CIVITAS PARISIORUM [ LA VIE PARISIENNE ]
[ DE XLVII AV. J-C À MMXI [
ÉDITO
_
I N T R O D U I R E
VENIR v. / [!'()$] Se rendre prés de celui qui parle ou à qui l’on parle. «Je suis venu»
D É V E L O P P E R , A N A L Y S E R
NUMÉRO
VOIR v. / [!%&$] Percevoir avec les yeux, étudier, examiner, découvrir, visiter un lieu, rencontrer, être spectateur. «J’ai vu»
C R I T I Q U E R ,
O U V R I R
VAINCRE v. / [!"#$] Remporter une victoire, venir à bout de quelquechose, décomposer, mettre en rapport. «J’ai vaincu»
VENI VIDI VICI JOURNAL
Mai 2011
Impression : Parnascopy / info@parnascopy.com exemplaires : 400 papier laser 80g REMERCIEMENTS À NOTRE MÉCÈNE ECV PARIS
«TOUTES LES IMAGES ET TEXTES PUBLIÉS DANS CE JOURNAL, SONT LA PROPRIÉTÉ EXCLUSIVE DE LEURS AUTEURS»
CRÉDITS COUVERTURE costumes: Claire Ienn modèles: Marion Labouyrie et Martin Cancelier
EXPOSITIO NOUVELLE ÈRE crédit photo: La gaité lyrique crédit texte: La gaité lyrique MAGAZINE crédit photo: Magazine, jesuisunebandedejeunes crédits texte: Magazine, Street Tease MAGDA DANYSZ crédit photo: Portrait gallerie magda Danysz, TED prize crédits texte: Télérama sortir OUTILS VANDALS crédit photo: Angela Boatwright, King Brown Mag
THEATRUM ARIANE MNOUCKINE crédit photo: Théatres du Soleil crédits texte: Didier Méreuze évène
IMAGINATIO STANLEY KUBRICK crédit photo: Flickr crédits texte: Télérama, Jacques Morice CINÉASTES DE NOTRE TEMPS crédit photo: jaquettes DVD crédits texte: Le Parisien, Le Figaro, Valérie Cadet TOM BOY crédit photo: Chezlorraine, Télérama crédits texte: Télérama, Louis Guichard LE CINÉMA AU FEMININ crédit photo: Télérama
SALTATIO LA DANSE EN HÉRITAGE crédit photo: Nissologie.net crédits texte: Philippe Noisette
MUSICA GEORGES BRASSENS crédit photo: citédelamusique.fr crédit texte: Hugues Tanneur TROMPETTES DE LA RENOMMÉE crédit photo: legrandbazart.com crédits texte: Hugues Tanneur LILLY WOOD & THE PRICK crédit photo: le-hiboo.com crédits texte: l’express magazine JOHN DIVOLA crédit photo: Viceland.com
CIBUS FOOD DESIGN, AVENTURES SENSIBLES crédit photo: zestforart.com, blog.2modern.com crédit texte: Artazart, huguetpourebullition.ultra-book.com
VESTIS NYMPHES & DÉESSES crédit photo: Eugène Rubin, Salvadore Ferragamo crédits texte: Anne-Marie Clais, L'Officiel, Vogue HORROR PICTURE TEA crédit photo: Spray magazine crédits texte: Yann Le Chatelier MODE IN FRANCE crédit photo: Spray magazine crédits texte: Spray magazine BACK IS BACK crédit photo: L'Officiel
PEREGRINATIO THE GOUTTE D'OR crédit photo: Magnum/Martin Parr crédits texte: Didier Méreuze évène
ARCHITECTURA MODUL-OR crédit photo: 3-b-s.eu, ilovebelgium.be, espritdavant.com, mediadomino.com, technoeroticism.blogspot.com crédit texte: midi libre, lenombredor
ZAC MASSÉNA crédit photo: www.flowersway.com/visite/station-de-flaine-768, zphoto.fr crédits texte: contemporart.voila.net/portzamparc.htm L'HOMME ET SES OUTILS crédit photo: Life magazine
FORUM CONTAINER PROJECT crédit photo: Flickr crédits texte: www.exyzt.org
DIRECTION ARTISTIQUE
4
Alice Joulot
Céline Martin_Dupont
Benoit Berger
Jérémy Bertrand
www.alicejoulot.fr alicejoulot@gmail.com
www.celinemartindupont.fr c.martindupont@gmail.com
www.benoitberger.fr bennysheperd@gmail.com
www.jamesbertrand.com jamesbertrand.com@gmail.com
OURS
_
04. SALTATIO (DANSE)
_ LA DANSE EN HÉRITAGE Les compagnies en héritage
10. FORUM (SOCIAL)
02. THEATRUM
PARIS
(THÉÂTRE)
05. MUSICA
_
(MUSIQUE)
CONTAINER PROJECT Cinémathèque Française
_ GEORGES BRASSENS
_
à la Cité de la Musique
ARIANE MNOUCHKINE & le Théâtre de la Cartoucherie
TROMPETTES DE LA RENOMMÉE Hommages à Brassens
08. PEREGRINATIO
LILLY WOOD & THE PRICK
(VOYAGE)
Invicible Friends
_ THE GOUTTE D’OR Voyage dans Paris
01. EXPOSITIO (EXPOSITION)
_ UNE NOUVELLE ÈRE
ZÉLA
Le renouveau de la Gaîté
MAGAZINES
03. IMAGINATIO
Magazine & JSBJ
(CINÉMA)
MAGDA DANSTZ
_
Le Paris des galeristes
STANLEY KUBRICK
09. ARCHITECTURA
Cinémathèque Française
(ARCHITECTURE)
_
CINÉASTES DE NOTRE TEMPS Centre Pompidou
TOMBOY de Céline Sciamma
1, 2, 3 MODULE Un espace, mille solutions
06. CIBUS
Z.A.C. MASSENA
(GASTRO)
Un cas pratique
_
MAGDA DANSTZ
FOOD DESIGN AVENTURES SENSIBLES
Le Paris des galeristes
au Lieu du Design
07. VESTIS (MODE)
- 4185 km NYMPHES & DÉESSES Légèrement antique.
VENI, VIDI, VICI
HORROR PICTURE TEA New Spot
En latin classique est une célèbre expression employée par Jules César en 47 av. J-C. Elle peut être traduite en
MODE IN FRANCE
français par « je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ». Par son
Home Sweet Home
laconisme typiquement latin, cette phrase devint célèbre pour désigner tout succès foudroyant. D’après Plutarque, cette phrase est extraite de son rapport au Sénat romain après sa victoire rapide et inespérée, près de Zéla, en - 47, sur Pharnace II du Pont, que Jules César détrôna en un laps de temps très court.
SOMMAIRE
_
5
Les cubes lumineux de la Gaîté Lyrique.
EXPOSITIO [EXPOSITION[
JOURNAL
EXPOSITIONS 01.
NOUVELLE ÈRE LA GAÎTÉ LYRIQUE
—
LA GAÎTÉ LYRIQUE, FERMÉE DEPUIS 20 ANS, A ROUVERT SES PORTES AU PUBLIC CE MERCREDI 2 MARS. AU PROGRAMME : EXPLORATION DE TOUTES LES FORMES DE LA CULTURE DIGITALE, PERFORMANCES, INSTALLATIONS, EXPOSITIONS, CONCERTS, SPECTACLES, DÉFILÉS... UN LIEU IMMENSE, DÉDIÉ AUX ARTISTES AUTANT QU’AU PUBLIC, DANS L’ÉCRIN D’UN ANCIEN THÉÂTRE À L’ITALIENNE. VISITE GUIDÉE.
«Surface refinement» durant le live vidéo de Télématique.
Matt Pyke, l’un des designers les plus innovant et attachant de sa génération, a contribué à la popularisation du motion design dans le monde. Après une reconnaissance artistique en 2009 avec l’installation Forever au Victoria & Albert Museum de Londres, Matt Pyke relève le défi d’une première exposition monographique avec onze œuvres et installations originales pour la Gaîté lyrique. _
des collaborateurs dans le monde entier travaillant sur des projets concernant le monde de l’internet, du cinéma, de l’imprimerie, de la mode, de l’intérieur et des expositions pour un éventail de clients internationaux. Matt Pyke a présenté le monde d’Universal Everything devant plus de 750 personnes lors de la conférence semi-permanente de The
Le genre a vu le jour, à la fin des années 90s, dans les bas-fonds de New York. Quelques musiciens «transgenres» faisaient feu de tout bois, n’hésitant pas à mélanger le hip hop et le dub, des dialogues de films et du jazz, des musiques moyen-orientales et des breakbeats, etc. Le tout, dans une «ambiance» très sombre et tourmentée… _
Barbican, à Londres, et à Visuelt’11 à Oslo, en Norvège. L’artiste anglais de 36 ans développe, avec ses proches collaborateurs, une vision sensuelle et très pop des nouvelles technologies. D’apparence par-
VISOMAT INC. + TELEMATIQUE
fois naïves, ses œuvres s’appuient sur des développements numériques complexes, élaborés à partir d’une subtile
En jeune prodige doué pour les pla-
—
appréciation du vivant et de la nature.
tines, bénéficiant de plus d’une solide
dans la petite salle, d’étranges formes
formation universitaire (philosophie +
Inspiré par les façades ornementées et les moulures structuralistes qui décorent Berlin depuis toujours, visomat inc. et télématique présentent l’installation «Surface refinement / cinder block» _
primitives s’agitent au son de percus-
littérature française) et d’une curiosité
sions tribales et de mantras.
artistique aussi rare que pertinente, DJ
Ici, un monstre tantôt grizzly psychédé-
Spooky est devenu le symbole de ce
Visomat a été formé au milieu des années 90 comme un pont jeté entre l’art média
lique tantôt homme pierre ne cesse de
mouvement qu’il a un temps essayé
A travers son studio Universal Eve-
muter. Là, un bloc monolithique invite
de théoriser dans des articles puisqu’il
rything, Matt Pyke déploie de multiples
à un ballet moléculaire. Sur la mezza-
cumule aussi la fonction de journa-
et la culture club typique de Berlin, avec comme objectif principal de visualiser la musique. Parallèlement à leur travail musical, visomat inc. a progressé dans la voie
explorations graphiques - création de
nine, des danseurs se battent contre
liste / écrivain (cf. Des palimpsestes
du design d’intérieur et objet lié au média. Pour Berlin Next! visomat inc. a créé une
logos animés pour MTV, Warp ou en-
un ouragan sonore avant de retomber
et de la parataxe ou comment faire un
structure de blocs de polystyrène de 35m2. Elle devient une surface de projection où
core aol., films d’art pour Nokia, Audi
en poussière. Des cabinets de curiosi-
mix, publié en français dans la revue
ou Chanel. Le collectif Universal Eve-
tés présentent une peuplade de fossiles
Nomad’s Land) ! De la théorie à la pra-
rything a été fondé par Matt Pyke en
synthétiques, tandis que devant le foyer
tique, il n’y a qu’un pas et on le retrouve
2004, après 8 ans dans le célèbre studio
historique on plonge dans le cerveau en
aux côtés de Sub Dub, du bien nommé
lancer dans le monde du clubbing. Son travail est plus expérimental et cherche à
The Designers Republic à s’occuper du
ébullition d’un certain Matt Pyke.
Byzar et de We sur la compilation-ma-
développer des paysages visuels dans lesquels vont s’épanouir l’architecture du lieu
design de la music, de la vente au détail,
la géométrie et l’orde des blocs sont brisés. Le design sonore est créé par Tob Jona. Telematique a un parcours presque opposé, venant des arts plastiques avant de se
et la musique de la soirée. Toujours à la recherche de nouvelles techniques de créa-
de la mode, de l’architecture, de la publicité et de projets de diffusion à travers
tion et de nouveaux systèmes de contrôle, Telematique compte aujourd’hui parmi
la planète. Universal Everything est un
les meilleurs live vidéo de Berlin.
studio créatif multidisciplinaire avec
2011-03
SURFACE REFINEMENT Installation GAITE LYRIQUE
2009-07
2010-09
PULSE INTERFACE Installation Biotronik
ZDF NEO
BERLIN
Fair Stand BERLIN
2009-01
HALBZEUG 2010-04
Installation
BLACK NOISE
BERLIN
Video Live PANTHA DU PRINCE
2008-09
RAND STAND 2 2009-12
Publication Frame
BUNTE SCHOKOWELT
AMSTERDAM
Installation Ritter Spot BERLIN
8
JOURNAL
DJ Spooky et sa musique ne se réduisent pas à un genre particulier mais son nom reste attaché à ce que l’on a appelé l’illbient, contraction entre «illness» (maladie) et ambient.
nifeste de ce courant édité par le label Asphodel, Incursions In Illbient. Son album Necropolis (Knitting Factory) nous offre une «vision» plus exhaustive de cet univers assez névrosé. De même
01.
EXPOSITIONS
1.
VENI
Espace de création et de diffusion d’une surface de 11 000 m², la Gaîté Lyrique est entièrement vouée aux musiques actuelles et aux arts numériques. Situé dans le 3e arrondissement, au 3bis de la rue Papin, la Gaîté lyrique vous accueille tous les jours sauf le lundi.
2. Une rénovation de plus de 85 millions d’euros par la mairie de Paris, et un bâtiment de 9500m2 pensé par l’architecte Manuelle Gautrand.
Cubes de la Gaîté Lyrique.
tonalité «dub & breakbeat» beaucoup plus prononcé mais toujours ambient
vaux) pour créer un univers de sons qu’il joue lors de ses improvisations avec de nombreux artistes. _
réalisateur français Vincent Moon, avec qui il va traverser le monde pour documenter les espaces musicaux & partager
et obscur… Ces trois références étant
sa musique avec tous les musiciens qu’il
parues en 1996.
croisera lors de ces voyages.
Ensuite, il n’aura de cesse de se diver-
Sa musique se nourrit essentiellement
sifier. Métis né en 1970 à Washington
d’expériences dans d’autres domaines
aux Etats Unis, Paul D. Miller aka DJ
que celui purement musical.
Spooky «That Subliminal Kid» semble
Pour apprendre à jouer comme un dieu, Pedro Soler est passé par la dure -mais formatrice- école de l’expérience. Accompagnant diverses compagnies de chant et de danse dans la plus pure tradition flamenca, il s’est forgé un style à la force du poignet. _
vouloir remonter ou devancer le temps. Très œcuménique, il travaille aussi bien avec Xenakis ou Steve Reich que des rappeurs comme Kool Keith et Killah Priest ! Question d’ambiance, donc… Et sur ce plan, il est devenu un maître comme le prouve aussi ses collaboraIl a plusieurs projets avec des danseurs
The Dead) et The Freight Elevator
comme Nina Dipla (qui a travaillé avec
Quartet (File Under Futurism qui com-
Pina Bausch) ou Moeno Wakamatsu
bine e-jazz, drum-n-bass et ambient).
(qui a travaillé avec Merce Cunnin-
Sans oublier ses mixes cinématogra-
gham, Masaki Iwana…), avec des
phiques — singulièrement son «détour-
acteurs français (Anne Alvaro, Serge
Certes, Pepe de Badajoz, son inspirateur
nement» sonore de Birth of a Nation de
Pey…), avec des musiciens electro-
et son maître, lui avait transmis l’essen-
D.W. Griffiths — qui contribuent à re-
niques (J_Mahtab, A. Yterce, Joakim
tiel de son savoir. Puis, le chanteur Ja-
définir et faire de l’ambient une «mantra
de Tigersushi… ), des musiciens pop
cinto Almaden lui a inculqué les secrets
urbaine»; pour paraphraser le titre d’un
(Ramona Cordova, Damo Suzuki,
et les recettes de l’accompagnement au
de ses albums paru en 2002.
Cali…), flamenco avec Pedro Soler
cours de multiples tournées internatio-
(ils ont joué à la Philharmonie de Ber-
nales.Toujours au cours de spectacles, il
lin, Novembre 2007), ou d’autres
est amené à jouer derrière «la Joselito»,
concert très spéciaux comme un duo
la célèbre danseuse qui lui apprend les
avec un masseur allemand sur un mar-
divers styles liés aux non moins diverses
ché de Noël à Berlin, un projet musical
danses du Flamenco. Peu à peu, Pedro
fou à propos de Sciences Physiques &
Soler prend son envol en solo. Il est
d’animaux domestiques intitulé « Le
très vite remarqué pour la pureté de
Chat de Schrödinger »…Sans cesse à
son style et l’étonnante sonorité qu’il
la recherche de nouvelles expériences
tire de sa guitare. Commence alors une
artistiques, il est maintenant aussi impli-
carrière mondiale ponctuée de jolies co-
qué dans de nombreux projets avec le
élaborations.
Gaspar Claus a commencé le violoncelle à l’âge de 5 ans. De ses longues études en conservatoires auprès de grands professeurs comme Philip Muller (CNSM, Paris) il a gardé une partie des acquis techniques. Mais ses recherches actuelles reposent sur une exploration des capacités de son violoncelle au delà de son utilisation classique. Il utilise tout le corps de l’instrument (bois, métal & crins de che-
VIDI
tions avec Scanner (The Quick And
31.03.2011
BETON LA GAÎTE LYRIQUE, PARIS Music: Bogger, Miwon Video: u-matic, telematique _
29.03.2011 - 05.04.2011
VICI
que Songs of a Dead Dreamer, sur une
VIDEO INSTAL. SURFACE REFINEMENT LA GAÎTE LYRIQUE, PARIS Sculpture: visomat inc. Video: telematique, visomat inc. Audio: tob jona
JOURNAL
9
EXPOSITIONS 01.
MAGAZINE LE FREEPAPER MAGAZINE @12MAIL
—
SI DEPUIS SA CRÉATION 12MAIL S’EST INTÉRESSÉ À DES DOMAINES AUSSI DIVERS QUE LA MODE L’ILLUSTRATION, LA MUSIQUE POPULAIRE OU LE GRAPHISME, LA PRESSE OCCUPE, MALGRÉ L’OMNIPOTENCE D’INTERNET, UNE PLACE PRÉPONDÉRANTE DANS NOS PRÉOCCUPATIONS. APRÈS SANG BLEU, MAGAZINE CONTRIBUE À L’ÉMERGENCE D’UNE PRESSE MAGAZINE IDENTITAIRE GAY CHIC ET LETTRÉE.
Le nouveau Fanzine Bleu de JSBJ
Non par goût du mot « Magazine », mais pour saluer une presse indépendante, qui décrypte les tendances sans jamais courir derrière. Magazine délivre au fil des numéros un regard lucide, souvent clairvoyant et _ parfois visionnaire sur ce milieu.
plus élaborées. Citons le « off record »
Michel Mallard, Ramdane Touhami,
(interview anonyme d’un professionnel
Payam Sharifi, Sanghon Kim, Ich &
A l’heure où Magazine lance sa nouvelle
qui explique les mécanismes de son mé-
Kar, DeValence, Loran Stosskopf, H5,
tier), « désaffection », dont chaque texte
Thomas Lenthal, Peter Knapp, Leslie
débutait invariablement par « je n’aime
David, Ill studio entre autres…
pas… », ou encore « rencontre » qui,
Un jour, pas après 10 mais 11 ans, nous
sous prétexte de présenter un inconnu,
avons élaboré une nouvelle formule et
nous parle d’ici et de maintenant. Aucun
tout a changé ou presque : Magazine
formule, quelques mots d’Angelo Ciri-
journaliste au sens classique ne faisait
devient payant, dos carré, diffusion en
mele sur leur exposition à 12Mail :
partie de la rédaction de la première
kiosque, même en province. Continuité
« Un magazine sur les magazines, ce
formule ; nous nous sommes adoucis…
éditoriale, mais des séries mode inédites.
n’était pas juste un pied de nez à la fin
forme changeait aussi sûrement que son
— UN MAGAZINE DE MAGAZINES, CE N’ÉTAIT PAS JUSTE UN PIED DE NEZ À LA FIN DES ANNÉES 90, MAIS LE SENTIMENT QUE LE MODÈLE DES MAGAZINES CULTURELS ÉTAIT DERRIÈRE NOUS —
contenu. Une esthétique « suisse » (vu d’ici) s’est peu à peu installée, beaucoup
des années 90, mais le sentiment que le modèle des magazines culturels était derrière nous et que l’avenir était au lifestyle, en français : ce terrain parcouru par la mode, l’art et le design, avec beaucoup d’images si possible. Magazine est paru en septembre 1999 et a été fondé par Alexandre Thumerelle qui quittera l’aventure deux ans plus tard et moi-même. À partir du numéro 5, son directeur artistique,Yorgo Tloupas, propose que le graphisme soit confié à un directeur artistique différent à chaque numéro. Magazine n’était à la
avec un sticker en couverture qui cache puis dévoile un élément, des cahiers texte plus étroits, différents papiers… Le magazine sur les magazines continue sous une autre forme. L’exposition à 12Mail mettra à profit les deux espaces pour présenter l’ancienne et la nouvelle formule, une sorte de making of avec une anthologie des anciens numéros et des DA invités, des objets customisés, une mise en exergue des « interviews
JSBJ
insiders » ainsi que des séries mode. À l’occasion de L’exposition Magazine
—
Magazine, un CD tracklisté par Qoso, formule sera édité et numéroté à 300
Le collectif de photographes Je Suis Une Bande De Jeunes lance une collection de fanzines au format récurent. _
Magazine était gratuit, ce qui permettait
exemplaires. 12MAIL est un espace
Après leurs premiers fanzines compilant les travaux de plusieurs photographes, le
de mêler insiders et hasards de distri-
d’exposition et de rencontre où vous
de blancs et des choix tranchés : nom du
bution, une manière de choisir les lieux
pourrez découvrir des artistes et collec-
magazine en pied de page, textes non
avant d’être choisi par les lecteurs. Ma-
tifs de talent, dans des domaines tels que
illustrés, portfolios libres… Nous avons
gazine était parisien – pourquoi la pro-
l’illustration, le graphisme, la photo ou
collection : cahier agrafé à couverture souple avec photo contrecollée.Les premiers
invité beaucoup de DA à participer à ce
vince ?Au fil des numéros nous avons eu
la mode.
titres à voir le jour sont limités à 50 exemplaires chacun et sont l’oeuvre de Jérémie
petit jeu, on aurait pu en faire un livre,
le plaisir de collaborer avec des DA tels
nous avons choisi une exposition.
qu’ Harri Peccinotti, Sophie Toporkoff,
Un magazine nommé Magazine se
Christophe Brunnquell, Laurent Fétis,
devait aussi de proposer des rubriques
Surface to Air, Eem, Antoine & Manuel,
fois jamais et toujours le même et sa
Nº2 - VOL.2 -
DA YORGO TLOUPAS
10
Magazine est devenu un autre objet,
Nº1 - VOL. 2 -
DA YORGO TLOUPAS
Nº55 -
musicien et DA associé à la nouvelle
collectif Je Suis Une Bande De Jeunes, a décidé de créer une collection de mini monographies. Le format compact et le façonnage seront les traits distinctifs de cette
_
Egry (Etrange Stabilité) et d’Aurélien Arbet (Hiatus), deux des quatre fondateurs MAGAZINE MAGAZINE Du 1er avril au 10 juin 2011 Vernissage le vendredi 1er avril de 18h à 21h. 12 rue du Mail 75002 Paris.
