fou de skater comme ça en en faisant une fois par an. Le truc le plus fou, c’est qu’il est tout le temps torse nu, pour qu’on n’oublie pas qu’il est aujourd’hui prof de sport. C’est assez fascinant tous ces muscles. Je me suis surpris à bloquer dessus pendant qu’il skatait… Je ne pense pas être gay, pas trop quoi, mais toutes ces petites bosses de muscles sur son corps m’ont hypnotisé… C’était très chouette, merci Vans, vive ABS et vous féliciterez le DJ pour moi.

Park Victor Pellegrin Nabil Slimani Max Génin Bowl Joris Brichet Pierre Favre Micky Iglesias Best trick Skull Candy David Martelleur fingerflip to tail Best trick Analog Flip 50-50, fakie flip, FS flip et sw flip (Nabil) Sw 360 flip, BS smith, sw big spin heel (Max) soma

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le jour du skate Vous le savez probablement déjà, mais chez Soma, on est des rebelles. Mais des vrais, attention, hein, avec les canifs, les blousons en cuir et les bécanes avec les pots troués qui cassent la tête. On n’aime pas faire comme tout le monde.

Alors, chaque 21 juin depuis quelques années, on essaye de trouver une excuse pour ne pas aller faire de skate. Bon, parfois on y va quand-même, parce qu’on n’arrive pas à résister, mais le fait que ce jour s’appelle « Go skateboarding day » (« le jour où tu vas faire du skate ») nous emmerde. A la limite, si ça tombait un premier avril, ça pourrait être marrant, ou le premier janvier, tiens ! La gueule de bois dans le froid, y’aurait vachement moins de monde, à leur « Go Skateboarding day » ! Dommage aussi de devoir attendre cette date pour qu’il se passe des choses. Je serais d’ailleurs d’avis de renommer ça en : « Go make something for skateboarding day » (« Le jour où tu vas faire quelque chose pour le skate »), ce serait vachement mieux, moi j’dis. Voilà, faites du skate quand ça vous chante, 21 juin ou pas ! J’espère qu’il pleuvera l’année prochaine ! - DT

Photos du 21 juin 2011 parisien par Max Verret



RAYMOND MOLINAR


PRO LS


ARTO SAARI

/ GRAVISSKATEBOARDING.COM


arto




Nicolas Charier, ollie, Evry. Photo : Rémi Issaly

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NUméro XXIV

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Benoît Leray, BS flip, Pleumeur Bodou. Photo : Clément Le Gall

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Alex Hermann, FS feeble grind, Paris. Photo : Tura

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Hardflip. photo : Kévin Métallier


Julien Béchet

chapître 1 La Rue La polyvalence c’est, selon le dictionnaire, « un type de cargo pouvant transporter des marchandises de nature et de conditionnement très divers », mais c’est aussi être capable de ne pas faire que des wheelings ou que de la vert’, c’est être capable de se balarguer sur des marches et de carver un craddle le même jour. La polyvalence, c’est aimer le skateboard sous toutes ses formes, c’est savoir utiliser n’importe quel type de terrain en n’importe quelle circonstance. La polyvalence, c’est être capable de skater comme Julien Béchet. Voilà un garçon qui fait plaisir à voir et qui fût même plaisant à interviewer. En espérant que cette interview en deux parties vous plaise également, je vous laisse avec street-julien suivi de près par julien-transitions. - FD

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chapître 1 La Rue Quel sentiment ça procure de bosser pour une interview dans un magazine ? C’est beaucoup de pression, une motivation, une opportunité de t’exprimer, de montrer de quoi tu es capable, ou juste un moyen de garder tes sponsors ?

Ça ne me met pas du tout la pression, au contraire, parce que j’aime bien aller faire des photos, avec David (Manaud) surtout. Et après, en particulier pour cette interview parce que ça faisait un moment que je voulais faire un truc avec une partie Street et une partie Bowl. C’est donc une idée de toi ?

Oui, ça fait au moins un an que je veux le faire. Ça n’avait jamais été trop fait dans les mags, alors ça m’a bien motivé. Et puis là ça se fait finalement alors je suis bien content. C’est la partie street, ou courbe qui t’as donné le plus de fil à retordre ?

Je vais te dire la partie courbe parce qu’il me manque deux tricks de courbe là. On va les faire ce soir.

T’es pas un fan de Chris Nieratko alors… Mais je parlais plus de toi quand je te posais cette question, ça ne te dérange pas de parler de toi ?

Non, non, je kiffe ! Carrément ?

Oui, là en plus c’est vous qui m’avez proposé de faire une interview pour Soma, j’étais trop content. Tant mieux, passons aux choses sérieuses alors… La question qui nous taraude le plus avec Tura… Tu as commencé à être médiatisé très jeune. On vous voyait de partout avec Gauthier et puis d’un seul coup plus rien. Tu as complètement disparu pour ressurgir quelques années plus tard, encore plus en forme. Qu’est-ce qu’il s’est passé pendant cette période « à vide »?

Bein on skatait beaucoup avec JB et JS qui s’occupait du park le Hall04… T’avais quel âge ?

Ce soir, on va au bowl de Guéthary, ils ont fait une extension de vert avec des parpaings. Puis on va au bowl de San Sebastien à 20h pour le coucher de soleil…

J’avais douze ou treize ans. On a commencé par faire des petits contests, la coupe de France à Albi, etc. Puis pendant deux ou trois ans, on a fait tous les gros contests avec Gauthier, donc on n’arrêtait pas de bouger et j’avais plus trop de temps pour me poser avec mes potes. Et puis on va dire qu’on fumait pas mal de bédos aussi… J’vais pas le cacher (rires).

Bon, béh soyez bons alors !

Et du coup tu te laissais aller ?

Ah bon ? Mais tu sais qu’on boucle ce week-end ? En même temps, si vous faites ça ce soir c’est encore jouable.

(rires) Ok !

Ça y est la pression que t’avais pas je viens de te la mettre.

(rires)

C’est un peu un rituel, l’interview, dans les magazines de skate. Certains skateurs préfèrent laisser parler les photos… Est-ce que tu fais partie de ceux-là ?

Ça dépend, j’aime bien lire les interviews de mecs que je kiffe. Là y’a l’interview de Gauthier (Rougier) dans Sugar qui vient de sortir, j’ai bien pris le temps de tout lire, de décortiquer les photos. Après, je trouve parfois que les questions ne sont pas bonnes, pas tout le temps hein, mais souvent ça dérive sur du n’importe quoi. J’aime pas quand ça sort trop de la veine skate, on va dire ça comme ça. 40

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Voilà. Je me souviens d’un tour en Suisse avec Element, on était censés filmer, mais je passais plus de temps à faire le con avec les autres, plutôt qu’à me motiver pour faire des images. J’étais jeune… Et du coup chez Element ils ont fini par me dire que « ça n’allait pas le faire ». D’un seul coup, je me suis retrouvé sans boards, sans budget. Et comme c’est Element qui me faisait bouger le plus, j’ai aussi arrêté tous les gros contests, j’ai arrêté de bouger et je suis resté chez moi, avec mes potes. Alors j’ai passé un CAP de peintre en bâtiment, mais je skatais toujours, avec mes potes, au Hall04. J’avais une grosse pression sur les contests et puis c’était aussi mon petit passage délicat de l’adolescence, ce qui n’arrangeait pas les choses (rires)… Petit passage nécessaire. C’est l’école de la vie…

Voilà !


