VENI VIDI VICI

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CIVITAS PARISIORUM [ LA VIE PARISIENNE ]


[ DE XLVII AV. J-C À MMXI [

ÉDITO

_


I N T R O D U I R E

VENIR v. / [!'()$] Se rendre prés de celui qui parle ou à qui l’on parle. «Je suis venu»

D É V E L O P P E R , A N A L Y S E R

NUMÉRO

VOIR v. / [!%&$] Percevoir avec les yeux, étudier, examiner, découvrir, visiter un lieu, rencontrer, être spectateur. «J’ai vu»

C R I T I Q U E R ,

O U V R I R

VAINCRE v. / [!"#$] Remporter une victoire, venir à bout de quelquechose, décomposer, mettre en rapport. «J’ai vaincu»


VENI VIDI VICI JOURNAL

Mai 2011

Impression : Parnascopy / info@parnascopy.com exemplaires : 400 papier laser 80g REMERCIEMENTS À NOTRE MÉCÈNE ECV PARIS

«TOUTES LES IMAGES ET TEXTES PUBLIÉS DANS CE JOURNAL, SONT LA PROPRIÉTÉ EXCLUSIVE DE LEURS AUTEURS»

CRÉDITS COUVERTURE costumes: Claire Ienn modèles: Marion Labouyrie et Martin Cancelier

EXPOSITIO NOUVELLE ÈRE crédit photo: La gaité lyrique crédit texte: La gaité lyrique MAGAZINE crédit photo: Magazine, jesuisunebandedejeunes crédits texte: Magazine, Street Tease MAGDA DANYSZ crédit photo: Portrait gallerie magda Danysz, TED prize crédits texte: Télérama sortir OUTILS VANDALS crédit photo: Angela Boatwright, King Brown Mag

THEATRUM ARIANE MNOUCKINE crédit photo: Théatres du Soleil crédits texte: Didier Méreuze évène

IMAGINATIO STANLEY KUBRICK crédit photo: Flickr crédits texte: Télérama, Jacques Morice CINÉASTES DE NOTRE TEMPS crédit photo: jaquettes DVD crédits texte: Le Parisien, Le Figaro, Valérie Cadet TOM BOY crédit photo: Chezlorraine, Télérama crédits texte: Télérama, Louis Guichard LE CINÉMA AU FEMININ crédit photo: Télérama

SALTATIO LA DANSE EN HÉRITAGE crédit photo: Nissologie.net crédits texte: Philippe Noisette

MUSICA GEORGES BRASSENS crédit photo: citédelamusique.fr crédit texte: Hugues Tanneur TROMPETTES DE LA RENOMMÉE crédit photo: legrandbazart.com crédits texte: Hugues Tanneur LILLY WOOD & THE PRICK crédit photo: le-hiboo.com crédits texte: l’express magazine JOHN DIVOLA crédit photo: Viceland.com

CIBUS FOOD DESIGN, AVENTURES SENSIBLES crédit photo: zestforart.com, blog.2modern.com crédit texte: Artazart, huguetpourebullition.ultra-book.com

VESTIS NYMPHES & DÉESSES crédit photo: Eugène Rubin, Salvadore Ferragamo crédits texte: Anne-Marie Clais, L'Officiel, Vogue HORROR PICTURE TEA crédit photo: Spray magazine crédits texte: Yann Le Chatelier MODE IN FRANCE crédit photo: Spray magazine crédits texte: Spray magazine BACK IS BACK crédit photo: L'Officiel

PEREGRINATIO THE GOUTTE D'OR crédit photo: Magnum/Martin Parr crédits texte: Didier Méreuze évène

ARCHITECTURA MODUL-OR crédit photo: 3-b-s.eu, ilovebelgium.be, espritdavant.com, mediadomino.com, technoeroticism.blogspot.com crédit texte: midi libre, lenombredor

ZAC MASSÉNA crédit photo: www.flowersway.com/visite/station-de-flaine-768, zphoto.fr crédits texte: contemporart.voila.net/portzamparc.htm L'HOMME ET SES OUTILS crédit photo: Life magazine

FORUM CONTAINER PROJECT crédit photo: Flickr crédits texte: www.exyzt.org

DIRECTION ARTISTIQUE

4

Alice Joulot

Céline Martin_Dupont

Benoit Berger

Jérémy Bertrand

www.alicejoulot.fr alicejoulot@gmail.com

www.celinemartindupont.fr c.martindupont@gmail.com

www.benoitberger.fr bennysheperd@gmail.com

www.jamesbertrand.com jamesbertrand.com@gmail.com

OURS

_


04. SALTATIO (DANSE)

_ LA DANSE EN HÉRITAGE Les compagnies en héritage

10. FORUM (SOCIAL)

02. THEATRUM

PARIS

(THÉÂTRE)

05. MUSICA

_

(MUSIQUE)

CONTAINER PROJECT Cinémathèque Française

_ GEORGES BRASSENS

_

à la Cité de la Musique

ARIANE MNOUCHKINE & le Théâtre de la Cartoucherie

TROMPETTES DE LA RENOMMÉE Hommages à Brassens

08. PEREGRINATIO

LILLY WOOD & THE PRICK

(VOYAGE)

Invicible Friends

_ THE GOUTTE D’OR Voyage dans Paris

01. EXPOSITIO (EXPOSITION)

_ UNE NOUVELLE ÈRE

ZÉLA

Le renouveau de la Gaîté

MAGAZINES

03. IMAGINATIO

Magazine & JSBJ

(CINÉMA)

MAGDA DANSTZ

_

Le Paris des galeristes

STANLEY KUBRICK

09. ARCHITECTURA

Cinémathèque Française

(ARCHITECTURE)

_

CINÉASTES DE NOTRE TEMPS Centre Pompidou

TOMBOY de Céline Sciamma

1, 2, 3 MODULE Un espace, mille solutions

06. CIBUS

Z.A.C. MASSENA

(GASTRO)

Un cas pratique

_

MAGDA DANSTZ

FOOD DESIGN AVENTURES SENSIBLES

Le Paris des galeristes

au Lieu du Design

07. VESTIS (MODE)

- 4185 km NYMPHES & DÉESSES Légèrement antique.

VENI, VIDI, VICI

HORROR PICTURE TEA New Spot

En latin classique est une célèbre expression employée par Jules César en 47 av. J-C. Elle peut être traduite en

MODE IN FRANCE

français par « je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ». Par son

Home Sweet Home

laconisme typiquement latin, cette phrase devint célèbre pour désigner tout succès foudroyant. D’après Plutarque, cette phrase est extraite de son rapport au Sénat romain après sa victoire rapide et inespérée, près de Zéla, en - 47, sur Pharnace II du Pont, que Jules César détrôna en un laps de temps très court.

SOMMAIRE

_

5



Les cubes lumineux de la Gaîté Lyrique.

EXPOSITIO [EXPOSITION[

JOURNAL


EXPOSITIONS 01.

NOUVELLE ÈRE LA GAÎTÉ LYRIQUE

LA GAÎTÉ LYRIQUE, FERMÉE DEPUIS 20 ANS, A ROUVERT SES PORTES AU PUBLIC CE MERCREDI 2 MARS. AU PROGRAMME : EXPLORATION DE TOUTES LES FORMES DE LA CULTURE DIGITALE, PERFORMANCES, INSTALLATIONS, EXPOSITIONS, CONCERTS, SPECTACLES, DÉFILÉS... UN LIEU IMMENSE, DÉDIÉ AUX ARTISTES AUTANT QU’AU PUBLIC, DANS L’ÉCRIN D’UN ANCIEN THÉÂTRE À L’ITALIENNE. VISITE GUIDÉE.

«Surface refinement» durant le live vidéo de Télématique.

Matt Pyke, l’un des designers les plus innovant et attachant de sa génération, a contribué à la popularisation du motion design dans le monde. Après une reconnaissance artistique en 2009 avec l’installation Forever au Victoria & Albert Museum de Londres, Matt Pyke relève le défi d’une première exposition monographique avec onze œuvres et installations originales pour la Gaîté lyrique. _

des collaborateurs dans le monde entier travaillant sur des projets concernant le monde de l’internet, du cinéma, de l’imprimerie, de la mode, de l’intérieur et des expositions pour un éventail de clients internationaux. Matt Pyke a présenté le monde d’Universal Everything devant plus de 750 personnes lors de la conférence semi-permanente de The

Le genre a vu le jour, à la fin des années 90s, dans les bas-fonds de New York. Quelques musiciens «transgenres» faisaient feu de tout bois, n’hésitant pas à mélanger le hip hop et le dub, des dialogues de films et du jazz, des musiques moyen-orientales et des breakbeats, etc. Le tout, dans une «ambiance» très sombre et tourmentée… _

Barbican, à Londres, et à Visuelt’11 à Oslo, en Norvège. L’artiste anglais de 36 ans développe, avec ses proches collaborateurs, une vision sensuelle et très pop des nouvelles technologies. D’apparence par-

VISOMAT INC. + TELEMATIQUE

fois naïves, ses œuvres s’appuient sur des développements numériques complexes, élaborés à partir d’une subtile

En jeune prodige doué pour les pla-

appréciation du vivant et de la nature.

tines, bénéficiant de plus d’une solide

dans la petite salle, d’étranges formes

formation universitaire (philosophie +

Inspiré par les façades ornementées et les moulures structuralistes qui décorent Berlin depuis toujours, visomat inc. et télématique présentent l’installation «Surface refinement / cinder block» _

primitives s’agitent au son de percus-

littérature française) et d’une curiosité

sions tribales et de mantras.

artistique aussi rare que pertinente, DJ

Ici, un monstre tantôt grizzly psychédé-

Spooky est devenu le symbole de ce

Visomat a été formé au milieu des années 90 comme un pont jeté entre l’art média

lique tantôt homme pierre ne cesse de

mouvement qu’il a un temps essayé

A travers son studio Universal Eve-

muter. Là, un bloc monolithique invite

de théoriser dans des articles puisqu’il

rything, Matt Pyke déploie de multiples

à un ballet moléculaire. Sur la mezza-

cumule aussi la fonction de journa-

et la culture club typique de Berlin, avec comme objectif principal de visualiser la musique. Parallèlement à leur travail musical, visomat inc. a progressé dans la voie

explorations graphiques - création de

nine, des danseurs se battent contre

liste / écrivain (cf. Des palimpsestes

du design d’intérieur et objet lié au média. Pour Berlin Next! visomat inc. a créé une

logos animés pour MTV, Warp ou en-

un ouragan sonore avant de retomber

et de la parataxe ou comment faire un

structure de blocs de polystyrène de 35m2. Elle devient une surface de projection où

core aol., films d’art pour Nokia, Audi

en poussière. Des cabinets de curiosi-

mix, publié en français dans la revue

ou Chanel. Le collectif Universal Eve-

tés présentent une peuplade de fossiles

Nomad’s Land) ! De la théorie à la pra-

rything a été fondé par Matt Pyke en

synthétiques, tandis que devant le foyer

tique, il n’y a qu’un pas et on le retrouve

2004, après 8 ans dans le célèbre studio

historique on plonge dans le cerveau en

aux côtés de Sub Dub, du bien nommé

lancer dans le monde du clubbing. Son travail est plus expérimental et cherche à

The Designers Republic à s’occuper du

ébullition d’un certain Matt Pyke.

Byzar et de We sur la compilation-ma-

développer des paysages visuels dans lesquels vont s’épanouir l’architecture du lieu

design de la music, de la vente au détail,

la géométrie et l’orde des blocs sont brisés. Le design sonore est créé par Tob Jona. Telematique a un parcours presque opposé, venant des arts plastiques avant de se

et la musique de la soirée. Toujours à la recherche de nouvelles techniques de créa-

de la mode, de l’architecture, de la publicité et de projets de diffusion à travers

tion et de nouveaux systèmes de contrôle, Telematique compte aujourd’hui parmi

la planète. Universal Everything est un

les meilleurs live vidéo de Berlin.

studio créatif multidisciplinaire avec

2011-03

SURFACE REFINEMENT Installation GAITE LYRIQUE

2009-07

2010-09

PULSE INTERFACE Installation Biotronik

ZDF NEO

BERLIN

Fair Stand BERLIN

2009-01

HALBZEUG 2010-04

Installation

BLACK NOISE

BERLIN

Video Live PANTHA DU PRINCE

2008-09

RAND STAND 2 2009-12

Publication Frame

BUNTE SCHOKOWELT

AMSTERDAM

Installation Ritter Spot BERLIN

8

JOURNAL

DJ Spooky et sa musique ne se réduisent pas à un genre particulier mais son nom reste attaché à ce que l’on a appelé l’illbient, contraction entre «illness» (maladie) et ambient.

nifeste de ce courant édité par le label Asphodel, Incursions In Illbient. Son album Necropolis (Knitting Factory) nous offre une «vision» plus exhaustive de cet univers assez névrosé. De même


01.

EXPOSITIONS

1.

VENI

Espace de création et de diffusion d’une surface de 11 000 m², la Gaîté Lyrique est entièrement vouée aux musiques actuelles et aux arts numériques. Situé dans le 3e arrondissement, au 3bis de la rue Papin, la Gaîté lyrique vous accueille tous les jours sauf le lundi.

2. Une rénovation de plus de 85 millions d’euros par la mairie de Paris, et un bâtiment de 9500m2 pensé par l’architecte Manuelle Gautrand.

Cubes de la Gaîté Lyrique.

tonalité «dub & breakbeat» beaucoup plus prononcé mais toujours ambient

vaux) pour créer un univers de sons qu’il joue lors de ses improvisations avec de nombreux artistes. _

réalisateur français Vincent Moon, avec qui il va traverser le monde pour documenter les espaces musicaux & partager

et obscur… Ces trois références étant

sa musique avec tous les musiciens qu’il

parues en 1996.

croisera lors de ces voyages.

Ensuite, il n’aura de cesse de se diver-

Sa musique se nourrit essentiellement

sifier. Métis né en 1970 à Washington

d’expériences dans d’autres domaines

aux Etats Unis, Paul D. Miller aka DJ

que celui purement musical.

Spooky «That Subliminal Kid» semble

Pour apprendre à jouer comme un dieu, Pedro Soler est passé par la dure -mais formatrice- école de l’expérience. Accompagnant diverses compagnies de chant et de danse dans la plus pure tradition flamenca, il s’est forgé un style à la force du poignet. _

vouloir remonter ou devancer le temps. Très œcuménique, il travaille aussi bien avec Xenakis ou Steve Reich que des rappeurs comme Kool Keith et Killah Priest ! Question d’ambiance, donc… Et sur ce plan, il est devenu un maître comme le prouve aussi ses collaboraIl a plusieurs projets avec des danseurs

The Dead) et The Freight Elevator

comme Nina Dipla (qui a travaillé avec

Quartet (File Under Futurism qui com-

Pina Bausch) ou Moeno Wakamatsu

bine e-jazz, drum-n-bass et ambient).

(qui a travaillé avec Merce Cunnin-

Sans oublier ses mixes cinématogra-

gham, Masaki Iwana…), avec des

phiques — singulièrement son «détour-

acteurs français (Anne Alvaro, Serge

Certes, Pepe de Badajoz, son inspirateur

nement» sonore de Birth of a Nation de

Pey…), avec des musiciens electro-

et son maître, lui avait transmis l’essen-

D.W. Griffiths — qui contribuent à re-

niques (J_Mahtab, A. Yterce, Joakim

tiel de son savoir. Puis, le chanteur Ja-

définir et faire de l’ambient une «mantra

de Tigersushi… ), des musiciens pop

cinto Almaden lui a inculqué les secrets

urbaine»; pour paraphraser le titre d’un

(Ramona Cordova, Damo Suzuki,

et les recettes de l’accompagnement au

de ses albums paru en 2002.

Cali…), flamenco avec Pedro Soler

cours de multiples tournées internatio-

(ils ont joué à la Philharmonie de Ber-

nales.Toujours au cours de spectacles, il

lin, Novembre 2007), ou d’autres

est amené à jouer derrière «la Joselito»,

concert très spéciaux comme un duo

la célèbre danseuse qui lui apprend les

avec un masseur allemand sur un mar-

divers styles liés aux non moins diverses

ché de Noël à Berlin, un projet musical

danses du Flamenco. Peu à peu, Pedro

fou à propos de Sciences Physiques &

Soler prend son envol en solo. Il est

d’animaux domestiques intitulé « Le

très vite remarqué pour la pureté de

Chat de Schrödinger »…Sans cesse à

son style et l’étonnante sonorité qu’il

la recherche de nouvelles expériences

tire de sa guitare. Commence alors une

artistiques, il est maintenant aussi impli-

carrière mondiale ponctuée de jolies co-

qué dans de nombreux projets avec le

élaborations.

Gaspar Claus a commencé le violoncelle à l’âge de 5 ans. De ses longues études en conservatoires auprès de grands professeurs comme Philip Muller (CNSM, Paris) il a gardé une partie des acquis techniques. Mais ses recherches actuelles reposent sur une exploration des capacités de son violoncelle au delà de son utilisation classique. Il utilise tout le corps de l’instrument (bois, métal & crins de che-

VIDI

tions avec Scanner (The Quick And

31.03.2011

BETON LA GAÎTE LYRIQUE, PARIS Music: Bogger, Miwon Video: u-matic, telematique _

29.03.2011 - 05.04.2011

VICI

que Songs of a Dead Dreamer, sur une

VIDEO INSTAL. SURFACE REFINEMENT LA GAÎTE LYRIQUE, PARIS Sculpture: visomat inc. Video: telematique, visomat inc. Audio: tob jona

JOURNAL

9


EXPOSITIONS 01.

MAGAZINE LE FREEPAPER MAGAZINE @12MAIL

SI DEPUIS SA CRÉATION 12MAIL S’EST INTÉRESSÉ À DES DOMAINES AUSSI DIVERS QUE LA MODE L’ILLUSTRATION, LA MUSIQUE POPULAIRE OU LE GRAPHISME, LA PRESSE OCCUPE, MALGRÉ L’OMNIPOTENCE D’INTERNET, UNE PLACE PRÉPONDÉRANTE DANS NOS PRÉOCCUPATIONS. APRÈS SANG BLEU, MAGAZINE CONTRIBUE À L’ÉMERGENCE D’UNE PRESSE MAGAZINE IDENTITAIRE GAY CHIC ET LETTRÉE.

Le nouveau Fanzine Bleu de JSBJ

Non par goût du mot « Magazine », mais pour saluer une presse indépendante, qui décrypte les tendances sans jamais courir derrière. Magazine délivre au fil des numéros un regard lucide, souvent clairvoyant et _ parfois visionnaire sur ce milieu.

plus élaborées. Citons le « off record »

Michel Mallard, Ramdane Touhami,

(interview anonyme d’un professionnel

Payam Sharifi, Sanghon Kim, Ich &

A l’heure où Magazine lance sa nouvelle

qui explique les mécanismes de son mé-

Kar, DeValence, Loran Stosskopf, H5,

tier), « désaffection », dont chaque texte

Thomas Lenthal, Peter Knapp, Leslie

débutait invariablement par « je n’aime

David, Ill studio entre autres…

pas… », ou encore « rencontre » qui,

Un jour, pas après 10 mais 11 ans, nous

sous prétexte de présenter un inconnu,

avons élaboré une nouvelle formule et

nous parle d’ici et de maintenant. Aucun

tout a changé ou presque : Magazine

formule, quelques mots d’Angelo Ciri-

journaliste au sens classique ne faisait

devient payant, dos carré, diffusion en

mele sur leur exposition à 12Mail :

partie de la rédaction de la première

kiosque, même en province. Continuité

« Un magazine sur les magazines, ce

formule ; nous nous sommes adoucis…

éditoriale, mais des séries mode inédites.

n’était pas juste un pied de nez à la fin

forme changeait aussi sûrement que son

— UN MAGAZINE DE MAGAZINES, CE N’ÉTAIT PAS JUSTE UN PIED DE NEZ À LA FIN DES ANNÉES 90, MAIS LE SENTIMENT QUE LE MODÈLE DES MAGAZINES CULTURELS ÉTAIT DERRIÈRE NOUS —

contenu. Une esthétique « suisse » (vu d’ici) s’est peu à peu installée, beaucoup

des années 90, mais le sentiment que le modèle des magazines culturels était derrière nous et que l’avenir était au lifestyle, en français : ce terrain parcouru par la mode, l’art et le design, avec beaucoup d’images si possible. Magazine est paru en septembre 1999 et a été fondé par Alexandre Thumerelle qui quittera l’aventure deux ans plus tard et moi-même. À partir du numéro 5, son directeur artistique,Yorgo Tloupas, propose que le graphisme soit confié à un directeur artistique différent à chaque numéro. Magazine n’était à la

avec un sticker en couverture qui cache puis dévoile un élément, des cahiers texte plus étroits, différents papiers… Le magazine sur les magazines continue sous une autre forme. L’exposition à 12Mail mettra à profit les deux espaces pour présenter l’ancienne et la nouvelle formule, une sorte de making of avec une anthologie des anciens numéros et des DA invités, des objets customisés, une mise en exergue des « interviews

JSBJ

insiders » ainsi que des séries mode. À l’occasion de L’exposition Magazine

Magazine, un CD tracklisté par Qoso, formule sera édité et numéroté à 300

Le collectif de photographes Je Suis Une Bande De Jeunes lance une collection de fanzines au format récurent. _

Magazine était gratuit, ce qui permettait

exemplaires. 12MAIL est un espace

Après leurs premiers fanzines compilant les travaux de plusieurs photographes, le

de mêler insiders et hasards de distri-

d’exposition et de rencontre où vous

de blancs et des choix tranchés : nom du

bution, une manière de choisir les lieux

pourrez découvrir des artistes et collec-

magazine en pied de page, textes non

avant d’être choisi par les lecteurs. Ma-

tifs de talent, dans des domaines tels que

illustrés, portfolios libres… Nous avons

gazine était parisien – pourquoi la pro-

l’illustration, le graphisme, la photo ou

collection : cahier agrafé à couverture souple avec photo contrecollée.Les premiers

invité beaucoup de DA à participer à ce

vince ?Au fil des numéros nous avons eu

la mode.

titres à voir le jour sont limités à 50 exemplaires chacun et sont l’oeuvre de Jérémie

petit jeu, on aurait pu en faire un livre,

le plaisir de collaborer avec des DA tels

nous avons choisi une exposition.

qu’ Harri Peccinotti, Sophie Toporkoff,

Un magazine nommé Magazine se

Christophe Brunnquell, Laurent Fétis,

devait aussi de proposer des rubriques

Surface to Air, Eem, Antoine & Manuel,

fois jamais et toujours le même et sa

Nº2 - VOL.2 -

DA YORGO TLOUPAS

10

Magazine est devenu un autre objet,

Nº1 - VOL. 2 -

DA YORGO TLOUPAS

Nº55 -

musicien et DA associé à la nouvelle

collectif Je Suis Une Bande De Jeunes, a décidé de créer une collection de mini monographies. Le format compact et le façonnage seront les traits distinctifs de cette

_

Egry (Etrange Stabilité) et d’Aurélien Arbet (Hiatus), deux des quatre fondateurs MAGAZINE MAGAZINE Du 1er avril au 10 juin 2011 Vernissage le vendredi 1er avril de 18h à 21h. 12 rue du Mail 75002 Paris.

