Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 2

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

restée maigrement stationnaire à quelques centaines de grammes, monta à quatre

kilogrammes

le quatrième

mois. Au bout d'une

année,

possédaient environ trente kilogrammes d'or, soit quatre-vingt-dix

ils

mille

francs I La seconde année fut infiniment plus productive. La moyenne égala celle de la première, mais ils tombèrent un jour sur une « poche », comme disent les mineurs, et ils en tirèrent près de vingt kilos en un mois. Sur ces entrefaites, Lômi et Bacheliko firent une absence de deux mois et s'en allèrent à Cottica, le grand village Boni. Ils ramenèrent chacun une femme, avec quatre jeunes gens de la tribu, alliés à leur nouvelle famille. L'arrivée de ces robustes travailleurs était un précieux appoint pour la colonie naissante. A la même époque, Nicolas et Henri descendirent à Saint-Laurent et s'embarquèrent pour Cayenne. Robin avait jugé à propos de régulariser la situation au point de vue de la légitime possession du territoire exploité par l'association. Bien que l'ingénieur n'eût plus aucun motif pour se cacher, il fit prendre la concession au nom d'Henri. Le jeune homme se rendit avec Nicolas à la direction de l'intérieur et obtint, moyennant un droit de huit centimes l'hectare, une concession de dix mille hectares, avec le droit d'élever du bétail et de rechercher l'or. C'était la première fois depuis douze ans qu'ils revoyaient la vie civilisée ! Que d'évènements accomplis depuis cette longue période 1 Avec quelle avidité ils dévalisèrent les libraires stupéfaits d'une pareille ardeur chez de simples mineurs ! Ils se munirent également d'une ample provision d'armes, de munitions, d'outils, d'effets d'habillement, achetèrent quelques médicaments, sans oublier une pleine tourie de mercure, dont l'emploi devait doubler leur production d'or. Ils revinrent à l'Etablissement, et tel fut l'acharnement déployé par chacun, que la troisième année n'était pas encore écoulée et le stock de métal s'élevait au chiffre énorme de deux cents kilos ! Que l'importance de ce chiffre n'étonne personne. Les Robinsons, exploitant pour eux et par eux, n'avaient à supporter aucun de ces frais qui grèvent si lourdement les placers, et enlèvent jusqu'à 50 p . 100 de la production effective. Ils avaient en outre apporté dans leurs instruments, des perfectionnements remarquables, grâce auxquels ils pouvaient réaliser des économies de toutes sortes. Ils eussent pu, avec cette somme de six cent mille francs, si loyalement gagnée, se retirer en pays civilisé et faire, comme on dit vulgairement, honnête


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