Avant de le faire en bowl quelques pages plus loin, Julien est allé s’entraîner sur un rail à la Réunion ! FS nose grind. Photo : David Manaud


C’était soit le rail en tube, soit le ledge avec un gap à la fin... Question de choix. FS Five-o. Photo : David Manaud


« on m’a tout de suite catalogué parce que j’avais une casquette Lacoste »

chapître 1 La Rue Et puis ça t’a permis de passer un diplôme…

Exactement, ça j’en suis fier ouais. Ça m’a bien aidé parce que j’avais fait quelques chantiers et quand je suis parti en Australie avec Greg Poissonnier, j’ai pu rester quatre mois de plus là-bas, avec ce que j’avais mis de côté en bossant pour des potes pendant deux ans. Et donc j’ai pu me payer des petits trips qui m’ont remotivé à skater… Parce qu’il y avait quand même une petite baisse de motivation ?

Ouais, moins de motivation pour faire les contests, les tournées. Quand j’enchaînais trop ça m’énervait… Et puis je suis allé à Bali retrouver JS du Hall04, puis en Australie et ça m’a remotivé à fond. J’ai l’impression qu’on te voit de partout en ce moment, tu as pas mal de photos dans les mags…

Oui ça fait plaisir, surtout après ce que j’avais entendu sur moi, de l’époque où je skatais plus trop… Comme quoi ?

Comme quoi j’étais une caillera, que je traînais avec mes potes, que je carottais des scooters… Exact, c’est ce que j’avais entendu aussi…

Après ma vision des choses là-dessus c’est que j’ai des potes qui sont des cailleras, d’autres qui sont des punks, d’autres qui skatent et je traîne un peu avec tout le monde… Je ne juge pas les gens en fonction de la façon dont ils s’habillent… Et moi, on m’a tout de suite catalogué parce que j’avais une casquette Lacoste… Ah bein, c’est sûr qu’avec une casquette Lacoste t’y échappes pas ! Et donc, pour en revenir à ton « passage à vide », quand tu t’es fait virer d’Element, comment est-ce que tu as vécu la chose ?

En fait, je me suis rendu compte d’un seul coup de tout ce qu’ils me donnaient et du boulot que je faisais en échange. J’avais quinze ou seize ans mais ça a fait tilt dans ma tête quand ils m’ont expliqué qu’ils me filaient par an l’équivalent de 10 000 euros de boards, de fringues, plus 6000 euros de budget voyage, et que de mon côté, béh… Et tu vois, c’était énorme, si j’avais ça maintenant je serais trop content. Mais donc quand ils m’ont dit ça j’ai juste dit « ok, là c’est normal, virez-moi », y’avait pas à batailler… Après j’ai passé mon CAP, j’ai chillé avec mes potes. Et puis je me suis remis le boost tout seul. En fait il y a des gens qui m’ont dit « Julien, il faut pas que tu lâches ça » et grâce à eux, je me suis remis dedans (le skate) et là j’adore aller sur les events.

[suite page 47] soma

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Julien Béchet

chapître 2 La Courbe *

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Ça finit par être un vrai problème, les graffitis dans les bowls... Alley oop stale fish. Photo : David Manaud


« dès que je peux parler de l’Anrobaz, je le fais. On y mange bien… »

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chapître 2 La Courbe Tu es de Soustons, dans le sud ouest n’est-ce pas ?

Oui, enfin, à Tosse, juste à côté, mais mes parents ont déménagé à Soustons et moi j’ai pris un appart à Tosse. C’est pas trop isolé, surtout l’hiver ?

L’hiver c’est bien isolé oui, pour le skate c’est pas évident. Déjà, y’a pas vraiment de caméraman pour filmer. Enfin, je filmais avec Greg Poissonnier, mais y’a pas une vraie scène skate. Y’a une petite scène, mais pas une vraie grosse scène comme dans les grandes villes. Pour quelqu’un qui n’est pas du coin, l’hiver c’est la grosse déprime, pour moi ça va mieux, j’ai ma famille, mes potes et ça ne me déplait pas un peu de calme, mais au bout de trois mois j’ai besoin de bouger, d’aller skater une semaine à fond, dans une ville, voir du monde dans les rues… Et encore ça s’est arrangé…

Oui, parce qu’il y a tous les petits skateparks qui poussent, mais avant c’était dur. Il n’était pas question d’une vidéo Jart ? Où ça en est ?

Si, normalement, c’est prévu pour la fin de l’année.

Tu vas avoir une vraie part ? Comment ça se passe ?

Bein, pour les amateurs comme moi, normalement on n’a pas de full part, non. Mais ils m’ont dit de filmer à fond et s’il y’avait de quoi faire une part, ils me feront une part. C’est bien, ça motive…

Oui, mais bon, comme y’a personne pour filmer ici et que je dois filmer pour la vidéo DC (France) qui doit sortir à la fin de l’année aussi, c’est pas évident. Donc j’essaye de bouger le plus possible, pour filmer pour ces deux projets. BS crail dans une rue de Billbao. Une street rampe, quoi. photo : David Manaud

Un job à temps plein quoi.

Ouais, maintenant je fais vraiment que ça. Et Bastien (Salabanzi) ? Tu es parti en tour avec lui ?

Oui, ça se passe bien, j’aime bien bouger avec lui. Je me suis même retrouvé sur une démo avec lui à Athènes. Ça faisait un peu bizarre de me retrouver à faire une démo juste avec lui… Mais c’était cool. Je demande de plus en plus à Jart de m’envoyer en tour avec des pros parce que ça me motive et ça me fait progresser.

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Finalement, il est allé le faire en Argentine, son nose grind en courbe... Bowl de Mar del Plata. Photo : Kévin Métallier

chapître 2 La Courbe C’est clair que skater avec un mec comme lui ça doit être dingue.

Ouais, puis avec moi il est cool. Après il a ses phases un peu bizarres comme tout le monde le sait, mais moi je l’aime bien et en skate c’est vraiment un truc de dingue. Et puis il est intéressant, il est vraiment pas con. Il y a des gens qui l’ont trashé, et je pense qu’ils n’auraient pas dû… Après, il cherche aussi, à faire son show comme il le fait… Mais je suis convaincu qu’il est très loin d’être con, pour sûr.

Oui il a des phases bizarres en contest… Mais je pense qu’il a changé quand même. Il fait moins le show man. Un peu de sobriété ne peut pas lui faire de mal…

Voilà (rires).

Bon, on va conclure sur Bastien alors…

On peut mettre mes sponsors ? Ah oui, vas-y.

DC shoes, Jart, Pullin underwear, Electric, Buzz skateshop et l’Anrobaz à Capbreton c’est une sandwicherie de poulet. Quoi, une sandwicherie ? C’est quoi le deal ?

