Métissage. Ni tout blanc, ni tout noir

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Du blanc et noir amer à la couleur mère Il est moins quelques secondes sur l’horloge de ma vie. Il faut aimer son prochain comme soi-même, disait grandpère. Grand-père Henri aimait donc son prochain. Tous ses prochains. Mais quand il avait du mal, il demandait l’aide à Dieu, comme le jour où maman lui présenta papa. Grand-père avait supplié Dieu de ramener maman sur le droit chemin. Mais maman était très amoureuse ou plus forte que le Dieu de grand-père. Elle était bien décidée à épouser papa. Une vraie preuve d’amour, avaient dit les copains de papa, une véritable épreuve du Seigneur, avait pensé grand-père. Et pourtant Dieu lui préparait une épreuve encore plus grande. Papa n’était pas catholique et n’était pas baptisé. La nouvelle avait bien sûr fait le tour du village. Le grand Noir allait se faire baptiser le jour du mariage. Tous étaient curieux. Comment allait-on habiller le Noir pour son baptême et… y aurait-il d’autres Noirs au mariage ? Leur odeur allait-elle couvrir celle de l’encens de monsieur le Curé ? Comment allaient-ils se tenir ? Pouvaient-ils aller à communion ? Le jour du mariage, l’église était bondée, comme un jour de Noël, sauf que c’était le 14 juillet. A la déception des femmes assises aux premiers rangs, papa était en costume et il sentait l’eau de Cologne.


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