La première thèse de Doctorat de l'Institut de Locarn

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La diaspora bretonne, une sociologie de la composition des collectifs du web 2.0. La première thèse de doctorat de l'Institut de Locarn

Introduction

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Sommaire

Ce document est le bilan opérationnel de la première thèse de doctorat de l'Institut de Locarn. Cette note vient conclure une collaboration de quatre ans (dont près d'une année dédiée à la rédaction et à la soutenance) entre l'Institut de Locarn et son premier docteur, Simon le Bayon. Simon le Bayon Tel : +33 (0)6 63 40 32 19

Skype : slebayon

Mél : slebayon@gmail.com

Blog : http://slebayon.tk

La première thèse de doctorat de l'Institut de Locarn.........................1 Les acteurs économiques de la thèse.................................................2 La diaspora bretonne comme point de départ....................................3 À problématique complexe, méthodologie innovante.........................4 Des outils pour faire face à l'incertitude..............................................5 Diaspora Économique Bretonne.........................................................6 Bzh-NY : la jeune diaspora bretonne à New York..............................7 Bzh Network : l'intelligence collective en réseau................................8 La composition des collectifs..............................................................9 Pour aller plus loin : Simon le Bayon................................................10

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Les acteurs économiques de la thèse Introduction

Cette première thèse de doctorat de l'Institut de Locarn a été réalisée dans le cadre d'une Convention Industrielle de Formation par la Recherche (CIFRE). Ce dispositif s'adresse aux établissements, publics ou privés, souhaitant accroître leur capacité d'innovation. Le double environnement, académique et professionnel, offre au jeune chercheur une proximité d'avec les terrains, idéale pour l'expérimentation.

l'ANRT

L’Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT) met en œuvre, pour le compte du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, le financement d'un poste de chercheur au sein d'une entreprise. Le salaire minimal exigé pour le jeune chercheur est de 23 484 € annuel brut. La subvention annuelle versée par l'ANRT est de 14 000 €.

Une entreprise

La société Zindep (membre fondateur de l'Institut de Locarn) a rémunéré pendant trois ans Simon le Bayon. Ce doctorant a occupé, pour l'Institut de Locarn, le poste d'animateur du réseau Diaspora Économique Bretonne de décembre 2006 à décembre 2009. Zindep et le comité de Pilotage de la Diaspora Économique Bretonne ( présidé par Emile Caër puis par Yves Pelle) ont apporté un environnement professionnel au chercheur.

Un laboratoire de recherche

Le doctorant est encadré par une équipe d'accueil, au sein d'un établissement habilité à délivrer le grade de docteur. Dans le cadre de la thèse de Simon le Bayon, l'équipe d'accueil était le Laboratoire d'Anthropologie et de Sociologie (Université Européenne de Bretagne). Le directeur scientifique assure l'encadrement méthodologique et théorique de la recherche. La thèse de Simon le Bayon a été dirigée par le professeur Dominique Boullier, aujourd'hui coordinateur scientifique du médialab de Sciences Po Paris.

Un doctorant

En 2006, Simon le Bayon, titulaire d'un master d'ingénierie des connaissances et de management des communautés (Université de Technologies de Troyes), s'engage pour une thèse de doctorat à l'Université Européenne de Bretagne. À la rentrée universitaire 2006, il signe un contrat de travail avec la société Zindep pour un poste de Community Manager. L'entreprise et le salarié, signent une convention avec le laboratoire de recherche.

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La diaspora bretonne comme point de départ

Introduction

Au début des années 2000, l’Institut de Locarn sensibilise ses adhérents au potentiel de développement que représentent les expatriés qualifiés. Pour ce faire, l'Institut met alors en place une cellule d'animation permanente visant à faciliter l'appel aux compétences et aux savoirs de cette diaspora. En procédant ainsi, l'Institut de Locarn inaugure en Bretagne « l'option diaspora », c'est-à-dire une stratégie de développement économique et social faisant appel aux expatriés. Cette option diaspora est déjà mise en place par certains territoires parmi les pays les plus dynamiques (Écosse, Chine, Inde, Philippines, Singapour, etc.).

Une diaspora bretonne ?

L'affirmation d'une diaspora bretonne s'appuie essentiellement sur les mouvements d'émigration des XIXe et XXe siècles. Mais la Bretagne se caractérise aussi par une identité régionale forte, une culture et des symboles visibles et populaires. Néanmoins, enquêter sur la diaspora bretonne relève parfois d'une gageure, tant il n'existe aucune donnée récente et fiable sur ce sujet. L'évaluation statistique des diasporas reste un problème partagé à l'échelle mondiale. Face au manque de données fiables, le groupement international de recherche des Diaspora Knowledge Networks propose d'exploiter internet, et tout particulièrement la dynamique des sites web, comme un indicateur.