DA ERIK HABERFELD

Nº54 -

du collectif. Deux nouveaux fanzines sont déjà prévus pour la rentrée. Souhaitons à cette collection un avenir prospère.

DA ANDREW WOODHEAD

JOURNAL

Nº53 -

DA THOMAS LENTHAL

Nº51 -

DA MILO KELLER & JULIEN GALLICO


01.

EXPOSITIONS

MAGDA DANYSZ LE PARIS DES GALERISTES

VENI

LA GALERIE MAGDA DANYSZ PROMEUT ET SOUTIENT LES JEUNES ARTISTES, MAGDA DANYSZ VEUT FAIRE CONNAÎTRE LES NOUVELLES TECHNIQUES ET LES NOUVEAUX TALENTS. L’AUTRE OBJECTIF DE LA GALERIE MAGDA DANYSZ, EST DE FAVORISER L’ACCÈS À L’ART, DÉMOCRATISER L’ART CONTEMPORAIN. MAGDA DANYSZ SOUHAITE QUE SA GALERIE SOIT UN LIEU DE DÉCOUVERTE QUI S’ADRESSE À TOUS.

JR @ Ted Prize 2011

die, rue Amelot. Outre le street art – son

calligraphie signé JonOne. Pourquoi pas

fer de lance pendant de nombreuses

Moganshan Lu, la friche où s’activent

années, en passe, enfin, de gagner ses

de nombreux artistes et marchands

lettres de noblesse auprès du grand pu-

shanghaïens ? «C’est devenu un squat

blic –, son engagement auprès d’artistes

au bon sens du terme, avec des travaux

comme Miss Van, Obey, Erwin Olaf ou

d’étudiants, des accrochages sauvages,

encore son engouement récent pour

mais aussi des éditions pas toujours

cette veine pop surréaliste de peintres

La voix cassée par les vols long-cour-

très bien contrôlées. À Shanghai, l’art

nord-américains vomissant la culture

riers, mais les yeux injectés d’adréna-

est aussi traditionnellement plus épar-

Disney, lui ont permis d’imposer une

line, Magda Danysz décrit son speed

pillé : chaque quartier doit posséder ses

certaine audace.

dating avec Shanghai : une ville où

logements, ses commerces, son école et

Très liée avec le collectif ArchiLab,

«l’énergie est dingue partout, à l’image

sa galerie. Cette vision de l’art comme

Magda défend aussi beaucoup les arts

du New York des années 90 dont j’étais

maillon d’un système me donne l’espoir

numériques et revendique à ce titre sa

mordue», dit-elle. «J’envisageais plutôt

que les choses y soient plus intégrées à

présence au conseil d’administration

de me développer à Los Angeles, et puis

la société. Lise jouait vraiment le rôle de

du Cube. «Je suis complètement geek,

Portrait de Magda Danysz

cela désespère un peu mon mari d’ailleurs», confie-t-elle. L’intéressé, Antoine

JR & TED —

Barrère, un antiquaire spécialisé dans les arts asiatiques, pourra désormais se consoler de la voir prendre la même direction que lui à l’aéroport, puisqu’elle compte passer une semaine par mois à

En octobre dernier, l’artiste français JR recevait le prix TED pour l’ensemble de son travail depuis 10 ans. Au-delà de la reconnaissance de la communauté TED, ce prix engage surtout son bénéficiaire à annoncer un “voeu” quelques mois plus tard.“A wish to change the world” – simple, non ? _

Shanghai. Droguée à la nouveauté, mais

Le nom de l’heureux élu du prix TED 2011 tient en deux lettres : JR. Le photo-

soucieuse de stabiliser ses acquis, où se-

graphe français vient d’être récompensé pour l’ensemble de son travail depuis dix

ra-t-elle demain ? De ses mille et un projets à vous donner le tournis émergent

ans.Tout a commencé en 2000 avec un appareil photo trouvé dans le métro parisien.

la tentation du fundraising, «mais dans

Depuis, JR n’a plus lâché le déclencheur et il s’est offert le luxe de la plus grande

le public et au service des institutions»

galerie d’exposition au monde : la rue.

et, plus personnelle, celle d’un enfant : ça a été le coup de foudre. Très vite, j’ai

V. R. P. pour le 13e arrondissement ! Elle

«Il me suivrait partout, je le prendrais

rencontré des gens et insisté pour qu’ils

m’a fait visiter plusieurs locaux dont les

par la main et lui montrerais le monde.»

me trouvent un lieu, n’importe quoi,

tarifs étaient accessibles car nous étions

même un cagibi ! » Un an plus tard, c’est

les premiers occupants, et aussi présenté

sur le Bund, le quartier d’affaires, sur le

messieurs Perrotin, Praz-Delavallade et

port, où siègent déjà quelques galeries

d’autres fraîchement installés dans ce

mais surtout les plus beaux hôtels de la

nouveau quartier artistique.» Depuis,

mégapole, qu’elle inaugure son nouvel

la Galerie Magda Danysz s’est agran-

Télérama Sortir _ GALERIE MAGDA DANYSZ 19, rue Emile Durkheim 75013 Paris. tel. : + 33 (0)1 45 83 38 51

VIDI

espace avec un show mêlant graffiti et

À 34 ans, cette jolie Parisienne d’origine polonaise fête les 10 ans de sa galerie d’art, en inaugure une seconde à Shanghai et publiera en octobre une anthologie du mouvement street art. Son itinéraire est fulgurant. Mais qu’est-ce qui fait courir Magda ? _

Ancrées dans la mouvance des activistes urbains, ses actions investissent l’espace public de manière magistrale. Les très grands formats qu’il colle sur les murs de nos villes transforment à la fois notre regard et notre environnement. Dans une société gavée d’images, celles de JR ont un impact hors normes. Elles redessinent la géographie de notre quotidien visuel et replacent l’humain au premier plan. Cerise sur le gâteau, JR refuse catégoriquement de se mettre en avant. Il n’apparait jamais claire-

VICI

ment sur les photos, son identité n’est pas connue du grand public.

JOURNAL

11


OUTILS VANDALS _

ANGELA BOATWRIGHT

12

JOURNAL


JOURNAL

13


THÉÂTRE

02.

ARIANE MNOUCKINE LE THÉÂTRE DE LA CARTOUCHERIE

C’EST EN MONTANT UNE TROUPE UNIVERSITAIRE À LA SORBONNE QU’ARIANE MNOUCHKINE DÉBUTE LE THÉÂTRE. AVEC PHILIPPE LÉOTARD, ELLE FONDE EN 1964 LE THÉÂTRE DU SOLEIL QUI S’INSTALLE DANS L’ANCIENNE CARTOUCHERIE DE VINCENNES, SALLE QUI DEMEURE L’UNE DES PLUS DYNAMIQUES DE FRANCE.

Ariane Mnouchkine.

02.

THÉATRE —

1965 _

1966 _

1967 _

LES PETITS BOURGEOIS,

LE CAPITAINE FRACASSE, DE THÉOPHILE GAUTIER.

LA CUISINE D’ARNOLD WESKER,

Théâtre Récamier

Théâtre Montmartre

DE MAXIME GORKI, M.J.C. DE LA PORTE DE MONTREUIL.

Théâtre Mouffetard

14

JOURNAL

ADAPTATION PHILIPPE LÉOTARD.


02.

THÉÂTRE

Ariane Mnouchkine, née le 3 mars 1939 à Boulogne-Billancourt, est metteur en scène de théâtre et animatrice de la troupe qu’elle a fondée en 1964, le Théâtre du Soleil. Elle est également scénariste et réalisatrice de films.

VENI

Nommée le 25 juillet 2007 par les membres du Collège de France, professeure associée pour une période de douze mois à la chaire de Création artistique, elle refuse d’abord le poste, croyant le devoir à Nicolas Sarkozy, avant d’envisager de l’accepter, ne voulant « pas faire de caprice auprès de gens que j’admire et que j’aime », pour finalement le décliner.

Représentation au Théâtre de la Cartoucherie.

La Cartoucherie. Le bois de Vincennes. Encore à Paris et déjà à la campagne. De sa petite chambre bureau à l’entresol du Théâtre du Soleil, Ariane Mnouchkine peut apercevoir les visiteurs. Mais, lorsqu’il fait beau, c’est dehors qu’elle les reçoit, installée sous les arbres décorés de loupiotes. _

ger le monde » comme elle le dit ? Ses

J’en connais trop les dangers ».Cosmo-

spectacles en témoignent. Ses actes aus-

polite, ouverte à l’universel, à l’image

si. En 1995, elle a participé à une grève

des 28 nationalités, brassant toutes

de la faim contre la guerre en Bosnie. Un

les générations de 18 à 71 ans (l’âge

an plus tard, elle accueillait au Théâtre

d’Ariane Mnouchkine) et représentant

du Soleil les sans-papiers expulsés de

25 langues, qui la composent. « Mais le

l’église Saint-Bernard. Le 12 octobre

français est langue obligatoire », précise-

dernier, elle appelait spectateurs, amis

t-elle en riant.

Avenante, rattrapant, d’une main, ses

et professionnels à défiler à ses côtés

Cette fidélité aux principes d’origine

cheveux gris qui flottent au vent, elle

contre la réforme des retraites « telle

explique sans doute la longévité de son

propose un café, faisant oublier, dans un

qu’elle est imposée ». En demandant

Théâtre et la fascination qu’il exerce sur

grand sourire, combien l’obtention d’un

les jeunes générations. Ariane Mnouch-

que certains lui attribuent ? Femme de

— C’EST LE PUBLIC QUI NOUS FAIT VIVRE. C’EST POUR LUI QUE NOUS TRAVAILLONS, QUE NOTRE BUDGET DÉPEND —

caractère, Ariane Mnouchkine n’est

un référendum d’initiative populaire,

scène théâtreale française. »

pourtant pas femme de caprice. Éner-

elle dénonce « l’arrogance et la malhon-

« C’est le public qui nous fait vivre. C’est

de Vincennes. Ils ont bravé le froid et traversé le bois pour assister à la dernière créa-

gique, certes, parfois brusque, en per-

nêteté » lorsqu’on exige qu’on arrive «

pour lui que nous travaillons. Notre

tion du théâtre du Soleil, «Les Naufragés du Fol Espoir». Ce sont les inconditionnels

pétuel mouvement, elle sait aussi se

usé, les os de la hanche défaits », pour

budget dépend des recettes à 75 %. Sans

montrer douce, presque maternelle,

prouver que l’on a exercé un métier pé-

sa fidélité, le Soleil n’aurait pas tenu aus-

s’enquérant avec une aménité sin-

nible. Puis elle ajoute : «Quand la société

si longtemps. Le public vient ici comme

places il y a plusieurs semaines déjà, dès qu’ils ont vu les affiches dans le métro. Le

cère, avant même que la discussion ne

frappe à votre porte, comment la garder

à un rendez-vous. Comment ne pas lui

dessin sépia d’un bateau pris dans les glaces et au-dessous, cette inscription : «Les

commence, de vous, de votre famille,

fermée ?» Une «communauté de rêve»,

en être reconnaissant ? Comment ne pas

de La Croix – « Comment se porte le

loin du «communautarisme»

le convier à partager notre rêve d’une

journal ? On a besoin de lui. Surtout

Qu’on ne lui parle pas du Théâtre du

société idéale, d’hospitalité, de frater-

dans le monde actuel. » Un monde, se

Soleil comme d’un phalanstère replié

nité et de vie ensemble. J’aimerais que le

le rayonnement de cette ancienne caserne militaire devenue le village d’un théâtre

lance-t-elle, où l’« avoir » a pris le pas sur

sur lui-même dont elle serait le gourou.

Soleil soit un lieu exemplaire de ce que

populaire et citoyen au début des années 1970. Mais la Cartoucherie abrite d’autres

l’«être»…

À la rigueur, une communauté mais une

pourrait être la vie. Un service public,

Le ton est véhément. Dans sa bouche, il

« communauté de rêve », précise-t-elle.

même petit. C’est-à-dire «au service» du

n’est pas nouveau. N’est-elle pas entrée

Loin de tout « communautarisme » –

public. »

en théâtre, à l’âge de 20 ans pour « chan-

«ce seul mot me fait sauter au plafond !

de reports, de silences… avant qu’une date soit définitivement fixée ! Quant à la joindre à nouveau pour lui demander des précisions, la tentative relève de l’exercice vain. De quoi alimenter la réputation de « reine mère » de la Cartoucherie, autoritaire, sinon tyrannique,

kine en est fière, même si « notre époque ne favorise plus de telles aventures. Lorsque nous avons débuté, il y avait de l’enchantement. On nous attendait, on nous encourageait. Notre rêve fai-

THÉÂTRE DE LA CARTOUCHERIE —

sait partie de la société. Aujourd’hui, on n’arrête pas de dire qu’il ne faut plus rêver. Les écoles de théâtre ne préparent pas leurs élèves à des aventures collectives. Elles les lancent sur le marché de la

2003 _

2006 _

La navette déverse des grappes de spectateurs devant les grilles de la Cartoucherie

d’Ariane Mnouchkine (la première a eu lieu début février), ceux qui ont acheté leurs

représentations de ce spectacle auront lieu à la célèbre Cartoucherie.» Car oui, la Cartoucherie est célèbre, et le théâtre du Soleil est pour beaucoup dans

théâtres qui tentent d’exister dans l’ombre du Soleil : la Tempête, l’Aquarium, l’Epée de bois, le Chaudron. Bien que liés depuis leurs débuts par un même combat, ces

Didier Méreuze

1999 _

Il y a 40 ans, des troupes de théâtre décident de squatter une ancienne caserne dans les bois pour inventer un lieu de tous les possibles. En 2010, que _ reste-t-il de la Cartoucherie , cette aventure unique en son genre ?

VIDI

du combattant : huit mois d’attente,

TAMBOURS SUR LA DIGUE,

LE DERNIER CARAVANSÉRAIL,

LES ÉPHÉMÈRES,

D’HÉLÈNE CIXOUS.

CRÉATION COLLECTIVE.

CRÉATION COLLECTIVE.

La Cartoucherie

La Cartoucherie

La Cartoucherie

espaces ont chacun leur histoire et chacun leur destin.

Evène

VICI

rendez-vous peut relever du parcours

2010 _ LES NAUFRAGÉS DU FOL ESPOIR, CRÉATION INSPIRÉE D’UN MYSTÉRIEUX ROMAN DE JULES VERNE.

La Cartoucherie

JOURNAL

15


16


Stanley Kubrick.

03.

IMAGINATIO [ CINÉMA [

— STANLEY KUBRICK Cinémathèque _ Française.

CINÉASTES DE NOTRE TEMPS Centre Pompidou. _

TOMBOY

de Céline _Sciamma.

JOURNAL

17


CINÉMA 03.

STANLEY KUBRICK CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE.

DU 23 MARS AU 31 JUILLET, LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE ACCUEILLE UNE VASTE EXPOSITION CONSACRÉE AU CINÉASTE STANLEY KUBRICK ET PROPOSE UNE RÉTROSPECTIVE COMPLÈTE DE SES FILMS SUR GRAND ÉCRAN.

Stanley Kubrick.

Polar, guer re ou épouvante..., chaque film de Stanley Kubrick est un modèle du genre. Retour sur un cinéaste exigeant et mégalo, dont la Cinémathèque fait en ce moment la rétrospective à Paris. _

chaos. Pour tenter d’y voir clair, jouons

sociale, puis la chute. Tout au long du

à notre tour. Démontons la machine

film, Kubrick livre sur lui un certain

kubrickienne en neuf pièces essentielles.

nombre d’informations contradictoires: courageux, tricheur, détaché, sincère,

Artiste

arriviste, insensible, humain... C’est

C’est surtout avec 2001 : l’odyssée de

au spectateur de rassembler toutes

Dans le genre intimidant, il n’y a pas

l’espace (1968) que Kubrick devient

les pièces du portrait. Chez Kubrick,

mieux. A côté, Godard est presque un

l’Artiste, l’un des rares à avoir fusionné

« je » n’est pas un autre, il est quan-

rigolo - ce dernier n’a d’ailleurs pas

superproduction, cinéma expérimen-

tité d’autres qui s’affrontent sans cesse.

manqué de le moquer, voyant sans

tal et avant-garde du design. Dans ce

doute en lui un rival. Le génie écra-

space opera contemplatif, à la beauté

Humour

sant de Stanley Kubrick (1928-1999)

froide et géométrique, tout est pensé

A priori, pas vraiment la spécialité

fascine autant qu’il agace. Ses films

et supervisé avec un soin inouï, les cos-

maison. On a reproché à ce cinéma

font réfléchir, au risque de susciter des

tumes (inspirés de Courrèges) comme

géométrique d’être sévère et hautain.

sujets un peu barbants pour dissertation

le mobilier (les fameux sièges rouges

Les personnages qu’on voit rire sont,

de terminale : «L’être et le néant dans

Djinn d’Olivier Mourgue). Kubrick se

souvent, des monstres - la troupe de

2001 : l’odyssée de l’espace» ou «L’ori-

fait aussi peintre : dans Barry Lyndon, la

soldats qui s’esclaffent dans Les Sen-

gine de la violence dans Orange méca-

reconstitution du XVIIIe siècle inspirée

tiers de la gloire. Le rire peut tourner

nique». Mais c’est aussi du spectacle,

des toiles de grands maîtres (Ruysdael,

au grotesque : voir les Droogs d’Orange

souvent grandiose, destiné à un large

Gainsborough...) est un modèle tou-

mécanique, voyous clownesques en

public, avec le souci mégalomane de

jours inégalé. Chez Kubrick, le moindre

chapeau melon et slip kangourou sur

signer le film définitif dans chaque genre

objet est fétichisé, le moindre espace

leur tenue d’escrime. Dans les années

visité (film de guerre, science-fiction,

stylisé et configuré comme une instal-

1960, le cinéaste avait plus d’humour,

polar, épouvante, etc.). C’est là son trait

lation. De quoi se souvient-on le plus

grâce à un complice de choix, Peter

complet le 23 mars au prix de 220 euros, la Cinémathèque Française lui consacre

de génie : avoir poussé l’exigence artis-

dans ses films ? D’emblèmes. De tra-

Sellers, capable d’un triple rôle épous-

une énorme exposition qui se tiendra du 23 mars au 31 juillet 2011, sur 1000m2.

tique en obtenant une carte blanche des

cés complexes - le labyrinthe mythique

touflant dans Docteur Folamour. En

studios (la MGM, puis la Warner). Un

de Shining, par exemple, aux haies

débauché sarcastique dans Lolita, il est

géant, donc, qui n’avait rien d’un mau-

infranchissables comme des murailles.

inoubliable. Ivre mort avant d’être mort

2011 : L’ANNÉE KUBRICK —

En 2011, l’année sera kubrickienne ou ne sera pas ! Outre son intégrale en DVD et son magnifique livre d’archives édité par Tashen qui ressortent dans un coffret

Un autre hommage et pas des moindres va lui être également rendu : Le Festival

dit, à la différence d’Orson Welles. Amé-

de Cannes présentera en avant-première mondiale la version restaurée d’Orange

ricain, mais installé en Grande-Bretagne

Bataille

d’esprit à la figure du pauvre James Ma-

à partir de 1961, il aura réalisé en tout

Le nerf central. Chaque film présente

son, rendu fou par sa nymphette blonde.

treize longs métrages - nombre idéal

une situation conflictuelle - une guerre

mécanique. Les cinéphiles pourront découvrir ou redécouvrir ce chef-d’oeuvre «kubrickien» en présence de Malcolm MacDowell, «le 18 ou 19 mai», a indiqué le

tout court, il lance de savoureux mots

pour ce grand amateur de symboles,

entre des nations pour la suprématie

Machine

délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, lors de la présentation à

de combinaisons, de jeux d’échecs.

du monde, une guerre dans le couple,

Difficile, voire impossible de s’iden-

la presse de cette exceptionnelle exposition à la Cinémathèque Française. Malcolm

Conquérir l’univers pour en découvrir

une guerre à l’intérieur de soi. Voyez

tifier aux personnages. L’individu est

le secret faisait partie du programme de

le portrait de Barry Lyndon, ce jeune

un pion dans une organisation sociale

ses films, sièges d’une bataille constante

Irlandais du XVIIIe, d’extraction mo-

qui le dépasse. Dans 2001, Kubrick

entre la raison et la folie, l’ordre et le

deste, dont on nous raconte l’ascension

retourne même notre compassion

MacDowell donnera par ailleurs une master class sur La Croisette. Adam Ikx

TRAITÉ DU COMBAT MODERNE, Stanley Kubrick

“J'AI UNE CERTAINE FAIBLESSE POUR LES CRIMINELS ET LES ARTISTES; NI LES UNS NI LES AUTRES NE PRENNENT LA VIE COMME ELLE EST.” 18

JOURNAL


03.