DA ERIK HABERFELD
Nº54 -
du collectif. Deux nouveaux fanzines sont déjà prévus pour la rentrée. Souhaitons à cette collection un avenir prospère.
DA ANDREW WOODHEAD
JOURNAL
Nº53 -
DA THOMAS LENTHAL
Nº51 -
DA MILO KELLER & JULIEN GALLICO
01.
EXPOSITIONS
MAGDA DANYSZ LE PARIS DES GALERISTES
—
VENI
LA GALERIE MAGDA DANYSZ PROMEUT ET SOUTIENT LES JEUNES ARTISTES, MAGDA DANYSZ VEUT FAIRE CONNAÎTRE LES NOUVELLES TECHNIQUES ET LES NOUVEAUX TALENTS. L’AUTRE OBJECTIF DE LA GALERIE MAGDA DANYSZ, EST DE FAVORISER L’ACCÈS À L’ART, DÉMOCRATISER L’ART CONTEMPORAIN. MAGDA DANYSZ SOUHAITE QUE SA GALERIE SOIT UN LIEU DE DÉCOUVERTE QUI S’ADRESSE À TOUS.
JR @ Ted Prize 2011
die, rue Amelot. Outre le street art – son
calligraphie signé JonOne. Pourquoi pas
fer de lance pendant de nombreuses
Moganshan Lu, la friche où s’activent
années, en passe, enfin, de gagner ses
de nombreux artistes et marchands
lettres de noblesse auprès du grand pu-
shanghaïens ? «C’est devenu un squat
blic –, son engagement auprès d’artistes
au bon sens du terme, avec des travaux
comme Miss Van, Obey, Erwin Olaf ou
d’étudiants, des accrochages sauvages,
encore son engouement récent pour
mais aussi des éditions pas toujours
cette veine pop surréaliste de peintres
La voix cassée par les vols long-cour-
très bien contrôlées. À Shanghai, l’art
nord-américains vomissant la culture
riers, mais les yeux injectés d’adréna-
est aussi traditionnellement plus épar-
Disney, lui ont permis d’imposer une
line, Magda Danysz décrit son speed
pillé : chaque quartier doit posséder ses
certaine audace.
dating avec Shanghai : une ville où
logements, ses commerces, son école et
Très liée avec le collectif ArchiLab,
«l’énergie est dingue partout, à l’image
sa galerie. Cette vision de l’art comme
Magda défend aussi beaucoup les arts
du New York des années 90 dont j’étais
maillon d’un système me donne l’espoir
numériques et revendique à ce titre sa
mordue», dit-elle. «J’envisageais plutôt
que les choses y soient plus intégrées à
présence au conseil d’administration
de me développer à Los Angeles, et puis
la société. Lise jouait vraiment le rôle de
du Cube. «Je suis complètement geek,
Portrait de Magda Danysz
cela désespère un peu mon mari d’ailleurs», confie-t-elle. L’intéressé, Antoine
JR & TED —
Barrère, un antiquaire spécialisé dans les arts asiatiques, pourra désormais se consoler de la voir prendre la même direction que lui à l’aéroport, puisqu’elle compte passer une semaine par mois à
En octobre dernier, l’artiste français JR recevait le prix TED pour l’ensemble de son travail depuis 10 ans. Au-delà de la reconnaissance de la communauté TED, ce prix engage surtout son bénéficiaire à annoncer un “voeu” quelques mois plus tard.“A wish to change the world” – simple, non ? _
Shanghai. Droguée à la nouveauté, mais
Le nom de l’heureux élu du prix TED 2011 tient en deux lettres : JR. Le photo-
soucieuse de stabiliser ses acquis, où se-
graphe français vient d’être récompensé pour l’ensemble de son travail depuis dix
ra-t-elle demain ? De ses mille et un projets à vous donner le tournis émergent
ans.Tout a commencé en 2000 avec un appareil photo trouvé dans le métro parisien.
la tentation du fundraising, «mais dans
Depuis, JR n’a plus lâché le déclencheur et il s’est offert le luxe de la plus grande
le public et au service des institutions»
galerie d’exposition au monde : la rue.
et, plus personnelle, celle d’un enfant : ça a été le coup de foudre. Très vite, j’ai
V. R. P. pour le 13e arrondissement ! Elle
«Il me suivrait partout, je le prendrais
rencontré des gens et insisté pour qu’ils
m’a fait visiter plusieurs locaux dont les
par la main et lui montrerais le monde.»
me trouvent un lieu, n’importe quoi,
tarifs étaient accessibles car nous étions
même un cagibi ! » Un an plus tard, c’est
les premiers occupants, et aussi présenté
sur le Bund, le quartier d’affaires, sur le
messieurs Perrotin, Praz-Delavallade et
port, où siègent déjà quelques galeries
d’autres fraîchement installés dans ce
mais surtout les plus beaux hôtels de la
nouveau quartier artistique.» Depuis,
mégapole, qu’elle inaugure son nouvel
la Galerie Magda Danysz s’est agran-
Télérama Sortir _ GALERIE MAGDA DANYSZ 19, rue Emile Durkheim 75013 Paris. tel. : + 33 (0)1 45 83 38 51
VIDI
espace avec un show mêlant graffiti et
À 34 ans, cette jolie Parisienne d’origine polonaise fête les 10 ans de sa galerie d’art, en inaugure une seconde à Shanghai et publiera en octobre une anthologie du mouvement street art. Son itinéraire est fulgurant. Mais qu’est-ce qui fait courir Magda ? _
Ancrées dans la mouvance des activistes urbains, ses actions investissent l’espace public de manière magistrale. Les très grands formats qu’il colle sur les murs de nos villes transforment à la fois notre regard et notre environnement. Dans une société gavée d’images, celles de JR ont un impact hors normes. Elles redessinent la géographie de notre quotidien visuel et replacent l’humain au premier plan. Cerise sur le gâteau, JR refuse catégoriquement de se mettre en avant. Il n’apparait jamais claire-
VICI
ment sur les photos, son identité n’est pas connue du grand public.
JOURNAL
11
OUTILS VANDALS _
ANGELA BOATWRIGHT
12
JOURNAL
JOURNAL
13
THÉÂTRE
02.
ARIANE MNOUCKINE LE THÉÂTRE DE LA CARTOUCHERIE
—
C’EST EN MONTANT UNE TROUPE UNIVERSITAIRE À LA SORBONNE QU’ARIANE MNOUCHKINE DÉBUTE LE THÉÂTRE. AVEC PHILIPPE LÉOTARD, ELLE FONDE EN 1964 LE THÉÂTRE DU SOLEIL QUI S’INSTALLE DANS L’ANCIENNE CARTOUCHERIE DE VINCENNES, SALLE QUI DEMEURE L’UNE DES PLUS DYNAMIQUES DE FRANCE.
Ariane Mnouchkine.
02.
THÉATRE —
1965 _
1966 _
1967 _
LES PETITS BOURGEOIS,
LE CAPITAINE FRACASSE, DE THÉOPHILE GAUTIER.
LA CUISINE D’ARNOLD WESKER,
Théâtre Récamier
Théâtre Montmartre
DE MAXIME GORKI, M.J.C. DE LA PORTE DE MONTREUIL.
Théâtre Mouffetard
14
JOURNAL
ADAPTATION PHILIPPE LÉOTARD.
02.
THÉÂTRE
Ariane Mnouchkine, née le 3 mars 1939 à Boulogne-Billancourt, est metteur en scène de théâtre et animatrice de la troupe qu’elle a fondée en 1964, le Théâtre du Soleil. Elle est également scénariste et réalisatrice de films.
VENI
Nommée le 25 juillet 2007 par les membres du Collège de France, professeure associée pour une période de douze mois à la chaire de Création artistique, elle refuse d’abord le poste, croyant le devoir à Nicolas Sarkozy, avant d’envisager de l’accepter, ne voulant « pas faire de caprice auprès de gens que j’admire et que j’aime », pour finalement le décliner.
Représentation au Théâtre de la Cartoucherie.
La Cartoucherie. Le bois de Vincennes. Encore à Paris et déjà à la campagne. De sa petite chambre bureau à l’entresol du Théâtre du Soleil, Ariane Mnouchkine peut apercevoir les visiteurs. Mais, lorsqu’il fait beau, c’est dehors qu’elle les reçoit, installée sous les arbres décorés de loupiotes. _
ger le monde » comme elle le dit ? Ses
J’en connais trop les dangers ».Cosmo-
spectacles en témoignent. Ses actes aus-
polite, ouverte à l’universel, à l’image
si. En 1995, elle a participé à une grève
des 28 nationalités, brassant toutes
de la faim contre la guerre en Bosnie. Un
les générations de 18 à 71 ans (l’âge
an plus tard, elle accueillait au Théâtre
d’Ariane Mnouchkine) et représentant
du Soleil les sans-papiers expulsés de
25 langues, qui la composent. « Mais le
l’église Saint-Bernard. Le 12 octobre
français est langue obligatoire », précise-
dernier, elle appelait spectateurs, amis
t-elle en riant.
Avenante, rattrapant, d’une main, ses
et professionnels à défiler à ses côtés
Cette fidélité aux principes d’origine
cheveux gris qui flottent au vent, elle
contre la réforme des retraites « telle
explique sans doute la longévité de son
propose un café, faisant oublier, dans un
qu’elle est imposée ». En demandant
Théâtre et la fascination qu’il exerce sur
grand sourire, combien l’obtention d’un
les jeunes générations. Ariane Mnouch-
que certains lui attribuent ? Femme de
— C’EST LE PUBLIC QUI NOUS FAIT VIVRE. C’EST POUR LUI QUE NOUS TRAVAILLONS, QUE NOTRE BUDGET DÉPEND —
caractère, Ariane Mnouchkine n’est
un référendum d’initiative populaire,
scène théâtreale française. »
pourtant pas femme de caprice. Éner-
elle dénonce « l’arrogance et la malhon-
« C’est le public qui nous fait vivre. C’est
de Vincennes. Ils ont bravé le froid et traversé le bois pour assister à la dernière créa-
gique, certes, parfois brusque, en per-
nêteté » lorsqu’on exige qu’on arrive «
pour lui que nous travaillons. Notre
tion du théâtre du Soleil, «Les Naufragés du Fol Espoir». Ce sont les inconditionnels
pétuel mouvement, elle sait aussi se
usé, les os de la hanche défaits », pour
budget dépend des recettes à 75 %. Sans
montrer douce, presque maternelle,
prouver que l’on a exercé un métier pé-
sa fidélité, le Soleil n’aurait pas tenu aus-
s’enquérant avec une aménité sin-
nible. Puis elle ajoute : «Quand la société
si longtemps. Le public vient ici comme
places il y a plusieurs semaines déjà, dès qu’ils ont vu les affiches dans le métro. Le
cère, avant même que la discussion ne
frappe à votre porte, comment la garder
à un rendez-vous. Comment ne pas lui
dessin sépia d’un bateau pris dans les glaces et au-dessous, cette inscription : «Les
commence, de vous, de votre famille,
fermée ?» Une «communauté de rêve»,
en être reconnaissant ? Comment ne pas
de La Croix – « Comment se porte le
loin du «communautarisme»
le convier à partager notre rêve d’une
journal ? On a besoin de lui. Surtout
Qu’on ne lui parle pas du Théâtre du
société idéale, d’hospitalité, de frater-
dans le monde actuel. » Un monde, se
Soleil comme d’un phalanstère replié
nité et de vie ensemble. J’aimerais que le
le rayonnement de cette ancienne caserne militaire devenue le village d’un théâtre
lance-t-elle, où l’« avoir » a pris le pas sur
sur lui-même dont elle serait le gourou.
Soleil soit un lieu exemplaire de ce que
populaire et citoyen au début des années 1970. Mais la Cartoucherie abrite d’autres
l’«être»…
À la rigueur, une communauté mais une
pourrait être la vie. Un service public,
Le ton est véhément. Dans sa bouche, il
« communauté de rêve », précise-t-elle.
même petit. C’est-à-dire «au service» du
n’est pas nouveau. N’est-elle pas entrée
Loin de tout « communautarisme » –
public. »
en théâtre, à l’âge de 20 ans pour « chan-
«ce seul mot me fait sauter au plafond !
de reports, de silences… avant qu’une date soit définitivement fixée ! Quant à la joindre à nouveau pour lui demander des précisions, la tentative relève de l’exercice vain. De quoi alimenter la réputation de « reine mère » de la Cartoucherie, autoritaire, sinon tyrannique,
kine en est fière, même si « notre époque ne favorise plus de telles aventures. Lorsque nous avons débuté, il y avait de l’enchantement. On nous attendait, on nous encourageait. Notre rêve fai-
THÉÂTRE DE LA CARTOUCHERIE —
sait partie de la société. Aujourd’hui, on n’arrête pas de dire qu’il ne faut plus rêver. Les écoles de théâtre ne préparent pas leurs élèves à des aventures collectives. Elles les lancent sur le marché de la
2003 _
2006 _
La navette déverse des grappes de spectateurs devant les grilles de la Cartoucherie
d’Ariane Mnouchkine (la première a eu lieu début février), ceux qui ont acheté leurs
représentations de ce spectacle auront lieu à la célèbre Cartoucherie.» Car oui, la Cartoucherie est célèbre, et le théâtre du Soleil est pour beaucoup dans
théâtres qui tentent d’exister dans l’ombre du Soleil : la Tempête, l’Aquarium, l’Epée de bois, le Chaudron. Bien que liés depuis leurs débuts par un même combat, ces
Didier Méreuze
1999 _
Il y a 40 ans, des troupes de théâtre décident de squatter une ancienne caserne dans les bois pour inventer un lieu de tous les possibles. En 2010, que _ reste-t-il de la Cartoucherie , cette aventure unique en son genre ?
VIDI
du combattant : huit mois d’attente,
TAMBOURS SUR LA DIGUE,
LE DERNIER CARAVANSÉRAIL,
LES ÉPHÉMÈRES,
D’HÉLÈNE CIXOUS.
CRÉATION COLLECTIVE.
CRÉATION COLLECTIVE.
La Cartoucherie
La Cartoucherie
La Cartoucherie
espaces ont chacun leur histoire et chacun leur destin.
Evène
VICI
rendez-vous peut relever du parcours
2010 _ LES NAUFRAGÉS DU FOL ESPOIR, CRÉATION INSPIRÉE D’UN MYSTÉRIEUX ROMAN DE JULES VERNE.
La Cartoucherie
JOURNAL
15
16
Stanley Kubrick.
03.
IMAGINATIO [ CINÉMA [
— STANLEY KUBRICK Cinémathèque _ Française.
CINÉASTES DE NOTRE TEMPS Centre Pompidou. _
TOMBOY
de Céline _Sciamma.
JOURNAL
17
CINÉMA 03.
STANLEY KUBRICK CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE.
—
DU 23 MARS AU 31 JUILLET, LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE ACCUEILLE UNE VASTE EXPOSITION CONSACRÉE AU CINÉASTE STANLEY KUBRICK ET PROPOSE UNE RÉTROSPECTIVE COMPLÈTE DE SES FILMS SUR GRAND ÉCRAN.
Stanley Kubrick.
Polar, guer re ou épouvante..., chaque film de Stanley Kubrick est un modèle du genre. Retour sur un cinéaste exigeant et mégalo, dont la Cinémathèque fait en ce moment la rétrospective à Paris. _
chaos. Pour tenter d’y voir clair, jouons
sociale, puis la chute. Tout au long du
à notre tour. Démontons la machine
film, Kubrick livre sur lui un certain
kubrickienne en neuf pièces essentielles.
nombre d’informations contradictoires: courageux, tricheur, détaché, sincère,
Artiste
arriviste, insensible, humain... C’est
C’est surtout avec 2001 : l’odyssée de
au spectateur de rassembler toutes
Dans le genre intimidant, il n’y a pas
l’espace (1968) que Kubrick devient
les pièces du portrait. Chez Kubrick,
mieux. A côté, Godard est presque un
l’Artiste, l’un des rares à avoir fusionné
« je » n’est pas un autre, il est quan-
rigolo - ce dernier n’a d’ailleurs pas
superproduction, cinéma expérimen-
tité d’autres qui s’affrontent sans cesse.
manqué de le moquer, voyant sans
tal et avant-garde du design. Dans ce
doute en lui un rival. Le génie écra-
space opera contemplatif, à la beauté
Humour
sant de Stanley Kubrick (1928-1999)
froide et géométrique, tout est pensé
A priori, pas vraiment la spécialité
fascine autant qu’il agace. Ses films
et supervisé avec un soin inouï, les cos-
maison. On a reproché à ce cinéma
font réfléchir, au risque de susciter des
tumes (inspirés de Courrèges) comme
géométrique d’être sévère et hautain.
sujets un peu barbants pour dissertation
le mobilier (les fameux sièges rouges
Les personnages qu’on voit rire sont,
de terminale : «L’être et le néant dans
Djinn d’Olivier Mourgue). Kubrick se
souvent, des monstres - la troupe de
2001 : l’odyssée de l’espace» ou «L’ori-
fait aussi peintre : dans Barry Lyndon, la
soldats qui s’esclaffent dans Les Sen-
gine de la violence dans Orange méca-
reconstitution du XVIIIe siècle inspirée
tiers de la gloire. Le rire peut tourner
nique». Mais c’est aussi du spectacle,
des toiles de grands maîtres (Ruysdael,
au grotesque : voir les Droogs d’Orange
souvent grandiose, destiné à un large
Gainsborough...) est un modèle tou-
mécanique, voyous clownesques en
public, avec le souci mégalomane de
jours inégalé. Chez Kubrick, le moindre
chapeau melon et slip kangourou sur
signer le film définitif dans chaque genre
objet est fétichisé, le moindre espace
leur tenue d’escrime. Dans les années
visité (film de guerre, science-fiction,
stylisé et configuré comme une instal-
1960, le cinéaste avait plus d’humour,
polar, épouvante, etc.). C’est là son trait
lation. De quoi se souvient-on le plus
grâce à un complice de choix, Peter
complet le 23 mars au prix de 220 euros, la Cinémathèque Française lui consacre
de génie : avoir poussé l’exigence artis-
dans ses films ? D’emblèmes. De tra-
Sellers, capable d’un triple rôle épous-
une énorme exposition qui se tiendra du 23 mars au 31 juillet 2011, sur 1000m2.
tique en obtenant une carte blanche des
cés complexes - le labyrinthe mythique
touflant dans Docteur Folamour. En
studios (la MGM, puis la Warner). Un
de Shining, par exemple, aux haies
débauché sarcastique dans Lolita, il est
géant, donc, qui n’avait rien d’un mau-
infranchissables comme des murailles.
inoubliable. Ivre mort avant d’être mort
2011 : L’ANNÉE KUBRICK —
En 2011, l’année sera kubrickienne ou ne sera pas ! Outre son intégrale en DVD et son magnifique livre d’archives édité par Tashen qui ressortent dans un coffret
Un autre hommage et pas des moindres va lui être également rendu : Le Festival
dit, à la différence d’Orson Welles. Amé-
de Cannes présentera en avant-première mondiale la version restaurée d’Orange
ricain, mais installé en Grande-Bretagne
Bataille
d’esprit à la figure du pauvre James Ma-
à partir de 1961, il aura réalisé en tout
Le nerf central. Chaque film présente
son, rendu fou par sa nymphette blonde.
treize longs métrages - nombre idéal
une situation conflictuelle - une guerre
mécanique. Les cinéphiles pourront découvrir ou redécouvrir ce chef-d’oeuvre «kubrickien» en présence de Malcolm MacDowell, «le 18 ou 19 mai», a indiqué le
tout court, il lance de savoureux mots
pour ce grand amateur de symboles,
entre des nations pour la suprématie
Machine
délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, lors de la présentation à
de combinaisons, de jeux d’échecs.
du monde, une guerre dans le couple,
Difficile, voire impossible de s’iden-
la presse de cette exceptionnelle exposition à la Cinémathèque Française. Malcolm
Conquérir l’univers pour en découvrir
une guerre à l’intérieur de soi. Voyez
tifier aux personnages. L’individu est
le secret faisait partie du programme de
le portrait de Barry Lyndon, ce jeune
un pion dans une organisation sociale
ses films, sièges d’une bataille constante
Irlandais du XVIIIe, d’extraction mo-
qui le dépasse. Dans 2001, Kubrick
entre la raison et la folie, l’ordre et le
deste, dont on nous raconte l’ascension
retourne même notre compassion
MacDowell donnera par ailleurs une master class sur La Croisette. Adam Ikx
TRAITÉ DU COMBAT MODERNE, Stanley Kubrick
—
“J'AI UNE CERTAINE FAIBLESSE POUR LES CRIMINELS ET LES ARTISTES; NI LES UNS NI LES AUTRES NE PRENNENT LA VIE COMME ELLE EST.” 18
JOURNAL
03.