Je bouffe gratuit tous les jours là-bas et je mets un sticker sous ma board (rires). Non, mais c’est un pote, je lui passe des images pour mettre dans la sandwicherie, il kiffe, dès que je peux parler de l’Anrobaz, je le fais. Je lui envoie des potes, on y mange bien… Bon béh du coup ça nous fait une bonne conclusion…

Et je dis à David (Manaud) de t’envoyer des trucs ce soir si on arrive à faire de bonnes photos. On va essayer… Je vous fais confiance.

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Par Tura

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Converse France dans le sud-ouest

UNE BANDE DE CONS

Quand je dis « bande de cons », c’est en référence à Converse, qu’on appelle aussi Cons (prononcez « conss »), hein ! C’est même loin d’être des couillons, les quatre recrues qui composent l’équipe française de la fameuse marque de baskets. Je le sais parce que je viens de passer 8 jours avec eux dans un appartement à Biarritz et que tout s’est passé à merveille. Ouais, c’était une bonne petite tournée des spots du sudouest, j’ai bien rigolé et ils ont bien skaté, ces petits cons !

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FS ollie, Hossegor

Rémy Taveira

Ça ne fait pas si longtemps que je connais personnellement Rémy. Avant, c’était juste un gamin qui traînait trop à Chelles de toute façon. Maintenant c’est un homme, majeur et vacciné. Sans aucun risque qu’on m’accuse de quoi que ce soit, je peux donc avouer être éperdument amoureux de lui. J’ai beau chercher, je n’arrive pas à lui trouver de défaut. Enfin, je dis ça d’un point de vue professionnel, bien entendu. Partez en tournée avec lui et vous verrez. Vous ne l’entendrez jamais se plaindre et il défoncera tous les spots que vous mettrez devant lui. S’il y a un barbecue sur la terrasse, il s’en occupera tout aussi bien. Il oubliera juste de le nettoyer après, mais après tout, c’était juste un appart’ de location ! Bon, maintenant que je t’ai déclaré ma flamme, Rémy, appellemoi, qu’on retourne se promener sur le port de Biarritz au coucher du soleil, comme l’autre fois...

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Ollie to manual, Anglet


BS 180 par-dessus le rail, Bilbao

Fred PlocqueSantos

Avant de rencontrer Fred, le seul endroit où j’avais entendu parler de lui, c’était dans Sugar, pour son « Vos Gueules » qu’il avait eu quelques semaines auparavant, où il faisait un gap to FS feeble sur un rail. Or, ceux qui me connaissent savent l’affection que j’ai pour les FS feeble grinds. Donc, dès le départ, Fred avait des points d’avance. Après cette semaine en sa compagnie, je dois dire que Fred en a encore plus, rien que pour la nuit qu’il a passée sur ce lit pliant, où le matelas lui avait été piqué. Il a donc dormi directement sur les lattes, où il avait quand-même pris soin d’étaler une serviette et le tapis de bain humide de la salle de bains (il manquait aussi une ou deux lattes, et une était cassée...). Eh, Fred, si tu passes par Paris, appelle-moi si tu cherches un endroit où dormir, je te ferai un matelas à base de vieilles boards et de serpillères...

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Ollie, Errentaria, Pays Basque Espagnol

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Wallie big spin, San Sebastian

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Vincent Touzery

Le seul truc embêtant, avec Vincent, c’est que s’il ne rentre pas son trick au bout de 5 essais, ça le rend dingue. Il se met alors à hurler et à jeter sa board contre les murs, quand il ne décide pas de la casser directement, ce qui est plutôt embarrassant, autant pour les passants que pour les personnes qui l’accompagnent. A part ça, c’est un bon jeune. Je l’aime bien, et s’il arrête de détruire systématiquement le matos qu’on lui offre, il ira loin. S’il parvient à trouver un vrai sponsor de board... Appelle-moi, Vincent, j’connais un mec qui connait un mec dont le beau-frère a un voisin qui bosse pour le distributeur Natural Koncept en Pologne, y’a peut-être moyen de faire un truc...

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Ollie, Hossegor

Kevin Rodrigues

Ça y est, K-Rod est un adulte. Enfin je crois. Il ne ressemble plus à une fille et il est devenu ce qu’on avait tous imaginé : un mec fort en skate, et reconnu en tant que tel au-delà de nos frontières. Si si, y’a des fans de lui en Angleterre, enfin, il paraît. Le problème avec Kévin, c’est qu’il est super exigeant avec lui-même. Il ne s’autorise aucune faiblesse et se fixe la barre toujours très haut. Donc forcément, parfois, quand ça ne rentre pas, ça le rend malade. Un peu comme Vincent, quoi. Mais bon, c’est pas si grave. Ça aurait pu l’être s’il avait eu un égo démesuré mais non, Kévin reste juste un vrai skate-rat avec des idées de tricks que personne n’aurait pu avoir. Prenez ce ollie, c’est tout juste si on aurait remarqué le spot en passant devant, nous, les mecs normaux. Lui s’est dit qu’il y avait un ollie à faire, et il l’a fait. Appelle-moi, Kévin, quand tu as validé le wallride paru dans le mag... Ça commence à dater, là, on va passer pour des cons tous les deux...

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Guillaume Mocquin est un type surprenant. Sur un skateboard déjà, vous avez certainement eu l’occasion de vous en rendre compte par vous-même, que ce soit dans la vidéo Element ou dans les magazines et surtout « en vrai », il est épatant et totalement imprévisible. Mais dans la vie, c’est bien pire. Alors qu’on l’imagine simple psychopathe fou dangereux après l’avoir croisé à deux heures du matin devant la boîte de nuit dont il vient de se faire virer, il s’avère être d’une étonnante gentillesse (le lendemain), une personne avec qui l’on peut avoir des discussions intéressantes, capable de prodiguer de judicieux conseils aux jeunes skateurs, capable d’un dévouement sans limites à ses proches, capable même d’appeler sa mère pour la fête des mères… Le cœur sur la main, toujours prêt à se mettre en quatre pour ses potes, et par là même, toujours prêt à défoncer un gars qui aurait cherché des noises à l’un d’eux… Imprévisible donc, impulsif, indomptable, mais 100 % authentique, sincère et même, n’ayons pas peur des mots : attachant. Une sorte de bête sauvage, si vous préférez, avec un instinct de meute très développé et qui aurait pour habitude de défoncer le bowl du Prado… Parce

PhotoS ÉRIC ANTOINE (sauf indiqué)