Le web ou la rematérialisation C'est donc en exploitant la matérialité du web (les traces et les inscriptions numériques) que nous avons entrepris de comprendre plus précisément des les dynamiques propres aux collectifs de la diaspora bretonne. phénomènes

Une première exploration a permis de réaliser une cartographie web, recensant les nombreux acteurs de la diaspora bretonne. Un nombre important d'acteurs de cette thématique (la diaspora) sont en Bretagne. D'un point de vue théorique, les diasporas sont un phénomène préexistant au web, elles ne découlent pas des nouvelles technologies. Aussi, les collectifs diasporiques offrent l'opportunité de se décentrer par rapport à la façon dont les collectifs web sont habituellement étudiés (communautés virtuelles, réseaux sociaux, audiences, publics, etc.).

Trois terrains d'enquêtes privilégiés

Pour comprendre finement le comportement et la dynamique de ces regroupements, visibles sur le web, nous avons focalisé notre attention sur trois collectifs particuliers qui laissent voir l'hétérogénéité de la diaspora bretonne :

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La Diapora Économique Bretonne, de l'Institut de Locarn

Bzh Network, le réseau social breton mondialisé

Bzh-NY, la jeune diaspora bretonne à New York

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À problématique complexe, méthodologie innovante

Cadre théorique

Le web est régulièrement abordé sous deux approches exclusives. Une première approche se focalise sur l'offre technologique et ses prétendus « impacts » alors que la seconde se centre sur des propriétés humaines (âge, genre, éducation, etc.) pour expliquer la cause de certains usages. Parce qu'elles sont parcellaires, ces approches constituent un piège. La sociologie de la traduction offre le cadre théorique adapté pour naviguer dans un univers composé d'objets hétérogènes :

Qu'entendons nous par collectif ?

des regroupements associations, etc.)

humaines

(communautés,

des objets technologiques : forums, profils, blogs, etc.

des activités : débats, discussions, sondages, etc.

réseaux,

Les regroupements observés se désignent eux-mêmes par différentes appellations : réseaux, associations, groupes, communautés, etc. Cependant, ces appellations offrent peu d'indices pour établir une délimitation précise de ce qu'elles regroupent, et de ce qu'elles excluent. Le terme « collectif » introduit de la dynamique et de l'incertitude quant à la nature des composants et des liens. Collectif « ne renvoie pas à une unité déjà faite mais à une procédure pour collecter les associations d'humains et de non-humains ». (Latour, 1999, p.351)

Trois formats pour observer les collectifs

Entrepôts de données et cartographie

Afin d'accepter l'incertitude inhérente à la recherche scientifique, nous avons mis au point une méthode d'observation originale. Cette méthode repose sur l'intersection de trois formats, qui sont autant de points d'entrées complémentaires pour observer des phénomènes. –

formats techniques : propriétés des artefacts

formats communautaires : propriétés des regroupements humains

formats de connaissances : propriété des activités cognitives

La pratique des terrains de recherche comme objets de l'activité professionnelle, a optimisé la compréhension rapide des enjeux, des relations, et des jeux d'acteurs. C'est aussi cette pratique qui a permis de construire des entrepôts de données. Ces entrepôts sont constitués par l'accumulation de traces numériques laissées par les acteurs au cours de leurs activités digitales. Ces traces numériques apportent alors un corpus qu'il faut interpréter pour chacun des collectifs. La cartographie permet de rassembler dans un même espace visuel une grande quantité d'éléments distincts. Cet outil graphique de manipulation d'informations offre des mises en formes inédites, particulièrement fertiles pour les capacités cognitives des chercheurs.

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Des outils pour faire face à l'incertitude

La richesse des données d'usages

Observer le web au travers des collectifs de la diaspora bretonne a permis de suivre très tôt, c'est-à-dire dès la fin 2005, les usages et la transformation de certaines plateformes web grand public. Les données ainsi accumulées pendant quatre années viennent compléter les informations fournies par les éditeurs d'offre technique. Ce sont essentiellement les données de l'offre technique qui alimentent le buzz. Les données provenant de l'observation d'usages offrent donc un autre point de vue, qui remet en question certains acquis.