CINÉMA
26 JUILLET 1928
1945
1948
1968
7 MARS 1999
Naissance à New York.
Photographe chez Look Magazine.
Épouse Toba Metz, camarade de classe dont il divorce trois ans plus tard.
Oscar des effets visuels pour «2001, l’Odyssée de l’Espace».
Décès d’une crise cardiaque à l’âge de 70 ans.
VENI
EN QUELQUES DATES
Tournage de 2001, l’Odyssée de l’Espace.
contre l’humain : c’est lorsque l’ordi-
de Schubert (Barry Lyndon), Le Beau
Sentiers de la gloire (interdit en France
nateur tout-puissant agonise et implore
Danube bleu, de Strauss (2001), sont
durant dix-huit ans). Stanley Kubrick
la pitié de l’astronaute que l’on est
aujourd’hui des hits. Kubrick aime
est pourtant aussi puritain que pervers.
ému... Avant de partir au Vietnam, les
les cymbales, le symphonique. Trop ?
Du sexe, il y en a dans ses films, mais il
soldats de Full Metal Jacket subissent,
A force d’être en majesté, la musique
attise l’obsession - c’est donc tout sauf
eux, un véritable lavage de cerveau.
écoeure parfois.
sensuel - ou la peur. La séquence où Tom Cruise est démasqué au milieu
de sable qui provoque le pétage de
Roi (sans dame)
de la cérémonie orgiaque (Eyes wide
plombs : ce n’est pas l’homme qui inté-
Misogyne, Kubrick ? Tout porte à le
shut) est filmée comme de l’angoisse
resse Kubrick, mais la machine en lui.
croire. La femme n’existe pas. Au mieux
pure. Même si, dans ce dernier film, le
c’est un instrument de destruction
pessimiste Kubrick prend tout le monde
Mouvement de caméra
(Lolita) ou une gravure de mode triste
de court en offrant un ultime renverse-
S’il fallait retenir une figure de style
ment de perspective, avec, simplement,
Autre marque de fabrique : le zoom, en
— SA PARANO ET SON CULTE DE LA PERFECTION SONT DEVENUS LÉGENDAIRES. —
général banni par les grands cinéastes.
(Barry Lyndon). Le cinéma kubrickien
le contrôle absolu sur tout : la publi-
Kubrick l’anoblit, surtout dans Barry
est un monde d’hommes obsédés par
cité, l’état des copies, les conditions de
Lyndon, pour détailler le frémissement
le sexe, le pouvoir, la conquête sociale.
projection. Sa parano et son culte de la
d’un visage, ou la mouche divine au
Avec ses corollaires : impuissance,
perfection (il pouvait dépasser les cent
coin des lèvres de Marisa Berenson.
chute, déclin. L’exception, c’est Eyes
prises !) sont devenus légendaire. Juste
de Stanley Kubrick, ce serait le travelling arrière. Inattendu et impressionnant dans le dédale des tranchées des Sentiers de la gloire, où Kirk Douglas marche d’un pas décidé avant de lancer l’assaut. Hypnotique, à travers les salons de la soirée d’Eyes wide shut.
comme derniers mots : « Let’s fuck. » Tour Enfermé dans sa tour d’ivoire. C’est la vision qu’on a de ce créateur, souvent décrit comme un Barbe-Bleue misanthrope, réfugié dans son manoir anglais de Childwickbury. Qui gardait
wide shut. Le seul film où un person-
avant la première d’Orange mécanique
Musique
nage féminin fait jeu égal avec l’homme
à New York, il découvre que les murs
Le sceptique Kubrick n’est pas roman-
et témoigne même d’une plus grande
d’un blanc scintillant de la salle de pro-
tique pour un sou. Mais il se rattrape
lucidité que lui. Intelligence et beauté
jection se reflètent sur l’écran. Il exige
avec la musique, moteur fondamen-
réunies en Nicole Kidman, divinement
qu’ils soient repeints sur-le-champ (un
tal de toute son oeuvre. Elle n’est pas
bien filmée - impossible d’oublier sa
dimanche !) en noir. Jusqu’au bout,
illustrative : elle se mesure au récit,
chute de reins, l’une des plus renver-
l’obsession de faire mat.
objecte, réfute. Le réalisateur choisit des
santes de toute l’histoire du cinéma.
musiques célèbres ou qui le deviennent grâce à lui. La neuvième symphonie
Perversion
de Beethoven (Orange mécanique),
On connaît les scandales provoqués par
le trio en mi bémol pour piano et cordes
Lolita, Orange mécanique et même Les
VIDI
Programme infaillible, jusqu’au grain
Jacques Morice
_ EXPOSITION STANLEY KUBRICK Du 23 mars au 31 juillet 2011 51, Rue de Bercy 75012 Paris
DR. STRANGELOVE OR : HOW I LEARNED TO STOP WORRYING AND LOVE THE BOMB.
VICI
1964
JOURNAL
19
CINÉMA 03.
CINÉASTES DE NOTRE TEMPS CENTRE POMPIDOU
—
UNE INTÉGRALE EXCEPTIONNELLE DE LA SÉRIE SUR GRAND ÉCRAN, EN PRÉSENCE D’ANDRÉ S. LABARTHE ET DE NOMBREUX CINÉASTES ET INVITÉS. DU MERCREDI 27 AVRIL AU SAMEDI 9 JUILLET 2011.
Luis Buñuel.
Une intégrale exceptionnelle de la série sur grand écran, en présence d’André S. Labarthe et de nombreux cinéastes et invités. _
son horizon sur les contemporains
article de fond. Plusieurs événements
immédiats. À la manière d’un puzzle
et inédits émaillent la programmation
dont chaque nouvelle pièce viendrait
exceptionnelle proposée par le Centre
modifier le paysage, d’un corps vivant
Pompidou, réalisée avec le concours de
C’est une programmation d’ampleur
constamment innervé, les films de « Ci-
l’Ina et d’AMIP, notamment autour de
inédite, une toile mouvante compo-
néastes » et de « Cinéma, de notre temps
Seymour Cassel, Jean-Marie Straub,
sée de près d’une centaine de films qui
» font dialoguer d’un continent à l’autre
Nico Papatakis, Josef von Sternberg et
traversent l’art cinématographique, de
les époques et les générations, les styles,
Souleymane Cissé, de rushes inédits
Luis Buñuel, Raoul Walsh ou Friedrich
les points de vue, les interrogations.
restaurés par la Cinémathèque fran-
Wilhelm Murnau, jusqu’à Abbas Kia-
çaise avec des cinéastes hollywoodiens,
«Cinéastes de notre temps», devenue
— «AUTANT DIRE QUE NOUS AVONS ÉTÉ VIVANTS ENSEMBLE.» —
«Cinéma, de notre temps» lors de sa
Ils composent par là-même une lecture
Ceux qui n’ont pas encore découvert
reprise en 1988 sur Arte, après seize ans
transversale et, comme le relèvera André
les films tournés avec John Cassavetes,
de silence à l’image. Cette exception-
S. Labarthe, fournissent les outils pour
Shirley Clarke ou John Ford ne seront
nelle série est ici présentée dans son in-
«pénétrer, par des portes orientées dif-
pas prêts d’oublier l’intelligence, le rire
tégralité, augmentée d’inédits, de rushes
féremment, un même édifice qui est le
et les émotions qu’ils dégagent, comme
exhumés, et rehaussée de séances
cinéma». Une telle démarche, conçue
ils ne manqueront pas d’être sidérés par
Premier film de la série, ce portrait de Luis Buñuel se décline en deux parties : la
spéciales.
«à la manière obstinée du facteur Cheval
leur acuité.
première s’attache à retracer la vie de l’artiste et cinéaste surréaliste, la seconde est un
rostami, David Cronenberg ou Takeshi Kitano. Du mercredi 27 avril au samedi 9 juillet, les écrans du Centre Pompidou font la part belle à un ensemble d’émissions sur le cinéma inspiré par André S. Labarthe et Janine Bazin ; une série sans équivalent dans l’histoire audiovisuelle,
Rouben Mamoulian, Delmer Daves, Frank Capra et Elia Kazan, des frères Dardenne, de Luc Moullet, d’Hou Hsiao-hsien avec Olivier Assayas, Otar Iosseliani et Julie Bertuccelli, Chantal Akerman, Diourka Medveczky, Alain Cavalier, Marc’O, Claude Chabrol...
bâtissant son fameux palais pierre après
20
LUIS BUÑUEL : UN CINÉASTE DE NOTRE TEMPS —
De Robert Valey, 1964. Avec Luis Buñuel, Max Ernst, Adonis Kyrou, Pierre Prévert, Georges Sadoul, Michel Piccoli (narrateur). _
entretien avec l’auteur de L’ Âge d’or. « Ce qui m’a frappé, ce soir où je le voyais pour
L’aventure, inaugurée en 1964 sur la
pierre, au gré des matériaux que le ha-
L’esprit même de cette série tient dans
première chaîne de télévision, s’est
sard mettait sur son chemin», impliquait
la virgule adoptée pour son intitulé :
la première fois, c’est, dans ce visage assez terrible, un regard d’enfant, un sourire
profilée à contre-courant d’un projet
la collaboration de partenaires sensibles
«Cinéma, de notre temps». Tout entier
qui est le sourire de l’enfance. » François Mauriac, Le Figaro littéraire, mai 1964.
patrimonial, en écho réfléchi de ce que
à cette vision du projet. Dans un texte
convoqué et conjugué au présent, de
Labarthe, philosophe de formation,
donné au Monde en 1972, Labarthe
telle sorte que chacun d’entre nous,
insufflait dans son travail aux Cahiers
précisait : «Dès le début, pour la fabri-
un jour ou l’autre spectateur de cette
du cinéma – les fameux Cahiers jaunes
cation des émissions, nous avons fui les
fresque ouverte, puisse prendre à son
aucune anecdote qui n’ait son intérêt. Buñuel d’abord : on le voit assez peu. Dans la
où l’avait convié son ami André Bazin,
tâcherons et fait appel à des hommes–
compte le constat limpide formulé par
seconde partie, on le voit de plus en plus et bientôt on ne voit que lui. Le portrait est
brillant critique et théoricien dont la
cinéastes ou critiques–qui aimaient et
André S. Labarthe : «Autant dire que
réflexion a fortement imprégné la Nou-
connaissaient le cinéma et/ou que nous
nous avons été vivants ensemble.»
velle vague. C’est ainsi que « Cinéastes
savions capables de réaliser un por-
de notre temps » a d’emblée élargi
trait, un essai ou l’équivalent d’un bon
« Rapprochement de films anciens et récents, d’idées et de thèmes, témoignages qui sont comme autant de coups de projecteur. Aucun visage qui soit indifférent,
remarquable.» Jacques Siclier, Le Monde, avril 1964. Jeudi 28 avril à 19h30. - Cinéma 2 -
Valérie Cadet Journaliste et documentariste.
Suivi de L’ Âge d’or de Luis Buñuel.
1/
2/
3/
4/
5/
Chantal Akerman John Cassavetes Alain Cavalier
Manoel de Oliveira Abel Ferrara Philippe Garrel
Hou Hsiao Hsien Shohei Imamura Aki Kaurismäki
Abbas Kiarostami Takeshi Kitano Ken Loach
Norman Mac Laren Éric Rohmer
JOURNAL
03.
CINÉMA
TOMBOY DE CÉLINE SCIAMMA
—
VENI
CHRONIQUE SPLENDIDE ET SANS CONTREFAÇON D’UNE PETITE FILLE QUI PASSE POUR UN GARÇON.
Zoé Héran dans Tomboy.
Le cinéma de genre, on connaît : polar, comédie, aventures... C’est la grande majorité des affiches, l’éternel retour des mêmes recettes, des mêmes figures. Mine de rien, Tomboy propose une révolution copernicienne. _
petite soeur les y attendent. Très vite,
munauté enfantine suggère que l’iden-
il part à la rencontre de ses nouveaux
tité sexuelle est un bricolage, un jeu, une
petits voisins, autour de l’immeuble. A
convention. Mieux : ce qui reste en lui
la première fillette qui lui demande son
de féminin - ou considéré comme tel -
prénom, l’enfant répond : « Michaël. »
lui donne du prestige aux yeux d’une
Un spectateur vierge de toute informa-
petite voisine qui en tombe très amou-
tion n’y trouverait rien à redire. Puis
reuse : « T’es pas comme les autres. »
Non pas un film de genre, mais un film
sursauterait en entendant, quelques
Ne va-t-elle pas jusqu’à le maquiller en
sur le genre : féminin ou masculin. De-
scènes plus tard, la mère crier «Laure»
fille pour mieux l’aimer encore ? Trou-
puis combien de temps n’avait-on pas
pour faire sortir l’enfant de son bain.
blant marivaudage préado, confusion
vu le cinéma français s’emparer d’un
des sentiments, indifférenciation des
sujet aussi fort ? C’est une réalisatrice
Mais voici le plus troublant : une fois
genres... Pourtant, le simple fait de vou-
trentenaire, précise, délicate, déjà auteur
établi que Laure est une fille, on conti-
loir jouer les garçons, c’est reconnaître,
de «Naissance des pieuvres», qui or-
nuera à « croire » en Michaël, comme les
même en toute innocence, une diffé-
chestre ce récit palpitant, quelques jours
mômes du quartier. En ce sens, le film
rence irréductible entre les sexes.
d’été dans la vie d’un garçon manqué
devient un passionnant traité de mise en
(un tomboy), dont les désirs deviennent
scène, autant dire d’illusionnisme.
Cette différence viendra frapper plusieurs coups à la porte de Laure, qu’il
Une bonne fiction est une croyance
s’agisse de la naissance d’un bébé bio-
Qu’est-ce qu’une fille ? Qu’est-ce qu’un
communicative : entrée dans le secret
logiquement mâle à la maison ou de
garçon ? Il y a peu d’images du film
malgré elle, d’abord choquée, la petite
l’intrusion des adultes dans son monde
qui ne ramènent à cette question, mais
soeur sera bientôt complice, fan de
parallèle. Une violence extrême accom-
pour mieux la déconstruire. Sans dis-
Michaël, ne demandant qu’à suivre ce
pagne ce retour à un point de vue froide-
cours. A la force des situations. On ne
grand frère doué au foot, respecté par
ment extérieur. Céline Sciamma, vraie
voit d’abord du personnage principal
les autres garçons. Là encore, Céline
cinéaste, n’a pas besoin d’image choc :
qu’une nuque aux cheveux courts, puis
Sciamma montre combien les points de
un accessoire, une robe en l’occurrence,
une main, puis le visage, aux traits fins.
vue sont réversibles, du rejet à l’adhé-
suffit largement à figurer l’enfer. L’auto-
Il est en voiture, porte un débardeur, et
sion. Les parents ferment les yeux - le
rité parentale est alors moins en cause
malgré son âge (10 ans), son père (Ma-
père est trop heureux d’avoir un fils, et
que l’ordre social, inhumain. Dans sa
thieu Demy) lui apprend à conduire.
peu importe qu’il se prénomme Laure.
lucidité, l’épilogue de Tomboy garde
N’importe qui en conclurait qu’il s’agit
Comme par magie, Michaël triomphe
pourtant quelque chose d’exaltant. Le
d’un garçon : déjà un constat déran-
des pires obstacles.
petit sexe en pâte à modeler rangé dans
geant quant à nos conditionnements, nos conformismes.
VIDI
presque réalité.
la même boîte que les dents de lait tomAdmirablement interprété, tous âges
bées une à une, Laure a encore la vie
confondus, le film impressionne par
devant elle. Et mieux que la vie : l’âge
L’enfant découvre avec son père le
l’écart entre la simplicité de l’histoire et
des possibles, de tous les possibles.
nouvel appartement où la famille vient
la complexité des questions soulevées.
d’emménager. La mère, enceinte, et une
L’intégration facile de Michaël à la com-
Louis Guichard
CÉLINE SCIAMMA PEINTRE DU DÉSIR.
Web, séries télé, Buñuel... tout stimule
32 ans, a l’intelligence placide et sym-
Elle a hâte d’en découdre. « Je sais qu’on
Céline Sciamma, une cinéaste résolu-
pathique de ceux qui se font reconnaître
m’attend au tournant : en quatre ans, je
ment bien dans son époque. Cette se-
sans esbroufe. En 2007, il lui a suffi de
suis censée avoir eu le temps de chiader
maine, la cinéaste nous trouble avec
s’improviser réalisatrice – elle qui, dans
ma deuxième fournée. » Après Nais-
«Tomboy», son deuxième film après
la classe scénario de la Femis, n’avait ja-
sance des pieuvres, elle a repris sa plume
«Naissance des pieuvres». Une fic-
mais tenu une caméra – pour s’imposer.
de scénariste. Pour le grand écran (l’ov-
tion solaire et palpitante, qui raconte
Son premier long métrage, Naissance
ni pop Ivory Tower, d’Adam Traynor,
quelques semaines de la vie d’un «gar-
des pieuvres, nous immergeait dans les
avec le musicien Chilly Gonzales) et le
çon manqué».
eaux troubles des désirs adolescents.
petit (la série Les Revenants, bientôt sur
Voix grave, regard clair et perçant, grand
Avec Tomboy, c’est sur l’enfance que se
Canal+).
front de khâgneuse. Céline Sciamma,
penche la cinéaste, enfin de retour.
VICI
—
Mathilde Blottière
JOURNAL
21
DELPHINE GLEIZE
LE CINÉMA AU FÉMININ NOUVELLE GÉNÉRATION
—
MAÏWENN
22
JOURNAL
SOLVEIG ANSPACH
VENI CÉLINE SCIAMMA
VIDI
EMILIE DELEUZE
VICI
JULIE DELPY
EMMANUELLE BERCOT
JOURNAL
23
DANSE
04.
LA DANSE EN HÉRITAGE LES COMPAGNIES ORPHELINES
—
CONTINUER OU SE SABORDER ? LA DISPARITION DES CHORÉGRAPHES MAURICE BÉJART, PINA BAUSCH OU MERCE CUNNINGHAM POSE LA QUESTION DE LA SURVIE DE LEURS COMPAGNIES.
Lucinda Childs sur une chorégraphie de Merce Cunningham.
04.
DANSE —
Merce Cunningham Il né Mercier Philip Cunningham le 16 avril 1919 à Centralia dans l’État deWashington aux États-Unis et décédé le 26 juillet 2009 à NewYork était un danseur et chorégraphe américain. Son œuvre a contribué au renouvellement de la pensée de la danse dans le monde. Il est considéré comme le chorégraphe qui a réalisé la transition conceptuelle entre danse moderne et danse contemporaine, notamment en découplant la danse de la musique, et en intégrant une part de hasard dans ses chorégraphies. C’est avec Merce Cunningham que commencent à se poser les problèmes de la danse moderne. Il n’y a plus de fil conducteur, plus forcément d’histoire.Vite rejoint par John Cage, il va creuser le mouvement et bouleverser les codes de la scène : tous les points de l’espace ont la même valeur, pourquoi ce rapport binaire entre la danse et la musique, chaque danseur est un soliste, il n’y a plus un chœur et un seul soliste... Il est à la charnière entre la danse moderne et postmoderne et n’entre dans aucune des deux catégories. Son travail sera utilisé dans la danse postmoderne pour le mettre en branle ou pour le continuer, avec l’idée que tout mouvement a une valeur égale. Merce Cunningham essaye de se défaire des coordinations du corps et tire au hasard des éléments du corps et des directions.
24
JOURNAL
04.
DANSE
VENI
Avant son décès, Maurice Béjart a créé la Fondation Maurice Béjart, qu’il a instituée héritière par testament de tous ses biens et en particulier des droits d’auteur sur ses œuvres (chorégraphie, livres, etc.). Par la gestion et les revenus de ces droits, la Fondation Maurice Béjart réunit les moyens financiers destinés à remplir les buts qu’a définis Maurice Béjart : r $POUSJCVFS àOBODJÍSFNFOU Æ MB GPSNBUJPO EF EBOTFVST QFV fortunés dans des écoles professionnelles de danse et de ballet. r 4PVUFOJS àOBODJÍSFNFOU EFT BSUJTUFT EFT NJMJFVY EF MB EBOTF et du ballet tombés dans le besoin, de contribuer financièrement à des productions dans le domaine du ballet et de la danse.