MOCQUIN ET LE PRADO

L’année d’après, même endroit, même contest : le choc. Il était là, skatait toujours autant, mais il était juste devenu super balèze. Là, avec les copains, on ne s’est même pas remis en question, on s’est simplement dit que c’est lui qui avait un problème. Un problème qui lui permettait de mieux skater que tout le monde, mais un problème quand même. Quand on progresse aussi vite, c’est juste pas normal, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas… Bon, il est reparti en civière cette année-là, avec un trauma crânien et une épaule flinguée, alors que nous, on est rentré à la maison aussi fringants (et aussi nuls) qu’on l’était en arrivant. L’année suivante, le contest ne se faisait plus à Marseille, mais à Malmö et il avait carrément gagné sa place pour skater avec les pros, en se qualifiant dans le bowl du Prado. Vous parlez d’une ascension fulgurante ? Un peu oui, et depuis, ça n’arrête pas, il a deux ou trois tricks en tête à faire pâlir un Stevie Williams. Parce que Guillaume a décidé de se lancer dans le super tech, le « ledge dancing » adapté au bowl… À ce que j’ai compris, les séquences de cet article ne sont qu’une mise en bouche… Il se plaignait, quand on lui a annoncé qu’on avait l’intention de faire un article avec ces photos, qu’il avait un pied cassé quand Éric (Antoine) était venu shooter (il s’est fait opérer deux semaines plus tard) et donc, 60

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qu’au bowl, et c’est le sujet de cet article, il est devenu LE champion, en un temps record. Pourtant il y a une grosse concurrence, et surtout, c’était vraiment pas gagné au départ. Je me souviens l’avoir vu pour la première fois en 2004 au (Quiksilver) Bowlrider, à Marseille justement. Il m’avait presque autant fait halluciner que Cardiel et Speyer les premières années, mais pas pour les mêmes raisons... Il ne savait absolument pas skater le bowl ! Mais alors vraiment pas. Toujours à deux doigts de se mettre une tarte, mais toujours à fond. Tout le monde hallucinait sur lui en fait. Il skatait toute la journée entre les runs des pros, puis en fin d’après-midi dès que le contest était fini. C’était un vrai danger public, complètement à l’arrache. Avec mes potes, on attendait que tout le monde parte faire la fête pour skater le bowl jusqu’à ce que le jour se lève, pour être tranquilles… Et il était encore là, à skater à bloc.. On le regardait flirter avec la mort à chaque fois qu’il s’élançait dans le bowl et au bout de trois jours à skater à fond, il était toujours super sketchy, mais il commençait à faire des gros airs sur le hip. Il avait plus progressé en trois jours que mes potes et moi en quinze années de

qu’il pouvait faire mieux… Je me permets de le préciser parce que c’est un aspect assez significatif de son caractère : Guillaume est un éternel insatisfait, à un point que c’en est presque chiant... Si on l’écoute, rien de ce qu’il fait ne mérite d’être filmé ou pris en photo, y compris les tricks de cet article. Quand je vous dis qu’il a un problème... Pourtant il est bien conscient qu’il skate au dessus de la moyenne. Quand on lui demande qui l’a vraiment impressionné au Prado, il répond qu’à part ce qu’on lui a raconté et qu’il n’a donc pas vu, les Burnquist, Cardiel, Peter Hewitt, etc… Personne ne l’impressionne vraiment. A part peut-être « Boulon », le gars qui passe le spine en scooter et un ou deux minots du cru qui selon lui possèdent tout ce qu’il faut pour devenir très forts. Signalons en aparté et pour conclure, que Guillaume n’a toujours pas de sponsor chaussures et qu’il remercie donc doublement Element de continuer de le soutenir malgré le fait que, comme il le dit lui-même, « ils me gardent alors qu’ils auraient déjà pû me virer 100 fois. » faisant référence ici à ses frasques nocturnes… Voilà, cet « avant goût » se termine ici, on vous tiendra informés de l’évolution du phénomène Mocquin au bowl du Prado dès que possible. En attendant, allez voir la vidéo Lakaï et filez essayer tout ça dans le bowl le plus proche… – FD


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SMITH GRIND TO NOSE MANUAL

SÉQUENCE TUra

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SWITCH FS LIPSLIDE REVERT

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TAILSLIDE TO BLUNTSLIDE TRANSFER

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FS STALEFISH

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Free Entry & Live Webcast



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Photo – Loïc Benoit (sauf indiqué) Texte – Fredd On a beau essayer de se convaincre que nous aussi, en Europe, on a de très bons parks, de très bons skateurs, de très bons supermarchés, de très belles balades… On a beau dire, on a beau faire, le nord-ouest américain quand même, ça vaut son pesant de cacahuètes. Des skateparks en béton à perte de vue, des skateurs absolument inconnus mais complètement incroyables, des « Safeway » ouverts 20/24 pour pouvoir aller manger du Houmos à minuit ou à cinq heures du mat’ selon l’humeur et une nature luxuriante à faire déménager un berger corse. Et puis, les gens qu’on y rencontre n’ont absolument rien à voir avec ceux qu’on rencontre en Californie… Déjà pour un gars qui ne fait pas de skateboard, c’est franchement un coin exceptionnel, mais pour des couillons comme nous, c’est vraiment difficile de faire mieux. Fort de ce constat, avec les copains, on a pris nos cliques, nos claques et nos économies et nous nous sommes envolés pour Portland, aussi connue sous le sobriquet de « Beervana », la capitale mondiale du hipster barbu en chemise à carreaux et fixie. Nos missions étaient de skater Burnside, le park d’Orcas Island au large de Seattle et celui de Lincoln City, sur la côte, au sud-ouest de Portland, ce que l’on ferait en plus ne serait que cerise sur le gâteau, « the icing on the cake » comme ils disent là-bas, « les marshmallows dans le feu », comme on disait nous autres… Ce qui faisait l’originalité de notre équipe, en comparaison avec les groupes de jeunes gens qu’on a l’habitude de voir dans les magazines, c’est que presque tout le monde payait son voyage de sa poche, qu’on était loin d’être tous des champions et que notre seul but était de passer de bonnes vacances. Pas d’histoire de tricks à filmer ou à prendre en photo pour tel sponsor ou tel magazine. Aucune pression, si ce n’est celle de skater le plus possible, aucun chef de troupe, aucun boulet, aucune contrainte… Si ça n’est pas le Tour parfait, ça y ressemble grandement. Ce qui est amusant, c’est qu’au final, on a ramené plus d’images que sur un vrai tour avec des champions certifiés conformes venus produire de l’image… Ça doit être plus difficile de se motiver quand tout vous est 76

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servi sur un plateau d’argent ? Il y avait donc dans notre équipe un vieux champion poilu (David Martelleur, aka Marto, aka Roost, aka plein d’autres trucs encore), un gars qui n’a jamais vraiment pris le temps d’être un champion (Damien Marzocca), un ex-champion / ex-team manager / futur Osthéo (Hans Claessens), mon pote de skate de Grenoble, infirmier de son état et concentré de bonne humeur (Guillaume), notre pote graphiste et néanmoins fréquentable (Jad), un pote de Belgique qui passait par là (Laurenz Coninx), une ancienne gloire du skateboard Lyonnais (Mickaël Plasse), un absent (notre pote Benny qui s’est dégonflé au dernier moment), un vrai champion dans la force de l’âge (Julien Mérour), un photographe mal poli qui a décidé d’aller tous les deux ans en Oregon (Loïc Benoît), et un mec qui passait son temps à se plaindre parce qu’il avait mal de partout (moi). Moyenne d’âge : 33 ans, l’âge du christ mon pote ! Il y avait aussi Philippe et Paulo qui font ce film sur Marto, (ça sort bientôt, attention…) qui nous ont rejoints. Ils skataient pas mais ils étaient sympas quand même. Au lieu de vous raconter tous les tricks de malade que j’ai fait là-bas voici quelques légendes oregoniennes qui pourraient vous aider à mieux comprendre cette mystérieuse région :

Mark « Red » Scott est bien plus qu’une simple légende en Oregon, c’est une vraie « putain de légende ». Il est plus ou moins le gars par qui tout est arrivé. C’est en grande partie à lui qu’on doit Burnside, ainsi qu’une bonne partie des meilleurs skateparks dans le monde (Dreamland, c’est lui). C’est aussi le gars qui a fait le loop dans un vrai full pipe en béton sans inviter toute la presse, à une époque où Tony Hawk et consorts faisaient tout un pataquès avec leur loop hélicoïdal en bois. Bref, Red est une sorte de dieu vivant dans le nord-ouest et dans le skateboard en général. Et c’est aussi le gars qui est venu nous réveiller à huit heures du matin alors qu’on campait tranquillement à l’intérieur du bowl de Lincoln City.