Le web sédimentaire contre la révolution permanente

Devant la popularité de certaines plateformes web, un discours prend forme pour dénoncer « la frilosité des entreprises qui restent massivement hermétiques aux promesses du web social ». Ce discours peut s'expliquer par le biais inhérent au monde médiatique : l'attention est attirée par la nouveauté. Plus qu'une succession, plus qu'un mouvement dans lequel le nouveau remplace l'ancien, il faut percevoir le web comme une accumulation sédimentaire de technologies et d'usages. Le terreau ainsi formé vient luimême alimenter des hybridations. Pour qui s'intéresse au sujet, le web sédimentaire permet de mettre en lumière la longue chaînes d'éléments hétérogènes qui est reliée à la nouveauté. Cette approche permet notamment d'être mieux équipé face à la prise de décision.

Anticiper la désillusion

La prudence que nous mettons en œuvre face au discours de révolution permanente vise à éviter, ou tout du moins à aplanir, la phase de désillusion qui suit toute innovation (Gartner hype cycle social media). Concrètement, il s'agit, pour qui souhaite investir le web social, d'être bien préparé et bien équipé, car le discours actuel sur le web social touche tous les domaines de l'entreprise : ressources humaines, communication, marketing, innovation, intelligence économique, système d'information, etc.

Deux recommandatio ns

Conclusion

Cette prudence peut se traduire donc par deux recommandations : •

ne pas se fixer d'objectifs fermes ou bien accepter de les réviser

rester à l'écoute et donc s'équiper de dispositifs de monitoring

La question des réseaux sociaux, ou du web social, (appelez cela comme bon vous semble!) n'est qu'un cas particulier dans lequel notre travail de thèse trouve une application très concrète. En effet, cette thèse construit une méthode d'observation et d'analyse des collectifs. Cette méthode scientifique prend appui sur des hypothèses faibles, accepte la non-maîtrise, et interprète les enregistrements. Cette méthode s'applique donc tout aussi bien à d'autres formes de collectifs.

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Diaspora Économique Bretonne Formats communautaire s

En début d'année 2006, Diaspora Économique Bretonne recrute un animateur et refond son site web autour d'une plateforme de blogs collaboratifs. Ces blogs soutiennent l'activité de veille économique internationale qui donne lieu à une trentaine d'articles rédigés sur trois ans. Le recrutement des bretons expatriés se fait sur un critère qualitatif, critère appliqué pour la mise à jour de la base de contacts (un demi-millier). La spécificité de Diaspora Économique Bretonne, par rapport aux autres collectifs de la diaspora bretonne, est son management. Le comité de pilotage trouve des ressources, fixe des objectifs et définit une stratégie pour construire une véritable offre de services. Tout l'enjeu, et donc la difficulté, du projet, réside dans la création de « couples fertiles », entre la Bretagne et le reste du monde. Cette approche par la seule prise en compte d'un critère géographique est trop restrictive. De plus, la prise en charge des individus, c'est-à-dire le fait que le comité de pilotage prescrive des tâches, tend à atrophier les principes communautaires. Si la cellule d'animation centralisée offerte par Diaspora Économique Bretonne semble aller de soi (rationalité, efficience), elle reste incompatible avec les dynamiques communautaires.

Formats techniques

Cette prise en charge est traduite dans le dispositif technique. La plateforme de blogs, très sécurisée, exige des compétences rédactionnelles et techniques. Par certains aspects, le comité de pilotage de Diaspora Économique Bretonne, se positionne en garant de la ligne éditoriale. Heureusement, cette rigidité relative est vite contrecarrée par les plateformes de réseaux sociaux qui, au travers des problématiques de recrutement, s'invitent dans le processus. La nature très différente de ces plateformes élargit l'audience et diversifie les modes de participation (discussion, stage, emploi, promotion d'événements, etc.).

Formats de connaissances

Conclusion

La diversification des supports instaure une diversification des activités. Aux interviews, sondages et profils, s'ajoutent des conférences et des rencontres physiques. Ainsi, à partir de l'été 2009 une journée annuelle Diaspora Bretonne est organisée lors Festival Interceltique de Lorient. Diaspora Économique Bretonne souffre un temps des mêmes maux que les « options diaspora » mises en œuvre par d'autres territoires (Meyer, 2009). Cependant, au regard des moyens alloués, les résultats obtenus par DEB en seulement quelques années sont tout particulièrement encourageants.