CINÉMA

26 JUILLET 1928

1945

1948

1968

7 MARS 1999

Naissance à New York.

Photographe chez Look Magazine.

Épouse Toba Metz, camarade de classe dont il divorce trois ans plus tard.

Oscar des effets visuels pour «2001, l’Odyssée de l’Espace».

Décès d’une crise cardiaque à l’âge de 70 ans.

VENI

EN QUELQUES DATES

Tournage de 2001, l’Odyssée de l’Espace.

contre l’humain : c’est lorsque l’ordi-

de Schubert (Barry Lyndon), Le Beau

Sentiers de la gloire (interdit en France

nateur tout-puissant agonise et implore

Danube bleu, de Strauss (2001), sont

durant dix-huit ans). Stanley Kubrick

la pitié de l’astronaute que l’on est

aujourd’hui des hits. Kubrick aime

est pourtant aussi puritain que pervers.

ému... Avant de partir au Vietnam, les

les cymbales, le symphonique. Trop ?

Du sexe, il y en a dans ses films, mais il

soldats de Full Metal Jacket subissent,

A force d’être en majesté, la musique

attise l’obsession - c’est donc tout sauf

eux, un véritable lavage de cerveau.

écoeure parfois.

sensuel - ou la peur. La séquence où Tom Cruise est démasqué au milieu

de sable qui provoque le pétage de

Roi (sans dame)

de la cérémonie orgiaque (Eyes wide

plombs : ce n’est pas l’homme qui inté-

Misogyne, Kubrick ? Tout porte à le

shut) est filmée comme de l’angoisse

resse Kubrick, mais la machine en lui.

croire. La femme n’existe pas. Au mieux

pure. Même si, dans ce dernier film, le

c’est un instrument de destruction

pessimiste Kubrick prend tout le monde

Mouvement de caméra

(Lolita) ou une gravure de mode triste

de court en offrant un ultime renverse-

S’il fallait retenir une figure de style

ment de perspective, avec, simplement,

Autre marque de fabrique : le zoom, en

— SA PARANO ET SON CULTE DE LA PERFECTION SONT DEVENUS LÉGENDAIRES. —

général banni par les grands cinéastes.

(Barry Lyndon). Le cinéma kubrickien

le contrôle absolu sur tout : la publi-

Kubrick l’anoblit, surtout dans Barry

est un monde d’hommes obsédés par

cité, l’état des copies, les conditions de

Lyndon, pour détailler le frémissement

le sexe, le pouvoir, la conquête sociale.

projection. Sa parano et son culte de la

d’un visage, ou la mouche divine au

Avec ses corollaires : impuissance,

perfection (il pouvait dépasser les cent

coin des lèvres de Marisa Berenson.

chute, déclin. L’exception, c’est Eyes

prises !) sont devenus légendaire. Juste

de Stanley Kubrick, ce serait le travelling arrière. Inattendu et impressionnant dans le dédale des tranchées des Sentiers de la gloire, où Kirk Douglas marche d’un pas décidé avant de lancer l’assaut. Hypnotique, à travers les salons de la soirée d’Eyes wide shut.

comme derniers mots : « Let’s fuck. » Tour Enfermé dans sa tour d’ivoire. C’est la vision qu’on a de ce créateur, souvent décrit comme un Barbe-Bleue misanthrope, réfugié dans son manoir anglais de Childwickbury. Qui gardait

wide shut. Le seul film où un person-

avant la première d’Orange mécanique

Musique

nage féminin fait jeu égal avec l’homme

à New York, il découvre que les murs

Le sceptique Kubrick n’est pas roman-

et témoigne même d’une plus grande

d’un blanc scintillant de la salle de pro-

tique pour un sou. Mais il se rattrape

lucidité que lui. Intelligence et beauté

jection se reflètent sur l’écran. Il exige

avec la musique, moteur fondamen-

réunies en Nicole Kidman, divinement

qu’ils soient repeints sur-le-champ (un

tal de toute son oeuvre. Elle n’est pas

bien filmée - impossible d’oublier sa

dimanche !) en noir. Jusqu’au bout,

illustrative : elle se mesure au récit,

chute de reins, l’une des plus renver-

l’obsession de faire mat.

objecte, réfute. Le réalisateur choisit des

santes de toute l’histoire du cinéma.

musiques célèbres ou qui le deviennent grâce à lui. La neuvième symphonie

Perversion

de Beethoven (Orange mécanique),

On connaît les scandales provoqués par

le trio en mi bémol pour piano et cordes

Lolita, Orange mécanique et même Les

VIDI

Programme infaillible, jusqu’au grain

Jacques Morice

_ EXPOSITION STANLEY KUBRICK Du 23 mars au 31 juillet 2011 51, Rue de Bercy 75012 Paris

DR. STRANGELOVE OR : HOW I LEARNED TO STOP WORRYING AND LOVE THE BOMB.

VICI

1964

JOURNAL

19


CINÉMA 03.

CINÉASTES DE NOTRE TEMPS CENTRE POMPIDOU

UNE INTÉGRALE EXCEPTIONNELLE DE LA SÉRIE SUR GRAND ÉCRAN, EN PRÉSENCE D’ANDRÉ S. LABARTHE ET DE NOMBREUX CINÉASTES ET INVITÉS. DU MERCREDI 27 AVRIL AU SAMEDI 9 JUILLET 2011.

Luis Buñuel.

Une intégrale exceptionnelle de la série sur grand écran, en présence d’André S. Labarthe et de nombreux cinéastes et invités. _

son horizon sur les contemporains

article de fond. Plusieurs événements

immédiats. À la manière d’un puzzle

et inédits émaillent la programmation

dont chaque nouvelle pièce viendrait

exceptionnelle proposée par le Centre

modifier le paysage, d’un corps vivant

Pompidou, réalisée avec le concours de

C’est une programmation d’ampleur

constamment innervé, les films de « Ci-

l’Ina et d’AMIP, notamment autour de

inédite, une toile mouvante compo-

néastes » et de « Cinéma, de notre temps

Seymour Cassel, Jean-Marie Straub,

sée de près d’une centaine de films qui

» font dialoguer d’un continent à l’autre

Nico Papatakis, Josef von Sternberg et

traversent l’art cinématographique, de

les époques et les générations, les styles,

Souleymane Cissé, de rushes inédits

Luis Buñuel, Raoul Walsh ou Friedrich

les points de vue, les interrogations.

restaurés par la Cinémathèque fran-

Wilhelm Murnau, jusqu’à Abbas Kia-

çaise avec des cinéastes hollywoodiens,

«Cinéastes de notre temps», devenue

— «AUTANT DIRE QUE NOUS AVONS ÉTÉ VIVANTS ENSEMBLE.» —

«Cinéma, de notre temps» lors de sa

Ils composent par là-même une lecture

Ceux qui n’ont pas encore découvert

reprise en 1988 sur Arte, après seize ans

transversale et, comme le relèvera André

les films tournés avec John Cassavetes,

de silence à l’image. Cette exception-

S. Labarthe, fournissent les outils pour

Shirley Clarke ou John Ford ne seront

nelle série est ici présentée dans son in-

«pénétrer, par des portes orientées dif-

pas prêts d’oublier l’intelligence, le rire

tégralité, augmentée d’inédits, de rushes

féremment, un même édifice qui est le

et les émotions qu’ils dégagent, comme

exhumés, et rehaussée de séances

cinéma». Une telle démarche, conçue

ils ne manqueront pas d’être sidérés par

Premier film de la série, ce portrait de Luis Buñuel se décline en deux parties : la

spéciales.

«à la manière obstinée du facteur Cheval

leur acuité.

première s’attache à retracer la vie de l’artiste et cinéaste surréaliste, la seconde est un

rostami, David Cronenberg ou Takeshi Kitano. Du mercredi 27 avril au samedi 9 juillet, les écrans du Centre Pompidou font la part belle à un ensemble d’émissions sur le cinéma inspiré par André S. Labarthe et Janine Bazin ; une série sans équivalent dans l’histoire audiovisuelle,

Rouben Mamoulian, Delmer Daves, Frank Capra et Elia Kazan, des frères Dardenne, de Luc Moullet, d’Hou Hsiao-hsien avec Olivier Assayas, Otar Iosseliani et Julie Bertuccelli, Chantal Akerman, Diourka Medveczky, Alain Cavalier, Marc’O, Claude Chabrol...

bâtissant son fameux palais pierre après

20

LUIS BUÑUEL : UN CINÉASTE DE NOTRE TEMPS —

De Robert Valey, 1964. Avec Luis Buñuel, Max Ernst, Adonis Kyrou, Pierre Prévert, Georges Sadoul, Michel Piccoli (narrateur). _

entretien avec l’auteur de L’ Âge d’or. « Ce qui m’a frappé, ce soir où je le voyais pour

L’aventure, inaugurée en 1964 sur la

pierre, au gré des matériaux que le ha-

L’esprit même de cette série tient dans

première chaîne de télévision, s’est

sard mettait sur son chemin», impliquait

la virgule adoptée pour son intitulé :

la première fois, c’est, dans ce visage assez terrible, un regard d’enfant, un sourire

profilée à contre-courant d’un projet

la collaboration de partenaires sensibles

«Cinéma, de notre temps». Tout entier

qui est le sourire de l’enfance. » François Mauriac, Le Figaro littéraire, mai 1964.

patrimonial, en écho réfléchi de ce que

à cette vision du projet. Dans un texte

convoqué et conjugué au présent, de

Labarthe, philosophe de formation,

donné au Monde en 1972, Labarthe

telle sorte que chacun d’entre nous,

insufflait dans son travail aux Cahiers

précisait : «Dès le début, pour la fabri-

un jour ou l’autre spectateur de cette

du cinéma – les fameux Cahiers jaunes

cation des émissions, nous avons fui les

fresque ouverte, puisse prendre à son

aucune anecdote qui n’ait son intérêt. Buñuel d’abord : on le voit assez peu. Dans la

où l’avait convié son ami André Bazin,

tâcherons et fait appel à des hommes–

compte le constat limpide formulé par

seconde partie, on le voit de plus en plus et bientôt on ne voit que lui. Le portrait est

brillant critique et théoricien dont la

cinéastes ou critiques–qui aimaient et

André S. Labarthe : «Autant dire que

réflexion a fortement imprégné la Nou-

connaissaient le cinéma et/ou que nous

nous avons été vivants ensemble.»

velle vague. C’est ainsi que « Cinéastes

savions capables de réaliser un por-

de notre temps » a d’emblée élargi

trait, un essai ou l’équivalent d’un bon

« Rapprochement de films anciens et récents, d’idées et de thèmes, témoignages qui sont comme autant de coups de projecteur. Aucun visage qui soit indifférent,

remarquable.» Jacques Siclier, Le Monde, avril 1964. Jeudi 28 avril à 19h30. - Cinéma 2 -

Valérie Cadet Journaliste et documentariste.

Suivi de L’ Âge d’or de Luis Buñuel.

1/

2/

3/

4/

5/

Chantal Akerman John Cassavetes Alain Cavalier

Manoel de Oliveira Abel Ferrara Philippe Garrel

Hou Hsiao Hsien Shohei Imamura Aki Kaurismäki

Abbas Kiarostami Takeshi Kitano Ken Loach

Norman Mac Laren Éric Rohmer

JOURNAL


03.

CINÉMA

TOMBOY DE CÉLINE SCIAMMA

VENI

CHRONIQUE SPLENDIDE ET SANS CONTREFAÇON D’UNE PETITE FILLE QUI PASSE POUR UN GARÇON.

Zoé Héran dans Tomboy.

Le cinéma de genre, on connaît : polar, comédie, aventures... C’est la grande majorité des affiches, l’éternel retour des mêmes recettes, des mêmes figures. Mine de rien, Tomboy propose une révolution copernicienne. _

petite soeur les y attendent. Très vite,

munauté enfantine suggère que l’iden-

il part à la rencontre de ses nouveaux

tité sexuelle est un bricolage, un jeu, une

petits voisins, autour de l’immeuble. A

convention. Mieux : ce qui reste en lui

la première fillette qui lui demande son

de féminin - ou considéré comme tel -

prénom, l’enfant répond : « Michaël. »

lui donne du prestige aux yeux d’une

Un spectateur vierge de toute informa-

petite voisine qui en tombe très amou-

tion n’y trouverait rien à redire. Puis

reuse : « T’es pas comme les autres. »

Non pas un film de genre, mais un film

sursauterait en entendant, quelques

Ne va-t-elle pas jusqu’à le maquiller en

sur le genre : féminin ou masculin. De-

scènes plus tard, la mère crier «Laure»

fille pour mieux l’aimer encore ? Trou-

puis combien de temps n’avait-on pas

pour faire sortir l’enfant de son bain.

blant marivaudage préado, confusion

vu le cinéma français s’emparer d’un

des sentiments, indifférenciation des

sujet aussi fort ? C’est une réalisatrice

Mais voici le plus troublant : une fois

genres... Pourtant, le simple fait de vou-

trentenaire, précise, délicate, déjà auteur

établi que Laure est une fille, on conti-

loir jouer les garçons, c’est reconnaître,

de «Naissance des pieuvres», qui or-

nuera à « croire » en Michaël, comme les

même en toute innocence, une diffé-

chestre ce récit palpitant, quelques jours

mômes du quartier. En ce sens, le film

rence irréductible entre les sexes.

d’été dans la vie d’un garçon manqué

devient un passionnant traité de mise en

(un tomboy), dont les désirs deviennent

scène, autant dire d’illusionnisme.

Cette différence viendra frapper plusieurs coups à la porte de Laure, qu’il

Une bonne fiction est une croyance

s’agisse de la naissance d’un bébé bio-

Qu’est-ce qu’une fille ? Qu’est-ce qu’un

communicative : entrée dans le secret

logiquement mâle à la maison ou de

garçon ? Il y a peu d’images du film

malgré elle, d’abord choquée, la petite

l’intrusion des adultes dans son monde

qui ne ramènent à cette question, mais

soeur sera bientôt complice, fan de

parallèle. Une violence extrême accom-

pour mieux la déconstruire. Sans dis-

Michaël, ne demandant qu’à suivre ce

pagne ce retour à un point de vue froide-

cours. A la force des situations. On ne

grand frère doué au foot, respecté par

ment extérieur. Céline Sciamma, vraie

voit d’abord du personnage principal

les autres garçons. Là encore, Céline

cinéaste, n’a pas besoin d’image choc :

qu’une nuque aux cheveux courts, puis

Sciamma montre combien les points de

un accessoire, une robe en l’occurrence,

une main, puis le visage, aux traits fins.

vue sont réversibles, du rejet à l’adhé-

suffit largement à figurer l’enfer. L’auto-

Il est en voiture, porte un débardeur, et

sion. Les parents ferment les yeux - le

rité parentale est alors moins en cause

malgré son âge (10 ans), son père (Ma-

père est trop heureux d’avoir un fils, et

que l’ordre social, inhumain. Dans sa

thieu Demy) lui apprend à conduire.

peu importe qu’il se prénomme Laure.

lucidité, l’épilogue de Tomboy garde

N’importe qui en conclurait qu’il s’agit

Comme par magie, Michaël triomphe

pourtant quelque chose d’exaltant. Le

d’un garçon : déjà un constat déran-

des pires obstacles.

petit sexe en pâte à modeler rangé dans

geant quant à nos conditionnements, nos conformismes.

VIDI

presque réalité.

la même boîte que les dents de lait tomAdmirablement interprété, tous âges

bées une à une, Laure a encore la vie

confondus, le film impressionne par

devant elle. Et mieux que la vie : l’âge

L’enfant découvre avec son père le

l’écart entre la simplicité de l’histoire et

des possibles, de tous les possibles.

nouvel appartement où la famille vient

la complexité des questions soulevées.

d’emménager. La mère, enceinte, et une

L’intégration facile de Michaël à la com-

Louis Guichard

CÉLINE SCIAMMA PEINTRE DU DÉSIR.

Web, séries télé, Buñuel... tout stimule

32 ans, a l’intelligence placide et sym-

Elle a hâte d’en découdre. « Je sais qu’on

Céline Sciamma, une cinéaste résolu-

pathique de ceux qui se font reconnaître

m’attend au tournant : en quatre ans, je

ment bien dans son époque. Cette se-

sans esbroufe. En 2007, il lui a suffi de

suis censée avoir eu le temps de chiader

maine, la cinéaste nous trouble avec

s’improviser réalisatrice – elle qui, dans

ma deuxième fournée. » Après Nais-

«Tomboy», son deuxième film après

la classe scénario de la Femis, n’avait ja-

sance des pieuvres, elle a repris sa plume

«Naissance des pieuvres». Une fic-

mais tenu une caméra – pour s’imposer.

de scénariste. Pour le grand écran (l’ov-

tion solaire et palpitante, qui raconte

Son premier long métrage, Naissance

ni pop Ivory Tower, d’Adam Traynor,

quelques semaines de la vie d’un «gar-

des pieuvres, nous immergeait dans les

avec le musicien Chilly Gonzales) et le

çon manqué».

eaux troubles des désirs adolescents.

petit (la série Les Revenants, bientôt sur

Voix grave, regard clair et perçant, grand

Avec Tomboy, c’est sur l’enfance que se

Canal+).

front de khâgneuse. Céline Sciamma,

penche la cinéaste, enfin de retour.

VICI

Mathilde Blottière

JOURNAL

21


DELPHINE GLEIZE

LE CINÉMA AU FÉMININ NOUVELLE GÉNÉRATION

MAÏWENN

22

JOURNAL

SOLVEIG ANSPACH


VENI CÉLINE SCIAMMA

VIDI

EMILIE DELEUZE

VICI

JULIE DELPY

EMMANUELLE BERCOT

JOURNAL

23


DANSE

04.

LA DANSE EN HÉRITAGE LES COMPAGNIES ORPHELINES

CONTINUER OU SE SABORDER ? LA DISPARITION DES CHORÉGRAPHES MAURICE BÉJART, PINA BAUSCH OU MERCE CUNNINGHAM POSE LA QUESTION DE LA SURVIE DE LEURS COMPAGNIES.

Lucinda Childs sur une chorégraphie de Merce Cunningham.

04.

DANSE —

Merce Cunningham Il né Mercier Philip Cunningham le 16 avril 1919 à Centralia dans l’État deWashington aux États-Unis et décédé le 26 juillet 2009 à NewYork était un danseur et chorégraphe américain. Son œuvre a contribué au renouvellement de la pensée de la danse dans le monde. Il est considéré comme le chorégraphe qui a réalisé la transition conceptuelle entre danse moderne et danse contemporaine, notamment en découplant la danse de la musique, et en intégrant une part de hasard dans ses chorégraphies. C’est avec Merce Cunningham que commencent à se poser les problèmes de la danse moderne. Il n’y a plus de fil conducteur, plus forcément d’histoire.Vite rejoint par John Cage, il va creuser le mouvement et bouleverser les codes de la scène : tous les points de l’espace ont la même valeur, pourquoi ce rapport binaire entre la danse et la musique, chaque danseur est un soliste, il n’y a plus un chœur et un seul soliste... Il est à la charnière entre la danse moderne et postmoderne et n’entre dans aucune des deux catégories. Son travail sera utilisé dans la danse postmoderne pour le mettre en branle ou pour le continuer, avec l’idée que tout mouvement a une valeur égale. Merce Cunningham essaye de se défaire des coordinations du corps et tire au hasard des éléments du corps et des directions.

24

JOURNAL


04.

DANSE

VENI

Avant son décès, Maurice Béjart a créé la Fondation Maurice Béjart, qu’il a instituée héritière par testament de tous ses biens et en particulier des droits d’auteur sur ses œuvres (chorégraphie, livres, etc.). Par la gestion et les revenus de ces droits, la Fondation Maurice Béjart réunit les moyens financiers destinés à remplir les buts qu’a définis Maurice Béjart : r $POUSJCVFS àOBODJÍSFNFOU Æ MB GPSNBUJPO EF EBOTFVST QFV fortunés dans des écoles professionnelles de danse et de ballet. r 4PVUFOJS àOBODJÍSFNFOU EFT BSUJTUFT EFT NJMJFVY EF MB EBOTF et du ballet tombés dans le besoin, de contribuer financièrement à des productions dans le domaine du ballet et de la danse.

Seydou Boro.

de sa compagnie : le 9 juin 2009, six se-

récolter des fonds du vivant d’un artiste

maines avant sa disparition, il annonce

avec force dîners de gala où la bonne

qu’à sa mort la Merce Cunningham

société se montre. Et paie !

Dance Company entamera une ultime

Du côté de Lausanne, la situation de

tournée mondiale. Dont le final à New

l’après-Béjart est aujourd’hui plus

York en décembre 2011 au magnifique

simple à défaut d’être rassurante. Mau-

Park Avenue Armory se fera avec des

rice Béjart avait insisté pour que son

places à seulement 10 dollars !

danseur fétiche, Gil Roman, continue son œuvre. Ce qu’il fait depuis, prenant les rênes de l’institution avec des dizaines d’interprètes venus du monde entier. Au-delà de l’aspect budgétaire – la compagnie est assurée du soutien de la ville de Lausanne pour encore trois ans –, Gil Roman est persuadé qu’il faut insuffler un sang nouveau : «Une

L’exemple douloureux de la succession

troupe qui ne crée pas de nouveaux

de la chorégraphe américaine Martha

ballets meurt à petit feu.» Si l’héritage

Graham est dans toutes les mémoires.

