Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 2

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

vu des Indiens rôder près de l'ancien placer. Nul n'a fait attention à leur présence qui n'avait rien d'anormal. Mais, pendant la nuit, un charivari intense s'est fait entendre, accompagné de coups sonores frappés sur les arcabas des arbres de la forêt. Le lendemain malin, une tête d'aïmara surmontant

une

fleur de Victoria Regia, était accrochée à ce vieux panacoco mort, que je voulais depuis longtemps faire abattre. C'était bel et bien une déclaration de guerre. Je suis payé pour connaître la signification de ces emblêmes. C'est sous cet arbre que j ' a i failli être assassiné il y a six mois. « Les hommes éprouvèrent un moment d'indicible terreur. Les noirs surtout. J'arrivai accompagné du chef mécanicien, et des trois chauffeurs, tous quatre Martiniquais. Je vis qu'un moment d'hésitation allait compromettre notre sécurité. Il fallait agir promptement et énergiquement. Je dis un mot au mécanicien qui partit en courant, et revint presque aussitôt portant deux cartouches de dynamite. Deux trous profonds furent creusés de chaque côté du tronc, au ras du sol. Au bout d'une demi-minute, le squelette légendaire broyé, fauché, disloqué à la base, s'écroulait avec un fracas qui domina le bruit de la détonation elle-même. — C'est parfait. — Je fus d'autant mieux inspiré, que nous trouvâmes juste au point où s'arrêtèrent les ravages de l'explosion, une cachette pleine d'or. Il y avait plus d'un kilogramme de métal amalgamé, provenant de vols successifs. Le larron, vous le voyez, avait bien choisi ce lieu de recel, dont un reste de superstition défendait admirablement les abords. « La chute du géant fut saluée d'un hourra retentissant, et les ouvriers reprirent le travail. « Vous voyez, par ce rapide aperçu, quelle est la situation. Je ne doute pas que le tapage ne recommence cette nuit ; aussi, vais-je me hâter d'expédier mes gaillards dont le séjour prolongé de douze heures, pourrait constituer un danger réel. — Que vous reste-t-il à faire ? — Payer ceux qui ont compensé le chiffre des avances, puis opérer dans leurs bagages une perquisition minutieuse. — Tenez-vous beaucoup à cette formalité ? — Essentiellement. Je suis certain que ces vingt-cinq hommes vont essayer de nous enlever plus de dix kilos d'or. — Vous m'étonnez.


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