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Bzh-NY : la jeune diaspora bretonne à New York

Méthode d'observation

Phase 1 : l'exploration

Pendant deux ans et demi, nous avons observé l'émergence d'un collectif de la diaspora bretonne dans la ville de New York. Les données recueillies permettent de caractériser trois phases successives qui correspondent à différentes configurations socio-techniques du collectif. Pour observer ce collectif, nous remontons jusqu'à l'installation d'un jeune breton dans le New Jersey. Ce trentenaire utilise la Bretagne comme une véritable carte de visite. Alors qu'il s'attendait à trouver aux États-Unis une forte communauté bretonne qui n'existe pas, il est contraint d'avancer à tâtons pour identifier des compatriotes. Mais les technologies qu'il mobilise l'emmènent bien au delà de la ville de New York et c'est ainsi qu'il s'associe à plusieurs centaines de personnes et à diverses initiatives. Cette première phase montre une composition d'outils (Skype, forum, sites web de généalogie) et d’individus hétérogènes. Certaines des technologies mobilisées rejoignent et formatent littéralement le collectif. Skype, par exemple, donne lieu à d'intéressants couplages : la fonction de recherche ouverte dans l'annuaire introduit de l'inattendu et de la surprise qui font proliférer le collectif.

Phase 2 : le projet

Dans ce sillage, certains éléments s'attachent plus durablement. Un noyau dur se cristallise avec l'organisation d'un événement : accueillir à New York un groupe folklorique breton pour la Saint-Patrick. Avec ce projet commun, le collectif se solidifie derrière une appellation, un logotype et un site web. Les outils bureautiques et la messagerie sont massivement utilisés pour la coordination. Ils servent aussi à donner de la visibilité à l'événement. D'une ressource d'exploration, le web devient un support communication, dont la finalité est de toucher la plus vaste audience.

Phase 3 : la familiarité

de

Si l'événement apporte une certaine notoriété à Bzh-NY, le collectif poursuit son officialisation avec le dépôt de statuts et l'élection d'un bureau. Dorénavant, Bzh-NY s’attelle à renforcer les liens entre ses membres et cela prend la forme d'activités conviviales, dont certaines deviennent des routines, et d'autres des cérémonies. Cette phase s’accompagne aussi d’une reconfiguration de l'outillage technique, avec, par exemple, un site web qui s’articule autour de deux formats particuliers : l'album photo et l'agenda.

Un collectif familier

Bzh-NY illustre un modèle de communauté ethnique tant elle développe une relation familière. Les expatriés se retrouvent pour vivre des moments conviviaux entre eux et avec les personnes de passage. Ils activent un lien tout à la fois affectif, économique, culturel et social avec la Bretagne.

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Bzh Network : l'intelligence collective en réseau Formats techniques

Formats communautaire s

Ce « réseau social breton mondialisé » émerge en fin d'année 2005 sur le forum d'une plateforme de réseau social. À la différence d’autres collectifs diasporiques, Bzh Network ne dispose pas de statuts officiels, ni d'un ancrage territorial précis. Ce regroupement vit essentiellement sous la forme d’événements, de groupes et d'espaces de discussions, ouverts sur différentes plateformes web. Si le collectif s'appuie sur une « philosophie », formalisée dans un manifeste, il se décline différemment selon les plateformes web colonisées (Viadéo, Facebook, blog, plateforme collaborative, etc.). Bzh Network est le regroupement qui se rapproche le plus du concept de foule (Surowiecki, 2008 ), essentiellement parce que les individus restent fortement indépendants les uns des autres. C'est justement l'une des forces de l'attachement au territoire breton, qui permet de toucher une vaste population. Au delà de l'hétérogénéité, on retrouve sur les différentes plateformes web des propriétés de structuration communautaire relativement proches : - On observe une asymétrie des contributions, avec un porte-parole, une petit groupe de membres actifs et une large majorité d'acteurs silencieux. - Cette répartition en strates est particulièrement instable et les membres actifs se renouvellent rapidement via des entrées et des sorties.

Formats de connaissances

Dynamisme et instabilité se retrouvent aussi dans les pratiques du collectif qui ne sont ni cadrées, ni définies en amont. Bzh Network laisse voir, au travers de ses différents espaces de vie, une multiplicité de formats d'échanges et de modalités relationnelles : discussions, revues de presse, sondages, petites annonces, etc. Tous ces objets et ces contenus viennent peupler le collectif. Parmi eux certains se solidifient alors que d'autres sont rapidement abandonnés.

Bzh Network un Bzh Network illustre parfaitement l'absence de maîtrise et la prolifération qui s'accommode si bien avec le web social. collectif nonmoderne

Les portes-paroles et les membres actifs de Bzh Network laissent proliférer le collectif, qui s'hybride et s'accroît au gré des rencontres avec de nouvelles plateformes, des nouvelles personnes et des nouvelles activités. Cette souplesse lui confère force et réactivité pour enrôler et croître, bien au-delà de frontières établies et de ce qu'aurait pu contenir un plan originel.