Béjart fait vendre, il faut que les dan-

Figure de la modern dance, qui révéla

seurs qui, pour un tiers, n’ont même pas

le danseur Merce Cunningham, elle

connu Maurice aient de la nouveauté à

ouvrit une école fréquentée par… Ma-

travailler. « Le Béjart Ballet Lausanne a

donna, entre autres. La Graham laissa

soif », résume Gil Roman. Ce sera les

à sa disparition, en 1991, des dizaines

tubes de Maurice Béjart, un « Aria » écrit

de ballets à son protégé, Ron Protas. Un

par Roman ou cette création à venir de

Dans le cadre de cette résidence, les chorégraphes sont invités à concevoir un projet

legs malheureux, Protas les interdisant

l’Américain Alonzo King.

artistique à partir de l’ensemble des activités et missions actuelles du CND que la

SALIA NÏ SEYDOU —

Le Centre national de la danse et le Conseil général de la Seine-Saint-Denis ont défini les objectifs de la résidence longue de Salia Sanou et Seydou Boro qui, _ débutée en novembre 2008, se déroulera jusqu’en juin 2011.

par la suite aux danseurs de la troupe !

La compagnie sera ensuite dissoute, les

«Au moment de créer «Aria», il y avait

Les dettes s’accumulent, le bâtiment

danseurs et autres accompagnateurs

une tension pour nous tous : on savait

historique est vendu, la compagnie

payés une année supplémentaire. Enfin,

que cette création était importante au

cesse de se produire en 2000. Un juge-

l’héritage de Merce sera conservé sous

plus haut point.» Gil Roman ne le dit

de sensibilisations pour les publics de Pantin et du département.

ment en 2002 – qui confirme que Mar-

forme de « dance capsules », avec une

pas, mais on comprend le message : une

Ils ont pour objectif de bâtir un projet ouvert sur les territoires, induisant une impli-

tha était une salariée du Graham Center

documentation sur la plupart des cho-

compagnie moderne qui ne vivrait que

– permet enfin de décanter la situation.

régraphies légendaires du maître !

sur son répertoire n’aurait pas d’avenir.

Et la danse de la grande dame de revivre

Ainsi, le style Cunningham pourra sur-

Les tournées comme celle-ci sont es-

culturels, la dimension nationale et internationale. Ils participent également à un

sur scène. Merce Cunningham, l’autre

vivre à son démiurge. Problème cepen-

sentielles pour stabiliser le budget. «On

laboratoire d’idées sur les enjeux de la démocratisation culturelle et le rôle de la

vedette du XXe siècle, s’y prend autre-

dant, les sommes nécessaires – quelque

va montrer que la compagnie vit sans

ment. Diminué physiquement mais

8 millions de dollars – sont loin d’être

faiblesse.

ayant toute sa tête, il décide de l’avenir

réunies ! Il est en effet plus facile de

Philippe Noisette

VIDI

Passé l’émotion et la stupeur liées à la disparition, il y a peu, des stars de la danse qu’étaient Maurice Béjart, Pina Bausch et Merce Cunningham, il a fallu pour chaque compagnie orpheline envisager la suite. Avec plus ou moins de sérénité. D’un point de vue pratique, on s’interroge sur la viabilité des tournées, on renégocie des subventions bien souvent tributaires de la – forte – personnalité de ces artistes visionnaires installés à Lausanne, Wuppertal ou New York. Quant à la dimension artistique, primordiale, elle pose la question du futur : une compagnie peut-elle survivre à son créateur ? Et si oui, avec quels moyens, quels ballets ? _

compagnie peut mobiliser, mais aussi nourrir et interroger un projet construit autour de la création, la diffusion d’œuvres chorégraphiques et la proposition d’actions

cation à plusieurs niveaux : la population locale, la Seine-Saint-Denis et ses acteurs

danse. Dans ce cadre, le CND et le Conseil général de la Seine-Saint-Denis sont partenaires de cette résidence longue.

Pina Bausch Contrairement à ses contemporains, Pina Bausch travaille non pas par rapport à des formes à reproduire, des pas bien définis, mais par rapport à l’anatomie du corps de chacun, aux possibilités qui sont données ou non aux corps. Elle interroge ses danseurs pendant tout le processus de création et creuse la vie de chacun, leur passé, pour les faire danser. Elle dénonce les codes de la séduction, la solitude dans le couple et travaille sur la communication dans les rapports humains. C’est une vision très pessimiste qui s’exprime par des petits gestes anodins répétés, ou par l’accuune rupture ou une transition vers une autre scène. Les « rondes à la Pina Bausch » désignent ces petits gestes repris par les hommes ou les femmes ou les deux, une sorte de signature, même si elle

VICI

mulation des danseurs sur scène. Souvent, dans ses spectacles, une femme reste impassible et engage

les utilise moins en fin de carrière. Une autre marque est la fluidité qu’elle développe sur le haut du corps, induisant de grands mouvement de bras, la souplesse du buste, et des jeux récurrents avec les cheveux souvent très longs de ses danseuses. C’est un des exemples de langage ou de style par lesquels les chorégraphes ou les danseurs ont fait exister une autre danse.

Pina Bausch :

JOURNAL

25


26

JOURNAL


Modèle d’Alix Grès

05.

MUSICA [ MUSIQUE [

— GEORGES BRASSENS À la Cité de_ la Musique

TROMPETTES DE LA RENOMMÉE Hommage_à Brassens

LILLY WOOD

THE PRICK

& Invincible_ Friends

JOURNAL

27


MUSIQUE

05.

GEORGES BRASSENS À LA CITÉ DE LA MUSIQUE

INSCRIT DANS LA MÉMOIRE DE CHAQUE FRANÇAIS, ÉTUDIÉ DANS LES ÉCOLES, CÉLÉBRÉ PLUS QUE NUL AUTRE PAR SES PAIRS ET SES CADETS, GEORGES BRASSENS EST LE SYMBOLE DE LA CHANSON FRANÇAISE DITE « CLASSIQUE ». IL FAIT AUJOURD’HUI L’OBJET D’UN TEL CONSENSUS QUE L’ON OUBLIE LA DIMENSION POLÉMIQUE DE SON ŒUVRE ET LA RÉVOLUTION QU’ELLE CONSTITUA.

Affiche de l’exposition à La Cité de la Musique

Maintenant que Brassens est au panthéon de la chanson française, il s’agit de redécouvrir ce qui, chez lui, résiste encore à se laisser inscrire au patrimoine. Une exposition conçue par Joann Sfar et Clémentine Deroudille lui est consacrée. _

peu de feu dans la cheminée. On le

à la fois à défunt Staline, à un bûcheron

voit aussi penché sur sa guitare, une

calabrais, à un Wisigoth et à une paire de

légère moue ironique, mais surtout très

moustaches». Une image qui plaît bien à

concentré, des gouttes de sueur perlent

Joann Sfar, lequel interprétait d’ailleurs

sur ses tempes. Les rythmes syncopés

lui-même le personnage de Brassens

de ses ballades ont une saveur boisée

dans son film sur Gainsbourg : «Il y a un

entêtante. Et même si elle s’autorise

aspect rabelaisien que j’aime beaucoup

Pourquoi s’intéresse-t-on aujourd’hui

parfois quelque acrobatie amusante, sa

chez lui et aussi son côté méditerranéen.

encore à Georges Brassens ? L’homme

prosodie élaborée retombe toujours sur

Brassens avait des haltères de 110 kilos

à la moustache et à la pipe en bois

ses pattes. Brassens rassure. Mais qui

qu’il s’amusait à soulever pour agacer

présente cet étrange paradoxe de res-

est Brassens ? On a du mal à penser au-

ses amis qui, eux, n’y arrivaient pas. Il ne

sembler à une émanation des années

jourd’hui que ce chanteur a pu choquer

ratait pas une occasion de se faire pho-

1950-60 qui très vite serait passée hors

au point d’être longtemps interdit à la

tographier torse nu en train de montrer

époque. Citoyen d’un espace-temps im-

radio et censuré à la télévision. Comme

ses muscles.»

probable où les amoureux se bécotent

si sa trop bonne réputation faisait de

sur les bancs publics, où les croquants

l’ombre à celui dont le premier disque

vont en ville à cheval, où Margaux dé-

s’appelait justement La Mauvaise

grafait son corsage pour donner la gou-

Réputation. Pourtant Brassens aurait

goutte à son chat, où l’Auvergnat qui

sûrement détesté que l’on brosse de lui

sans façon, où auprès de mon arbre je

un portrait de l’artiste en père tranquille.

vivais heureux, où les copains d’abord,

Toujours ferme sur ses convictions

où voir le nombril de la femme d’un

d’anarchiste opposé à toute autorité,

flic… Bref tout un imaginaire drôle ou

il était le contraire d’une grande gueule.

On a axé l’exposition sur ce côté très

mélancolique, tantôt charmant, tantôt

«Brassens était avant tout un homme

faune et un peu force de la nature, sur

irrévérencieux ou même grivois, mais

libre. C’est ce qui le définit le mieux»,

l’appétit de vie du personnage. Avec

qui constitue au fond un pays familier.

remarque Clémentine Deroudille, com-

aussi ce versant inquiétant, un peu

Car Brassens nous habite. À croire que

missaire avec Joann Sfar – l’auteur, entre

Méphisto, mais que moi je trouve très

ses chansons font désormais partie de

autres, du Chat du Rabbin et du film

salubre, de l’anticléricalisme, de son

notre patrimoine génétique. Curieu-

Gainsbourg – de l’exposition consa-

rejet des institutions, son côté libertaire.

sement, si ses comptines trottent tou-

crée à Georges Brassens. Tout le monde

Quelque chose qu’il n’a jamais théorisé

jours dans nos têtes dix-neuf ans après

croit connaître Brassens, mais on a aussi

d’ailleurs, même s’il a milité à la Fédé-

sa mort en octobre 1981, l’image de

beaucoup d’idées reçues. L’un des mé-

ration anarchiste et écrit dans des jour-

l’homme Brassens s’est quelque peu

rites de cette exposition sera déjà de cas-

naux libertaires. L’exposition s’appuie

Conception musicale : Olivier Daviaud. Graphisme : Philippe Ravon. Concerts dans l’expo-

brouillée. Comme si une patine de

ser cette fausse image du chanteur et de

sur une somme impressionnante de

sition : vendredi à 19h et 20h (mars-juin) et samedi à 15h et 16h (juillet-août). Activités autour

poussière s’était accumulée sur la photo.

donner à voir des facettes mal connues

matériel et d’archives rassemblés au fil

On le voit la pipe au bec, éminemment

de celui dont son ami René Fallet écri-

d’un minutieux travail de recherches.

sympathique sur les pochettes de

vait dans un article paru en 1953 dans

Clémentine Deroudille a eu accès à

concerts, collèges le mercredi de 19h30 à 21h30, du 30 mars au 15 juin. Livre de l’exposition

disques. Et il ne manque plus qu’un

Le Canard Enchaîné, «Il ressemble tout

des documents inédits, notamment en

édité chez Dargaud.Voir le calendrier et les infos supplémentaires sur www.citedelamusique.fr

Naissance à Sète le 22 octobre. Son père est maçon, sa mère, blanchisseuse. Toute la famille chante des airs napolitains...

1940

1943

L’exposition aura la forme d’une forêt obscure, comme si l’on pénétrait dans un monde imag inaire . On pourra y suivre la vie du chanteur, de la naissance à Sète en 1921 jusqu’à sa mort soixante ans plus tard, au fil d’une immense bande dessinée due évidemment à Joann

Commence une vie de bohème impasse Florimont, chez Jeanne Le Bonniec, 52 ans, son premier amour.

LE «MAÎTRE» DES MOTS « J’étais né pour être un arbre et devenir grand sans artifice. L’état d’homme me ronge le coeur » Georges Brassens, 1946. _

Brassens ou la liberté. Exposition du 15 mars au 21 août. Commissariat : Joann Sfar, Clémentine Deroudille. Scénographie : Christian Marti, Antoine Fontaine, Gladys Garot.

de l’exposition : visites pour les groupes et les publics handicapés. Ateliers en famille. Forum,

Consécration à l’Olympia le 24 septembre pour Brassens qui triomphe dans le prestigieux music-hall parisien. Reconnu comme chansonnier, il deviendra dans le coeur du public un poète, amoureux de la langue française.

Un premier livre lui est consacré, Georges Brassens ou la poésie quotidienne de la chanson, par Jacques Charpentreau. Les Deux Oncles (l’un résistant, l’autre collabo) provoque une polémique.

1921

28

Tourneur aux usines Renault de Boulogne-Billancourt. Publication d’un recueil de poésies, A la venvole. STO près de Berlin. Il y rencontre Pierre Onteniente, «solide comme un roc», baptisé Gibraltar, qui sera son fidèle secrétaire.

$ 1953 Le Vent

1956 Je me suis fait tout petit 1954 Les Sabots d’Hélène + receuil de textes : La Mauvaise Réputaion

1952 La Mauvaise Réputation

JOURNAL

1958 Le Pornographe

1957 Oncle Archibald

1961 Le temps ne fait rien à l’affaire

1960 Les Funérailles d’antan

1962 Les Trompettes de la renommée

1964 Les Copains d’abord


05.

MUSIQUE

VENI

« La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et… à la chasse aux papillons. » René Fallet « Je ne pense pas être un poète… Un poète, ça vole quand même un peu plus haut que moi… Je ne suis pas poète et j’aurais aimé l’être comme Verlaine ou Tristan Corbière. » Georges Brassens

monde des Brassens. Les participants se

rimont dans le XIVe arrondissement de

mettent une moustache et interprètent

Paris où Brassens a vécu de 1944 à 1966

ses chansons devant une caméra. L’ex-

auprès de Jeanne – celle de la cane– et

position joue sur la tension entre ima-

de Marcel Planche, son mari. Parmi

ginaire et réel. Un juke-box diffusera

des partitions écrites de la main de

des versions de ses chansons issues du

Brassens – ce qui est surprenant de la

monde entier.

part de quelqu’un qui disait ne pas lire

J’ai aussi demandé à des musiciens de

la musique. Des carnets où il notait des

donner des versions instrumentales de

réflexions sur la société de son époque.

ses morceaux pour réhabiliter le compo-

Des cahiers dans lesquels il préparait ses

siteur qu’était Brassens.

heures et travaillait jusqu’à onze heures.

— IL N’Y A QUE LES IMBÉCILES QUI SACHENT BIEN FAIRE L’AMOUR. —

L’après-midi, il lisait. Villon le fascinait,

J’aimerais montrer qu’il y a chez lui un

mais il aimait aussi beaucoup La Fon-

vrai regard sur le monde. Brassens est

taine, Paul Fort. On a une image de lui

un penseur des éléments, il y a toujours

trop univoque. Or, dès qu’on fouille un

le bois, l’eau, le vent… Proche de Villon,

peu son histoire, on découvre des uni-

mais aussi de Rabelais et de Montaigne,

vers très différents qui coexistent.» L’ex-

il a une vision de la vie, de l’amitié, de la

position aura la forme d’une forêt obs-

sexualité et de l’amour ainsi qu’un rejet

cure, comme si l’on pénétrait dans un

farouche du religieux qui me réjouit

monde imaginaire. On pourra y suivre

profondément. Brassens est quelqu’un

la vie du chanteur, de la naissance à Sète

qui rend heureux, qui aide à vivre. »

interviews. Mais aussi des versions successives de certaines de ses chansons. «Brassens était un perfectionniste. Jamais satisfait, il réécrivait beaucoup, analyse Clémentine Deroudille. Il a appris la musique tout seul. C’était un bosseur. Il se levait tous les matins à cinq

VIDI

Brassens sur le pont de son bateau.

explorant les locaux de l’impasse Flo-

en 1921 jusqu’à sa mort soixante ans plus tard, au fil d’une immense bande

Hugues Le Tanneur

dessinée due évidemment à Joann Sfar. «Mon principe a été d’accepter le par-

_

cours que me proposait Clémentine

EXPOSITION GEORGES BRASSENS OU LA LIBERTÉ

Deroudille avec une grande profusion de documents en y apportant une nous avons inventé le championnat du

Le 29 octobre, Georges Brassens casse sa pipe. Il venait juste de fêter ses 60 ans.

Jeanne se remarie à 75 ans, le 26 mai 1966, avec un jeune homme de 37 ans ce qui contraria fortement Brassens.

† $ 1969 Misogynie à part 1966 Supplique pour être enterré à la plage de Sète

1976 Trompe la Mort

1981

1947 : Rencontre avec Joha Heiman dite

1960 : Un premier livre lui est consacré,

1981 : Durant toute sa vie, Brassens souffre

«Püppchen» (petite poupée), réfugiée estonienne

Georges Brassens ou la poésie quotidienne

d’une maladie des reins qui le fait particuliè-

de confession juive, qui sera sa compagne jusqu’à

de la chanson, par Jacques Charpentreau.

rement souffrir et le contraint parfois à quitter

la fin. Il lui dédiera de nombreuses chansons.

-

la scène. Les problèmes de santé répétitifs du

-

1964 : Il écrit «Les copains d’abord»

chanteur le font vieillir rapidement.

1952 : Patachou lance la carrière de Georges

pour le film d’Yves Robert.

-

Brassens.

-

Georges Brassens est atteint d’un cancer et

-

1967 : Grand Prix de Poésie

subit une troisième opération des reins.

1953 : Premier 33 tours chez Polydor

de l’Académie Française

Il meurt un an plus tard.

et premiers passages à Bobino

-

-

1967 : Trois personnalités entrent dans

1954 : Premier prix de l’Académie Charles

le Larousse: Brassens, Che Guevara, Henri

Cros pour son premier album

de France (l’inventeur du procédé Secam).

VICI

Du 15 mars au 21 août 2011 Cité de la Musique de Paris 221 Avenue Jean Jaurès

touche rigolote, des gags. Par exemple,

1972 Fernande

JOURNAL

29


MUSIQUE

05.

TROMPETTES DE LA RENOMMÉE HOMMAGE À BRASSENS

DURANT QUATRE SOIRÉES, DES ARTISTES AUSSI DIFFÉRENTS QUE JOAN SFAR,EMILY LOIZEAU, LA CAMPAGNIE DES MUSIQUES À OUÏR, LA POMPE MODERNE OU LES WAMPAS RELÈVENT LE DÉFI DE RENDRE HOMMAGE AU POÈTE ET CHANTEUR SÉTOIS.

Le désopilant ensemble La Pompe Moderne.

avec Charles Trenet. Ses chansons de

Seuls ses amis proches ont la primeur

jeunesse encore inédites témoignent

des chansons qu’il compose à l’époque,

de cette influence sur Brassens du Fou

sans en être vraiment tout à fait satisfait:

Chantant ainsi que du swing omnipré-

Le Gorille, Brave Margot, Hécatombe,

sent à l’époque.

J’ai rendez-vous avec vous…

De là à penser que seul Brassens pouvait

Emily Loizeau.

Pendant ces longues années d’appren-

interpréter du Brassens et qu’au fond,

tissage (de 1944 à 1952), Brassens met

ses chansons lui collaient à la peau – ou

en place une méthode de travail qu’il ne

à la voix –, il n’y a qu’un pas. Peut-être

modifiera pas devenu célèbre. Il refusera

dans la simplicité (seulement appa-

toujours, par exemple, d’enregistrer un

rente) de son répertoire y a-t-il quelque

disque sans en avoir d’abord rodé le ré-

chose d’intimidant ou d’intouchable.

pertoire sur scène, en général à Bobino.

Cela n’a pas empêché pour autant

Cela lui permettait d’entrer en studio

les chanteurs du monde entier de re-

dans les conditions optimales ; une

prendre ses mélodies. Alex Kapranos du

ou deux prises, pas plus, pour chaque

groupe Franz Ferdinand est un incon-

chanson. Mais cela avait le don d’aga-

ditionnel, par exemple. Et le trompet-

cer sa maison de disques puisque de ce

tiste de jazz Dave Douglas a enregistré

fait les concerts ne pouvaient pas servir

Les Croquants avec son Tiny Bell Trio.

En 1940, débarqué à Paris chez sa tante

à promouvoir le nouvel album. Habitué

Preuve que les mélodies de Brassens

Antoinette, Brassens apprend seul à

à se lever à cinq heures du matin et à se

tiennent la route elles aussi. Au fond,

jouer du piano. C’est sur cet instrument

coucher avec les poules, Brassens était

chacun entretient une relation particu-

qu’il composera toutes ses chansons

à tous égards un artiste atypique. Les

lière avec son univers. Que ce soit Di-

pour les transposer ensuite à la guitare.

tournées et les concerts l’obligeaient à

dier Wampas qui l’a redécouvert adulte

On sait que Brassens –un des premiers

faire des entorses à ses habitudes. En

après l’avoir – punk oblige – détesté

chanteurs à s’accompagner à la gui-

plus il ne cessait de modifier ses chan-

enfant, quand ses parents l’écoutaient.

tare – jouait sur un modèle classique

sons dont il existait du coup plusieurs

Ou Émilie Loizeau, fan de longue date,

mais avec des cordes en métal. Revenu

versions. Ce qui explique pourquoi il se

qui interprète La Complainte des filles

pour une permission de quinze jours

méfiait d’un possible trou de mémoire

de joie sur un de ses albums. Ou encore

du camp de Basdorf en Allemagne, où

et s’appuyait quand il était sur scène

La Campagnie des Musiques à Ouïr

il a passé un an dans le cadre du STO

sur des panneaux dissimulés que lui

pour qui Brassens est un merveilleux

(service de travail obligatoire), Brassens

montrait son ami Pierre Onteniente,

tremplin à faire swinguer l’imaginaire.

se cache impasse Florimont chez son

surnommé « Gibraltar ». La rançon du

Futur, où un chanteur considéré comme disparu revient pour faire des covers posté-

Et enfin Rodolphe Raffali qui entretient

amie Jeanne. Il y restera jusqu’en 1966.

perfectionnisme... Quand on pense

rieures à sa mort. Le groupe présente « un point de vue aussi tendre qu’ironique sur

depuis plusieurs années la flamme d’un

C’est là, au numéro 9, qu’il va lire (beau-

qu’aujourd’hui les chansons de Bras-

répertoire dont il souligne avec brio

coup), écrire (abondamment) et peau-

sens sont sur toutes les lèvres.

les accents manouches, rappelant au

finer son art en travaillant tous les jours

de son costume de grand chanteur français ». Point de vue qui constitue, par rico-

passage l’admiration du chanteur pour

à se forger un répertoire dont il ne sait

chet, un hommage au Sétois.

