L'kounach 2010

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Zapping de la décennie

Mes annees 2000 Au début, il n’y avait rien !!! Mais alors rien de rien ! Sérieusement, mon arrivée au Maroc a été marquée par une absence de tout. Il faut quand même se souvenir qu’au printemps 2001, le semblant de vie urbaine et moderne qui existait, se concentrait sur le Twin Center. Mais le Twin Center de 2001 : avec des boutiques vides, un supermarché style soviétique, et une foule compacte impressionnante d’immobilité. Et autour : le néant ! Ben oui : pas de Zara, pas de Mango, pas de Mac Do ! D’ailleurs ma première sortie au resto: c’était au 6ème étage d’Alpha 55. Pour dire ! Mon premier ciné, c’était dans la petite, mais jolie, salle du Lynx. Ma première expo… ha, non, on oublie la première expo, vu qu’elle n’a existé que des années après. Bref, l’atterrissage depuis la France s’est fait avec pertes et fracas, et c’était pas gagné pour moi. J’en étais réduite à manger des conserves de thon, cloîtrée dans ma chambre d’hôtel avec toilette sur le palier, jusqu’à un certain jour où tout un univers parallèle s’est ouvert à moi. Je ne parle pas de science fiction - quoique à l’époque, ça s’en rapprochait- mais des 3, 4 planches de la FOL qui m’ont apporté une énorme bouffée d’oxygène! Derrière des grilles bleues et cachée au fond d’une cour, le théâtre de la FOL m’a permis de rester cérébralement vivante. Là, un bouillon de culture se développait en toute

impunité. Entre Total Eclipse, Abaraz, Hoba Hoba Spirit et les autres groupes underground de l’époque, j’ai vécu mes premiers émois marocains… Il faut se rappeler de cette scène improbable devenant spectacle vivant jusqu’au bout de la nuit, qui a marqué mes premiers pas dans le Royaume des morts-vivants de la culture. Mai 2004, on y a même assisté au mariage de deux huluberlus en jeans et baskets, pardon: jeans et espas, qui ont fondé une communauté particulière de «refuzniks» du classique, toujours en activité dix ans après. La survie par la résistance culturelle, c’est ça que le L’Boulevard et tous ses enfants m’ont appris. Et rien que pour ça, en 2010, je trouve que tout a évolué, mais que l’esprit n’a pas changé ! Aujourd’hui, je peux grimper jusqu’au 24ème étage pour dîner ou me perdre dans les huit salles du Mégarama voir un film. Je peux écouter du bon son local : du rock, de la fusion, du métal, et même du rap, si vraiment on me force… Mais surtout, je sais, que chaque printemps, pour L’Boulevard, je serais toujours en train de découvrir de nouveaux groupes, de nouveaux sons, et que Momo et Hicham seront toujours au rendez-vous… Rien que pour ça je suis heureuse d’être là et de me dire un peu plus chaque année : ne suis-je pas finalement une vraie marocaine ? Setti Fatma Gawriya ou bikheer


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