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La composition des collectifs

Le point de vue des usagers

Pour les collectifs de la diaspora bretonne, les technologies ne sont pas vécues comme une fin en soi et elles ne sont pas non plus une caractéristique essentielle par laquelle ils se définissent. Ces collectifs, dans la diversité que nous avons mis en lumière, exploitent des outils informatiques pour mener à bien des actions.

Matérialiser les actions

Une spécificité des collectifs web réside dans la production de traces numériques. L'informatique conserve les empreintes des actions sous la forme d'un code. Loin de la dématérialiser, la rematérialisation apporte à l'écrit de nouvelles propriétés (conservation, computabilité, transcodage). Ces traces deviennent alors de véritables ressources pour observer et comprendre les collectifs web tels qu'ils se vivent.

Composition

La composition des collectifs décrit un phénomène observé à partir de trois angles de vue complémentaires : la technique, le social, le cognitif. Le terme composition permet d'évoquer le lien entre ces éléments hétérogènes sans postuler de relation de supériorité ni de concurrence. La composition des collectifs décrit un double mouvement récurrent de décomposition et d'assemblage. La configuration des composants est rarement stable, et il en résulte une transformation par hybridation. On voit ainsi comment, depuis une quarantaine d'années, l'informatique, loin d'homogénéiser nos pratiques, spécialise des domaines très différents.

Innovation

Pourtant, même dans les plus récentes innovations (par exemple le profil des plateformes de réseaux sociaux), on retrouve des repères hérités du passé (la carte de visite, l'annuaire, etc.). Pour autant, le profil n'est plus un document numérisé, il est devenu un objet intelligent. La composition des collectifs insiste sur la notion d'expérimentation et sur le pragmatisme dont émergent les innovations. Fondamentalement, elles ressortent d'associations imprévues, s'améliorant par itération.

Alignement et innovation

Dans les phases d'émergence, les collectifs explorent et construisent des formes de conventions faibles, qu’ils révisent en permanence. À un stade intermédiaire, ces conventions faibles deviennent parfois des alignements. L'alignement reste innovant, car sa plasticité ne créé pas de dépendance au chemin. Au contraire, la convention, comme une forme d'alignement solidifié, est auto-renforçante et interdit toute innovation en faveur de la baisse des coûts de transaction. L'alignement est un construit du quotidien, dont l'instabilité est favorisée par l'hétérogénéité du collectif. L'alignement est un accord localisé, précaire, jouant de la plasticité et de l'oscillation des actants.

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Pour aller plus loin : Simon le Bayon

L'auteur de ce document

Depuis son entrée dans la vie active en 2003, Simon le Bayon, se distingue par une double compétence en ingénierie des systèmes d'information et en sciences humaines et sociales. Il jouit d'une longue expérience en gestion de projets d'informatique collaborative, expérience complétée par une spécialisation en sociologie du web. Sa thèse de doctorat lui a notamment permis de mettre au point une méthode d'analyse et de suivi des collectifs web. Il est aujourd'hui auto-entrepreneur et propose ses services et son expertise en tant que consultant indépendant.

Dernières publications scientifiques

Le Bayon, S (2010) Sociologie de la composition des collectifs web 2.0 : le cas de la diaspora bretonne. Thèse de doctorat en sociologie. Rennes, Université Européenne de Bretagne, 10 décembre 2010, 300 p. Boullier, D., S. Le Bayon & F. Philip (2010) 'Formats techniques, formats communautaires et formats d’engagement. Le cas d’une communauté diasporique', in Millerand, F. S. Proulx & J. Rueff, Le Web relationnel, mutation de la communication ?, Québec: Presses de l’Université du Québec. Le Bayon, S. (2009) Les TIC dans les collectifs diasporiques : études des Bretons à New York. Revue tic&société [En ligne], Tic et diaspora. Le Bayon, S. (2009) ICT and Diaspora Networks, the case of Breton in New York. ICT and migration: Mobility and Cohesion in the Digital Age, Vienna, 26-27 septembre 2009. Le Bayon, S. et M. Le Béchec (2008) Public Policy and Social Network in Brittany. Studies about “Bretagne 2.0” and BZH network. 5th Prato Community Informatics & Development Informatics Conference 2008: ICTs for Social Inclusion: What is the Reality? Prato.

Conférences et articles de vulgarisation

Détails et supports présentés et/ou rédigés accessibles en ligne sur http://slebayon.blogspot.com/p/interventions-enseignement.html Télécharger un CV

Embauchez un jeune docteur, c'est gratuit pendant deux ans !

Dans le cadre du Crédit d'Impôt Recherche, la totalité des charges liés à l'embauche en CDI d'un jeune docteur, sont pris en charge pendant deux ans.

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Brochure CIR et jeunes docteurs

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