Seydou Boro.
de sa compagnie : le 9 juin 2009, six se-
récolter des fonds du vivant d’un artiste
maines avant sa disparition, il annonce
avec force dîners de gala où la bonne
qu’à sa mort la Merce Cunningham
société se montre. Et paie !
Dance Company entamera une ultime
Du côté de Lausanne, la situation de
tournée mondiale. Dont le final à New
l’après-Béjart est aujourd’hui plus
York en décembre 2011 au magnifique
simple à défaut d’être rassurante. Mau-
Park Avenue Armory se fera avec des
rice Béjart avait insisté pour que son
places à seulement 10 dollars !
danseur fétiche, Gil Roman, continue son œuvre. Ce qu’il fait depuis, prenant les rênes de l’institution avec des dizaines d’interprètes venus du monde entier. Au-delà de l’aspect budgétaire – la compagnie est assurée du soutien de la ville de Lausanne pour encore trois ans –, Gil Roman est persuadé qu’il faut insuffler un sang nouveau : «Une
L’exemple douloureux de la succession
troupe qui ne crée pas de nouveaux
de la chorégraphe américaine Martha
ballets meurt à petit feu.» Si l’héritage
Graham est dans toutes les mémoires.
Béjart fait vendre, il faut que les dan-
Figure de la modern dance, qui révéla
seurs qui, pour un tiers, n’ont même pas
le danseur Merce Cunningham, elle
connu Maurice aient de la nouveauté à
ouvrit une école fréquentée par… Ma-
travailler. « Le Béjart Ballet Lausanne a
donna, entre autres. La Graham laissa
soif », résume Gil Roman. Ce sera les
à sa disparition, en 1991, des dizaines
tubes de Maurice Béjart, un « Aria » écrit
de ballets à son protégé, Ron Protas. Un
par Roman ou cette création à venir de
Dans le cadre de cette résidence, les chorégraphes sont invités à concevoir un projet
legs malheureux, Protas les interdisant
l’Américain Alonzo King.
artistique à partir de l’ensemble des activités et missions actuelles du CND que la
SALIA NÏ SEYDOU —
Le Centre national de la danse et le Conseil général de la Seine-Saint-Denis ont défini les objectifs de la résidence longue de Salia Sanou et Seydou Boro qui, _ débutée en novembre 2008, se déroulera jusqu’en juin 2011.
par la suite aux danseurs de la troupe !
La compagnie sera ensuite dissoute, les
«Au moment de créer «Aria», il y avait
Les dettes s’accumulent, le bâtiment
danseurs et autres accompagnateurs
une tension pour nous tous : on savait
historique est vendu, la compagnie
payés une année supplémentaire. Enfin,
que cette création était importante au
cesse de se produire en 2000. Un juge-
l’héritage de Merce sera conservé sous
plus haut point.» Gil Roman ne le dit
de sensibilisations pour les publics de Pantin et du département.
ment en 2002 – qui confirme que Mar-
forme de « dance capsules », avec une
pas, mais on comprend le message : une
Ils ont pour objectif de bâtir un projet ouvert sur les territoires, induisant une impli-
tha était une salariée du Graham Center
documentation sur la plupart des cho-
compagnie moderne qui ne vivrait que
– permet enfin de décanter la situation.
régraphies légendaires du maître !
sur son répertoire n’aurait pas d’avenir.
Et la danse de la grande dame de revivre
Ainsi, le style Cunningham pourra sur-
Les tournées comme celle-ci sont es-
culturels, la dimension nationale et internationale. Ils participent également à un
sur scène. Merce Cunningham, l’autre
vivre à son démiurge. Problème cepen-
sentielles pour stabiliser le budget. «On
laboratoire d’idées sur les enjeux de la démocratisation culturelle et le rôle de la
vedette du XXe siècle, s’y prend autre-
dant, les sommes nécessaires – quelque
va montrer que la compagnie vit sans
ment. Diminué physiquement mais
8 millions de dollars – sont loin d’être
faiblesse.
ayant toute sa tête, il décide de l’avenir
réunies ! Il est en effet plus facile de
Philippe Noisette
VIDI
Passé l’émotion et la stupeur liées à la disparition, il y a peu, des stars de la danse qu’étaient Maurice Béjart, Pina Bausch et Merce Cunningham, il a fallu pour chaque compagnie orpheline envisager la suite. Avec plus ou moins de sérénité. D’un point de vue pratique, on s’interroge sur la viabilité des tournées, on renégocie des subventions bien souvent tributaires de la – forte – personnalité de ces artistes visionnaires installés à Lausanne, Wuppertal ou New York. Quant à la dimension artistique, primordiale, elle pose la question du futur : une compagnie peut-elle survivre à son créateur ? Et si oui, avec quels moyens, quels ballets ? _
compagnie peut mobiliser, mais aussi nourrir et interroger un projet construit autour de la création, la diffusion d’œuvres chorégraphiques et la proposition d’actions
cation à plusieurs niveaux : la population locale, la Seine-Saint-Denis et ses acteurs
danse. Dans ce cadre, le CND et le Conseil général de la Seine-Saint-Denis sont partenaires de cette résidence longue.
Pina Bausch Contrairement à ses contemporains, Pina Bausch travaille non pas par rapport à des formes à reproduire, des pas bien définis, mais par rapport à l’anatomie du corps de chacun, aux possibilités qui sont données ou non aux corps. Elle interroge ses danseurs pendant tout le processus de création et creuse la vie de chacun, leur passé, pour les faire danser. Elle dénonce les codes de la séduction, la solitude dans le couple et travaille sur la communication dans les rapports humains. C’est une vision très pessimiste qui s’exprime par des petits gestes anodins répétés, ou par l’accuune rupture ou une transition vers une autre scène. Les « rondes à la Pina Bausch » désignent ces petits gestes repris par les hommes ou les femmes ou les deux, une sorte de signature, même si elle
VICI
mulation des danseurs sur scène. Souvent, dans ses spectacles, une femme reste impassible et engage
les utilise moins en fin de carrière. Une autre marque est la fluidité qu’elle développe sur le haut du corps, induisant de grands mouvement de bras, la souplesse du buste, et des jeux récurrents avec les cheveux souvent très longs de ses danseuses. C’est un des exemples de langage ou de style par lesquels les chorégraphes ou les danseurs ont fait exister une autre danse.
Pina Bausch :
JOURNAL
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26
JOURNAL
Modèle d’Alix Grès
05.
MUSICA [ MUSIQUE [
— GEORGES BRASSENS À la Cité de_ la Musique
TROMPETTES DE LA RENOMMÉE Hommage_à Brassens
LILLY WOOD
THE PRICK
& Invincible_ Friends
JOURNAL
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MUSIQUE
05.
GEORGES BRASSENS À LA CITÉ DE LA MUSIQUE
—
INSCRIT DANS LA MÉMOIRE DE CHAQUE FRANÇAIS, ÉTUDIÉ DANS LES ÉCOLES, CÉLÉBRÉ PLUS QUE NUL AUTRE PAR SES PAIRS ET SES CADETS, GEORGES BRASSENS EST LE SYMBOLE DE LA CHANSON FRANÇAISE DITE « CLASSIQUE ». IL FAIT AUJOURD’HUI L’OBJET D’UN TEL CONSENSUS QUE L’ON OUBLIE LA DIMENSION POLÉMIQUE DE SON ŒUVRE ET LA RÉVOLUTION QU’ELLE CONSTITUA.
Affiche de l’exposition à La Cité de la Musique
Maintenant que Brassens est au panthéon de la chanson française, il s’agit de redécouvrir ce qui, chez lui, résiste encore à se laisser inscrire au patrimoine. Une exposition conçue par Joann Sfar et Clémentine Deroudille lui est consacrée. _
peu de feu dans la cheminée. On le
à la fois à défunt Staline, à un bûcheron
voit aussi penché sur sa guitare, une
calabrais, à un Wisigoth et à une paire de
légère moue ironique, mais surtout très
moustaches». Une image qui plaît bien à
concentré, des gouttes de sueur perlent
Joann Sfar, lequel interprétait d’ailleurs
sur ses tempes. Les rythmes syncopés
lui-même le personnage de Brassens
de ses ballades ont une saveur boisée
dans son film sur Gainsbourg : «Il y a un
entêtante. Et même si elle s’autorise
aspect rabelaisien que j’aime beaucoup
Pourquoi s’intéresse-t-on aujourd’hui
parfois quelque acrobatie amusante, sa
chez lui et aussi son côté méditerranéen.
encore à Georges Brassens ? L’homme
prosodie élaborée retombe toujours sur
Brassens avait des haltères de 110 kilos
à la moustache et à la pipe en bois
ses pattes. Brassens rassure. Mais qui
qu’il s’amusait à soulever pour agacer
présente cet étrange paradoxe de res-
est Brassens ? On a du mal à penser au-
ses amis qui, eux, n’y arrivaient pas. Il ne
sembler à une émanation des années
jourd’hui que ce chanteur a pu choquer
ratait pas une occasion de se faire pho-
1950-60 qui très vite serait passée hors
au point d’être longtemps interdit à la
tographier torse nu en train de montrer
époque. Citoyen d’un espace-temps im-
radio et censuré à la télévision. Comme
ses muscles.»
probable où les amoureux se bécotent
si sa trop bonne réputation faisait de
sur les bancs publics, où les croquants
l’ombre à celui dont le premier disque
vont en ville à cheval, où Margaux dé-
s’appelait justement La Mauvaise
grafait son corsage pour donner la gou-
Réputation. Pourtant Brassens aurait
goutte à son chat, où l’Auvergnat qui
sûrement détesté que l’on brosse de lui
sans façon, où auprès de mon arbre je
un portrait de l’artiste en père tranquille.
vivais heureux, où les copains d’abord,
Toujours ferme sur ses convictions
où voir le nombril de la femme d’un
d’anarchiste opposé à toute autorité,
flic… Bref tout un imaginaire drôle ou
il était le contraire d’une grande gueule.
On a axé l’exposition sur ce côté très
mélancolique, tantôt charmant, tantôt
«Brassens était avant tout un homme
faune et un peu force de la nature, sur
irrévérencieux ou même grivois, mais
libre. C’est ce qui le définit le mieux»,
l’appétit de vie du personnage. Avec
qui constitue au fond un pays familier.
remarque Clémentine Deroudille, com-
aussi ce versant inquiétant, un peu
Car Brassens nous habite. À croire que
missaire avec Joann Sfar – l’auteur, entre
Méphisto, mais que moi je trouve très
ses chansons font désormais partie de
autres, du Chat du Rabbin et du film
salubre, de l’anticléricalisme, de son
notre patrimoine génétique. Curieu-
Gainsbourg – de l’exposition consa-
rejet des institutions, son côté libertaire.
sement, si ses comptines trottent tou-
crée à Georges Brassens. Tout le monde
Quelque chose qu’il n’a jamais théorisé
jours dans nos têtes dix-neuf ans après
croit connaître Brassens, mais on a aussi
d’ailleurs, même s’il a milité à la Fédé-
sa mort en octobre 1981, l’image de
beaucoup d’idées reçues. L’un des mé-
ration anarchiste et écrit dans des jour-
l’homme Brassens s’est quelque peu
rites de cette exposition sera déjà de cas-
naux libertaires. L’exposition s’appuie
Conception musicale : Olivier Daviaud. Graphisme : Philippe Ravon. Concerts dans l’expo-
brouillée. Comme si une patine de
ser cette fausse image du chanteur et de
sur une somme impressionnante de
sition : vendredi à 19h et 20h (mars-juin) et samedi à 15h et 16h (juillet-août). Activités autour
poussière s’était accumulée sur la photo.
donner à voir des facettes mal connues
matériel et d’archives rassemblés au fil
On le voit la pipe au bec, éminemment
de celui dont son ami René Fallet écri-
d’un minutieux travail de recherches.
sympathique sur les pochettes de
vait dans un article paru en 1953 dans
Clémentine Deroudille a eu accès à
concerts, collèges le mercredi de 19h30 à 21h30, du 30 mars au 15 juin. Livre de l’exposition
disques. Et il ne manque plus qu’un
Le Canard Enchaîné, «Il ressemble tout
des documents inédits, notamment en
édité chez Dargaud.Voir le calendrier et les infos supplémentaires sur www.citedelamusique.fr
Naissance à Sète le 22 octobre. Son père est maçon, sa mère, blanchisseuse. Toute la famille chante des airs napolitains...
1940
1943
L’exposition aura la forme d’une forêt obscure, comme si l’on pénétrait dans un monde imag inaire . On pourra y suivre la vie du chanteur, de la naissance à Sète en 1921 jusqu’à sa mort soixante ans plus tard, au fil d’une immense bande dessinée due évidemment à Joann
Commence une vie de bohème impasse Florimont, chez Jeanne Le Bonniec, 52 ans, son premier amour.
LE «MAÎTRE» DES MOTS « J’étais né pour être un arbre et devenir grand sans artifice. L’état d’homme me ronge le coeur » Georges Brassens, 1946. _
Brassens ou la liberté. Exposition du 15 mars au 21 août. Commissariat : Joann Sfar, Clémentine Deroudille. Scénographie : Christian Marti, Antoine Fontaine, Gladys Garot.
de l’exposition : visites pour les groupes et les publics handicapés. Ateliers en famille. Forum,
Consécration à l’Olympia le 24 septembre pour Brassens qui triomphe dans le prestigieux music-hall parisien. Reconnu comme chansonnier, il deviendra dans le coeur du public un poète, amoureux de la langue française.
Un premier livre lui est consacré, Georges Brassens ou la poésie quotidienne de la chanson, par Jacques Charpentreau. Les Deux Oncles (l’un résistant, l’autre collabo) provoque une polémique.
∞
1921
28
Tourneur aux usines Renault de Boulogne-Billancourt. Publication d’un recueil de poésies, A la venvole. STO près de Berlin. Il y rencontre Pierre Onteniente, «solide comme un roc», baptisé Gibraltar, qui sera son fidèle secrétaire.
$ 1953 Le Vent
1956 Je me suis fait tout petit 1954 Les Sabots d’Hélène + receuil de textes : La Mauvaise Réputaion
1952 La Mauvaise Réputation
JOURNAL
1958 Le Pornographe
1957 Oncle Archibald
1961 Le temps ne fait rien à l’affaire
1960 Les Funérailles d’antan
1962 Les Trompettes de la renommée
1964 Les Copains d’abord
05.
MUSIQUE
†
VENI
« La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et… à la chasse aux papillons. » René Fallet « Je ne pense pas être un poète… Un poète, ça vole quand même un peu plus haut que moi… Je ne suis pas poète et j’aurais aimé l’être comme Verlaine ou Tristan Corbière. » Georges Brassens
monde des Brassens. Les participants se
rimont dans le XIVe arrondissement de
mettent une moustache et interprètent
Paris où Brassens a vécu de 1944 à 1966
ses chansons devant une caméra. L’ex-
auprès de Jeanne – celle de la cane– et
position joue sur la tension entre ima-
de Marcel Planche, son mari. Parmi
ginaire et réel. Un juke-box diffusera
des partitions écrites de la main de
des versions de ses chansons issues du
Brassens – ce qui est surprenant de la
monde entier.
part de quelqu’un qui disait ne pas lire
J’ai aussi demandé à des musiciens de
la musique. Des carnets où il notait des
donner des versions instrumentales de
réflexions sur la société de son époque.
ses morceaux pour réhabiliter le compo-
Des cahiers dans lesquels il préparait ses
siteur qu’était Brassens.
heures et travaillait jusqu’à onze heures.
— IL N’Y A QUE LES IMBÉCILES QUI SACHENT BIEN FAIRE L’AMOUR. —
L’après-midi, il lisait. Villon le fascinait,
J’aimerais montrer qu’il y a chez lui un
mais il aimait aussi beaucoup La Fon-
vrai regard sur le monde. Brassens est
taine, Paul Fort. On a une image de lui
un penseur des éléments, il y a toujours
trop univoque. Or, dès qu’on fouille un
le bois, l’eau, le vent… Proche de Villon,
peu son histoire, on découvre des uni-
mais aussi de Rabelais et de Montaigne,
vers très différents qui coexistent.» L’ex-
il a une vision de la vie, de l’amitié, de la
position aura la forme d’une forêt obs-
sexualité et de l’amour ainsi qu’un rejet
cure, comme si l’on pénétrait dans un
farouche du religieux qui me réjouit
monde imaginaire. On pourra y suivre
profondément. Brassens est quelqu’un
la vie du chanteur, de la naissance à Sète
qui rend heureux, qui aide à vivre. »
interviews. Mais aussi des versions successives de certaines de ses chansons. «Brassens était un perfectionniste. Jamais satisfait, il réécrivait beaucoup, analyse Clémentine Deroudille. Il a appris la musique tout seul. C’était un bosseur. Il se levait tous les matins à cinq
VIDI
Brassens sur le pont de son bateau.
explorant les locaux de l’impasse Flo-
en 1921 jusqu’à sa mort soixante ans plus tard, au fil d’une immense bande
Hugues Le Tanneur
dessinée due évidemment à Joann Sfar. «Mon principe a été d’accepter le par-
_
cours que me proposait Clémentine
EXPOSITION GEORGES BRASSENS OU LA LIBERTÉ
Deroudille avec une grande profusion de documents en y apportant une nous avons inventé le championnat du
Le 29 octobre, Georges Brassens casse sa pipe. Il venait juste de fêter ses 60 ans.
Jeanne se remarie à 75 ans, le 26 mai 1966, avec un jeune homme de 37 ans ce qui contraria fortement Brassens.
† $ 1969 Misogynie à part 1966 Supplique pour être enterré à la plage de Sète
1976 Trompe la Mort
1981
1947 : Rencontre avec Joha Heiman dite
1960 : Un premier livre lui est consacré,
1981 : Durant toute sa vie, Brassens souffre
«Püppchen» (petite poupée), réfugiée estonienne
Georges Brassens ou la poésie quotidienne
d’une maladie des reins qui le fait particuliè-
de confession juive, qui sera sa compagne jusqu’à
de la chanson, par Jacques Charpentreau.
rement souffrir et le contraint parfois à quitter
la fin. Il lui dédiera de nombreuses chansons.
-
la scène. Les problèmes de santé répétitifs du
-
1964 : Il écrit «Les copains d’abord»
chanteur le font vieillir rapidement.
1952 : Patachou lance la carrière de Georges
pour le film d’Yves Robert.
-
Brassens.
-
Georges Brassens est atteint d’un cancer et
-
1967 : Grand Prix de Poésie
subit une troisième opération des reins.
1953 : Premier 33 tours chez Polydor
de l’Académie Française
Il meurt un an plus tard.
et premiers passages à Bobino
-
-
1967 : Trois personnalités entrent dans
1954 : Premier prix de l’Académie Charles
le Larousse: Brassens, Che Guevara, Henri
Cros pour son premier album
de France (l’inventeur du procédé Secam).
VICI
Du 15 mars au 21 août 2011 Cité de la Musique de Paris 221 Avenue Jean Jaurès
touche rigolote, des gags. Par exemple,
1972 Fernande
JOURNAL
29
MUSIQUE
05.
TROMPETTES DE LA RENOMMÉE HOMMAGE À BRASSENS
—
DURANT QUATRE SOIRÉES, DES ARTISTES AUSSI DIFFÉRENTS QUE JOAN SFAR,EMILY LOIZEAU, LA CAMPAGNIE DES MUSIQUES À OUÏR, LA POMPE MODERNE OU LES WAMPAS RELÈVENT LE DÉFI DE RENDRE HOMMAGE AU POÈTE ET CHANTEUR SÉTOIS.
Le désopilant ensemble La Pompe Moderne.
avec Charles Trenet. Ses chansons de
Seuls ses amis proches ont la primeur
jeunesse encore inédites témoignent
des chansons qu’il compose à l’époque,
de cette influence sur Brassens du Fou
sans en être vraiment tout à fait satisfait:
Chantant ainsi que du swing omnipré-
Le Gorille, Brave Margot, Hécatombe,
sent à l’époque.
J’ai rendez-vous avec vous…
De là à penser que seul Brassens pouvait
Emily Loizeau.
Pendant ces longues années d’appren-
interpréter du Brassens et qu’au fond,
tissage (de 1944 à 1952), Brassens met
ses chansons lui collaient à la peau – ou
en place une méthode de travail qu’il ne
à la voix –, il n’y a qu’un pas. Peut-être
modifiera pas devenu célèbre. Il refusera
dans la simplicité (seulement appa-
toujours, par exemple, d’enregistrer un
rente) de son répertoire y a-t-il quelque
disque sans en avoir d’abord rodé le ré-
chose d’intimidant ou d’intouchable.
pertoire sur scène, en général à Bobino.
Cela n’a pas empêché pour autant
Cela lui permettait d’entrer en studio
les chanteurs du monde entier de re-
dans les conditions optimales ; une
prendre ses mélodies. Alex Kapranos du
ou deux prises, pas plus, pour chaque
groupe Franz Ferdinand est un incon-
chanson. Mais cela avait le don d’aga-
ditionnel, par exemple. Et le trompet-
cer sa maison de disques puisque de ce
tiste de jazz Dave Douglas a enregistré
fait les concerts ne pouvaient pas servir
Les Croquants avec son Tiny Bell Trio.