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Après avoir fait quelques rapides recherches sur l’Internet, il semblerait que l’Oregon soit l’état américain le plus blanc et le plus raciste. Ce dont se défendent les Oregoniens qui n’aiment pas trop, à juste titre, qu’on se foute de leur gueule. Se faire traiter de hipsters passe encore, 78

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Orcas Island © Guillaume D.

Il avait vu des tentes dans le bowl en emmenant son fils à l’école et ça l’avait fait marrer. On s’est un peu demandé ce que ce gars venait nous faire chier si tôt, puis il nous a laissé son adresse pour qu’on passe prendre le café chez lui. D’un seul coup, Marto a réalisé de qui il s’agissait et je ne l’ai jamais vu être aussi efficace : une minute trente pour s’habiller, plier sa tente et tout son bordel et commencer à saouler tout le monde pour y aller... Méconnaissable. On a donc fini par débarquer dans la petite maison de la famille Scott, à onze, les mains dans les poches. Sa femme et sa fille aspirante mannequin étaient là pour nous accueillir, le café était prêt et il y avait des œufs brouillés pour tout le monde… Marto est même allé se faire masser par « l’Osthéo » de la famille. Une charmante quinquagénaire qui sous ses airs de « Mamie gâteau » se faisait payer en weed… Après avoir réquisitionné toutes les prises de courant pour recharger les batteries de nos appareils photo, nous avons entrepris de nettoyer le bowl qui se trouve dans le jardin. Quatre ou cinq mètres de profondeur, des copings rouillés et en partie brinquebalants, c’était plus gros que la plus grosse de tes vert ramps et il y avait vingt centimètres d’eau dans le fond. Après une heure à le vider, on a pu commencer à le skater, et heureusement pour moi, il s’est mis à pleuvoir… Sauvé ! Ce truc n’était vraiment pas raisonnable. On a fini par passer la journée chez Red, à jouer au basket, faire de la moto, regarder des vidéos de skateboard… Vraiment sympa pour un gars qui a la réputation d’être un gros dur moitié redneck, moitié psychopathe…

mais de racistes, ils n’aiment pas ça. Alors bien sûr, il n’y a que la vérité qui fâche, en tout cas, notre bande de bourgeois blancs ne s’est rendu compte de rien. Même notre camarade Jad, partiellement originaire de l’axe du mal (il a le même nom de famille qu’un célèbre dictateur Irakien) ne s’est pas fait tabasser une seule fois pendant notre séjour, alors qu’il n’est jamais le dernier pour les pousser à bout ces Oregoniens. En y repensant un peu, il est vrai qu’on a très peu vu d’afro-américains en Oregon. Ce n’est qu’une fois à Seattle (dans l’État de Washington) qu’on a commencé à voir des gens de couleur. Pour pousser très loin mon étude socio-anthropologique, je dirais que Seattle, c’est bien plus ambiance Oprah Winfrey et Bill Cosby qu’à Portland. Je signale par ailleurs pour être tout à fait précis, que ni Oprah, ni Bill ne sont originaires de Seattle. Comme vous le savez déjà, c’est la ville de Jimi Hendrix et de Kurt Cobain, ce qui nous fait 50 % d’afroaméricains et 50 % de blancs-becs. Bruce Lee est enterré à Seattle, mais je ne sais pas si ça peut rentrer dans les calculs du coup... Amis lycéens, n’hésitez pas à me citer dans vos prochains devoirs de philosophie, ça fera à coup sûr grimper votre note.

Il était pro, entre autres pour Blockhead, dans les années 80. Il avait une sale dégaine de surfer/ ramp rider avec une longue queue-de-cheval à la Joe Johnson, alors personne ne s’intéressait trop à lui, et aujourd’hui, ils ne sont pas nombreux à s’en souvenir (ni même de Joe Johnson d’ailleurs). Pourtant, à 48 ans maintenant, il skate toujours à bloc et il a la méchante classe. Il est surtout tellement cool que ça vous donne l’impression de n’être qu’un gros con antipathique en comparaison. C’est lui qui nous a indiqué le chemin vers les full pipes de la photo de Hans, il a pour projet d’y faire le loop dans un futur proche. Le jour où on l’a vu à Hood River, il ne le sentait pas vraiment mais il nous a assuré que ce sera fait sous peu... Bonne légende lui aussi !


Burnside © Guillaume D.

La légende veut que les locaux à Burnside soient des gros cons qui tapent sur tout ce qui bouge, surtout si c’est français (même blanc)... Les gens s’imaginent tout un tas d’horreurs sur ce bout de béton, mais la triste vérité est que tu ne risques rien à Burnside, sauf si tu cherches bien sûr. Si tu fais le mariolle, que tu snakes tout le monde et que tu laisses traîner tes déchets, ils ne vont pas te louper, c’est sûr. Par contre si t’y vas juste pour faire du skate, la seule chose qui puisse t’arriver c’est de te faire des potes et de passer du bon temps. Venir avec son pote BMX n’est pas une super idée cependant. Je n’ai pas assisté à la scène, mais Damien m’a raconté qu’il a vu deux gars en vélocross arriver à Burnside. Ils se sont fait défoncer la gueule pour pas un rond. Mieux vaut donc éviter la bicyclette, le roller ou la trottinette si vous tenez à votre nez. C’est le seul conseil qu’on vous donnera, en plus de celui d’aller manger dans la pizzeria juste au-dessus : « Sizzle Pie », qui a les meilleures noms de pizzas au monde (36 chambers, Steve Caballero, Ace of Spades, Meat is murder, Bad Lieutenant, Napalm Breath, South of Heaven, the Ol’ Dirty, Skate Goat, Spiral Tap…) et en plus, elles sont bonnes, et je ne parle pas que des serveuses. Pardon pour cette dernière remarque digne de personne, même pas de moi.

plafond quand en apprenant que le film avait été tourné à Astoria, sur la route entre Orcas et Lincoln et qu’on pouvait aller voir la maison des Goonies et surtout : la plage des Goonies ! Celle avec les trois rochers de Willy le Borgne. Oui mon pote ! À ma grande surprise, Damien et Marto se sont avérés être encore plus fans du film que moi, ils se souvenaient des noms de tous les personnages et Damien n’a pas eu besoin de panneau pour reconnaître la maison des Goonies. Rendons leur hommage en priant ensemble pour leur salut. Merci pour eux.