Django Reinhardt, un de ses modèles

pas encore s’il l’interprétera lui-même.

LA POMPE MODERNE —

Un concert de La Pompe Moderne aura lieu en première partie du concert des _ Wampas à la cité de la musique le samedi 19 mars. La Pompe Moderne est le nouveau projet musical de Georges, créé en 2007. Il s’agit d’un groupe de reprises à la mode sétoise, concept déroutant à la Retour Vers Le

la musique de masse, à travers la figure enfin désacralisée d’un Brassens débarrassé

Georges Brassens, décembre 1962. «Je vivais à l’écart de la place publique, Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique... Refusant d’acquitter la rançon de la gloir’, Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir. Les gens de bon conseil ont su me fair’ comprendre Qu’à l’homme de la ru’ j’avais des compt’s à rendre Et que, sous peine de choir dans un oubli complet, J’ devais mettre au grand jour tous mes petits secrets. Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées!»

30

Même s’il a eu beaucoup d’émules, Brassens reste inimitable. Qui se risquerait d’ailleurs à reproduire le ton si personnel de l’auteur des Amoureux des bancs publics ? _

I. Alto, pavillon en l’air. -

JOURNAL

II.Cor d’harmonie. -

III. Trompette en clef d’eau. -

Hugues Le Tanneur

IV. Ténor, pavillon en l’air. -


05.

LILLY WOOD

MUSIQUE

THE PRICK

&

INVINCIBLE FRIENDS

VENI

«LILLY WOOD & THE WHAT ?», TITRAIT LEUR PREMIER EP, IL Y A UN PEU PLUS D’UN AN. «LILLY WOOD & THE PRICK» RÉPONDENT AUJOURD’HUI NILI HADIDA ET BENJAMIN COTTO. CE DUO DIABLEMENT EFFICACE, À MI-CHEMIN ENTRE INSOUCIANCE ET FAUSSE NAÏVETÉ, SORT SON TOUT PREMIER ALBUM, UN CONDENSÉ DE POP CHOC DÉCOMPLEXÉE.

j’ai découvert le rock avec les Beatles. Adolescente, j’ai acheté mon premier CD... un peu par hasard. C’était un

Ben : Nos chansons parlent essentiel-

disque d’Aretha Franklin. Petit à petit je

lement du quotidien et des relations

me suis construit une culture musicale.

humaines. On n’écrit pas sur des sujets

J’adore la variété française des années

politiques, on ne veut pas mettre le doigt

Ben : On s’est rencontré dans un bar

80, Daho, Delpech...J’aime également

sur un problème en particulier. Nous

parisien en 2006 par l’intermédiaire

tout ce qui est soul, blues avec des

privilégions la dimension poétique, la

d’un ami commun. Il savait que nous

artistes comme Otis Redding, Aretha

rêverie ou encore l’imaginaire.

voulions faire de la musique. Il pensait

Franklin, et Etta James. J’ai beaucoup

que nous ferions un «good match».

d’admiration pour Fiona Apple. J’ai

Nili : Nous essayons de cultiver une

vraiment appris à chanter grâce à elle.

certaine naïveté. On a envie de raconter

Comment est né votre duo ? _

Nili : Après cette soirée, on a décidé de se revoir. Nous avons composé trois morceaux le 1er jour. Ça nous a plu et on s’est dit qu’il fallait continuer. «Lilly Wood and the Prick», que _ signifie ce nom ? Nili : Ce groupe de mots symbolise le contraste entre quelque chose de doux et quelque chose de vulgaire. Lilly Wood pourrait être le prénom d’une jeune fille. «the prick « dans le langage commun signifie «le petit con», «le branleur», quelqu’un qui fait des conneries. Ce sont comme deux facettes d’un même

— NOS CHANSONS PARLENT ESSENTIELLEMENT DU QUOTIDIEN, DES RELATIONS HUMAINES. ON NE VEUT PAS METTRE LE DOIGT SUR UN PROBLÈME EN PARTICULIER. —

ce que n’importe qui raconterait sur un premier album. Des choses simples sur lesquelles on est révolté dans la vie de tous les jours. Le fait que l’on va mourir, que l’on ne sait pas pourquoi. La douleur d’un chagrin d’amour. Cela peut paraître naïf de parler de ces choses-là, mais ça ne me gêne pas. J’essaye d’écrire avec le cœur, d’être sincère. Quels sont vos projets pour la suite ? _ Ben : Nous avons une quinzaine de dates prévues d’ici le mois de juin. Après on entame une tournée à la rentrée. On espère qu’il y aura un bon feeling avec

personnage. Nous travaillons beaucoup

Ben : Jeune, j’ai été bercé par Depeche

sur les contrastes et il était logique que

Mode car mon grand frère est fan. En-

cela se retrouve dans le nom du groupe.

suite je me suis intéressé aux «classiques

Nili : Déjà, la sortie de l’album va per-

Votre musique marie folk, pop et électro.

de la guitare» avec des artistes comme

mettre de clarifier les choses, nous don-

J.J. Cale et Eric Clapton. J’écoute beau-

ner de la crédibilité. À partir de là on

Quelles sont vos influences ? _

Nili Hadida et Benjamin Cotto.

Que racontent vos chansons ? _

VIDI

Nili Hadida et Benjamin Cotto, alias «Lilly Wood and the Prick», livrent un album faussement naïf, inventif et _ coloré : «Invicible Friends»..

le public.

coup de funk avec une mention spéciale

verra ce que nous réserve l’avenir. Nous

Nili : Mon premier contact avec la mu-

pour Chic. J’aime aussi tout ce qui est,

sommes conscients de la chance folle

sique c’était une compilation de chan-

«on va dire», de la bonne variété fran-

que nous avons.

sons de Lio, Etienne Daho et Annie

çaise de Bergé à Gainsbourg en passant

Girardot que ma mère avait enregistré

par Ferré.

sur une cassette à la radio. À 11 ans,

Julien Adigard

VICI

LES INFLUENCES DE NILI & BEN

Etienne Daho

CHIC

The Beatles

Aretha Franklin

JOURNAL

Eric Clapton

Depeche Mode

31


JOHN DIVOLA NOTRE IDOLE À TOUS.

32

JOURNAL


JOURNAL

33

VICI

VIDI

VENI


GASTRO 06.

FOOD DESIGN, AVENTURES SENSIBLES. 74, RUE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE 75012 PARIS

POUR SA 10ÈME EXPOSITION, LE LIEU DU DESIGN EST HEUREUX D’INVITER MARC BRETILLOT À CONCEVOIR UNE EXPOSITION AUTOUR DES ENJEUX INDUSTRIELS, SOCIÉTAUX, CULTURELS DU DESIGN CULINAIRE.

Chocolat Digestion par Delphine Huguet.

06.

CIBUS —

AGATHE BOUVACHON ET SES GEMMES DE BEURRE.

34

JOURNAL

UE SUR L’UN DES ÎLOTS DESIGN, CELUI DE GERMAIN BOURRÉ, AUTRE JEUNE DESIGNER CULINAIRE.


06.

GASTRO

Marc Bretillot, designer et plasticien, prend l’expression « faire à manger » à la lettre. En utilisant des aliments comme matière première de son design, ce mangeur invé-

— QUI EST MARC BRÉTILLOT —

téré a découvert en 1999 que l’intelligence des papilles et celle de la main engenUn premier ouvrage consacré à cette discipline, Culinaire design retrace l’itinéraire de Marc Bretillot, des premières expériences dans son atelier de Ménilmontant aux

VENI

draient un terrain de recherche inexploité et fécond.

installations et performances pour des institutions ou événements réputés comme la Fondation Cartier, les Designers Days, le Restaurant Éphémère du Palais de Tokyo, la Grande Epicerie de Paris ou encore le fooding pour Häagen-Dazs, Ikea et les champagnes Krug… Par Artazart

Création : Buffet géographique.

D’où provient le terme design culi-

Oui, même si on a toujours l’impres-

sélection de 50 projets élaborés au sein

sion que le meilleur projet sera toujours

de l’atelier design culinaire. Il est amu-

le prochain parce que le moteur reste

sant de constater que la plupart des pro-

l’évolution. Aujourd’hui sur le design

jets novateurs à l’époque ont désormais

culinaire, la question de la forme est

une réalité économique. Les œuvres,

obsolète. Je me penche désormais sur les

datées, montrent à quel point les étu-

problématiques de l’éthique et de l’hon-

diants sont capables de sentir un besoin

nêteté pour un design justifié. L’alimen-

en amont.

tation a un fort capital souvenir. Il faut

naire ?

Quel est le produit-icône du design

«formage», fait dans la forme. Depuis la

— CETTE EXPOSITION SERA L’OCCASION DE SAISIR LES PRINCIPAUX ENJEUX DU DESIGN CULINAIRE —

nuit des temps, quand on a un produit

s’en servir. Si l’on ne se rappelle plus de

chain projet est toujours le meilleur.

informe, on le moule dans une forme

sa première chaise de bureau, on garde

Qu’avez-vous comme actualité ?

pour le faire surgir, s’exprimer. Dans

toujours en mémoire sa «Madeleine»

Je travaille sur le design et la commer-

nos sociétés modernes, on a une offre

(Proust). L’alimentation laisse des sen-

cialisation du Whaf, un objet édité par

alimentaire pléthorique. Il faut per-

sations indélébiles.

Le Laboratoire. C’est un récipient à mi-

J’ai associé les termes «design» et «culinaire» à l’école à Reims, où j’enseignais les matériaux aux étudiants. Lorsque j’ai commencé à leur donner des sujets sur lacuisine, cela a de suite créé une sorte de convivialité. J’ai lancé un atelier que j’ai naturellement appelé «design culinaire». Pour autant, l’activité de design appliquée à l’alimentation est très ancienne. Il suffit d’ailleurs de se pencher sur l’étymologie du mot «fromage» pour découvrir qu’il provient du mot

mettre aux aliments de se renouveler.

culinaire ? Je ne me suis jamais posé la question ! Je dirais Les Smarties, des bonbons à boire comme un liquide ou le Toblerone. Un produit suisse, honnête et intelligent, inspiré par son environnement avec un enchaînement de montagnes triangulaires, une recette de chocolat innovante au nougat et une segmentation ergono-

VIDI

Invité pour la 10e exposition du Lieu du Design, Marc Brétillot présente un « millefeuille » d’idées autour des enjeux industriels, sociétaux et culturels du design culinaire. Une discipline qu’il enseigne depuis 1999 à l’école supérieure d’Art et de Design de Reims. _

mique de chaque morceau. On peut être ému par un produit comme celui-là ! Vous disiez tout à l’heure que le pro-

chemin entre une carafe et un globe de

DELPHINE HUGUET —

Diplômée de l’atelier de design culinaire de Marc Brétillot à l’ESAD de Reims. Sélectionnée comme jeune talent à l’espace «Talent à la carte» du salon Maison et objet janvier 2009.

Qu’attendez vous de cette exposition?

verre, dans lequel gravite un nuage de

Vous êtes professeur à l’école supé-

Dans cette exposition au Lieu du De-

matière à consommer. Une sorte d’air

rieure d’Art et de Design de Reims,

sign, je souhaite montrer qu’il y a des

humide aromatique, sans matière, ni ca-

intervenant à l’école supérieure de

pratiques très différentes et des champs

lorie, que l’on aspire à travers une paille

culinaire design, Robert Stadler agence RADI designers, l’association NewYorkaise

cuisine française Ferrandi à Paris.

d’expérimentation infinis. La première

particulière. Un aliment non-nutritif qui

des PEN authors,Cuisine by Lignac, Le centre design Marseille, La Galerie Végé-

Le lieu du design vous invite pour

partie de l’exposition montre l’approche

enclenche cependant le mécanisme de

exposer votre travail et celui de

de six étudiants qui travaillent dans des

satiété. Une révolution pour les régimes !

vos élèves. Peut-on dire que c’est

secteurs variés (agro-alimentaire, évé-

«la cerise sur le gâteau» ?

nementiel,...). La seconde porte sur une

C H E E S E C A K E

J’ai collaboré sur différents projets avec La Grande Epicerie de Paris, Marc Brétillot

tale, l’atelier Beau Travail, La mairie de Brest... Co-fondatrice du studio de création dédié à l’alimentaire Ebullition délicieux design, je travaille désormais en solo.

Claire Naa

A U X

huguetpourebullition.ultra-book.com

C O O K I E S

pour 6 personnes

Temps de préparation : 30 min

La veille, laissez la faisselle au réfrigérateur.

faisselle. Tout en battant, incorporez le sucre

Temps de cuisson : 1 heure

Le jour même, prélevez le zeste du citron et

en poudre, le sucre vanillé, les jaunes d’œufs,

faites-le blanchir à l’eau bouillante pendant

la farine, le zeste et le jus de citron. Fouettez

- 250 g de fromage blanc

5 min. Rincez-le, séchez-le, puis détaillez-le

la crème fraiche jusqu’à en faire une chantilly.

- 150 g de cookies au chocolat

en lamelles. Pressez le citron et gardez son

Lorsqu’elle est très ferme, mélangez-la au

- 100 g de beurre + beurre pour le moule

jus. Préchauffez le four à 180°C. Ecrasez les

fromage blanc. Montez les blancs d’œufs en

- 75 g de sucre vanillé

cookies. Amalgamez cette chapelure avec les

neige ferme. Ajoutez-y le sucre glace. Incor-

- 20 g de sucre glace

100 grammes de beurre ramolli, ajoutez le

porez au mélange en attente.Versez cet appa-

- 1 citron

sel. Beurrez une tourtière avec le beurre res-

reil sur la pâte de biscuit, lissez la surface, puis

- 20 cl de crème fraîche liquide

tant puis étalez-y la pâte de cookies. Versez

enfournez à mi-hauteur. Faites cuire pendant

- 60 g de farine

la crème fraîche dans un saladier et réservez

1heure. Après refroidissement, démoulez

- 4 oeufs

au congélateur. Dans une terrine, fouettez la

précautionneusement avec 2 plats.

JOURNAL

VICI

35


36

JOURNAL


Georgians Jewels

07.

VESTIS [ MODE [

— NYMPHES & DÉESSES Légèrement _ antique.

HORROR PICTURE TEA New _Spot.

MODE IN FRANCE Home Sweet Home. _

JOURNAL

37


MODE 07.

NYMPHES

&

DÉESSES

TENDANCE

DANS UN RETOUR AUX SOURCES, LA MODE DU PRINTEMPS-ÉTÉ 2011 MAGNIFIE L’ESPRIT D’UN IDÉAL, CELUI DES PROPORTIONS, DE LA LUMIÈRE, D’UN CLASSICISME SANS APPRÊT QUE LE BLANC SUBLIME EN TOUTE TRANSPARENCE.

Affiche de l’exposition au Musée Bourdelle.

Un nouveau halo de lumière inonde les podiums. Partout, ce printemps, c’est le blanc qui scintille, impose une esthétique nouvelle où ravonne la clarté. Au service de cette apologie de la simplicité, des formes épurées qui acceptent le dépouillement telle une _ promesse de bonheur.

ce minimalisme appliqué, qui regarde

ressource dans ce grand siècle où tout

les femmes comme autant de déesses.

faisait référence. Chez Carven, c’est

La Grèce, comment ne- pas y retour-

un imprimé ail over de ruines antiques,

ner ? On se souvient de ce mot prêté à

pour une robe paysage aux effets de

Elsie de Wolfe lorsqu’elle découvrit le

grisaille. Partout ailleurs, c’est le corps

Parthénon: «Beige! Ma couleur!» Celle

célébré dans toute sa splendeur, un

qui rejeta si catégoriquement l’esthé-

corps complice, plus jamais contraint.

Équilibre chez Céline, avec ces amples

tique victorienne pour imposer des

La mode a entre pris un voyage amou-

leur même des choses, qui faisait l’espace

— DES FLUIDITÉS QUI VOILENT LA SILHOUETTE DANS LA FOULÉE DES PAS —

trempe de vie comme le matin de la première

codes décoratifs faits de simplicité et de

n’est donc pas dans ses grandes villes que la

journée.» La mode s’éveille comme une

légèreté, se rappelle à nous ce printemps

conscience fut autre — je le saurais. Non,

enfant, arrachée aux songes et aux sor-

où tous les couturiers semblent avoir

il faut concevoir que la conscience profonde

tilèges, lavée de sis rêves. Elle s’ébroue

mis à distance le superflu pour revenir

a eu ailleurs son foyer ; (...) c’est dans un

dans une odeur de campagne, de linge

à l’essentiel.

village lointain, en effet, une vallée presque

propre et Irais, développant une palette

Cette fois, la mode se met à nu pour ha-

close, une montagne pierreuse et presque

djellabas et tuniques, ces pantalons fluides, ces découpes portefeuille. Et un air juvénile, une fraîcheur retrouvée. Le blanc en majesté pour cette symphonie parfaite, sans dissonance aucune, qui semble faire écho aux mots d’Yves Bonnefoy : «La lumière naissait de la cou-

que le blanc ne-cesse d’éclairer. Des «couleurs heureuses», nous promet Ra-

Appel d’air _

reux, vers les rivages du sublime. Les collections traversent le miroir, se dépouillent de leur encombrant décorum pour retrouver les chemins de traverse. Pour regagner, peut-être, cet «arrièrepays» dont parlait Yves Bonnefoy : «Je suis l’héritier de l’Italie de la Renaissance, comme un chacun aujourd’hui, et ce

déserte, et là seulement, qu’elle a dû paraître.» S’éloigner des villes donc.

bih Kayrouz. Car le blanc ne vient pas

biller les femmes : elle redéfinit son idéal.

Prendre de la distance pour aller plus

seul. Chez Chloé, Lanvin, le gris perle,

Elle fait le vide. C’est une quête qu’elle-

loin, plus haut, comme en témoignent

le taupe, l’ivoire, le beige poudré lui font

initie, une recherche de perfection au

ces paysages de montagnes de l’Enga-

escorte. Couleurs de terre, de- pierre, de

coeur de laquelle l’absolu peut prendre

dine, baignés de lumière, à la limite de

marbres clairs, ils dessinent des ombres

forme. Elle oublie les performances, le

l’expérience terrestre, peints par Gio-

essentielles dans un hommage retenu

monde sans qualités, l’oppression quan-

vanni Segantini et que l’on peut voir à

au classicisme qu’aimait tant Madame

titative. Son idéal est moral et esthétique

larondation Beyeler à Bâle. Vues idéales

Grès, dont l’oeuvre est présentée pour

à la fois : elle cherche la beauté et elle

de la campagne, nature irradiée par une

Emilie Krebs, dite Madame Grès,sculpteur. _

sa première rétrospective par le musée

seule. Elle fait sien le projet du classi-

lumière omniprésente, qui évoquent les

Et elle sculpta en effet. Mais uniquement du tissu et avec des épingles, sans jamais

Galliera hors les murs. Redécouvrir ces

cisme, un temps oublié, et qui revient

maîtres du paysage classique exposés

formes qui doivent tant à la statuaire

triomphant dans le sillage de la grande

au Louvre5 et au Grand Palais ce prin-

antique, ces plissés aux tons neutres

exposition organisée récemment au

temps.

qui magnifient les corps, ces drapés sa-

Louvre, «L’Antiquité rêvée, innovations

La mode, elle aussi, propose un pay-

vants abreuves à la source hellénistique,

et résistances au xvme siècle». Elle se

sage idéal, au sens classique du terme.

DE GRÈS ET DE FORCE —

coudre elle-même. Génie intransigeant de la perfection couture, Madame Grès sert toujours de guide aux collections minimalistes. Une position qui rappelle son radicalisme d’avant-garde.

le paysage à Rome, 1600 -1650

Nature et Idéal :

GALERIES NATIONALES DU GRAND PALAIS 09/03/2011 > 06/06/2011

38

JOURNAL


07.

le premier prix de Haute couture à_ l’Exposition universelle de Paris

décés à Paris en 1993

Mariage avec le sculpteur _russe Serge Czerefkov 1942 - 1988, La Maison de Couture «Madame grès» s’établit au 1er rue de la Paix _

Change son nom en Grès qui est l’anagramme du _prénom de son mari

Salvadore Ferragamo, printemps été 2011.

Madame Grès posant à coté de son modèle (vers 1946), photographiée par Eugène Rubin.