En 1940, débarqué à Paris chez sa tante
à promouvoir le nouvel album. Habitué
Preuve que les mélodies de Brassens
Antoinette, Brassens apprend seul à
à se lever à cinq heures du matin et à se
tiennent la route elles aussi. Au fond,
jouer du piano. C’est sur cet instrument
coucher avec les poules, Brassens était
chacun entretient une relation particu-
qu’il composera toutes ses chansons
à tous égards un artiste atypique. Les
lière avec son univers. Que ce soit Di-
pour les transposer ensuite à la guitare.
tournées et les concerts l’obligeaient à
dier Wampas qui l’a redécouvert adulte
On sait que Brassens –un des premiers
faire des entorses à ses habitudes. En
après l’avoir – punk oblige – détesté
chanteurs à s’accompagner à la gui-
plus il ne cessait de modifier ses chan-
enfant, quand ses parents l’écoutaient.
tare – jouait sur un modèle classique
sons dont il existait du coup plusieurs
Ou Émilie Loizeau, fan de longue date,
mais avec des cordes en métal. Revenu
versions. Ce qui explique pourquoi il se
qui interprète La Complainte des filles
pour une permission de quinze jours
méfiait d’un possible trou de mémoire
de joie sur un de ses albums. Ou encore
du camp de Basdorf en Allemagne, où
et s’appuyait quand il était sur scène
La Campagnie des Musiques à Ouïr
il a passé un an dans le cadre du STO
sur des panneaux dissimulés que lui
pour qui Brassens est un merveilleux
(service de travail obligatoire), Brassens
montrait son ami Pierre Onteniente,
tremplin à faire swinguer l’imaginaire.
se cache impasse Florimont chez son
surnommé « Gibraltar ». La rançon du
Futur, où un chanteur considéré comme disparu revient pour faire des covers posté-
Et enfin Rodolphe Raffali qui entretient
amie Jeanne. Il y restera jusqu’en 1966.
perfectionnisme... Quand on pense
rieures à sa mort. Le groupe présente « un point de vue aussi tendre qu’ironique sur
depuis plusieurs années la flamme d’un
C’est là, au numéro 9, qu’il va lire (beau-
qu’aujourd’hui les chansons de Bras-
répertoire dont il souligne avec brio
coup), écrire (abondamment) et peau-
sens sont sur toutes les lèvres.
les accents manouches, rappelant au
finer son art en travaillant tous les jours
de son costume de grand chanteur français ». Point de vue qui constitue, par rico-
passage l’admiration du chanteur pour
à se forger un répertoire dont il ne sait
chet, un hommage au Sétois.
Django Reinhardt, un de ses modèles
pas encore s’il l’interprétera lui-même.
LA POMPE MODERNE —
Un concert de La Pompe Moderne aura lieu en première partie du concert des _ Wampas à la cité de la musique le samedi 19 mars. La Pompe Moderne est le nouveau projet musical de Georges, créé en 2007. Il s’agit d’un groupe de reprises à la mode sétoise, concept déroutant à la Retour Vers Le
la musique de masse, à travers la figure enfin désacralisée d’un Brassens débarrassé
Georges Brassens, décembre 1962. «Je vivais à l’écart de la place publique, Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique... Refusant d’acquitter la rançon de la gloir’, Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir. Les gens de bon conseil ont su me fair’ comprendre Qu’à l’homme de la ru’ j’avais des compt’s à rendre Et que, sous peine de choir dans un oubli complet, J’ devais mettre au grand jour tous mes petits secrets. Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées!»
30
Même s’il a eu beaucoup d’émules, Brassens reste inimitable. Qui se risquerait d’ailleurs à reproduire le ton si personnel de l’auteur des Amoureux des bancs publics ? _
I. Alto, pavillon en l’air. -
JOURNAL
II.Cor d’harmonie. -
III. Trompette en clef d’eau. -
Hugues Le Tanneur
IV. Ténor, pavillon en l’air. -
05.
LILLY WOOD
MUSIQUE
THE PRICK
&
INVINCIBLE FRIENDS
VENI
—
«LILLY WOOD & THE WHAT ?», TITRAIT LEUR PREMIER EP, IL Y A UN PEU PLUS D’UN AN. «LILLY WOOD & THE PRICK» RÉPONDENT AUJOURD’HUI NILI HADIDA ET BENJAMIN COTTO. CE DUO DIABLEMENT EFFICACE, À MI-CHEMIN ENTRE INSOUCIANCE ET FAUSSE NAÏVETÉ, SORT SON TOUT PREMIER ALBUM, UN CONDENSÉ DE POP CHOC DÉCOMPLEXÉE.
j’ai découvert le rock avec les Beatles. Adolescente, j’ai acheté mon premier CD... un peu par hasard. C’était un
Ben : Nos chansons parlent essentiel-
disque d’Aretha Franklin. Petit à petit je
lement du quotidien et des relations
me suis construit une culture musicale.
humaines. On n’écrit pas sur des sujets
J’adore la variété française des années
politiques, on ne veut pas mettre le doigt
Ben : On s’est rencontré dans un bar
80, Daho, Delpech...J’aime également
sur un problème en particulier. Nous
parisien en 2006 par l’intermédiaire
tout ce qui est soul, blues avec des
privilégions la dimension poétique, la
d’un ami commun. Il savait que nous
artistes comme Otis Redding, Aretha
rêverie ou encore l’imaginaire.
voulions faire de la musique. Il pensait
Franklin, et Etta James. J’ai beaucoup
que nous ferions un «good match».
d’admiration pour Fiona Apple. J’ai
Nili : Nous essayons de cultiver une
vraiment appris à chanter grâce à elle.
certaine naïveté. On a envie de raconter
Comment est né votre duo ? _
Nili : Après cette soirée, on a décidé de se revoir. Nous avons composé trois morceaux le 1er jour. Ça nous a plu et on s’est dit qu’il fallait continuer. «Lilly Wood and the Prick», que _ signifie ce nom ? Nili : Ce groupe de mots symbolise le contraste entre quelque chose de doux et quelque chose de vulgaire. Lilly Wood pourrait être le prénom d’une jeune fille. «the prick « dans le langage commun signifie «le petit con», «le branleur», quelqu’un qui fait des conneries. Ce sont comme deux facettes d’un même
— NOS CHANSONS PARLENT ESSENTIELLEMENT DU QUOTIDIEN, DES RELATIONS HUMAINES. ON NE VEUT PAS METTRE LE DOIGT SUR UN PROBLÈME EN PARTICULIER. —
ce que n’importe qui raconterait sur un premier album. Des choses simples sur lesquelles on est révolté dans la vie de tous les jours. Le fait que l’on va mourir, que l’on ne sait pas pourquoi. La douleur d’un chagrin d’amour. Cela peut paraître naïf de parler de ces choses-là, mais ça ne me gêne pas. J’essaye d’écrire avec le cœur, d’être sincère. Quels sont vos projets pour la suite ? _ Ben : Nous avons une quinzaine de dates prévues d’ici le mois de juin. Après on entame une tournée à la rentrée. On espère qu’il y aura un bon feeling avec
personnage. Nous travaillons beaucoup
Ben : Jeune, j’ai été bercé par Depeche
sur les contrastes et il était logique que
Mode car mon grand frère est fan. En-
cela se retrouve dans le nom du groupe.
suite je me suis intéressé aux «classiques
Nili : Déjà, la sortie de l’album va per-
Votre musique marie folk, pop et électro.
de la guitare» avec des artistes comme
mettre de clarifier les choses, nous don-
J.J. Cale et Eric Clapton. J’écoute beau-
ner de la crédibilité. À partir de là on
Quelles sont vos influences ? _
Nili Hadida et Benjamin Cotto.
Que racontent vos chansons ? _
VIDI
Nili Hadida et Benjamin Cotto, alias «Lilly Wood and the Prick», livrent un album faussement naïf, inventif et _ coloré : «Invicible Friends»..
le public.
coup de funk avec une mention spéciale
verra ce que nous réserve l’avenir. Nous
Nili : Mon premier contact avec la mu-
pour Chic. J’aime aussi tout ce qui est,
sommes conscients de la chance folle
sique c’était une compilation de chan-
«on va dire», de la bonne variété fran-
que nous avons.
sons de Lio, Etienne Daho et Annie
çaise de Bergé à Gainsbourg en passant
Girardot que ma mère avait enregistré
par Ferré.
sur une cassette à la radio. À 11 ans,
Julien Adigard
VICI
LES INFLUENCES DE NILI & BEN
Etienne Daho
CHIC
The Beatles
Aretha Franklin
JOURNAL
Eric Clapton
Depeche Mode
31
JOHN DIVOLA NOTRE IDOLE À TOUS.
—
32
JOURNAL
JOURNAL
33
VICI
VIDI
VENI
GASTRO 06.
FOOD DESIGN, AVENTURES SENSIBLES. 74, RUE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE 75012 PARIS
—
POUR SA 10ÈME EXPOSITION, LE LIEU DU DESIGN EST HEUREUX D’INVITER MARC BRETILLOT À CONCEVOIR UNE EXPOSITION AUTOUR DES ENJEUX INDUSTRIELS, SOCIÉTAUX, CULTURELS DU DESIGN CULINAIRE.
Chocolat Digestion par Delphine Huguet.
06.
CIBUS —
AGATHE BOUVACHON ET SES GEMMES DE BEURRE.
34
JOURNAL
UE SUR L’UN DES ÎLOTS DESIGN, CELUI DE GERMAIN BOURRÉ, AUTRE JEUNE DESIGNER CULINAIRE.
06.
GASTRO
Marc Bretillot, designer et plasticien, prend l’expression « faire à manger » à la lettre. En utilisant des aliments comme matière première de son design, ce mangeur invé-
— QUI EST MARC BRÉTILLOT —
téré a découvert en 1999 que l’intelligence des papilles et celle de la main engenUn premier ouvrage consacré à cette discipline, Culinaire design retrace l’itinéraire de Marc Bretillot, des premières expériences dans son atelier de Ménilmontant aux
VENI
draient un terrain de recherche inexploité et fécond.
installations et performances pour des institutions ou événements réputés comme la Fondation Cartier, les Designers Days, le Restaurant Éphémère du Palais de Tokyo, la Grande Epicerie de Paris ou encore le fooding pour Häagen-Dazs, Ikea et les champagnes Krug… Par Artazart
Création : Buffet géographique.
D’où provient le terme design culi-
Oui, même si on a toujours l’impres-
sélection de 50 projets élaborés au sein
sion que le meilleur projet sera toujours
de l’atelier design culinaire. Il est amu-
le prochain parce que le moteur reste
sant de constater que la plupart des pro-
l’évolution. Aujourd’hui sur le design
jets novateurs à l’époque ont désormais
culinaire, la question de la forme est
une réalité économique. Les œuvres,
obsolète. Je me penche désormais sur les
datées, montrent à quel point les étu-
problématiques de l’éthique et de l’hon-
diants sont capables de sentir un besoin
nêteté pour un design justifié. L’alimen-
en amont.
tation a un fort capital souvenir. Il faut
naire ?
Quel est le produit-icône du design
«formage», fait dans la forme. Depuis la
— CETTE EXPOSITION SERA L’OCCASION DE SAISIR LES PRINCIPAUX ENJEUX DU DESIGN CULINAIRE —
nuit des temps, quand on a un produit
s’en servir. Si l’on ne se rappelle plus de
chain projet est toujours le meilleur.
informe, on le moule dans une forme
sa première chaise de bureau, on garde
Qu’avez-vous comme actualité ?
pour le faire surgir, s’exprimer. Dans
toujours en mémoire sa «Madeleine»
Je travaille sur le design et la commer-
nos sociétés modernes, on a une offre
(Proust). L’alimentation laisse des sen-
cialisation du Whaf, un objet édité par
alimentaire pléthorique. Il faut per-
sations indélébiles.
Le Laboratoire. C’est un récipient à mi-
J’ai associé les termes «design» et «culinaire» à l’école à Reims, où j’enseignais les matériaux aux étudiants. Lorsque j’ai commencé à leur donner des sujets sur lacuisine, cela a de suite créé une sorte de convivialité. J’ai lancé un atelier que j’ai naturellement appelé «design culinaire». Pour autant, l’activité de design appliquée à l’alimentation est très ancienne. Il suffit d’ailleurs de se pencher sur l’étymologie du mot «fromage» pour découvrir qu’il provient du mot
mettre aux aliments de se renouveler.
culinaire ? Je ne me suis jamais posé la question ! Je dirais Les Smarties, des bonbons à boire comme un liquide ou le Toblerone. Un produit suisse, honnête et intelligent, inspiré par son environnement avec un enchaînement de montagnes triangulaires, une recette de chocolat innovante au nougat et une segmentation ergono-
VIDI
Invité pour la 10e exposition du Lieu du Design, Marc Brétillot présente un « millefeuille » d’idées autour des enjeux industriels, sociétaux et culturels du design culinaire. Une discipline qu’il enseigne depuis 1999 à l’école supérieure d’Art et de Design de Reims. _
mique de chaque morceau. On peut être ému par un produit comme celui-là ! Vous disiez tout à l’heure que le pro-
chemin entre une carafe et un globe de
DELPHINE HUGUET —
Diplômée de l’atelier de design culinaire de Marc Brétillot à l’ESAD de Reims. Sélectionnée comme jeune talent à l’espace «Talent à la carte» du salon Maison et objet janvier 2009.
Qu’attendez vous de cette exposition?
verre, dans lequel gravite un nuage de
Vous êtes professeur à l’école supé-
Dans cette exposition au Lieu du De-
matière à consommer. Une sorte d’air
rieure d’Art et de Design de Reims,
sign, je souhaite montrer qu’il y a des
humide aromatique, sans matière, ni ca-
intervenant à l’école supérieure de
pratiques très différentes et des champs
lorie, que l’on aspire à travers une paille
culinaire design, Robert Stadler agence RADI designers, l’association NewYorkaise
cuisine française Ferrandi à Paris.
d’expérimentation infinis. La première
particulière. Un aliment non-nutritif qui
des PEN authors,Cuisine by Lignac, Le centre design Marseille, La Galerie Végé-
Le lieu du design vous invite pour
partie de l’exposition montre l’approche
enclenche cependant le mécanisme de
exposer votre travail et celui de
de six étudiants qui travaillent dans des
satiété. Une révolution pour les régimes !
vos élèves. Peut-on dire que c’est
secteurs variés (agro-alimentaire, évé-
«la cerise sur le gâteau» ?
nementiel,...). La seconde porte sur une
C H E E S E C A K E
J’ai collaboré sur différents projets avec La Grande Epicerie de Paris, Marc Brétillot
tale, l’atelier Beau Travail, La mairie de Brest... Co-fondatrice du studio de création dédié à l’alimentaire Ebullition délicieux design, je travaille désormais en solo.
Claire Naa
A U X
huguetpourebullition.ultra-book.com
C O O K I E S
pour 6 personnes
Temps de préparation : 30 min
La veille, laissez la faisselle au réfrigérateur.
faisselle. Tout en battant, incorporez le sucre
Temps de cuisson : 1 heure
Le jour même, prélevez le zeste du citron et
en poudre, le sucre vanillé, les jaunes d’œufs,
faites-le blanchir à l’eau bouillante pendant
la farine, le zeste et le jus de citron. Fouettez
- 250 g de fromage blanc
5 min. Rincez-le, séchez-le, puis détaillez-le
la crème fraiche jusqu’à en faire une chantilly.
- 150 g de cookies au chocolat
en lamelles. Pressez le citron et gardez son
Lorsqu’elle est très ferme, mélangez-la au
- 100 g de beurre + beurre pour le moule
jus. Préchauffez le four à 180°C. Ecrasez les
fromage blanc. Montez les blancs d’œufs en
- 75 g de sucre vanillé
cookies. Amalgamez cette chapelure avec les
neige ferme. Ajoutez-y le sucre glace. Incor-
- 20 g de sucre glace
100 grammes de beurre ramolli, ajoutez le
porez au mélange en attente.Versez cet appa-
- 1 citron
sel. Beurrez une tourtière avec le beurre res-
reil sur la pâte de biscuit, lissez la surface, puis
- 20 cl de crème fraîche liquide
tant puis étalez-y la pâte de cookies. Versez
enfournez à mi-hauteur. Faites cuire pendant
- 60 g de farine
la crème fraîche dans un saladier et réservez
1heure. Après refroidissement, démoulez
- 4 oeufs
au congélateur. Dans une terrine, fouettez la
précautionneusement avec 2 plats.
JOURNAL
VICI
—
35
36
JOURNAL
Georgians Jewels
07.
VESTIS [ MODE [
— NYMPHES & DÉESSES Légèrement _ antique.
HORROR PICTURE TEA New _Spot.
MODE IN FRANCE Home Sweet Home. _
JOURNAL
37
MODE 07.
NYMPHES
&
DÉESSES
TENDANCE
—
DANS UN RETOUR AUX SOURCES, LA MODE DU PRINTEMPS-ÉTÉ 2011 MAGNIFIE L’ESPRIT D’UN IDÉAL, CELUI DES PROPORTIONS, DE LA LUMIÈRE, D’UN CLASSICISME SANS APPRÊT QUE LE BLANC SUBLIME EN TOUTE TRANSPARENCE.
Affiche de l’exposition au Musée Bourdelle.
Un nouveau halo de lumière inonde les podiums. Partout, ce printemps, c’est le blanc qui scintille, impose une esthétique nouvelle où ravonne la clarté. Au service de cette apologie de la simplicité, des formes épurées qui acceptent le dépouillement telle une _ promesse de bonheur.
ce minimalisme appliqué, qui regarde
ressource dans ce grand siècle où tout
les femmes comme autant de déesses.
faisait référence. Chez Carven, c’est
La Grèce, comment ne- pas y retour-
un imprimé ail over de ruines antiques,
ner ? On se souvient de ce mot prêté à
pour une robe paysage aux effets de
Elsie de Wolfe lorsqu’elle découvrit le
grisaille. Partout ailleurs, c’est le corps
Parthénon: «Beige! Ma couleur!» Celle
célébré dans toute sa splendeur, un
qui rejeta si catégoriquement l’esthé-
corps complice, plus jamais contraint.
Équilibre chez Céline, avec ces amples
tique victorienne pour imposer des
La mode a entre pris un voyage amou-
leur même des choses, qui faisait l’espace
— DES FLUIDITÉS QUI VOILENT LA SILHOUETTE DANS LA FOULÉE DES PAS —
trempe de vie comme le matin de la première
codes décoratifs faits de simplicité et de
n’est donc pas dans ses grandes villes que la
journée.» La mode s’éveille comme une
légèreté, se rappelle à nous ce printemps
conscience fut autre — je le saurais. Non,
enfant, arrachée aux songes et aux sor-
où tous les couturiers semblent avoir
il faut concevoir que la conscience profonde
tilèges, lavée de sis rêves. Elle s’ébroue
mis à distance le superflu pour revenir
a eu ailleurs son foyer ; (...) c’est dans un
dans une odeur de campagne, de linge
à l’essentiel.
village lointain, en effet, une vallée presque
propre et Irais, développant une palette
Cette fois, la mode se met à nu pour ha-
close, une montagne pierreuse et presque
djellabas et tuniques, ces pantalons fluides, ces découpes portefeuille. Et un air juvénile, une fraîcheur retrouvée. Le blanc en majesté pour cette symphonie parfaite, sans dissonance aucune, qui semble faire écho aux mots d’Yves Bonnefoy : «La lumière naissait de la cou-
que le blanc ne-cesse d’éclairer. Des «couleurs heureuses», nous promet Ra-
Appel d’air _
reux, vers les rivages du sublime. Les collections traversent le miroir, se dépouillent de leur encombrant décorum pour retrouver les chemins de traverse. Pour regagner, peut-être, cet «arrièrepays» dont parlait Yves Bonnefoy : «Je suis l’héritier de l’Italie de la Renaissance, comme un chacun aujourd’hui, et ce
déserte, et là seulement, qu’elle a dû paraître.» S’éloigner des villes donc.
bih Kayrouz. Car le blanc ne vient pas
biller les femmes : elle redéfinit son idéal.
Prendre de la distance pour aller plus
seul. Chez Chloé, Lanvin, le gris perle,
Elle fait le vide. C’est une quête qu’elle-
loin, plus haut, comme en témoignent
le taupe, l’ivoire, le beige poudré lui font
initie, une recherche de perfection au
ces paysages de montagnes de l’Enga-
escorte. Couleurs de terre, de- pierre, de
coeur de laquelle l’absolu peut prendre
dine, baignés de lumière, à la limite de
marbres clairs, ils dessinent des ombres
forme. Elle oublie les performances, le
l’expérience terrestre, peints par Gio-
essentielles dans un hommage retenu
monde sans qualités, l’oppression quan-
vanni Segantini et que l’on peut voir à
au classicisme qu’aimait tant Madame
titative. Son idéal est moral et esthétique
larondation Beyeler à Bâle. Vues idéales
Grès, dont l’oeuvre est présentée pour
à la fois : elle cherche la beauté et elle
de la campagne, nature irradiée par une
Emilie Krebs, dite Madame Grès,sculpteur. _
sa première rétrospective par le musée
seule. Elle fait sien le projet du classi-
lumière omniprésente, qui évoquent les
Et elle sculpta en effet. Mais uniquement du tissu et avec des épingles, sans jamais
Galliera hors les murs. Redécouvrir ces
cisme, un temps oublié, et qui revient
maîtres du paysage classique exposés
formes qui doivent tant à la statuaire
triomphant dans le sillage de la grande
au Louvre5 et au Grand Palais ce prin-
antique, ces plissés aux tons neutres
exposition organisée récemment au
temps.
qui magnifient les corps, ces drapés sa-
Louvre, «L’Antiquité rêvée, innovations
La mode, elle aussi, propose un pay-
vants abreuves à la source hellénistique,
et résistances au xvme siècle». Elle se
sage idéal, au sens classique du terme.