Si vous aviez entre 6 et 16 ans en 1985, vous vous souvenez forcément des Goonies, ou alors c’est que vous avez un problème. « Les Goonies » est un putain de chef d’œuvre du cinéma pour les 6 à 16 ans. Dans notre bande, tout le monde a sauté au soma

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fuck with Danny Way », et bref, on ne l’a pas revu du trip. Mais tout va bien, il arrive dans dix minutes…

Mick (aka Jason de Lyon) est une ancienne gloire du skateboard français, à la fin des années 80, début 90. Il était sponso Real à l’époque et beaucoup se souviennent de son interview dans « Anyway » où il pose avec sa collec’ de stickers (il avait refait le coup dans « Chill » quelques années plus tard). Il s’est mis ensuite à faire des tonnes de gamins, puis il a rangé son skateboard pour faire de la moto cross et on n’a plus entendu parler de lui. Aujourd’hui il est cogérant du très bon shop Wall-Street et il re-skate. Ça faisait plaisir de l’avoir avec nous sur ce tour. Il était complètement à bloc. Il a certainement plus skaté en 15 jours que ces dix dernières années. On a le même âge Mick et moi, et je peux vous dire qu’il m’a mis la haine une ou deux fois (par jour) à skater aussi bien sur ce trip… Attention mesdames et messieurs, Jason est de retour !

Indéniablement, Choppy Omega est une légende Oregonienne, par contre, je ne sais même pas par où commencer… Choppy est difficilement explicable aux gens qui ne l’ont jamais rencontré. Tapez déjà son nom sur youtube pour vous faire une idée, le coup où il saute du cinquième étage dans la piscine en disant « maybe I make it, maybe I don’t, but I always skated and I always loved skating » dans la vidéo Natural Koncept en dit assez long sur le personnage... C’est le gars le plus drôle et le plus cool de Portland et bizarrement, il s’entend très bien avec Martelleur. Il s’est un peu occupé de nous le premier jour, puis il devait venir avec nous à Orcas Island, mais il avait rendez-vous avec Danny Way avant, alors il avait dix minutes de retard… Puis dix autres minutes, puis dix autres… Et comme Choppy nous l’a expliqué, « you don’t 82

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C’est la version Seattle de Burnside, donc pas du tout en Oregon mais juste au-dessus, dans l’état de Washington. Un park estampillé D.I.Y., gigantesque, abrité par un pont dans une zone un peu pourrie en périphérie de la ville, idéal… Les canapés et la déco donnent un peu l’impression de rentrer chez quelqu’un et donc, quand t’arrives à dix sans avoir pensé à apporter des fleurs, ou le dessert, t’as un peu peur de déranger… Mais au final et malgré les apparences, les locaux qu’on a rencontrés étaient incroyablement cool. Y’en a un qui sentait mauvais quand même, il dormait dans une réplique du van de l’agence tout risque, juste à côté du park. Il avait une vraie dégaine de clochard, mais il skatait le truc comme s’il l’avait construit. D’ailleurs, il l’avait construit… Il y avait aussi le sosie d’Alice Cooper (je ne suis pas loin de penser que c’était vraiment lui) qui s’est avéré être un sympathique beatnik revendeur « d’herbes médicinales ». Alice Cooper qui carve à Marginal Way, même sans son serpent, on me l’aurait dit, j’y aurais pas cru…

Là aussi, on est au-dessus de l’Oregon, mais ça compte quand même. Déjà, il faut prendre un bateau pour y aller, et avec un peu de chance, on peut voir des dauphins et des baleines. Bon, nous on n’a pas eu de chance… Puis l’île est un petit coin de paradis comme on n’en voit qu’à Thalassa. On a battu le record du monde de rico-

chets dans le lac à côté duquel on a campé, on a fait griller des marshmallows comme dans les films américains et le matin, en sortant de la tente il y avait des biches de partout. Il y avait aussi une amende sur le pare brise du Van parce qu’on n’avait pas payé le droit de camper au garde forestier… C’est l’Amérique quand même hein, faut pas déconner, mais bon, ça revenait à quelque chose comme deux dollars par personnes alors c’était pas bien méchant. Et puis, il y a le skatepark… Juste à côté du terrain de baseball où les pom pom girls viennent s’entraîner à faire soulever leurs jupettes en poussant des petits cris stridents. Le skatepark donc, est incroyable. Dreamland et Grindline s’y sont mis à deux pour sculpter la chose et le résultat est épatant. C’est gros, ça va vite, ça fait peur, mais il y a aussi de quoi se promener tranquillement et des courbes de taille raisonnables. Quand je serai grand et très riche, j’aurai une maison de campagne là-bas…


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Voilà, ce sera tout pour aujourd’hui. Pour la suite des légendes Oregoniennes, il va falloir aller voir par vous-même si tout ce que je viens de raconter est vrai ou juste fantasmé. Nous, à priori on y retourne dans deux ou trois ans, le temps d’économiser un peu pour pouvoir se payer des Marshmallows à faire griller. Par contre, on ne va pas oser vous refaire le coup de l’article alors ce sera à vous de faire des photos. Et d’ailleurs à ce propos, allez-y mollo avec vos boîtiers numériques. Quel fléau ces petits appareils ! On en avait tous un, sauf Laurenz qui avait un carnet à dessin, Damien qui vient à peine de passer à l’argentique et Marto pour qui ça représente trop de responsabilité. On a shooté tout ce qui bougeait, en même temps, du même angle… Personnellement, je suis revenu avec autant de photos que Loïc sans avoir fait une seule séquence… J’ose même pas vous dire combien j’ai fait de photos sur la plage des Goonies. C’était juste ridicule, j’ai franchement honte quand j’y repense, mais hé, on est touriste ou on l’est pas. Nous on l’était…