Les collections opèrent leur pèlerinage

découverte de ces «infinis paysages» que

à Tivoli. Ce site, sis à quelques kilo-

présente le Printemps des poètes. Nous

mètres de Rome, inspira aux peintres

surprendre aussi, comme l’artiste clas-

du XVIIIe siècle d’infinies variations

sique arrivant au pied de Tivoli, avec ces

présentées par le Musée Cognacq-Jay

oeuvres land art proposées au specta-

cet hiver. Considéré comme le paysage

teur par la galerie Repetto dans le cadre

idéal, il cumule les qualités appréciées

du salon Art Paris. L’esprit delà saison

des amateurs : diversité topographique,

nous incite à partir à la recherche de ces

noblesse de ses ruines, vitalité de son

sanctuaires d’aujourd’hui, ces espaces

cadre naturel.

naturels que l’on rêve inviolés, où l’air

Ballets de soie _

est pur et la lumière d’or. Nostalgie du

On découvre cette même partition

d’un âge d’or espéré? Ce mouvement

dans les défiles cette saison. Silhouettes

concerté qui porte vers l’essentiel, cette

tout à montrer. Je ne fais que travailler, travailler, travailler. Quand je ne dors pas,

où l’accident crée le relief, comme ces

hevre du ressourcement à laquelle cède

je coupe. Voilà ma vie.» Celle que chacun appelait «Mademoiselle» dans le silence

tombés asymétriques, tes « plisses, plies,

l’air du temps, cachent en vérité des ver-

crêtes plumés» chez Rabih Kavrouz.

tus thaumaturges. Ils révèlent une- aspi-

Formes hiératiques en nobles déclinai-

ration générale à plus de protondeur, un

sons de drapés chez Chine et Lanvin.

secret désir de prendre soin de soi. Le

au musée de la Mode de la ville de Paris et de son nouveau directeur, Olivier Saillard.

Vitalité, enfin, de ces cascades de vo-

grand retour au classicisme est comme

C’est au musée Bourdelle que se tient cette exposition rare. Un cadre idéal pour celle

lants, de ces soulèvements de mousse-

un retour du refoulé occidental. Un pas

line, de ces plumetis vaporeux, aériens

vers l’accomplissement. Anne-Marie Clais

Chloé, Nina Ricci, Valentino, Ralph

Emilie Krebs, dite Madame Grès, ne se lassait pas de répéter: «Je n’ai rien à dire et

religieux de son studio, sut rester discrète sur elle-même tout au long de sa vie. On ne connaît d’elle que son travail. C’est justement lui qui est exposé aujourd’hui grâce

qui ne voulut jamais qu’être sculpteur. Ici rayonnent quelque quatre-vingts pièces de mode, une cinquantaine de photographies et une centaine de croquis provenant de la maison Grès. Inconditionnelle du jersey de soie, Grès le drapait comme personne,

Lauren ou Elie Saab.C’est une succes-

restaurant la pureté aristocratique surnaturelle des déesses antiques. La maison

sion de tableaux bruissant de fluidités

Grès ne naît qu’en 1941 dans les salons du 1, rue de la Paix... Et ferme aussitôt pour

claires, qui voilent et dévoilent la silhouette dans la foulée des pas. Une ode à

avoir lancé des robes bleues, blanches et rouges en pleine occupation allemande.

la féminité et à la grâce, une émotion qui

D’Alix à Grès, le même dépouillement rayonne. Le terme de minimalisme ne naîtra

ne cache pas la chair mais la nimbe d’un

que bien plus tard. «Dans une ambiance de cathédrale, les collections se succèdent

soupçon de poudre beige ou mordorée, étoffes légères, dentelles appliquées

avec recueillement. La boutique est blanche comme un temple athénien», indique

pour un effet lingerie qui redouble le

Olivier Saillard, Chez elle, comme chez la plupart des sculpteurs, la coupe est érigée

propos des maquillages mule. Obses-

en principe esthétique. Femme forte, silencieuse et souvent seule durant son exis-

sion du paysage, de la nature sans fard

tence, Madame Grès disparaîtra dans un oubli cultivé.

que la lumière seule suffit à transcender. Faire de nous des arpenteurs. Nous

«Madame Grès, la couture à l’oeuvre». Du 25 mars au 24 juillet 2011. Musée Bourdelle : 16, rue Antoine-Bourdelle, Paris 14’. _

entraîner sur les chemins perdus, à la

MCM

N.G

Véritable «dictateur déguisé en souris» selon Edmonde Charles-Roux, Germaine

H.Lang

C.Lacroix

VIDI

paradis perdu, d’une lointaine Arcadie,

et légers tel un ballet de Loïe Fuller, chez

R.Kawabuko

Création de la seconde fragance : Cabotine

Création de son Premier Parfum : Cabochard

1900

2000

H.Chalayan

MM

J-P.Gaultier

J.Watanabe

Victor & Rolf

V.Westwood

J.Galliano

VICI

naissance à Paris en 1903

1935, Costumes du film La Guerre de Troie n’aura pas lieu

VENI

1934, elle débute sous le nom d’Alix Grès

MODE

HISTOIRE IDÉALE DE LA MODE CONTEMPORAINE VOL. II : 1990 – 2000 MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS 25/11/2010 > 03/07/2011

JOURNAL

39


MODE 07.

HORROR PICTURE TEA NEW SPOT

TROIS POTES DONNENT UN COUP DE JEUNE AU BISTROT DU 1E À PARIS, EN LE TRANSFORMANT EN UN LIEU HYBRIDE À L’ESPRIT ROCK REVENDIQUÉ. COMPRENEZ: UN SALON DE THÉ QUI FAIT AUSSI OFFICE DE... SALON DE TATOUAGE. LE HORROR PICTURE TEA EST NÉ.

Cardigan «Royal» Loreak Mendian. Chemise Lee Cooper. Pantalon Dockers.Veston Ben Sherman.

Niché du côté «jet skate» de la rue Saint-Honoré, le Bistrot du 1er est passé en mode «Dr. Jekyll et _ Mr. Hyde»..

les «Maca’Ramones», d’un espace dédié

Sous la direction artistique du pâtis-

à l’art et d’un salon de tatouage géré par

sier, l’ambiance «American Pie» n’est

Kurvi et Seb, lesquels officient dans un

jamais bien loin. Du coup, le Bistrot a

style situé quelque part entre les dessins

réussi à drainer un nouveau public qui

Cantine de quartier le midi, le lieu

du tatoueur Yann Black et l’univers de

fait chuter l’âge moyen de la clientèle de

change d’activité et de clientèle à partir

Tim Burton. Le tout est créé sous un

plusieurs dizaines d’années. L’équipe

de 14 heures. « Un salon de thé hybride

nom bien senti, le «Horror Picture Tea»,

fait venir mixer ses potes ainsi que ses

estampillé rock», c’est une idée qui trottait dans la tête de Guillaume, tout juste 20 ans, ex-Compagnon du Devoir et meilleur apprenti pâtissier de France, passé par Ladurée et Pierre Hermé. Ce

groupes préférés, et le lieu affiche régu-

— TEA TIME —

lièrement complet (au grand dam de la maréchaussée locale). «On a fait un beau buzz», s’enorgueillit Guillaume, et on est d’accord. En ces temps d’émulation au-

qui restait un rêve pour lui est devenu un

grosse référence au film musical de Jim

tour du fooding coloré, le coup est parti-

projet pour Adrien qui, via son collectif

Sharman pour certains, hommage au

culièrement bien joué, mais attention : la

Elegangz, finance l’affaire. En un mois,

côté «travelo» du salon pour d’autres.

tendance est loin de justifier le succès du

le Bistrot se voit paré d’une carte de

Les trois amis font dans le rock et dans

«HPT». Pour Adrien, c’est avant tout «le

pâtisseries aux noms évocateurs tels que

le «chat-bite», mais pas dans la dentelle.

mélange des genres et l’originalité d’un

Chemise Uniqlo. Polo Kitsuné. Jean Lacoste.

Cardigan «Royal» Loreak Mendian. Pantalon Dockers.

concept privilégiant la créativité de ses acteurs» qui justifie l’omniprésence du Horror Picture Tea dans les médias... Et bientôt dans le reste du monde? Peut être, à commencer par la Californie qui pourrait importer le concept sur ses terres pleines de gros bras tatoués. En attendant, c’est au niveau local qu’il se développe avec, entre autres, des fêtes de quartier qui seront organisées dès le 5 mars et un partenariat à venir avec JeanCharles de Castelbajac... On n’en saura pas plus, car le salon est entouré d’une certaine culture du secret étouffée par les vannes grasses que se balancent en continu Guillaume, Kurvi et Seb, le tout sur fond de bon gros son rock qui tache. Un tableau digne des meilleurs épisodes de Beavis and Butt-Head, à découvrir si ce n’est pas déjà fait.

Yann Le Chatelier Photographies Spray Magazine

DOUBLE FACE —

Horror Picture Tea, 95, rue Saint-Honoré, 75001 Paris. Ouvert du mardi au samedi, de 14h30 à 2h du matin. Plus d’infos sur: www.horrorpicturetea.com. _

STUDIO GALANTE TOUS LES SAMEDIS ET DIMANCHE DE L’ANNÉE > 22H10

Les Sweet Transvestites VENDREDI

ROCKY HORROR PICTURE SHOW

Les Irrational Masters

40

JOURNAL

SAMEDI


07.

MODE

MODE IN FRANCE HOME SWEET HOME

VENI

MANIANT HABILEMENT LES CODES ESTHÉTIQUES NATIONAUX, UNE POIGNÉE DE MARQUES TENTE DE RÉVOLUTIONNER LE LOOK DU PARFAIT FRANÇAIS MODÈLE. CETTE TENDANCE RÉVÉLERAITELLE UN VÉRITABLE CHANGEMENT SOCIÉTAL? QUELQUES ÉLÉMENTS DE RÉPONSE.

La Commune de Paris, une marque bleu, blanc, rouge

Automne / Hiver 2011 de Monsieur Lacenaire

Un petit café du 11e arrondissement de Paris. Devant nous, sourire aux lèvres et casquette gavroche vissée sur la tête, se tient le prototype du «titi Parigot» version 2011:Thomas Giorgetti, 32 ans, est l’un des fondateurs de Bleu de Paname, marque fabriquée en France qui fusionne le workwear français d’antan avec l’univers streetwear d’aujourd’hui. _

tient effectivement à leurs tissus à l’an-

«Je fais partie de la génération qui a

BCBG. «Je ne fais pas de la mode,

dit non aux pulls qui grattent et aux

lance Masaya Kuroki, le designer de

duffle-coats à maman. Mais cela ne

la marque. Avec leurs vêtements sub-

veut pas dire que je renie mes racines.»

tils et sans esbroufe, Kitsuné et Bleu

Sa pièce phare est une veste de comp-

de Paname passent un peu pour des

toir ou «veste de bougnat»: une réplique

exceptions: la majorité des marques qui

du vêtement de travail que portait son

jouent la carte nationale mise clairement

grand-père, un charbonnier auvergnat

sur une approche marketing.

installé à Paris juste avant la Seconde

trois points. C’est la Sainte-Trinité pari-

— GÉOPOLITIQUE DU VÊTEMENT —

sienne. Ils signifient prolo, bourgeois et

«Aujourd’hui, on ne vend plus un style,

voyou. C’est avec ces gens, de tous hori-

on vend une marque, un univers», ré-

zons, que s’est construite la ville. «Notre

sume Frédéric Godart, sociologue de la

ambition est de réunir ces trois entités»,

mode à l’INSEAD et auteur de Sociolo-

chaque saison, est une chemise vichy

déclare-t-il. Les précédentes collections

gie de la mode. Chez Commune de Pa-

bleu-blanc-rouge.

s’appelaient «Rungis» et «Congés Payés».

ris, on l’a bien compris. «Nos vêtements

Contrairement à L’ «Americana» ou au

La dernière a été baptisée «Apaches», en

racontent une histoire», nous déclare

«Britannica», le look du Français mo-

référence aux voyous qui semèrent le

Alexandre Maïsetti, directeur artistique

dèle n’est pas encore clairement défini.

trouble dans les faubourgs de la capitale

de la marque, qui propose un prêt-à-

Toutefois, on voit s’affiner les contours

au début du 20e siècle.

porter soigné avec une petite touche

d’une silhouette rafraîchissante, décon-

Cette recette workwear+vintage est

humoristique et surtout, historique.

tractée... et résolument masculine. Mais

efficace et fait même des émules: de-

«Notre nom sert de cadre à nos débor-

cette tendance va-t-elle prendre ou bien

puis 2009, une autre marque, Bleu de

dements. En empruntant à l’événement

se dissiper comme un feu de paille? Les

Chauffe, fabrique dans le Larzac des sa-

de la Commune, nous avons choisi un

paris sont lancés...

coches de plombier d’après des modèles

univers fort et évocateur. » Le concept

d’époque. La force de ces deux marques

est ultra-rodé: le bestseller, renouvelé

debiche, Thomas Giorgetti a dessiné

Boutique Kitsuné

Mode In London

«On ne cherche pas l’effet de style mais la fonctionnalité et la robustesse, résume Thomas Giorgetti. Nous n’avons jamais eu l’intention de révolutionner la mode», souligne-t-il. Même son de cloche chez Kitsuné, mais dans un registre plus

Débardeur DriesVan Noten. Pantalon Lanvin

Chemise Ben Sherman. Short Misericordia.

La marque Octave et Charlie mixe une inspiration ricaine avec des codes français

VIDI

de sa griffe, qui représente deux pieds-

sec...), exclusifs et fabriqués en France.

Chemise Uniqlo. Veste & Pantalon Cos.

Yann Le Chatelier photographies SPRAY magazine.

Chemise Replay. Short Fenchurch.

Chemise O-bey. Short Benetton.

VICI

Guerre Mondiale. En dessous du logo

cienne (moleskine, sergé croisé, coutil

PHOTOGRAPHE : BRUNA KAZINOTI STYLISTE : CHARLOTTE BRIÈRE

JOURNAL

41


BACK IS BACK ÉCHINE

42

JOURNAL


JOURNAL

43


VOYAGE

08.

THE GOUTTE D’OR VOYAGE DANS PARIS

PAR CES TEMPS DE PRÉ-CAMPAGNE ÉLECTORALE RYTHMÉS DE SONDAGES TAPAGEURS, L’EXPOSITION DE MARTIN PARR À L’INSTITUT DES CULTURES D’ISLAM, THE GOUTTE D’OR ! OFFRE UNE BULLE D’OXYGÈNE POLITIQUE ET PHOTOGRAPHIQUE.

© Martin Parr / Magnum - Femmes musulmanes célébrant la fête Chrétienne de l’Épiphanie

05.

PEREGRINATIO —

PÉROU VALL ÉE

E

r Cuzco SACR É

lac Tititcaca

L’EMPIRE DES INCAS En Images

44

JOURNAL


08.

VOYAGE

MARCHER SUR LES TRACES DE MARTIN PARR pour découvrir ou redécouvrir la goutte d’or

Spiritualités

MARCHÉ DEJEAN Rue Dejean

Rituels

La I-Cité

CAFÉ «MONVILLAGE» "OHMF SVF $BWF r SVF "GGSF

MOSQUÉE KHALÎD IBNWALID A 28, rue Myrha

CHEZ YAHIA ADAMO rue de Panama

MAGASIN DE CHAUSSURES 17, rue des Poissonniers

BOUTIQUE CONNIVENCE 12, rue de Panama

RESTAURANT «CHEZ GUICHI» 76, rue Myrha

ÉGLISE ST BERNARD 11, rue S’ Bruno

CHEIKH FAYE rue des portes blanches

LES DÉLICES DU PALAIS 25, rue de la Charbonnière

«LES BAINS MAURES» 54, bd de la Chapelle

MOSQUÉE AL FATH 55, rue Polonceau

LA FERME PARISIENNE Rue Myrha

LIBRAIRIE ATLAS 17, rue Myrha

© Martin Parr / Magnum

INSTITUT DES CULTURES D’ISLAM 19, rue Léon PRIÈRE DANS LA RUE Rue des Poissonniers MOSQUÉE AL FATH 55, rue Polonceau

© Martin Parr / Magnum

et des scènes du quotidien. Il fait partie

et un français catholique, juif ou sans

des photographes qui ne se cachent pas,

religion» ! De ses déambulations pié-

de ceux qui font poser leur sujet pour les

tonnières à Paris, de Barbès à la Goutte

flasher sur un coin de table, non sans y

d’Or, Il nous fait partager ses rencontres

ajouter cet humour so British qui le ca-

et ses découvertes, liées à la diversité des

ractérise. Loin d’une posture de touriste

pratiques religieuses, à la gastronomie,

voyeur qui dérobe ses images, il assume

aux commerçants de ce quartier-vil-

l’intrusion de son appareil dans l’espace

lage. L’exposition « The Goutte d’Or !

intime de son sujet. Et tout à coup la

– L’Institut des Cultures d’Islam invite

photo ne fait plus de l’autre seulement

Martin Parr » se fait ainsi l’écho de cette

une curiosité.

immersion dans un quotidien méconnu:

La Goutte d’or et ses résidents multi-

l’artiste se fait humain, sa malice dédra-

culturels n’est pas le « produit exotique »

matise, son art interpelle avec tendresse

que certains présentent, mais bel et bien

et autodérision.

Fruit de la résidence inédite de cet artiste globe-trotter à Paris, Martin Parr présente une trentaine de clichés de ce quartier. _

de spiritualités et d’individus qu’aucun

La Goutte d’or, l’un des quartiers les

bulations d’un piéton anglais à l’oeil

— AN ENGLISH MAN À LA GOUTTE D’OR —

plus cosmopolites de la capitale, décrit

malicieux, à la découverte d’une autre

Un Islam quotidien, familier, presque

il y a plus d’un siècle par Zola dans ses

réalité, dans le cœur d’un quartier où

villageois, celui de la majorité silencieuse

moindres ruelles grouillantes de pauvre-

l’Islam vit. Un regard à la fois unique et

que l’on montre rarement dans les mé-

té, continue de symboliser pour certains

délicieusement décalé qui nous révèle

dias… car la Goutte d’or est aussi un

les dangers des ghettos populaires.

d’autres dimensions, y compris les plus

quartier riche de nombreux commerces,

Le photographe britannique ne

secrètes, d’un quartier de Paris trop sou-

parfois nichés dans des endroits inatten-

connaissait rien du quartier de la Goutte

vent pointé du doigt.

dus, héritier d’un patrimoine culturel :

d’Or avant de s’immerger dans ses rues,

N’étant pas un spécialiste de l’Islam, il

du charcutier posant devant sa tirelire-

ses boutiques, ses lieux de culte le temps

s’est ainsi autorisé à porter un regard

cochon aux pratiques ferventes de la foi,

d’une semaine de prise de vues. Qui

neuf sur un quartier et une population

d’une collection de théières bariolées

donc mieux que le touriste Parr pouvait

particulièrement trop souvent stig-

délicieusement kitch à l’art de la « sape

nous offrir ce regard curieux et sponta-

matisés. S’il avait déjà eu l’occasion de

» (la mode du dandysme tropical). La

né, qui au-delà des a priori, documente

photographier diverses communau-

vie bariolée peut-être mais surtout riche

une vie de quartier avec ses richesses et

tés dans le West Midlands, réaliser un

des habitants du quartier se retrouve

ses complexités?

reportage à la Goutte d’Or n’était pas

sublimée dans l’objectif de Martin Parr,

Dans le style des vieilles cartes postales

comparable. Car pour l’artiste, «il y a

révélant sa beauté dans le détail.

qu’il affectionne tant, Martin Parr saisit

plus de différence entre un anglais et un

d’un point de vue frontal des portraits

français qu’entre un français musulman

cliché ne peut résumer. Par le biais de ces clichés, Martin Parr vous fait partager avec finesse et humour les déam-

Institut des cultures d’Islam

Exposition photographique du 6 avril au 2 juillet 2011 Institut des Cultures d’Islam 19-23, rue Léon 75018 PARIS - Informations : 01 53 09 99 80 M° Château Rouge / Barbès Rochechouart. _

VICI

une conjugaison de talents, d’énergie,

VIDI

CHARCUTERIE LE COCHON D’OR Rue Dejean

VENI

Melting Potes

JOURNAL

45


46

JOURNAL


Plan voisin de Paris - Le Corbusier.

09.

ARCHITECTURA [ ARCHITECTURE [

— MODUL-OR Nouvelle_ donne.

Z.A.C. MASSENA Travaux _pratiques.

JOURNAL

47


ARCHITECTURA

07.

MODUL-OR NOUVELLE DONNE

A PARTIR DE LA FIN DES ANNÉES SOIXANTE, LE DOMAINE DES ARTS PLASTIQUES CONSTITUE LE POINT DE CHUTE POUR LA RECHERCHE D’UN AUTRE URBANISME, QUI SE VOUDRAIT PLUTÔT CRITIQUE, SOCIOLOGIQUE ET ÉCOLOGIQUE. EN D’AUTRES TERMES : UN URBANISME QUI SERAIT UNE ALTERNATIVE ‘VALABLE’ POUR LES SITUATIONS EXISTANTES.

Frédéric Borel, Poste de la rue d’Oberkampf, Paris.