DE GRÈS ET DE FORCE —
coudre elle-même. Génie intransigeant de la perfection couture, Madame Grès sert toujours de guide aux collections minimalistes. Une position qui rappelle son radicalisme d’avant-garde.
le paysage à Rome, 1600 -1650
Nature et Idéal :
GALERIES NATIONALES DU GRAND PALAIS 09/03/2011 > 06/06/2011
38
JOURNAL
07.
le premier prix de Haute couture à_ l’Exposition universelle de Paris
décés à Paris en 1993
Mariage avec le sculpteur _russe Serge Czerefkov 1942 - 1988, La Maison de Couture «Madame grès» s’établit au 1er rue de la Paix _
Change son nom en Grès qui est l’anagramme du _prénom de son mari
Salvadore Ferragamo, printemps été 2011.
Madame Grès posant à coté de son modèle (vers 1946), photographiée par Eugène Rubin.
Les collections opèrent leur pèlerinage
découverte de ces «infinis paysages» que
à Tivoli. Ce site, sis à quelques kilo-
présente le Printemps des poètes. Nous
mètres de Rome, inspira aux peintres
surprendre aussi, comme l’artiste clas-
du XVIIIe siècle d’infinies variations
sique arrivant au pied de Tivoli, avec ces
présentées par le Musée Cognacq-Jay
oeuvres land art proposées au specta-
cet hiver. Considéré comme le paysage
teur par la galerie Repetto dans le cadre
idéal, il cumule les qualités appréciées
du salon Art Paris. L’esprit delà saison
des amateurs : diversité topographique,
nous incite à partir à la recherche de ces
noblesse de ses ruines, vitalité de son
sanctuaires d’aujourd’hui, ces espaces
cadre naturel.
naturels que l’on rêve inviolés, où l’air
Ballets de soie _
est pur et la lumière d’or. Nostalgie du
On découvre cette même partition
d’un âge d’or espéré? Ce mouvement
dans les défiles cette saison. Silhouettes
concerté qui porte vers l’essentiel, cette
tout à montrer. Je ne fais que travailler, travailler, travailler. Quand je ne dors pas,
où l’accident crée le relief, comme ces
hevre du ressourcement à laquelle cède
je coupe. Voilà ma vie.» Celle que chacun appelait «Mademoiselle» dans le silence
tombés asymétriques, tes « plisses, plies,
l’air du temps, cachent en vérité des ver-
crêtes plumés» chez Rabih Kavrouz.
tus thaumaturges. Ils révèlent une- aspi-
Formes hiératiques en nobles déclinai-
ration générale à plus de protondeur, un
sons de drapés chez Chine et Lanvin.
secret désir de prendre soin de soi. Le
au musée de la Mode de la ville de Paris et de son nouveau directeur, Olivier Saillard.
Vitalité, enfin, de ces cascades de vo-
grand retour au classicisme est comme
C’est au musée Bourdelle que se tient cette exposition rare. Un cadre idéal pour celle
lants, de ces soulèvements de mousse-
un retour du refoulé occidental. Un pas
line, de ces plumetis vaporeux, aériens
vers l’accomplissement. Anne-Marie Clais
Chloé, Nina Ricci, Valentino, Ralph
Emilie Krebs, dite Madame Grès, ne se lassait pas de répéter: «Je n’ai rien à dire et
religieux de son studio, sut rester discrète sur elle-même tout au long de sa vie. On ne connaît d’elle que son travail. C’est justement lui qui est exposé aujourd’hui grâce
qui ne voulut jamais qu’être sculpteur. Ici rayonnent quelque quatre-vingts pièces de mode, une cinquantaine de photographies et une centaine de croquis provenant de la maison Grès. Inconditionnelle du jersey de soie, Grès le drapait comme personne,
Lauren ou Elie Saab.C’est une succes-
restaurant la pureté aristocratique surnaturelle des déesses antiques. La maison
sion de tableaux bruissant de fluidités
Grès ne naît qu’en 1941 dans les salons du 1, rue de la Paix... Et ferme aussitôt pour
claires, qui voilent et dévoilent la silhouette dans la foulée des pas. Une ode à
avoir lancé des robes bleues, blanches et rouges en pleine occupation allemande.
la féminité et à la grâce, une émotion qui
D’Alix à Grès, le même dépouillement rayonne. Le terme de minimalisme ne naîtra
ne cache pas la chair mais la nimbe d’un
que bien plus tard. «Dans une ambiance de cathédrale, les collections se succèdent
soupçon de poudre beige ou mordorée, étoffes légères, dentelles appliquées
avec recueillement. La boutique est blanche comme un temple athénien», indique
pour un effet lingerie qui redouble le
Olivier Saillard, Chez elle, comme chez la plupart des sculpteurs, la coupe est érigée
propos des maquillages mule. Obses-
en principe esthétique. Femme forte, silencieuse et souvent seule durant son exis-
sion du paysage, de la nature sans fard
tence, Madame Grès disparaîtra dans un oubli cultivé.
que la lumière seule suffit à transcender. Faire de nous des arpenteurs. Nous
«Madame Grès, la couture à l’oeuvre». Du 25 mars au 24 juillet 2011. Musée Bourdelle : 16, rue Antoine-Bourdelle, Paris 14’. _
entraîner sur les chemins perdus, à la
MCM
N.G
Véritable «dictateur déguisé en souris» selon Edmonde Charles-Roux, Germaine
H.Lang
C.Lacroix
VIDI
paradis perdu, d’une lointaine Arcadie,
et légers tel un ballet de Loïe Fuller, chez
R.Kawabuko
Création de la seconde fragance : Cabotine
Création de son Premier Parfum : Cabochard
1900
2000
H.Chalayan
MM
J-P.Gaultier
J.Watanabe
Victor & Rolf
V.Westwood
J.Galliano
VICI
naissance à Paris en 1903
1935, Costumes du film La Guerre de Troie n’aura pas lieu
VENI
1934, elle débute sous le nom d’Alix Grès
MODE
HISTOIRE IDÉALE DE LA MODE CONTEMPORAINE VOL. II : 1990 – 2000 MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS 25/11/2010 > 03/07/2011
JOURNAL
39
MODE 07.
HORROR PICTURE TEA NEW SPOT
—
TROIS POTES DONNENT UN COUP DE JEUNE AU BISTROT DU 1E À PARIS, EN LE TRANSFORMANT EN UN LIEU HYBRIDE À L’ESPRIT ROCK REVENDIQUÉ. COMPRENEZ: UN SALON DE THÉ QUI FAIT AUSSI OFFICE DE... SALON DE TATOUAGE. LE HORROR PICTURE TEA EST NÉ.
Cardigan «Royal» Loreak Mendian. Chemise Lee Cooper. Pantalon Dockers.Veston Ben Sherman.
Niché du côté «jet skate» de la rue Saint-Honoré, le Bistrot du 1er est passé en mode «Dr. Jekyll et _ Mr. Hyde»..
les «Maca’Ramones», d’un espace dédié
Sous la direction artistique du pâtis-
à l’art et d’un salon de tatouage géré par
sier, l’ambiance «American Pie» n’est
Kurvi et Seb, lesquels officient dans un
jamais bien loin. Du coup, le Bistrot a
style situé quelque part entre les dessins
réussi à drainer un nouveau public qui
Cantine de quartier le midi, le lieu
du tatoueur Yann Black et l’univers de
fait chuter l’âge moyen de la clientèle de
change d’activité et de clientèle à partir
Tim Burton. Le tout est créé sous un
plusieurs dizaines d’années. L’équipe
de 14 heures. « Un salon de thé hybride
nom bien senti, le «Horror Picture Tea»,
fait venir mixer ses potes ainsi que ses
estampillé rock», c’est une idée qui trottait dans la tête de Guillaume, tout juste 20 ans, ex-Compagnon du Devoir et meilleur apprenti pâtissier de France, passé par Ladurée et Pierre Hermé. Ce
groupes préférés, et le lieu affiche régu-
— TEA TIME —
lièrement complet (au grand dam de la maréchaussée locale). «On a fait un beau buzz», s’enorgueillit Guillaume, et on est d’accord. En ces temps d’émulation au-
qui restait un rêve pour lui est devenu un
grosse référence au film musical de Jim
tour du fooding coloré, le coup est parti-
projet pour Adrien qui, via son collectif
Sharman pour certains, hommage au
culièrement bien joué, mais attention : la
Elegangz, finance l’affaire. En un mois,
côté «travelo» du salon pour d’autres.
tendance est loin de justifier le succès du
le Bistrot se voit paré d’une carte de
Les trois amis font dans le rock et dans
«HPT». Pour Adrien, c’est avant tout «le
pâtisseries aux noms évocateurs tels que
le «chat-bite», mais pas dans la dentelle.
mélange des genres et l’originalité d’un
Chemise Uniqlo. Polo Kitsuné. Jean Lacoste.
Cardigan «Royal» Loreak Mendian. Pantalon Dockers.
concept privilégiant la créativité de ses acteurs» qui justifie l’omniprésence du Horror Picture Tea dans les médias... Et bientôt dans le reste du monde? Peut être, à commencer par la Californie qui pourrait importer le concept sur ses terres pleines de gros bras tatoués. En attendant, c’est au niveau local qu’il se développe avec, entre autres, des fêtes de quartier qui seront organisées dès le 5 mars et un partenariat à venir avec JeanCharles de Castelbajac... On n’en saura pas plus, car le salon est entouré d’une certaine culture du secret étouffée par les vannes grasses que se balancent en continu Guillaume, Kurvi et Seb, le tout sur fond de bon gros son rock qui tache. Un tableau digne des meilleurs épisodes de Beavis and Butt-Head, à découvrir si ce n’est pas déjà fait.
Yann Le Chatelier Photographies Spray Magazine
DOUBLE FACE —
Horror Picture Tea, 95, rue Saint-Honoré, 75001 Paris. Ouvert du mardi au samedi, de 14h30 à 2h du matin. Plus d’infos sur: www.horrorpicturetea.com. _
STUDIO GALANTE TOUS LES SAMEDIS ET DIMANCHE DE L’ANNÉE > 22H10
Les Sweet Transvestites VENDREDI
ROCKY HORROR PICTURE SHOW
Les Irrational Masters
40
JOURNAL
SAMEDI
07.
MODE
MODE IN FRANCE HOME SWEET HOME
—
VENI
MANIANT HABILEMENT LES CODES ESTHÉTIQUES NATIONAUX, UNE POIGNÉE DE MARQUES TENTE DE RÉVOLUTIONNER LE LOOK DU PARFAIT FRANÇAIS MODÈLE. CETTE TENDANCE RÉVÉLERAITELLE UN VÉRITABLE CHANGEMENT SOCIÉTAL? QUELQUES ÉLÉMENTS DE RÉPONSE.
La Commune de Paris, une marque bleu, blanc, rouge
Automne / Hiver 2011 de Monsieur Lacenaire
Un petit café du 11e arrondissement de Paris. Devant nous, sourire aux lèvres et casquette gavroche vissée sur la tête, se tient le prototype du «titi Parigot» version 2011:Thomas Giorgetti, 32 ans, est l’un des fondateurs de Bleu de Paname, marque fabriquée en France qui fusionne le workwear français d’antan avec l’univers streetwear d’aujourd’hui. _
tient effectivement à leurs tissus à l’an-
«Je fais partie de la génération qui a
BCBG. «Je ne fais pas de la mode,
dit non aux pulls qui grattent et aux
lance Masaya Kuroki, le designer de
duffle-coats à maman. Mais cela ne
la marque. Avec leurs vêtements sub-
veut pas dire que je renie mes racines.»
tils et sans esbroufe, Kitsuné et Bleu
Sa pièce phare est une veste de comp-
de Paname passent un peu pour des
toir ou «veste de bougnat»: une réplique
exceptions: la majorité des marques qui
du vêtement de travail que portait son
jouent la carte nationale mise clairement
grand-père, un charbonnier auvergnat
sur une approche marketing.
installé à Paris juste avant la Seconde
trois points. C’est la Sainte-Trinité pari-
— GÉOPOLITIQUE DU VÊTEMENT —
sienne. Ils signifient prolo, bourgeois et
«Aujourd’hui, on ne vend plus un style,
voyou. C’est avec ces gens, de tous hori-
on vend une marque, un univers», ré-
zons, que s’est construite la ville. «Notre
sume Frédéric Godart, sociologue de la
ambition est de réunir ces trois entités»,
mode à l’INSEAD et auteur de Sociolo-
chaque saison, est une chemise vichy
déclare-t-il. Les précédentes collections
gie de la mode. Chez Commune de Pa-
bleu-blanc-rouge.
s’appelaient «Rungis» et «Congés Payés».
ris, on l’a bien compris. «Nos vêtements
Contrairement à L’ «Americana» ou au
La dernière a été baptisée «Apaches», en
racontent une histoire», nous déclare
«Britannica», le look du Français mo-
référence aux voyous qui semèrent le
Alexandre Maïsetti, directeur artistique
dèle n’est pas encore clairement défini.
trouble dans les faubourgs de la capitale
de la marque, qui propose un prêt-à-
Toutefois, on voit s’affiner les contours
au début du 20e siècle.
porter soigné avec une petite touche
d’une silhouette rafraîchissante, décon-
Cette recette workwear+vintage est
humoristique et surtout, historique.
tractée... et résolument masculine. Mais
efficace et fait même des émules: de-
«Notre nom sert de cadre à nos débor-
cette tendance va-t-elle prendre ou bien
puis 2009, une autre marque, Bleu de
dements. En empruntant à l’événement
se dissiper comme un feu de paille? Les
Chauffe, fabrique dans le Larzac des sa-
de la Commune, nous avons choisi un
paris sont lancés...
coches de plombier d’après des modèles
univers fort et évocateur. » Le concept
d’époque. La force de ces deux marques
est ultra-rodé: le bestseller, renouvelé
debiche, Thomas Giorgetti a dessiné
Boutique Kitsuné
Mode In London
«On ne cherche pas l’effet de style mais la fonctionnalité et la robustesse, résume Thomas Giorgetti. Nous n’avons jamais eu l’intention de révolutionner la mode», souligne-t-il. Même son de cloche chez Kitsuné, mais dans un registre plus
Débardeur DriesVan Noten. Pantalon Lanvin
Chemise Ben Sherman. Short Misericordia.
La marque Octave et Charlie mixe une inspiration ricaine avec des codes français
VIDI
de sa griffe, qui représente deux pieds-
sec...), exclusifs et fabriqués en France.
Chemise Uniqlo. Veste & Pantalon Cos.
Yann Le Chatelier photographies SPRAY magazine.
Chemise Replay. Short Fenchurch.
Chemise O-bey. Short Benetton.
VICI
Guerre Mondiale. En dessous du logo
cienne (moleskine, sergé croisé, coutil
PHOTOGRAPHE : BRUNA KAZINOTI STYLISTE : CHARLOTTE BRIÈRE
JOURNAL
41
BACK IS BACK ÉCHINE
—
42
JOURNAL
JOURNAL
43
VOYAGE
08.
THE GOUTTE D’OR VOYAGE DANS PARIS
—
PAR CES TEMPS DE PRÉ-CAMPAGNE ÉLECTORALE RYTHMÉS DE SONDAGES TAPAGEURS, L’EXPOSITION DE MARTIN PARR À L’INSTITUT DES CULTURES D’ISLAM, THE GOUTTE D’OR ! OFFRE UNE BULLE D’OXYGÈNE POLITIQUE ET PHOTOGRAPHIQUE.
© Martin Parr / Magnum - Femmes musulmanes célébrant la fête Chrétienne de l’Épiphanie
05.
PEREGRINATIO —
PÉROU VALL ÉE
E
r Cuzco SACR É
lac Tititcaca
L’EMPIRE DES INCAS En Images
44
JOURNAL
08.
VOYAGE
MARCHER SUR LES TRACES DE MARTIN PARR pour découvrir ou redécouvrir la goutte d’or
Spiritualités
MARCHÉ DEJEAN Rue Dejean
Rituels
La I-Cité
CAFÉ «MONVILLAGE» "OHMF SVF $BWF r SVF "GGSF
MOSQUÉE KHALÎD IBNWALID A 28, rue Myrha
CHEZ YAHIA ADAMO rue de Panama
MAGASIN DE CHAUSSURES 17, rue des Poissonniers
BOUTIQUE CONNIVENCE 12, rue de Panama
RESTAURANT «CHEZ GUICHI» 76, rue Myrha
ÉGLISE ST BERNARD 11, rue S’ Bruno
CHEIKH FAYE rue des portes blanches
LES DÉLICES DU PALAIS 25, rue de la Charbonnière
«LES BAINS MAURES» 54, bd de la Chapelle
MOSQUÉE AL FATH 55, rue Polonceau
LA FERME PARISIENNE Rue Myrha
LIBRAIRIE ATLAS 17, rue Myrha
© Martin Parr / Magnum
INSTITUT DES CULTURES D’ISLAM 19, rue Léon PRIÈRE DANS LA RUE Rue des Poissonniers MOSQUÉE AL FATH 55, rue Polonceau
© Martin Parr / Magnum
et des scènes du quotidien. Il fait partie
et un français catholique, juif ou sans
des photographes qui ne se cachent pas,
religion» ! De ses déambulations pié-
de ceux qui font poser leur sujet pour les
tonnières à Paris, de Barbès à la Goutte
flasher sur un coin de table, non sans y
d’Or, Il nous fait partager ses rencontres
ajouter cet humour so British qui le ca-
et ses découvertes, liées à la diversité des
ractérise. Loin d’une posture de touriste
pratiques religieuses, à la gastronomie,
voyeur qui dérobe ses images, il assume
aux commerçants de ce quartier-vil-
l’intrusion de son appareil dans l’espace
lage. L’exposition « The Goutte d’Or !
intime de son sujet. Et tout à coup la
– L’Institut des Cultures d’Islam invite
photo ne fait plus de l’autre seulement
Martin Parr » se fait ainsi l’écho de cette
une curiosité.
immersion dans un quotidien méconnu:
La Goutte d’or et ses résidents multi-
l’artiste se fait humain, sa malice dédra-
culturels n’est pas le « produit exotique »
matise, son art interpelle avec tendresse
que certains présentent, mais bel et bien
et autodérision.
Fruit de la résidence inédite de cet artiste globe-trotter à Paris, Martin Parr présente une trentaine de clichés de ce quartier. _
de spiritualités et d’individus qu’aucun
La Goutte d’or, l’un des quartiers les
bulations d’un piéton anglais à l’oeil
— AN ENGLISH MAN À LA GOUTTE D’OR —
plus cosmopolites de la capitale, décrit
malicieux, à la découverte d’une autre
Un Islam quotidien, familier, presque
il y a plus d’un siècle par Zola dans ses
réalité, dans le cœur d’un quartier où
villageois, celui de la majorité silencieuse
moindres ruelles grouillantes de pauvre-
l’Islam vit. Un regard à la fois unique et
que l’on montre rarement dans les mé-
té, continue de symboliser pour certains
délicieusement décalé qui nous révèle
dias… car la Goutte d’or est aussi un
les dangers des ghettos populaires.
d’autres dimensions, y compris les plus
quartier riche de nombreux commerces,
Le photographe britannique ne
secrètes, d’un quartier de Paris trop sou-
parfois nichés dans des endroits inatten-
connaissait rien du quartier de la Goutte
vent pointé du doigt.
dus, héritier d’un patrimoine culturel :
d’Or avant de s’immerger dans ses rues,
N’étant pas un spécialiste de l’Islam, il
du charcutier posant devant sa tirelire-
ses boutiques, ses lieux de culte le temps
s’est ainsi autorisé à porter un regard
cochon aux pratiques ferventes de la foi,
d’une semaine de prise de vues. Qui
neuf sur un quartier et une population
d’une collection de théières bariolées
donc mieux que le touriste Parr pouvait
particulièrement trop souvent stig-
délicieusement kitch à l’art de la « sape
nous offrir ce regard curieux et sponta-
matisés. S’il avait déjà eu l’occasion de
» (la mode du dandysme tropical). La
né, qui au-delà des a priori, documente
photographier diverses communau-
vie bariolée peut-être mais surtout riche
une vie de quartier avec ses richesses et
tés dans le West Midlands, réaliser un
des habitants du quartier se retrouve
ses complexités?
reportage à la Goutte d’Or n’était pas
sublimée dans l’objectif de Martin Parr,
Dans le style des vieilles cartes postales
comparable. Car pour l’artiste, «il y a
révélant sa beauté dans le détail.
qu’il affectionne tant, Martin Parr saisit
plus de différence entre un anglais et un
d’un point de vue frontal des portraits
français qu’entre un français musulman
cliché ne peut résumer. Par le biais de ces clichés, Martin Parr vous fait partager avec finesse et humour les déam-
Institut des cultures d’Islam
Exposition photographique du 6 avril au 2 juillet 2011 Institut des Cultures d’Islam 19-23, rue Léon 75018 PARIS - Informations : 01 53 09 99 80 M° Château Rouge / Barbès Rochechouart. _
VICI
une conjugaison de talents, d’énergie,
VIDI
CHARCUTERIE LE COCHON D’OR Rue Dejean
VENI
Melting Potes
JOURNAL
45
46
JOURNAL
Plan voisin de Paris - Le Corbusier.
09.
ARCHITECTURA [ ARCHITECTURE [
— MODUL-OR Nouvelle_ donne.
Z.A.C. MASSENA Travaux _pratiques.
