Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 2

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

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Edmond, Eugène et Charles furent laissés à la garde du reste du troupeau confiné sur une vaste presqu'île couverte d'épais pâturages. Angosso avec ses deux fils, Robin, Nicolas et Henri, conduisirent en pagayant ce premier convoi, qui arriva sans encombre à domicile, après deux journées de navigation. Le retour du radeau vide s'opéra en douze heures, le courant aidant. Le bétailfut partagé en cinq lots qui suivirent la même voie, grâce au même procédé, et tout alla de façon que, après quinze jours d'un labeur écrasant , l'habitation de la France Equinoxiale était pourvue d'un inestimable trésor. Deux cents bêtes à cornes s'ébattaient joyeusement dans les Savanes, à la grande stupéfaction des Indiens auxquels un pareil spectacle était absolument inconnu. Robin les familiarisa bientôt avec ces animaux extraordinaires, et leur en confiala garde. Cette fonction s'accommodant parfaitement à leurs habitudes de nomades paresseux, ils consentirent de grand cœur à devenir «. vaqueras ». Ils firent tant et si bien, et le chef de la colonie sut encourager leur

vigilance

avec tant d'à-propos, que bien peu de génisses devinrent la proie des tigres, ce fléau des hatteries. Si les éleveurs avaient accompli de non moins terribles efforts que les chercheurs d'or, leurs peines furent également récompensées. Le troupeau avait presque quintuplé en six ans, de telle façon qu'au moment où comn-.ence notre récit, mille bêtes superbes, tondaient avec un merveilleux entrain les herbages de la savane sans fin, en dépit des vides laissés par l'épizootie, et l'alimentation des colons. Les immigrants pouvaient venir dorénavant. La famine était vaincue et la subsistance d'une grande agglomération d'hommes assurée pour toujours. Le nombre des ruminants de la hatterie ne pouvait que s'accroître en dépit d'une consommation énorme. Le calcul est tout simple. Sur mille vaches mises en savane, six cents au moins portent par an. Sur ce minimum de six cents produits, admettons, au pis aller, que deux cents meurent avant l'âge de la reproduction, qui est trois ans, emportées par le tigre ou la maladie. Cent cinquante suffisent pour la reproduction. Il en reste deux cent cinquante pour la consommation annuelle. Chaque animal donnant environ deux cents kilos de chair nette, la « France-Equinoxiale » pouvait bon an mal an mettre à la disposition de ses hôtes à venir, cinquante mille kilogrammes de viande fraîche ! Notez bien que nous tablons sur un minimum très inférieur à 1? réalité. Aucune appréhension d'ailleurs

relativement

à l'alimentation de cette ad-

mirable « fazenda » Une savane d'une lieue carrée peut nourrir .mille têtes, et


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