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1 – C’est curieux cet article qui commence par une photo toute seule, vous trouvez pas ? C’est de la faute du gars dans le fond de la photo, qui regarde Julien Mérour en fs feeble grind à Orcas Island. Jad qu’il s’appelle, c’est notre pote graphiste, il aime bien nous bousculer avec ses maquettes bizarres. Au fait, Julien s’appelle dorénavant Junior Mérouré, ne cherchez pas à savoir pourquoi, « what goes on tour, stays on tour ». 2 – Comme le dit si bien Martelleur, Hans Claessens est un putain d’génie. Et pour une fois, je suis bien d’accord avec lui. Bs slash en sortant du tube, shaka bra ! Hood River, OR. 3 – Damien Marzocca est totalement incapable de replier un matelas gonflable ou une tente « 2 secondes », par contre, pour aller se poser en Bs tail en haut du plus fameux wall au monde, y’a plus de problème, ça rentre tout seul. Burnside, Portland, OR. 4 – Mark Partain nous a bien calmés quand on l’a croisé dans cet incroyable skatepark au milieu des arbres. Il habite juste à côté et il en connaît chaque recoin. Fs Air à HoodRiver, OR. 5 – Michaël « Jason » Plasse s’était fixé pour but de faire un vrai « air » sur une grosse courbe. Je crois que là c’est bon… Fs air à Orcas Island, en partant du (très) gros bowl. Dans le fond, sur le terrain de baseball, on entend encore les pom pom girls hurler leur joie de vivre. Mick t’es un champion ! 6 – Choppy Omega est incroyable ! Fs air sur la nouvelle partie de Burnside, juste avant de s'ouvrir la tête en deux en se prenant un des pylônes de face. Le lendemain il avait vingt centimètres d'agraffes sur le crâne. ça lui allait plutôt bien d'ailleurs. Une photo de Junior Mérouré. 7 – Laurenz Coninx allait rejoindre un pote Belge à SF, alors Marto lui a proposé de partir un peu plus tôt pour venir avec nous. Il a skaté non-stop pendant quinze jours. Toujours à bloc, toujours content. À la fin du trip, il nous a remerciés de lui avoir permis de venir avec nous, alors que franchement, c’est plutôt à nous tous de le remercier pour le spectacle. Kickflip to tail sur une énorme courbe du park de l’île des baleines tueuses. 8 – Pour faire cette photo à Lincoln City, le jeune et fringant Junior Mérouré descendait la piste de moto à fond la caisse, faisait un énorme ollie par-dessus la bosse à droite de la photo et ce gigantesque kickflip en remontant… Si Damien n’avait pas effacé le footage par erreur, il aurait même pu le mettre dans la vidéo Trauma… 9 – « Vous pouvez raconter n’importe quoi, mais ne faites pas pleurer ma mère ». T’inquiète Marto, on n’a que des bonnes choses à dire sur toi, t’es l’meilleur barbu qu’on connaisse. David Martelleur Bs air du coping bleu jusquà la courbe tout à gauche de la photo. Champion ! Marginal Way, Seattle, WA.

Putain de fantastique ! J’étais déjà allé à ce park quatre ans plus tôt, ils en étaient à la troisième version et c’était déjà incroyable mais là, deux versions plus tard c’est franchement du grand n’importe quoi. Pour vous faire une idée, sachez que Thrasher magazine qui en connaît un rayon dans le domaine l’a baptisé « the gnarliest skatepark in the world »... L’espèce de piste de snowboard en béton est folle. Ils appellent ça « the moto track » et effectivement, c’est un peu l’impression que ça donne. Ça a presque l’air facile sur la vidéo de Grant Taylor sur internet, mais en vrai... Ça va à mille à l’heure et tu sens que si tu t’en mets une sans ton casque intégral et ta combinaison en cuir, tu vas directement brouter les pissenlits par la racine. Personnellement j’ai rarement skaté un truc aussi drôle. Juste allez-y !


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Alex Richard, no comply tail slide to fakie. Photo : Tura


NUméro XXIV

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Adrien Bulard, 360 pop shove it (AKA patapizza). Photo : KĂŠvin Metallier


Octavio Trinidade, hardlip revert. Photo : Tura


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le cercle Le propre des génies est d’être un peu fous. Prenez Mark Gonzales, par exemple... Qui aurait eu l’idée de relier 9 boards par le nose et le tail, et d’aller essayer de skater ça ? Benjamin Deberdt, lui, fait des photos de skate depuis vingt ans et accessoirement, est pote avec le Gonz. C’est lui qui a lancé Sugar en 1997, puis Kingpin (enfin, pas tout seul, hein...) en 2002, et Pause en 2009, qui s’est arrêté après deux numéros. Sur le premier figurait Mark Gonzales, d’ailleurs... Aujourd’hui, Benjamin se concentre sur des projets plus artistiques, comme ce chouette bouquin...

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texte par Tura photo par Benjamin Deberdt

Comment est née l’idée de la session ?

Benjamin Deberdt : En fait c’est une idée de Mark qui à l’époque bossait sur une exposition pour sa galerie à New York, Franklin Parrash, et qu’il avait basée autour de la Circle Board. Il avait déjà fait filmer la session à New York avec Pappalardo, par Bill Strobeck, qui circule sur internet depuis un moment, où l’on voit Pappalardo manquer de se tuer à chaque instant, ce qui montre bien que ce truc est vraiment inskatable… C’est une autre dimension, on va dire ! Et quand Mark m’a contacté, il arrivait à Paris en famille, et il me demandait si je voulais filmer… Je lui ai dit « non » étant donné que mes capacités de « filmeur » sont assez limitées ! Ah ah ! Mais que j’allais trouver quelqu’un. C’était trois ou quatre jours avant qu’il n’arrive, mais il avait déjà son idée : aller faire ça au Trocadéro. Je lui ai dit que vu que le premier car de Japonais doit arriver vers 7h30, j’imagine, il fallait qu’on y soit au lever du soleil, ou bien ce serait un autre sport… Comme il arrivait de New York, avec le décalage horaire et vu qu’il ne dort pas beaucoup, de toute façon, pour lui c’était parfait. J’ai juste vérifié que Ludovic Azémar était disponible et motivé ; comme il vivait encore à l’époque en banlieue parisienne, je lui ai dit de venir dormir à la maison pour qu’on puisse se lever à 5h00. Et voilà, ça s’est fait donc assez spontanément, même si Mark avait déjà une idée très précise de ce qu’il voulait faire. Juste après la session, on est allé prendre le café là où il habitait et il nous a tout de suite donné le morceau de musique qu’il voulait utiliser. Un truc d’un ami japonais à lui, Hiroshi Fujiwara. Il a dessiné les titres sur une feuille et les a donnés à Ludovic, et voilà… L’idée du bouquin est venue ensuite ?

BD : Ça s’est fait beaucoup plus tard. Moi j’avais fait les photos, pour documenter le truc, en fait. Parce que c’est quand même marrant ! J’ai utilisé juste une photo dans Pause, et je ne crois pas qu’il y en ait eu ailleurs… Et en fait, Joseph, qui est mon ancien voisin quand j’habitais à Londres, à l’époque de Kingpin, et qui édite des petits bouquins d’art, a vu une des photos. On a commencé à en parler, je lui ai montré le reste et l’on est partis pour faire un bouquin. Et puis on s’est dit que ce serait vraiment bien que Mark participe. On lui a demandé, il était ok, et ça s’est fait assez vite, un peu comme la session qui s’était organisée en deux jours et deux coups de Skype. On a rapidement réfléchi à comment le faire, Joseph étant à Sydney, Mark à New York et moi à Paris… J’ai préparé une sélection des photos les plus intéressantes, on a tout tiré en double, je les ai envoyées à New York et deux semaines plus tard, une copine de Joseph est allée les récupérer chez Mark. Au moment où les tirages revenaient en Australie, l’expo de la Gaîté Lyrique se concrétisait, alors on leur a proposé d’exposer une partie des tirages. Entre temps, Joseph a fait la sélection des photos, et c’est lui qui a eu l’idée du risographe, la machine utilisée pour imprimer, qui a ce rendu complètement différent par rapport à une impression classique. Ça perd un peu en qualité au niveau des photos, par contre tu as l’impression que les dessins viennent tout juste d’être fait sur la feuille. Il y a des pages où c’est vraiment marquant… C’est une machine qui sert normalement à fabriquer des flyers en très peu de couleurs, mais qui est pas mal détournée ces temps-ci… Bref on peut dire que chacun a un peu mis sa patte, moi j’ai fait les photos, Mark a fait les dessins, et Joseph a eu l’idée d’utiliser le risographe pour avoir un rendu différent. Ce qui fait qu’au final, tout le monde est content ! Est-ce que Mark est vraiment fou, ou est-ce qu’il vit comme il skate, en improvisant devant les obstacles qui se présentent ?