LE DÉCONTRUCTIVISME, UN CAHOS CONTROLÉ —

C’est un style contemporain qui s’oppose principalement à la rationalité ordonnée de l’architecture moderne. Les fondements de ce mouvement incluent des idées de fragmentation, des processus de design non linéaire, de la géométrie non-euclidienne, de polarités négatives comme une structure et une enveloppe, et ainsi de suite. _ C‘est un mouvement contemporain, parallèle et différent du postmodernisme, qui s’oppose comme lui à la rationalité ordonnée de l’architecture moderne, mais sur des fondements complètement différents puisqu’il assume pleinement la rupture avec l’histoire, la société, le site, les traditions techniques et figuratives. Il revendique la philosophie postmoderne, en particulier ses idées de fragmentation et de polarité négative, qu’il associe à des processus de design non linéaire, à des thèmes comme la géométrie non-euclidienne, en poussant à l’extrême des thèmes

De part sa quète d’optimiser les espaces sans fin, un grand nombre d’architectes et d’urbanismes se sont inspirés du Corbusier. _

mètre est basée sur l’observation de l’ar-

humaine. Le Modulor lui apparait

chitecture traditionnelle européenne et

aussi comme le moyen de dépasser les

de l’utilisation des proportions de cette

deux systèmes de mesure qui divisent

unité pour élaborer l’harmonie d’une

la planète. L’échelle du Modulor suit

Tout commence par Le Modulor, qui

architecture.

la progression de Fibonacci, suite qui

est une notion architecturale inventée

En bâtissant l’échelle humaine, le Cor-

par Le Corbusier en 1943. Silhouette

busier rejoint notamment les architectes

humaine standardisée servant à conce-

de la Grèce antique. Comme ceux ci, il

voir la structure et la taille des unités

aménage l’espace architectural pour que

d’habitation, comme la Cité radieuse

le corps s’y reconnaisse. Sa réflexion

de Marseille, Maison Radieuse de Rezé

sur le comportement de l’homme, sur

ou l’Unité d’habitation de Firminy-

l’équilibre des volumes, de leurs dimen-

Vert, elle devait permettre, selon lui, un

sions et proportions l’amène à établir

confort maximal dans les relations entre

une grille de mesures s’appuyant sur

l’homme et son espace vital. Ainsi, Le

le «Nombre d’Or». Il construit sa grille

Corbusier pense créer un système plus

par rapport aux différentes parties du

adapté que l’actuel système métrique,

corps humain et l’appelle «le Modulor».

car il est directement lié à la morpho-

C’est avant tout la prise en compte de

logie humaine, et espère voir un jour le

l’homme, «cet animal qui doit pouvoir

remplacement de ce dernier.

s’ébrouer tout à son aise dans l’espace

Il s’agit d’un mot-valise composé sur

de sa maison», qui guide les choix archi-

«module» et «nombre d’or». En effet,

tecturaux de Le Corbusier. «La nature

les proportions fixées par le modu-

est mathématique, les chefs-d’œuvre de

— CET ANIMAL QUI DOIT POUVOIR S’ÉBROUER À SON AISE DANS L’ESPACE —

l’art sont en consonance avec la nature. Ils expriment les lois de la nature et ils s’en servent». Voilà bien le credo sur lequel Le Corbusier fonde son action. Au modulor va s’ajouter un besoin de normalisation aussi bien en architecture qu’en construction mécanique. Cette normalisation s’impose esthétiquement, «pour plus d’harmonie» et économique-

de l’architecture moderne comme l’opposition entre structure et enveloppe, entre

lor sont directement liées au nombre

ment dans cette phase de reconstruction

tend vers le nombre d’or, principe qui

plancher et mur, et ainsi de suite.

d’or. Par exemple, le rapport entre la

urgente au lendemain de la guerre. La

va de soi puisque pour Le Corbusier

taille (1m83) et la hauteur du nombril

nécessité est la construction en masse de

l’ «on a démontré et principalement à la

(1m13) moyenne est égal à 1,619, soit le

logements (le Corbusier va jusqu’à par-

Renaissance que le corps humain obéit

imprédictabilité stimulante et un chaos contrôlé. Cependant, les critiques le voient

nombre d’or à un millième près. D’autre

ler de «machine à habiter»). Le modulor

à la règle d’or».

comme un exercice formel qui se fait au détriment de toute vie sociale.

part la taille humaine standard 1,83

est ainsi utilisé pour respecter l’échelle

Les apparences visuelles des réalisations dans ce style sont caractérisées par une

_ 1925 : Plan Voisin : projet d'aménagement urbain pour Paris _ 1927 : Projet pour le concours du Palais de la Société des Nations à Genève _ 1930 : Projets d'urbanisme dit « Plan Obus » pour la ville d'Alger _ 1933 : Projets d'urbanisme pour la rive gauche de la ville d'Anvers. _ 1934 : Le village coopératif. Piacé, Sarthe. _ 1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de Saint-Gaudens _ 1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de Saint-Dié _ 1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de La Rochelle-La Pallice

lenombredor

_ 1947 : Palais des Nations Unies à New York _ 1949 : Projet d'urbanisme pour la ville de Bogota _ 1950 : Basilique Universelle de la Paix par le Pardon à Plan-d'Aups-Sainte-Baume. _ 1951 : Projet pour le concours pour le grand ensemble du quartier Rotterdam à Strasbourg _ 1955 : Ville radieuse à Meaux _ 1961 : Projet pour le concours du Palais des congrès et hôtel en lieu et place de la Gare d'Orsay à Paris _ 1962 : Projet de 3500 logements repartie dans 3 unités d’habitation. _ 1965 : Projet d'une piscine dans le centre civique de Firminy Vert _projets avortés émanant de la charte d'athènes

CHARTE IMPLIQUANT UNE HARMONIE ARCHITECTURALE

48

Le nombre d'or, Le Corbusier

JOURNAL


07.

ARCHITECTURA

1/

2/

?

VENI

Un espace, mille possibilités

3/

4/

Luc Deleu, Yokohama.

L’héritage est une notion importante en urbanisme. On se prend au jeu d’améliorer sans cesse le travail ou visions de grands pionniers. _

Une autre figure dans le genre, c’est Zaha Hadid, elle est curieuse. Une grande dame

Luc Deleu fait parti de ces hommes.

faire court, on dira qu’il s’agit du Nobel de l’architecture), l’Anglo-irakienne s’est

Est-il un artiste, un architecte, un phi-

imposée dans le monde entier, par ses réalisations ondulantes, où le béton devien-

de l’architecture. qui pourrait très bien avoir la grosse tête. Et pourtant, on la sent discrète. Récompensée par le Prix Pritzker en 2004 (pour

losophe ou un perpétuel anarchiste? Il

drait une matière vivante. Avec Franck Gehry ou Peter Eisenman, elle est l’une des

est tout cela à la fois comme le montrent

meilleures représentantes du déconstructivisme, pronant la rupture avec les angles

plusieurs expos consacrées à sa «ville inadaptée». Au musée d’art contempo-

droits et jouant sur un dessin non linéaire. A Montpellier, elle va signer le controversé

rain d’Anvers (le Muhka), Luc Deleu

projet «Pierresvives» du conseil général de l’Hérault.

expose une très grande maquette, de

Zaha Hadid.

18,51 m de long, fragment de sa ville «inadaptée» qu’il développe depuis colonne vertébrale un monorail,

avons tout faux, dit-il. Notre urbanisme

«On trouve partout de la réglementation

«ascenseur horizontal», et une longue

multiplie les réglementations pour les

sur les abris de jardins alors que jamais,

passerelle pour les piétons, garnie

particuliers, réglant les moindres détails

on n’impose à Coca-Cola de l’Helve-

d’éoliennes. Tout autour, comme des

de leur habitation, mais par contre,

tica beige (une police de caractère en

rameaux, la ville se développe avec une

il n’intervient pas pour réglementer

typographie) pour une bonne intégra-

grande liberté. Des plans complexes

tion de ses enseignes à l’esthétique d’un

niste démiurge. Il a comparé cette ville

— ON N’IMPOSE À COCA-COLA DE L’HELVETICA BEIGE POUR UNE BONNE INTÉGRATION DE SES ENSEIGNES À L’ESTHÉTIQUE D’UN QUARTIER —

à un fauteuil du Corbusier qui avait la

les implantations des grandes sociétés

habitants. Le travail de Deleu, impres-

propriété de devenir plus beau et plus

ou pour promouvoir les espaces et in-

sionnant par son volume et sa rigueur,

confortable par l’emploi qu’on en fait.

frastructures communs.»

son souci des détails, n’est pas une uto-

Il a un faible pour Chandigarh, la ville

Raymond Baleau, commissaire de

pie mais un laboratoire, une pièce pour

du Corbusier, qui a bourgeonné au

l’expo à La Cambre à Bruxelles, qui

la réflexion future.

gré des envies de ses habitants. «Nous

complétera celle du Muhka, résume:

tourent la maquette. «L’architecture, c’est de l’art, dit-il, ou ce n’est rien. Souvent, ce n’est rien que la construction de bâtiments.» Pour lui, une ville doit forcément être inadaptée pour évoluer avec les gens qui l’habitent et ne pas être une cité idéale sortie du cerveau d’un urba-

quartier». L’urbanisme, selon Deleu qui préfère l’appeler «orbanisme», ne doit pas intervenir dans la vie privée mais doit imposer des contraintes aux institutionnels et aux multinationales pour le bénéfice de tous. Fort de ces principes, Deleu développe toute une ville avec ses quartiers aux noms poétiques (Bingbong, Brikabrak, Dinkytown, Vipcity,...). Ville colonne vertébrale qui se densifie au rythme des envies de ses

Un bâtiment qui va accueillir les archives, mais aussi la direction de la culture et des sports du Département, entre La Mosson, Celleneuve et le Mas d’Alco.

© la libre belgique

© midi libre

_les clefs du succés

VICI

et beaux comme des oeuvres d’art en-

VIDI

dix ans. Une ville linéaire avec comme

JOURNAL

49


ARCHITECTURA

07.

Z.A.C. MASSÉNAT TRAVAUX PRATIQUES

MALGRÉ LES CONTRAINTES, À CAUSE DES CONTRAINTES’. LE LEITMOTIV EST COURANT CHEZ LES ARCHITECTES, POUR LESQUELS LE CONTEXTE RÉGLEMENTAIRE D’UN PROJET TIENT SOUVENT DE LA BÊTE NOIRE. FRANCIS SOLER A PRIS LE PROBLÈME «À REVERS» ; EN TÉMOIGNE L’OPÉRATION RUE OLIVIER MESSIAEN QUI RÉSULTE DE SES CONTRAINTES, QU’ELLES SOIENT URBAINES, TECHNIQUES OU ENVIRONNEMENTALES.

Bibliothèque François Mitterrand, Paris XIIIème.

La ZAC Masséna, aux confins de la Seine et du boulevard périphérique, représente presque la moitié de l’opération Seine Rive gauche, qui restructure une bonne partie du 13e arrondissement de Paris. _

FLAINE, UNE IDENTITÉ FORTE, UN GESTE CULTUREL

La ZAC a été confiée à trois architectes

Classée monument historique, cette station a été créée en 1968 par le géophysicien Eric Boissonnas, au cœur d’un grand cirque naturel à 1600 m d’altitude, et conçue comme «station intégrée», skis au pieds et sans voiture. La station est construite sur trois niveaux : «Flaine-Forêt» (1700 m) , «Flaine-Forum» (1600 m) , «Flaine-Front de Neige» (1500 m), reliés par deux ascenseurs extérieurs et deux chemins piétonniers. _

: Christian de Portzamparc (Massénanord, la zone la plus propice à l’imagination), Yves Lion (Masséna-sud, la plus difficile par la part d’infrastructure qu’il comporte, et qui est toujours en cours d’étude), Bruno Fortier (Mas-

Avec l’architecte suisse Gérard Chervaz, Eric Boissonnas a fait le pari d’y créer un

séna-Chevaleret, le plus délicat par son

exemple d’urbanisme, d’architecture et de design, pour lequel la rentabilité immé-

rôle de charnière avec le vieux 13e).

diate serait subordonnée aux choix esthétiques et au respect de l’environnement. Il

Christian de Portzamparc, premier Français à avoir obtenu le prestigieux

a été fait appel à Marcel Breuer, architecte du Bauhaus mondialement connu et ses

prix Pritzker, a mis ici en oeuvre sa

associés Laurent Chappis, Gérard Chervaz, André Gaillard, Denys Pradel. La ligne

théorie dite de l’«îlot ouvert». A grande

directrice de la conception architecturale a été le respect de la nature : les lignes du

échelle. L’îlot ouvert, en rupture avec

plan masse sont donc harmonisées avec celles de la morphologie du site. Le béton

la vision moderniste des tours et des

est volontairement présent, fondu par sa couleur avec le calcaire environnant. La

barres, mais éloigné de l’uniformité monolithique du bloc haussmannien,

volonté de ses promoteurs éclairés était de réaliser «un prototype d’architecture,

rassemble des bâtiments autonomes

identique d’un bâtiment à l’autre. Les

de ballet inspiré de L’Ile mystérieuse de

— LA ZAC SE PRÉSENTE COMME UN SPECTACLE URBAIN, UNE SORTE DE BALLET INSPIRÉ DE L’ILE MYSTÉRIEUSE DE JULES VERNE —

façades sont en général alignées, mais

Jules Verne, avec tous les ingrédients qui

sans continuité d’une construction à

en font la magie. Ce ballet sur les bords

l’autre. Il propose une vision contempo-

de Seine est l’occasion de présenter une

raine empreinte d’une forme de certain

collection de modèles architecturaux

lyrisme, un «bocage urbain» caractérisé

rares, extravagants, bizarres, qui font

par la diversité des constructions : si le

alterner masses de béton et de couleurs,

plan général du quartier (dimensions et

coins et recoins emplis de végétation,

emplacement des constructions) reste

d’où l’on s’attend à voir s’élancer bono-

de la responsabilité du coordinateur

bos et chimpanzés. C’est aussi une alter-

Portzamparc, la conception précise

nance très théâtrale d’édifices neufs et

des bâtiments est confiée à d’autres

récupérés, les uns destinés à l’université

architectes, ce qui autorise une grande

Paris-Diderot, les autres au logement de

autour d’une rue traditionnelle. La hau-

diversité. La ZAC Masséna se présente

ce nouveau Quartier latin.

teur des immeubles est limitée sans être

comme un spectacle urbain, une sorte

d’urbanisme et de design à la montagne». Aujourd’hui cette volonté a été reconnue avec le classement de l’Hôtel Le Flaine aux monuments historiques.

Ambroise_nps

DÅRK MOÐULARITY —

† 46°0' 25" NORD.

50

JOURNAL

Flaine en été.


07.

2400 M.

la Joux

Golfe de Flaine

×

1800 M.

1800 M.

Aup deVéran

#

le Lavancher

1650 M.

FLAINE'S LANDSCAPE

×

Col de pierre carrée

2200 M.

2000 M.

Flaine

#

VENI

#

1600 M.

Lac de Flaine

1400 M.

Hôtel de Flaine.

Christian de Portzamparc (Christian Urvoy de Portzamparc) est un architecte et urbaniste français né le 9 _ mai 1944 à Casablanca au Maroc.

un «bocage urbain » caractérisé par la

habituellement des années à tisser, cette

diversité des constructions.

complexité nourrie de contrastes qui la

Il met en œuvre le concept d’îlot ouvert

rend plus vivante...

à une grande échelle dans le cadre de

La réponse se situe à l’opposé d’un

L’une des premières illustrations de ses

l’opération Paris Rive Gauche. La réa-

parti pris d’uniformité. Ici il privilégie la

idées est l’ensemble de logements so-

lisation des plans-masse (dimensions et

diversité, la nécessité des contrastes, le

ciaux des Hautes-Formes, dans le XIIIe

emplacement des constructions) et la

passage du grand au petit, l’alternance

arrondissement de Paris.

conception précise des bâtiments sont

Alors que deux tours devaient être

confiées à d’autres architectes, dans le

construites sur cet emplacement,

cadre des règles de construction que

l’abandon de la construction d’im-

fixe Christian de Portzamparc. Son

meubles de grande hauteur dans Paris

objectif est de donner au quartier un

en 1974 modifie le projet.

caractère basé sur l’alternance de hau-

Christian de Portzamparc décide de tra-

teurs, de couleurs, de matériaux et de

cer une rue à travers le nouveau quartier

styles architecturaux. Il utilise la méta-

et de le doter d’une petite place centrale.

phore de la « nature-morte », qui com-

Il crée une série d’immeubles de taille

bine de manière harmonieuse des objets

— IL EST IMPORTANT DE CONSTRUIRE PAS À PAS, DE CRÉER AUTANT QUE DE TRANSFORMER — Immeubles îlots ouverts, quartier Masséna.

variée, moins élevés au sud-ouest afin de faciliter l’entrée du soleil.

VIDI

#

×

Tête du colonney

// danger // loisir // refuge

Les ouvertures sont soignées et le plan unique est rejeté au profit de plusieurs modèles différents d’appartements suivant la position dans l’ensemble de bâtiments. Portzamparc rejette la mitoyenneté afin de créer des appartements dotés d’exposition multiples et de créer des échappées visuelles à l’intérieur de l’îlot. Ses conceptions architecturales retiennent de l’haussmannisme une hiérarchisation entre espaces publics, semi-publics et privés, que l’architecture moderniste

différents les uns des autres. Pour créer

du régulier et du singulier. Dans cette

de tours et de barres sur dalle a perdue

la ville sur ce vaste périmètre Christian

juxtaposition d’îlots ouverts au regard,

en rejetant la rue traditionnelle multi-

de Portzamparc a poursuivi la réflexion

les constructions aux hauteurs variables,

fonctionnelle. Il ne reprend toutefois

qu’il mène depuis plusieurs années: quel

non mitoyennes, s’articulent autour de

pas la rigueur et l’uniformité des fa-

urbanisme offrir à la ville d’aujourd’hui

cours et de jardins pour toujours laisser

çades haussmanniennes traditionnelles,

? C’est-à-dire comment arriver à propo-

pénétrer la lumière en leur milieu.

auxquelles il préfère un certain lyrisme,

ser en quelques mois ce que la cité met

Contemporart

VICI

×

ARCHITECTURA

BRIGHT ESCÅPE —

6°41' 31" EST.

JOURNAL

51


L'HOMME — LE CORBUSIER FUT UN PROTAGONISTE AMENANT UN ÉLAN. IL A COMPRIS ET RÉPONDU À UNE ATTENTE MALGRÉ SES DÉTRACTEURS. IL FUT L'HOMME MARQUANT LA PAGE BLANCHE DE CETTE PRÉFACE D'APRÈS-GUERRE.

52

JOURNAL


VENI VIDI VICI

SES ARMES

JOURNAL

53


FORUM 10.

CONTAINER PROJECT ÉCO-CITOYEN

DEPUIS 2006, DES ARTISTES ONT EU L’IDÉE D’UTILISER DES CONTENEURS POUR AMÉNAGER D’ABORD DES ATELIERS, PUIS DES LOGEMENTS D’ÉTUDIANTS. LEUR CARACTÈRE EMPILABLE A PERMIS À DES ARCHITECTES DE DÉVELOPPER LE PROJET EN LES EMPILANT SUR PLUSIEURS ÉTAGES POUR CRÉER DES IMMEUBLES DE CITÉS UNIVERSITAIRES.

Navire marchand affrêté par MSC.

05.

FORUM

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2

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makes empannage

3

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2

54

JOURNAL

3

/

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10.

FORUM

Crous, cité A docks, le Havre.

La ville du Havre et le CROUS sont à l’initiative de la construction sur une friche portuaire d’une résidence universitaire faite de conteneurs assemblés, et démontables à l’avenir. Une première en ce qu’il s’agit d’habitat collectif répondant aux normes françaises de construction. Cependant, le concept de logements étudiants en conteneurs a été inventé aux Pays-Bas par la société

terrasses. Les cent logements s’étagent sur quatre niveaux, autour d’un jardin intérieur. Les rez-de-chaussée ont été surélevés pour préserver l’intimité des résidents.

LES ACTIONS CONSTRUITES OU LA CONSTRUCTION DE PLATEFORMES D’ACTIONS —

L’architecte Alberto Cattania a consti-

Né en 2003 à l’initiative de cinq architectes, eXYZt constitue aujourd’hui une plateforme de création pluridisciplinaire regroupant une vingtaine de personnes : architectes, graphistes, vidéastes, photographes, dj, botanistes, constructeurs. _

tué une structure métallique supportant les conteneurs et permettant un décalage entre les studios afin d’implanter passerelles, balcons et terrasses. L’ensemble s’étagent sur 4 niveaux, autour

Chaque intervention du collectif s’inscrit dans une temporalité et dans un territoire

— COMMENT ÉVITER QUE LES ÉTUDIANTS, FUTURS LOCATAIRES, SE SENTENT MIS EN BOÎTES —

déterminé, prenant souvent la forme d’installation temporaire. Les projets d’eXYZt partent de la spécificité du site, le contexte devenant support pour le projet. En fonction des projets, eXYZt mobilise tout ou partie de ses membres et tisse de nouveaux liens avec les acteurs sur place, formant ainsi des communautés d’action, des cadres de vie et d’échange. Dans le contexte surmédiatisé de la Biennale d’architecture de Venise, Bouchain et eXYZt, décident de réaliser le projet Métavilla. Le cube d’Étienne de Crecy par eXYZt.

VIDI

L’avantage est certainement le coût de revient, puisque, à confort égal, les aménagements de second œuvre sont identiques à ceux d’une construction en maçonnerie. la rapidité d’une installation préfabriquée et autoporteuse, ainsi que le caractère rapidement démontable qui permet aux promoteurs de se dispenser de demander une autorisation de construire normale, comme s’il s’agissait d’un habitat de _ cantonnement.

VENI

Dans le domaine du transport, un conteneur ou container, est un caisson métallique, en forme de parallélépipède, conçu pour le transport de marchandises par différents modes de transport. Ses dimensions ont été normalisées au niveau international. Il est muni, dans tous les angles, de pièces de préhension permettant de l'arrimer et de le transborder d'un véhicule à l'autre. Il fait partie, avec les caisses mobiles et certaines semi-remorques, de la catégorie des UTI . Il permet ainsi de diminuer les temps de rupture de charge et de transbordement. Ses adaptations spécifiques permettent de faciliter les opérations de «mise en boîte » des marchandises et de vidage.

Tempohousing. Amsterdam a été la d’un jardin intérieur. Pour préserver

cité universitaire conçue entièrement en

l’intimité des résidents le rez de chaus-

conteneurs. Plus de 1 000 unités ont été

sée a été surélevé.

installées.

