Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 2

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LES R O B I N S O N S DE LA GUYANE

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les murs des geôles avec des clous, des morceaux d'écuelles, ou même des Fragments de verre. « Pendant ce temps, j e vais inspecter minutieusement le local. » Le bandit prit une torche et s'enfonça sous les galeries conduisant au fond de la caverne. Les Thïos et les Emérillons, stimulés par l'alcool que leur versa généreusement Benoît, attaquèrent vigoureusement le monolithe obstruant l'entrée. Le résultat parut en principe assez satisfaisant. Pendant quelques minutes, le travail de sape avança rapidement, tant était friable la terre micacée. Mais bientôt les sabres rencontrèrent la diorite, sur laquelle ils rebondirent en lançant des gerbes d'étincelles. La roche possédait une dureté défiant l'acier luimême. Il eût fallu des fleurets de mine pour entamer après un labeur écrasant ces plaques luisantes, pétries pendant des milliers de siècles par cet incomparable ouvrier qui se nomme le Temps ! L'ancien surveillant sentit une légère moiteur à la racine de ses cheveux. Un frisson glacé serpenta le long de son échine, en constatant l'inutilité des plus énergiques efforts. Le boyau donnant accès à la grotte était une coupure pratiquée jadis en plein roc par une convulsion géologique. C'était une sorte de tube elliptique de quatre à cinq mètres de longueur, sur un mètre cinquante de hauteur. Il s'évasait a l'entrée, et le rocher qui l'obstruait se trouvait comme scellé dans cet entonnoir au pavillon situé extérieurement. Impossible d'attirer en dedans cette pierre plus volumineuse que le couloir, impossible aussi de la pousser au dehors, car elle était maintenue sans doute sous un amas considérable de matériaux. Toutes les tentatives devaient être inutiles de ce côté. Bonnet revenait à ce moment après une exploration également infructueuse. Son visage de fouine ne révélait aucune trace d'émotion, tandis que la face brutale de Benoît, douloureusement contractée par l'angoisse, ruisselait de sueur, — Rien! murmura-t-il attéré. Rien !... Nous faut-il donc mourir ici ! J'avais tout prévu, sauf ce supplice horrible. Être enterré vivant! Jamais! J'aimerais mieux me faire sauter le crâne. — Gribouille, va ! riposta sardoniquement le forçat. Est-ce que tu aurais peur ? — Je crois que oui !... — Allons donc, poule mouillée. Je ne suis pas encore au bout de mon rouleau,


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