Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 2

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

Les deux hommes eussent pu arriver au bout de trente jours, en admettant que la traversée se fut passée normalement, et que leurs affaires ne les eussent retenus que quarante-huit heures. Comme on était au 1 2 septembre, ils étaient impatiemment attendus depuis six jours. Ceux qui ont bien voulu s'intéresser aux Robinsons de la Guyane, et les suivre à travers les dramatiques événements contenus dans le récit qui a pour titre : le Secret de l'Or, n'ont pas oublié le proscrit Robin, et son intrépide famille. Une nouvelle période de dix années, s'est écoulée depuis le moment où le forçat politique apprit qu'il était libre en perdant son vieil ami, son sauveur, le noir Casimir, assassiné par l'ancien garde-chiourme Benoît. Cette seconde phase de l'existence des Français de l'Equateur, bien remplie par l'étude et le travail, a été heureuse. L'ingénieur n'a pas vieilli. C'est le même athlète aux muscles de fer, aux traits fiers et sympathiques, à l'œil profond, au sourire bon et pensif. Il est âgé de cinquante-cinq ans et en porte dix de moins, bien que ses cheveux soient devenus d'un blanc de neige. Son héroïque femme est toujours la même, avec sa fine et délicate pâleur de Parisienne, son doux visage d'heureuse mère et d'épouse dévouée. Les années ont également glissé sur son organisme frêle en apparence, mais auquel une âme d'élite a donné une incroyable résistance, comme la trempe à l'acier le plus pur. Ses fils sont devenus des hommes faits. On dirait en les voyant trois éditions de la statue du père quand il avait leur âge. Un seul manque, c'est Charles, le plus jeune. Il est parti depuis dix mois avec Nicolas. Ils sont allés en France pour des motifs qui seront prochainement expliqués. Pour la vingtième fois, ils relisaient la lettre du jeune homme qu'un transporté libéré, en résidence à Saint-Laurent, leur avait apportée en toute hâte, aussitôt que le Maroni-Packet,

arrivé de Surinam, l'eut remise au commis-

saire hollandais d'Albina. Henri avait dit : — Si nous allions au-devant d'eux ? La proposition de l'aîné des Robinsons répondait trop bien au désir de toute la famille pour soulever l'ombre d'une objection. L'habitation avait été laissée - à la garde du Boni Angosso, toujours alerte, toujours solide « passé maïpouri » à sa femme, la bonne Agéda, et à tout un clan de négrillons, leurs petits-fils, sssus de l'union de leurs enfants Lomi et Bacheliko avec deux femmes de leur tribu. On s'était embarqué dans deux belles pirogues, conduites, l'une par Lômi, l'autre par son frère, secondés à tour de rôle, dans la manœuvre de la


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