Pour accueillir des habitants, les conte-

Chaque appartement dispose d’une

neurs ont subi un lifting radical. Leurs

salle de bains, kitchenette, d’un système

deux extrémités ont été percées de

de ventilation et d’une connexion Inter-

baies vitrées. Ils ont « maigri » de 40

net. Mais comment éviter que les étu-

cm en largeur, pour peaufiner l’isola-

diants, futurs locataires, se sentent «mis

tion phonique et thermique. Des murs

en boîtes» ?

coupe-feu en béton armé, et des patins

L’architecte italien, Alberto Cattani, a

en caoutchouc ont été implantés pour

trouvé la solution technique : c’est une

empêcher les vibrations. Les étudiants

structure métallique qui porte les conte-

devraient donc pouvoir danser et sau-

neurs et permet de décaler les studios

ter sans embêter leurs voisins, assure le

et d’implanter passerelles, balcons et

concepteur.

Avec une véritable cuisine, un hôtel, sauna et mini-piscine sur le toit, le pavillon français se transforme en lieu de rencontre et d’échange, où l’architecture est vécue, où le visiteur devient acteur et participant actif. www.exyzt.org

< 2 8 0 8 6 7 VICI

première ville d’Europe à accueillir une

) , 7 6 ( % $ * 2

_docksides

JOURNAL

55


04. SALTATIO — LA SÉLECTION SORTIE DANSE ET ART DE LA SEMAINE.

05. MUSICA — SHOW 3D, ROCK INTELLECTUEL, POP-FOLK ROMANTIQUE ET ELECTRO SURVITAMINÉE.

Paris 2012 avait fait confiance à une pointure du cinéma, Luc Besson,

Tourné en 2008 à Wuppertal, Les

Annecy 2018.

Charles Beigbeder, président du GIP

Et surtout l’authenticité», indique

Annecy 2018 retient un spécialiste

Rêves dansants est le dernier film

des films publicitaires, Nicolas Bary,

tution absolument exemplaire de ce réalisé sur le travail de la chorégraphe

Le 18 avril, Frédéric Mitterrand a

que devrait être - et qui ne l’est pas décédée le 30 juin 2009. C’est sans

Du samedi 2 juillet 2011 au mercredi 13 juillet 2011

toujours -, la politique culturelle de la doute celui qui l’aborde sous l’angle

31 ans. «Nous allons mettre en avant

Paris Cinéma vous propose une France : un lieu où toutes les cultures

le moins attendu et le plus émouvant.

reçu les équipes des films français

programmation ambitieuse dans ses se retrouvent avec le même respect et

la scène: les montagnes, le paysage.

choix, en entrée libre pour certains la même liberté. »

retenus dans la sélection officielle

événements ou à un tarif exception-

« le Festival de Cannes est une insti-

nel, ouverte à tous et pour tous.

album de famille, ces images portent

quatre couleurs. Transfuges d´un

77 dessins réalisés au stylo à bille

fameux groupe rock gothique Bau-

gulier, rythmé par des chansons du

tique pour un bal des vampires sin-

incontournables du genre fantas-

Lionel Hoche convoque des figures

toire de Paris.

celui d’avoir été formé au Conserva-

mais qui ont tous un point commun :

graphes aux esthétiques différentes

pour découvrir six jeunes choré-

Micadanses propose deux soirées

MICADANSES Olivier Bioret : Les Glycines —

Et à vivre.

désenchantement. Un théâtre à vif.

sa petite musique, entre humour et

sans paroles, fait pourtant entendre

The Sound of Silence, bien que

SOUND OF SILENCE —

Lionel Hoche

la charge émotionnelle de l´enfance,

haus et des harmonies hypnotiques

projections, des graphiques compu-

de ‘ISAM’, il a recours à des vidéo-

qu’il nous convie. Pour la version live

3-D, c’est à un fantastique voyage

. Immergé dans une construction

Fields trace un chemin pavé d’un

«Bleed Your Cedar» en 1996, Elysian

tique presque intellectuel. Depuis

perpétue la tradition d’un rock artis-

fer Charles (chant), Elysian Fields

Composé d’Oren Bloedow et Jenni-

AMON TOBIN ELYSIAN FIELDS Electronica Perfecta Rock Intellectuel — —

devrait leur aller comme un gant.

naux. Le cadre splendide du Trianon

un album d’épatants tubes artisa-

duo australien déballait cette année

Entre euphorie pop et spleen folk, le

jotronic et Marco Dos Santos.

des dj’s Paraone, Don Rimini, Djed-

déhancher toute la nuit sur les sets

et I-pod Touch. Vous pourrez vous

Red Bull BPM pour I-phone, I-pad

officiel en France des applications

Cette soirée inaugure le lancement

ANGUS & RED BULL «BPM» JULIA STONE LAUNCH PARTY Le duo Pop-Folk Para One — —

Andris Grinbergs

de moments révolus et d´une situa-

d’un orgue joué en live.

RACHEL & ROSCO ENTRELACS Jean-Sébastien Lourdais — —

tion affective marquée par l´absence

terisés, des softwares customisés, et

rock sombre à l’éclatante beauté.

Rachel & Rosco est un ensemble de

de figure masculine.

du real-time audio.

56


VENI

duction de publicités de cigarettes,

Son “Untitled (Cowboy)”, repro-

la situation historique d’Edouard

Moderne entend explorer et éclairer

graphique, Manet, inventeur du

Plus qu’une rétrospective mono-

MANET, LE MODERNE, AU MUSÉE D’ORSAY Olympia —

des téléspectateurs, le photographe

TV”, étonnant zapping international

scotchés à leur télé. Pour “Watching

Ou presque. Affalés sur leur canapé,

ou américains… Et on dirait nous.

Il sont marocains, nigérians, indiens

Palais, à Paris, jusqu’au 20 juin, puis

art du mystère dévoilé au Grand

songes et tourments intérieurs. Un

l’œuvre d’Odilon Redon explore les

Ténébreux ou coloré, peint ou gravé,

ET PENDANT CE ODILON REDON Who wanted 19th-century TEMPS-LÀ… ILS — REGARDENT LA TÉLÉVISION Olivier Culmann —

VIDI

s’est vendu plus d’un million de Manet (1832-1883), entre l’héritage

français Olivier Culmann a obtenu

“Untitled (Cowboy)”

dollars… Artiste du collage et de la réaffirmé du romantisme, l’impact

à Montpellier. Mais aussi dans un

RICHARD PRINCE —

LE MUSÉE EST UN DES LIEUX

copie, Richard Prince, 69 ans, expose de ses contemporains et le flux mé-

hors-série “Télérama”

01. EXPOSITIO —

QUI DONNENT LA PLUS

ses œuvres jusqu’au 26 juin à la BNF.

le World Press 2008. Un travail pré-

POUR ANDRE MALRAUX

EN DÉCOUVERTE. D’AILLEURS,

ET SES MUSÉES RICHES

SON HISTOIRE, SON ART, SA CULTURE,

PARIS EXISTE À TRAVERS

SON ASPECT MULTICULTUREL,

VILLE MAGNIFIQUE À TRAVERS

HAUTE IDÉE DE L’HOMME.

Sur fond de polémique, car il vient de

senté à Paris jusqu’au 11 juin

Ecrite en 1903, il s’agit d’une satire

Marc Paquien, créée il y a deux ans.

les affaires”, dans la mise en scène de

d’Octave Mirbeau “Les affaires sont

présence. Fidèle à ses origines armé-

conquis les écrans par la force de sa

Mnouchkine, Simon Abkarian a

France 2. Venu du théâtre de

Beaux Mecs”, actuellement sur

Il est Tony le dingue, dans “Les

au Studio-Théâtre du Carrousel du

duction de la Comédie-Française,

comme le montre la nouvelle pro-

aussi un peu plus compliqué que ça,

les enfants ? Peut-être, mais c’est

“Poil de carotte”, une pièce pour

pionnière Ariane Mnouchkine, toute

d’hommes ? Dans le sillage de la

La mise en scène, un métier

SIMON ABKARIAN Tony le dingue —

cruelle du capitalisme naissant, in-

niennes, marqué par la guerre et

une génération de femmes de théâtre

AU THÉÂTRE, LES FEMMES FONT ÉCOLE Ariane Mnouchkine —

diatique de son époque.

çais Patrick Cariou pour utilisation sans autorisation de ses images.

MARC PAQUIEN —

Reprise au Théâtre du Vieux-Co-

carné par son personnage principal,

Louvre.

lombier (Paris) de la pièce cinglante

l’industriel parvenu Isidore Lechat.

l’exil, il porte un regard vigilant sur

film de promotion qui sera présenté

Paris 2012 pour la réalisation de son

Annecy 2018 prend le contrepied de

ANNECY 2018 —

prouve aujourd’hui le contraire.

le monde.

SES RÊVES DANSANTS —

Toute ressemblance avec le capitapas tout à fait fortuite...

FESTIVAL PARIS CINÉMA 2011 —

64E FESTIVAL DE CANNES —

lisme déréglé d’aujourd’hui ne serait

PHILIPPE LAGRUE MONTE “POIL DE CAROTTE” —

perdre un procès intenté par le fran-

02. THEATRUM — PARIS COMPTE CENT CINQUANTE THÉÂTRES, FRUITS DE PRÈS DE VINGT SIÈCLES D’HISTOIRE. VISITE GUIDÉE DE CE PATRIMOINE UNIQUE AU MONDE PAR SA DIVERSITÉ ET SA RICHESSE.

03. IMAGINATIO —

PARIS OU L’UNE DES VILLES LES PLUS FILMÉES AU MONDE.

aux membres du Comité international olympique (CIO), le 6 juillet à Durban (Afrique du Sud). Alors que

VICI

57

JOURNAL


09. ARCHITECTURA — PARIS S’EXPOSE, PARIS SE MONTRE LE TEMPS DE VOUS FAIRE UN ROADTRIP INSITU

10. FORUM — QUOI DE PLUS NATUREL DE CHINER, SE PERDRE DANS PARIS LE TEMPS D’UN WEEKEND.

parfaire votre voyage.

phyre qui vous accompagne pour

les colonnes et la fontaine en por-

zaïques, les revêtements de marbre,

Autour de vous ce sont les mo-

l’ère Byzantine qui s’offre à vous.

c’est toute la culture et l’héritage de

Passez les portes du Hammam et

animaux du passé.

vivants et de s’immerger parmi les

découvrir l’organisation des êtres

parée ! Une manière spectaculaire de

de Paléontologie et d’Anatomie com-

coquilles nous convient les Galeries

monde des squelettes, organes et

À quel prestigieux voyage dans le

de zoomer sur un lieu de son choix.

tout utilisateur de survoler la Terre et

satellitaires. Ce logiciel permet pour

blage de photographies aériennes ou

sualisation de la Terre avec un assem-

la société Google, permettant une vi-

le Earth est un logiciel, propriété de

sement dans les eaux transparentes

croisières. Plongez-vous courageu-

à la Petite Sirène, près du port de

capitale danoise, allez dire bonjour

aux Copenhaguois pour explorer la

plus vertes du monde. Joignez-vous

Copenhague est l’une des villes les

fois inférieure à celle de Paris!

et d’une densité de population six

de ses espaces vides, de ses fragilités

différente, fière de sa modestie, riche

centre-villes franchisés ? Berlin est

dans leur ostensible richesse et leurs

capitales finissent par se ressembler

les nouveaux langages artistiques du

entretient des correspondances avec

pas à la structure constructive. Elle

tecture ne se résume cependant

rencié. Mais la structure en archi-

l’éboulement, à la ruine, à l’indiffé-

est ce qui permet de s’opposer à

défiant les lois de la pesanteur. Elle

La structure permet de s’élever en

vement moderne proche de Le Cor-

Charlotte Perriand, icône du Mou-

d’aborder l’oeuvre de la designer

phique que le Petit Palais décide

C’est à travers l’image photogra-

relle, botanique et écologique.

dimensions historique, sociale, cultu-

perspective large, qui en aborde les

tion de la nature en ville dans une

du moment en replaçant la ques-

Cité de traiter l’un des sujets majeurs

du port !

BERLIN NEXT Du 19 Mars au 3 Avril —

COURS #03 : CHARLOTTE IMMERSION LA STRUCTURE PERRIAND URBAINE Du 7 au 18 septembre Cité de l’architecture et du patrimoine pavillon de l’arsenal 12ème — — —

Quelle est donc cette identité spéci-

Façonnée par les flux et reflux de

vingtième siècle qui ont su faire sur-

busier.

fique, à l’heure où toutes les grandes

l’Histoire, dont le dernier acte com-

gir de multiples mondes inconnus

Avec La Ville fertile, il s’agit pour la

mémoratif, le vingtième anniversaire

jusqu’alors.

une activité hors du commun: le

Venez découvrir en Seine-et-Marne

à la française

au temps de Louis XIII, un baroque

Promenade architecturale : le Louvre

Louis d’or

et puis tous ceux qui pourraient par-

vélo-rail. Peu répandu en France, il

LOUIS XIII —

tager ce même désir dominical de se

s’agit d’un engin qui circule sur des

un effort commun

de la chute du Mur.

BRUNCHBAZAR VELORAIL Nadège vous invite — —

Paris 9e - Brocante samedi 30 avril

retrouver pour échanger, savourer,

rails, capable d’emmener jusqu’à 5

Bricabroc

et dimanche 1er mai .Une petite cen-

parler, jouer, apprendre, fouiner,

personnes, à condition que les deux

BROCABRAC —

Le BrunchBazar est initié par Nadège Winter. BB est né de son envie

taine d’exposants de 7h à 19h 7h-19h

s’amuser, de 2 à 222 ans, bref de

simple de réunir ses amis, sa famille

Boulevardd Poissonnière - Métro

goûter à tous ses amours : musique,

personnes sur les vélos avancent.

Grands Boulevards

mode, danse, bio, arts plastiques..

58


06. CIBUS —

VENI

LA CUISINE FRANÇAISE FAIT RÉFÉRENCE À DIVERS STYLES GASTRONOMIQUES DÉRIVÉS DE LA TRADITION FRANÇAISE. ELLE A ÉVOLUÉ AU COURS DES SIÈCLES SUIVANT AINSI LES CHANGEMENTS SOCIAUX ET POLITIQUES DU PAYS.

07. VESTIS — PARIS RESTE UN LIEU D’ÉLECTION DE LA MODE, AVEC UN ATOUT ESSENTIEL : SA FONCTION DE CREUSET DE TALENTS ET DE PÉPINIÈRE DE CRÉATEURS VENUS DU MONDE ENTIER QUI TROUVENT DANS CE CARREFOUR DES CULTURES UN LIEU D’ÉPANOUISSEMENT UNIQUE

08. PEREGRINATIO —

CHEMIN QUE L’ON FAIT POUR ALLER DANS UN LIEU DIFFÉRENT DE CELUI OÙ ON EST

l’honneur. Pendant les 11 jours d’ou-

Cette année, les vins seront mis à

tronomie.

cadre du Salon des vins et de la Gas-

au 8 mai 2011 sur la Foire de Paris,

manger ont rendez-vous du 28 avril

Les amateurs de bien boire et bien

SALON DES VINS ET DE LA GASTRONOMIE FOIRE DE PARIS —

leure femme chef du monde. Un pas

vient d’être sacrée, à Londres, meil-

Âgée de 41 ans, Anne-Sophie Pic

trois espagnols se positionnent dans

jeune chef René Redzepi, alors que

est le danois Noma, orchestré par le

Le gagnant, comme l’année dernière,

10 des meilleures tables du monde.

restaurant français classé dans le Top

Aizpitarte situé à Paris XIe, est le seul

teaubriand, bistrot du basque Inaki

vré leur cru 2011 à Londres. Le Châ-

World’s 50 Best Restaurants» ont li-

Les médiatiques « San Pellegrino

UN FRANÇAIS DANS LES 10 MEILLEURS RESTOS MONDIAUX —

et pire même, une fringale sucrée,

une envie de soleil, la micro terrasse

parfaite, grasse comme elle se doit,

charcuterie à température et finesse

un petit creux, vite une assiette de

amis autour d’un vin nature italien,

facilement des raisons. Apéritif entre

Le pire, c’est qu’on se trouverait

jours à la Retro Bottega de Pietro.

On aurait envie d’y passer tous les

VIDI

verture de la Foire de Paris, les viside géant pour cette cuisinière d’ex-

les 10 premiers

RETRO BOTTEGA —

teurs seront amenés à découvrir des ception, discrète mais volontaire, qui

ANNE-SOPHIE PIC —

vins médaillés d’or et d’argent. n’en finit pas de progresser.

bonbecs à l’ancienne. Et encore, je

Venez nombreux partager ces ins-

n’ai pas tout dit.

tants conviviaux en compagnie des vignerons et artisans des métiers de

exposition dans ses espaces de l’ave-

Saint Laurent consacre sa 15ème

La Fondation Pierre Bergé – Yves

un ordinaire extraordinaire. Avec son

histoire, et considère la mode comme

cesse de raconter dans son travail une

indélébile. Vivienne Westwood ne

marqué la mode d’une empreinte

rétro en daim... Les créations seront

zèbre ou vert émeraude, sacoches

cuir naturel ou magenta, pochettes

pour Longchamp. Sacs bowlings en

fois cet été une collection de sacs

Kate Moss signe pour la première

qué les 30 dernières années du travail

constructions majeures qui ont mar-

autres, le label LegEnd reprend les

que le Baggy, le Stone Washed entre

tables perles de la «jeanologie» telles

François Girbaud, créateurs des véri-

challengers. Créé par Marithé et

LEG END, LE JEAN MARITÉ+FRANÇOIS GIRBAUD Who wanted 19th-century —

nue Marceau à la marque de prêt-

slogan, «Do It Yourself», elle a incité

disponibles en boutique à partir du

COLLECTION FARAWAY POUR LONGCHAMP Kate Moss —

bouche !

VIVIENNE WESTWOOD, DO IT YOURSELF DVD arte editions —

à-porter Saint Laurent rive gauche.

une génération à réaliser ses désirs

Exposition

Près de soixante-dix modèles seront

de création sans les contraintes d’un

du couple.

YVES SAINT LAURENT RIVE GAUCHE —

présentés evoquant le décor de la

11 février.

DESTINATION COPENHAGUE 2H DE PARIS —

Le style de la fougueuse anglaise a

première boutique Saint Laurent

apprentissage technique et culturel.

VOYAGER SUR LA TOILE GRÂCE À GOOGLE EARTH Étoile —

LegEnd est l’un de ces nouveaux

rive gauche (1966).

RETOUR AUX TEMPS DES DINOSAURES Galerie de Paléonthologie —

Évasion

LA GRANDE MOSQUÉE DE PARIS 39 rue Saint-Hilaire, 75005 —

VICI

59

JOURNAL


A N G U S

E T J U L I A le 1 Mai -

LE TRIANON

R I C H A R D P R I N C E L E K I N G D U C L I C H É Du 10 Avril au 26 Juin Quai François Mauriac, 13ème

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BIBLIOTHÈQUE NATIONALE FRANÇAISE

21, rue du vieux colombier, 6ème

THÉÂTRE DU VIEUX COLOMBIER

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B P M L A U N C H le 27 Avril -

REX CLUB 5, Boulevard Poissonnière, 2ème

C I N É A S T E S D E N O T R E T E M P S Du 27 Avril au 9 Juillet Place Georges Pompidou, 4ème

CENTRE GEORGES POMPIDOU

C H A R L O T T E P E R R I A N D P H O T O G R A P H I E A U D E S I G N

62, rue de Lille, 7ème

MUSÉE D’ORSAY

M A N E T I N V E N T E U R D U M O D E R N E Du 5 Avril au 3 Juillet -

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Du 7 Avril au 18 Septembre -

PETIT PALAIS Avenue Winston Churchill, 8ème

A T E L I E R L A B O R A T O I R E Jeudi 26 Mai -

GAITÉ LYRIQUE 3, bis rue Papin, 3ème

3, bis rue papin, 3ème

K O U D L A M / C Y P R I E N - G A I L L A R D S P E C T R U M - G U I L L A U M E T E Y S S I E R le 31 Mai -

FOIRE DE PARIS

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L E S A F F A I R E S S O N T L E S A F F A I R E S M I S E E N S C È N E M A R C P A Q U I E N Du 10 Avril au 24 Avril -

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50, BoulevardVoltaire, 11ème

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MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS

STUDIO MICADANSES 16, rue Geoffroy L’Asnier, 4ème

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GALERIES NATIONALES DU GRAND PALAIS

L E S B E A U X M E C S M I S E E N S C È N E D E S I M O N A B K A R I Z A N Du 15 Mars au 2 Avril 37, bis Boulevard de la Chapelle, 10ème

THÉÂTRE DES BOUFFES DU NORD

B E R L I N N E X T Du 19 Mars au 3 Avril 3 bis, rue Papin, 3ème

LA GAITÉ LYRIQUE

T W I N K L E S 19 Mars au 30 Avril -

E N T R E L A S L I O N E L H O C H E Du 7 Avril au 8 Avril -

OPÉRA DE MASSY 1, place de France, 91300 Massy

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78, rue Amelot, 11ème

MAGDA DANYSZ GALLERY

P O I L D E C A R O T T E M I S E E N S C È N E D E P H I L I P P E L A G R U E Du 24 Mars au 8 Mai Place Colette, 1ème

THÉÂTRE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE

S A I N T L A U R E N T R I V E G A U C H E Du 5 Mars au 17 Juillet 5, Avenue Marceau, 16ème

FONDATION PIERRE BERGÉ

B R A S S E N S E T L A L I B E R T É Du 15 Mars au 21 Août -

221, Avenue Jean Jaurés,

CITÉ DE LA MUSIQUE

S T A N L E Y K U B R I C K Du 23 Mars au 31 Juillet 51, rue de Bercy, 12ème

CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE

O D I L O N R E D O N P R I N C E D U R Ê V E Du 23 Mars au 20 Juin 1, avenue du Général Eisenhower, 8ème

GALERIES NATIONALES DU GRAND PALAIS

M A D A M E G R É S Du 25 Mars au 24 Juillet 16, rue Antoine Bourdelle,

MUSÉE BOURDELLE


CIVITAS PARISIORUM [ LA VIE PARISIENNE ]




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