Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 2

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

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— Bien, allonge-le sur le sol, la tête un peu plus élevée que le corps Sans perdre une minute, il débouchait un flacon de Verre bleu, bouché à l'émeri, et tirait d'une boîte doublée de velours violet, une petite seringue de Pravaz, en cristal, à piston d'argent gradué, et terminée par une fine aiguille d'acier formant canule. Il emplit la seringue jusqu'au tiers avec une solution renfermée dans le flacon, enfonça sous la peau de la cuisse la canule et poussa le piston. Quelques gouttes de la substance pénétrèrent sous la couche épidermique et furent absorbées aussitôt. Il répéta son opération au tronc, ainsi qu'à l'abdomen, et injecta de la sorte environ deux centimètres cubes du liquide. Puis il attendit. La mère, debout, rigide, comme cataleptique, avait suivi du regard cette mystérieuse opération. Son œil, dans lequel la vie semblait s'être concentrée, ne quittait pas l'enfant. Cinq minutes s'écoulèrent. Cinq minutes de nouvelles angoisses. Puis, elle poussa un cri et fondit en larmes. Le petit moribond venait d'ouvrir les yeux. — Il est sauvé, dit Charles joyeux. Dans une heure il pourra marcher. Demain il sera radicalement guéri. Robin et Henri, stupéfaits et radieux, n'en pouvaient croire leurs yeux. — Charles, mon cher enfant, tu as donc trouvé un remède héroïque pour guérir la morsure des serpents?... — Et des plus venimeux. Car celui-ci est bel et bien un serpent à sonnettes, un vulgaire crotale, comme tu peux le voir aux anneaux cornés adhérant encore à la peau. « Mais ce n'est pas moi qui suis l'auteur de cette découverte. Je n'en suis pas moins heureux de l'appliquer. — Et la substance qui a servi à ton injection hypodermique se nomme... — Le permanganate de potasse. — Tu rapportes cette admirable découverte de Paris ? — Oui, père. De Paris en passant par Rio-de-Janeiro. — Comment cela? — J'étais au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. Un article du

Journal

d'Hygiène du docteur Pietra-Santa, un journal sérieux, me tombe sous les yeux. J'y vois que le docteur de Lacerda avait trouvé un contre-poison au venin des serpents, en faisant des expériences au laboratoire de physiologie du Muséum de Rio-de-Janeiro. « Ce contre-poison, c'est le permanganate de potasse dont l'action contre les


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