BD : Je pense que ce n’est pas à moi de répondre à cette question ! Haha ! Non, quand tu es vraiment fou, il y a un moment où ça bloque. Il est plus dans la liberté, comme il skate, à juste profiter du moment présent, que ce soit sur une board ou quand tu es en terrasse d’un café à Paris, par exemple. S’il y a un magasin de cigares en face, il va aller tester les cigares ! Et puis il y a aussi peut-être le syndrome de Peter Pan, vu qu’il est quand même pro-skateur depuis très longtemps maintenant. Mais ma théorie à moi, c’est qu’il sait exactement ce qu’il fait… Le Cercle Publié chez Izrock (www.izrock.com) 52 pages, 35 euros environ

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LE matos fond en papier blanc

bonnet DC

board Cliché guest Mark Gonzales

zipper DC

board Furies

chaussure M’S Fitz Mid DC

chaussure Encino Lakai

chaussure Tom Penny Supra balle de ping pong jaune

zipper Kr3w

t-shirt Elwood

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visserie Stella Supply co.

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le vrac l e s d o c u m e n ta i r e s d e l’ é t é Au premier abord Phil Evans est plutôt calme, sérieux, réservé (et accessoirement le sosie d’Arnold Schwarzenegger)… et puis lorsqu’on commence à le connaître un peu, quand il commence à être à l’aise, la bête surgit. Et c’est là où les grandes parties de rigolades commencent. Il est marrant ce Phil, un peu dingue, même. Parce qu’il faut être dingue pour réaliser des vidéos en Super8 (sans se contenter de filmer les pigeons qui s’envolent…) en 2011… Après “The Scrum Tilly Lush” en 2009, une vidéo de skate entièrement filmée en Super8, il vient de finir la réalisation de ce documentaire qui traîte de la photographie de skate, en s’attardant sur 6 photographes plus ou moins connus : Stuart Robinson, Sergej Vutuc, Bertrand Trichet, Richard Gilligan, Alex Irvine et Nils Svensson. Chacun y expose sa vision de la chose, pendant que défilent les photos et les images en Super8 des tricks figurant sur ces mêmes photos. Un concept assez original qui fonctionne plutôt bien : un vrai documentaire avec des vrais tricks de skate sur des spots photogéniques, des avis intéressants et des méthodes de travail différentes. A voir, à condition d’avoir des notions d’anglais… - DT FORMAT PERSPECTIVE

www.formatperspective.com

Malgré le fait qu’on soit des VIP de ouf, on n’a pas pu visionner cet autre documentaire qui a bien l’air tout aussi intéressant que celui cité plus haut sur cette page. Réalisé par un jeune Hambourgeois nommé Flo Schneider, celui-ci s’attarde sur quatre activistes issus du skateboard : Adam Sello (le type à qui l’on doit le petit magazine berlinois « Anzeigeberlin Information ») ; Bobby Puleo (le type qui ramasse tout ce qu’il trouve par terre pour en faire des sortes d’oeuvres d’art et surtout, qui est une des plus grandes références du skate ‘eastcoast’) ; Pontus Alv (le type qui montre sa bite à tout vent), et Stefan Marx (le type qui réalise toutes les décos de la marque Cleptomanicx, entre autres, et qui adore dessiner des avions). Une bonne brochette, quoi. La prochaine fois, promis, on ne se contentera pas d’un ‘trailer’ pour parler d’un documentaire, mais à l’heure où sera projetée l’avantpremière, ce mag sera sous presse... - DT Pushed de Flo Schneider, disponible en DVD www.weloveyou-themovie.de

PUSHED

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B. Trichet

Format Perspective de Philip Evans, disponible en DVD



le vrac le séminaire FOSSJ #6 (French Old School Skate Jam) présentée par les pâtés Henaff et la liqueur Chartreuse

Encore une fois, la French Old School Skate Jam, c’était l’événement de l’année. Ils étaient tous là, Stephane Bern au micro, Tupac aux platines, Marc Veyrat en cuisine et Pierre de Coubertin au chronomètre... C’était au skatepark de Crolles, les 2 et 3 juillet et personne ne regrette d’avoir loupé le concert de Dinosaur Jr à Paris ce même week-end, c’est dire si ça valait le coup ces deux jours chez les vieux. - FD

french.ossj.free.fr www.endlesslines.free.fr

Jean-Luc Normand, vainqueur chez les + de 50 ans. Photo : Fred Ferand

le mea culpa Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, pardonnez-moi parce que j’ai pêché. Dans le numéro 22 de Soma, en introduction à l’interview de Duane Peters, je me suis encore une fois laissé aller à proférer des propos excessifs. Mes paroles ont dépassé ma pensée et les quelques Skinheads venus au concert de U.S. Bombs, dont m’avait parlé le Fred Ferand qui a réalisé l’interview, se sont transformé en hordes de Fachos assoiffés de sang. Je demande solennellement pardon aux organisateurs du concert qui subissent depuis les quolibets de leur entourage, les enfonçant tous les jours un peu plus dans la dépression. Certains refusent de s’alimenter, d’autres ne se lavent plus, d’autres encore écoutent « Mozart, l’Opéra Rock » en continu… Alors tous ensemble disons : Non à ces journalistes auto-proclamés qui déforment la réalité dans le seul but de vendre du papier. Non, aux intros toutes pourries parce qu’il faut bien meubler un peu, parfois. Et non à ce racisme anti-fasciste qui stigmatise les skinheads, et qui… Hein ? J’ai encore dit une connerie ? - FD

l e fa nz i n e d e l’ a nn é e Black Out est un chouette fanzine traitant de la scène rennaise. Une belle initiative autoproduite et financée par

un certain Quentin Chambry. Pour vous procurer le premier numéro et apprendre tout un tas de choses sur le skate à Rennes, cliquez sur le lien ci-dessous. - FD

www.black--out.com


thomas renaux – boneless one yann garin – alex hermann – benoît renaux – francky eyoum jonathan jean-philippe – paul denau – vincent touzery

64 RUE ST HONORÉ – 01 40 41 98 69 – métro louvre rivoli/ les halles www.starcowskate.com


ferit batir - roll in • photo: alex irvine




introducing the nike paul rodriguez 5 featuring lunarlon dynamic cushioning

available august 2011 nikeskateboarding.com


« Je n’ai jamais rencontré d’homme si ignorant qu’il n’eut quelque chose à m’apprendre. » - Galilée Vincent Touzery, crooked grind pop over Anglet - Photo : Tura


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