JOURNAL
47
ARCHITECTURA
07.
MODUL-OR NOUVELLE DONNE
—
A PARTIR DE LA FIN DES ANNÉES SOIXANTE, LE DOMAINE DES ARTS PLASTIQUES CONSTITUE LE POINT DE CHUTE POUR LA RECHERCHE D’UN AUTRE URBANISME, QUI SE VOUDRAIT PLUTÔT CRITIQUE, SOCIOLOGIQUE ET ÉCOLOGIQUE. EN D’AUTRES TERMES : UN URBANISME QUI SERAIT UNE ALTERNATIVE ‘VALABLE’ POUR LES SITUATIONS EXISTANTES.
Frédéric Borel, Poste de la rue d’Oberkampf, Paris.
LE DÉCONTRUCTIVISME, UN CAHOS CONTROLÉ —
C’est un style contemporain qui s’oppose principalement à la rationalité ordonnée de l’architecture moderne. Les fondements de ce mouvement incluent des idées de fragmentation, des processus de design non linéaire, de la géométrie non-euclidienne, de polarités négatives comme une structure et une enveloppe, et ainsi de suite. _ C‘est un mouvement contemporain, parallèle et différent du postmodernisme, qui s’oppose comme lui à la rationalité ordonnée de l’architecture moderne, mais sur des fondements complètement différents puisqu’il assume pleinement la rupture avec l’histoire, la société, le site, les traditions techniques et figuratives. Il revendique la philosophie postmoderne, en particulier ses idées de fragmentation et de polarité négative, qu’il associe à des processus de design non linéaire, à des thèmes comme la géométrie non-euclidienne, en poussant à l’extrême des thèmes
De part sa quète d’optimiser les espaces sans fin, un grand nombre d’architectes et d’urbanismes se sont inspirés du Corbusier. _
mètre est basée sur l’observation de l’ar-
humaine. Le Modulor lui apparait
chitecture traditionnelle européenne et
aussi comme le moyen de dépasser les
de l’utilisation des proportions de cette
deux systèmes de mesure qui divisent
unité pour élaborer l’harmonie d’une
la planète. L’échelle du Modulor suit
Tout commence par Le Modulor, qui
architecture.
la progression de Fibonacci, suite qui
est une notion architecturale inventée
En bâtissant l’échelle humaine, le Cor-
par Le Corbusier en 1943. Silhouette
busier rejoint notamment les architectes
humaine standardisée servant à conce-
de la Grèce antique. Comme ceux ci, il
voir la structure et la taille des unités
aménage l’espace architectural pour que
d’habitation, comme la Cité radieuse
le corps s’y reconnaisse. Sa réflexion
de Marseille, Maison Radieuse de Rezé
sur le comportement de l’homme, sur
ou l’Unité d’habitation de Firminy-
l’équilibre des volumes, de leurs dimen-
Vert, elle devait permettre, selon lui, un
sions et proportions l’amène à établir
confort maximal dans les relations entre
une grille de mesures s’appuyant sur
l’homme et son espace vital. Ainsi, Le
le «Nombre d’Or». Il construit sa grille
Corbusier pense créer un système plus
par rapport aux différentes parties du
adapté que l’actuel système métrique,
corps humain et l’appelle «le Modulor».
car il est directement lié à la morpho-
C’est avant tout la prise en compte de
logie humaine, et espère voir un jour le
l’homme, «cet animal qui doit pouvoir
remplacement de ce dernier.
s’ébrouer tout à son aise dans l’espace
Il s’agit d’un mot-valise composé sur
de sa maison», qui guide les choix archi-
«module» et «nombre d’or». En effet,
tecturaux de Le Corbusier. «La nature
les proportions fixées par le modu-
est mathématique, les chefs-d’œuvre de
— CET ANIMAL QUI DOIT POUVOIR S’ÉBROUER À SON AISE DANS L’ESPACE —
l’art sont en consonance avec la nature. Ils expriment les lois de la nature et ils s’en servent». Voilà bien le credo sur lequel Le Corbusier fonde son action. Au modulor va s’ajouter un besoin de normalisation aussi bien en architecture qu’en construction mécanique. Cette normalisation s’impose esthétiquement, «pour plus d’harmonie» et économique-
de l’architecture moderne comme l’opposition entre structure et enveloppe, entre
lor sont directement liées au nombre
ment dans cette phase de reconstruction
tend vers le nombre d’or, principe qui
plancher et mur, et ainsi de suite.
d’or. Par exemple, le rapport entre la
urgente au lendemain de la guerre. La
va de soi puisque pour Le Corbusier
taille (1m83) et la hauteur du nombril
nécessité est la construction en masse de
l’ «on a démontré et principalement à la
(1m13) moyenne est égal à 1,619, soit le
logements (le Corbusier va jusqu’à par-
Renaissance que le corps humain obéit
imprédictabilité stimulante et un chaos contrôlé. Cependant, les critiques le voient
nombre d’or à un millième près. D’autre
ler de «machine à habiter»). Le modulor
à la règle d’or».
comme un exercice formel qui se fait au détriment de toute vie sociale.
part la taille humaine standard 1,83
est ainsi utilisé pour respecter l’échelle
Les apparences visuelles des réalisations dans ce style sont caractérisées par une
_ 1925 : Plan Voisin : projet d'aménagement urbain pour Paris _ 1927 : Projet pour le concours du Palais de la Société des Nations à Genève _ 1930 : Projets d'urbanisme dit « Plan Obus » pour la ville d'Alger _ 1933 : Projets d'urbanisme pour la rive gauche de la ville d'Anvers. _ 1934 : Le village coopératif. Piacé, Sarthe. _ 1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de Saint-Gaudens _ 1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de Saint-Dié _ 1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de La Rochelle-La Pallice
—
lenombredor
_ 1947 : Palais des Nations Unies à New York _ 1949 : Projet d'urbanisme pour la ville de Bogota _ 1950 : Basilique Universelle de la Paix par le Pardon à Plan-d'Aups-Sainte-Baume. _ 1951 : Projet pour le concours pour le grand ensemble du quartier Rotterdam à Strasbourg _ 1955 : Ville radieuse à Meaux _ 1961 : Projet pour le concours du Palais des congrès et hôtel en lieu et place de la Gare d'Orsay à Paris _ 1962 : Projet de 3500 logements repartie dans 3 unités d’habitation. _ 1965 : Projet d'une piscine dans le centre civique de Firminy Vert _projets avortés émanant de la charte d'athènes
CHARTE IMPLIQUANT UNE HARMONIE ARCHITECTURALE
48
Le nombre d'or, Le Corbusier
JOURNAL
07.
ARCHITECTURA
1/
2/
?
VENI
Un espace, mille possibilités
3/
4/
Luc Deleu, Yokohama.
L’héritage est une notion importante en urbanisme. On se prend au jeu d’améliorer sans cesse le travail ou visions de grands pionniers. _
Une autre figure dans le genre, c’est Zaha Hadid, elle est curieuse. Une grande dame
Luc Deleu fait parti de ces hommes.
faire court, on dira qu’il s’agit du Nobel de l’architecture), l’Anglo-irakienne s’est
Est-il un artiste, un architecte, un phi-
imposée dans le monde entier, par ses réalisations ondulantes, où le béton devien-
de l’architecture. qui pourrait très bien avoir la grosse tête. Et pourtant, on la sent discrète. Récompensée par le Prix Pritzker en 2004 (pour
losophe ou un perpétuel anarchiste? Il
drait une matière vivante. Avec Franck Gehry ou Peter Eisenman, elle est l’une des
est tout cela à la fois comme le montrent
meilleures représentantes du déconstructivisme, pronant la rupture avec les angles
plusieurs expos consacrées à sa «ville inadaptée». Au musée d’art contempo-
droits et jouant sur un dessin non linéaire. A Montpellier, elle va signer le controversé
rain d’Anvers (le Muhka), Luc Deleu
projet «Pierresvives» du conseil général de l’Hérault.
expose une très grande maquette, de
Zaha Hadid.
18,51 m de long, fragment de sa ville «inadaptée» qu’il développe depuis colonne vertébrale un monorail,
avons tout faux, dit-il. Notre urbanisme
«On trouve partout de la réglementation
«ascenseur horizontal», et une longue
multiplie les réglementations pour les
sur les abris de jardins alors que jamais,
passerelle pour les piétons, garnie
particuliers, réglant les moindres détails
on n’impose à Coca-Cola de l’Helve-
d’éoliennes. Tout autour, comme des
de leur habitation, mais par contre,
tica beige (une police de caractère en
rameaux, la ville se développe avec une
il n’intervient pas pour réglementer
typographie) pour une bonne intégra-
grande liberté. Des plans complexes
tion de ses enseignes à l’esthétique d’un
niste démiurge. Il a comparé cette ville
— ON N’IMPOSE À COCA-COLA DE L’HELVETICA BEIGE POUR UNE BONNE INTÉGRATION DE SES ENSEIGNES À L’ESTHÉTIQUE D’UN QUARTIER —
à un fauteuil du Corbusier qui avait la
les implantations des grandes sociétés
habitants. Le travail de Deleu, impres-
propriété de devenir plus beau et plus
ou pour promouvoir les espaces et in-
sionnant par son volume et sa rigueur,
confortable par l’emploi qu’on en fait.
frastructures communs.»
son souci des détails, n’est pas une uto-
Il a un faible pour Chandigarh, la ville
Raymond Baleau, commissaire de
pie mais un laboratoire, une pièce pour
du Corbusier, qui a bourgeonné au
l’expo à La Cambre à Bruxelles, qui
la réflexion future.
gré des envies de ses habitants. «Nous
complétera celle du Muhka, résume:
tourent la maquette. «L’architecture, c’est de l’art, dit-il, ou ce n’est rien. Souvent, ce n’est rien que la construction de bâtiments.» Pour lui, une ville doit forcément être inadaptée pour évoluer avec les gens qui l’habitent et ne pas être une cité idéale sortie du cerveau d’un urba-
quartier». L’urbanisme, selon Deleu qui préfère l’appeler «orbanisme», ne doit pas intervenir dans la vie privée mais doit imposer des contraintes aux institutionnels et aux multinationales pour le bénéfice de tous. Fort de ces principes, Deleu développe toute une ville avec ses quartiers aux noms poétiques (Bingbong, Brikabrak, Dinkytown, Vipcity,...). Ville colonne vertébrale qui se densifie au rythme des envies de ses
Un bâtiment qui va accueillir les archives, mais aussi la direction de la culture et des sports du Département, entre La Mosson, Celleneuve et le Mas d’Alco.
© la libre belgique
© midi libre
_les clefs du succés
VICI
et beaux comme des oeuvres d’art en-
VIDI
dix ans. Une ville linéaire avec comme
JOURNAL
49
ARCHITECTURA
07.
Z.A.C. MASSÉNAT TRAVAUX PRATIQUES
—
MALGRÉ LES CONTRAINTES, À CAUSE DES CONTRAINTES’. LE LEITMOTIV EST COURANT CHEZ LES ARCHITECTES, POUR LESQUELS LE CONTEXTE RÉGLEMENTAIRE D’UN PROJET TIENT SOUVENT DE LA BÊTE NOIRE. FRANCIS SOLER A PRIS LE PROBLÈME «À REVERS» ; EN TÉMOIGNE L’OPÉRATION RUE OLIVIER MESSIAEN QUI RÉSULTE DE SES CONTRAINTES, QU’ELLES SOIENT URBAINES, TECHNIQUES OU ENVIRONNEMENTALES.
Bibliothèque François Mitterrand, Paris XIIIème.
La ZAC Masséna, aux confins de la Seine et du boulevard périphérique, représente presque la moitié de l’opération Seine Rive gauche, qui restructure une bonne partie du 13e arrondissement de Paris. _
FLAINE, UNE IDENTITÉ FORTE, UN GESTE CULTUREL
La ZAC a été confiée à trois architectes
Classée monument historique, cette station a été créée en 1968 par le géophysicien Eric Boissonnas, au cœur d’un grand cirque naturel à 1600 m d’altitude, et conçue comme «station intégrée», skis au pieds et sans voiture. La station est construite sur trois niveaux : «Flaine-Forêt» (1700 m) , «Flaine-Forum» (1600 m) , «Flaine-Front de Neige» (1500 m), reliés par deux ascenseurs extérieurs et deux chemins piétonniers. _
—
: Christian de Portzamparc (Massénanord, la zone la plus propice à l’imagination), Yves Lion (Masséna-sud, la plus difficile par la part d’infrastructure qu’il comporte, et qui est toujours en cours d’étude), Bruno Fortier (Mas-
Avec l’architecte suisse Gérard Chervaz, Eric Boissonnas a fait le pari d’y créer un
séna-Chevaleret, le plus délicat par son
exemple d’urbanisme, d’architecture et de design, pour lequel la rentabilité immé-
rôle de charnière avec le vieux 13e).
diate serait subordonnée aux choix esthétiques et au respect de l’environnement. Il
Christian de Portzamparc, premier Français à avoir obtenu le prestigieux
a été fait appel à Marcel Breuer, architecte du Bauhaus mondialement connu et ses
prix Pritzker, a mis ici en oeuvre sa
associés Laurent Chappis, Gérard Chervaz, André Gaillard, Denys Pradel. La ligne
théorie dite de l’«îlot ouvert». A grande
directrice de la conception architecturale a été le respect de la nature : les lignes du
échelle. L’îlot ouvert, en rupture avec
plan masse sont donc harmonisées avec celles de la morphologie du site. Le béton
la vision moderniste des tours et des
est volontairement présent, fondu par sa couleur avec le calcaire environnant. La
barres, mais éloigné de l’uniformité monolithique du bloc haussmannien,
volonté de ses promoteurs éclairés était de réaliser «un prototype d’architecture,
rassemble des bâtiments autonomes
identique d’un bâtiment à l’autre. Les
de ballet inspiré de L’Ile mystérieuse de
— LA ZAC SE PRÉSENTE COMME UN SPECTACLE URBAIN, UNE SORTE DE BALLET INSPIRÉ DE L’ILE MYSTÉRIEUSE DE JULES VERNE —
façades sont en général alignées, mais
Jules Verne, avec tous les ingrédients qui
sans continuité d’une construction à
en font la magie. Ce ballet sur les bords
l’autre. Il propose une vision contempo-
de Seine est l’occasion de présenter une
raine empreinte d’une forme de certain
collection de modèles architecturaux
lyrisme, un «bocage urbain» caractérisé
rares, extravagants, bizarres, qui font
par la diversité des constructions : si le
alterner masses de béton et de couleurs,
plan général du quartier (dimensions et
coins et recoins emplis de végétation,
emplacement des constructions) reste
d’où l’on s’attend à voir s’élancer bono-
de la responsabilité du coordinateur
bos et chimpanzés. C’est aussi une alter-
Portzamparc, la conception précise
nance très théâtrale d’édifices neufs et
des bâtiments est confiée à d’autres
récupérés, les uns destinés à l’université
architectes, ce qui autorise une grande
Paris-Diderot, les autres au logement de
autour d’une rue traditionnelle. La hau-
diversité. La ZAC Masséna se présente
ce nouveau Quartier latin.
teur des immeubles est limitée sans être
comme un spectacle urbain, une sorte
d’urbanisme et de design à la montagne». Aujourd’hui cette volonté a été reconnue avec le classement de l’Hôtel Le Flaine aux monuments historiques.
Ambroise_nps
DÅRK MOÐULARITY —
† 46°0' 25" NORD.
50
JOURNAL
Flaine en été.
07.
2400 M.
∞
la Joux
Golfe de Flaine
×
1800 M.
1800 M.
Aup deVéran
#
le Lavancher
1650 M.
FLAINE'S LANDSCAPE
×
Col de pierre carrée
2200 M.
2000 M.
Flaine
#
VENI
#
∞
1600 M.
Lac de Flaine
1400 M.
Hôtel de Flaine.
Christian de Portzamparc (Christian Urvoy de Portzamparc) est un architecte et urbaniste français né le 9 _ mai 1944 à Casablanca au Maroc.
un «bocage urbain » caractérisé par la
habituellement des années à tisser, cette
diversité des constructions.
complexité nourrie de contrastes qui la
Il met en œuvre le concept d’îlot ouvert
rend plus vivante...
à une grande échelle dans le cadre de
La réponse se situe à l’opposé d’un
L’une des premières illustrations de ses
l’opération Paris Rive Gauche. La réa-
parti pris d’uniformité. Ici il privilégie la
idées est l’ensemble de logements so-
lisation des plans-masse (dimensions et
diversité, la nécessité des contrastes, le
ciaux des Hautes-Formes, dans le XIIIe
emplacement des constructions) et la
passage du grand au petit, l’alternance
arrondissement de Paris.
conception précise des bâtiments sont
Alors que deux tours devaient être
confiées à d’autres architectes, dans le
construites sur cet emplacement,
cadre des règles de construction que
l’abandon de la construction d’im-
fixe Christian de Portzamparc. Son
meubles de grande hauteur dans Paris
objectif est de donner au quartier un
en 1974 modifie le projet.
caractère basé sur l’alternance de hau-
Christian de Portzamparc décide de tra-
teurs, de couleurs, de matériaux et de
cer une rue à travers le nouveau quartier
styles architecturaux. Il utilise la méta-
et de le doter d’une petite place centrale.
phore de la « nature-morte », qui com-
Il crée une série d’immeubles de taille
bine de manière harmonieuse des objets
— IL EST IMPORTANT DE CONSTRUIRE PAS À PAS, DE CRÉER AUTANT QUE DE TRANSFORMER — Immeubles îlots ouverts, quartier Masséna.
variée, moins élevés au sud-ouest afin de faciliter l’entrée du soleil.
VIDI
#
×
Tête du colonney
// danger // loisir // refuge
Les ouvertures sont soignées et le plan unique est rejeté au profit de plusieurs modèles différents d’appartements suivant la position dans l’ensemble de bâtiments. Portzamparc rejette la mitoyenneté afin de créer des appartements dotés d’exposition multiples et de créer des échappées visuelles à l’intérieur de l’îlot. Ses conceptions architecturales retiennent de l’haussmannisme une hiérarchisation entre espaces publics, semi-publics et privés, que l’architecture moderniste
différents les uns des autres. Pour créer
du régulier et du singulier. Dans cette
de tours et de barres sur dalle a perdue
la ville sur ce vaste périmètre Christian
juxtaposition d’îlots ouverts au regard,
en rejetant la rue traditionnelle multi-
de Portzamparc a poursuivi la réflexion
les constructions aux hauteurs variables,
fonctionnelle. Il ne reprend toutefois
qu’il mène depuis plusieurs années: quel
non mitoyennes, s’articulent autour de
pas la rigueur et l’uniformité des fa-
urbanisme offrir à la ville d’aujourd’hui
cours et de jardins pour toujours laisser
çades haussmanniennes traditionnelles,
? C’est-à-dire comment arriver à propo-
pénétrer la lumière en leur milieu.
auxquelles il préfère un certain lyrisme,
ser en quelques mois ce que la cité met
Contemporart
≈
VICI
×
∞
ARCHITECTURA
BRIGHT ESCÅPE —
6°41' 31" EST.
JOURNAL
51
L'HOMME — LE CORBUSIER FUT UN PROTAGONISTE AMENANT UN ÉLAN. IL A COMPRIS ET RÉPONDU À UNE ATTENTE MALGRÉ SES DÉTRACTEURS. IL FUT L'HOMME MARQUANT LA PAGE BLANCHE DE CETTE PRÉFACE D'APRÈS-GUERRE.
—
52
JOURNAL
VENI VIDI VICI
SES ARMES
JOURNAL
53
FORUM 10.
CONTAINER PROJECT ÉCO-CITOYEN
—
DEPUIS 2006, DES ARTISTES ONT EU L’IDÉE D’UTILISER DES CONTENEURS POUR AMÉNAGER D’ABORD DES ATELIERS, PUIS DES LOGEMENTS D’ÉTUDIANTS. LEUR CARACTÈRE EMPILABLE A PERMIS À DES ARCHITECTES DE DÉVELOPPER LE PROJET EN LES EMPILANT SUR PLUSIEURS ÉTAGES POUR CRÉER DES IMMEUBLES DE CITÉS UNIVERSITAIRES.
Navire marchand affrêté par MSC.
05.
FORUM
—
%
2
$
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8
makes empannage
3
(
2
—
54
JOURNAL
3
/
(
/
10.
FORUM
Crous, cité A docks, le Havre.
La ville du Havre et le CROUS sont à l’initiative de la construction sur une friche portuaire d’une résidence universitaire faite de conteneurs assemblés, et démontables à l’avenir. Une première en ce qu’il s’agit d’habitat collectif répondant aux normes françaises de construction. Cependant, le concept de logements étudiants en conteneurs a été inventé aux Pays-Bas par la société
terrasses. Les cent logements s’étagent sur quatre niveaux, autour d’un jardin intérieur. Les rez-de-chaussée ont été surélevés pour préserver l’intimité des résidents.
LES ACTIONS CONSTRUITES OU LA CONSTRUCTION DE PLATEFORMES D’ACTIONS —
L’architecte Alberto Cattania a consti-
Né en 2003 à l’initiative de cinq architectes, eXYZt constitue aujourd’hui une plateforme de création pluridisciplinaire regroupant une vingtaine de personnes : architectes, graphistes, vidéastes, photographes, dj, botanistes, constructeurs. _
tué une structure métallique supportant les conteneurs et permettant un décalage entre les studios afin d’implanter passerelles, balcons et terrasses. L’ensemble s’étagent sur 4 niveaux, autour
Chaque intervention du collectif s’inscrit dans une temporalité et dans un territoire
— COMMENT ÉVITER QUE LES ÉTUDIANTS, FUTURS LOCATAIRES, SE SENTENT MIS EN BOÎTES —
déterminé, prenant souvent la forme d’installation temporaire. Les projets d’eXYZt partent de la spécificité du site, le contexte devenant support pour le projet. En fonction des projets, eXYZt mobilise tout ou partie de ses membres et tisse de nouveaux liens avec les acteurs sur place, formant ainsi des communautés d’action, des cadres de vie et d’échange. Dans le contexte surmédiatisé de la Biennale d’architecture de Venise, Bouchain et eXYZt, décident de réaliser le projet Métavilla. Le cube d’Étienne de Crecy par eXYZt.
VIDI
L’avantage est certainement le coût de revient, puisque, à confort égal, les aménagements de second œuvre sont identiques à ceux d’une construction en maçonnerie. la rapidité d’une installation préfabriquée et autoporteuse, ainsi que le caractère rapidement démontable qui permet aux promoteurs de se dispenser de demander une autorisation de construire normale, comme s’il s’agissait d’un habitat de _ cantonnement.
VENI
Dans le domaine du transport, un conteneur ou container, est un caisson métallique, en forme de parallélépipède, conçu pour le transport de marchandises par différents modes de transport. Ses dimensions ont été normalisées au niveau international. Il est muni, dans tous les angles, de pièces de préhension permettant de l'arrimer et de le transborder d'un véhicule à l'autre. Il fait partie, avec les caisses mobiles et certaines semi-remorques, de la catégorie des UTI . Il permet ainsi de diminuer les temps de rupture de charge et de transbordement. Ses adaptations spécifiques permettent de faciliter les opérations de «mise en boîte » des marchandises et de vidage.
Tempohousing. Amsterdam a été la d’un jardin intérieur. Pour préserver
cité universitaire conçue entièrement en
l’intimité des résidents le rez de chaus-
conteneurs. Plus de 1 000 unités ont été
sée a été surélevé.
installées.
Pour accueillir des habitants, les conte-
Chaque appartement dispose d’une
neurs ont subi un lifting radical. Leurs
salle de bains, kitchenette, d’un système
deux extrémités ont été percées de
de ventilation et d’une connexion Inter-
baies vitrées. Ils ont « maigri » de 40
net. Mais comment éviter que les étu-
cm en largeur, pour peaufiner l’isola-
diants, futurs locataires, se sentent «mis
tion phonique et thermique. Des murs
en boîtes» ?
coupe-feu en béton armé, et des patins
L’architecte italien, Alberto Cattani, a
en caoutchouc ont été implantés pour
trouvé la solution technique : c’est une
empêcher les vibrations. Les étudiants
structure métallique qui porte les conte-
devraient donc pouvoir danser et sau-
neurs et permet de décaler les studios
ter sans embêter leurs voisins, assure le
et d’implanter passerelles, balcons et
concepteur.
Avec une véritable cuisine, un hôtel, sauna et mini-piscine sur le toit, le pavillon français se transforme en lieu de rencontre et d’échange, où l’architecture est vécue, où le visiteur devient acteur et participant actif. www.exyzt.org
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première ville d’Europe à accueillir une
) , 7 6 ( % $ * 2
_docksides
JOURNAL
55
04. SALTATIO — LA SÉLECTION SORTIE DANSE ET ART DE LA SEMAINE.
05. MUSICA — SHOW 3D, ROCK INTELLECTUEL, POP-FOLK ROMANTIQUE ET ELECTRO SURVITAMINÉE.
Paris 2012 avait fait confiance à une pointure du cinéma, Luc Besson,
Tourné en 2008 à Wuppertal, Les
Annecy 2018.
Charles Beigbeder, président du GIP
Et surtout l’authenticité», indique
Annecy 2018 retient un spécialiste
Rêves dansants est le dernier film
des films publicitaires, Nicolas Bary,
tution absolument exemplaire de ce réalisé sur le travail de la chorégraphe
Le 18 avril, Frédéric Mitterrand a
que devrait être - et qui ne l’est pas décédée le 30 juin 2009. C’est sans
Du samedi 2 juillet 2011 au mercredi 13 juillet 2011
toujours -, la politique culturelle de la doute celui qui l’aborde sous l’angle
31 ans. «Nous allons mettre en avant
Paris Cinéma vous propose une France : un lieu où toutes les cultures
le moins attendu et le plus émouvant.
reçu les équipes des films français
programmation ambitieuse dans ses se retrouvent avec le même respect et
la scène: les montagnes, le paysage.
choix, en entrée libre pour certains la même liberté. »
retenus dans la sélection officielle
événements ou à un tarif exception-
« le Festival de Cannes est une insti-
nel, ouverte à tous et pour tous.
album de famille, ces images portent
quatre couleurs. Transfuges d´un
77 dessins réalisés au stylo à bille
fameux groupe rock gothique Bau-
gulier, rythmé par des chansons du
tique pour un bal des vampires sin-
incontournables du genre fantas-
Lionel Hoche convoque des figures
toire de Paris.
celui d’avoir été formé au Conserva-
mais qui ont tous un point commun :
graphes aux esthétiques différentes
pour découvrir six jeunes choré-
Micadanses propose deux soirées
MICADANSES Olivier Bioret : Les Glycines —
Et à vivre.
désenchantement. Un théâtre à vif.
sa petite musique, entre humour et
sans paroles, fait pourtant entendre
The Sound of Silence, bien que
SOUND OF SILENCE —
Lionel Hoche
la charge émotionnelle de l´enfance,
haus et des harmonies hypnotiques
projections, des graphiques compu-
de ‘ISAM’, il a recours à des vidéo-
qu’il nous convie. Pour la version live
3-D, c’est à un fantastique voyage
. Immergé dans une construction
Fields trace un chemin pavé d’un
«Bleed Your Cedar» en 1996, Elysian
tique presque intellectuel. Depuis
perpétue la tradition d’un rock artis-
fer Charles (chant), Elysian Fields
Composé d’Oren Bloedow et Jenni-
AMON TOBIN ELYSIAN FIELDS Electronica Perfecta Rock Intellectuel — —
devrait leur aller comme un gant.
naux. Le cadre splendide du Trianon
un album d’épatants tubes artisa-
duo australien déballait cette année
Entre euphorie pop et spleen folk, le
jotronic et Marco Dos Santos.
des dj’s Paraone, Don Rimini, Djed-
déhancher toute la nuit sur les sets
et I-pod Touch. Vous pourrez vous
Red Bull BPM pour I-phone, I-pad
officiel en France des applications
Cette soirée inaugure le lancement
ANGUS & RED BULL «BPM» JULIA STONE LAUNCH PARTY Le duo Pop-Folk Para One — —
Andris Grinbergs
de moments révolus et d´une situa-
d’un orgue joué en live.
RACHEL & ROSCO ENTRELACS Jean-Sébastien Lourdais — —
tion affective marquée par l´absence
terisés, des softwares customisés, et
rock sombre à l’éclatante beauté.
Rachel & Rosco est un ensemble de
de figure masculine.
du real-time audio.
56
VENI
duction de publicités de cigarettes,
Son “Untitled (Cowboy)”, repro-
la situation historique d’Edouard
Moderne entend explorer et éclairer
graphique, Manet, inventeur du
Plus qu’une rétrospective mono-
MANET, LE MODERNE, AU MUSÉE D’ORSAY Olympia —
des téléspectateurs, le photographe
TV”, étonnant zapping international
scotchés à leur télé. Pour “Watching
Ou presque. Affalés sur leur canapé,
ou américains… Et on dirait nous.
Il sont marocains, nigérians, indiens
Palais, à Paris, jusqu’au 20 juin, puis
art du mystère dévoilé au Grand
songes et tourments intérieurs. Un
l’œuvre d’Odilon Redon explore les
Ténébreux ou coloré, peint ou gravé,
ET PENDANT CE ODILON REDON Who wanted 19th-century TEMPS-LÀ… ILS — REGARDENT LA TÉLÉVISION Olivier Culmann —
VIDI
s’est vendu plus d’un million de Manet (1832-1883), entre l’héritage
français Olivier Culmann a obtenu
“Untitled (Cowboy)”
dollars… Artiste du collage et de la réaffirmé du romantisme, l’impact
à Montpellier. Mais aussi dans un
RICHARD PRINCE —
LE MUSÉE EST UN DES LIEUX
copie, Richard Prince, 69 ans, expose de ses contemporains et le flux mé-
hors-série “Télérama”
01. EXPOSITIO —
QUI DONNENT LA PLUS
ses œuvres jusqu’au 26 juin à la BNF.
le World Press 2008. Un travail pré-
POUR ANDRE MALRAUX
EN DÉCOUVERTE. D’AILLEURS,
ET SES MUSÉES RICHES
SON HISTOIRE, SON ART, SA CULTURE,
PARIS EXISTE À TRAVERS
SON ASPECT MULTICULTUREL,
VILLE MAGNIFIQUE À TRAVERS
HAUTE IDÉE DE L’HOMME.
Sur fond de polémique, car il vient de
senté à Paris jusqu’au 11 juin
Ecrite en 1903, il s’agit d’une satire
Marc Paquien, créée il y a deux ans.
les affaires”, dans la mise en scène de
d’Octave Mirbeau “Les affaires sont
présence. Fidèle à ses origines armé-
conquis les écrans par la force de sa
Mnouchkine, Simon Abkarian a
France 2. Venu du théâtre de
Beaux Mecs”, actuellement sur
Il est Tony le dingue, dans “Les
au Studio-Théâtre du Carrousel du
duction de la Comédie-Française,
comme le montre la nouvelle pro-
aussi un peu plus compliqué que ça,
les enfants ? Peut-être, mais c’est
“Poil de carotte”, une pièce pour
pionnière Ariane Mnouchkine, toute
d’hommes ? Dans le sillage de la
La mise en scène, un métier
SIMON ABKARIAN Tony le dingue —
cruelle du capitalisme naissant, in-
niennes, marqué par la guerre et
une génération de femmes de théâtre
AU THÉÂTRE, LES FEMMES FONT ÉCOLE Ariane Mnouchkine —
diatique de son époque.
çais Patrick Cariou pour utilisation sans autorisation de ses images.
MARC PAQUIEN —
Reprise au Théâtre du Vieux-Co-
carné par son personnage principal,
Louvre.
lombier (Paris) de la pièce cinglante
l’industriel parvenu Isidore Lechat.
l’exil, il porte un regard vigilant sur
film de promotion qui sera présenté
Paris 2012 pour la réalisation de son
Annecy 2018 prend le contrepied de
ANNECY 2018 —
prouve aujourd’hui le contraire.
le monde.
SES RÊVES DANSANTS —
Toute ressemblance avec le capitapas tout à fait fortuite...
FESTIVAL PARIS CINÉMA 2011 —
64E FESTIVAL DE CANNES —
lisme déréglé d’aujourd’hui ne serait
PHILIPPE LAGRUE MONTE “POIL DE CAROTTE” —
perdre un procès intenté par le fran-
02. THEATRUM — PARIS COMPTE CENT CINQUANTE THÉÂTRES, FRUITS DE PRÈS DE VINGT SIÈCLES D’HISTOIRE. VISITE GUIDÉE DE CE PATRIMOINE UNIQUE AU MONDE PAR SA DIVERSITÉ ET SA RICHESSE.
03. IMAGINATIO —
PARIS OU L’UNE DES VILLES LES PLUS FILMÉES AU MONDE.
aux membres du Comité international olympique (CIO), le 6 juillet à Durban (Afrique du Sud). Alors que
VICI
57
JOURNAL
09. ARCHITECTURA — PARIS S’EXPOSE, PARIS SE MONTRE LE TEMPS DE VOUS FAIRE UN ROADTRIP INSITU
10. FORUM — QUOI DE PLUS NATUREL DE CHINER, SE PERDRE DANS PARIS LE TEMPS D’UN WEEKEND.
parfaire votre voyage.
phyre qui vous accompagne pour
les colonnes et la fontaine en por-
zaïques, les revêtements de marbre,
Autour de vous ce sont les mo-
l’ère Byzantine qui s’offre à vous.
c’est toute la culture et l’héritage de
Passez les portes du Hammam et
animaux du passé.
vivants et de s’immerger parmi les
découvrir l’organisation des êtres
parée ! Une manière spectaculaire de
de Paléontologie et d’Anatomie com-
coquilles nous convient les Galeries
monde des squelettes, organes et
À quel prestigieux voyage dans le
de zoomer sur un lieu de son choix.
tout utilisateur de survoler la Terre et
satellitaires. Ce logiciel permet pour
blage de photographies aériennes ou
sualisation de la Terre avec un assem-
la société Google, permettant une vi-
le Earth est un logiciel, propriété de
sement dans les eaux transparentes
croisières. Plongez-vous courageu-
à la Petite Sirène, près du port de
capitale danoise, allez dire bonjour
aux Copenhaguois pour explorer la
plus vertes du monde. Joignez-vous
Copenhague est l’une des villes les
fois inférieure à celle de Paris!
et d’une densité de population six
de ses espaces vides, de ses fragilités
différente, fière de sa modestie, riche
centre-villes franchisés ? Berlin est
dans leur ostensible richesse et leurs
capitales finissent par se ressembler
les nouveaux langages artistiques du
entretient des correspondances avec
pas à la structure constructive. Elle
tecture ne se résume cependant
rencié. Mais la structure en archi-
l’éboulement, à la ruine, à l’indiffé-
est ce qui permet de s’opposer à
défiant les lois de la pesanteur. Elle
La structure permet de s’élever en
vement moderne proche de Le Cor-
Charlotte Perriand, icône du Mou-
d’aborder l’oeuvre de la designer
phique que le Petit Palais décide
C’est à travers l’image photogra-
relle, botanique et écologique.
dimensions historique, sociale, cultu-
perspective large, qui en aborde les
tion de la nature en ville dans une
du moment en replaçant la ques-
Cité de traiter l’un des sujets majeurs
du port !
BERLIN NEXT Du 19 Mars au 3 Avril —
COURS #03 : CHARLOTTE IMMERSION LA STRUCTURE PERRIAND URBAINE Du 7 au 18 septembre Cité de l’architecture et du patrimoine pavillon de l’arsenal 12ème — — —
Quelle est donc cette identité spéci-
Façonnée par les flux et reflux de
vingtième siècle qui ont su faire sur-
busier.
fique, à l’heure où toutes les grandes
l’Histoire, dont le dernier acte com-
gir de multiples mondes inconnus
Avec La Ville fertile, il s’agit pour la
mémoratif, le vingtième anniversaire
jusqu’alors.
une activité hors du commun: le
Venez découvrir en Seine-et-Marne
à la française
au temps de Louis XIII, un baroque
Promenade architecturale : le Louvre
Louis d’or
et puis tous ceux qui pourraient par-
vélo-rail. Peu répandu en France, il
LOUIS XIII —
tager ce même désir dominical de se
s’agit d’un engin qui circule sur des
un effort commun
de la chute du Mur.
BRUNCHBAZAR VELORAIL Nadège vous invite — —
Paris 9e - Brocante samedi 30 avril
retrouver pour échanger, savourer,
rails, capable d’emmener jusqu’à 5
Bricabroc
et dimanche 1er mai .Une petite cen-
parler, jouer, apprendre, fouiner,
personnes, à condition que les deux
BROCABRAC —
Le BrunchBazar est initié par Nadège Winter. BB est né de son envie
taine d’exposants de 7h à 19h 7h-19h
s’amuser, de 2 à 222 ans, bref de
simple de réunir ses amis, sa famille
Boulevardd Poissonnière - Métro
goûter à tous ses amours : musique,
personnes sur les vélos avancent.
Grands Boulevards
mode, danse, bio, arts plastiques..
58
06. CIBUS —
VENI
LA CUISINE FRANÇAISE FAIT RÉFÉRENCE À DIVERS STYLES GASTRONOMIQUES DÉRIVÉS DE LA TRADITION FRANÇAISE. ELLE A ÉVOLUÉ AU COURS DES SIÈCLES SUIVANT AINSI LES CHANGEMENTS SOCIAUX ET POLITIQUES DU PAYS.
07. VESTIS — PARIS RESTE UN LIEU D’ÉLECTION DE LA MODE, AVEC UN ATOUT ESSENTIEL : SA FONCTION DE CREUSET DE TALENTS ET DE PÉPINIÈRE DE CRÉATEURS VENUS DU MONDE ENTIER QUI TROUVENT DANS CE CARREFOUR DES CULTURES UN LIEU D’ÉPANOUISSEMENT UNIQUE
08. PEREGRINATIO —
CHEMIN QUE L’ON FAIT POUR ALLER DANS UN LIEU DIFFÉRENT DE CELUI OÙ ON EST
l’honneur. Pendant les 11 jours d’ou-
Cette année, les vins seront mis à
tronomie.
cadre du Salon des vins et de la Gas-
au 8 mai 2011 sur la Foire de Paris,
manger ont rendez-vous du 28 avril
Les amateurs de bien boire et bien
SALON DES VINS ET DE LA GASTRONOMIE FOIRE DE PARIS —
leure femme chef du monde. Un pas
vient d’être sacrée, à Londres, meil-
Âgée de 41 ans, Anne-Sophie Pic
trois espagnols se positionnent dans
jeune chef René Redzepi, alors que
est le danois Noma, orchestré par le
Le gagnant, comme l’année dernière,
10 des meilleures tables du monde.
restaurant français classé dans le Top
Aizpitarte situé à Paris XIe, est le seul
teaubriand, bistrot du basque Inaki
vré leur cru 2011 à Londres. Le Châ-
World’s 50 Best Restaurants» ont li-
Les médiatiques « San Pellegrino
UN FRANÇAIS DANS LES 10 MEILLEURS RESTOS MONDIAUX —
et pire même, une fringale sucrée,
une envie de soleil, la micro terrasse
parfaite, grasse comme elle se doit,
charcuterie à température et finesse
un petit creux, vite une assiette de
amis autour d’un vin nature italien,
facilement des raisons. Apéritif entre
Le pire, c’est qu’on se trouverait
jours à la Retro Bottega de Pietro.
On aurait envie d’y passer tous les
VIDI
verture de la Foire de Paris, les viside géant pour cette cuisinière d’ex-
les 10 premiers
RETRO BOTTEGA —
teurs seront amenés à découvrir des ception, discrète mais volontaire, qui
ANNE-SOPHIE PIC —
vins médaillés d’or et d’argent. n’en finit pas de progresser.
bonbecs à l’ancienne. Et encore, je
Venez nombreux partager ces ins-
n’ai pas tout dit.
tants conviviaux en compagnie des vignerons et artisans des métiers de
exposition dans ses espaces de l’ave-
Saint Laurent consacre sa 15ème
La Fondation Pierre Bergé – Yves
un ordinaire extraordinaire. Avec son
histoire, et considère la mode comme
cesse de raconter dans son travail une
indélébile. Vivienne Westwood ne
marqué la mode d’une empreinte
rétro en daim... Les créations seront
zèbre ou vert émeraude, sacoches
cuir naturel ou magenta, pochettes
pour Longchamp. Sacs bowlings en
fois cet été une collection de sacs
Kate Moss signe pour la première
qué les 30 dernières années du travail
constructions majeures qui ont mar-
autres, le label LegEnd reprend les
que le Baggy, le Stone Washed entre
tables perles de la «jeanologie» telles
François Girbaud, créateurs des véri-
challengers. Créé par Marithé et
LEG END, LE JEAN MARITÉ+FRANÇOIS GIRBAUD Who wanted 19th-century —
nue Marceau à la marque de prêt-
slogan, «Do It Yourself», elle a incité
disponibles en boutique à partir du
COLLECTION FARAWAY POUR LONGCHAMP Kate Moss —
bouche !
VIVIENNE WESTWOOD, DO IT YOURSELF DVD arte editions —
à-porter Saint Laurent rive gauche.
une génération à réaliser ses désirs
Exposition
Près de soixante-dix modèles seront
de création sans les contraintes d’un
du couple.
YVES SAINT LAURENT RIVE GAUCHE —
présentés evoquant le décor de la
11 février.
DESTINATION COPENHAGUE 2H DE PARIS —
Le style de la fougueuse anglaise a
première boutique Saint Laurent
apprentissage technique et culturel.
VOYAGER SUR LA TOILE GRÂCE À GOOGLE EARTH Étoile —
LegEnd est l’un de ces nouveaux
rive gauche (1966).
RETOUR AUX TEMPS DES DINOSAURES Galerie de Paléonthologie —
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VICI
59
JOURNAL
A N G U S
E T J U L I A le 1 Mai -
LE TRIANON
R I C H A R D P R I N C E L E K I N G D U C L I C H É Du 10 Avril au 26 Juin Quai François Mauriac, 13ème
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P O I L D E C A R O T T E M I S E E N S C È N E D E P H I L I P P E L A G R U E Du 24 Mars au 8 Mai Place Colette, 1ème
THÉÂTRE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE
S A I N T L A U R E N T R I V E G A U C H E Du 5 Mars au 17 Juillet 5, Avenue Marceau, 16ème
FONDATION PIERRE BERGÉ
B R A S S E N S E T L A L I B E R T É Du 15 Mars au 21 Août -
221, Avenue Jean Jaurés,
CITÉ DE LA MUSIQUE
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CIVITAS PARISIORUM [ LA VIE PARISIENNE ]